Transcendant/
Immanent
I. Définitions
!"Transcendant
•
Du Latin transcendere : passer au-delà ; le terme « transcendant »
signifie extérieur, "au-delà". Caractère de ce qui se situe au dehors
du donné de l'expérience, et qui dépasse et détermine à la fois un
ordre de réalité. Dire que Dieu est transcendant au monde c'est le
distinguer du moi et du monde comme à la fois au-dessus et d'une
nature radicalement supérieure.
•
Chez Kant : qui dépasse toute expérience possible. "Nous
appellerons immanents les principes dont l'application se tient
entièrement dans les limites de l'expérience possible, mais
transcendants ceux qui doivent voler par dessus ces limites."
(Critique de la Raison pure, dialectique, introduction)
•
Dans le vocabulaire de la théologie et de la pensée philosophique
classique, la transcendance d'une réalité métaphysique désigne sa
propriété d'être supérieure et extérieure au donné de l'expérience.
Dans le système platonicien, le monde intelligible est transcendant
par rapport au monde perçu, en ce sens non seulement qu'il en est
essentiellement différent, mais aussi qu'il est le modèle ou la cause
du monde perçu, qui n'en est que la copie et la réalisation
imparfaite.
!"Immanent
•
Du latin manere : demeurer signifie "intérieur", "en dedans". La
notion d’immanence correspond à ce qui existe à l’intérieur d’un être
ou une chose, qui résulte de sa nature même et non d’une action
extérieure.
•
Chez Kant : caractère d'un principe dont le champ d'application ne
peut excéder l'expérience possible.
•
Les théologies monothéistes considèrent que Dieu, être infini et
parfait, est transcendant par rapport au monde créé. Spinoza, dans
la seconde moitié du XVIIe siècle, sera condamné par les Églises et
de nombreuses universités pour avoir soutenu que Dieu est
immanent au monde, qu'il est présent jusque dans ses plus infimes
parties
.
II. Pour Approfondir
• L'opposition ontologique entre transcendant et immanent peut être
rapprochée de l'opposition spatiale entre extérieur et intérieur. L'une
indique le principe d'un dépassement des limites d'un espace
donné, l'autre indique le maintien à l'intérieur de ces mêmes limites.
Où l'on retrouve d'ailleurs pleinement le double sens originel de la
limite : à la fois ce qui enclos et protège et ce à partir de quoi tout
commence.
• On trouve cette opposition entre le transcendant et l'immanent chez
Kant : est transcendant ce qui est au-delà de toute expérience
possible, alors qu'on dit que sont immanents les principes de la
connaissance qui ne s'appliquent qu'aux phénomènes et ne valent
que pour toute expérience possible. Utiliser ces principes en dehors
du champ de l'expérience possible consiste alors à en faire un
usage transcendant. Tel est le cas quand nous considérons que la
proposition « Dieu existe » peut être démontrée.
!"Les rapports de Dieu au monde
•
Dire que Dieu est "transcendant", c'est dire qu'il est extérieur au
monde et au-dessus de lui ; qu'il le crée comme quelque chose vis-
à-vis de quoi il se tient à une certaine sorte de distance : c'est la
distance qui sépare le Créateur de sa créature. Dieu est comme le
principe et le monde comme la conséquence.
•
On retrouve aussi cette idée de transcendance chez Platon, pour
qui le monde des Idées est transcendant au monde sensible : il se
situe "au-delà", et pas seulement "plus loin" : de l'un à l'autre, il y a
un véritable saut qualitatif. Seules les idées sont véritablement alors
que le monde sensible, en devenir, est toujours changeant, autre
que lui-même.
•
Dire qu'il est immanent, c'est dire au contraire que Dieu est "dans"
les choses, partout. Pour Spinoza, Dieu et la Nature sont la même
chose ; parce que Dieu est tellement "dans" le monde qu'il ne se
distingue plus de lui : il EST le monde. "Dieu est cause des choses
qui sont en lui. D'autre part, en dehors de Dieu, il ne peut y avoir
aucune substance. Donc Dieu est cause immanente ... de toutes
choses." (Ethique, I, prop. 18). Dieu n'est pas autre chose que la
nature. Et il n'y a pas d'absolu en dehors de nous. L'affirmation de la
transcendance divine qui confère à Dieu son statut de créateur lui
apparaît comme une conséquence du préjugé finaliste. Morale et
politique sont alors considérées comme des œuvres de la raison et
ont leur source en l'homme. L'œuvre de Spinoza ouvre la voie de la
critique de la religion.
•
La thèse selon laquelle aucun être et aucun principe ne sont
extérieurs à l'homme ni supérieurs à lui se trouve en opposition
avec la plupart des doctrines religieuses faisant dépendre l'homme
d'un Etre transcendant. Elle contredit également la plupart des
systèmes métaphysiques, qui ne peuvent se passer du recours à un
principe transcendant, qu'il s'agisse de la philosophie de Platon ou
de celle de Descartes.
• Traquant la transcendance, Nietzsche dénonce les « arrière-
mondes » et le culte des idoles. Par l’expression « Dieu est mort » il
explique que nous sommes laissés à nous-mêmes, que nous ne
devons plus espérer ni découvrir une vérité transcendante et
cachée, ni inventer la fin de l'histoire en édifiant une vérité
transcendante et définitive.
Editeur : MemoPage.com SA ©/2006/Auteur : Mathilde Crépineaud/Expert : Julie Poulain