Résumé Selon le FMI, le taux de croissance mondiale devrait continuer de progresser. Si le ralentissement de l’économie chinoise se poursuit, les performances de l’Inde ainsi que celles des dix États membres de l’ASEAN ont été les moteurs de la croissance au niveau mondial. Le taux de croissance de l’Asie émergente atteint + 6,6 % en 2015. Le XXIe siècle, siècle de l’Asie Futuribles Jean-Raphaël Chaponnière et Marc Lautier Dès le début des années 2000, la plupart des économistes annonçaient, au vu des forts taux de croissance et du poids démographique des pays asiatiques, un basculement du centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie. Si le ralentissement actuel de l’économie chinoise fait courir des risques importants à bon nombre de pays émergents de la région, celui-ci ne devrait pas, à terme, remettre en cause ces projections. Le développement de l’Asie sera sans doute de plus en plus lié à la croissance économique de la Chine et beaucoup moins à celle de l’Inde, le modèle de croissance de l’empire du Milieu reposant davantage sur la consommation et les services. Certains défis devront toutefois être relevés par la Chine, notamment réduire les inégalités sociales, apaiser les tensions géopolitiques dans la région, adopter un régime de croissance moins énergivore et moderniser ses institutions. Une nouvelle route de la soie The World Today Nicola Casarini, Paola Subacchi et Tim Summers En septembre 2013, le Président chinois, Xi Jinping, a dévoilé son projet de développement d’une grande zone économique qui favoriserait les échanges commerciaux entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie – soit 66 pays concernés. Ce projet baptisé « One Belt, One Road » (une ceinture, une route) – qui consiste à faire renaître la mythique Route de la soie terrestre pourrait générer à terme 55 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, au sein d’un ensemble gigantesque concentrant 70 % de la population mondiale et 75 % des réserves énergétiques de la planète. Pékin envisage d'investir pas moins de 300 milliards de dollars pour mener à bien ce projet. La croissance asiatique dopée par les biens culturels Finances et développement Alan Wheatley Si, en Asie, l’industrie culturelle n’atteindra sans doute jamais la performance des secteurs de l’automobile, des semi-conducteurs, des voitures ou encore des Smartphones, elle constitue néanmoins une formidable source de croissance. Selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les pays émergents et en développement représenteraient, en 2011, la moitié du commerce mondial de biens créatifs (soit 312 milliards de dollars sur 324 milliards). En 2012, les exportations chinoises et sud-coréennes de biens culturels ont augmenté respectivement de 16,3 % et de 7,2 % par rapport à 2011. La plupart des pays asiatiques ont placé la culture au centre de leurs stratégies de développement économique. Seule l’Inde, en dépit des nombreuses délocalisations des activités d’animation cinématographique dans le pays, peine encore à investir dans l’économie dite « créative ». Les émergents victimes de la panne chinoise Conjoncture – BNP Paribas François Faure Depuis l’été 2015, les pays émergents, notamment en Asie, sont confrontés à un nouveau choc économique après celui subi lors de la crise financière de 2008. Cette fois c’est le ralentissement de l’économie chinoise qui est en cause. Selon l’auteur, les risques de contagion à l’Amérique latine sont particulièrement élevés, ce qui a pour conséquence de renforcer l’appréciation du dollar face au yuan et de faire baisser davantage encore les prix des matières premières. Le Brésil et le Venezuela sont d’ores-et-déjà en récession tandis que l’Argentine fait face à un net ralentissement. En Asie, l’Indonésie, la Malaisie et l’Inde subissent une forte contraction de leurs exportations. Les géants asiatiques au lendemain de l’euphorie économique East Asia Forum Peter Drysdale À l’automne 2014, Larry Summers et Lant Pritchett – professeurs à l’université Harvard – ont publié un article ayant eu un certain écho, dans lequel ils remettent en cause l’idée selon laquelle les deux principales économies de l’Asie émergente, l’Inde et la Chine, continueraient de croître à un rythme très rapide, et feraient basculer à terme le centre de gravité de l’économie mondiale vers l’Asie. L’auteur revient sur cette étude et estime que, si le taux de croissance de ces pays a tendance à baisser, il n’est pas impossible qu’une « croissance de rattrapage », quoiqu’à un rythme plus faible, se produise, la taille de la population et de l’économie étant étroitement liées. Bonheur et suicide VoxEU.org Ann Case et Angus Deaton, « prix Nobel » 2015 d’économie Le suicide ne traduit pas seulement une situation de détresse personnelle, il peut aussi être un indice révélateur de problèmes sociaux. Pourtant certains pays où le niveau de satisfaction des individus à l’égard de l’existence est élevé affichent également un important taux de suicides. Ann Case et Angus Deaton - lauréat en 2015 du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel - se sont intéressés à ce paradoxe. Pour ce faire, ils ont analysé les données globales disponibles sur le suicide et sur le sentiment de bonheur exprimé par les individus dans plusieurs pays. Si le paradoxe se confirme dans les pays de l’Europe de l’Est et dans les économies avancées, des aberrations apparaissent lorsqu’on prend en compte d’autres facteurs démographiques, comme l’âge ou le sexe des personnes interrogées. Selon l’auteur, l’explication réside autant dans la difficulté à expliquer le suicide d’un point de vue empirique que dans la mesure de la satisfaction ressentie, souvent surévaluée. La solidarité en questions Informations sociales Entretien avec Alain Supiot Alain Supiot, spécialiste de droit social, professeur au Collège de France, a dirigé La Solidarité. Enquête sur un principe juridique, un ouvrage collectif paru en 2015. À l’occasion du 70e anniversaire de la création de la Sécurité sociale française, il revient, dans cet entretien, sur les principes de solidarité fondateurs du système de protection sociale et sur la façon dont ils ont évolué au fil des décennies. Il rappelle qu’en dépit des lourdes menaces qui pèsent sur les systèmes de solidarité en Europe, ceux-ci y ont acquis une place capitale et continuent d’y jouer un rôle crucial, particulièrement en France, où le budget de la Sécurité sociale est plus élevé que celui de l’État. France – Allemagne : une comparaison des salaires La Note d’analyse – France Stratégie Odile Chagny et Frédéric Lainé Les salaires dans l’industrie manufacturière servent très souvent de base pour comparer la compétitivité-coût entre la France et l’Allemagne. Ce critère est cependant insuffisant si l’on cherche à mettre en évidence les facteurs clés de la compétitivité de l’industrie exportatrice allemande. Il est en effet nécessaire d’étendre la comparaison à l’ensemble des secteurs. Cette analyse plus large montre tout d’abord que la dispersion des salaires est plus importante en Allemagne qu’en France. Par ailleurs, les écarts de salaires entre secteurs sont également plus marqués outre-Rhin. Cette plus grande inégalité salariale va de pair avec un coût horaire moyen du travail plus faible en Allemagne. Les salariés allemands ne sont pas cependant moins bien rémunérés : les salaires horaires moyens bruts sont en effet plus élevés en Allemagne dans quasiment tous les secteurs, à l’exception des services aux entreprises.