Qu’est-ce que la vie quotidienne ?
La définition de la vie quotidienne n’est pas simple. La vie quotidienne ne peut certai-
nement pas se résumer aux « ADL » (activity of daily life), évaluées par les échelles géné-
riques les plus usuelles que sont l’échelle de Barthel ou la MIF. Les activités de toilette,
habillage, prise des repas, déplacement limité au domicile sont communes à l’ensemble
de la population, indispensables à une vie autonome, mais elles sont aussi bien limitées
et donnent le reflet d’une vie restreinte au domicile ou à l’hôpital. Les activités complexes
de la vie quotidienne (IADL, instrumental activity of daily life) sont plus riches dans leur
conception de la vie humaine. Elles comportent des activités diverses allant des déplace-
ments à l’extérieur par les transports en commun ou en conduisant une automobile, les
activités de loisirs, la gestion du budget, l’intégration scolaire ou professionnelle… Ces
échelles d’AIDL sont moins largement utilisées. En effet, les personnes ne sont pas iden-
tiques dans leurs activités de vie quotidienne. Les enfants jeunes ne sont pas dès leur
naissance autonomes pour les activités de vie quotidienne, même simples. Leur vie
quotidienne est faite de jeux, moins présents chez les adultes. Ils vivent aussi dans un
monde particulier qui est celui de l’école et des apprentissages. Les adultes ont des acti-
vités complexes de vie quotidienne très différentes selon les individus. Voulant illustrer
le dépliant présentant la journée de l’ANMSR par une cuisine, il est rapidement apparu
que ce lieu n’était pas quotidien pour tous ! Les activités professionnelles illustrent bien
aussi cette diversité.
Enfin, la vie quotidienne est aussi un mélange d’habitudes, de routines et d’imprévus
auquel il faut pouvoir s’adapter et réagir de façon adaptée.
Pourquoi évaluer ?
Toute évaluation doit répondre à un objectif défini. Il peut s’agir de faire le diagnostic
d’une pathologie, d’analyser le trouble cognitif, d’évaluer les conséquences en vie quoti-
dienne dans une optique de compensation, ou de mettre en place et d’évaluer une réédu-
cation. Le bilan pratiqué n’est pas le même en fonction de la question posée. L’évaluation
neuropsychologique en général, et l’évaluation écologique dans le cas particulier, n’est
pas automatisée comme le décompte des hématies ou la mesure de la glycémie par une
machine.
Dans une démarche médicale classique, la constatation de troubles cognitifs ayant
des conséquences en vie quotidienne permet de révéler une pathologie et d’en faire le
diagnostic. Les difficultés en vie quotidienne observées par le patient ou son entourage
peuvent amener à consulter et faire le diagnostic d’une maladie cognitive dégénérative
(voir dans cet ouvrage Peskine et Verny). De même, des difficultés d’apprentissage
constatées par la famille ou l’entourage scolaire permet la reconnaissance des difficultés
développementales touchant le langage oral ou écrit, les praxies (voir dans cet ouvrage
Marchal et al.). La pathologie peut être déjà connue, et les conséquences cognitives
peuvent être détectées lors de difficultés survenant en vie quotidienne. Cela permet de
révéler des troubles cognitifs dans une maladie générale, la persistance des troubles
cognitifs chez un traumatisé crânien léger, dans une pathologie dont les conséquences
avaient été sous-estimées. Ce sont parfois les difficultés révélées par la reprise du travail
2Évaluation des troubles neuropsychologiques en vie quotidienne