
Région et Développement 9
principalement des échanges en Europe, Amérique du Nord et en Asie. Le Nord
continue de représenter deux tiers du commerce mondial. Les pays les moins
avancés, spécialisés sur des produits primaires, subissent une spécialisation
appauvrissante sur des "commodités" et produits de base banalisés où la demande
mondiale croît peu et où la concurrence est très forte. La division internationale du
travail de type vertical entre pays inégalement développés, et portant sur des biens
différenciés, a largement fait place à une division horizontale du travail entre pays à
même niveau de développement et portant sur des biens similaires. La hiérarchisation
de la spécialisation internationale résulte de plusieurs déterminants : avantages
spécifiques et organisations des firmes, avantages comparatifs des pays, compétition
sur des produits spécifiques (en termes de prix et de qualité), transactions sur des
espaces de proximité.
- Cette hiérarchisation est en constante recomposition. Les avantages comparatifs
dynamiques ou construits sont liés à l’innovation technologique, à la mobilité du
capital, à la diffusion de nouveaux produits. Le monopole technologique des firmes
(et des États) des pays industrialisés est érodé par des transferts technologiques, de
capitaux et de compétences et suppose des innovations permanentes pour maintenir
les rentes technologiques. Le système mondial peut être ainsi hiérarchisé en pays
innovateurs, suiveurs, importateurs de technologies. On assiste également à un
retournement spatial et à un renversement régional des avantages comparatifs. Celui
ci se constitue à partir de l’émergence de milieux innovants, créateurs d’externalités
et d’apprentissage. Il en résulte une remise en cause des hiérarchies régionales et
mondiales. On observe des réversibilité très rapides des avantages comparatifs.
Certes la recherche et développement, le jeu des économies d’échelle favorisent a
priori les pays à tradition industrielle et ayant formé le capital humain ; mais le savoir
devient lui-même rapidement obsolète et transférable d’où un déclassement rapide
des capacités productives.
- On constate peut-être, au-delà de la crise est-asiatique, des turbulences financières et
du ralentissement du commerce mondial, un décollage du "second monde" d’Asie qui
s’appuie sur plusieurs ingrédients : construction des avantages comparatifs, bas
salaires eu égard à la productivité, taux de change sous évalués, politiques sélectives
de soutien aux exportations et de protection des importations. Les zones de
croissance se sont déplacées de l’Atlantique vers la région Asie Pacifique.