
Service de presse de Travail.Suisse – No 16 – 5 novembre 2007 – Politique étrangère
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A terme, il n’y a pourtant pas d’alternative au système commercial multilatéral. Et l’OMC
reste la seule structure qui puisse apporter des réponses adéquates à des problèmes glo-
baux. Face à la concurrence accrue de la Chine, de l’Inde, du Brésil etc., un système com-
mercial bien régulé est dans l’intérêt des pays industriels.
Développement continuel des accords bilatéraux de libre-échange
Avec l’échec à l’OMC, les pays industrialisés, forts de leur puissance commerciale, misent
de plus en plus sur la conclusion d’accords de libre-échange bilatéraux.
Ces dernières
années, l’UE a conclu de tels accords avec le Mexique, le Chili, l’Afrique du Sud. D’autres,
avec la Chine, l’Inde et la Russie notamment, devraient suivre.
Pour lutter contre les discriminations qui peuvent résulter du nombre croissant d’accords
préférentiels négociés par l’UE ou les Etats-Unis, la Suisse négocie elle aussi, essentielle-
ment dans le cadre de l’Association européenne de libre-échange (AELE), des accords de
libre-échange avec différents pays, comme les pays du Golfe, la Thaïlande, la Colombie et
l’Indonésie. Des discussions sont aussi menées pour une ouverture de négociations avec
la Chine, la Russie et des pays d’Amérique latine.
Dans ce contexte de bilatéralisme croissant, les Etats-Unis et l’UE ont fait inclure, dans les
récents accords de libre-échange, des considérations sociales et du travail. Exemples : de-
puis 2001, les Etats-Unis ont signé des accords avec le Chili, Singapour, la Jordanie. Dans
tous ces accords « Les Parties réaffirment les obligations qui leur incombent en leur quali-
té de Membres de l’Organisation internationale du Travail (OIT) ainsi que leurs engage-
ments qu’elles ont pris en vertu de la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits
fondamentaux au travail et à son suivi. ». La reconnaissance et la promotion des droits
sociaux fait aussi partie intégrante de l’ensemble des accords commerciaux récents de
l’UE, à l’instar de l’accord signé avec le Chili ou l’accord de coopération avec l’Afrique du
Sud.
Le seco ne fait rien pour inclure des aspects sociaux dans les accords bilatéraux
Et la Suisse ? Elle qui au moins s’engageait à renforcer la cohérence entre le commerce
mondial et les normes fondamentales du travail dans le cadre de l’OMC, ne manifeste pas
la moindre intention de faire de même quand il s’agit d’accords bilatéraux de libre-
échange ! Pour le seco, chargé du dossier, les questions sociales, du travail ou environ-
nementales n’apparaissent pas dans les critères de choix des partenaires de négociation
des accords de libre-échange.
Depuis le début des années 90, le nombre des accords bilatéraux ou régionaux a plus que quadruplé. Selon
l’OMC, il en existe au total près de 300.
„Accords de libre-échange et droits des travailleurs: évolution récente“ Cleopatra Doumbia-Henry et Eric
Gravel. Revue internationale du Travail, vol 145 (2006), n° 3.