Institut De Formation Des Professionnels De Santé Formation infirmière 44 Chemin Du Sanatorium 25030 Besançon Cedex LA PLACE DES MEDECINES NON CONVENTIONNELLES DANS LA PRISE EN CHARGE DU STRESS, DE L’ANXIETE ET DE L’ANGOISSE CHEZ LE PATIENT EN ONCOLOGIE UE concernées : UE 3.4 S6, UE 5.6 S6, UE 6.2 S6 Présenté par : Fischer Marie Oberlé Sandra Tieng Bonifacio Promotion 2012/2015 Cadre de santé formateur de guidance : Andrey-Prost Stéphanie 1 Institut De Formation Des Professionnels De Santé Formation infirmière 44 Chemin Du Sanatorium 25030 Besançon Cedex LA PLACE DES MEDECINES NON CONVENTIONNELLES DANS LA PRISE EN CHARGE DU STRESS, DE L’ANXIETE ET DE L’ANGOISSE CHEZ LE PATIENT EN ONCOLOGIE UE concernées : UE 3.4 S6, UE 5.6 S6, UE 6.2 S6 Présenté par : Fischer Marie Oberlé Sandra Tieng Bonifacio Promotion 2012/2015 Cadre de santé formateur de guidance : Andrey-Prost Stéphanie 3 REMERCIEMENTS Nous remercions tout d’abord les professionnels que nous avons interviewés durant notre travail ainsi que les cadres de santé de leurs services pour leur accueil et leur disponibilité. Nous remercions également notre formatrice de guidance, Madame Andrey-Prost, pour son accompagnement et ses conseils ainsi que les documentalistes du Centre de Recherche et de Documentation de l’Institut de Formation des Professionnels de Santé. Pour finir, nous remercions toutes les personnes qui ont lu notre travail et nous ont soutenu durant ces quatre derniers mois. 4 SOMMAIRE INTRODUCTION ................................................................................................................... 5 SITUATION D’APPEL ........................................................................................................... 7 A. Description....................................................................................................................... 8 B. Questionnement.............................................................................................................. 9 C. Cheminement et question de départ ............................................................................ 10 L’ANGOISSE, L’ANXIETE, LE STRESS DU PATIENT EN ONCOLOGIE .......................... 12 A. Définitions...................................................................................................................... 13 B. L’omniprésence de ces symptômes en oncologie ......................................................... 14 C. Les traitements conventionnels .................................................................................... 15 LES MEDECINES ALTERNATIVES ................................................................................... 17 A. La psychosomatique ...................................................................................................... 18 B. Le cadre législatif ........................................................................................................... 19 C. Les exemples d’utilisation en oncologie........................................................................ 20 LA MEDECINE CHINOISE A L’HOPITAL ........................................................................... 22 A. Le Centre Intégré de Médecine Chinoise ...................................................................... 23 B. L’acupuncture : première médecine alternative intégrée à l’hôpital ........................... 23 LA COMPLEMENTARITE DE LA MEDECINE ALTERNATIVE ET CONVENTIONNELLE. 25 A. Les différences de termes ............................................................................................. 26 B. Les bénéfices pour le patient ........................................................................................ 26 C. Les limites ...................................................................................................................... 28 LES MEDECINES COMPLEMENTAIRES DANS LA PRATIQUE INFIRMIERE ................. 29 A. Recommandations de bonnes pratiques....................................................................... 30 B. Les formations ............................................................................................................... 30 C. La relation soignant-soigné ........................................................................................... 31 PROBLEMATISATION........................................................................................................ 33 CONCLUSION..................................................................................................................... 35 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................ 37 ANNEXES ........................................................................................................................... 41 RESUME ET MOTS CLES .................................................................................................. 50 ABSTRACT ......................................................................................................................... 52 INTRODUCTION 6 Dans le cadre de notre formation en soins infirmiers, nous avions à réaliser un travail d’initiation à la recherche de fin d’études durant notre dernière année. La médecine alternative est un sujet que nous envisagions depuis la fin de notre deuxième année : nous avions dans l’idée de travailler sur la zoothérapie. En effet, deux des membres de notre groupe pratiquent l’équitation et peuvent en mesurer les bénéfices physiques et psychologiques au quotidien. Cela nous a donné envie d’approfondir ce constat mais le sujet nous est rapidement apparu comme trop limitant dans notre champ d’action en tant qu’infirmier car la zoothérapie relève principalement du rôle des éducateurs spécialisés et peu des infirmiers. En discutant entre nous et en partageant nos expériences de stage, nous nous sommes aperçus que de nombreuses personnes malades ou en souffrance, de nos entourages familiaux ou lors de nos stages, avaient recours aux médecines alternatives. Nous avons donc commencé nos recherches sur ce thème. Notre situation interpellante nous a amenés à considérer la place laissée aux médecines alternatives en service de soins. Après lectures et mûre réflexion, mais aussi pour respecter les contraintes qui sont les nôtres, nous sommes donc parvenus à la question de départ suivante : « Quelle place accorder aux médecines alternatives dans la gestion de l’angoisse, de l’anxiété et du stress chez le patient en oncologie ? » Pour tenter d’y répondre, nous avons ensuite défini les notions et concepts en relation avec notre thème et notre question de départ. Puis nous les avons mis en lien avec des données théoriques et des données recueillies lors d’entretiens : nous avons rencontré une infirmière exerçant en service d’oncologie dans un centre hospitalier universitaire (que nous appellerons Annie pour préserver son anonymat), un médecin acupuncteur travaillant en hôpital de jour d’oncologie dans un autre centre hospitalier et une infirmière exerçant dans le même service que le médecin (que nous appellerons Betty). Ce travail d’initiation à la recherche nous a permis d’aboutir à la problématique suivante : «Comment sensibiliser les infirmier(e)s à l’utilisation des médecines alternatives dans les soins quotidiens du patient ? ». Et enfin, une conclusion permet de synthétiser notre cheminement, les difficultés mais aussi les ressources et les imprévus de la recherche qui ont été les nôtres au cours de ces quatre mois. SITUATION D’APPEL 8 A. Description Madame G. est une patiente de 58 ans. Elle exerçait le métier de boulangère avant que sa pathologie ne l’empêche de continuer à travailler (un cancer du sein traité par chirurgie en 2003). Elle est mariée et son mari vient régulièrement lui rendre visite. Lorsqu’il n’est pas là, ils se téléphonent souvent. Elle a deux enfants majeurs qui vivent assez loin mais prennent régulièrement des nouvelles. C’est une dame autonome qui vit à domicile avec son mari dans un village aux alentours de Besançon. Après sa mammectomie de 2003, Madame G. a ensuite bénéficié d’une reconstruction mammaire secondaire du sein opéré dont elle garde peu de séquelles physiques, seulement quelques cicatrices discrètes. Actuellement, elle est prise en soins pour un leiomyosarcome de l’utérus (sarcome des tissus mous affectant les muscles lisses) avec des métastases pulmonaires, diagnostiqué en août 2009. Après trois cures de chimiothérapie en hôpital de jour, les médecins ont mis en évidence une nécrose partielle de la tumeur utérine ainsi qu’une stabilité des lésions pulmonaires. Il a ainsi été décidé d’effectuer trois cures supplémentaires de chimiothérapie. Lors de ma première rencontre avec Madame G., elle est hospitalisée en service d’oncologie depuis dix jours suite à une cure de chimiothérapie car son état de santé s’était dégradé. En effet, elle présentait de nombreux symptômes secondaires à la chimiothérapie comme des nausées importantes, des vomissements et une grande fatigue. Elle ressentait un dégoût pour la nourriture et ne s’alimentait presque plus. Ces symptômes associés à la douleur intense provoquée par la maladie l’affaiblissaient considérablement. Elle sortait peu de son lit, seulement pour utiliser les toilettes ou se rafraichir. Ces effets indésirables sont arrivés brusquement alors que Madame G. semblait plutôt bien tolérer le traitement par chimiothérapie jusqu’ici. Durant cette hospitalisation, Madame G. a connu un épisode de confusion et de dépression respiratoire ainsi que des hallucinations. Les hypothèses d’un surdosage en morphiniques ou d’une encéphalopathie secondaire au produit de chimiothérapie ont été avancées. Suite à cet incident et compte tenu des nombreux effets indésirables que subissait Madame G. à cause de la chimiothérapie, les cures furent suspendues. Suite à cet épisode confusionnel, Madame G. s’est trouvée encore plus affaiblie et a perdu en autonomie. Elle a été alitée durant plusieurs jours. Elle commençait à perdre espoir, affirmant alors avoir l’impression qu’il suffisait d’une cure pour que tout s’effondre. De plus, ses douleurs progressaient. Elle évoquait la possibilité de sa mort et se montrait angoissée à cette idée. Une de ses amies, venue lui rendre visite quelques jours plus tard, lui a parlé de thérapeutiques alternatives comme la sophrologie, le magnétisme ou la phytothérapie pour aider à soulager les symptômes, notamment les nausées, l’angoisse et la douleur. Madame 9 G. en a discuté avec le médecin pour avoir plus de renseignements. Le médecin ne s’est pas opposé au fait que Madame G. essaye de soulager ses symptômes par d’autres moyens que les thérapeutiques médicamenteuses et lui a conseillé de se renseigner auprès de professionnels formés dans ces domaines. L’idée de pouvoir recourir à de nouvelles thérapeutiques pour améliorer sa qualité de vie, différentes de celles utilisées jusque-là, a redonné espoir à Madame G. Elle voyait cela comme une nouvelle approche de sa maladie. Peu à peu elle a retrouvé le courage de se lever et de faire sa toilette au lavabo. Elle a retrouvé progressivement de l’autonomie. Environ trois semaines après son entrée dans le service, elle est retournée vivre chez elle avec son mari et une aide à domicile. Un mois plus tard, après une décision médicale en concertation avec Madame G., les cures de chimiothérapies ont repris en hôpital de jour. En parallèle, Madame G. a débuté un traitement à base de plantes pour soigner les nausées et les vomissements et s’est initiée à la sophrologie. Elle se sentait moins angoissée et se montrait plus sereine lors de ses cures de chimiothérapie. Elle disait que cela lui faisait du bien et affirmait : « même si cela ne va pas me guérir, cela me donne au moins la force de poursuivre la chimiothérapie ». B. Questionnement Les techniques alternatives peuvent-elles redonner espoir au patient après l’échec d’un traitement ? Ont-elles des propriétés pour soulager des symptômes comme la douleur ou l’angoisse par exemple, autrement que par des traitements médicamenteux ? Peuvent-elles minimiser les effets indésirables d’un traitement comme la chimiothérapie ? Ont –elles un effet psychologique important pour le patient ? Les représentations des patients : sont-elles les mêmes que celles des soignants ? Se tournent-ils vers un autre type de médecine en dernier recours, lorsqu’ils sont prêts à tout et qu’ils n’ont plus rien à perdre ? Cela manifeste-t-il une perte de confiance en la médecine traditionnelle ? Est-ce qu’ils essaient d’autres techniques de médecine pour ne pas ressentir la culpabilité de ne pas avoir tout tenté ? Existe-t-il un risque que le patient soit enrôlé malgré lui dans un groupe sectaire ? Qu’il abandonne toutes les techniques traditionnelles pour les remplacer par d’autres formes de médecine ? Concernant les représentations des médecins et des soignants, que pensent la majorité d’entre eux à propos des techniques de médecines alternatives ? Y-a-t-il un clivage entre les professionnels de santé, vis-à-vis des médecines alternatives ? 10 Le recours à certaines techniques de médecine alternative est-il envisageable dans les soins quotidiens ? Les infirmiers pourraient-ils être formés à différentes techniques pour apaiser le patient agité, angoissé, douloureux ? Concernant la famille du malade et ses proches : l’idée d’essayer une technique alternative peut-elle venir d’eux ? Sont-ils une source d’informations fiable ? Ou n’ont-ils pas assez de recul dans l’intention d’aider leur proche ? L’entourage est-il un vrai relai d’aide ou au contraire un frein important dans la découverte des médecines alternatives ? Est-ce que les médecines alternatives fonctionnent principalement grâce à l’effet placebo ? Ont-elles uniquement un effet psychosomatique ? Qu’en est-il de l’association entre médecines alternatives et médecine traditionnelle actuelle ? Une telle association est-elle possible ? Y a-t-il des interactions entre les différentes thérapeutiques ? Peut-on les utiliser simultanément comme la phytothérapie en parallèle de la chimiothérapie ? Est-il possible aujourd’hui de soigner une pathologie plus ou moins grave sans passer par un traitement médicamenteux ? Quelle est la place aujourd’hui des techniques alternatives en oncologie ? Y-a-t-il une démocratisation, une reconnaissance ou une tolérance des techniques alternatives dans le milieu médical ? Ou au contraire une méconnaissance ? Un rejet ? Mettons-nous réellement toutes les chances du côté du patient en limitant l’offre thérapeutique aux seuls traitements pharmaceutiques conventionnels ? Existe-t-il des essais cliniques tentant d’objectiver l’efficacité des médecines alternatives ? Les professions comme « naturopathe » ou « phytothérapeute » sont-elles reconnues en France ? C. Cheminement et question de départ Nous avons décidé de lire quelques ouvrages traitant du sujet. Ces lectures nous ont permis d’élaborer un questionnement assez large au sujet des médecines alternatives. Nous avons ensuite réalisé un « brainstorming » (cf. annexe n°1) en reprenant notre questionnement et en dégageant des idées et des mots-clés qui nous ont amenés à deux questions de départ possibles : - Quels sont les bénéfices pour le patient d’associer médecine alternative et médecine traditionnelle dans la prise en charge en oncologie ? - Quelle est la place pour la médecine alternative dans les soins quotidiens ? 11 Nous avons trouvé un lien entre ces deux questions : elles traitent du même sujet mais limité au seul point de vue du patient pour la première ou à celui du soignant pour la deuxième. Ce lien nous a amenés à une question plus générale : quelle est la place des médecines alternatives dans les soins quotidiens du patient ? Par souci méthodologique et de faisabilité, il nous est demandé de préciser la population cible. Le choix s’est alors porté sur les patients en oncologie car ils sont porteurs de pathologies fréquemment rencontrées qui engendrent de multiples symptômes qui nous paraissent gérables par des techniques alternatives (douleurs, angoisses, etc…). Enfin, notre vécu personnel et plusieurs situations de patients malades du cancer rencontrées dans différents lieux de stage ont également influencés notre choix. La cancérologie nous apparait comme une discipline diversifiée et pluridisciplinaire et nous savons qu’elle est une problématique actuelle de santé publique. Elle est directement en lien avec d’autres spécialités comme la chirurgie, les soins palliatifs ou la recherche médicale et clinique. De plus, elle mobilise un grand nombre de professionnels différents, de l’oncologue à l’esthéticienne. Nous sommes donc parvenus à la question suivante : quelle place accorder aux médecines alternatives dans les soins quotidiens d’un patient en oncologie ? Cependant, au regard de la bibliographie très abondante sur ce sujet, de la diversité des soins apportés aux patients en oncologie et du grand nombre de techniques alternatives connues, cette question nous apparait impossible à traiter compte tenu des restrictions que la méthodologie nous impose. En effet, le temps de travail est limité à quelques mois et nous ne pouvons rencontrer que deux à quatre professionnels. Nous choisissons donc de limiter notre sujet à des symptômes plus spécifiques : l’angoisse, l’anxiété et le stress. Nous faisons ce choix d’une part pour ne pas nous limiter à l’étude d’une seule médecine alternative et d’autre part car nous avons conscience de la part très importante à accorder à la gestion de ces symptômes chez le patient atteint d’un cancer et de la place que peut prendre l’infirmière dans la gestion non médicamenteuse de ces symptômes. En effet, ces patients peuvent être sujets à l’anxiété, l’angoisse devant l’idée de leur mort, la perte d’espoir face à la progression de la maladie ou encore le stress avant une intervention ou un traitement. Ce cheminement nous amène à notre question de départ : Quelle place accorder aux médecines alternatives dans la gestion de l’angoisse, de l’anxiété et du stress chez le patient en oncologie ? L’ANGOISSE, L’ANXIETE, LE STRESS DU PATIENT EN ONCOLOGIE 13 A. Définitions Nous allons tout d’abord définir les termes employés dans la question de départ afin de bien les différencier. Le Larousse défini le stress comme étant l’« état réactionnel de l'organisme soumis à une agression brusque ». [1] Le Larousse médical précise que « les sources d'agression constituant des facteurs de stress sont innombrables ». [2] Elles s’étendent des tracas de la vie quotidienne jusqu’au traumatisme après un accident, par exemple. Des situations positives, comme une fête de famille ou une réussite à un examen, peuvent être parfois génératrices de stress chez certaines personnes. Cette encyclopédie précise que « dans certains cas, l'état de stress se prolonge […]. L'organisme ne parvient alors pas à trouver en lui, ou autour de lui, les ressources nécessaires pour surmonter l'obstacle et ne peut donc relâcher son effort. Le stress se complique dès lors d'un état d'agitation excessive, qui correspond à l'anxiété ». [2] Le Larousse défini l’anxiété comme étant une « inquiétude pénible, une tension nerveuse, causée par l'incertitude, l'attente, l’angoisse ». [1] Le Larousse médical précise que l’anxiété se manifeste par « le pressentiment d’un danger imminent, […] une sensation d’étouffement, des palpitations, des sueurs, une sécheresse de la bouche, des tremblements, des vertiges, des troubles du transit, une impression pénible d’impuissance ou de faiblesse ». [2] Selon L’Express, l’anxiété est de plus en plus présente dans notre société mais est souvent vécue comme une honte. Elle est ressentie comme une « défaillance personnelle ». [3] Enfin, toujours selon le Larousse, l’angoisse est un « sentiment pénible d'alerte psychique et de mobilisation somatique devant une menace ou un danger indéterminés et se manifestant par des symptômes neurovégétatifs caractéristiques tels que la sudation, la dyspnée, l’accélération du rythme cardiaque, la sensation d’oppression, etc. ». [1] Vassilis KAPSAMBELIS différencie l’anxiété de l’angoisse en précisant que cette dernière est de survenue brutale, sans objet identifiable, le patient étant désemparé. L’angoisse peut devenir chronique, ressentie alors comme un sentiment d’insécurité permanente, la crainte d’une menace imprécise. [4] Nous parvenons à différencier ces trois notions grâce aux enseignements que nous avons reçus durant notre formation et grâce aux explications des professionnels en stage, notamment en psychiatrie. Cependant, si les différences entre l’angoisse et l’anxiété nous semblent assez claires en théorie, elles nous apparaissent encore difficiles à cerner dans la pratique, face au patient, du fait des manifestations physiques semblables dans les deux cas. 14 B. L’omniprésence de ces symptômes en oncologie Le cancer ne doit pas être simplement traité comme une maladie du corps mais également comme une « blessure de l’âme ». [5] Tout peut être source d’angoisse, d’anxiété ou de stress pour le patient atteint d’un cancer. Cela commence par l’annonce de la maladie où même les mots utilisés par les oncologues sont sources d’angoisse. [5] L’attente des résultats des analyses, l’appréhension des traitements, la peur de l’opération ainsi que la crainte de subir des douleurs et des effets indésirables sont d’autres exemples de sources d’angoisse ou d’anxiété chez les patients en oncologie. [6] Ils réagissent souvent à ces situations par un état de stress plus ou moins intense. Ces patients sont angoissés à propos de l’avenir : angoisse de mort, de devenir dépendant, d’une complication et même lorsqu’ils sont en rémission, ils continuent de craindre une récidive. [7] Marie SUZEL précise que « l’angoisse de mort est complexe. La personne qui la subit ne peut la cerner, ni mettre de mots sur ce qu’elle ressent » et que les patient hospitalisés subissent l’influence d’un environnement où les décès sont fréquents. [8] Selon Françoise KERMARREC et Yolaine NGUYEN, des pics d’anxiété peuvent s’ajouter à une angoisse de fond. Ces situations anxiogènes se rencontrent quotidiennement, lors de soins courants comme la pose d’un cathéter ou d’une sonde urinaire, le lancement d’une cure de chimiothérapie… [7] Le patient est anxieux par rapport à l’inconfort (douleur, effets secondaires) causé par ces actes. Françoise KERMARREC et Yolaine NGUYEN remarquent également que l’anxiété est un phénomène naturel chez les patients. C’est un problème verbalisé ou non par les patients, tracé ou non dans le dossier de soins, discuté ou non par les soignants. Et si l’anxiété est une réaction normale chez tout patient hospitalisé, qu’en est-il pour les patients porteurs d’une pathologie particulièrement lourde ? De plus, la majorité des patients pensent que « anxiété = faiblesse ». [7] L’angoisse, l’anxiété et le stress sont présents au quotidien chez le patient atteint d’un cancer. Ils sont source d’inconfort pour lui et cela a un retentissement sur sa qualité de vie. [6] Les trois professionnels que nous avons rencontré s’accordent à dire qu’en effet, tous les patients sont angoissés en oncologie et tout est source d’angoisse pour eux. Annie, infirmière, affirme que « l’annonce du diagnostic est un moment épouvantable, puis tout s’enchaine très vite, les examens, les consultations, le bilan d’extension… » (cf. annexe 2). Le médecin acupuncteur ainsi que Betty, l’infirmière exerçant dans son service, confirment que l’annonce du diagnostic de cancer est une catastrophe pour le patient (cf. annexes 3 et 4). Les deux infirmières, bien que travaillant dans des hôpitaux distincts, ont le même avis : les patients 15 sont angoissés par rapport aux symptômes engendrés par les traitements, au vécu de la maladie et aussi par rapport au ressentis de leurs proches. Ils s’imaginent perdre tous leurs projets, rompre avec leur mode de vie actuel et même mourir. Elles concluent en disant toutes les deux que l’angoisse et l’anxiété majorent tous les autres symptômes, comme la douleur (cf. annexes 2 et 4). Cela confirme bien nos recherches théoriques. C. Les traitements conventionnels Il apparaît que la souffrance morale est moins bien prise en charge que la souffrance physique, selon Frédérique PAOLINI. [9] D’après Joan BOUTONNET, elle n’est souvent ni dépistée, ni quantifiée, ni traitée. Or, il est nécessaire d’identifier l’anxiété pour permettre son traitement pour que son retentissement sur la qualité de vie soit le plus faible possible. Des outils d’évaluation existent mais sont peu utilisés. [6]. Or, le Code de la Santé publique défini la prise en charge de l’anxiété et de l’angoisse chez le patient comme faisant partie du rôle propre de l’infirmier. [10] La médecine conventionnelle est définie comme étant une science étudiant l’organisation du corps humain, son fonctionnement normal et cherchant à restaurer la santé par le traitement et la prévention des pathologies. Les traitements ont reçu une validation scientifique (essais cliniques). C’est la médecine enseignée dans les universités françaises et dans la plupart des autres pays occidentaux. [11] Conventionnellement, en France, les médecins prescrivent des médicaments anxiolytiques voire hypnotiques ou antidépresseurs pour soulager le patient de ses angoisses, ses anxiétés ou de son stress. Mais il arrive souvent qu’une simple consultation avec le psychologue permette d’obtenir un mieux-être. [12] D’ailleurs la consultation avec un psychologue fait partie des soins de support proposés à tous les patients atteints de cancer. La relation d’aide avec l’infirmier soulage également le patient. En effet, dans ce type de relation, l’infirmier utilise différentes techniques et compétences, comme l’écoute, la reformulation et une attitude empathique, pour amener le patient à exprimer ses ressentis dans le but de l’aider à traverser une crise, à gérer un choix… Le patient est au centre de la relation, l’infirmier l’accompagne sans prendre de décisions à sa place ni juger celles prises par le patient. Lorsque la parole ne suffit plus, le recours aux anxiolytiques est régulièrement indispensable. Ils sont par exemple donnés systématiquement quelques heures avant une intervention chirurgicale. Mais en règle générale, d’après Françoise KERMARREC et Yolaine NGUYEN, le patient ne souhaite pas, dans la majorité des cas, avoir recours à un traitement médicamenteux contre 16 l’anxiété ou l’angoisse de fond. [7] Nous avons vu précédemment qu’ils considèrent cela comme un signe de faiblesse voire de problème psychologique. Nous avons pu remarquer dans nos lectures que les patients se tournent alors de plus en plus vers d’autres médecines, recherchant quelque chose de plus naturel pour lutter contre l’angoisse, l’anxiété ou le stress. Les médecines alternatives sont de plus en plus plébiscitées face aux thérapeutiques traditionnelles car ces dernières apportent leur lot d’effets indésirables. [13]. Le médecin acupuncteur que nous avons interviewé pense que les traitements anxiolytiques sont effectivement lourds d’effets secondaires et que le patient en oncologie n’a pas besoin de cela compte tenu des traitements anticancéreux qu’il a déjà (cf. annexe 3). Betty, l’infirmière travaillant dans son service confirme cela en ajoutant que les patients « préfèreront alors quelque chose de plus naturel » (cf. annexe 4). Annie, elle aussi infirmière, est convaincue qu’on ne peut pas se passer du traitement conventionnel. Dans son service, les patients sont souvent angoissés avant leur première séance de chimiothérapie ou de radiothérapie et dans ce cas, ils ont systématiquement deux anxiolytiques à prendre avant de s’y rendre. Elle pense également que maîtriser l’anxiété par un anxiolytique aide à soulager la douleur chez le patient (cf. annexe 2). Betty, l’infirmière travaillant avec le médecin acupuncteur, s’accorde à dire que les traitements conventionnels restent utiles pour gérer une crise d’angoisse, par exemple (cf. annexe 4). Les deux infirmières soulignent également l’importance de la relation d’aide avec le patient et des consultations avec un psychologue (cf. annexes 2 et 4). Si les traitements conventionnels ne semblent pas négligeables, certains professionnels de santé ont remarqué la tendance des patients à leur préférer, dans certains cas, des médecines alternatives. LES MEDECINES ALTERNATIVES 18 Il existe près de 400 médecines alternatives recensées en France et de plus en plus de français y ont recours pour se soigner. Environ 78% d’entre eux jugent ces pratiques efficaces. Leur présence se développe dans les institutions médicales. [13] L’OMS défini les médecines alternatives et complémentaires comme des « approches, des pratiques, des produits de santé et médicaux qui ne sont pas habituellement considérés comme faisant partie de la médecine conventionnelle ». [11] A. La psychosomatique Bruno DELON défini le concept de psychosomatique comme ce qui se rapporte à l’influence du psychisme sur l’organisme. [14] Il apparaît que « la psychosomatique fait le lien entre les affections corporelles et la souffrance psychique ». Notre culture occidentale montre des résistances à ce concept du fait de la nécessité de preuves scientifiques pour dire que quelque chose est vrai. [15 ; p59]. Ce besoin de preuves est en lien avec notre histoire : durant le siècle des lumières, DESCARTES a appuyé la nécessité absolue de prouver scientifiquement ce que l’on affirme pour ne pas « retomber » dans l’obscurantisme religieux. De plus, en regard de la psychologie humaine, il apparaît que l’homme a besoin de comprendre voire de maîtriser son environnement et ce qui lui arrive. Or, les émotions sont la preuve que le corps et l’esprit sont liés. En effet, les ressentis psychiques ont des répercussions organiques : rougissement, sueur, accélération du rythme cardiaque... [16] Le Dr P. Marty, fondateur de l’école de psychosomatique à Paris, pense que l’approche psychosomatique est complémentaire de l’approche biomédicale. Il faut s’intéresser au fonctionnement du sujet dans son ensemble et non pas seulement à l’organe malade. « Le corps ne peut pas se soigner sans prendre en compte l’esprit ». [17 ; p117] WEISS et ENGLISH concluent en disant que « toute maladie relève à la fois de l’esprit et du corps et toute thérapeutique est, de ce fait, de la médecine psychosomatique. Lorsqu’on en sera dûment persuadé, le terme psychosomatique pourra disparaitre, les données qu’il traduit étant désormais impliquées dans le terme médecine. » [18] Les médecines alternatives se basent sur cette approche. Elles considèrent l’être humain comme un système dans son ensemble. Bruno DELON nous dit que « L’effet placebo est emblématique des liens méconnus entre psychisme et manifestations physiques ». [14 ; p139] Certains scientifiques affirment que les médecines alternatives ne fonctionnent que grâce à cet effet placebo ; or cet effet existe pour 19 toutes les thérapeutiques. [11] En effet, l’effet placebo est « l’effet psychologique ou psychophysiologique qui peut accompagner l'administration d'une substance factice, mais aussi de tout médicament ou de toute méthode à visée thérapeutique, quelles que soient leurs propriétés pharmacologiques ou leur spécificité ». [19] D’après Patrick LEMOINE, cet effet compte en moyenne pour 30% de l’effet thérapeutique [13]. Pour nous, l’effet placebo est illustré par le fait d’administrer à un patient une substance dépourvue de principe actif à la place d’un traitement médicamenteux qui aurait pour but de soulager un symptôme précis, alors que le patient pense recevoir ce traitement médicamenteux. On observe alors que le symptôme est soulagé comme si le patient avait effectivement reçu le traitement médicamenteux, or ce résultat est obtenu uniquement grâce au psychisme du patient : c’est l’effet placebo. Cependant, l’important n’est-il pas que le patient soit soulagé de ses symptômes, peu importe la manière dont cela est effectué (efficacité d’un principe actif médicamenteux ou effet positif du psychisme sur l’organisme) ? Betty, l’infirmière travaillant en collaboration avec le médecin acupuncteur, affirme qu’ « on n’est pas juste un corps » et que « c’est un des reproches qu’on pourrait faire à la médecine classique, notamment les spécialistes d’organe » (cf. annexe 4). Concernant l’effet placebo, le médecin acupuncteur pense que c’est une notion avancée par des scientifiques qui ne parviennent pas à prouver l’effet de certaines thérapeutiques alternatives par la science. Elle nous dit que « c’est très occidental comme façon de réagir, ce besoin de tout vérifier, de tout contrôler ». Elle nous donne l’exemple de l’acupuncture qui est une pratique millénaire encore beaucoup utilisée aujourd’hui dans le monde et selon elle, ce simple fait constitue une preuve valable de son efficacité (cf. annexe 3). Nous sommes d’accord avec elle : pourquoi des milliers de personnes auraient recours à cette médecine si elle n’avait pas d’effet positif ? B. Le cadre législatif Un rapport européen du 16 mars 1997 sur les médecines non conventionnelles a statué la reconnaissance des médecines non conventionnelles à travers l’Europe. Ce rapport indique que des praticiens titulaires d’un diplôme en médecine conventionnelle peuvent exercer la médecine non conventionnelle. Néanmoins, des praticiens non titulaires du diplôme de médecine peuvent exercer la médecine non conventionnelle dans certains cas. Cependant cet exercice de la médecine non conventionnelle doit correspondre à la législation de l’Etat membre dans lequel il est pratiqué. [20] En France, l’exercice de la médecine est réglementé par « l’Arrêté du 29 avril 1988 fixant la réglementation et la liste des capacités de médecine » telles que la médecine d’urgence ou la gérontologie. L’exercice de l’acupuncture et de la médecine traditionnelle chinoise a été ajouté à cette liste des capacités de médecine avec « l’Arrêté du 26 avril 2007 modifiant l'arrêté du 20 29 avril 1988 portant réglementation et liste des capacités de médecine ». L’objectif étant de permettre aux médecins généralistes ou spécialistes, salariés hospitaliers ou libéraux, d’acquérir les connaissances et les compétences pour soigner les pathologies par la méthode d’acupuncture. [21] Concernant la pratique des autres médecines alternatives en France : l’ostéopathie et la chiropraxie sont réglementés par l’article 75 de la loi du 04 mars 2002 relative aux droits des malades. Les praticiens doivent justifier d’un diplôme délivré par un institut de formation agréé par le ministère de la santé. [22] Pour d’autres médecines non conventionnelles comme l’hypnose, il existe des établissements proposant des formations réservées aux professionnels de santé et répondant à une charte éthique mais pas de texte de loi spécifique. C. Les exemples d’utilisation en oncologie Certains patients atteints de cancer ont recours à diverses techniques alternatives soit au sein de leur structure hospitalière soit en externe, par le biais de leurs propres recherches. Parmi les exemples les plus fréquents que nous avons retrouvés dans nos lectures : les barreurs de brûlures intervenants en radiothérapie [23], la cure thermale pour limiter les séquelles de la chimiothérapie (prurit, dermite), de la radiothérapie (brûlures, inflammations) et de la chirurgie (cicatrices) [24] et la phytothérapie pour limiter les effets indésirables des traitements anticancéreux (nausées, vomissements etc.). Concernant la gestion de l’angoisse, de l’anxiété et du stress, plusieurs types de médecines alternatives, pratiquées en cabinet privé ou dans certains établissements de santé, peuvent être proposées aux patients. Parmi elles, l’hypnothérapie qui, d’après le Larousse médical, est une « technique propre à induire un état de sommeil partiel, différent du sommeil habituel. L'état obtenu par hypnose préserve certaines facultés de relation, en particulier entre l'hypnotiseur et le patient, mais entraîne une capacité d'abstraction par rapport à la réalité extérieure […]. L'hypnose connaît actuellement un regain de faveur : pour favoriser la relaxation, lutter contre la douleur et l'anxiété ». [2] D’après ce que nous avons vu en cours, durant une séance d’hypnose pour soulager l’anxiété, le patient est « emmené » par le praticien vers des pensées positives, ce qui recentre son esprit sur un autre objet que son symptôme. D’autres patients préfèrent les approches psychocorporelles comme la sophrologie, la relaxation ou le toucher massage. [25] Le toucher massage provoque la détente, le relâchement et l’apaisement et apporte donc de nombreux bénéfices pour les malades anxieux et fatigués, ou pour lutter contre le stress avant une opération. [26] 21 Selon le Larousse médical, la sophrologie est une méthode fondée sur l'hypnose et la relaxation, utilisée en thérapeutique […] pour soulager l'angoisse […], les maladies psychosomatiques […] » [2]. Pour libérer le patient du stress, le sophrologue peut le recentrer sur sa respiration et son corps (position, sensations) tout en favorisant sa relaxation. Les professionnels de santé peuvent se former à la sophrologie par le biais d’organismes privés dispensant un certificat professionnel de sophrologie reconnu par l’Etat français. Annie, l’une des infirmières que nous avons interviewées, nous a donné l’exemple d’un patient qui faisait des séances d’hypnose auprès d’un praticien en cabinet libéral dans le but de l’aider à gérer ses douleurs et ses angoisses. Elle nous a également parlé de plusieurs patients qui sont allés consulter un barreur de brûlures après leur séance de radiothérapie. Dans les deux cas, elle a supposé que ces pratiques avaient un réel bénéfice pour ces patients puisqu’ils continuent d’y avoir recours. Toutefois, elle nous a avoué ne pas leur avoir demandé directement (cf. annexe 2). Enfin, de nombreux patients s’orientent vers la médecine traditionnelle chinoise qui est une approche globale et énergétique : l’énergie circule dans le corps et la perturbation de cette circulation entraîne un déséquilibre, à l’origine de symptômes, divers, physiques et/ou psychiques. La médecine chinoise considère que les traitements conventionnels soignent partiellement la maladie (ils soignent le symptôme) mais ne rétablissent pas le flux énergétique (ils ne traitent pas la cause de ce symptôme). Elle est divisée en cinq approches : l’acupuncture, la phytothérapie, la diététique, le massage et le qi gong. [27] Chacune de ces approches est susceptible d’aider le patient dans la gestion de l’angoisse, de l’anxiété ou du stress. Nous développerons plus particulièrement dans la suite de notre travail l’acupuncture car nous avons pu rencontrer un médecin acupuncteur exerçant en service hospitalier d’oncologie. LA MEDECINE CHINOISE A L’HOPITAL 23 A. Le Centre Intégré de Médecine Chinoise Le centre intégré de Médecine Chinoise de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris est un précurseur en matière de développement des médecines alternatives en milieu hospitalier en France. Ce centre travaille notamment sur la recherche clinique pour la médecine chinoise, les échanges avec les hôpitaux universitaires chinois et le réseau de soins en médecine chinoise en interne et en externe pour les patients. Leur objectif est que ces thérapies (massage, acupuncture, Qi gong et phytothérapie), issues de la culture chinoise, soient accessibles dans tous les hôpitaux français. Du point de vue de la médecine chinoise en oncologie, la prise en charge du patient est globale et non pas centrée sur la tumeur. Ces thérapies ont pour objectif une meilleure considération de la personne, la baisse de l’anxiété et la diminution des effets indésirables de la chimiothérapie et de la radiothérapie. En oncologie, dans les centres hospitaliers de l’Assistance Publique, « désormais l’acupuncture fait partie – avec les massages et l’homéopathie - des soins de support recommandés et proposés gratuitement aux patients sans distinction. […] Cette médecine chinoise apporte une aide considérable en terme de qualité de vie aux malades, pendant et après les traitements ». [28] B. L’acupuncture : première médecine alternative intégrée à l’hôpital En parlant du développement des médecines alternatives à l’hôpital, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris déclare que « l’acupuncture a indéniablement été le fer de lance de cette entrée officielle dans le monde allopathe, notamment en prouvant son pouvoir antalgique ». [28] Selon le Larousse, l’allopathie est un « mode habituel de traitement médical qui combat la maladie en utilisant des médicaments qui ont un effet opposé aux phénomènes pathologiques » [1]. Ce terme est couramment employé pour désigner la médecine française conventionnelle. D’après Marie-Catherine MERAT, Caroline TOURBE et Coralie HANCOK, l’acupuncture consiste à rétablir la bonne circulation du Qi, l’énergie vitale qui parcourt le corps à travers des canaux appelés méridiens, en stimulant des points précis du corps. « Selon ses praticiens, elle peut tout soigner, ou presque. La stimulation est le plus souvent effectuée via l’implantation et la manipulation de fines aiguilles métalliques. ». [13] L’acupuncture a fait l’objet de nombreux essais cliniques et de plusieurs études. Son efficacité est prouvée sur les douleurs, la réduction des nausées et des vomissements après une chimiothérapie et la gestion de l’anxiété et du stress du patient. Elle se montre dans certains cas autant voire plus efficace que des traitements médicamenteux. [13] Toujours selon Marie-Catherine MERAT, Caroline TOURBE et Coralie HANCOK, un effet placebo important a été mis en évidence par des scientifiques : ils observeraient chez le patient le même effet pour des aiguilles plantées sans tenir compte des points spécifiques. [13] Cependant, la pratique ne se résume pas aux 24 aiguilles : c’est toute une approche du patient dans sa globalité. En effet, l’acupuncteur commence sa séance par un examen clinique du patient et lui pose des questions pour apprendre à le connaître. Il crée une relation de confiance. En France, des médecins acupuncteurs, ayant à la fois le titre de docteur en médecine français et bénéficié d’une formation médicale leur délivrant la capacité spécifique d’acupuncture, exercent le plus souvent en cabinet libéral. [13] Le médecin acupuncteur que nous avons rencontré confirme globalement nos recherches théoriques. Néanmoins, elle ne souhaite pas s’étendre davantage sur la pratique de l’acupuncture car il lui faudrait un temps considérable pour approfondir le sujet. Elle précise qu’en oncologie, l’acupuncture sert principalement à minorer les symptômes ressentis par le patient et les effets indésirables des traitements anticancéreux : anxiété, angoisses, douleurs, nausées etc. (cf. annexe 3). LA COMPLEMENTARITE DE LA MEDECINE ALTERNATIVE ET CONVENTIONNELLE Pascale SENK, journaliste et rédactrice en chef adjointe du magazine Psychologies, déclare, en parlant de la médecine alternative et de la médecine conventionnelle, que pendant longtemps, en France, on avait deux mondes qui s’ignoraient. Mais de nos jours, l’heure est à « l’alliance officielle ». [29] A. Les différences de termes Pour désigner toutes les pratiques ne faisant pas partie de la médecine moderne, le terme de « médecine non conventionnelle » est celui retenu par la Commission Européenne. [11] Mais on emploi également le terme de médecine holistique qui est la prise en compte du système global corps, psychisme et environnement. [11] Bérénice ROCFORT-GIOVANNI fait la différence entre médecines alternatives et complémentaires : les médecines alternatives sont définies comme des pratiques utilisées à la place des traitements conventionnels, sans preuves validées de leur efficacité. Alors que la médecine complémentaire est utilisée en complément d’un traitement (par exemple en complément des traitements anticancéreux classiques pour en atténuer les effets indésirables). On peut la considérer comme une médecine de support. [23] Nous faisons donc la différence entre : les patients qui utiliseraient les pratiques dont nous avons parlé tout au long de notre travail comme des médecines complémentaires aux thérapeutiques conventionnelles ; et ceux qui les utiliseraient comme des médecines alternatives en remplacement de tous les autres traitements. D’autres termes sont employés pour désigner les médecines non conventionnelles. Par exemple, Annie, une des infirmières que nous avons interrogées, a évoqué les « médecines douces » et les « médecines parallèles » (cf. annexe 2). Toutes ces appellations différentes compliquent l’approche des professionnels et leur acceptation des médecines non conventionnelles. B. Les bénéfices pour le patient D’après Simon SCHRAUB et Jacques ROUESSE : « pour le malade, la guérison est ce que lui doit la médecine, alors que pour la plupart des médecins, encore aujourd’hui, c’est le traitement le mieux élucidé, expérimenté et essayé à ce jour que la médecine doit au malade.» [30]. Le patient recherche le soulagement de son angoisse, de son anxiété ou de son stress, quel qu’en soit le moyen. Les traitements dits complémentaires sont utilisés en addition au traitement classique pour améliorer ou modifier l’état psychologique des malades et atténuer les effets indésirables des thérapeutiques médicamenteuses. [30] 27 Robert CHIRON, un patient, témoigne en publiant un article : « J’ai utilisé largement la panoplie des médecines alternatives : plantes, magnétiseur, sophrologie, miel sur les brûlures de radiothérapie […]. Je suis tout à fait convaincu que sans ces médecines complémentaires, je ne serai plus de ce monde. Et sans la médecine officielle je ne serai pas là non plus… » Les patients retrouvent dans les médecines non conventionnelles un nouvel espoir pour combattre la maladie et la tumeur. [31] Selon Cécile BAUDET, l’évolution tend vers une pluridisciplinarité dans le but de satisfaire aux besoins des malades en réunissant différents professionnels. [32] Cependant, le choix d’une méthode doit être propre à chacun et tenir compte de l’avis d’un médecin. [31] Par exemple, un patient atteint de cancer qui serait angoissé à l’idée de sa première séance de radiothérapie pourrait bénéficier, avant de s’y rendre, d’une séance d’acupuncture pour soulager son angoisse. En complément, un traitement anxiolytique pourrait lui être proposé s’il en ressent le besoin. L’objectif principal des médecines complémentaires dans le soulagement de l’angoisse, de l’anxiété et du stress en oncologie est de redonner espoir aux patients pour lutter contre la maladie et leur permettre de se détendre. Annie, l’infirmière n’ayant pas accès à un praticien des médecines non conventionnelles dans son service, pense tout de même que « tout est bon à prendre si le patient y trouve un bénéfice », tant qu’il n’arrête pas les traitements conventionnels (cf. annexe 2). Le médecin acupuncteur considère que l’acupuncture a une réelle place dans les services d’oncologie. D’ailleurs, certains oncologues adressent un patient pour une séance d’acupuncture avant de leur annoncer le traitement anticancéreux retenu dans leur cas ; ils trouvent alors que le patient est plus serein pour aborder ce moment difficile du parcours de soins (cf. annexe 3). Le médecin nous explique qu’elle considère que les médecines non conventionnelles peuvent être complémentaires entre elles. Par exemple, elle conseille parfois un traitement homéopathique en plus des séances d’acupuncture à ses patients angoissés. Cependant, elle ne nie pas l’importance de pouvoir recourir à des thérapeutiques médicamenteuses si besoin, notamment « si les patients n’ont pas leur homéopathie dans leur poche » (cf. annexe 3). Betty, l’infirmière exerçant avec le médecin acupuncteur, pense que pouvoir proposer aux patients des médecines non conventionnelles dans le cadre des soins de support est un réel point positif. Elle pense que « plus il y a d’alternatives, mieux c’est car chaque patient est différent ». Cela permet de mieux personnaliser les soins. Lors de la consultation effectuée avec le patient par les infirmières après l’annonce de la maladie par l’oncologue, tous les soins de support disponibles au sein de l’hôpital lui sont proposés, et parmi eux l’acupuncture et la sophrologie (cf. annexe 4). Les soins de supports conventionnellement proposés aux patients atteints de cancer ont pour but de les aider à traverser l’épreuve qu’est leur maladie. Différents professionnels interviennent dans le cadre de ces soins de support : le psychologue, le 28 kinésithérapeute, le diététicien et l’esthéticienne par exemple. Y inclure des médecines non conventionnelles semble bénéfique pour le patient. C. Les limites D’après Cécile BAUDET, les professionnels sont très peu préparés à l’utilisation des médecines complémentaires dans les services d’oncologie conventionnels. Pour l’instant il y a trop peu de place laissée à la prévention et aux thérapeutiques non conventionnelles face à l’industrie pharmaceutique conventionnelle. [32] Pourtant, plus les malades seront informés et pris en compte par les professionnels, plus ils auront de chances de trouver une pratique non conventionnelle qui leur convient. En effet, nous avons vu en cours lors de notre formation en cancérologie que les patients peuvent être tentés d’abandonner tous les traitements classiques pour s’axer sur des méthodes non conventionnelles. Il y a également un risque d’embrigadement sectaire, le patient se retrouverait sous l’emprise d’une personne qui se dit être un professionnel des médecines non conventionnelles et qui profiterait de l’absence de législation claire. Enfin, il faut faire attention aux interactions possibles entre thérapeutiques de support et traitement conventionnel mis en place ou à l’apparition d’une toxicité directe de ces thérapeutiques complémentaires sur le patient. Il est important de demander conseil à un médecin si un patient souhaite utiliser des médecines non conventionnelles pour gérer son angoisse, son anxiété ou son stress. [11] Les trois professionnels que nous avons interrogés nous ont parlé des mêmes mésusages des médecines non conventionnelles. Il s’agit des renseignements peu fiables pris sur internet qui conduisent à de mauvaises pratiques. Annie, infirmière, nous donne l’exemple d’une patiente qui buvait des tisanes spécifiques qu’elle avait trouvées sur internet à un prix très coûteux et qui auraient dû la protéger du cancer (cf. annexe 2). Betty, infirmière elle aussi, nous précise que « beaucoup de gens profitent de la détresse humaine », notamment par intérêt financier (cf. annexe 4). Le médecin acupuncteur nous donne les limites de l’acupuncture utilisée dans la gestion de l’angoisse, du stress et de l’anxiété. En effet, si la pratique de l’acupuncture peut s’avérer bénéfique dans la plupart des cas, elle se montre inefficace dans la gestion de crises d’angoisses par exemple. Elle mentionne également le cas des patients qui ont peur des aiguilles et qui, par conséquent, ne pourront pas se détendre durant une séance d’acupuncture (cf. annexe 3). Enfin, toutes les trois pensent que si un patient est convaincu qu’une pratique ne va pas avoir d’effet sur lui, cela ne sert à rien d’essayer de lui prouver le contraire. Cela illustre encore une fois l’effet placebo dont nous avons parlé précédemment. LES MEDECINES COMPLEMENTAIRES DANS LA PRATIQUE INFIRMIERE 30 Selon Robert CHIRON, « la volonté des patients de se faire aider par les médecines complémentaires trouve de plus en plus d’écho parmi le personnel hospitalier. Il est urgent de penser autrement la lutte contre le cancer. ». [31] A. Recommandations de bonnes pratiques Les hôpitaux de l’Assistance Publique –Hôpitaux de Paris recensent plus de quinze types de traitements complémentaires différents dispensés dans les centres antidouleur et les services de soins palliatifs, de gynécologie-obstétrique, de pédiatrie, de gériatrie, d’oncologie… en consultation externe ou en hospitalisation. Ces médecines complémentaires sont pratiquées par des professionnels médicaux ou paramédicaux, lors de séances spécifiques ou intégrées aux soins courants. Ils ont établi une liste de 17 recommandations concernant les médecines complémentaires. Parmi elles : la pratique des médecines complémentaires réservées aux professionnels médicaux et paramédicaux formés ; le développement de la recherche de l’utilisation des pratiques complémentaires en soins infirmiers ; leur utilisation destinée prioritairement au patient et l’identification de ces pratiques dans le dossier de soins du patient. [28] B. Les formations Au niveau de la formation des professionnels paramédicaux en médecine non conventionnelle, il en existe quelques-unes dispensées au niveau universitaire et diplômantes mais la plupart des professionnels paramédicaux se forment de leur propre initiative à des sessions dispensées par divers organismes privés. Néanmoins, selon L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, plusieurs projets se développent, notamment au niveau infirmier, concernant l’acupuncture, l’hypnose, la sophrologie et le toucher massage. [28] Le toucher-massage est d’ailleurs abordé au sein de l’UE 4.2 Soins relationnels en première année de formation infirmière et développé dans l’UE 5.7 Optionnelle en troisième année de formation infirmière à l’Institut de Formation des Professionnels de Santé à Besançon. L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris recommande aux infirmiers exerçant la médecine complémentaire d’être titulaires d’un diplôme reconnu par l’état ou ayant fait l’objet d’une procédure d’agrément interne par un comité hospitalo-universitaire ou d’avoir été formés directement par leur établissement de santé. [28] C’est pourquoi certains Centre Hospitaliers Universitaires dispensent leurs propres formations à des médecines complémentaires dans le cadre de la formation continue de leur personnel 31 paramédical. C’est le cas au Centre Hospitalier Régional Universitaire de Besançon où les infirmières peuvent s’initier à l’hypnose et où les aides-soignantes travaillant en oncologie ont été formées au reiki, une pratique énergétique asiatique intervenant sur le champ vibratoire du patient par apposition des mains du praticien. Le médecin acupuncteur que nous avons rencontré nous apprend qu’un Diplôme Universitaire d’acupuncture à destination des professionnels de santé se développe en France. Pour l’instant, la pratique de l’acupuncture s’étend principalement aux sages-femmes (cf. annexe 3). Betty, l’infirmière qui travaille dans le même service, nous explique qu’il n’y a pas de formation sur les pratiques non conventionnelles dispensées dans le centre hospitalier dans lequel elle exerce mais elle trouve très intéressante l’idée que les infirmières puissent pratiquer une médecine non conventionnelle dans leurs soins quotidiens (cf. annexe 4). C. La relation soignant-soigné Une infirmière et sophrologue parle dans un article de la complémentarité de ses deux modes d’exercice. Elle a intégré les massages et la relaxation dans les soins quotidiens. Elle remarque que cela améliore la qualité de vie du patient, même en fin de vie. Les patients sont demandeurs de ces consultations mais cela nécessite une équipe et des médecins ouverts. Elle ajoute qu’« on pourrait penser que c’est inutile et superficiel lorsque l’on est débordé par le travail ». Mais « à [son] sens, ces gestes contribuent au contraire à un gain de temps car ils permettent de détendre le patient. Tout devient ainsi moins compliqué à réaliser ». [34] Le soutien psychologique est nécessaire chez le patient atteint de cancer. Souvent, il se confie à l’infirmière d’où l’importance de la qualité de la relation soignant – soigné. Selon Lucien ISRAEL et Catherine ADONIS, les pratiques non conventionnelles peuvent renforcer cette relation de confiance. [12] Le patient se sent écouté, son avis est pris en compte lorsque l’infirmière se renseigne pour répondre à sa demande concernant une thérapeutique complémentaire. D’après I. CELESTIN-LHOPITEAU et P. THIBAULT-WANQUET, d’autres patients aimeraient que les soignants leur proposent des pratiques complémentaires, notamment psychocorporelles, tant pour leur apporter du bien-être que pour soulager les souffrances psychologiques causées par la pathologie ou pour leur apprendre à mieux vivre avec la maladie. [25] De plus, pour Marie SUZEL INZE, les médecines complémentaires peuvent permettre une nouvelle approche de la difficulté d’avoir une relation respectueuse de la souffrance du patient. [8] Le médecin acupuncteur pense que les infirmières peuvent améliorer leur position soignante en proposant des médecines non conventionnelles à leurs patients en oncologie (cf. annexe 32 3). Betty et Annie, les deux infirmières, sont convaincues que le fait de pratiquer ou de proposer des techniques non conventionnelles à leur patient pour gérer leur angoisse, leur anxiété ou leur stress les aident à se sentir mieux intégrés dans leur parcours de soins et plus acteurs car souvent ils ont l’impression d’être « juste un cancer » (cf. annexe 2 et 4). Annie, qui travaille dans un service d’oncologie qui ne dispose pas de praticiens spécifiques des médecines non conventionnelles reconnait qu’elle manque d’informations à ce sujet. Lorsqu’un patient est demandeur de ce genre de pratiques, elle ne peut que le renvoyer vers la ligue contre le cancer. Pourtant, elle n’est pas contre le fait d’aider ses patients angoissés ou anxieux avec des techniques non conventionnelles (cf. annexe 2). L’objectif est de soulager le patient de son angoisse, son anxiété ou son stress et d’instaurer un climat de confiance entre lui et l’infirmière. Les professionnels de santé reconnaissent que les médecines non conventionnelles peuvent aider à atteindre cet objectif. PROBLEMATISATION 34 Nous avons commencé ce travail dans le but de connaître la place réelle laissée aux médecines non conventionnelles en service hospitalier car nous avons eu plusieurs expériences personnelles et de stage concernant l’usage des médecines non conventionnelles et notamment dans la gestion de l’angoisse, du stress et de l’anxiété. Notre hypothèse au départ de ce travail était que le patient anxieux, angoissé ou stressé en oncologie pouvait trouver un bénéfice dans l’utilisation des médecines non conventionnelles en service. Mais nous ne savions pas si les techniques non conventionnelles étaient réellement connues et utilisées dans le milieu hospitalier. A travers nos lectures, nous avons découvert qu’il existe une multitude de médecines non conventionnelles et de nombreux exemples de leur utilisation dans les soins en oncologie. Cela concerne la gestion de l’angoisse, du stress et de l’anxiété mais également d’autres symptômes courants. Nous avons donc décidé, au cours de l’exploration pratique de notre travail, de comparer la prise en charge de l’angoisse, de l’anxiété et du stress par deux infirmières travaillant dans deux hôpitaux distincts : l’une dans un service classique et l’autre en collaboration avec un praticien d’une médecine non conventionnelle, l’acupuncture. Les entretiens que nous avons menés ont globalement confirmé ce que nous pensions au départ et ce que nous avons trouvé durant nos recherches théoriques, c’est-à-dire qu’il y a un réel intérêt à proposer l’utilisation d’une médecine non conventionnelles au patient angoissé, anxieux ou stressé. Cependant, chaque cas reste particulier. En effet, certains patients préféreront garder un traitement conventionnel, d’autres le remplacer totalement par une médecine alternative et d’autres encore choisiront la complémentarité des deux. Le choix de la thérapeutique non conventionnelles est également laissé au patient et cela comporte des risques : information peu fiable sur internet, dérives sectaires etc. Pour le patient, tout cela reste complexe et l’infirmière peut avoir un rôle important d’information, voire même d’orientation vers une thérapeutique non conventionnelles. Or, nos entretiens et nos recherches ont mis en évidence le fait que les infirmier(e)s exerçant en oncologie ne sont pas nécessairement en mesure de donner de telles informations. Tous ces éléments nous ont permis d’aboutir à la problématique suivante : Comment sensibiliser les infirmier(e)s à l’utilisation des médecines non conventionnelles dans les soins quotidiens du patient ? CONCLUSION 36 Tout au long de notre travail de recherche, nous avons pu constater que chaque patient en oncologie souffre d’angoisse, d’anxiété ou de stress, que ça soit par rapport à sa pathologie directement, ou par rapport aux différents traitements. Ces symptômes sont souvent traités de manière conventionnelle, c’est-à-dire par des traitements médicamenteux, ainsi que par la relation d’aide infirmière. Cependant, nous avons pu remarquer durant notre travail, que les médecines non conventionnelles se font connaître ces dernières années. Le concept de psychosomatique se développe de plus en plus parmi les professionnels de santé. Il est néanmoins important de faire la différence entre médecine alternative et médecine complémentaire. Une médecine peut être à la fois alternative et complémentaire. Elle est alternative si le patient l’utilise en remplacement du traitement conventionnel. En revanche, s’il l’associe au traitement conventionnel, elle est complémentaire. Nous avons décidé de développer une médecine non conventionnelle en particulier : l’acupuncture. En effet, nous avons rencontré un médecin acupuncteur dans le cadre de la partie exploratoire de notre travail. En ce qui concerne la pratique infirmière, nous avons eu plus de difficultés à trouver des données théoriques concernant la législation et les formations disponibles actuellement pour les professionnels paramédicaux. Pour finir, les médecines non conventionnelles peuvent contribuer à la qualité de la relation soignant-soigné, tant par la pratique directe par l’infirmière d’une médecine de support dans ses soins quotidiens, que par l’information que l’infirmier(e) pourrait transmettre au patient. BIBLIOGRAPHIE 38 1. LAROUSSE : dictionnaire français [En ligne]. Disponible sur : <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais> (consulté le 10 avril 2015). 2. LAROUSSE : encyclopédie en ligne [En ligne]. Disponible sur : <http://www.larousse.fr/encyclopedie/> (consulté le 10 avril 2015). 3. E.S. L’anxiété, comment en sortir ? L’Express, mai 2013, n°3229, pp 46-54. 4. KAPSAMBELIS Vassilis. La clinique de l’angoisse. Santé Mentale, janvier 2010, n°144, pp 23-70. 5. FABPEGAS Bernadette. 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CELESTIN-LHOPITEAU I., THIBAULT-WANQUET P. Guide des pratiques psychocorporelles. Paris : Masson, 2006, 260p. 40 26. PRAYEZ Pascal, SAVATOFSKI Joël. Le toucher apprivoisé : pour une approche différente du soigné. Paris : Lamarre Poinat, 1989, 157p. 27. WINKLER Christina. Médecine traditionnelle chinoise et rechutes de cancers. Revue de l’infirmière, janvier 2015, n°207, pp43-43. 28. Assistance Publique, Hôpitaux de Paris. Acupuncture, ostéopathie, hypnose … leur reconnaissance passe par la définition de règles de bonnes pratiques et de projets de recherche [En ligne]. Disponible sur : <http://www.reseau-chu.org/les-articles/article/article/acupuncture-osteopathie-hypnoseleur-reconnaissance-passe-par-la-definition-de-regles-de-bo/> (Consulté le 25 février 2015). 29. SENK Pascale. Médecine chinoise : une nouvelle alliée face au cancer. Psychologies magazine, février 2015, n°348, pp144-148. 30. ROUESSE Jacques, SCHRAUB Simon. Médecine alternative et médecine complémentaire en cancérologie : état des lieux en 2011. Oncomagazine, août 2011, volume 5, n°3, pp10-11. 31. CHIRON Robert. Cancer : entendre les patients. Alternative Santé, avril 2008, n°354, pp19-28. 32. BAUDET Cécile. Médecine alternative : une évolution est en marche. Alternative Santé, décembre 2007, n°350, pp32-33. 33. SURBLED Malika. Line, infirmière et sophrologue [En ligne]. Disponible sur : <http://www.actusoins.com/9088/line-infirmiere-et-sophrologue.html> (Consulté le 25 mars 2015). ANNEXES 42 Annexe 1 : photo du brainstorming 43 Annexe 2 : analyse de l’entretien n°1 La personne que nous avons interrogée pour ce premier entretien est une infirmière travaillant en service d’oncologie depuis une vingtaine d’année dans un centre hospitalier universitaire. Pour préserver son anonymat tout en rendant la lecture de cette analyse plus accessible, nous l’appellerons Annie. Elle est passionnée de cancérologie et a fait un DU de soins palliatifs pour pouvoir mieux prendre en charge les patients en fin de vie dans son service. Nous savons que dans ce service, il n’y a pas de praticien d’une médecine alternative qui exerce. Nous étions deux pour mener cet entretien. Nous n’avons pas pu le retranscrire mot à mot car nous avons eu un problème au niveau de l’enregistrement. Nous n’avons donc pas pu analyser précisément les termes employés. Nous avions préparé une trame d’entretien avec des questions ouvertes sur la gestion de l’angoisse, de l’anxiété ou du stress ainsi que sur les médecines alternatives. Avant de débuter l’entretien, Annie nous a précisé n’avoir que trente minutes à nous consacrer car c’était la fin de sa journée de travail. Nous supposons qu’elle était pressée et moins ouverte à la discussion que si l’entretien s’était déroulé à un autre moment. L’entretien s’est déroulé dans une salle de réunion du service. Nous n’avons pas été dérangées durant l’interview. Durant tout l’entretien, Annie ne s’est pas adressée à nous comme à des futurs professionnels, mais comme à des étudiants. Elle nous a appris que pour travailler dans ce service, une formation de quatre jours sur la prise en charge de la souffrance et des angoisses des patients atteints de cancer, ainsi que sur des généralités en oncologie, est obligatoirement suivie par les nouvelles infirmières et aides-soignantes. Notre objectif lors de cet entretien était de savoir comment les infirmiers exerçant dans un service d’oncologie hospitalier conventionnel prenaient en charge l’angoisse, l’anxiété et le stress du patient. Nous voulions amener l’infirmière, au fur et à mesure de nos questions, à nous parler des médecines alternatives. Les thèmes abordés sont : - la formation infirmière après l’obtention du diplôme d’état. - les patients en oncologie qui sont systématiquement angoissés, anxieux et stressés - les causes principales du stress, de l’angoisse et de l’anxiété : maladie, traitement, annonce, famille. - les traitements du stress, de l’angoisse et de l’anxiété en oncologie dans un établissement sans professionnel des médecines médicamenteux en première intention et relation d’aide. alternatives : traitement 44 - l’angoisse doit impérativement être prise en charge : elle majore tous les autres symptômes. - les médecines alternatives utilisées par les patients en oncologie. Après nous avoir présenté son parcours, Annie nous raconte une situation récente durant laquelle elle a pris en charge une patiente très angoissée. Elle nous parle ensuite de ce qui est mis en place dans le service pour prendre en charge ce genre de patient : la relation d’aide et le recours à des thérapeutiques médicamenteuses comme les anxiolytiques. Elle nous donne des exemples. Lorsque nous abordons le thème des médecines alternatives, Annie nous parle d’un patient ayant eu recours à l’hypnose. Elle dit « ne rien avoir contre ces techniques » mais insiste sur le fait qu’il faut que la médecine non conventionnelle reste complémentaire des traitements médicamenteux du cancer et non qu’elle les remplace. Elle ne parle pas des médecines alternatives utilisées spécifiquement dans la gestion de l’angoisse, de l’anxiété ou du stress. Elle n’a aucun retour à propos de l’efficacité de ces médecines et reconnait ne pas avoir beaucoup de connaissances sur ce sujet. Elle emploie plusieurs termes différents pour désigner les médecines non conventionnelles tels que médecines douces et médecines parallèles. Elle nous apprend que les patients ne demandent pas d’informations sur les médecines alternatives auprès des infirmières, peut-être par peur d’être jugés. Les soignants n’en parlent pas entre eux et quand un patient à recours à une technique non conventionnelle, l’information ne vient pas des infirmières. Ce sont les patients qui recherchent des informations par euxmêmes, principalement sur internet. D’ailleurs, Annie pense que c’est un des dangers de la médecine alternative. Lorsque nous posons la question de ce qu’elle répondrait à un patient qui demanderait des informations sur des médecines alternatives et complémentaires, elle nous répond qu’elle les orienterait vers la ligue contre le cancer. Durant tout l’entretien, Annie a parlé d’une voix assurée, sans hésitations. Parfois, elle nous coupait la parole pour répondre à une question avant que nous ayons tout à fait fini de la poser. Elle a utilisé un vocabulaire professionnel clair. Ce premier entretien nous a confirmé que l’angoisse, l’anxiété et le stress du patient sont des symptômes majeurs en oncologie. Les professionnels de santé savent que des thérapeutiques non conventionnelles existent pour gérer ces symptômes mais n’ont pas les connaissances nécessaires permettant d’apporter des informations sur ce sujet aux patients. Annie n’est pas contre l’idée que les soignants puissent se former à une médecine alternative tant qu’ils continuent d’utiliser les thérapeutiques conventionnelles ainsi que la relation d’aide. 45 Annexe 3 : analyse de l’entretien n°2 Nous avons mené un second entretien avec un médecin pratiquant une médecine alternative : l’acupuncture. Ce médecin acupuncteur exerce depuis plus de vingt ans dans un centre hospitalier où les médecines alternatives sont présentes en service d’oncologie mais également dans d’autres services de soins. Le docteur est arrivé dans ce centre hospitalier en ayant déjà sa capacité à exercer en tant qu’acupuncteur car elle possède un cabinet en ville. Elle nous explique que son arrivée dans le service a été demandée par le directeur du service. L’acupunctrice est présente un jour par semaine en hôpital de jour d’oncologie, le mardi. Pour mener cet entretien, nous étions deux étudiants et le médecin a accepté que nous l’enregistrions. Nous avons été reçus dans le bureau du médecin qui se trouve dans l’hôpital de jour d’oncologie. L’environnement était propice au dialogue puisqu’elle nous a accueillis avant ses premières consultations. Comme pour notre premier entretien, nous avions également préparé une trame avec des questions ouvertes abordant la prise en charge des patients stressés, angoissés ou anxieux. Le but de l’entretien est de connaitre la prise en charge des patients en oncologie par l’acupuncteur mais aussi de savoir comment est coordonné le travail en pluridisciplinarité avec le personnel paramédical. Les thèmes abordés sont : - la formation initiale en médecine et la capacité à exercer l’acupuncture - l’évolution des médecines alternatives, en particulier l’acupuncture - le travail avec l’équipe médicale et paramédicale - les traitements du stress, de l’angoisse et de l’anxiété en oncologie - les soins de support proposés aux patients en oncologie - les différentes indications de l’acupuncture en oncologie - l’efficacité de l’acupuncture, ses limites, l’effet placébo - la place des médecines complémentaires en milieux hospitalier Le médecin acupuncteur nous décrit son activité au sein du service d’oncologie et aborde le fait que depuis son arrivée, l’acupuncture a bien été intégrée dans les soins de support. Dans le service, les patients ont recours à l’acupuncture pour se préparer aux séances de chimiothérapie mais également pour la gestion de l’angoisse et des effets indésirables liés aux traitements anticancéreux. 46 Le médecin acupuncteur nous indique que les patients peuvent venir d’eux-mêmes, ils sont alors informés par d’autres patients, mais également sur indication des infirmières ou de leur oncologue. Elle précise que ses confrères lui rapportent un bénéfice de l’acupuncture sur leurs patients car ils sont plus réceptifs et plus sereins après leur séance d’acupuncture. Lorsqu’on aborde la gestion de l’angoisse, de l’anxiété et du stress, elle affirme qu’il y a beaucoup de patients qui viennent car ils sont angoissés par rapport aux traitements anticancéreux mais également pour trouver de l’aide pour faire face à la maladie. L’acupuncture vient en complément des traitements médicamenteux. En effet, dans certains cas, comme une crise d’angoisse, le traitement médicamenteux est nécessaire. A propos de l’efficacité, le médecin nous explique que les patients verbalisent leur mieux être mais également par le personnel paramédical qui retrouvent des patients moins anxieux ou angoissé. On lui parle alors de l’effet placébo et elle argumente par le fait que l’acupuncture est utilisée depuis très longtemps et les résultats sont très positifs. Au centre hospitalier où exerce l’acupunctrice, le recours à ses méthodes sont très positifs auprès des patients angoissés, anxieux ou stressés. Cela permet à ces derniers de pouvoir mieux tolérer leur traitement mais également leur maladie. Malgré cette efficacité, l’acupuncture a ses limites dans les cas de crise aigüe d’angoisse, où un traitement médicamenteux reste régulièrement nécessaire. Cette gestion de l’anxiété, de l’angoisse et du stress est facilitée par les différentes solutions proposées par l’établissement (sophrologie, psychologue, acupuncture, sport…). 47 Annexe 4 : analyse de l’entretien n°3 La personne que nous avons interviewée dans cet entretien est une infirmière exerçant en hôpital de jour d’oncologie, dans le même service que le médecin acupuncteur (entretien n° 2). Pour préserver son anonymat tout en facilitant la lecture de cette analyse, nous l’appellerons Betty. Elle travaille depuis une vingtaine d’année dans ce service et a fait un DU de psycho-oncologie dans le but de donner des consultations d’annonce. Nous étions deux pour mener cet entretien. Nous l’avons enregistré et retranscrit mot à mot. Nous avions préparé une trame d’entretien avec des questions ouvertes sur la gestion de l’angoisse, de l’anxiété ou du stress ainsi que sur les médecines alternatives. L’entretien a eu lieu dans une salle du service, attenante à la salle de chimiothérapie, en hôpital de jour d’oncologie. Nous n’avons pas été interrompus. Il a duré 29 minutes. Durant tout l’entretien, Betty s’est adressée à nous comme à des futurs professionnels. L’objet de l’entretien porte sur l’utilisation des médecines alternatives dans la gestion de l’angoisse du stress et de l’anxiété en service d’oncologie, et plus particulièrement l’acupuncture. L’objectif était de comparer la prise en charge de ces symptômes par Betty, qui travaille en collaboration avec un praticien des médecines alternatives par rapport à la prise en charge d’Annie, infirmière exerçant dans un service conventionnel (entretien n°1). L’entretien aborde différents thèmes : - la prise en charge du patient en oncologie. - le retour des patients par rapport aux médecines alternatives. - les limites et les dérives des médecines alternatives. - la pluridisciplinarité. - les formations infirmières en médecine alternative. 48 Après nous avoir présenté son parcours professionnel, Betty nous parle directement du sujet du patient angoissé en oncologie et de sa prise en charge. Elle nous explique qu’elle oriente le patient vers le médecin acupuncteur si elle le sent intéressé. Elle utilise également la relation d’aide ainsi que les traitements médicamenteux dans certains cas de crise. Nous pouvons nous rendre compte que dans cet établissement, le patient est vraiment pris en charge de manière très personnalisée. Nous remarquons également que toute l’équipe pluridisciplinaire est impliquée dans la prise en charge du patient, notamment dans le cadre des soins de supports où interviennent entre autres une diététicienne, une psychologue, une sophrologue et le médecin acupuncteur. Le but étant de proposer le maximum de possibilités au patient pour qu’il puisse trouver celles qui lui conviennent le mieux. Ensuite nous parlons de l’efficacité des médecines alternatives et complémentaires et le retour qu’en font les patients. Globalement, Betty ne peut pas dire que tous les patients aient recours à l’acupuncture ou à la sophrologie par exemple. Encore une fois la prise en charge dépend vraiment du patient, de son état physique et psychologique ainsi que ses envies, ses besoins et ses attentes. Nous abordons ensuite le sujet des limites et des dérives. Betty pense que les dérives dites sectaires restent très rares. Par contre elle nous dit que les « charlatans » exerçant des techniques alternatives et complémentaires sont nombreux. Dans cet établissement, l’équipe soignante n’encourage pas les patients à consulter à l’extérieur, en raison du grand nombre de pratiques non réglementées. Puis nous parlons également du travail en équipe, qui semble ici, dans ce service d’oncologie, très important. Nous apprenons qu’ici, l’acupuncture et la sophrologie, qui sont inclues dans les soins de supports, sont systématiquement proposées au patient dès la consultation d’annonce. Nous abordons rapidement la question de la formation professionnelle des infirmières en matière de médecines alternatives. Il n’en ressort pas grand-chose, Betty n’étant pas très au courant des formations mis à part quelques diplômes universitaires. Néanmoins, elle se montre intéressée par l’éventualité d’une formation infirmière pour inclure la pratique d’une technique alternative dans les soins quotidiens. Pour finir, Betty nous dit que l’évolution des médecines alternatives et complémentaires durant ces vingt dernières années est tout de même considérable. Betty utilise un vocabulaire professionnel adapté. Elle parle doucement, de manière très intelligible mais avec beaucoup d’hésitations. Elle cherche souvent ses mots et donne l’impression de construire ses phrases avant de les dire. 49 Contrairement à Annie, la première infirmière que nous avons rencontrée, Betty est à l’aise sur le sujet des médecines alternatives. Elle mesure les bénéfices importants des médecines alternatives pour le patient en oncologie, notamment dans la gestion de l’angoisse, de l’anxiété et du stress. Elle semble avoir moins recours aux traitements médicamenteux, sans pour autant les oublier complètement, qu’Annie pour qui ils sont le premier recours à utiliser chez un patient angoissé, anxieux ou stressé. Le centre hospitalier dans lequel exerce Betty paraît plus ouvert en ce qui concerne l’utilisation de techniques alternatives et complémentaires que le centre hospitalier universitaire dans lequel travaille Annie, la première infirmière que nous avons interviewée. La prise en charge du patient en oncologie est différente d’un établissement à l’autre. Ici, des séances d’acupuncture et de sophrologie sont systématiquement proposées au patient dans un souci de personnalisation des soins, alors que l’autre centre hospitalier universitaire ne semble ne pas accorder une place importante à ces techniques. L’infirmière qui y travaillait avouait ne pas pouvoir orienter les patients et déléguait cela à la ligue contre le cancer. RESUME ET MOTS CLES 51 La place des médecines non conventionnelles dans la gestion de l’angoisse, de l’anxiété et du stress chez le patient en oncologie. Après avoir défini les termes d’angoisse, d’anxiété et de stress, nous avons mis en évidence grâce à nos recherches bibliographiques et aux entretiens que nous avons mené, que l’usage des thérapeutiques non conventionnelles dans la gestion de l’angoisse, du stress ou de l’anxiété, se développent dans les services hospitaliers en France, notamment en oncologie. D’abord, l’angoisse, l’anxiété et le stress sont omniprésents chez les patients en oncologie, du moment de l’annonce de la maladie jusqu’à la dernière cure de chimiothérapie, sans oublier l’angoisse de mort, la crainte de la récidive etc. Ces symptômes sont couramment traités en France, par des médicaments de type anxiolytiques. Mais ces traitements apportent leur lot d’effets secondaires chez des patients ayant déjà un traitement anticancéreux lourd. Certains d’entre eux leur préfèrent quelque chose de plus naturel. Ces patients s’orientent alors vers les médecines non conventionnelles, comme l’acupuncture ou la sophrologie. Dans certains services hospitaliers d’oncologie, ces thérapeutiques non conventionnelles sont proposées systématiquement au patient dans le cadre des soins de support car le service bénéficie d’un soignant formé à ces techniques, ou d’un praticien d’une médecine non conventionnelle. Durant notre travail, nous avons rencontré trois professionnels de la santé: une infirmière exerçant en service d’oncologie, un médecin acupuncteur qui consulte en oncologie dans un autre centre hospitalier et une seconde infirmière qui travaille avec ce médecin acupuncteur. Ces professionnels ont globalement confirmé nos recherches théoriques et nous ont apporté des précisions. En conclusion, même si le patient ne doit pas abandonner le traitement médicamenteux et que les médecines non conventionnelles comportent des limites, il semblerait que la possibilité de pouvoir y recourir dans la gestion du stress, de l’angoisse et de l’anxiété en oncologie soit bénéfique pour le patient. Mot clés : Acupuncture - angoisse – anxiété – complémentarité – formations paramédicales – législation – médecine alternative – médecine conventionnelle - médecine non conventionnelle oncologie – psychosomatique – soins de support – stress. ABSTRACT 53 The role of alternative medicine in stress and anxiety management on patients with cancer. Patients in oncology are often stressed or anxious because they suffer from a serious disease. From the diagnosis announcement to the first session of chemotherapy, they are also stressed about the sides effects, the fear of death and many other things. According to the literature review and the interviews conducted for this project, alternative medicine develops in oncology. During our work, we met three health professionals: a nurse who work in oncology, a physician acupuncturist who practice in another hospital in oncology and a second nurse who work with this physician. Usually, in France, health care teams use traditional treatments to cure the psychological symptoms of patients. These medicines use chemical molecules but nowadays more people want medicine to be more natural so they ask more for alternative medicine. So, more and more patients use other treatments to feel better like acupuncture, sophrology and herbal medicine. These methods are not scientifically proven but most of the users are satisfied with their efficiency. In France, some health care professionals use these methods in traditional hospital units. In conclusion, we can say that patient must not give up chemical treatments but using alternative medicine is beneficial for them, especially in stress and anxiety management in oncology. La place des médecines non conventionnelles dans la prise en charge du stress, de l’anxiété et de l’angoisse chez le patient en oncologie La place des médecines non conventionnelles dans la gestion de l’angoisse, de l’anxiété et du stress chez le patient en oncologie. Après avoir défini les termes d’angoisse, d’anxiété et de stress, nous avons mis en évidence grâce à nos recherches bibliographiques et aux entretiens que nous avons mené, que l’usage des thérapeutiques non conventionnelles dans la gestion de l’angoisse, du stress ou de l’anxiété, se développent dans les services hospitaliers en France, notamment en oncologie. D’abord, l’angoisse, l’anxiété et le stress sont omniprésents chez les patients en oncologie, du moment de l’annonce de la maladie jusqu’à la dernière cure de chimiothérapie, sans oublier l’angoisse de mort, la crainte de la récidive etc. Ces symptômes sont couramment traités en France, par des médicaments de type anxiolytiques. Mais ces traitements apportent leur lot d’effets secondaires chez des patients ayant déjà un traitement anticancéreux lourd. Certains d’entre eux leur préfèrent quelque chose de plus naturel. Ces patients s’orientent alors vers les médecines non conventionnelles, comme l’acupuncture ou la sophrologie. Dans certains services hospitaliers d’oncologie, ces thérapeutiques non conventionnelles sont proposées systématiquement au patient dans le cadre des soins de support car le service bénéficie d’un soignant formé à ces techniques, ou d’un praticien d’une médecine non conventionnelle. Durant notre travail, nous avons rencontré trois professionnels de la santé: une infirmière exerçant en service d’oncologie, un médecin acupuncteur qui consulte en oncologie dans un autre centre hospitalier et une seconde infirmière qui travaille avec ce médecin acupuncteur. Ces professionnels ont globalement confirmé nos recherches théoriques et nous ont apporté des précisions. En conclusion, même si le patient ne doit pas abandonner le traitement médicamenteux et que les médecines non conventionnelles comportent des limites, il semblerait que la possibilité de pouvoir y recourir dans la gestion du stress, de l’angoisse et de l’anxiété en oncologie soit bénéfique pour le patient. Mot clés : Acupuncture - angoisse – anxiété – complémentarité – formations paramédicales – législation – médecine alternative – médecine conventionnelle - médecine non conventionnelle - oncologie – psychosomatique – soins de support – stress. The role of alternative medicine in stress and anxiety management on patients with cancer. Patients in oncology are often stressed or anxious because they suffer from a serious disease. From the diagnosis announcement to the first session of chemotherapy, they are also stressed about the sides effects, the fear of death and many other things. According to the literature review and the interviews conducted for this project, alternative medicine develops in oncology. During our work, we met three health professionals: a nurse who work in oncology, a physician acupuncturist who practice in another hospital in oncology and a second nurse who work with this physician. Usually, in France, health care teams use traditional treatments to cure the psychological symptoms of patients. These medicines use chemical molecules but nowadays more people want medicine to be more natural so they ask more for alternative medicine. So, more and more patients use other treatments to feel better like acupuncture, sophrology and herbal medicine. These methods are not scientifically proven but most of the users are satisfied with their efficiency. In France, some health care professionals use these methods in traditional hospital units. In conclusion, we can say that patient must not give up chemical treatments but using alternative medicine is beneficial for them, especially in stress and anxiety management in oncology