4-Comment vivre le carême ?
Peut être faut il entendre le carême comme une sorte de retraite, mais avec 2 particularités :
*C’est une retraite collective, communautaire, pour toute l’Eglise, à un moment qui n’est pas choisi
mais indiqué par tous les calendriers. Retraite ecclésiale et non individuelle.
*C’est une retraite que l’on fait sur place sans partir ailleurs, sans quitter ses activités, sa famille, sa
maison, ses soucis. Retraite dans le monde de ce temps, au milieu des autres.
Ces 2 caractéristiques font donc du carême une retraite avec et au milieu des autres. Rappel de notre
baptême avec les autres baptisés et au milieu des hommes et femmes de notre temps.
Pour en savoir un peu plus lisons l’Evangile du jour d’entrée en carême : Mt 6,1…18.
Trois propositions nous y sont faites :
*l’aumône : ou la conversion de notre regard sur les autres. Si l’aumône est le geste du frère, il
suppose que l’on prenne le temps de regarder l’autre : il n’y a pas que l’argent ! il y a des actes de
solidarité, des paroles ou des silences, des coups de téléphone ou des visites, du temps ou du pardon
donnés,… Puisque le baptisé est serviteur, il rend grâce à Dieu en donnant à l’autre ce qu’il a reçu.
Un extrait du message de carême de Benoît XVI de cette année sur l’aumône :
L’aumône nous apprend à aller à la rencontre des besoins de notre prochain et à partager avec les
autres ce que, par grâce divine, nous possédons. C’est à cela que visent les collectes spéciales en
faveur des pauvres, qui sont organisées pendant le Carême en de nombreuses régions du monde.
Ainsi, à la purification intérieure s’ajoute un geste de communion ecclésiale, comme cela se passait
déjà dans l’Église primitive. Saint Paul en parle dans ses Lettres à propos de la collecte en faveur de
la communauté de Jérusalem (cf. 2 Cor 8-9 ; Rm 15, 25-27).
Selon l’enseignement de l’Évangile, nous ne sommes pas propriétaires mais administrateurs des biens
que nous possédons : ceux-ci ne doivent donc pas être considérés comme notre propriété exclusive,
mais comme des moyens à travers lesquels le Seigneur appelle chacun d’entre nous à devenir un
instrument de sa providence envers le prochain. Comme le rappelle le Catéchisme de l’Église
Catholique, les biens matériels ont une valeur sociale, selon le principe de leur destination universelle
(cf. n° 2404).
… Mais il y a plus encore : saint Pierre cite parmi les fruits spirituels de l’aumône, le pardon des
péchés. « La charité – écrit-il – couvre une multitude de péchés » (1 P 4, 8). La liturgie du Carême le
répète souvent, Dieu nous offre, à nous pécheurs, la possibilité d’être pardonnés. Le fait de partager
ce que nous possédons avec les pauvres, nous dispose à recevoir un tel don.
*la prière : ou la conversion de notre rapport avec Dieu. Si la prière est le geste du fils, il suppose que
l’on prenne le temps d’entendre Dieu et les cris de notre monde. Puisque le baptisé est prêtre, il porte
devant Dieu les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de ce temps.
Commentaire du Ps 37 par S Augustin :
Sommes nous sans cesse à genoux, ou prosternés, ou les mains levées au ciel ? si c’est cela prier, il est
bien impossible de prier sans cesse. Mais il y a une autre façon de prier, intérieure, ininterrompue,
c’est le désir. Quoi que tu aies à faire, si tu le désires…tu ne cesses pas de prier. Si tu ne veux pas
cesser de prier, ne cesse pas de désirer. Ton désir continuel est un appel continuel. Tu te tairais si tu
cessais d’aimer…Le froid de l’amour, voilà le silence du cœur.
*le jeûne : ou la conversion de notre regard sur les choses. Si le jeûne est le geste de la créature, il
suppose que l’on prenne le temps de se découvrir capable de faim et de manque. Puisque le baptisé est
prophète, il n’est pas que consommateur, il espère un monde autre.
Commentaire de Léon le Grand :
Le tout de notre jeûne ne réside pas dans la seule abstention de nourriture, et il n’y a pas profit à
soustraire les aliments au corps si le corps ne se détourne pas de l’injustice et si la langue ne
s’abstient pas de la calomnie. Nous devons donc mortifier notre liberté dans la nourriture, mais
pour mater sous la même loi les autres convoitises (sermon de carême IV, 2).
Si le carême est au chrétien, ce que l’entraînement est au sportif, il est là pour nous maintenir en
forme, nous améliorer. Entraînement en équipe avec les autres, sous la direction du directeur sportif,
de l’entraîneur : le Christ. Le programme d’entraînement nous le connaissons : conversion de notre
manière d’être avec les autres, Dieu et le monde, mais nous pouvons l’accomplir chaque fois
différemment.