Carême 2017 : Changer mais à quelles
conditions ?
Quel est le mot que l’on entend le plus souvent ces
derniers temps? C’est bien le mot « changement ».
Il semble que beaucoup de gens aspirent au
changement, à une vie meilleure. Beaucoup le
promettent. Mais qui en a la capacité ? De quoi
dépend-il ? De quel changement parle-t-on ?
S’agit-il simplement d’une question de niveau de
vie ? de pouvoir d’achat ? Là encore ne se limite-t-
on pas uniquement au seul niveau matériel ? Et
pour cela au seul niveau économique ? C’est alors
une course à l’argent. Ne fausse-t-on pas alors tout
y compris le système éducatif en le réduisant à
une question de moyens et non pas avant tout à un
investissement personnel, à une disponibilité plus
grande, à une recherche avant tout du bien et du
progrès de chaque élève ? Changer oui, mais
avant tout le cœur c’est-à-dire ce qu’il y a de plus
profond en l’homme, là où se prennent les vraies
décisions, là où est engagée notre liberté. C’est
pourquoi le Carême : les quarante jours qui nous
préparent à l’événement central de l’histoire
humaine à savoir le don que fait Jésus, le Fils de
Dieu, de sa vie pour sauver les hommes, rétablir
les hommes, tout homme, chaque homme dans sa
condition première, dans sa dignité de fils de Dieu ;
c’est pourquoi donc le Carême nous propose trois
voies qui font l’être même de tout homme : la prière
c’est-à-dire la relation à Dieu, l’ouverture à la
transcendance ; ensuite l’aumône c’est-à-dire la
relation à l’autre et quel que soit l’autre et en
premier lieu le plus faible, le plus petit, le plus
démuni ; enfin le jeûne c’est-à-dire la relation à soi
en retrouvant ce qui est essentiel et en laissant de
côté tout ce qui est superficiel.
Si nous voulons vraiment changer, si nous voulons
changer notre cœur, alors entrons dans ces voies
qui nous sont proposées pour ce temps de
Carême. La première est la prière ou l’ouverture à
Dieu. L’homme aussi loin que l’on peut remonter
dans le temps a toujours eu recours ou a invoqué
les dieux ou Dieu. La relation la plus fondamentale
est celle qui nous relie à Dieu. C’est dans la prière
que nous pouvons expérimenter que Dieu nous
aime, que Dieu m’aime. St Paul a traduit cela en
une phrase saisissante : « Il (le Christ Jésus) m’a
aimé et s’est livré pour moi. » La prière est aussi
nécessaire que l’air que l’on respire ; la prière est
contact avec Celui qui est la source de la vraie vie ;
ce contact quotidien avec Dieu qui veut notre
bonheur procure joie, paix. Alors prions dans le
secret de notre cœur, buvons et abreuvons-nous à
la source qu’est Dieu qui habite au fond de notre
cœur.
La deuxième voie que nous propose le Carême est
l’aumône c’est-à-dire la relation à l’autre.
Aujourd’hui nous parlons davantage de partage, de
solidarité, de générosité, mais n’oublions pas un
mot plus ancien la charité. C’est bien l’amour de
Dieu qui a été répandu dans nos cœurs qu’il s’agit
de donner en donnant aux autres. Il ne s’agit pas
simplement de donner par pure philanthropie mais
bien parce que animés de l’amour de Dieu. Car
aimer Dieu et aimer son prochain sont un seul et
même commandement. Ce que nous pouvons
partager c’est avant tout la bienveillance à l’égard
de l’autre. C’est vouloir et chercher le bien de
l’autre ; cela va du respect de l’autre aussi bien
dans la parole que dans les actes à savoir dire du
bien de l’autre et éviter de le blesser en parole ;
aider l’autre qui a besoin de moi, qui souffre, qui
connaît un moment difficile, qui est fragilisé
psychologiquement … oui se mettre au service de
l’autre et quel que soit l’autre ; il est mon
semblable ; il est image de Dieu et dit quelque
chose de Dieu. A chacun de sortir de soi et d’aller
vers l’autre avec le cœur sur la main car l’autre est
un don de Dieu.
La troisième voie est le jeûne ou la relation à soi. Si
nous voulons aimer l’autre, il faut commencer par
soi-même, s’accepter comme l’on est ; reconnaître
nos capacités, nos dons mais peut-être aussi nos
défauts. Il s’agit de faire la vérité sur soi car la
vérité rend libre. C’est donc faire un travail sur soi-
même pour s’ouvrir aux autres, changer son cœur
et devenir plus aimant et aimable ; devenir de plus
en plus disponible aux autres.
Que ce temps du Carême soit un temps de grâce ;
ainsi nous arriverons transformés à Pâques et nous
pourrons célébrer ensemble la résurrection du
Seigneur et les prémices de notre propre
résurrection.
P. Jacques Stoltz, marianiste.
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