Université d`Aix-Marseille

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Université d’Aix-Marseille
THÈSE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE
Spécialité MICRO ET NANOELECTRONIQUE
dans le cadre de l’École Doctorale :
Sciences pour l’Ingénieur : Mécanique, Physique, Micro et Nanoélectronique
Préparée au sein de la société STMicroelectronics à Rousset
en collaboration avec l’équipe Mémoires
de l’Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de Provence (IM2NP)
Caractérisation et modélisation des mémoires Flash
embarquées destinées aux applications faible
consommation et à forte contrainte de fiabilité
par
Guillaume JUST
Directeur de thèse : Frédéric LALANDE
Présentée et soutenue publiquement le 24 mai 2013 devant le jury composé de :
Mireille COMMANDRE
Frédéric LALANDE
Gérard GHIBAUDO
Gilles REIMBOLD
Pascal MASSON
Jérémy POSTEL-PELLERIN
Olivier BONNAUD
Jean-Luc OGIER
Professeur, Ecole Centrale Marseille
Professeur, Université d’Aix-Marseille
DR CNRS Alpes - IMEP-LAHC/INPG, UMR 5130
HDR, CEA-Leti, Université de Grenoble
Professeur, Université de Nice Sophia Antipolis
Maitre de conférences, Université d’Aix-Marseille
Professeur, Université de Rennes I
Docteur, ST Microelectronics, Rousset
Présidente
Directeur de thèse
Rapporteur
Rapporteur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
Examinateur
Remerciements
Les travaux de thèse présentés dans ce manuscrit ont été effectués dans le cadre d’une
convention CIFRE entre deux entités partenaires, l’entreprise STMicroelectronics1 à Rousset et le
laboratoire IM2NP2, de janvier 2010 à janvier 2013.
Je tiens d’ores et déjà à remercier la société STMicroelectronics, l’Institut des Matériaux et
Microélectronique et Nanoélectronique de Provence (IM2NP), l’Association Nationale de la Recherche
Technique (ANRT) ainsi que les personnes qui ont contribué à la mise en place et au financement de
cette thèse, en particulier Gérald HALLER, responsable du RCCAL (Rousset Central Characterization
Analysis Laboratory) et Rachid BOUCHAKOUR, directeur du laboratoire IM2NP.
Je remercie vivement Arnaud RÉGNIER, docteur-ingénieur à STMicroelectronics, qui a été l’un de
mes tuteurs industriels et qui m’a accompagné tout au long de ces trois années de thèse. Sa
disponibilité, ses encouragements, ses conseils pertinents et son implication dans cette thèse ont été
pour moi un vrai soutien au quotidien et je l’en remercie.
Je remercie tout particulièrement Jean-Luc OGIER, responsable de l’équipe « Caractérisation
électrique » au sein du laboratoire RCCAL de STMicroelectronics (Rousset), pour la confiance qu’il m’a
accordée en m’acceptant dans son équipe, pour tout ce qu’il m’a appris, pour les conseils avisés qu’il
a su me donner et pour son encadrement de grande qualité.
Je tiens à remercier Frédéric LALANDE, directeur de thèse et professeur à l’université d’AixMarseille, ainsi que Jérémy POSTEL-PELLERIN, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille,
pour leur disponibilité, leur aide, leurs conseils scientifiques et leurs nombreuses relectures qui m’ont
aidé à la rédaction de ce manuscrit.
J’exprime toute ma gratitude à Pascal MASSON, professeur à l’Université de Nice Sophia
Antipolis. Je lui suis reconnaissant pour son soutien, son aide précieuse et les nombreux conseils qu’il
a su me transmettre afin de mener à bien ces travaux.
Je tiens à remercier Jean-Luc AUTRAN, directeur adjoint du laboratoire IM2NP, pour sa
disponibilité, son implication et son expertise technique. J’ai vraiment apprécié le fait de travailler
avec lui sur l’aspect radiatif impactant les mémoires non volatiles.
J’exprime toute ma reconnaissance aux professeurs Gilles REIMBOLD, HDR, CEA-Leti, Université
de Grenoble, ainsi que Gérard GHIBAUDO, DR CNRS Alpes – IMEP-LAHC/INPG, UMR 5130, pour avoir
accepté d’être les rapporteurs de mon manuscrit de thèse et m’avoir fait l’honneur d’être les juges
scientifiques de mes travaux.
Ma respectueuse reconnaissance s'adresse également à Mireille COMMANDRE, professeure à
Centrale Marseille, et à Olivier BONNAUD, professeur à l’Université de Rennes I. Je suis sensible à
l'honneur qu'ils m’ont fait de faire partie de mon jury de thèse.
Je tiens à remercier chaleureusement tous les membres du laboratoire de caractérisation
électrique et du RCCAL de STMicroelectronics Rousset pour leur accueil, leur support technique et leur
curiosité scientifique. Ces trois années passées à vos côtés sont passées très vite et ont été
fantastiques. Un grand MERCI à : Lorin, Lionel, Olivier, Jean-Luc, Arnaud, Marc, Laurent, Luc, Denis,
Patrick, David, Christine.
Enfin, je n’oublie pas de remercier tous les thésards que j’ai pu côtoyer à ST et à l’IM2NP, et avec
qui j’ai pu partager, échanger, apprendre et passer de bons moments : Jérémy, Gaëtan, Yohan,
Vincenzo, Roxane, Marion, Benjamin, Émilie, Fabrice, Julien, Olivier, Aurélie, Alexandre, Abdé,
Anthony,… Enfin, que toutes les personnes que j’aurais maladroitement oubliées soient également
assurées de ma sincère reconnaissance.
1 ST
Microelectronics, 190 Avenue Célestin Coq Zone Industrielle, 13106 Rousset, France
IM2NP (UMR CNRS 6242), 38 rue Frédéric Joliot Curie, 13451 Marseille, France
2 Laboratoire
Table des matières
Tables des matières
Liste des symboles et des abréviations ..........................................................11
Introduction générale ...................................................................................15
Chapitre 1 Introduction aux Mémoires Non Volatiles ...................................17
Introduction ................................................................................................................... 19
I.2 Les différents types de mémoires ............................................................................... 19
I.2.1. Les mémoires à semi-conducteurs ........................................................................................... 19
I.2.2. Historique des mémoires non volatiles .................................................................................... 20
I.3 Les mémoires à grille flottante : Architecture et principe de fonctionnement ............. 22
I.3.1. Concept du transistor à grille flottante .................................................................................... 22
I.3.2. La mémoire EEPROM................................................................................................................ 24
I.3.3. La mémoire Flash ..................................................................................................................... 26
I.3.3.1 Description et principe de fonctionnement du point mémoire ........................................ 26
I.3.3.2 Modes de fonctionnement ................................................................................................. 26
I.3.3.3 La cellule Flash au sein d’un plan mémoire........................................................................ 29
I.3.3.4
Les phénomènes de dégradation liés au plan mémoire.............................................. 31
I.3.4. Limitations et solutions envisagées pour le futur des mémoires non volatiles ....................... 34
I.3.4.1
Limites de l’oxyde tunnel ............................................................................................. 35
I.3.4.2
Limites de l’oxyde ONO ............................................................................................... 35
I.3.4.3
Les solutions envisagées pour les mémoires non volatiles ......................................... 36
I.4 La fiabilité des mémoires non volatiles ....................................................................... 38
I.4.1.
Notion d’endurance .......................................................................................................... 38
I.4.2.
Notion de rétention .......................................................................................................... 38
I.4.2.1
Pertes de charge intrinsèques ..................................................................................... 38
I.4.2.2
Pertes de charge extrinsèques .................................................................................... 39
I.5 Présentation des deux domaines d’étude : caractérisation électrique et test .............. 39
I.5.1.
Caractérisation de dispositifs élémentaires...................................................................... 39
I.5.1.1
Caractérisation de capacités et transistors MOS......................................................... 40
I.5.1.2
Caractérisation d’une cellule mémoire Flash unitaire ................................................. 41
I.5.1.3
Caractérisation d’une CAST de cellules ....................................................................... 42
I.5.2.
Test de mémoires non volatiles ........................................................................................ 43
I.5.2.1
Test de macrocell mémoire ......................................................................................... 43
I.5.2.2
Présentation de la macrocell mémoire Flash “ANNA“ ................................................ 46
I.5.2.3
Testabilité et modes de fonctionnement .................................................................... 48
I.5.2.4
Outils d’analyse des données ...................................................................................... 51
Conclusion ...................................................................................................................... 53
Table des matières
Chapitre 2 Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb .55
Introduction ................................................................................................................... 57
II.2 Caractérisation du read-disturb ................................................................................. 57
II.2.1 Description du phénomène ...................................................................................................... 57
II.2.2 Mise en évidence sur la macrocell ANNA................................................................................. 58
II.2.3 Modélisation analytique du niveau de défaillance .................................................................. 59
II.2.3.1 Influence du critère de Vt et de ΔVt .................................................................................. 59
II.2.3.2 Influence du temps de stress ............................................................................................ 60
II.2.3.3 Influence de la température.............................................................................................. 61
II.2.3.4 Influence de la tension de stress ....................................................................................... 62
II.2.3.5 Influence de la dégradation en cyclage ............................................................................. 63
II.2.3.6 Résumé des différents coefficients du modèle analytique .............................................. 64
II.3 Le phénomène de SILC .............................................................................................. 65
II.3.1 Définition .................................................................................................................................. 66
II.3.2 Génération, caractérisation et modélisation du SILC ............................................................... 67
II.3.2.1 La génération du SILC ........................................................................................................ 67
II.3.2.2 Les méthodes de caractérisation ...................................................................................... 68
II.3.2.3 Revue bibliographique des modèles de SILC ..................................................................... 71
II.4 Modélisation du read-disturb .................................................................................... 72
II.4.1 Présentation du modèle ........................................................................................................... 72
II.4.2 Implémentation du module de l’ETAP ..................................................................................... 74
II.4.3 Procédure d’utilisation du modèle ........................................................................................... 77
II.4.4 Exploitation du modèle ............................................................................................................ 81
II.4.4.1 Effet de la température ..................................................................................................... 81
II.4.4.2 Effet du cyclage ................................................................................................................. 83
II.4.4.3 Effet d’autres paramètres (épaisseur d’oxyde, dopage, dimensions cellule) ................... 86
Conclusion ...................................................................................................................... 87
Chapitre 3 Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées
au procédé de fabrication et aux conditions électriques................................89
Introduction ................................................................................................................... 91
III.1 Description du flot de fabrication CMOS 90nm avec mémoire Flash embarquée ....... 91
III.2 Etude de la fiabilité de l’oxyde tunnel liée à la recette de poly-réoxydation .............. 93
III.2.1 Contexte .................................................................................................................................. 93
III.2.2 Le rôle de l’étape de poly-réoxydation ................................................................................... 93
III.2.3 Notions de piégeage dans l’oxyde et à l’interface Si/Si02 ....................................................... 95
III.2.4 Impact de la recette de poly-réoxydation sur le piégeage de charges ................................... 97
Table des matières
III.2.4.1 Caractérisation "Stress à courant constant" ou CCS ........................................................ 97
III.2.4.2 Caractérisation "C(V) après stress CCS" ........................................................................... 99
III.2.5 Impact de la poly-réoxydation sur les faibles courants de fuite ........................................... 103
III.2.6 Conclusion ............................................................................................................................. 104
III.3 Effets de variations de l’énergie d’implantation des LDD et de dopage du canal sur la
cellule mémoire Flash ....................................................................................................104
III.3.1 Contexte ................................................................................................................................ 104
III.3.2 Le rôle des implants LDD et du dopage du canal .................................................................. 105
III.3.3 Détails expérimentaux et méthodes de mesure ................................................................... 105
III.3.3.1 Structures de test et détails des variations « process » ................................................. 105
III.3.3.2 Méthodes de mesure liées à l’aspect consommation du point mémoire...................... 106
III.3.4 Effets de variations de l’énergie d’implantation des LDD et de la dose du dopage canal .... 107
III.3.4.1 Influence sur la fenêtre de programmation ................................................................... 107
III.3.4.2 Influence sur le courant de fuite de bit-line ................................................................... 110
III.3.4.3 Influence sur la dégradation en cyclage ......................................................................... 113
III.3.5 Discussion et conclusion........................................................................................................ 114
III.4 Effets des conditions de lecture, de la tension de drain et de l’endurance sur la
consommation du point mémoire ..................................................................................116
III.4.1 Contexte ................................................................................................................................ 116
III.4.2 Caractérisation du courant de fuite de bit-line en mode lecture ......................................... 116
III.4.2.1 Effet de la tension de vérification de déplétion ............................................................. 116
III.4.3 Caractérisation de la consommation énergétique du point mémoire lors de sa
programmation en fonction de l’endurance et de la tension de drain........................................... 118
III.4.3.1 Impact de la tension de drain sur la fiabilité en endurance ........................................... 119
III.4.3.2 Impact de la tension de drain sur la consommation du point mémoire ........................ 121
III.4.3.3 Comportement de la consommation du point mémoire au cours du cyclage .............. 123
Conclusion .....................................................................................................................125
Chapitre 4 Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la
fiabilité en rétention des mémoires Flash ................................................... 127
Introduction ..................................................................................................................129
IV.2 L’environnement radiatif terrestre ..........................................................................130
IV.2.1. Les sources de radiations naturelles au niveau du sol ......................................................... 130
IV.2.1.1 Les neutrons atmosphériques ........................................................................................ 132
IV.2.1.2 Les particules alpha ........................................................................................................ 133
IV.2.2. Métrologie des neutrons atmosphériques .......................................................................... 133
IV.3 Caractérisation expérimentale de circuits ................................................................135
IV.3.1. L’apparition des aléas logiques dans les circuits.................................................................. 135
IV.3.2. Mesures du taux d’aléas logiques (SER) ............................................................................... 135
Table des matières
IV.3.3. Les approches expérimentales de mesure du SER............................................................... 136
IV.3.3.1 Les tests accélérés .......................................................................................................... 136
IV.3.3.2 Les tests en environnement naturel .............................................................................. 137
IV.3.4. Présentation des plateformes expérimentales .................................................................... 137
IV.3.4.1 La plateforme ASTEP ...................................................................................................... 137
IV.3.4.2 Le laboratoire LSM ......................................................................................................... 138
IV.3.5. Premiers résultats expérimentaux sur les circuits mémoires SRAM ................................... 139
IV.4 Caractérisation expérimentale de mémoires non volatiles de type Flash .................141
IV.4.1. Travaux expérimentaux accélérés par source radiative ...................................................... 141
IV.4.1. Principe de l’expérience ....................................................................................................... 144
IV.4.2. Protocole expérimental........................................................................................................ 144
IV.4.3. Détails de l’expérience ......................................................................................................... 145
IV.4.4. Pré-caractérisation des wafers............................................................................................. 146
IV.4.5. Premiers résultats expérimentaux ....................................................................................... 148
IV.4.5.1 Wafers de référence ...................................................................................................... 148
IV.4.5.2 Wafers exposés sur la plateforme ASTEP ...................................................................... 149
IV.4.5.3 Wafer exposé en laboratoire souterrain (LSM) ............................................................. 152
IV.4.6. Estimations du taux SER et interprétation des résultats ..................................................... 153
IV.4.6.1 Résultats expérimentaux ............................................................................................... 153
IV.4.6.2 Aspect modélisation et simulation................................................................................. 154
Conclusion .................................................................................................. 157
Conclusion générale et perspectives ........................................................... 159
Références bibliographiques ....................................................................... 163
Références de l’auteur ................................................................................ 181
Liste des symboles et des abréviations
Liste des symboles et des abréviations
Paramètre
ASTEP
ATE
BEOL
Unité
_
_
_
Bit-line
BLL / Bit-line
Leakage
CAST
CD
_
_
CD1
F
CFIELD
F
CHE
CHISEL
CHKB
CHKBN
CMOS
COX / COX’
CPP
_
F
_
_
_
_
_
F / F.m-2
F
CS
F
CS1
F
CVS / CCS
_
CX
DMA / FDMA
F
_
DRAM
DV / EV / RV / PV
ɛ0
EA
EC
_
_
F.m-1
eV
J
Ec
J
ECC
EF
_
J
Description
Altitude Single-event effects Test European Platform
Automatic Test Equipment (Equipement de test automatique)
Back-End Of Line (Étapes de fabrication en fin de procédé liées
aux interconnections métalliques)
Ligne de bit
(Courant de fuite de la bit-line)
Cell Array Structure Test
Capacité tunnel de recouvrement de la grille flottante sur la
zone de drain
Capacité de bord entre la grille flottante et la prise de contact
de drain
Capacités parasites entre les coins de la grille flottante et le
substrat
Channel Hot Electrons (porteurs chauds)
CHannel Initiated Secondary Electron
CHecKerBoard (damier)
CHecKerBoard inverse (damier inversé)
Complementary Metal-Oxide-Semiconductor
Capacité / capacité surfacique de l’oxyde de grille
Capacité de l’oxyde inter-polysilicium entre la grille flottante
et la grille de contrôle
Capacité tunnel de recouvrement de la grille flottante sur la
zone de source
Capacité de bord entre la grille flottante et la prise de contact
de source
Constant Voltage Stress / Constant Current Stress (Stress à
tension ou courant constant)
Capacités de couplage entre grilles flottantes adjacentes
Direct Memory Access / Fast Direct Memory Access
(Accès direct (et rapide) à la mémoire)
Dynamic Random Access Memory
Depletion Verify / Erase Verify / Read Verify / Program Verify
Permittivité diélectrique du vide
Energie d’activation en température
Energie du niveau le plus bas de la bande de conduction du
silicium
Energie de consommation du point mémoire lors de
l’opération de programmation
Error Correction Code (Code correcteur d’erreurs)
Énergie du niveau de Fermi dans le silicium
11
Liste des symboles et des abréviations
Ei
ELAT / EVERT
EOX
ɛOX
ɛSi
ET
J
V.m-1
V.m-1
_
_
eV
ETAP
EWS
FAMOS
fech
_
_
_
-1
s (Hz)
Fimp
FIT/Mbit
s-1 (Hz)
_
Flip-bit
FN
fp
GIDL
gm / Gm
gmMAX /GmMAX
GST
High-k
HTB
IBLL
ID
IdMAX
_
_
_
_
A.V-1
A.V-1
_
_
_
A
A
A
IdSEL
A
IOFF
IRAM / DRAM
A
_
ISE
ISSG
ITRS
JFG
Jn1
_
_
_
A.m-2
A.m-2
Jn2
A.m-2
k
L
Latches
J.K-1
m
_
Niveau d’énergie intrinsèque du silicium loin de l’interface
Champ électrique latéral / horizontal au niveau du canal
Champ électrique aux bornes de l’oxyde
Permittivité diélectrique relative de l’oxyde (= 3,9)
Permittivité diélectrique relative du silicium (= 11,9)
Position énergétique du piège dans l’oxyde (par rapport à la
bande de conduction de l’oxyde)
Effet Tunnel Assisté par Pièges
Electrical Wafer Sort
Floating-gate Avalanche-injection MOS
Fréquence d’échappement du piège
Fréquence d’impact des électrons dans l’oxyde
Failure In Time/ Mbits
(défaillance dans le temps par quantité de données)
(Basculement de bit)
Fowler-Nordheim
Probabilité d’occupation du piège
Gate Induced Drain Leakage
Gain de transconductance
Valeur maximale du gain de transconductance
Ge2Sb2Te5, chalcogénure
(Haute permittivité diélectrique)
High Temperature Bake (Recuit à haute température)
Courant de fuite total sur la bit-line
Courant de drain
Maximum du courant de drain lors de l’opération de
programmation (pic de courant mesuré)
Courant de drain de la cellule lors d’une opération de
programmation
Courant de fuite de la cellule lors de l’opération de lecture
Instruction RAM / Data RAM (RAM d’instruction et de
données)
Integrated System Engineering
In-Situ Steam Generated
International Technology Roadmap for Semiconductors
Densité surfacique de courant aux bornes de l’oxyde tunnel
Densité surfacique de courant de capture des pièges dans
l’oxyde
Densité surfacique de courant de dépiégeage ou d’émission
des pièges
Constante de Boltzmann (= 1,38.10-23 J.K−1)
Longueur du canal du transistor
(Bascules de mémorisation)
12
Liste des symboles et des abréviations
LDD
LET
LSM
MACROCELL
MJT
MOS
MRAM
NAND
NBTI
NCG
ND / NS
NFG
m-3
Lightly Doped Drain
Linear Energy Transfert
Laboratoire Souterrain de Modane
Véhicule de test représentatif du produit final
Magnetic Junction Tunnel
Metal-Oxide-Semiconductor
Magnetic RAM
(Logique de la porte Non-Et)
Negative Bias Temperature Instability
Dopage de la grille de contrôle (poly2)
m-3
Dopage des implants Drain/Source
NG
ni
m-3
m-3
Nit
NitA / NitD
NOR
NOX
NSUB
ONO
PCM
PPM / ppm
PW
q
QFG
Qn
ReRAM
RILC
ROM
RTP
S.S
SBF
_
_
_
_
_
_
_
_
_
m
-3
m-2
m-3
_
m-3
m-3
_
_
_
V
C
C
C.m-2
_
_
_
_
_
_
SEE
SEM
_
_
SER
SEU
Si/SiO2
SMU
SRAM
STDF
_
_
_
_
_
_
Dopage de la grille flottante (poly1)
Dopage de grille
Concentration intrinsèque d’électrons dans le semiconducteur
Densité surfacique de défauts
Densité d’états d’interface de type accepteur / donneur
(Logique de la porte Non-Ou)
Densité de charges piégées dans le volume de l’oxyde
Dopage du substrat
Oxide-Nitride-Oxide (Oxyde-Nitrure-Oxyde)
Phase Change Memory (Mémoire à changement de phase)
Part Per Millions (Parties Par Millions)
Programming Window (Fenêtre de programmation)
Valeur absolue de la charge de l’électron (= 1,6.10-19 C)
Charge de la grille flottante
Charge surfacique des électrons (couche d’inversion)
Resistive RAM (Mémoire résistive)
Radiation Induced Leakage Current
Read Only Memory
Rapid Thermal Process (Procédé thermique rapide)
Subthreshold Slope (Pente sous le seuil)
Single Bit Failure
(Défaillance associée à une cellule extrinsèque)
Single Event Effects (Effets d’événements singuliers)
Scanning Electronic Microscopy
(Microscopie à balayage électronique)
Soft Error Rate (Taux d’aléas logiques)
Single Event Upset
Interface entre le silicium et le diélectrique isolant (oxyde)
Source Monitor Unit
Static RAM
STandarD File (norme d’appellation des fichiers résultats
13
Liste des symboles et des abréviations
STI
T
T1 / T 2
TAT
TCAD
TCE
TEG
TEM
TID
tOX / ttun
TREQ / Dummy cell
VB
VCG
VCGMAX
_
K
_
_
_
_
_
_
J/kg
m
_
V
V
V
VCGMIN
V
VD
VFB
VFG
VMG
VS
VT / Vt / VTH
VT_er / Vte
VT_pg / Vtp
W
Wg
V
V
V
V
V
V
V
V
m
m
Wordline
XT
_
m
αPP
_
αX
σ0
σn
_
m2
m2
Ψ
ΨS
V
V
provenant de testeurs industriels)
Shallow Trench Isolation (Isolation par tranchée profonde)
Température absolue
Transparence de la barrière tunnel
Trap Assisted Tunneling (Effet Tunnel assisté par pièges)
Technology Computer Assisted Design
Technique de la Cellule Equivalente
Test Element Group
Transmission Electron Microscopy
(Microscopie électronique à transmission)
Total Ionizing Dose
Epaisseur d’oxyde tunnel
TRansistor EQuivalent
Tension de substrat
Tension de la grille de contrôle
Tension de seuil de la première cellule qui conduit sur une
population de cellules écrites
Tension de seuil de la dernière cellule qui conduit sur une
population de cellules effacées
Tension de drain
Tension de bandes plates
Tension de la grille flottante
Tension de Mid-Gap
Tension de source
Tension de seuil du transistor ou de la cellule
Tension de seuil de la cellule effacée
Tension de seuil de la cellule programmée
Largeur du canal du transistor
Largeur de recouvrement de la grille flottante sur les
isolations ou « Wings »
Ligne de mot
Position spatiale du piège dans l’oxyde (par rapport à
l’interface Si/SiO2)
Coefficient de couplage entre grille de contrôle et grille
flottante
Coefficient de couplage
Section efficace de capture des pièges initiale
Section efficace de capture des pièges (dépendante de la
température)
Courbure de bande dans le semi-conducteur
Potentiel de surface du substrat
14
Introduction générale
Introduction générale
L’industrie de la microélectronique est en perpétuelle évolution. Depuis la réalisation du
premier circuit intégré dans les années 60, elle est restée un acteur important de l’économie
mondiale aussi bien sur le plan économique que sur le plan technologique en repoussant
constamment les limites de miniaturisation des composants.
Le succès du marché de la microélectronique est le résultat d’efforts constants en recherche et
développement permettant de réduire la taille du composant de base des circuits intégrés, le
transistor MOS (Métal Oxyde Semi-conducteur). Guidée depuis 1965 par la loi de Moore, cette
miniaturisation permet d’intégrer plusieurs centaines de millions de transistors sur une puce d’à
peine quelques centimètres carrés. La diminution du prix unitaire par circuit qui en résulte a permis
d’étendre le domaine des applications et d’enrichir notre quotidien de nombreux dispositifs et
équipements portables issus de la microélectronique, comme les lecteurs MP3, les clés USB, les
appareils photo numériques, les smartphones, les GPS ou encore les disques durs SSD. Ces derniers
tendent notamment à remplacer le disque dur et devenir le nouveau standard en termes de stockage
massif de données.
Actuellement, la majorité des dispositifs portables et embarqués utilise des mémoires non
volatiles de type Flash ou EEPROM, capables de conserver l’information sans alimentation électrique.
Face aux difficultés grandissantes auxquelles se heurtent les industriels pour miniaturiser davantage
ce type de mémoires et à l’émergence de solutions innovantes qui les challengent, telles que les
mémoires MRAM, PCRAM et ReRAM, il devient encore plus nécessaire de poursuivre les évolutions
technologiques des mémoires à grille flottante.
Ces dernières restent à l’heure actuelle les mémoires les plus matures et les plus flexibles. De
nombreuses applications industrielles spécifiques dans les secteurs tels que l’automobile, le médical
et le spatial, requièrent un très haut niveau de fiabilité. Ce type d’applications fonctionnant sous des
contraintes sévères (haute température, corrosion, vibration, radiations,…) impose aux industriels
des spécifications particulières en termes de fiabilité et de consommation d’énergie.
Cette thèse, réalisée dans le cadre d’une convention CIFRE entre l’entreprise STMicroelectronics
et le laboratoire de recherche Im2np, a donc pour objectif d’étudier la fiabilité des mémoires Flash
embarquées pour des applications faible consommation à forte contrainte de fiabilité, associées aux
secteurs automobiles, médicaux ou spatiaux. Dans ce contexte, les études menées au cours de cette
thèse s’articulent autour de deux volets d’étude, la caractérisation électrique de composants
élémentaires et le test de véhicules de test mémoire complets appelés « macrocell », et couvrent les
aspects circuit, procédé de fabrication et modélisation de phénomènes de défaillance. Ce manuscrit
de thèse s’articule autour de quatre chapitres.
Le premier chapitre de ce manuscrit est dédié à la présentation des différents types de
mémoires non volatiles existantes, la description de leurs architectures et leurs domaines
d’applications. Les architectures, le principe de fonctionnement et les phénomènes pouvant
perturber le fonctionnement de la cellule mémoire Flash seront détaillés. Après avoir exposé les
limitations technologiques et les solutions innovantes envisagées, les principales notions de fiabilité
des mémoires Flash seront abordées tant au niveau cellule qu’au niveau circuit. Ce chapitre sera
conclu en présentant les deux domaines d’étude, la caractérisation électrique de dispositifs
élémentaires et le test de véhicule mémoire complet (macrocell).
15
Introduction générale
Le deuxième chapitre porte sur l’étude des perturbations issues lors de l’opération de lecture :
le read-disturb. Nous mettrons en évidence ce phénomène qui affecte l’état de la cellule et
proposerons un modèle analytique permettant d’estimer le taux de défaillance des cellules
mémoires en fonction de paramètres géométriques et électriques. Nous nous intéresserons ensuite
au mécanisme physique qui est la cause du read-disturb, un courant de fuite induit par stress
électrique : le SILC (Stress Induced Leakage Current). Enfin, nous proposerons un modèle physique
permettant de répondre à la problématique du read-disturb et modéliser le SILC. L’objectif final d’un
tel modèle étant de permettre aux technologues et designers d’identifier des moyens d’action afin
de minimiser ce phénomène indésirable.
Le troisième chapitre présente l’optimisation de la fiabilité et des performances de la cellule
Flash par l’intermédiaire du procédé de fabrication et des conditions électriques de fonctionnement.
Dans un premier temps, nous nous intéresserons à l’influence de certaines étapes prépondérantes
du flot de fabrication. Une première étude sera consacrée à la fiabilité de l’oxyde tunnel en fonction
de différentes recettes de poly-réoxydation. La seconde étude sera consacrée aux aspects
performance et fiabilité de la cellule mémoire en analysant les effets des variations de l’énergie
d’implantation du LDD et du dopage du canal. Dans un second temps, nous nous intéresserons aux
conditions électriques de fonctionnement. L’impact des conditions de polarisations et les effets de
l’endurance et de la tension de drain sur la consommation énergétique du point mémoire seront
analysés.
Le quatrième chapitre porte sur un aspect particulier de la fiabilité des mémoires Flash. Il est
consacré à l’étude des effets des particules radiatives de l’environnement naturel terrestre sur la
tenue en rétention du point mémoire. Après une revue bibliographique sur l’environnement radiatif
naturel, nous verrons comment caractériser l’impact des particules atmosphériques sur les circuits
mémoires SRAM et Flash. Enfin, nous présenterons et discuterons des résultats de l’expérience en
temps réel que nous avons menée sur plus de 15 mois sur la tenue en rétention du point mémoire.
Pour finir, nous terminerons ce manuscrit par une conclusion générale et dresserons les
perspectives qui peuvent être envisagées pour poursuivre les évolutions technologiques des
mémoires Flash.
16
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Chapitre 1
Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Caractérisation électrique de
dispositifs élémentaires
Capacité MOS
Transistor MOS
Cellule mémoire unitaire
CAST
Mini-matrice
Test de macrocell
mémoire
Macrocell mémoire
Ce premier chapitre a pour objectif d’introduire les différents types de mémoires non volatiles
existants, ainsi que la description de leurs architectures et domaines d’applications. Dans un
premier temps, nous présenterons le concept du transistor à grille flottante et détaillerons les
architectures, le principe de fonctionnement et les phénomènes de perturbations présents d’un
point mémoire Flash. Puis, les limitations technologiques de ce type de mémoire et les solutions
envisagées pour la remplacer dans le futur seront exposées. Dans une troisième partie, nous
aborderons les notions de fiabilité des mémoires Flash. Enfin, nous terminerons ce chapitre en
présentant les deux domaines d’étude de ce travail de thèse : la caractérisation électrique et le test
de mémoires non volatiles de type Flash.
17
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Introduction ................................................................................................................... 19
I.2 Les différents types de mémoires ............................................................................... 19
I.2.1. Les mémoires à semi-conducteurs ........................................................................................... 19
I.2.2. Historique des mémoires non volatiles .................................................................................... 20
I.3 Les mémoires à grille flottante : Architecture et principe de fonctionnement ............. 22
I.3.1. Concept du transistor à grille flottante .................................................................................... 22
I.3.2. La mémoire EEPROM................................................................................................................ 24
I.3.3. La mémoire Flash ..................................................................................................................... 26
I.3.3.1 Description et principe de fonctionnement du point mémoire ........................................ 26
I.3.3.2 Modes de fonctionnement ................................................................................................. 26
I.3.3.3 La cellule Flash au sein d’un plan mémoire........................................................................ 29
I.3.3.4
Les phénomènes de dégradation liés au plan mémoire.............................................. 31
I.3.4. Limitations et solutions envisagées pour le futur des mémoires non volatiles ....................... 34
I.3.4.1
Limites de l’oxyde tunnel ............................................................................................. 35
I.3.4.2
Limites de l’oxyde ONO ............................................................................................... 35
I.3.4.3
Les solutions envisagées pour les mémoires non volatiles ......................................... 36
I.4 La fiabilité des mémoires non volatiles ....................................................................... 38
I.4.1.
Notion d’endurance .......................................................................................................... 38
I.4.2.
Notion de rétention .......................................................................................................... 38
I.4.2.1
Pertes de charge intrinsèques ..................................................................................... 38
I.4.2.2
Pertes de charge extrinsèques .................................................................................... 39
I.5 Présentation des deux domaines d’étude : caractérisation électrique et test .............. 39
I.5.1.
Caractérisation de dispositifs élémentaires...................................................................... 39
I.5.1.1
Caractérisation de capacités et transistors MOS......................................................... 40
I.5.1.2
Caractérisation d’une cellule mémoire Flash unitaire ................................................. 41
I.5.1.3
Caractérisation d’une CAST de cellules ....................................................................... 42
I.5.2.
Test de mémoires non volatiles ........................................................................................ 43
I.5.2.1
Test de macrocell mémoire ......................................................................................... 43
I.5.2.2
Présentation de la macrocell mémoire Flash “ANNA“ ................................................ 46
I.5.2.3
Testabilité et modes de fonctionnement .................................................................... 48
I.5.2.4
Outils d’analyse des données ...................................................................................... 51
Conclusion ...................................................................................................................... 53
18
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Introduction
Ce premier chapitre a pour objectif d’introduire les différents types de mémoires non volatiles,
ainsi que la description de leurs architectures et domaines d’applications. Dans un premier temps,
nous présenterons le concept du transistor à grille flottante et détaillerons les architectures, le
principe de fonctionnement et les phénomènes de perturbations présents d’un point mémoire Flash,
support de ce travail de thèse. Dans un second temps, nous verrons quelles sont les limitations
technologiques de ce type de mémoire et exposerons les solutions envisagées pour la remplacer
dans le futur. Dans une troisième partie, nous aborderons les notions de fiabilité des mémoires Flash.
Enfin, comme ce travail de thèse s’articule autour des domaines de la caractérisation électrique et du
test, nous terminerons ce chapitre en présentant ces deux aspects. Nous verrons d’une part,
comment étudier la fiabilité et la performance de dispositifs élémentaires (capacités, transistors,
cellules mémoires) d’un point de vue de la caractérisation électrique. D’autre part, à travers quelques
définitions et notions générales, nous verrons comment sont testées les mémoires Flash au niveau
industriel et présenterons une macrocell mémoire Flash particulière, sur laquelle s’est appuyé ce
travail de thèse. Sa testabilité, ses modes de fonctionnements ainsi que les méthodes d’analyse
associées seront présentés en fin de chapitre.
I.2 Les différents types de mémoires
I.2.1. Les mémoires à semi-conducteurs
Il existe deux grandes familles de mémoires à semi-conducteurs : les mémoires volatiles,
représentées le plus souvent par les mémoires SRAM (Static Random Access Memory) et DRAM
(Dynamic Random Access Memory) et les mémoires non volatiles telles que les mémoires ROM,
EPROM, E²PROM et Flash, qui seront détaillées par la suite. La différence fondamentale entre ces
deux familles est que les mémoires volatiles, comme leur nom l’indique, perdent l’information
stockée lorsqu’elles ne sont plus alimentées, alors que les mémoires non volatiles ont la capacité de
garder l’information de manière continue (jusqu’à des durées spécifiques pouvant dépasser 10 ans),
et ce, même en l’absence d’alimentation électrique. Les mémoires volatiles, définies par leur rapidité
d’accès en écriture et lecture et leur forte densité d’intégration, ont donc besoin d’être réécrites en
permanence par des cycles de rafraichissement des données. La Figure 1.1 montre la classification
générale des différents types de mémoires.
19
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Mémoires à Semi-conducteurs
Volatiles
SRAM
Non-Volatiles
ROM
DRAM
NOVRAM
Programmables
Effaçables
PROM
Stockage de charges
Grille Flottante
EPROM,
EEPROM
FLASH
Changement de résistance
Changement de phase
Piégeage de charges
Si-Dots
SONOS
TANOS
Magnétique, résistive
PCM
MRAM,
ReRAM
Figure 1.1 : Classification des différents types de mémoires à semi-conducteurs
Dans la famille des mémoires non volatiles à grille flottante, on retrouve :
-
-
-
Les mémoires ROM ( « Read Only Memory » )
L’information est stockée lors de la phase de fabrication et elles ne peuvent par la suite ni se
reprogrammer, ni s’effacer. Elles ne sont accessibles qu’en lecture.
Les mémoires EPROM ( « Erasable Programmable Read Only Memory » )
Elles sont programmables électriquement et effaçables en les exposant à des rayons U.V.
Les mémoires EEPROM ( « Electrically Erasable Programmable Read Only Memory » )
Elles sont programmables et effaçables électriquement bit par bit, et bénéficient d’une
capacité d’intégration semblable aux EPROM.
Les mémoires Flash
Elles sont programmables et effaçables électriquement bit par bit, ou par mot, offrent une
grande densité d’intégration (donc un faible coût par bit), et bénéficient d’une excellente
fiabilité ainsi que de temps d’accès rapides.
Depuis de nombreuses années, les mémoires Flash représentent la plus grande part du marché
des mémoires non volatiles.
I.2.2. Historique des mémoires non volatiles
Dans les années 60, grâce au développement et au succès de la technologie MOS (Metal-OxydeSemi-conducteur), la volonté de réaliser des mémoires à semi-conducteurs permettant un stockage
permanent de l’information, même après coupure d’alimentation électrique, est devenue évidente.
Les premiers travaux réalisés sur mémoire ROM programmable furent l’œuvre de D.Khang et S.M.
Sze en 1967 [Kahng '67]dans les laboratoires Bell. Ils furent les premiers à proposer le concept du
transistor MOS à grille flottante à travers les technologies MIMIS (Metal-Insulateur-Metal-Insulateur20
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Semi-conducteur) et MNOS (Metal-Nitrure-Oxyde-Semi-conducteur) [Wegener '67], mais se
heurtèrent aux difficultés technologiques de l’époque où les épaisseurs d’oxyde n’étaient pas
suffisamment minces pour utiliser au mieux l’effet tunnel. En 1971, Frohman et Bentchkowsky
utilisèrent pour la première fois l’injection d’électrons par porteurs chauds pour réaliser l’effet
mémoire de leur transistor à grille flottante, surnommé FAMOS (Floating-gate Avalanche-injection
MOS) [Frohman-Bentchkowsky '71]. Malgré le fait que ce dispositif puisse être programmé
électriquement, il n’était en revanche effaçable que par exposition aux rayons ultra-violets, ce qui
limitait son utilisation, même s’il fut à l’origine du développement des premières mémoires EPROM.
Au début des années 80, la première cellule EEPROM, permettant un effacement électrique, voit
le jour [Harari '78] et fut vite renommée Flash-EEPROM pour justifier le fait que les points mémoires
pouvaient être effacés rapidement et simultanément par blocs entiers [Masuoka '84]. Les premières
mémoires Flash ont fait leur apparition à la fin des années 80 [Masuoka '87] et ont très vite pris le
monopole sur le marché des mémoires. La commercialisation d’une mémoire Flash de type NOR a
été réalisée en 1988 par Intel [Kynett '88], suivi de près par celle d’une mémoire type NAND par
Toshiba en 1989.
Le marché des mémoires Flash a littéralement décollé à la fin des années 90 avec le « boom » du
marché des applications portables (téléphonie mobile, ordinateurs portables, lecteurs multimédias)
et du stockage de données en masse (développement de la photographie numérique et de
l’informatique), comme l’illustre la Figure 1.2.
Télécommunications
Grand public
Informatique
Automobile
FLASH
Téléphones mobiles,
box ADSL
Tablettes PC, lecteurs mp3,
photographie numérique, GPS
Disques durs, bios PC,
DVD, cartes mémoires,
clés USB
Système de navigation GPS,
ABS,
EEPROM
Téléphones mobiles,
fax, cartes à puces,
puces Bluetooth, WiFi,
Multimédia, télécommandes,
TV, Jeux
Equipements tableau de bord,
autoradio, airbag, ABS/ESP,
contrôleurs/unités de calcul
Figure 1.2 : Domaines d’utilisation des mémoires EEPROM et Flash
Depuis quelques années, le secteur automobile s’est considérablement développé et a connu un
fort essor dans l’utilisation de mémoires embarquées. Soumises à de fortes contraintes d’utilisation
(variation de température, de tension, fiabilité accrue en endurance), ces mémoires doivent garantir
un taux de défaillance le plus faible possible. En ce sens, les critères de fiabilité se doivent d’être les
plus stricts possibles pour des raisons de sécurité évidentes. Nous détaillerons dans la suite de ce
manuscrit (cf. section I.4) les principales notions de fiabilité des mémoires non volatiles.
21
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
I.3 Les mémoires à grille flottante : Architecture et principe de
fonctionnement
Dans ce paragraphe, nous allons présenter dans un premier temps le concept du transistor
mémoire à grille flottante, puis nous verrons les deux principales architectures : l’EEPROM et la Flash.
Nous détaillerons principalement l’utilisation, les modes de fonctionnement ainsi que les
architectures existantes et les principaux phénomènes de dégradation de la mémoire Flash puisque
ce travail de thèse a essentiellement porté sur des architectures mémoires Flash du nœud
technologique 90nm développé par ST Microelectronics à Rousset.
I.3.1. Concept du transistor à grille flottante
Afin de bien comprendre le fonctionnement des mémoires à grille flottante, il nous faut repartir
de la base, c'est-à-dire du concept du transistor à grille flottante. Représenté en vue de coupe selon
la longueur (L) et la largeur (W) du canal (Figure 1.3a et 1.3b), le transistor à grille flottante possède
deux grilles en polysilicium superposées. Celle du dessus est la grille de contrôle qui permet est
polarisée lors du fonctionnement de la cellule. La seconde est la grille flottante, complètement isolée
électriquement, qui sert à stocker l’information sous forme de charges. Le potentiel de cette grille
flottante dépend de sa charge et des capacités qui l’entourent.
Ces deux grilles sont séparées par un diélectrique inter-polysilicium (ou « inter-poly ») tri-couche
dit ONO (Oxyde-Nitrure-Oxyde). Cet isolant est réalisé afin d’assurer un fort couplage capacitif entre
les deux grilles de façon à optimiser les performances de la cellule, et de conserver une bonne
isolation (faibles courants de fuite) tout en étant suffisamment fin [Pan '91] [Mori '96]. Le deuxième
diélectrique de la structure est situé entre la grille flottante et le canal du transistor. C’est au travers
de cet oxyde fin que les charges sont injectées dans la grille flottante. Cet oxyde, généralement du
dioxyde de silicium (SiO2), est appelé oxyde tunnel. L’isolation latérale de l’empilement de grilles
(oxyde tunnel – grille flottante – oxyde inter-poly ONO – grille de contrôle) est assurée par des
espaceurs (en anglais « spacers »). Les recouvrements de la grille flottante sur les tranchées
d’isolation (« Shallow Trench Isolation », STI) entourant la zone active, dans le sens de la largeur W,
sont appelés « wings » et contribuent au couplage capacitif.
Grille de contrôle
Grille de contrôle
Oxyde inter-poly ONO
Oxyde inter-poly ONO
Grille flottante Wings
Grille flottante
Oxyde tunnel
Source
n+
n+
L
Oxyde tunnel
Drain
Isolation
STI
Substrat – type p
W
Isolation
STI
Substrat – type p
(a)
(b)
Figure 1.3 : Vue en coupe suivant la longueur (a) et largeur du canal (b) d’un transistor à grille
flottante
22
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
La Figure 1.4 représente le schéma électrique équivalent du transistor à grille flottante. A partir
de ce schéma capacitif, on peut exprimer de manière simple le potentiel de grille flottante VFG en
fonction de la charge injectée QFG et des autres potentiels appliqués à la structure :
VFG
D VD
S VS
B VB
PP VCG
Q FG
C TOT
(1.1)
CPP
Figure 1.4 : Schéma électrique équivalent du transistor équivalent
Les coefficients αi sont les différents facteurs de couplage de la structure définis par :
D
CD
C TOT
;
S
CS
C TOT
;
PP
CPP
C TOT
;
B
COX
C TOT
(1.2)
Où CPP est la capacité inter-poly ONO et COX la capacité de l’oxyde tunnel.
L’expression de VFG peut être simplifiée. Généralement, les polarisations de source et de
substrat sont nulles et la capacité CD peut être considérée comme négligeable devant la capacité CPP
pour de faibles polarisations de VD. L’expression simplifiée de VFG devient alors:
VFG
PP VCG
QFG
CTOT
(1.3)
Cette dernière équation montre l’importance du coefficient PP. Plus il est élevé, plus le
potentiel de la grille flottante est proche de celui de la grille de contrôle. Typiquement, ce coefficient
est de 0.6 à 0.7 dans une cellule Flash standard. D’après (1.3), on constate que le potentiel de grille
flottante dépend principalement du potentiel appliqué à la grille de contrôle VCG et de la quantité de
charges stockée dans la grille flottante QFG. Le seuil d’inversion du canal du transistor est contrôlé par
la valeur du champ électrique aux bornes de l’oxyde tunnel et par conséquent par le potentiel de la
grille flottante VFG. De plus, VFG est indépendant de la charge QFG (constant) puisqu’il faudra toujours
la même différence de potentiel entre la grille flottante et le canal pour obtenir le seuil d’inversion.
On obtient donc la relation suivante (1.4) pour deux charges différentes stockées QFG1 et QFG2 :
PP VCG1
Q FG1
C TOT
PP VCG2
Q FG2
C TOT
(1.4)
Par conséquent, le décalage de tension de seuil ΔVT correspondant à une variation de charge
ΔQFG dans la grille flottante peut être donnée par :
23
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
VT
QFG
PP CTOT
QFG
CPP
(1.5)
La Figure 1.5 représente les caractéristiques IDS(VCG) d’un point mémoire pour deux niveaux de
charge différents stockés dans la grille flottante. On note le décalage des caractéristiques dû à la
différence de charges injectées (ΔQFG). Le décalage correspondant en ΔVT doit être suffisamment
important pour que l’électronique de lecture puisse distinguer correctement les états écrits et
effacés de la cellule mémoire, correspondant aux deux niveaux logiques binaires. On appelle la
différence entre la tension de seuil effacée et programmée la fenêtre de programmation de la
cellule, généralement comprise entre 3V et 5V pour une cellule EEPROM.
IDS (A)
VT
QFG > 0
Effacée
«1»
QFG
CPP
QFG < 0
Programmée
«0»
VCG (V)
VCG lecture
Figure 1.5 : Caractéristique IDS(VCG) pour deux niveaux de charge différents
À partir de ce principe de stockage de l’information, plusieurs types de mémoires ont été
développés. Deux architectures majeures, l’EEPROM et la Flash, sont détaillées dans la suite.
I.3.2. La mémoire EEPROM
La mémoire EEPROM (Electrically Erasable and Programmable Read Only Memory) présente une
évolution majeure par rapport à l’EPROM du fait de la possibilité de l’effacer électriquement. Sa
structure possède deux transistors : un transistor à grille flottante, nommé transistor d’état, qui va
permettre de stocker l’information et un transistor de sélection, qui va servir à accéder
individuellement à chacune des cellules du plan mémoire. Les opérations de programmation et
d’effacement sont effectuées par un phénomène d’injection de type Fowler-Nordheim [Fowler '28]
où les électrons, sous l’influence d’un fort champ électrique, vont avoir suffisamment d’énergie pour
traverser la barrière triangulaire de l’oxyde tunnel et être injectée dans la grille flottante.
La Figure 1.6 illustre le schéma d’une cellule EEPROM et une vue de coupe SEM (Scanning Electron
Microscopy).
24
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Transistor d’état
Transistor de
sélection
Grille de contrôle
Oxyde inter-poly
Grille de
sélection
O
Grille flottante
Oxyde tunnel
Drain
ON
Oxyde tunnel
n+
n+ Source
n+
Zone tunnel
Substrat – type p
(a)
Transistor de sélection
Transistor d’état
Grille de Contrôle
Oxyde inter-poly
Grille Flottante
Drain
Oxyde tunnel
Implant "capa"
Source
n+
Substrat – type p
(b)
Figure 1.6 : Représentation schématique (a) et coupe SEM (b) d’une cellule mémoire EEPROM
La zone tunnel est la zone du transistor d’état où l’oxyde tunnel séparant le canal de la grille
flottante est le plus fin. C’est à travers cet oxyde que vont être injectés et évacués les électrons de la
grille flottante respectivement lors des phases d’effacement et de programmation. Cet oxyde est se
trouve au dessus d’un caisson dopé n+, appelé « implant capa », lui-même se trouvant dans le
substrat de type p. Cet implant sert de réservoir de charges pour programmer et effacer la cellule
EEPROM. Lorsque la grille de contrôle du transistor d’état (VCG) est polarisée positivement autour de
12-13V (les autres potentiels VS, VD et VB sont nulles), le potentiel de la grille flottante (VFG) va
augmenter jusqu’à devenir suffisamment important pour permettre l’apparition d’un courant
d’injection de type Fowler-Nordheim. Les électrons injectés dans la grille flottante (QFG < 0) vont alors
contribuer à augmenter la tension de seuil VT, comme montré en Figure 1.5. Dans ce cas, la cellule
est effacée. Pour programmer la cellule, une forte polarisation sur le drain (12-13V) est appliquée
(VCG et VB sont nulles, VS est laissé flottant) ce qui va induire un champ électrique aux bornes de
l’oxyde tunnel, et les charges piégées dans la grille flottante vont être évacuées vers le drain. La
tension de seuil va diminuer et la cellule est dite programmée. Il est à noter que pendant la
programmation, la tension de grille du transistor d’état doit être suffisamment élevée pour le rendre
passant. En effet, le potentiel de drain du transistor d’état se fait via le transistor de sélection. Ce
dernier doit alors avoir une résistance de canal la plus faible possible pour que les tensions
appliquées sur le transistor d’état et sur le drain du transistor de sélection soient les plus proches
possible. Le temps de programmation est de l’ordre de la milliseconde. Grâce à la présence du
transistor de sélection, l’EEPROM permet une bonne granularité, avec un effacement par bit.
25
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
I.3.3. La mémoire Flash
I.3.3.1 Description et principe de fonctionnement du point mémoire
La cellule mémoire Flash, également basée sur le concept du transistor à grille flottante,
possède une structure plus simple que l’EEPROM puisqu’elle ne comporte qu’un seul transistor. Elle
présente à la fois une plus grande rapidité de fonctionnement que la cellule EEPROM et les
dimensions réduites de l’EPROM. En revanche, l’absence du transistor de sélection ne permet pas un
adressage par bit, l’effacement s’effectue par blocs. La Figure 1.7 illustre le schéma d’une cellule
Flash et une vue de coupe SEM (Scanning Electron Microscopy).
Grille de contrôle
Oxyde inter-poly ON
O
Grille flottante
Oxyde tunnel
Source
n+
n+
Drain
Substrat – type p
(a)
(b)
Figure 1.7 : Représentation schématique (a) et coupe SEM (b) d’une cellule mémoire Flash
Comme expliqué précédemment à la section I.3.1, la cellule Flash possède deux grilles en
polysilicium, séparées par un oxyde inter-poly ONO. La première grille, la grille de contrôle, accueille
les tensions de polarisation lors du fonctionnement de la cellule tandis que la deuxième, la grille
flottante, est destinée au stockage de charges, et donc à la mémorisation de l’information. Les
principales caractéristiques de cette cellule sont d’une part, la faible épaisseur de l’oxyde tunnel (710nm) situé entre la grille flottante et le substrat, et d’autre part la dissymétrie au niveau des
implants de source et drain afin d’optimiser l’efficacité de programmation et réduire le courant de
substrat durant l’effacement. Les opérations de programmation et d’effacement sont réalisées par
injection de porteurs chauds notée CHE (Channel Hot Electron) et par injection de charges de type
Fowler-Nordheim, respectivement. Contrairement à l’EEPROM, l’injection d’électrons dans la grille
flottante correspond à l’état écrit (« 0 logique ») et l’évacuation de ces charges négatives vers le
substrat, à l’état effacé (« 1 logique »). Nous allons désormais détailler les différents modes de
fonctionnement de la cellule ainsi que les différentes architectures mémoires existantes de la Flash :
NOR et NAND.
I.3.3.2 Modes de fonctionnement
Dans cette partie, nous ne nous intéressons qu’à la description des modes de fonctionnement
de la cellule mémoire Flash de type NOR.
26
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
La phase de programmation
La programmation d’une cellule Flash NOR se fait par injection de porteurs (électrons) chauds
dans la grille flottante. La génération de ces électrons chauds repose sur le phénomène d’ionisation
par impact dans la zone saturée du transistor MOS [Eitan '79] [Takeda '95]. En effet, sous l’effet du
champ électrique latéral ELAT entre la source et le drain, les électrons sont accélérés vers le drain. Une
certaine partie de ces électrons vont acquérir suffisamment d’énergie pour générer dans la zone
saturée des paires électrons-trous. La majorité des électrons générés va être collectée par le drain,
les trous générés vont être collectés au niveau du substrat. Enfin, certains électrons, possédant une
énergie supérieure à la barrière énergétique de l’oxyde tunnel, vont pouvoir traverser ce dernier.
Pour cela, l’application d’une polarisation sur la grille de contrôle, induisant donc un champ
électrique vertical EVERT aux bornes de la structure, est nécessaire et va permettre d’orienter ces
électrons énergétiques vers la grille flottante afin d’y être stockés. La Figure 1.8 présente un schéma
de principe de la génération et l’injection de porteurs chauds et décrit les conditions de polarisation
de programmation. Ce type de programmation est uniquement utilisé dans l’architecture de type
NOR détaillé dans la partie I.3.3.3.
VG ≈ 8-9V
CG
Oxyde inter-poly ON
O
VS = 0V
FG
e- V ≈ 4V
D
Oxyde tunnel
n+
Source n+
Drain
h+
Substrat – type p
VB = 0V
VB ≈ 0 à -2V (CHISEL)
Figure 1.8 : Schéma de principe illustrant la génération/injection de porteurs chauds et les
conditions de polarisation en programmation d’une cellule mémoire Flash
Afin d’améliorer l’efficacité d’injection des porteurs, le substrat peut être polarisé négativement
pendant la phase de programmation afin de mettre en œuvre le phénomène nommé CHISEL
(CHannel Initiated Secondary Electron), correspondant à une deuxième ionisation par impact qui a
lieu au niveau du substrat. Certains trous générés lors la première ionisation par impact vont générer
de nouvelles paires électrons-trous. Ces nouveaux porteurs seront à leur tour redirigés vers
l’interface Si/SiO2 et pourront être injectés dans la grille flottante. Cette technique permet
d’augmenter le nombre de porteurs chauds injectés, et par conséquent, l’efficacité d’injection est
améliorée. Lorsque la cellule est programmée, les électrons sont stockés dans la grille flottante
(QFG < 0) et la tension de seuil VT est forte (VT > 6V).
La phase d’effacement
L’effacement de la cellule, consistant à décharger la grille flottante, est réalisé par effet tunnel
Fowler-Nordheim, où une forte polarisation négative est appliquée sur la grille de contrôle. Le champ
électrique vertical alors généré va évacuer les électrons stockés dans la grille flottante vers le
27
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
substrat. Historiquement, l’effacement était effectué en polarisant fortement la source. Les tensions
de claquages des jonctions des transistors ne cessant de diminuer en fonction du nœud
technologique, cette solution n’était plus viable et a laissé la place à la polarisation négative de grille.
Les nouvelles technologies à triple caisson permettent désormais de polariser les différents caissons
pour améliorer l’efficacité d’effacement. La Figure 1.9 présente un schéma de principe de
l’effacement par effet tunnel Fowler-Nordheim, ainsi que les conditions de polarisation. Lorsque la
cellule est effacée, les électrons sont évacués de la grille flottante vers le substrat (QFG > 0) et la
tension de seuil VT est faible (0 < VT < 3V).
VG ≈ - 18V
CG
Oxyde inter-poly ON
O
FG
VS = 0V
Source
VD = 0V
Oxyde tunnel
n+
n+
Drain
Substrat – type p
VB = 0V
Figure 1.9 : Schéma de principe illustrant l’effacement par effet tunnel Fowler-Nordheim et les
conditions de polarisation d’effacement d’une cellule mémoire Flash
Lecture du point mémoire
L’opération de lecture du point mémoire se fait en appliquant une tension sur la grille de
contrôle, nommée VCG de lecture. La tension de drain VD est généralement polarisée autour du volt,
ici VD = 0.7V. Lorsque la charge QFG est négative (électrons dans la grille flottante), la tension de seuil
VT du transistor est élevée (transistor bloqué) et on ne détecte pas de courant IDS pour la tension VCG
de lecture appliquée. La cellule est alors programmée.
Lorsque la charge QFG est positive (absence d’électrons dans la grille flottante), la tension de seuil VT
du transistor est basse, on détecte alors un courant significatif IDS pour la tension de lecture VCG
appliquée, le transistor est passant et la cellule est alors effacée.
Pour lire l’état d’une cellule mémoire Flash, une autre méthode peut être utilisée, la mesure du
VT à courant de lecture fixe. Dans ce cas, on balaye la caractéristique IDS(VCG) et on définit la tension
de seuil VT comme étant la tension VCG correspondant à la valeur de courant IDS fixée, généralement à
quelques microampères (1 à 10 µA). Deux tensions de seuil sont alors définies correspondant aux
niveaux programmé (VtPG) et effacé (VtER) (Figure 1.10).
28
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
IDS (A)
ID ≈ 10 µA
QFG < 0
Programmée
«0»
QFG > 0
Effacée
«1»
VCG (V)
VTER
VTPG
Figure 1.10 : Caractéristique IDS(VCG) pour une opération de lecture à ID fixe, VD=0.7 V
I.3.3.3 La cellule Flash au sein d’un plan mémoire
Description d’un plan mémoire
Pour former des capacités de stockage de plusieurs millions ou milliards de bits, les cellules
mémoires élémentaires doivent être organisées de façon matricielle, en lignes et en colonnes
[Cappelletti '99]. Les lignes, appelées « wordlines », sont connectées à la grille de contrôle et les
colonnes, appelées « bit-lines », sont connectées au drain des cellules. Ces dénominations sont
utilisées pour signifier que le plan mémoire est organisé en mots (« word ») de 8, 16 ou 32 bits. Outre
cette organisation en mot, il existe également un découpage en « pages » qui associés, forment un
« secteur ». Ainsi, une programmation par « secteur » ou par « page » permet de programmer plus
rapidement le plan mémoire que dans le cas d’EEPROM. Dans les produits Flash, des caissons
d’isolations différents permettent de séparer les parties du plan mémoire alors que pour la mémoire
EEPOM, le substrat est commun à toutes les cellules et cette notion de secteur n’existe pas. Autour
de la matrice mémoire, on retrouve les circuits de décodage d’adresse par ligne et par colonne, les
bascules haute tension (« latches ») permettant d’acheminer les signaux de wordline et de bit-line
générés par un circuit de génération haute tension appelé « pompe de charges » , l’amplificateur de
lecture, et les circuits logiques destinés à la gestion de l’information. Tous ces éléments sont
représentés Figure 1.11.
Circuits
logiques
(gestion)
Amplificateur de lecture
Latches
Décodeur de colonnes
col1
wl0
wl1
wl2
wl3
page
wl7
secteurs
bl0 bl1 bl2 bl3 bl4 bl5 bl6 bl7
mots
Figure 1.11 : Schéma organisationnel du plan mémoire
29
Matrice de source
Décodeur de lignes
col0
… ……
Générateur de
haute tension
Registres
de contrôle
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Architectures NOR et NAND
Les architectures les plus utilisées sont la NOR et la NAND, illustrées Figure 1.12. Il est à rappeler
que les travaux réalisés dans le cadre de cette thèse l’ont été uniquement sur une architecture de
mémoire Flash NOR. Pour l’architecture NOR, les cellules mémoires sont toutes connectées en
parallèle, ce qui permet un accès direct et rapide à n’importe quelle cellule du plan, rendant cette
architecture intéressante pour les applications embarquées. Le drain de chaque cellule étant
accessible, l’écriture s’effectue par injection de porteurs chauds qui est beaucoup plus rapide que
l’injection Fowler-Nordheim. En revanche, ce gain de temps se paye par une augmentation des
dimensions de la cellule unitaire (facteur 2.5 environ par rapport à la NAND). Les cellules sont
effacées par FN en appliquant une polarisation négative sur la grille de contrôle. La Flash NOR est
essentiellement utilisée pour le stockage de codes d’instruction (téléphones portables (principal
marché des mémoires NOR), décodeurs TV, appareils photo, tablette PC, …).
(a)
(b)
Figure 1.12 : Schéma du plan mémoire en architecture NOR (a) et NAND (b)
Pour l’architecture NAND, les cellules mémoires sont connectées en série. Comme la NOR, la
grille de contrôle est connectée à une « wordline » mais le drain n’est pas adressable. Les cellules ne
peuvent donc être écrites et effacées qu’en Fowler-Nordheim. L’accès en lecture à une cellule
s’effectue en polarisant la grille des autres cellules afin qu’elles soient passantes. Le temps d’accès
est donc plus long que dans le cas d’une mémoire NOR. En revanche, de part la connexion en série
des cellules, la programmation peut être réalisée par blocs procurant des temps de programmation
plus rapides que pour l’architecture NOR. Enfin, l’absence de contacts individuels de drain présente
l’avantage de réduire considérablement la taille du point mémoire (surface 4 fois plus petite par
rapport à la NOR), ce qui permet d’atteindre de hautes densités d’intégration. En raison de son faible
coût par bit, l’architecture NAND est plutôt utilisée pour le stockage de masse de données (clés USB,
cartes mémoires des appareils photos, lecteurs mp3,…). Les caractéristiques des 2 architectures sont
comparées dans le tableau récapitulatif de la Figure 1.13.
30
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
NOR
Capacité mémoire
1MB à 256 MB
Vitesse en lecture
50 à 100 Mo/s
Débit en écriture
0.5 Mo/s
Temps en écriture
1µs
Temps en effacement
100ms
Modes de programmation
FN/CHE
Programmation
8 à 10V
Tension de
programmation
Effacement
-8 à -10 V
Programmation 10 à 100 µA
Courant de
programmation
Effacement
négligeable
Densité d’intégration
Moyenne
NAND
256MB à 64GB
10 à 30 Mo/s
7 à 10Mo/s
300µs
2ms
FN/FN
18 à 20V
-18 à -20 V
négligeable
négligeable
Elevée
Figure 1.13 : Comparaison des architectures NOR et NAND
I.3.3.4
Les phénomènes de dégradation liés au plan mémoire
Il existe des phénomènes de dégradations spécifiques intrinsèques à tous les plans mémoires, ce
sont les perturbations. Elles peuvent survenir lors d’une opération d’effacement, de programmation
ou de lecture sur une cellule donnée et engendrer une altération non désirée sur une cellule voisine
ou proche. Avec le temps, ces perturbations peuvent modifier l’état d’une cellule : une cellule
effacée peut gagner des charges et se programmer, à l’inverse une cellule programmée peut perdre
des charges jusqu’à être considérée comme une cellule effacée. Par la suite, nous emploierons
également le terme de « disturb » pour désigner ces perturbations.
Perturbations en effacement
La perturbation en effacement (autrement appelé « erase disturb ») intervient lorsque l’on
modifie involontairement l’état d’une cellule en effectuant une opération d’effacement sur une autre
cellule. Cela arrive lorsque les fortes tensions appliquées sur la grille de la cellule ne sont pas isolées
des cellules auxquelles on ne veut pas accéder. En général, sur les mémoires EEPROM et Flash,
l’effacement est réalisé par blocs ou secteurs. Ainsi, toutes les cellules d’un même bloc ou secteur
sont polarisées simultanément. Tant que les hautes tensions utilisées sont indépendantes d’un bloc à
l’autre, la perturbation en effacement est impossible [Sikora '06].
Perturbations en programmation et en lecture
La perturbation en programmation (ou en lecture), autrement appelé “programming disturb”
(ou « read disturb ») intervient lorsque l’on modifie involontairement l’état d’une cellule en
effectuant une opération de programmation (ou de lecture) sur une autre cellule. Ces deux types de
perturbations ayant sensiblement les mêmes causes seront discutés de manière conjointe. Ces
perturbations deviennent non-négligeables lors de programmations ou de lectures répétées, sur un
mot d’une même wordline ou sur la même bit-line. Plus le nombre de lecture, d’écriture ou de cycles
d’écriture/effacement sera grand, et plus l’influence de ces perturbations sera prépondérante.
31
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Perturbations en programmation (« gate disturb » et « drain disturb »)
Le « gate disturb » correspond à la perturbation de grille que subissent les cellules non
sélectionnées lorsqu’une cellule située sur la même wordline est programmée, comme l’illustre la
Figure 1.14a. La cellule adressée A est programmée par porteurs chauds en polarisant son drain à VD
= 4.2V et sa grille de contrôle à VCG = 8V. Toutes les cellules de la même wordline ont donc aussi leur
grille de contrôle polarisée à 8V et peuvent être perturbées.
- Si ces cellules sont programmées (Figure 1.14b), les électrons stockés dans leur grille
flottante peuvent traverser par effet tunnel l’oxyde inter-poly ONO jusqu’à leur grille de
contrôle. Les cellules, perdant des charges, se retrouvent peu à peu effacées.
- Si ces cellules sont effacées (Figure 1.14c), les électrons du substrat peuvent traverser par
effet tunnel l’oxyde tunnel jusqu’à leur grille flottante. Les cellules, gagnant alors des
charges, se retrouvent peu à peu programmées. On parle alors de programmation légère, ou
également de « soft-programming ».
Ces deux cas de perturbations de grille pour une opération d’écriture sont aussi présents lors d’une
opération de lecture.
VD = 4.2V
Bitline 1 BL 2
BL 3
BL 4
VG = 8V
Figure 1.14 : Schéma matriciel du
« gate disturb » durant la
programmation (a) et ses effets
sur des cellules non sélectionnées
programmées (b) et effacées (c)
de la même wordline
Cellules perturbées
Wordline1
A
WL 2
WL 3
(a)
VG = 8V
VG = 8V
CG
CG
Oxyde inter-poly ON
Oxyde inter-poly ON
O
Source
VD = 0V
FG
VS = 0V
Oxyde tunnel
n+
n+
FG
VS = 0V
Source
Drain
O
VD = 0V
Oxyde tunnel
n+
n+
Drain
Substrat – type p
Substrat – type p
VB = 0V
VB = 0V
(b)
(c)
Le « drain disturb » correspond à la perturbation de drain que subissent les cellules non
sélectionnées lorsqu’une cellule située sur une même bit-line est programmée, comme l’illustre la
Figure 1.15a. La cellule adressée A est programmée par porteurs chauds en polarisant son drain à VD
= 4.2V et sa grille de contrôle à VCG = 8V. Toutes les cellules effacées de la même bit-line voient alors
un potentiel de 4.2V sur leur drain, qui peut les perturber.
- Si ces cellules sont programmées (Figure 1.15b), les électrons stockés dans leur grille
flottante peuvent traverser l’oxyde de grille par effet tunnel jusqu’au drain. De plus, des
32
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
-
trous peuvent être générés dans le substrat par phénomène d’ionisation par impact et être
injectés dans la grille flottante, menant à une perte de charge et une diminution du VT des
cellules perturbées.
Si ces cellules sont effacées (Figure 1.15c), les électrons du substrat, accélérés vers le drain,
peuvent traverser l’oxyde de grille par effet tunnel jusque dans la grille flottante. Les
cellules, gagnant alors des charges, se retrouvent peu à peu programmées.
VD = 4.2V
Bitline 1 BL 2
BL 3
BL 4
Cellules perturbées
Wordline1
A
VG = 8V
WL 2
WL 3
Figure 1.15 : Schéma matriciel
du « drain disturb » durant la
programmation (a) et ses effets
sur
des
cellules
nonsélectionnées programmées (b)
et effacées (c) de la même bitline
(a)
VG = 0V
VG = 0V
CG
CG
Oxyde inter-poly ON
Oxyde inter-poly ON
O
VS = 0V
Source
Oxyde tunnel
n+
n+
O
VD = 4.2V
FG
VS = 0V
Drain
Source
Substrat – type p
VD = 4.2V
FG
Oxyde tunnel
n+
n+
Drain
Substrat – type p
VB = 0V
VB = 0V
(b)
(c)
Perturbations en lecture (« read disturb »)
Le « read disturb » correspond à la perturbation de grille que subissent les cellules non
sélectionnées lorsqu’une cellule située sur la même wordline est lue, comme l’illustre la Figure 1.16a.
Contrairement au cas de « programming disturb », la cellule A adressée est lue avec les conditions
suivantes : le potentiel de drain proche du volt (0.7V) et le potentiel de grille de contrôle entre 4 et
5V. Bien que cette tension de grille soit faible devant celle utilisée pour programmer la cellule (≈ 8V),
des lectures répétées et continues sur un même mot ou une même page peuvent altérer les cellules
se trouvant sur la même wordline. Ces cellules peuvent à terme, gagner des charges (électrons) et se
retrouvées « soft-programmé » (Figure 1.16b). Ce phénomène sera étudié en détail au chapitre 3.
33
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
0V VD = 0.7V 0V
Wordline1
0V
VG = 4 - 5V
A
WL 2
0V
WL 3
BL 3
0V
BL 4
Cellules perturbées
Bitline 1 BL 2
Gain de charges
(soft-prog)
(a)
(b)
Figure 1.16 : Schéma matriciel du « read disturb » durant la lecture (a) et exemple de softprogrammation (gain de charges) de certaines cellules d’une population de cellules effacées (b)
Courants de fuite de Bit-line
Le courant de fuite de bit-line, couramment appelé « Bit-line Leakage » ou BLL, correspond à la
somme des courants de drain de toutes les cellules non sélectionnées lorsqu’une cellule, située sur la
même bit-line, est programmée (Figure 1.17). Les courants mis en jeu lors de l’écriture de la cellule
sont : le courant de drain de la cellule que l’on veut programmer (nommé IdSEL), qui peut être mesuré
dynamiquement pendant le signal de programmation, et le courant de fuite de toutes les autres
cellules non sélectionnées se trouvant sur la bit-line (IdUNSEL = Σ Id).
IdSEL = ID de la
cellule sélectionnée
Bitline
Wordline
IdUNSEL = Σ ID des
cellules non
sélectionnées
Figure 1.17 : Représentation des courants de consommation : IdSEL, le courant de consommation
de la cellule et IdUNSEL, le courant de fuite du à toutes les cellules non-sélectionnées sur la bit-line.
Ainsi, le courant total de consommation d’une cellule mémoire se définit par la somme du
courant IdSEL et du courant de fuite de bit-line IdUNSEL.
I.3.4. Limitations et solutions envisagées pour le futur des mémoires
non volatiles
Depuis quelques années, la miniaturisation des composants a imposé de nouvelles contraintes
que ce soit au niveau du procédé de fabrication ou des conditions de polarisation toujours plus
réduites afin d’être en adéquation avec applications de type basse consommation. Dans ce
paragraphe, nous présentons les principales limites de miniaturisation des mémoires non volatiles à
34
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
grille flottante, puis nous exposons les solutions envisagées continuer à améliorer ou pour remplacer
à plus ou moins long terme les mémoires non volatiles.
Lors des étapes du procédé de fabrication, une des étapes critiques à la diminution des
dimensions est l’étape de photolithographie. Cette étape, définissant l’ensemble des opérations
permettant de délimiter les extensions latérales des matériaux sur la surface du substrat, devient de
plus en plus difficile à réaliser. De plus, une des principales limitations, liée à la réduction de la taille
de la grille flottante, concerne la quantité de charges (nombre d’électrons) qui y est stockée afin de
distinguer les deux états logiques de mémorisation. La réduction du nombre d’électrons entraine
d’importants problèmes de fiabilité [Deleruyelle '04]. Par ailleurs, d’autres problèmes peuvent
survenir au niveau de cellules intégrées dans un plan mémoire, comme des interférences entre
cellules adjacentes ou encore des perturbations d’écriture ou de lecture survenant en ligne ou en
colonne [Sikora '06]. Les limites de miniaturisation du transistor à grille flottante sont principalement
dues aux réductions des deux oxydes entourant la grille flottante : l’oxyde tunnel et l’oxyde interpoly ONO.
I.3.4.1
Limites de l’oxyde tunnel
La limite principale de la miniaturisation des mémoires Flash est la réduction de l’épaisseur de
l’oxyde tunnel et son dimensionnement reste un challenge technologique important. La
problématique majeure est de permettre un bon fonctionnement du transistor à grille flottante et
garantir un critère de rétention à 10 ans. Il est généralement admis que la limite intrinsèque
physique de l’épaisseur d’oxyde pour les mémoires est d’environ 6 nm [Lai '98]. En dessous, les
électrons stockés dans la grille flottante fuient par courant tunnel direct. Cependant même si 6 nm
d’oxyde semblent être une limite suffisante pour garantir le bon fonctionnement de la mémoire, les
dégradations de l’oxyde tunnel limitent ces épaisseurs à des valeurs bien plus importantes. Ainsi, les
épaisseurs critiques définies par l’ITRS [ITRS '11] sont 9 à 10nm pour les mémoires Flash NOR et 6 à 7
nm pour les Flash NAND. En plus de cette limite intrinsèque, il existe une autre limitation due à la
dégradation de l’oxyde tunnel suite aux nombreux cycles d’écriture/effacement au cours desquels
l’oxyde est soumis à de fortes contraintes électriques (> 9 MV/cm). Ce phénomène de dégradation,
appelé SILC (Stress-Induced Leakage Current), se manifeste par une augmentation du courant de
fuite à faible champ (4-8 MV/cm) à travers l’oxyde tunnel [Riess '99], et sera étudié au chapitre 2 où
nous proposerons de le modéliser.
I.3.4.2
Limites de l’oxyde ONO
Dans le but de maintenir un couplage capacitif suffisant entre la grille de contrôle et la grille
flottante (αG compris entre 0.6 et 0.7), un des challenges de réduction des dimensions est de réduire
l’épaisseur de l’oxyde inter-poly sans toutefois augmenter les courants de fuite. Depuis des années
[Yim '03] [Park '04], un oxyde tri-couche ONO est utilisé et semble avoir atteint ses limites. Ce
problème peut être résolu par l’utilisation de matériaux diélectriques à forte permittivité ou « highk » (HfO2, Al2O3, HfAlO, HfSiO…) pour remplacer le traditionnel oxyde ONO. Il a été démontré que
l’intégration d’oxyde d’Hafnium HfO2 comme diélectrique de contrôle permettait de diminuer les
tensions de programmation grâce à un meilleur coefficient de couplage αG, tout en maintenant une
bonne rétention des données [Van Duuren '06]. Parmi les différents matériaux étudiés, un intérêt
particulier a été donné à l’aluminate d’hafnium (HfAlO), qui combine à la fois la constante
35
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
diélectrique élevée du HfO2 et la barrière énergétique élevée et la bonne stabilité thermique de
l’Al2O3 [Molas '07] [Guiraud '12].
I.3.4.3
Les solutions envisagées pour les mémoires non volatiles
Les mémoires à nano-cristaux de silicium (Si-NCs)
Le principe est similaire à celui des mémoires à grille flottante, à la différence que ce sont des
nanocristaux de silicium qui constituent la couche de stockage. Les mémoires à nanocristaux de
silicium ont été présentées pour la première fois en 1995 par IBM [Tiwari '95] et ont subi par la suite
des évolutions importantes. Les phases de programmation et d’effacement s’effectuent par effet
tunnel Fowler-Nordheim. La possibilité d’utiliser également l’injection par porteurs chauds (CHE)
pour la programmation permet de localiser l’injection d’électrons du côté du drain ou de la source,
ce qui peut être intéressant selon les applications visées. Qui plus est, le fait que les nanocristaux
soient physiquement isolés les uns des autres, permet de stocker des charges dans des sites séparés
(côté drain et côté source), ce qui donne lieu à un stockage de charges multi-niveaux [De Salvo '03].
Le procédé de fabrication est de plus totalement compatible avec le procédé CMOS. La Figure 1.18
représente le schéma et la coupe TEM d’une cellule mémoire à nano-cristaux de silicium.
Grille de contrôle
Nano-dots
O SiO 2
N SiN
O SiO 2
Nano-dots
SiO 2
Oxyde tunnel
Source n+
n+
Oxyde tunnel
Drain
SiO 2
Substrat - Si
Substrat – type p
(a)
(b)
Figure 1.18 : Représentation schématique (a) et coupe TEM (b) d’une cellule mémoire à nanocristaux de silicium (Nano-dots)
La principale limitation de ce type de mémoire réside dans le faible couplage capacitif entre les
nanocristaux et la grille de contrôle (αG ≈ 0.3), et donc à l’utilisation de tensions de programmation
encore élevées. L’utilisation d’un oxyde de contrôle à forte permittivité diélectrique (« high-k »)
permettrait d’améliorer cela.
Les mémoires MRAM
Les premières mémoires MRAM ou magnétorésistives ont été d´développées par IBM à la fin
des années 90, grâce aux découvertes successives de la magnétorésistance tunnel (TMR), et de la
magnétorésistance géante. Ces mémoires utilisent le concept du changement de polarité
ferromagnétique d’une « Jonction Tunnel Magnétique » (MJT) (en anglais MTJ pour Magnetic Tunnel
Junction), dont la résistivité varie en fonction de la magnétisation rémanente de ses constituants
[Kim '03] [Motoyoshi '04]. La résistance de la MJT dépend de l’orientation relative des moments
36
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
magnétiques des deux couches ferromagnétiques. Si les deux moments magnétiques sont parallèles,
la résistance est faible (état « 0 ») et lorsqu’ils sont antiparallèles, cette résistance est élevée (état
« 1 »). Les avantages de la MRAM sont les suivants : une programmation très rapide (quelques ns),
une tension d’alimentation faible et un nombre illimité de cycles d’écriture/effacement.
Malheureusement, les inconvénients sont majeurs comme la taille de la cellule (une centaine de
cellules Flash) difficilement réductible à cause des faibles courants de lecture mis en jeu, la faible
compatibilité avec les procédés logiques CMOS, mais surtout des courants d’écriture élevés (≈ 4 à 10
mA/cellule). Le premier démonstrateur de mémoires MRAM opérationnel a été présenté par IBM en
1999 [Parkin '99] puis la MRAM est devenue une réalité commerciale en 2006 grâce à Freescale
[Freescale '06].
Les mémoires à changement de phase (PCM, PRAM)
Les mémoires à changement de phase, appelée aussi PCM (Phase Change Memory) ou encore
PRAM (Phase-change Random Access Memory) est basée sur le principe de changement de résistivité
du chalcogénure en fonction de sa phase (cristalline ou amorphe), découvert grâce aux travaux de S.
Ovshinsky [Ovshinsky '68]. Ce type de matériau est utilisé notamment dans l’industrie des disques
compacts réinscriptibles, où un faisceau laser focalisé en un point de la surface du disque chauffe le
matériau pour le faire changer d’état. Le chalcogénure le plus répandu dans les mémoires PCM utilise
le tellure en alliage ternaire avec le germanium (Ge) et l’antimoine (Sb) selon Ge2Sb2Te5, nommé GST
[Pellizzer '04]. La programmation s’effectue en faisant circuler un courant qui va auto-échauffer le
chalcogénure par effet Joule et le faire changer d’état [Pellizzer '06] [Annunziata '09]. La phase
cristalline présente une faible résistivité et correspond à l’état logique « 1 » et, l’état amorphe est
quant à lui très résistif (« 0 » logique).
Cette mémoire est un bon candidat pour l’avenir des mémoires non volatiles et possède de
multiples avantages : une vitesse de programmation élevée (< 30 ns), une tension de programmation
faible, une taille de cellule comparable aux cellules Flash et DRAM (10 F²), et une bonne réductibilité
de la taille de la cellule. En 2006, Samsung commercialisait des dispositifs mémoires PCM de 512Mb
tandis qu’Intel annonçait une mémoire PCM de 1 Gb fabriquée en 45 nm. En 2010, Samsung a
produit un dispositif PCM de 512 Mb embarqué sur le nœud 65 nm, jusqu’à sa dernière réalisation
(2012), une mémoire PCM 8Gb en 20 nm [Choi '12].
Les mémoires ReRAM
Les mémoires ReRAM (Resistive Random Access Memory) sont basées sur le principe de
changement de résistance électrique au sein de la cellule mémoire pour déterminer la valeur du bit
stockée. Le changement de résistance est lié à une modification de la structure du matériau lors du
passage d’un courant électrique. De nombreux matériaux inorganiques ou organiques ont donc été
testés pour leur propriété de changement d’effet résistif. Ces mémoires dégagent un fort potentiel
en termes de performances et permettraient un bond important pour les mémoires non volatiles. La
ReRAM, similaire à la DRAM en termes de vitesse, a l’avantage de conserver l’effet de non-volatilité
des mémoires Flash en consommant très peu d’énergie. En 2007, Fujitsu avait montré un prototype
de ReRAM utilisant du titane et de l’oxyde de nickel, et depuis, de grandes entreprises (Sharp,
Samsung, Panasonic, HP en partenariat avec Hynix Semiconductor) se sont lancées dans la course à la
production de masse.
37
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
I.4 La fiabilité des mémoires non volatiles
La fiabilité de la cellule mémoire est toujours un aspect très important dans le développement
de technologies de mémoire non volatiles à grille flottante. Il existe deux notions majeures en ce qui
concerne la fiabilité : la notion d’endurance et la notion de rétention.
L’endurance est la capacité du point mémoire à pouvoir subir un très grand nombre de cycles
d’écriture/effacement (jusqu’à 1 million de fois) tout en distinguant correctement les états écrits et
effacés.
La rétention repose sur l’aptitude de la cellule mémoire à retenir le plus longtemps possible
l’information stockée. Classiquement, une cellule mémoire doit être capable de garder l’information
pendant 10 ans. Nous présentons par la suite ces deux notions de fiabilité.
I.4.1.
Notion d’endurance
Les cycles répétés d’écriture/effacement que subit une cellule mémoire au cours de sa durée de
vie altèrent la qualité de l’oxyde tunnel, au travers duquel les charges transitent afin d’être stockées
dans la grille flottante. Sous l’effet de forts champs électriques, le courant traversant l’oxyde tunnel
crée des pièges dans le volume de ce dernier et à l’interface Si/SiO2 qui vont impacter le bon
fonctionnement de la cellule. La fenêtre de programmation se réduit en fonction du nombre de
cycles, du aux charges piégées dans l’oxyde qui vont « écranter » les porteurs voulant le traverser et
diminuer la quantité de charges stockée dans la grille flottante. Enfin, une dégradation trop
importante induit l’apparition d’un grand nombre de pièges qui limitent considérablement
l’endurance et peuvent même conduire jusqu’au claquage de l’oxyde tunnel.
I.4.2.
Notion de rétention
L’objectif de la rétention est de caractériser la perte de charge du point mémoire à température
ambiante dans le but d’estimer sa durée de vie. Pour la caractériser, on mesure la dérive de la
tension de seuil ΔVt en fonction du temps, qui représente l’image de la quantité de charges de la
grille flottante, et donc de l’information mémorisée. Afin de réduire les temps de test, on active
thermiquement (recuit à température élevée en four) les pertes de charge, qui sont classées en deux
types : les pertes de charge intrinsèques et les pertes de charge extrinsèques.
I.4.2.1
Pertes de charge intrinsèques
Les pertes de charge intrinsèques dépendent directement du procédé de fabrication et de
l’architecture du point mémoire. Liées à la qualité intrinsèque de l’oxyde tunnel, elles touchent la
majorité des cellules du plan mémoire. Lorsqu’une cellule est programmée, les charges négatives
(électrons) stockées dans la grille flottante induisent un faible champ électrique aux bornes des
oxydes ONO et tunnel qui peut provoquer la fuite de ces charges. L’oxyde tunnel ayant une plus
faible épaisseur que l’oxyde ONO, les charges auront plus tendance à fuir à travers l’oxyde tunnel.
Les tests en rétention sont réalisés par l’intermédiaire de tests accélérés en température puis par
extrapolation grâce à des modèles. En utilisant la loi d’Arrhenius, on est capable d’extrapoler les
temps de rétention à température ambiante, dans les conditions d’utilisation du produit.
38
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
I.4.2.2
Pertes de charge extrinsèques
Les pertes de charge extrinsèques sont attribuées à des cellules mémoires dont la perte de
charge est liée soit à la présence de contaminants autour de la grille flottante, soit à des défauts
apparaissant dans l’oxyde tunnel après un nombre répété de cycles d’écriture/effacement. La
contamination ionique est désormais un mécanisme de pertes de charge bien connu, identifié par la
présence d’ions (principalement les cations sodium Na+) dans les diélectriques entourant la grille
flottante. Leur charge positive compense la charge stockée dans la grille flottante et provoque une
diminution de la tension de seuil de la cellule mémoire. Ce mécanisme, caractérisé grâce à la
méthode du cycle de Mielke [Mielke '83], est de mieux en mieux maitrisé grâce aux améliorations
des procédés de fabrication.
Par ailleurs, les pertes de charge extrinsèques peuvent être associées aux défauts dans l’oxyde
tunnel, dus à la dégradation produite par les cycles d’écriture. Ce phénomène, très critique pour les
mémoires non volatiles, est appelé le SILC. Pour l’étudier, on cycle une population de cellules pour
créer des défauts dans l’oxyde tunnel et on étudie la dérive de la tension de seuil en fonction du
temps. Ce phénomène ne touche pas toutes les cellules du plan mémoire, mais quelques cellules
atypiques, plus fragiles, qui perdent plus de charges que les autres. Ces cellules extrinsèques,
s’observant dans la queue de distribution d’une population de cellules (Figure 1.16b), sont appelées
« Single Bit Failed » ou SBF. Cette étude est généralement faite à température ambiante, car les
températures trop élevées (au-delà de 150°C) peuvent réparer les défauts crées et faire disparaître
ce phénomène de SILC [Riess '98].
I.5 Présentation des deux domaines d’étude : caractérisation
électrique et test
Dans un premier temps, nous présenterons tout ce qui concerne l’aspect caractérisation
électrique de dispositifs élémentaires (capacités, transistors, cellule mémoire unitaire) afin d’étudier
leur fiabilité. Nous verrons comment les caractériser et expliquerons les moyens, outils et méthodes
d’analyse associés. Dans un second temps, nous présenterons le domaine du test de mémoires et
aborderons quelques définitions générales sur le test des macrocells mémoires ainsi que les
principaux flots de tests utilisés dans l’industrie. Enfin, nous détaillerons la macrocell mémoire Flash
sur laquelle se sont portés nos travaux de recherche et les méthodes de traitement de données et
d’analyse associées.
I.5.1.
Caractérisation de dispositifs élémentaires
La caractérisation des dispositifs élémentaires (capacités, transistors, cellule mémoire unitaire,
CAST) présentée dans ce manuscrit a été réalisée sur des bancs de test manuel, semi-automatique ou
automatique, dont le système de mesure est présenté Figure 1.19.
39
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Appareil de
mesure
Carte à
pointes
Matrice à
relais
Plaque
Chuck
Régulateur
thermique
Banc de test
Figure 1.19 : Schéma du système de mesures effectuées sur banc de test
Il se compose de plusieurs éléments :
 Le banc de test :le testeur automatique permet de mesurer un grand nombre de structures
de test, nommées TEG (Test Element Group), de manière automatique. Il se déplace
automatiquement sur la plaquette pour poser les pointes sur la TEG à mesurer et permet de
tester plusieurs wafers à la suite.
 Le chuck et régulateur thermique : lors du déplacement d’un site à l’autre, le testeur déplace
en fait le chuck (ou thermochuck) sur lequel est posé le wafer maintenu sous vide. Pour des
mesures en température, ce chuck est lié à un régulateur thermique qui permet de maintenir
constante la température pendant la durée du test. Il est à noter que l’ensemble « chuck +
régulateur thermique» peut générer un certain bruit de mesure qui peut induire certaines
perturbations.
 La matrice à relais et carte à pointes : la matrice à relais permet d’aiguiller les signaux
provenant de l’appareil de mesure sur la carte à pointes. Elle peut éventuellement perturber
la mesure en introduisant des fluctuations additionnelles (résistances parasites). La carte à
pointes utilisée pour caractériser tous les dispositifs élémentaires présentés par la suite
possède 22 pointes, qui sont posées sur des plots de contacts (pads) de la TEG à tester.
 L’appareil de mesure : les différents appareils de mesures sont nombreux. Il peut s’agir d’un
analyseur de paramètre (HP4142 ou HP4156) destiné à mesurer des caractéristiques
traditionnelles capacité/tension ou C-V et courant/tension ou I-V, d’un LCR-mètre (HP4182)
utilisé pour mesurer une capacité, d’un générateur de pulses (Keithley 81110 ou 8110)
permettant de générer des signaux spécifiques pour le test de mémoires, ou encore
d’appareils de mesures avancés comme l’Agilent B1500 ou le Keithley K4200. Chaque
analyseur de paramètre est composé d’unités de mesure appelées « SMU » (« SourceMonitor Unit »), chacune étant capable d’appliquer une polarisation (courant ou tension) et
de mesurer en même temps le signal de réponse (tension ou courant).
 La station UNIX/Windows : utilisée pour écrire et lancer les programmes de test (développés
en langage Labview), interagir avec le testeur et sauvegarder les données de tests.
I.5.1.1
Caractérisation de capacités et transistors MOS
La caractérisation de capacités MOS permet d’étudier la fiabilité des oxydes (qualité intrinsèque,
claquage d’oxyde, piégeage de charges dans l’oxyde et à ses interfaces) et passe généralement par la
mesure de ses caractéristiques capacité/tension (C-V), et courant/tension (I-V). Afin de pouvoir
comparer des capacités de différentes géométries (W, L), les mesures sont en général normalisées
40
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
par la surface en traçant la caractéristique de la densité de courant/tension (J-V). La caractéristique
C-V permet de déterminer les paramètres suivants :
 L’épaisseur de l’oxyde tOX (Å) en régime d’accumulation [Ghibaudo '00]
 La valeur de la capacité d’oxyde COX (F) (en régime d’accumulation)
 L’effet de la poly-déplétion de la grille (en régime d’inversion forte)
 Le dopage de grille NG (en régime d’inversion) [Ricco '96]
 Le dopage moyen du substrat NSUB (en régime de désertion) [Maserjian '74]
Traditionnellement, des capacités de surface importante sont utilisées pour extraire les
propriétés électriques de la capacité tunnel. La valeur de cette dernière étant trop faible pour être
mesurée sur un transistor au vu de sa faible surface d’oxyde. Différentes structures de capacités
tunnel existent et sont énumérées ci-dessous :
 capacité tunnel « plane », réalisée par la superposition d’une surface plane de poly-silicium1
(poly1) sur une surface plane d’active, pour estimer la fiabilité extrinsèque et intrinsèque de
l’oxyde
 capacité tunnel « inter-digitée » ou « périmétrique », réalisée par la superposition d’une
surface plane de poly-silicium1 (poly1) sur des doigts d’active, pour prendre en compte les
effets de bords dans le sens de la largeur W de la structure
 capacité tunnel « poly-finger », réalisée par la superposition de doigts de poly-silicium1
(poly1) sur une surface plane d’active, pour prendre en compte les effets de bords de l’oxyde
dans le sens de la longueur L de la structure
La caractérisation de transistors MOS permet d’étudier leur fiabilité par l’intermédiaire de
différents tests, souvent accélérés en tension ou en température afin de réduire les temps de test.
Les transistors MOS, soumis à des contraintes électriques (stress), vont se dégrader dus à des défauts
qui vont se retrouver piégés principalement dans l’oxyde de grille ou à l’interface Si/SiO2, altérant
ainsi les principaux paramètres du transistor (tension de seuil, transconductance, pente sous le seuil).
L’objectif de ces tests de caractérisation est d’estimer les durées de vie des transistors pour les
conditions de fonctionnement appliquées au produit et de proposer des modèles aux concepteurs
et aux technologues afin qu’ils puissent améliorer la qualité et la durée de vie du produit en jouant
sur des paramètres de conception (polarisations, géométries, signaux) et/ou de fabrication. La
caractérisation des transistors MOS s’étend à plusieurs catégories dont les tests fonctionnels
(mesures des caractéristiques usuelles de courant/tension comme IDS - IBS - IGS (VGS) et IDS(VDS), les
tests liés à la dégradation du transistor (stress porteurs chauds, NBTI, stress de grille et de drain,
évaluation du piégeage par la méthode de pompage de charges) et les tests liés au claquage (tension,
charge et temps moyen au claquage d’oxyde et de jonctions).
I.5.1.2
Caractérisation d’une cellule mémoire Flash unitaire
La caractérisation d’une cellule mémoire Flash s’effectue en général, dans un premier temps,
par l’étude de son comportement statique, qui passe par l’acquisition de caractéristiques
élémentaires du type courant/tension (principalement les courbes IDS-IBS-IGS(VGS)) permettant de
déterminer la valeur de paramètres fondamentaux : la transconductance maximale (gain GmMAX), la
pente sous le seuil (en anglais « Subthreshold Slope », SS), le coefficient de couplage de grille αG , la
tension de seuil de la cellule à l’état U.V. (VtUV), les niveaux des tensions de seuil programmées (VtPG)
41
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
et effacées (VtTER) et la fenêtre de programmation (en anglais « Programming Window, PW) définie
comme la différence entre VtPG et VtER. Dans un second temps, le comportement dynamique est
étudié en mesurant les cinétiques de programmation et d’effacement. Enfin, le dernier point d’étude
concerne l’aspect consommation de courant (ou d’énergie) de la cellule. Il se compose d’une part, de
la mesure du courant (ou de l’énergie) consommé par une cellule en phase de programmation et
d’autre part, de la mesure du courant (ou de l’énergie) de fuite des cellules non sélectionnées situées
sur la même bit-line, également appelé courant de fuite de bit-line (en anglais Bit-Line Leakage ou
BLL). Nous détaillerons les méthodes de mesure et de calcul utilisées pour l’évaluation de ces
courants de consommation dans le chapitre 3.
De plus, il existe une structure de test particulièrement intéressante nommée le « TRansistor
EQuivalent » (TREQ) ou également « Dummy cell », qui a exactement la même géométrie que la
cellule, mais la particularité d’avoir la grille de contrôle et la grille flottante court-circuitée. Sur ce
dispositif, on détermine les paramètres électriques comme la tension de seuil VtTREQ, le gain de
transconductance GmTREQ, la pente sous le seuil SSTREQ, mais également étudier les phénomènes de
dégradation par des stress porteurs chauds, des perturbations de grille ou de drain, ainsi que
l’évaluation des courants de fuite de bit-line, abordé à la section I.3.3.4.
I.5.1.3
Caractérisation d’une CAST de cellules
Nous disposons également de structures de test appelées CAST (Cell Array Stress Test), qui sont
constituées de plusieurs milliers de cellules mémoires toutes connectées en parallèle (Figure 1.20a).
Cette structure matricielle, où les drains, sources et grilles sont communs, a été présentée pour la
première fois en 1997 [Cappelletti '97], avant d’être brevetée par STMicroelectronics en 2000
[Pio '00]. En mesurant les caractéristiques ID(VCG) d’une CAST, on peut suivre les variations de
tensions de seuil de nombreuses cellules en même temps. La CAST est très utile pour étudier la
fiabilité en rétention, puisqu’elle nous informe sur le comportement à la fois intrinsèque et
extrinsèque de cellules provenant d’une statistique intéressante (Figure 1.20b) [LeRoux '09]. La taille
des CAST varie entre 10K et 600K. Nous précisons que le courant de drain ID d’une CAST est la somme
des courants de drain de toutes les cellules en parallèle.
Drain
Courbe après
stress ou rétention
ID = 100 µA
D
Comportement intrinsèque
S
Source
Grille
G
ID = 10 nA
Comportement extrinsèque
Courbe initiale
(b)
(a)
Figure 1.20 : Schéma de principe d’une CAST (a) et caractéristique ID(VCG) avant et après
contrainte (b) (qui peut être un stress électrique ou une contrainte de temps dans le cas d’un
test de rétention)
42
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
I.5.2.
Test de mémoires non volatiles
Le Test de mémoires non volatiles est un des deux grands volets de ce travail de thèse et un
outil indispensable aux industriels pour qualifier et valider une technologie. À la fin du flot de
fabrication d’une technologie, des tests paramétriques sont effectués afin de vérifier la bonne
conformité électrique des plaques de silicium sortant d’usine et de réajuster, en cas de problèmes,
certains paramètres du procédé de fabrication. Par la suite, d’autres tests électriques sont effectués
au niveau de l’EWS (Electrical Wafer Sort) afin de valider électriquement que les circuits fabriqués
soient fonctionnels, fiables, performants et conformes aux spécifications requises. Ces tests sont
réalisés sur des véhicules de tests complets appelés « macrocell », qui sont assez proches du produit
final.
I.5.2.1
Test de macrocell mémoire
Définition d’une macrocell
Une macrocell est un véhicule de test conçu durant la phase de développement d’une
technologie. Il a pour but de tester, valider et qualifier les circuits fabriqués et de permettre
d’améliorer le flot de fabrication. Principalement utilisé en R&D, une macrocell comprend les
principales fonctionnalités que le produit final, mais se démarque par sa capacité à embarquer des
modes de tests spécifiques destinés à éprouver le circuit dans des conditions peu usuelles et/ou
limites afin de le caractériser de manière plus avancée. Il existe des macrocells mémoires dédiées au
test de qualification de mémoires embarquées (Flash, EEPROM, ROM, SRAM) ou encore des
macrocells logiques qui permettent de tester des circuits logiques plus ou moins complexes (portes
logiques, chaines de scan,…). Ce travail de thèse est axé sur une macrocell mémoire embarquée de
type Flash, nommée “ANNA“, qui sera présentée et détaillée dans la section I.5.2.2. D’autres travaux
portant sur le développement de méthodes de diagnostic associées à la fiabilité des mémoires non
volatiles à grille flottante ont été réalisés sur macrocell mémoire EEPROM dont les résultats sont
reportés dans [Aziza '04] [Plantier '12].
Les outils de test
De façon générale, le test d’un circuit intégré s’effectue tout au long des étapes de fabrication
par le biais de tests paramétriques et fonctionnels. Le système de test, désigné par l’acronyme ATE
(Automated Test Equipement) et utilisé dans le cadre de cette thèse, est un testeur industriel Agilent
V93K. Durant les tests sous pointes, les wafers sont testés en utilisant une carte à pointes (en anglais
« probeCard »). Le testeur est associé à un manipulateur appelé « prober », qui a pour rôle de saisir
et manipuler les wafers, de réaliser l’alignement de la plaque en fonction de sa position spatiale (X, Y,
Z, ϑ), de lire son numéro d’identification et d’effectuer l’alignement des pads de la puce à tester avec
les pointes de la carte à pointes. Un logiciel de test spécifique (SmarTest) est utilisé pour écrire les
programmes, lancer les tests et traiter et analyser les résultats. En fonction des spécifications de
test définies, la puce est considérée bonne (« Good BIN ») ou mauvaise (« Bad BIN ») et triée selon
des classes de rejet. Les résultats Pass/Fail des différentes puces testées sont sauvegardés dans un
fichier de résultat, nommé STDF (STandarD File), généré après chaque wafer testé.
43
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Flots de tests EWS
L’EWS est l’opération qui consiste à tester électriquement chaque puce fabriquée sur plusieurs
wafers de lots de production afin de vérifier leur bonne fonctionnalité. Ces tests électriques
permettent d’avoir une grande quantité de données et d’informations utiles pour trouver et
comprendre la source de défaillance d’une puce testée. Les programmes de test EWS sont des flots,
composés d’une ou de plusieurs séquences de test, destinés à vérifier la fonctionnalité des puces
testées et à trier les puces bonnes et mauvaises.
Les résultats de tests EWS permettent :
 D’évaluer le rendement (puces bonnes / puces testées)
 D’avoir une statistique et une cartographie (en anglais « mapping ») des classes de rejet
 D’acquérir des paramètres « engineering » pour les analyses de défaillance et qui vont
permettre d’améliorer le flot de fabrication (temps de programmation et d’effacement,
gain de la cellule mémoire, niveaux des tensions de seuil, courants d’alimentation, fuite
des pads I/O, tensions du régulateur de tension, fréquence min/max de
fonctionnement)
Il existe quatre flots EWS pour le test de macrocells mémoires. Ils permettent non seulement de
tester le bon comportement de la puce, mais aussi de prendre en compte la dégradation de la puce
dans le temps en effectuant un recuit à haute température afin d’accélérer les effets de
vieillissement. Ces tests sont réalisés sur plaquettes de silicium et sous pointes, avant de mettre la
puce en boitier pour le test final. Une description schématique de ces quatre flots, utilisés pendant le
développement d’une technologie, est illustrée Figure 1.21.
Fin des tests paramétriques
Test EWS 1
HTB1
Test EWS 2
HTB
Test EWS 3
HTB
Test EWS 4
Intégrité électrique (continuités)
Références tension/courant
Caractérisation du plan mémoire
(Etat UV, Effacé, Damier, Ecrit)
Ecriture des codes EWS1
Intégrité électrique (continuités)
Vérification des codes EWS1
Caractérisation de la rétention
Ecriture en damier inverse (CHKBN2)
Intégrité électrique (continuités)
Vérification des codes EWS2
Caractérisation de la rétention
Ecriture en damier (CHKB3)
Intégrité électrique (continuités)
Vérification des codes EWS3
Caractérisation de la rétention
Fin des tests EWS, assemblage et mise en boitier
Test final
90ºC
Intégrité électrique (continuités)
Tests fonctionnels
Mesure de temps d’accès,
et vitesse de fonctionnement
HTB1 : High Temperature Bake : Mise en étuve des wafers
pendant 24h à 250ºC
CHKBN2 : Checker-Board inverse = Damier inverse
CHKB3 : Checker-Board = Damier
Figure 1.21 : Principaux flots de tests EWS
44
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Les flots EWS3 et EWS4 sont utilisés pour mettre en évidence des problèmes de contamination
éventuels qui pourraient avoir lieu sur certaines étapes du procédé de fabrication. Lorsque ces
problèmes sont résolus et que la technologie devient plus mature, ces deux tests peuvent être omis
et l’on effectue alors le test final directement après le test EWS2. Pour chaque flot EWS, des
séquences de tests sont définies. Lorsqu’une puce ne passe pas les spécifications requises pour un
test donné, elle est considérée « FAIL » et est rejetée dans une classe de rejet associée, nommée
« BIN ». Nous allons décrire ces différentes classes de rejet dans le paragraphe suivant.
Les classes de rejet
Les puces testées ne répondant pas aux critères définis pour le test ont le statut « FAIL » et sont
rangées dans une classe de rejets (BIN) numérotée. Pour chaque test est défini un numéro de BIN.
Les puces passant avec succès toutes les séquences de test d’un flot et ne présentant donc aucune
défaillance sont considérées comme bonnes et associées à la classe de rejet 0 (BIN0). Les puces qui
nécessitent l’utilisation de la redondance pour éviter le rejet lors de certains tests fonctionnels sont
associées à la classe de rejet 1 (BIN1) et sont considérées également comme bonnes. Le fait de trier
les puces par classes de rejet est un bon moyen de visualiser le ou les premiers problèmes pour un
lot en particulier (1 lot contient 25 plaques) ou pour un procédé de fabrication donné, afin d’en tirer
un premier diagnostic et des pistes d’études pour le corriger. Une fois que les puces testées sont
classées, on a alors accès à une cartographie des rejets sur la plaque (« wafermap ») et au rendement
associé au flot de tests (le rendement est le ratio du nombre de puces bonnes (BIN0 ou BIN1) sur le
nombre de puces testées).
Tests de continuités et de fuites, tests paramétriques et fonctionnels
Un des premiers tests consiste à vérifier la bonne continuité des pointes sur les pads de la puce
à tester. Cela permet de vérifier que les pointes sont bien en contact avec les pads, qu’il n’y pas de
pertes de continuités ou de problèmes de court-circuit (short) ou de circuit ouvert (open). Par la
suite, un test de vérification de courants de fuite est effectué. Tous les pads de la puce testée
possèdent un faible courant de fuite les traversant puisque leur impédance n’est pas infinie. Ces
courants de fuite (Leakage current) ne doivent pas excéder une certaine limite de courant, définie
par un critère.
Il existe deux grandes catégories de test : le test paramétrique et le test fonctionnel. Le premier
vérifie si la puce testée renvoie la bonne valeur de tension, de courant ou de puissance, sans se
soucier de l’état fonctionnel du circuit. Il consiste à forcer un pad à une tension constante (ou à
courant constant) et de mesurer sa réponse en courant (ou en tension). On détermine alors si la
valeur mesurée VMES (ou IMES) est conforme aux spécifications de mesure : VMIN < VMES < VMAX (ou IMIN
< IMES < IMAX). Le test fonctionnel a pour but de vérifier si la puce testée fonctionne de manière
correcte selon les opérations de base (effacement, programmation, lecture).
Notion de redondance
La redondance permet de substituer des cellules mémoires défaillantes par des cellules
fonctionnelles dites cellules de redondance. Lors de l’exécution de certains tests fonctionnels
(opération d’écriture par exemple), toutes les cellules mémoires défaillantes sont comptabilisées et
45
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
leur adresse est mémorisée dans une mémoire spécifique portant le nom d’ECR (Error Capture RAM),
disponible sur le testeur. En fonction de la redondance disponible par puce, les cellules défaillantes
sont corrigées par substitution. Dans ce cas, il y a ré-adressage automatique des signaux de test
(écriture) destinés aux lignes et colonnes défaillantes, vers les lignes et colonnes de redondance. Si le
nombre de cellules défaillantes est trop important et ne peut pas être pris en charge par la
redondance, ou bien si des problèmes d’accès ou d’écriture de la mémoire ECR surviennent, le test
est considéré comme FAIL et la puce est rejetée.
I.5.2.2
Présentation de la macrocell mémoire Flash “ANNA“
La macrocell “ANNA“ est un véhicule de test associé à la technologie Flash 90nm de type NOR
développée et fabriquée à ST Microelectronics. Elle embarque une matrice de cellules Flash de 128
Mbit, un microcontrôleur XiRISC de 32Bits, des régulateurs de tensions programmables, des
mémoires ROM/SRAM embarquées pour implémenter des tests plus complexes comme du cyclage,
ainsi que deux interfaces d’accès et de contrôle différentes : une utilisant le testeur, et une autre par
l’intermédiaire d’instructions envoyées au microcontrôleur. Le schéma de la Figure 1.22 illustre
l’organisation de la macrocell ANNA.
Registres
numériques
Registres analogiques
+
Matrice FLASH
INTERFACE
µC XiRisc
Testeur externe
ANNA
Data RAM
Instruction
RAM
Boot ROM
Système numérique (synthétisé VHDL)
Figure 1.22 : Organisation générale de la macrocell ANNA
Les principales caractéristiques de la macrocell ANNA sont les suivantes :
 Capacité de stockage de 128 Mbit (128 secteurs de 1 Mb)
 Une page (= une ligne) fait 128 mots de 32 bits
 Programmation par secteurs (plus fine granularité), par blocs, par quarters
 Mode de programmation en parallèle (programmation simultanée de secteurs)
 Modes spécifiques de tests (accès direct à la mémoire (DMA))
 Redondance « virtuelle » (pas de redondance physique, mais possible par algorithme logiciel)
46
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
La Figure 1.23 présente une vue de la macrocell Flash ANNA ainsi que le découpage de sa
matrice mémoire en différents quarters, blocs et secteurs.
Bloc
LB <0>
LQ
Quarter
LQ<0>
Matrice mémoire
128 Mb
Bloc
LB <1>
Bloc
LB <2>
Bloc
LB <3>
Secteur
LS <0>
Secteur
LS <1>
Secteur
LS <2>
Secteur
LS <3>
Figure 1.23 : Vue d’ensemble et découpage matriciel de la macrocell mémoire Flash ANNA
Chaque plan mémoire de 128 Mb se découpe de la façon suivante : 8 quarters de 16 Mb
(numérotées LQ<0> à LQ<7>), chacun découpé en 4 blocs de 4Mb (LB<0> à LB<3>) qui à leur tour
sont sectorisés en 4 secteurs de 1Mb chacun (LS<0> à LS<3>), illustré Figure 1.24.
Chaque secteur est composé de 256 lignes et 4096 colonnes. Chaque ligne correspond à une page
regroupant 128 mots de 32 bits. Autour de la matrice mémoire se trouvent différents éléments de
circuiterie comme les étages de multiplexage permettant l’acheminement correct des signaux, les
étages de décodage, les amplificateurs de lecture.
Les buffers sont des circuits permettant d’activer et de laisser passer des niveaux de haute
tension afin de réaliser les opérations de programmation. Situé entre l’amplificateur de lecture et le
buffer, on retrouve la matrice de cellules dites de référence. Ces cellules, adressables et
programmables individuellement, vont être configurées pour se retrouver dans un des quatre états
spécifiques (Programmé, Effacé, Lecture, Déplétion). Lors d’une opération de lecture sur une cellule
du plan mémoire, une comparaison sera faite entre la tension de seuil de la cellule à lire et de la
cellule de référence. En fonction du résultat de la comparaison, nous pourrons alors statuer sur l’état
de la cellule lue. Nous détaillerons par la suite l’opération de lecture. Le schéma de la Figure 1.24
montre l’organisation de la périphérie par rapport au plan mémoire.
47
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
LQ<3>
Buffers
(x32)
LQ<2>
Ampli lecture
(x32)
Ampli lecture
(x32)
Ampli lecture
(x32)
Ampli lecture
(x32)
Buffers
(x32)
Buffers
(x32)
Buffers
(x32)
LQ<1>
LQ<0>
Matrice de cellules
de référence
Décodeur de lignes
Etage de multiplexage
Etage de multiplexage
Ampli lecture
(x32)
Ampli lecture
(x32)
Ampli lecture
(x32)
Ampli lecture
(x32)
LQ<7>
Buffers
(x32)
LQ<6>
Buffers
(x32)
LQ<5>
Buffers
(x32)
LQ<4>
Buffers
(x32)
Figure 1.24 : Organisation et placement des blocs périphériques à la matrice mémoire
I.5.2.3
Testabilité et modes de fonctionnement
Sur une macrocell, un des avantages est la flexibilité qu’offrent les différents registres de
configuration qui permettent d’ajuster (en anglais « trimming ») certaines grandeurs électriques
caractéristiques comme le courant de lecture, la tension de référence du band-gap, les tensions
d’alimentation min/max, les tensions et courants de référence de lecture,…
Chaque opération suit le déroulement suivant : tout d’abord, il faut configurer les registres de
configuration (T-latches) et des hautes tensions (HV registers) pour être dans le bon mode de
fonctionnement et réaliser l’opération souhaitée. Puis, il faut définir et régler la partie « timing » où
les signaux doivent être pré-positionnés sur les fronts d’horloge et seront envoyés en temps voulu,
sur les pointes adéquates. Etant donné que la macrocell embarque une statistique de cellules
importante, nous raisonnons en population de cellules, où un certain nombre de variables et de
termes sont définis. Les paramètres VCGMIN et VCGMAX sont importants pour vérifier l’état d’une
population ou l’évolution du décalage des deux populations lors de tests de rétention ou
d’endurance, puisque leur différence représente directement la fermeture de la fenêtre de
programmation. Ils sont utilisés à de nombreux tests des flots EWS et sont définis comme suit :
 VCGMIN représente la tension VCG de la dernière cellule qui conduit et qui appartient à la
population effacée (population « 1 »)
 VCGMAX représente la tension VCG de la première cellule qui conduit et qui appartient à la
population programmée (population « 0 »)
Les autres paramètres (DV, EV, RV, PV) correspondent respectivement aux tensions de
vérification de déplétion (Depletion Verify), d’effacement (Erase Verify), de lecture (Read Verify) et
48
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
Depletion
Verify
DV
Erase Read
Verify Verify
Prog
Verify
EV
PV
RV
Pop. PG
« All 0 »
Pop. ER
« All 1 »
VCGMIN
2.3V
3.5V
DV
6V
PV
VCG (V)
2.3V 3.5V 4.5V
6V
VCG (V)
VCGMAX
4.5V
EV RV
IDS (µA)
Nombre de cellules
de programmation (Program Verify). Ces tensions de vérifications sont définies grâce à la
caractérisation de cellules de référence, comme illustré en Figure25.
8V
Figure 1.25 : Niveaux de tensions de vérification caractérisées grâce aux cellules de référence
Les opérations fonctionnelles de base
L’opération de lecture peut être réalisée soit en comparant le courant traversant la cellule lue
avec un niveau de courant délivré de manière externe, soit en le comparant à un niveau de courant
provenant de cellules de référence préalablement réglées. Il existe 4 cellules de références, une pour
chaque état (voir encadré de la Figure 1.25). Pour lire l’état d’une cellule, on compare son courant
avec celui de la cellule de référence en mode « Read Verify », dont la tension de seuil, pour un
courant de lecture fixé à 8 µA, est égale à 4.5V. La tension de bit-line est polarisée à 0.7V.
L’effacement est réalisé par bloc en appliquant une tension de -8.5V sur la wordline et une
succession de pulses carrés sur le substrat allant de 3V à 8.5V (pas de 250mV), d’une durée unitaire
de 10 ms. Le substrat et la source sont connectés ensemble à 0V. Entre chaque pulse, une vérification
est effectuée sur quelques cellules du bloc (2 colonnes) afin de quantifier le nombre de cellules au
dessus du niveau de vérification en effacement (EV) fixée à 3.5V. Lorsque ce nombre devient nul,
toutes les cellules sont effacées en dessous de la tension « Erase Verify ». Une vingtaine de pulses en
moyenne est nécessaire pour réaliser cette opération d’effacement, d’une durée totale d’environ
200 ms, en comptant les opérations de vérification entre chaque pulse.
Le niveau de vérification de déplétion est implémenté pour éliminer les éventuelles cellules
dépletées (cellules sur-effacées dont la tension de seuil est négative) qui introduisent des
perturbations en lecture puisque ces cellules, traversées par un faible courant de fuite, contribuent à
augmenter le courant de fuite total de la Bit-line. Pour contrer ce problème, on ramène les cellules
dépletées au-delà du niveau de déplétion (DV) par une opération de soft-programmation. De plus,
les wordlines des cellules non sélectionnées sont polarisées à un potentiel négatif (-2V à -4V) afin de
bloquer complètement les fuites indésirables.
La soft-programmation est effectuée après l’opération d’effacement pour ramener les cellules
dépletées au-delà du niveau de vérification de déplétion. L’opération, réalisée également par mot,
consiste à envoyer sur la wordline des pulses successifs allant de 2V jusqu’à 4.5V, par pas de 250mV
49
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
La bit-line est polarisée à 4V. Entre chaque pulse, une opération de vérification est faite. La softprogrammation s’arrête lorsque le nombre de cellules en dessous de DV est inférieur à un certain
pourcentage ou nombre de cellules défini.
La programmation est réalisée par mot (simultanément sur 32 bits), en envoyant un pulse
wordline (grille de contrôle) d’une durée de 5µs à 8.5V. La bit-line (drain) est polarisée à 4.4V. Après
ce pulse, une opération de vérification est effectuée pour vérifier que tous les bits des mots
programmés passent le critère de vérification de programmation (PV). Dans le cas contraire, un
nouveau pulse est envoyé jusqu’à ce que le critère soit satisfait.
Les modes de tests spécifiques
Après avoir vu les principaux modes de fonctionnement de la macrocell ANNA, nous allons
maintenant présenter brièvement les modes de test spécifiques de cette macrocell, à savoir :
 les modes d’accès direct à la mémoire (DMA, FDMA)
 les modes de test permettant de stresser le plan mémoire (Gate stress, Drain stress)
 Le test d’endurance ou de cyclage
Ces modes de tests, sélectionnés en configurant les registres T-latches et HV et permettant
d’effectuer des opérations spécifiques (sélection/désélection de certains blocs ou secteurs,
modification des références internes de courant/tension, configuration de la redondance et des
horloges internes, etc.) sont de puissants outils pour la caractérisation et l’analyse de fautes de
cellules mémoires Flash.
Les modes d’accès direct à la mémoire (DMA, FDMA)
Le mode DMA (Direct Memory Access) permet d’accéder à une cellule ou un groupe de cellules
du plan mémoire. L’utilisateur définit les tensions de grille, de drain et de bulk et peut mesurer de
manière externe le courant de drain qui traverse la (ou les) cellule. Ce mode est utilisé pour extraire
par exemple la caractéristique ID(VCG) d’une cellule mémoire et est très utile pour l’analyse de
défaillance électrique.
Le mode FDMA (Fast Direct Memory Access) permet d’accéder également à une cellule ou
groupe de cellules mémoires et de comparer le courant qui la (ou les) traverse avec un courant de
référence fixé nommé IREF. En réglant la plage de tension de grille et les tensions de drain et de bulk,
on peut comptabiliser les cellules à l’état « 1 » (ICELLS > IREF) et à l’état « 0 » (ICELLS > IREF). Ce mode est
très utile pour obtenir les distributions en Vt, que nous détaillerons en section I.5.2.4.
Les modes de test de stress (Stress de grille, stress de drain)
Ces modes de test spécifiques sont configurés grâce aux registres T-latches et HV. Le réglage se
fait par 3 paramètres : l’utilisateur définit la granularité de son test (stress d’un secteur particulier au
sein d’un bloc, ou bien d’un bloc particulier au sein d’un quarter), puis la tension et la durée de
stress. Lors du test, toutes les wordlines (dans le cas du Gate stress) ou toutes les bit-lines (dans le
cas du Drain stress) du secteur (ou bloc) sélectionné vont être fixées à la tension de stress alors
définie. On entrecoupe ces phases de stress avec une phase de lecture, afin d’obtenir les
distributions en Vt des cellules et suivre leur évolution en fonction du stress. Comme explicité
50
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
précédemment dans la section I.3.3.4, le test de stress de drain est réalisé sur une population de
cellules programmées (dite « All 0 ») et le stress de grille sur une population de cellules effacées
(dite « All 1 »).
Les tests d’endurance et de rétention
Le test d’endurance est effectué en utilisant le microcontrôleur XiRisc, où la macrocell ANNA va
exécuter le code stocké dans sa mémoire TestFlash. Durant l’étape de démarrage du test, le
microcontrôleur est activé et prend le contrôle de tout le système. Il exécute le code de « boot » écrit
dans la mémoire ROM, transfère les codes d’instructions et de données de la mémoire TestFlash aux
mémoires IRAM et DRAM, et exécute les instructions de l’algorithme de cyclage. Ce dernier permet
de définir un certain nombre de paramètres comme : le secteur (1Mb) ou le bloc (4Mb) à cycler, les
polarisations et durées des différentes opérations (programmation, effacement, softprogrammation, opérations de vérification et de lecture), le nombre de cycles et le pas de lecture
entre ces cycles (linéaire, logarithmique ou dépendant de l’utilisateur). Un cycle est défini comme
étant l’enchainement des opérations de programmation, d’effacement et de soft-programmation.
Enfin, pour conclure ce paragraphe sur les modes de test spécifiques à la macrocell ANNA, il est
important de donner quelques informations utiles sur le test en rétention. Pour évaluer la fiabilité en
rétention d’une population de cellules, deux patterns de programmation sont possibles. Le premier
est un pattern en damier (CHKB) défini par le même nombre de cellules programmées qu’effacées.
Le second est un pattern dit « tout programmé « (All 0) où les cellules vont être légèrement surprogrammées (VCGMAX > 7.5V) afin d’évaluer plus facilement les pertes de charge dues à une plus
forte valeur du champ électrique aux bornes de l’oxyde. Les plaques, mises en fours à haute
température (150 à 250 °C) sont relues régulièrement afin d’extraire les distributions en Vt. On
évalue ensuite le décalage sur la tension VCG en fonction du temps de rétention.
I.5.2.4
Outils d’analyse des données
Il existe certaines méthodes d’analyse afin de traiter toutes ces données statistiques issues des
tests [Aziza '04] [Plantier '12]. Nous allons présenter les deux principales : la distribution en Vt et ΔVt,
et le « bitmap » analogique.
Distribution en Vt et ΔVt
Par le terme distribution, il faut en réalité comprendre qu’il s’agit d’une fonction de répartition
de type gaussienne. Nous avons vu en utilisant des modes de tests spécifiques de type DMA et
FDMA, que l’on pouvait accéder à n’importe quelle cellule ou groupe de cellules afin d’en extraire
leur valeur de courant de drain et leur niveau de tension de seuil. Il est alors possible de compter
précisément le nombre de cellules qui conduisent pour un couple courant de lecture IdLECT / tension
VCG donné et ainsi acquérir la distribution en Vt, illustrée en échelle semi-logarithmique Figure 1.26a
(Vt est défini comme étant la tension VCG correspondant au courant de lecture fixé à IdLECT = 8 µA.
Une autre représentation intéressante est le tracé de la distribution cumulée en fonction de la
tension VCG, puisqu’elle permet, par l’apparition d’une queue de distribution, de mettre en évidence
51
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
des cellules marginales ayant un comportement extrinsèque. L’unité de la quantité cumulée peut
être exprimée en pourcentage (%) ou en partie par millions (ppm) (Figure 1.26b).
Alors que la distribution (normale ou cumulée) permet de mettre en évidence la dérive en Vt
des cellules, nous ne pouvons pas accéder à l’information concernant la perte de charge des cellules.
En effet, imaginons une cellule dont le Vt est situé dans la partie haute de la distribution cumulée, il
faudra attendre un certain temps afin qu’elle se retrouve dans la queue de distribution. Masquée par
la valeur forte de sa tension de seuil de départ, elle ne sera pas visualisable sur une distribution en
Vt. Pour pallier à cette limitation, on utilise alors la distribution en ΔVt, où ΔVt représente la
différence entre le Vt initial (à t0) et le Vt après l’expérience donnée, pour chaque cellule mémoire
du plan. Cette méthode de tracé permet de prendre en considération l’aspect perte de charge des
cellules. Une représentation de la distribution cumulée en ΔVt est donnée
Figure 1.26c.
Niveau de défaillance
@ 1ppm
Cellules
extrinsèques
présentes dans
la queue de
distribution
(b)
(a)
Figure 1.26 : Représentation de la
distribution en Vt (a), distribution cumulée
en Vt (b) et distribution cumulée en ΔVt (c)
d’une population de cellules effacées
soumise à un stress constant de grille, en
fonction du temps de stress (T0 à 100H)
1 ppm
(c)
En nous basant sur ces représentations statistiques et sur des modèles analytiques, nous
pouvons quantifier les niveaux de défaillance de plans mémoires de plusieurs millions de cellules
pour différents paramètres de test (tension de stress ou de lecture, niveau de cyclage, température,
temps de stress/rétention, paramètres du procédé de fabrication) afin de garantir les critères de
fiabilité d’un produit dans ses conditions d’utilisation.
Bitmap analogique
Un outil très intéressant pour l’analyse des données de test est le bitmap analogique.
Contrairement au bitmap logique qui permet d’avoir la dimension topologique en « capturant » et
52
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
affichant l’information sous forme binaire (Pass/Fail), le bitmap analogique prend en considération la
dimension électrique et permet d’acquérir une cartographie complète de toutes les tensions de seuil
des cellules du plan mémoire. La cartographie est une image bidimensionnelle du plan mémoire sous
la forme d’un fichier texte dont les tensions de seuil des cellules sont représentées de façon
matricielle, en ligne et colonne. Cet outil permet d’observer d’éventuelles signatures de défaillances
afin de comprendre et corriger la source du problème (test, design, process). Dans le but de générer
de tels fichiers bitmaps, nous avons utilisé des programmes et scripts Perl (langage utile au
traitement et à la manipulation de fichiers) existants qu’il a fallu adapter à la macrocell ANNA. Le
bitmap analogique, couplé aux distributions en Vt et ΔVt, permet de suivre l’évolution de toutes les
cellules de plan mémoire tout au long des tests réalisés.
Sont présentés en Figure 1.27 des exemples de bitmaps analogiques qui nous permettent
d’observer les éventuelles signatures de défaillances, visualisables en affichant les données du fichier
en nuances de gris ou en couleurs. Sur la Figure 1.27a sont représentées les valeurs en Vt de toutes
les cellules du plan, et on aperçoit bien les délimitations des 4 secteurs d’un bloc. La Figure 1.27 b
montre une signature en colonne de cellules légèrement plus programmées que les autres (valeurs
de Vt légèrement plus grandes).
Signature en colonne
(a)
(b)
Figure 1.27 : Bitmaps analogiques montrant un effet de délimitation de secteurs (a) et une
signature en colonne de quelques cellules sur-programmées (b)
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons commencé par introduire les mémoires non volatiles à grille
flottante. Après avoir décrit le fonctionnement du transistor à grille flottante, élément de base des
mémoires non volatiles étudiées dans cette thèse, nous avons présenté les limites technologiques de
miniaturisation du point mémoire et les solutions envisagées pour les mémoires non volatiles de
demain. Les notions de fiabilité des mémoires non volatiles ont ensuite été présentées. Dans une
dernière partie, nous avons abordé et présenté les deux volets d’étude de cette thèse, à savoir la
caractérisation électrique et le test des mémoires non volatiles. Nous avons vu, d’un point de vue
électrique, comment caractériser des dispositifs élémentaires comme les capacités, les transistors
MOS, les cellules mémoires et les CAST. Nous avons ensuite vu ce qu’était le test de mémoires non
volatiles et présenté une macrocell mémoire Flash et ses méthodes d’analyse associées, qui vont
nous servir de support pour les études présentées dans les chapitres 2 et 3. Le contexte général de ce
manuscrit de thèse a été donné.
53
Chapitre 1 : Introduction aux Mémoires Non Volatiles
54
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Chapitre 2
Caractérisation
phénomène de read-disturb
et
modélisation
CG
du
VCG
CPP
VFG
FG
S
COX
QFG
QOX
Source
IFN ITAT
D
Drain
Substrat
B
Gain de charges
(soft-prog)
Vierge,1K,10K,100K
Ce deuxième chapitre est consacré à l’étude d’un phénomène correspondant à des
perturbations issues de la lecture des cellules d’un plan mémoire, appelé le read-disturb.
Caractérisé sur véhicules de test adressant de larges plans mémoires (macrocell), ce phénomène est
étudié sous l’influence de différentes contraintes (tension de stress, température, endurance, temps
de stress) nous permettant d’en proposer un modèle analytique. Nous nous intéresserons ensuite
au mécanisme physique responsable du read-disturb, le SILC, et proposerons de le modéliser en
prenant en considération des paramètres physiques (niveau de dopage, épaisseur d’oxyde,
température), géométriques (dimensions du point mémoire) et électriques (tension de stress,
endurance). L’objectif final de ce modèle étant de permettre aux technologues, designers et
ingénieurs process de connaitre des moyens d’action afin de minimiser l’effet non désiré du readdisturb et ainsi diminuer le taux de défaillance des cellules mémoires durant leur fonctionnement.
55
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Introduction ....................................................................................................................57
II.2 Caractérisation du read-disturb ..................................................................................57
II.2.1 Description du phénomène ...................................................................................................... 57
II.2.2 Mise en évidence sur la macrocell ANNA................................................................................. 58
II.2.3 Modélisation analytique du niveau de défaillance .................................................................. 59
II.2.3.1 Influence du critère de Vt et de ΔVt .................................................................................. 59
II.2.3.2 Influence du temps de stress ............................................................................................ 60
II.2.3.3 Influence de la température.............................................................................................. 61
II.2.3.4 Influence de la tension de stress ....................................................................................... 62
II.2.3.5 Influence de la dégradation en cyclage ............................................................................. 63
II.2.3.6 Résumé des différents coefficients du modèle analytique .............................................. 64
II.3 Le phénomène de SILC ...............................................................................................65
II.3.1 Définition .................................................................................................................................. 66
II.3.2 Génération, caractérisation et modélisation du SILC ............................................................... 67
II.3.2.1 La génération du SILC ........................................................................................................ 67
II.3.2.2 Les méthodes de caractérisation ...................................................................................... 68
II.3.2.3 Revue bibliographique des modèles de SILC ..................................................................... 71
II.4 Modélisation du read-disturb .....................................................................................72
II.4.1 Présentation du modèle ........................................................................................................... 72
II.4.2 Implémentation du module de l’ETAP ..................................................................................... 74
II.4.3 Procédure d’utilisation du modèle ........................................................................................... 77
II.4.4 Exploitation du modèle ............................................................................................................ 81
II.4.4.1 Effet de la température ..................................................................................................... 81
II.4.4.2 Effet du cyclage ................................................................................................................. 83
II.4.4.3 Effet d’autres paramètres (épaisseur d’oxyde, dopage, dimensions cellule) ................... 86
Conclusion .......................................................................................................................87
56
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Introduction
Dans ce chapitre, nous étudierons le phénomène correspondant à des perturbations issues de la
lecture de cellules du plan mémoire, appelé le read-disturb. Dans un premier temps, nous verrons
après quelques définitions comment nous avons caractérisé ce phénomène en le mettant en
évidence par stress électrique (gate stress) sur des plans mémoires (macrocell mémoire Flash). Puis,
nous étudierons l’influence de différents paramètres tels que la tension de stress, la température, le
temps de stress et la dégradation de l’oxyde tunnel due au cyclage, sur le taux de défaillance des
cellules mémoires et proposerons un modèle analytique, fonction de tous ces paramètres. Nous nous
intéresserons ensuite au mécanisme physique qui est la cause du read-disturb, un courant de fuite
induit par stress électrique limitant notamment la réduction d’épaisseur de l’oxyde tunnel : le SILC
(Stress Induced Leakage Current). Nous verrons comment ce courant peut être généré, quelles sont
les méthodes pour le caractériser ainsi que les différentes approches présentes dans la littérature
permettant de le modéliser. Enfin, nous proposerons un modèle physique permettant de répondre à
la problématique du read-disturb et modéliser le SILC et nous l’utiliserons dans le but d’extrapoler le
taux de défaillance de cellules mémoires en fonction de paramètres physiques (dopage du substrat,
épaisseur d’oxyde, température), géométriques (dimensions de la cellule) et électriques (tension de
stress, tension de lecture, cyclage). L’objectif final de ce modèle étant de permettre aux
technologues, designers et ingénieurs process de connaitre des moyens d’action afin de minimiser
l’effet non désiré du read-disturb pendant l’utilisation d’un produit mémoire.
II.2 Caractérisation du read-disturb
II.2.1 Description du phénomène
Le phénomène de read-disturb, déjà abordé à la section I.3.3.4, correspond à la perturbation de
grille que subissent les cellules non sélectionnées lorsqu’une cellule mémoire située sur la même
wordline est lue, comme l’illustre la Figure 2.1a. Les conditions de lecture sont une tension de grille
d’environ 4-5 V et une tension de drain de 0.7 V. Bien que cette tension de grille soit inférieure à
celle utilisée lors d’une opération de programmation (VG entre 8V et 9V) et causant moins de
perturbations, des lectures répétées et continues (sur un même mot ou une même page) peuvent
tout de même altérer quelques cellules mémoires situées sur la même wordline. Ces cellules peuvent
à terme, gagner des charges (électrons) et se retrouver légèrement programmées : on parle de
« soft-programmation» (Figure 2.1b) et ces cellules sont considérées comme marginales.
57
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
0V VD = 0.7V 0V
Wordline1
0V
VG = 4 - 5V
A
WL 2
0V
WL 3
BL 3
0V
BL 4
Cellules perturbées
Bitline 1 BL 2
Gain de charges
(soft-prog)
(b)
(b)
Figure 2.1 : Schéma matriciel du read-disturb durant la lecture (a) et exemple de softprogrammation (gain de charges) de certaines cellules d’une population de cellules effacées (b)
Lorsqu’une mémoire Flash est utilisée pour stocker un code d’instruction, le mot correspondant
est continument lu pendant la durée de vie du produit et n’est jamais « rafraichi », par la
reprogrammation de ce code. Ce type d’application, définie en tant que stockage de code, peut être
négativement impacté par un phénomène de read-disturb [Tanduo '06], mis en évidence par
l’apparition d’un courant de fuite non désiré appelé SILC.
II.2.2 Mise en évidence sur la macrocell ANNA
Le phénomène de read-disturb correspond un phénomène extrinsèque correspondant aux
pertes/gains de charges de quelques cellules marginales considérées comme plus faibles que les
autres. Nous avons donc besoin d’une importante statistique de cellules mémoires. Le read-disturb
est mis en évidence sur des structures de test matricielles de type macrocell mémoires. Pour
bénéficier d’une telle statistique, les tests présentés au cours de ce chapitre sont effectués sur la
macrocell mémoire Flash ANNA (cf. section I.5.2.2). Cela nous permet de quantifier le taux de
défaillance de plans mémoires de plusieurs millions de cellules et de déterminer son évolution en
fonction de différents paramètres, comme la tension de stress de grille VCG, le temps de stress tSTRESS,
la température T, la tension de seuil de lecture Vt (ou ΔVt) ou encore le nombre de cycles
d’écriture/effacement nCYC préalables au stress.
Sur la macrocell, nous utilisons un mode de test spécifique, le stress de grille (Gate Stress), en
configurant correctement les registres adéquats (cf. section I.5.2.3). Lors des tests, les 128 secteurs
(LS) de 1 Mb sont soumis à la même tension de stress constante. Tous les secteurs sont effacés
autour d’une valeur moyenne VtER de 2.5V (Figure 2.1 b), le drain est polarisé à 0V et la tension de
stress de grille VCG est constante et fixée entre 7 et 8 V afin d’accélérer le phénomène de gain de
charges, puisqu’en réalité, la polarisation de grille lors d’une opération de lecture est plus faible
(entre 4 et 5V). Afin d’obtenir les distributions en Vt ou ΔVt de toutes les cellules et suivre leur
évolution au cours du stress, les phases de stress sont entrecoupées de phases de lecture (mode de
test FDMA). Tous ces tests sont effectués sur des cellules non cyclées préalablement. Les différents
tests ont été réalisés pour plusieurs tensions de stress VCG (7V, 7.5V et 8V) et plusieurs températures
(25 °C, 90 °C et 150 °C).
Nous avons expliqué que les représentations des distributions cumulées en Vt (et ΔVt)
(exprimées en ppm) permettaient d’étudier le comportement extrinsèque des cellules marginales
58
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
situées dans la queue de distribution (cf. section I.5.2.4)I.5.2.4 Outils d’analyse des données. Nous
allons désormais voir quel est l’impact sur le taux de défaillance de différents paramètres comme la
tension de seuil de lecture Vt, la température, la tension de stress VCG, le temps de stress et le
nombre de cycles. Ceci afin de bénéficier d’un modèle analytique nous permettant d’extrapoler le
taux de défaillance en fonction de ces paramètres.
II.2.3 Modélisation analytique du niveau de défaillance
II.2.3.1 Influence du critère de Vt et de ΔVt
La tension ΔVt correspond à la différence entre la tension Vt avant et après stress
(ΔVt = Vt(t) – Vt(t0)). Cette définition permet de prendre en considération l’aspect perte de charge
des cellules via ce décalage en ΔVt. Les distributions cumulées (exprimées en ppm) en Vt et ΔVt, pour
une tension de stress VCG de 7.5V à 25 °C, sont représentées en fonction du temps de stress
respectivement en Figure 2.2a et Figure 2.2b.
(b)
(a)
Figure 2.2 : Distributions cumulées en Vt (a) et ΔVt (b) pour différents temps de stress ;
Stress VCG = 7.5V, température = 25 °C
L’apparition de la queue de distribution met en évidence un comportement extrinsèque car
seules certaines cellules du plan (les plus fragiles) subissent un décalage du Vt plus important que le
reste de la population. Les cellules concernées montrent un gain de charges puisque le niveau de
défaillance augmente avec le temps de stress, formant des lignes parallèles modélisables par une loi
mathématique. Les paramètres tension de stress et température étant déjà fixées (7.5V ; 25 °C), nous
pouvons tracer la valeur logarithmique de la distribution cumulée en fonction du Vt et du ΔVt pour
différents temps de stress (24h, 48 h, 100 h), comme représenté Figure 2.3. En traçant les points
dans la partie linéaire de la droite (entre 3.5V et 4.1V pour le Vt et entre 0.5V et 1.5V pour le ΔVt) et
en les extrapolant par une loi linéaire, on détermine le niveau de défaillance en fonction du critère
de Vt ou de ΔVt selon l’équation (2.1) :
log(d.d) Vt 2
a1 (Vt2
Vt1 ) log(d.d) Vt1 (ou ΔVt)
59
(2.1)
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Avec log(d.d) Vt x qui représente le niveau de défaillance à la tension VtX et a1 le coefficient directeur
de la droite. Le coefficient a1 est compris en moyenne entre 2 et 2.2 sur les distributions cumulées en
Vt et ΔVt, quelque soit le temps de stress. Nous verrons par la suite que ce coefficient a 1 est plus
faible sur pièces cyclées où sa valeur est approximée autour de 1 dec(d.d)/V.
(a)
(b)
Figure 2.3 : Distributions cumulées en fonction de Vt (a) et de ΔVt (b) pour différents temps de
stress ; Stress VCG = 7.5V, température = 25 °C
Dans le cas où l’opération de lecture serait réalisée à une tension de lecture Vt plus importante,
nous nous situerions davantage en bout de la queue de distribution, où le nombre de cellules
défaillantes serait alors plus faible. La quantification du taux de défaillance dépend donc du critère
de lecture Vt ou du critère de pertes de charge ΔVt, qui peut être plus ou moins strict selon
l’application visée.
II.2.3.2 Influence du temps de stress
A partir des distributions cumulées de la Figure 2.2, nous pouvons tracer la valeur logarithmique
de la distribution cumulée en fonction du temps de stress, en se plaçant à un critère de lecture de Vt
donné (Figure 2.4a) ou un critère de perte de charge de ΔVt donné (Figure 2.4 b). Une loi en
puissance, sur une échelle log-log, permet d’extrapoler le niveau de défaillance à n’importe quel
temps de stress selon l’équation (2.2) :
log(d.d) t STRESS2
a2 log
t STRESS2
t STRESS1
log(d.d) t STRESS1
(2.2)
Pour des critères de Vt fixés à 3.6V et 4V, nous trouvons en moyenne un coefficient a2 valant
environ 1.3 dec(d.d)/dec(temps) (Figure 2.4a). Nous avons vérifié qu’en traçant le même graphe pour
les trois températures (25 °C, 90 °C et 150 °C), nous obtenions bien un réseau de droites parallèles
modélisables par une loi en puissance, où la valeur moyenne du coefficient a2 est d’environ 1.2.
60
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
(a)
(b)
Figure 2.4 : Distributions cumulées en fonction du temps de stress, pour différents critères de Vt
[3.6V ; 4V] (a) et de ΔVt [0.4V à 1.4V] (b); Stress VCG = 7.5V, température = 25 °C
Pour des critères de ΔVt définis entre 0.4V et 1.4V (Figure 2.4b), le coefficient a2 vaut en
moyenne 1.13 à 25 °C et est proche de 1.2 pour une moyenne sur les 3 températures. Au final, nous
pouvons approximer la valeur de ce coefficient quel que soit la température et le critère de Vt (ou de
ΔVt) entre 1.1 et 1.3 dec(d.d)/dec(temps).
II.2.3.3 Influence de la température
En utilisant le même raisonnement, nous avons évalué l’influence de la température sur le
niveau de défaillance. Le tracé de la distribution cumulée en Vt de la Figure 2.5a nous indique que le
niveau de défaillance augmente avec la température. La Figure 2.5 b, représentant la distribution
cumulée en fonction du temps de stress pour plusieurs températures permet, en fixant certains
paramètres (tension de stress à 7.5V, critère de Vt ou de ΔVt donné), de déterminer le facteur
d’accélération ainsi que l’énergie d’activation en température. Nous choisissons dans un premier
temps de travailler sur les distributions en Vt avec un critère de lecture défini à Vt=4V. Le niveau de
défaillance est représenté en Figure 2.5c pour deux temps de stress différents (24h, 100 h) selon une
loi d’Arrhenius. Il s’exprime également selon (2.3) :
ln(d.d) T2
EA q
k
1
T2
1
T1
ln(d.d) T1
(2.3)
La pente de la courbe de la Figure 2.5c donne directement l’énergie d’activation valant environ
0.21 eV si l’on prend la valeur moyenne pour les temps à 24h et 100 h. A partir de cette énergie
d’activation, nous déterminons le facteur d’accélération calculé à l’aide de l’équation (2.4) et reporté
en Figure 2.5 b.
AF
d.d T2
d.d T1
EA q
k
exp
1
T2
1
T1
(2.4)
Pour extrapoler le niveau de défaillance à une température donnée T2, il suffit de calculer le
facteur d’accélération et d’appliquer la relation suivante :
61
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
(2.5)
ln(d.d) T2 ln(d.d) T1 ln( AF)
AF3
AF2
1 ppm
150ºC
Température
90ºC
AF1
Facteurs d’accélération
25ºC
4.02
AF2 (25ºC  150ºC)
9.95
AF3 (90ºC  150ºC)
2.47
(b)
(a)
Critère : Vt = 4V
AF1 (25ºC  90ºC)
Temps de stress :
Figure 2.5 :
(a) : Distributions cumulées en Vt en fonction
du temps de stress (24h, 100 h) et de 3
températures (25, 90, 150 °C);
(b) : Distributions cumulées en fonction du
temps de stress, pour un critère de Vt = 4V et
3 températures (25, 90, 150 °C);
EA ≈ 0.21 eV
150ºC
90ºC
(c) : Exemple du tracé de la loi d’Arrhenius
pour un critère de Vt = 4V et 2 temps de
stress (24h, 100) et détermination de
l’énergie d’activation EA = 0.21 eV.
25ºC
(c)
Pour différents critères de tension de lecture Vt (entre 3.6 et 4V) et différents temps de stress
(24h, 48 h, 100 h), nous déterminons suivant l’équation (2.3) les énergies d’activation en
température moyennes, que nous trouvons comprises entre 0.17 et 0.22 eV. Ces valeurs sont
proches de celles reportées dans la littérature pour différentes technologies Flash [De Salvo '00]
[Goguenheim '01] [Modelli '01] mettant en évidence un courant de fuite attribué à du SILC dans une
gamme de température comprise entre 25 °C et 190 °C, pour un oxyde tunnel de 10 nm d’épaisseur.
II.2.3.4 Influence de la tension de stress
Il semble important de rappeler que tous ces stress de grille ont été effectués à des tensions
élevées (7V, 7.5V et 8V) afin d’accélérer les gains de charges et ainsi voir apparaître plus rapidement
la queue de distribution. Le fait de stresser à trois tensions différentes va nous permettre
d’extrapoler les niveaux de défaillance à des tensions de grille plus faibles (VCG = 4 - 5V), typiquement
celles utilisées dans le produit lors des opérations de lecture. L’influence de la tension de stress VCG
sur le niveau de défaillance est tracée sur la Figure 2.6. Il est évident que plus la tension de stress est
62
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
grande, plus le niveau de défaillance est important pour un temps de stress, un critère de lecture Vt
et une température donnés.
3
3.5
4
4.5
5
5.5 6
6.5
7
7.5 8
8.5
Figure 2.6 : Distribution cumulée en fonction de la tension de stress VCG, pour différents critères
de Vt [3.6V ; 4V] et de température (25 °C ; 150 °C) ; temps de stress = 48 h
Pour un temps de stress fixé ici à 48h et quelle que soit la température (25 et 150 °C) et le
critère de lecture choisi (Vt=3.6V et 4V), il est possible d’extrapoler le niveau de défaillance selon une
loi en puissance définie par l’équation (2.6) :
log(d.d) VCG2
a3 log
V CG
2
V CG
log(d.d) VCG1
(2.6)
1
Pour une gamme de tension de grille représentative de ce qui est utilisé dans un produit (entre
4V et 8V), le coefficient a3 est déterminé et vaut environ 1.5 dec(d.d)/V. La valeur de ce coefficient a3
est également valable pour différents temps de stress.
II.2.3.5 Influence de la dégradation en cyclage
Afin d’évaluer le comportement du niveau de défaillance en fonction du cyclage, le même stress
de grille a été réalisé après des cycles d’écriture/effacement. Différents secteurs de la macrocell
ANNA ont été cyclés à différents nombres de cycles : 1K, 10K et 100K cycles. Le même stress a
ensuite été reproduit sur ces secteurs avec les conditions suivantes : VCG = 8V, tSTRESS = (1h, 4h, 8h,
12h), température = 25 °C. Les distributions cumulées en Vt, en fonction du nombre de cycles, sont
représentées en Figure 2.7a. Elles montrent que plus les cellules d’un secteur sont cyclées, plus le
niveau de défaillance augmente, mis en évidence par un nombre de cellules extrinsèques plus
important dû aux défauts piégés dans l’oxyde tunnel durant le cyclage. Une des observations
principales est que la pente des queues de distributions après cyclage (estimée entre 1.1 et 1.3
dec(d.d)/V) est différente de celle sur population de cellules non cyclées, où sa valeur moyenne a été
déterminée entre 2 et 2.2 dec(d.d)/V. En nous plaçant dans la partie droite des courbes de la
Figure 2.7a (entre 3.8V et 5V) et en traçant le niveau de défaillance en fonction du nombre de cycles
63
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
en échelle logarithmique (Figure 2.7b), nous déterminons grâce à l’équation (2.7) le coefficient a4
traduisant la dépendance du niveau de défaillance en fonction du nombre de cycles.
100K
10K
1K
(a)
(b)
Figure 2.7 :
(a) Distribution cumulée en Vt en fonction du nombre de cycles (1K, 10K, 100K) et du temps de
stress (1h et 12h) à 25 °C.
(b) Niveau de défaillance en fonction du nombre de cycles permettant de déterminer le
coefficient a4 (pente) ; température = 25 °C, temps de stress = 12h
log(d.d)nCYC
2
a4 log
nCYC 2
nCYC1
log(d.d)nCYC
1
(2.7)
Pour différentes valeurs de tensions de lecture Vt (3.8V à 5V), le coefficient a4 vaut en moyenne
0.84 dec(d.d)/dec(nCYC) et n’est valable qu’à partir de 1Kc puisqu’à l’état vierge (cellules non cyclées),
la pente de la queue de distribution est différente. Cette différence de pente va également avoir un
impact le coefficient a2 qui est fonction du temps de stress. Ainsi, en appliquant le même
raisonnement qu’à la section II.2.3.2, sur cellules cyclées (1K, 10K et 100K), nous obtenons une
estimation du coefficient a2, valable cette fois pour cellules cyclées, comprise entre 1.45 et 1.55
dec(d.d)/dec(t).
II.2.3.6 Résumé des différents coefficients du modèle analytique
En nous inspirant de la démarche de [Tanduo '06], nous avons déterminé indépendamment
l’influence de différents paramètres (tension de stress de grille, temps de stress, tension de seuil en
lecture Vt (ou ΔVt), température, nombre de cycles) sur le niveau de défaillance. En regroupant les
différentes équations déterminées, nous proposons une équation analytique complète permettant
de modéliser et estimer le taux de défaillance afin de répondre à la problématique du read-disturb
(équation 2.8).
log(d.d)
a1 Vt a2 log(tSTRESS )
64
EA q
k T
a3 log(VCG) a4 log(nCYC )
(2.8)
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
a1, a2, a3 et a4 expriment respectivement la dépendance du niveau de défaillance en fonction de
la tension de lecture Vt, du temps de stress tSTRESS, de la tension de stress VCG appliquée et du nombre
de cycles d’écriture/lecture nCYC préalablement réalisés. EA, défini comme l’énergie d’activation en
température, exprime la dépendance du niveau de défaillance en fonction de la température. Le but
d’un tel modèle est de pouvoir estimer de manière analytique le taux de défaillance quels que soient
les paramètres électriques et en se plaçant dans les conditions d’utilisation finales d’un produit.
Le Tableau 2.1 résume les différents coefficients du modèle analytique dans le cas de cellules non
cyclées et cyclées.
Tableau 2.1 : Résumé des coefficients du modèle analytique
Critère de
lecture
Vt
Critère de
lecture
ΔVt
a1
dec(d.d)/V
Temps de
stress
tSTRESS
Tension
de stress
VCG
Nb cycles
Temperature
nCYC
T
a2
dec(d.d)/dec(t)
a3
dec(d.d)/V
a4
dec(d.d)/dec(ncyc)
EA
(eV)
1.5
0.84
0.17 – 0.21
2 – 2.2*
1.1 – 1.3*
1 – 1.1*
1.45 – 1.55*
* Coefficients déterminés sur cellules non cyclées
* Coefficients déterminés sur cellules cyclées
Concernant la dépendance en fonction du nombre de cycles, il convient de noter que le
coefficient a4 n’est valable qu’à partir de 1Kc puisque les queues de distribution après cyclage (de 1Kc
jusqu’à 100Kc) ont une pente différente (entre 1 – 1.1 dec(d.d)/V) de celles sans cyclage (2 – 2.2
dec(d.d)/V). Cette différence de pente va logiquement jouer sur la dépendance du niveau de
défaillance en fonction du temps où la valeur moyenne de a2 sur cellules cyclées (1.45 – 1.55
dec(d.d)/dec(t)) est légèrement différente que sur cellules non cyclées (1.1 – 1.3 dec(d.d)/dec(t)).
Bien que ne tenant pas compte de certains paramètres physiques propres à la cellule mémoire
(équations physiques du transistor à grille flottante, concentrations de dopants, épaisseurs d’oxyde,
capacités parasites,…), ce modèle analytique reste un outil intéressant au premier ordre pour
extrapoler les taux de défaillance des cellules d’un plan mémoire soumises à certaines contraintes
(stress électrique, cyclage, température, critère de lecture). Il permet d’avoir une vision plutôt
correcte de la criticité d’une technologie par rapport à la problématique du read-disturb. Dans cette
optique, nous proposerons dans la troisième partie de ce chapitre un modèle physique capable de
modéliser le read-disturb. Avant cela, nous allons présenter le mécanisme physique du SILC, qui est
la cause du phénomène de read-disturb.
II.3 Le phénomène de SILC
La cause principale des pertes ou gains de charges liées aux perturbations survenant durant
l’utilisation de la mémoire (perturbations de grille, de drain ou de lecture) correspond à un courant
de fuite non désiré, appelé SILC (Stress Induced Leakage Current) qui est induit par forte contrainte
électrique ou lors de cycles répétés d’écriture/effacement. Dans cette partie, nous allons voir que le
courant de SILC est relié au phénomène d’Effet Tunnel Assisté par Pièges (ETAP) que nous avons
65
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
choisi comme approche pour le modéliser en l’intégrant à un modèle classique de transistor à grille
flottante.
II.3.1 Définition
Le SILC est un courant de fuite induit par l’application d’une contrainte à fort champ électrique
(EOX> 9 MV.cm-1) [Dumin '93]. Observé pour la première fois par Maserjian et Zamani [Maserjian '82],
le SILC se manifeste par une augmentation progressive du courant de fuite à faible champ électrique
(4 - 8 MV.cm-1) sur des oxydes minces (35 à 100Å), comme le montre la Figure 2.8.
10-6
Ivierge
Istress1
Istress2
10-7
IG (A)
10-8
10-9
10-10
SILC
10-11
10-12
3
4
5
6
7
8
9
10
11
EOX (MV.cm-1)
Figure 2.8 : Caractéristique de SILC avec le courant de grille IG mesuré avant et après contrainte
électrique
Ce courant de fuite s’ajoute à la valeur du courant tunnel Fowler-Nordheim (FN) mesuré sur
structure vierge (non stressée). Expérimentalement, le courant de SILC généré se définit comme
étant égal à la différence entre le courant mesuré après contrainte électrique et le courant mesuré
pour la structure vierge [Rosenbaum '01], comme décrit dans l’expression (2.9).
ISILC
Imes aprèscontrainte Imes structurevierge
(2.9)
Le SILC se comporte comme pour le courant tunnel Fowler-Nordheim ou tunnel direct
[Jahan '97] en ce qui concerne l’effet dimensionnel en surface. En normalisant les courants par
rapport à la surface, on superpose le courant de SILC généré et mesuré sur des structures différentes,
traduisant le fait que les défauts responsables de ce mécanisme sont créés uniformément sur toute
la surface de l'oxyde, aussi bien pour des contraintes électriques de type CVS (Constant Voltage
Stress) que CCS (Constant Current Stress).
Un des aspects remarquables du SILC est que son comportement à faible champ est
complètement décorrélé des variations à fort champ (EOX > 8 MV.cm-1). Il faut donc bien dissocier
deux régimes : à faible champ où l’on mesure un courant de fuite (correspondant au SILC) dû aux
défauts dans l’oxyde et à fort champ où l’on mesure le courant de SILC et aussi l’impact des défauts
et du piégeage dans l’oxyde sur le courant Fowler-Nordheim. Le fait que le SILC soit dû à un grand
nombre de défauts de faible impact explique qu’il n’est pas mesurable sur des structures possédant
66
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
des grilles de petites surfaces. C’est pour cette raison que l’étude du SILC nécessite des capacités ou
des transistors avec des grilles de grande surface, généralement comprises entre 10-3 et 10-4 cm2.
Différentes études ont montré que l’augmentation du SILC était corrélée à une augmentation de
pièges dans le volume de l’oxyde tunnel et à l’interface Si/SiO2, générés durant la contrainte
électrique. Plusieurs mécanismes de dégradation ont été proposés pour comprendre la génération
de ce courant de SILC associé aux pièges dans l’oxyde, comme l’effet tunnel assisté par charges
positives (Positive Charge-Assisted Tunneling - PCAT) [Maserjian '82] [Modelli '01], l’effet tunnel
assisté par pièges neutres [Ricco '98] ou l’effet tunnel thermiquement assisté à l’interface Si/SiO2 dû
à l’abaissement de la hauteur de barrière de potentiel [Olivo '88].
D’autres travaux ont démontré que les électrons qui traversent l’isolant avec le SILC sont moins
énergétiques que ceux qui le traversent par effet tunnel classique et ont introduit, de manière
phénoménologique, l’idée d’effet tunnel inélastique, en faisant perdre de l’énergie aux électrons qui
transitent via ce piège [Takagi '99b] [Takagi '99c]. Cette idée avait aussi été suggérée pour expliquer
la dépendance du SILC avec l’épaisseur d’oxyde [Rosenbaum '97].
Il est également reporté dans la littérature que le niveau de courant du SILC généré par
contraintes électriques diminue lors de recuits à haute température (entre 200 et 250 °C). Cette
guérison du SILC correspond au recuit des défauts qui lui sont liés [Riess '98]. De plus, il a été
démontré que le SILC pouvait être généré et recuit de façon répétitive menant à chaque fois à un
retour aux propriétés initiales de l'oxyde [Ghibaudo '99]. Certains auteurs n'ont cependant pas
observé ce recuit systématique même au-delà de 300 ºC [Meinertzhagen '01]. L'activation en
température du SILC a de plus été étudiée pour différentes gammes d'épaisseurs d'oxyde et montre
le courant de SILC présente une forte variation de sa dépendance en température en fonction du
champ électrique [De Salvo '00] [Goguenheim '01] [Bauza '05].
II.3.2 Génération, caractérisation et modélisation du SILC
II.3.2.1 La génération du SILC
La génération du courant de SILC peut s’obtenir de différentes manières, mais la plus courante
reste l’injection de porteurs à travers l’oxyde via une forte contrainte électrique en régime FowlerNordheim. Les tests utilisés sont généralement des stress de type CVS ou CCS [Yamada '96]. De plus,
le courant de SILC apparaît quelle que soit la polarité de mesure et de la contrainte électrique
appliquée [Rosenbaum '01]. Le SILC peut également être généré par radiations ionisantes : on parle
alors de RILC pour Radiation Induced Leakage Current [Ceschia '99] [Scarpa '00] [Cellere '05a].
De nombreuses études ont été réalisées concernant la génération du SILC. Sa cinétique de
génération suit une loi en puissance en fonction du temps ou de la charge injectée, puis a tendance à
saturer pour des temps de stress proches du claquage. Par ailleurs, différentes corrélations ont pu
être établies entre le mécanisme du SILC et l’énergie des électrons traversant l’oxyde [Olivo '88], ou
encore avec la densité de charges positives [Scarpa '00] ou neutres [Buchanan '97] piégées.
En ce qui concerne l’origine physique des défauts générés, plusieurs résultats expérimentaux
montrent que le SILC est lié à l'espèce hydrogène. La génération de ce courant semble être corrélée à
la création d’états d’interfaces, qui libère l’espèce hydrogène proche de l’interface Si/SiO2
[Rofan '91]. Il a été montré qu’une solution intéressante, mais nettement plus coûteuse pour réduire
la génération du courant de SILC, est d’utiliser l’espèce deutérium à la place de l’espèce hydrogène
lors des étapes de passivation [Mitani '02].
67
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
II.3.2.2 Les méthodes de caractérisation
Il existe plusieurs méthodes de caractérisation du courant de SILC et nous allons présenter les
trois principales.
La première méthode est une mesure directe réalisant une caractéristique classique couranttension (I-V) à l’aide d’un analyseur de paramètres standard du type HP4156, sur des capacités MOS
de grande surface. Cette mesure est rapide (1 µs à 2 minutes) mais reste limitée en raison de la
précision des appareils de mesure, généralement supérieure à 10-14 A. De plus, la précision de
mesure dépend également de l’environnement et du bruit de mesure tout au long de la chaine de
mesure (matrice à relais, carte à pointes, pointes, thermochuck) et il est donc plutôt difficile
d’estimer à partir de quelle tension le courant mesuré a atteint le niveau de bruit de l’appareil.
La seconde méthode est une mesure indirecte, réalisée sur une structure de test particulière et
nommée « technique de la grille flottante » [De Salvo '99] [Renard '03] [Pic '07], que nous allons
expliquer brièvement par la suite. La mesure de courant avec cette méthode de grille flottante est
beaucoup plus longue (1h à plusieurs jours) mais elle a l’avantage d’atteindre un niveau de précision
de mesure bien plus grand (inférieure à 10-14 jusqu’à 10-16 A) puisqu’elle est décorrélée des limites de
résolution des appareils de mesure [Burignat '04]. La structure à grille flottante, représentée sur la
Figure 2.9, se compose d’une capacité tunnel généralement utilisée pour des mesures I-V standard
et d’un transistor MOS avec un oxyde épais (200Å) dont les grilles sont interconnectées. Le principe
de la mesure du courant de fuite de la capacité tunnel s’effectue de manière indirecte par le
transistor MOS qui joue le rôle d’un convertisseur tension-courant, les variations temporelles de son
courant de drain sont régies par celles de la charge stockée dans la grille commune.
Transistor haute
tension
(NMOS)
Capacité
tunnel
Grille
Grille
Oxyde épais
Source n+
IDS
Oxyde tunnel
n+ Drain
IFUITE
Substrat – type p
Figure 2.9 : Schéma de la structure à grille flottante
Nous avons développé en langage Labview un programme permettant de réaliser la séquence
de mesure. Avant de commencer, il faut au préalable réaliser la caractérisation C-V de la capacité
tunnel et la caractérisation ID(VG) du transistor MOS (indiqué sur la Figure 2.10). Puis, un potentiel de
départ est appliqué sur la grille commune en connectant les autres entrées de la structure à la
masse. Ce potentiel, généralement choisi pour se situer dans le régime Fowler-Nordheim, permet de
charger la grille de la capacité tunnel. Enfin, nous déplaçons la carte à pointes de façon à laisser la
grille commune dans un état « flottant » sans polarisation et connectons les terminaux de source, de
drain et de substrat afin de suivre la cinétique du courant de drain ID(t). La perte de charge due aux
fuites de l'oxyde de la capacité tunnel cause une diminution du potentiel de grille et provoque ainsi
68
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
une diminution du courant de drain associé au transistor. En utilisant la caractérisation IDS(VG) du
transistor, nous établissons l'évolution de VG en fonction du temps. Puis, grâce à la caractéristique CV de la capacité tunnel en régime d’inversion et en la multipliant par la dérivée dans le temps de V G,
nous obtenons au final la caractéristique du courant de fuite IFUITE en fonction de la tension de grille
VG.
1
ID (VG) MOS
Cinétique IDS (t)
1
2
2
Durée ~ 2 jours
1)
IDS(t)
ID(VG)
MOS
2)
VFG(t)
Ifuite(VFG)
Ifuite = CTUN. d(VFG)/dt
Cinétique VG (t)
4)
3)
Figure 2.10 : Principe de calcul du courant de fuite extrait par la technique de la grille flottante
1) Acquisition de IDS(t)
2) Correspondance IDS(t) / VG(t) grâce à la caractéristique ID(VG) du transistor MOS
3) Cinétique VG(t) (VG=VFG)
4) Tracé de IFUITE(VG) grâce à la caractéristique C-V de la capacité tunnel
La Figure 2.11 présente les caractéristiques courant-tension que nous avons mesurées par la
méthode directe et indirecte sur des capacités tunnel périmétriques de grande surface. Pour VFG > 0,
nous devons utiliser une structure à grille flottante couplée avec un transistor NMOS et pour VFG < 0,
avec un transistor PMOS. En utilisant la méthode de la grille flottante, les courants de fuite peuvent
être mesurés jusqu’à 10-16 A comparé à 10-13 A pour une mesure directe, soit environ 3 décades de
plus.
69
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Capacité tunnel périmétrique
Epaisseur oxyde tunnel : tOX = 9.8 nm
Température : 25ºC
Surface : 1.2e -4 cm²
Mesure I-V directe
Mesure I-V indirecte
grille flottante
VFG < 0
GF + PMOS
VFG > 0
GF + NMOS
Figure 2.11 : Comparaison des caractéristiques I-V mesurées par méthode directe (I-V standard)
et indirecte (méthode de la grille flottante)
Enfin, la troisième méthode de caractérisation est également une méthode indirecte qui
consiste à extraire la caractéristique du courant de fuite en travaillant sur une certaine statistique de
cellules sur des véhicules de test mémoires (macrocells) embarquant plusieurs millions de bits
(cf. section I.5.2.1). Ils permettent d’obtenir des caractéristiques de SILC à partir de populations de
cellules. De nombreuses études sur la caractérisation et modélisation du SILC à partir de distributions
existent dans la littérature [Brand '93] [Kato '94] [Larcher '03] [Driussi '05]. Certains auteurs ont
étudié le comportement du courant de fuite associé à du SILC en fonction de l’endurance, pour
différentes tensions de stress et temps de rétention, et pour une vaste gamme de température et
d’épaisseur d’oxyde [Modelli '01] [Belgal '02] [Régnier '07] [Plantier '12]. D’autres se sont servis de
ces distributions pour modéliser le SILC par un mode de conduction assisté par pièges (un seul piège
ou une coopération de plusieurs pièges dans l’oxyde) [Ielmini '02] [Driussi '04] [Vianello '06].
L’évaluation de la statistique du courant de SILC sur ces plans mémoires est réalisée en suivant
l’évolution de la dérive du Vt de chaque cellule mémoire et en convertissant la caractéristique Vt(t)
en I(V) [Tsuji '98] [Ogata '98]. En 2001, Ielmini et al. proposent une méthode rapide de
caractérisation du SILC sur plans mémoires en utilisant la technique de la cellule équivalente. Au lieu
d’adresser individuellement chaque cellule du plan, on définit alors la notion de « cellule
équivalente » (CE) comme une cellule fictive correspondant à un niveau de défaillance donné. Cette
cellule (n’existant pas physiquement dans le plan mémoire) représente un comportement moyen
d’un ensemble de cellules réelles. A partir de la distribution cumulée en Vt (ou ΔVt) d’une population
de cellules effacées (Figure 2.12a) soumise à une perturbation de grille (VCG = 8V), on détermine
directement la cinétique d’évolution Vt(t) ou ΔVt(t) de la cellule équivalente (Figure 2.12 b), à un
niveau de défaillance défini, par exemple à 1 ppm, qui va nous permettre d’extraire la caractéristique
du courant de fuite JFG(VFG).
70
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
(b)
(a)
Figure 2.12 : Technique de la cellule équivalente appliquée à 1 ppm (a) permettant de remonter
à la cinétique ΔVt(t) (b) afin d’extraire la caractéristique du courant de fuite
A partir de ces distributions et la cinétique de Vt ou ΔVt, nous pouvons remonter à l’évolution
de la charge de grille flottante ΔQFG puis au courant de fuite IFG à travers l’oxyde à l’aide des relations
suivantes :
Q FG
(2.10)
Vt
CPP
IFG
Q FG
t
(2.11)
où CPP est la capacité inter-polysilicium entre la grille de contrôle et la grille flottante.
Nous venons de décrire trois des principales méthodes permettant de caractériser le courant de
fuite de l’oxyde tunnel pouvant être identifié par un courant de SILC. Avant de présenter le modèle
que nous avons développé afin de modéliser le SILC qui est la cause du phénomène de read-disturb,
nous allons tout d’abord faire le point sur les différents modèles existants dans la littérature.
II.3.2.3 Revue bibliographique des modèles de SILC
Il existe essentiellement deux approches pour modéliser le SILC. La première explique le SILC par
la présence de charges positives ou de défauts dans l’oxyde qui auraient pour conséquence un
abaissement local de la barrière. La deuxième approche est basée sur un mécanisme d’Effet Tunnel
Assisté par Pièges (ETAP, ou TAT pour Trap-Assisted Tunneling).
Historiquement, une des premières hypothèses concernant la modélisation du SILC a été
d’établir que ce courant était dû à un abaissement local de la barrière de potentiel induit soit par un
courant thermiquement assisté à travers une barrière d’environ 1 eV, soit par un courant tunnel de
type Fowler-Nordheim ayant une barrière de potentiel réduite de 1 eV [Olivo '88]. Au vu du
comportement du SILC en fonction de la température et de l’épaisseur d’oxyde, Olivo et al. ont
proposé un modèle phénoménologique en montrant qu’il pouvait être modélisé pour toutes les
71
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
épaisseurs d’oxyde. D’autres auteurs ont également modélisé le courant de SILC par des mécanismes
de conduction de type Poole-Frenkel ou Schottky, pour des études en température.
Par la suite, la modélisation basée sur un effet tunnel assisté par pièges a été une étape
importante vers une meilleure compréhension du mécanisme du SILC car elle a pour objectif
d’étudier le transport des porteurs via un piège dans l’oxyde. Plusieurs modèles plus ou moins
complexes basés sur le courant TAT ont été présentés dans la littérature. En 1993, Yasuda et al
introduisent un modèle basé sur l’effet tunnel assisté par pièges pour décrire le comportement du
SILC [Yasuda '93]. Depuis, de nombreux groupes de recherches l’ont pris comme base de leur modèle
en y introduisant certaines variantes [Ricco '98] [Larcher '01]. Parmi ces modèles, on distingue ceux
qui considèrent un effet tunnel élastique, c'est-à-dire sans mécanisme de perte d’énergie lors du
passage à travers l’oxyde, et ceux qui considèrent un effet tunnel inélastique prenant en compte une
perte d’énergie. Plusieurs preuves expérimentales ont été apportées pour justifier l'inélasticité du
phénomène responsable du SILC en utilisant une méthode de séparation des porteurs dans une
structure P+/N, notamment dans [Takagi '99a] [Takagi '99b].
Certains auteurs prennent en compte les profils des pièges dans l'oxyde afin d’avoir une
modélisation plus précise [Duan '00] [Ossaimee '06]. D’autres ont travaillé et modélisé le
comportement du SILC "stable" et "instable" en intégrant les courants de recombinaison dans l'oxyde
[Ielmini '01a], en modélisant les temps de capture et d'émission des pièges [Gehring '03], ou encore
en prenant en considération des modèles assistés à un seul ou plusieurs défauts dans l’oxyde
(1-TAT ou 2-TAT) [Ielmini '01b] [Ielmini '02].
Le courant de SILC est directement relié au phénomène d’effet tunnel assisté par pièges qui
semble être l’approche la plus adaptée pour sa modélisation *Riess’99] [Régnier '07]. Nous avons
donc choisi cette approche en implémentant un mode de conduction de courant tunnel élastique
assisté par 1 piège, du fait de sa simplicité de réalisation, de sa précision de modélisation suffisante
et compte tenu de l’épaisseur d’oxyde tunnel mise en jeu (< 10 nm). Dans la suite de ce manuscrit,
nous allons présenter et détailler le modèle que nous avons développé permettant de modéliser les
courants de fuite dus au SILC, qui est le mécanisme physique et la cause du phénomène de readdisturb.
II.4 Modélisation du read-disturb
II.4.1 Présentation du modèle
Le modèle physique que nous avons développé est avant tout un outil particulièrement
intéressant pour modéliser les courants de fuite dus au SILC pouvant apparaitre pour des fortes
contraintes électriques de grille (gate stress). L’objectif final d’un tel modèle est de pouvoir étudier
l’impact de paramètres physiques (niveaux de dopage, épaisseurs d’oxyde, température),
géométriques (dimensions de la cellule, coefficients de couplage) et électriques (tension de stress,
tension de lecture, cyclage) sur le taux de défaillance de points mémoires afin de donner aux
technologues, designers et ingénieurs process des moyens d’action afin de minimiser l’effet non
désiré du read-disturb pendant la durée de vie du plan mémoire.
72
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Ce modèle est basé sur un modèle « classique » de transistor à grille flottante auquel sont
rajoutés différentes capacités comme le montrent les schémas de la structure vue en coupe selon la
longueur L (Figure 2.13a) et la largeur W (Figure 2.13 b) [Postel-Pellerin '09].
L
VCG
VCG
CPP
CS1
CS
CPP
CD1
VFG
COX
VFG
CX
CD
Source
VFG
VFG
CFIELD
CX
COX
CFIELD
Drain
W
Substrat
(a)
(b)
Figure 2.13 : Modèle classique de transistor à grille flottante prenant en compte les différents
couplages capacitifs ; vue en coupe selon la longueur L (a) et la largeur W (b)
Les différentes capacités de la structure sont :
- CPP : capacité de l’oxyde inter-polysilicium entre la grille flottante et la grille de contrôle
- CD : capacité tunnel de recouvrement de la grille flottante sur la zone de drain
- CS : capacité tunnel de recouvrement de la grille flottante sur la zone de source
- COX : capacité tunnel ou capacité de l’oxyde de grille du transistor
- CS1 : capacité de bord entre la grille flottante et la prise de contact de source
- CD1 : capacité de bord entre la grille flottante et la prise de contact de drain
- CX : capacités de couplage entre grilles flottantes adjacentes
- CFIELD : capacités parasites entre les coins de la grille flottante et le substrat
Le transistor à grille flottante est contrôlé par le potentiel de la grille flottante VFG et la charge
QFG, qui s’exprime selon la relation (2.12) :
(2.12)
QFG CPP (VFG VCG) CD (VFG VD) CS (VFG VS ) CB (VFG VB ) CX VFG QOX
où CB’ est la somme des capacités CFIELD et COX, CS’ (respectivement CD’) est la somme de CS et CS1
(resp. CD et CD1), et QOX la charge calculée au niveau de substrat. Avec VCG, VD, VS et VB, les tensions
appliquées sur la grille de contrôle, le drain, la source et le substrat, VFG s’exprime selon (2.13) :
VFG
Q FG CPP VCG CD VD C S VS CB VB Q OX
CPP CD
CS
CB
C OX
(2.13)
Après avoir déterminé la répartition spatiale du potentiel de surface ΨS le long du canal, la
charge du substrat QOX est calculée en utilisant l’approche de type Pao et Sah [Pao '66] (2.14), qui
consiste à segmenter le canal en n morceaux et à calculer pour chacun, la valeur du potentiel de
73
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
surface ΨS et la charge de la zone d’inversion QOX afin de déterminer au final le courant IDS du
transistor.
L
Q OX
(2.14)
Q OX (x) dx
0
Cette approche est intéressante puisqu’elle permet d’obtenir une localisation des différentes
grandeurs physiques le long du canal et de déterminer le courant IDS en zone de saturation, régime
de fonctionnement utilisé lors de la programmation des mémoires Flash.
A partir de la structure du modèle à grille flottante représentée en Figure 2.13a, deux modules
de courants de type Fowler-Nordheim et ETAP ont été implémentés (Figure 2.14). Le courant de fuite
IFUITE traversant l’oxyde tunnel correspond à la somme des courants Fowler-Nordheim IFN et assisté
par pièges ITAT.
CG
VCG
CPP
VFG
FG
S
COX
QFG
QOX
Source
IFN ITAT
D
Drain
Substrat
B
Figure 2.14 : Modèle de transistor à grille flottante + modules de courants Fowler-Nordheim (FN) et
assistés par piège (ETAP)
II.4.2 Implémentation du module de l’ETAP
Nous avons implémenté un module correspondant au mode de conduction de l’effet tunnel
assisté par pièges afin de modéliser le courant de SILC. Bien qu’il existe plusieurs types de modèles
dans la littérature (cf. section II.3.2.3), nous nous limiterons ici à l’étude de l’ETAP élastique (pas de
perte d’énergie des électrons transitant par les pièges) dû à un seul piège pour montrer quel type de
comportement nous pouvons attendre de ce type de mécanisme en fonction de variations de
paramètres physiques, électriques ou géométriques sur le point mémoire (température, cyclage,
épaisseur d’oxyde, niveau de dopage, géométrie de la cellule, tension de stress).
Dans un premier temps, nous décrirons le principe de l’ETAP avec les différentes équations
mises en jeu dans le modèle, avant de montrer comment nous l’avons calibré en fonction de la
température.
Le principe de base d’un courant tunnel assisté par pièges est que l’électron ne va pas traverser
la barrière tunnel en une seule étape, mais transiter par un défaut. L’effet de ce processus assisté par
piège est de sensiblement augmenter le courant tunnel puisque l’on réduit de manière apparente la
barrière vue par les électrons. Un des problèmes de cette approche est de calculer le courant tunnel
assisté par piège de la manière la plus cohérente possible, notamment concernant les courants de
74
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
piégeage et dépiégeage. L’approche utilisée pour la modélisation du SILC est basée sur le principe du
piégeage/dépiégeage décrit par la statistique de Schokley Hall Read, correspondant à une description
phénoménologique. Un piège est caractérisé par sa position spatiale XT et son niveau énergétique ET.
Le courant ETAP est constitué d’une densité de courant de capture du piège Jn1 et d’une densité de
courant d’émission ou de dépiégeage Jn2, présenté sur la Figure 2.15.
E ns is io2
EC
q
ET
S
J n1
J n2
XT
0
XT
E C_GF
t ox
Ox y d e
Tu n n e l
S u bs tra t
x
P o ly -s iliciu m
(Grille flo tta n te )
Figure 2.15 : Mécanisme tunnel assisté par un piège situé par sa position spatiale XT et
énergétique ET
On observe un courant tunnel assisté par piège uniquement s’il y a correspondance des
énergies, c’est-à-dire lorsque l’énergie de l’électron incident est supérieure ou égale au niveau
d’énergie correspondant au piège.
La densité de courant Jn1 va dépendre d’une part des mêmes paramètres que le courant tunnel,
c’est-à-dire de la charge surfacique des électrons disponible à l’interface avec l’oxyde Qn, de la
fréquence d’impact des électrons sur l’interface Fimp et de la transparence tunnel T1 [Riess '99].
D’autre part, Jn1 va aussi dépendre de paramètres propres au piège, comme la section efficace de
capture σn, la probabilité d’occupation du piège fp et la densité surfacique de piège Nit. L’équation du
courant de capture du piège Jn1 s’écrit donc :
Jn1 Q n
n Fimp T1 (1 fp ) Nit
(2.15)
Une fois les électrons capturés par un piège au sein de l’oxyde tunnel, ils vont être ré-émis selon
le courant de d’émission Jn2. Ce courant dépend de la probabilité d’occupation du piège fp, de la
transparence tunnel T2 et de la fréquence d’échappement du piège fech. Ainsi, on obtient l’expression
suivante pour Jn2 :
Jn2 q fp Nit fech T2
(2.16)
Avec la définition des courants Jn1 et Jn2, nous déterminons le courant tunnel assisté par piège,
IETAP, en considérant que le régime permanent est atteint, c’est-à-dire que l’occupation des pièges ne
varie plus au cours du temps, soit :
fp
t
0
ou
Jn 1 Jn 2
75
(2.17)
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
d’où, en égalant les courants Jn1 et Jn2, on trouve :
fp
1
q Fech T2
1
Q n n Fimp T1
(2.18)
Avec ce calcul de la probabilité d’occupation, on peut déterminer la densité de courant tunnel assisté
par pièges, JETAP :
JETAP Jn1
(2.19)
Ce modèle est bien adapté dans la mesure où le courant de fuite dû aux pièges dans l’oxyde est
dominé par un ETAP à un seul piège, mais il n’est pas à exclure que pour des oxydes épais (> 10 nm),
des mécanismes mettant en jeu deux (ou plusieurs) pièges doivent probablement être pris en
compte afin de bien modéliser les fuites à faible champ. En d’autres termes, il faudrait ajuster les
équations du modèle en considérant la conduction piège à piège.
Pour les différentes températures mises en jeu lors de nos expériences de gate stress (cf. section
II.2.3.3), il nous était difficile de modéliser correctement les fuites de courant à faible champ. Nous
avons alors introduit une dépendance en température sur le paramètre de la section de capture du
piège σn, en suivant une loi d’Arrhenius. En effet, il ne semble pas déraisonnable de penser que la
température a un effet sur la capacité du piège à capturer un électron et qu’il existe une énergie
d’activation sur la section de capture σn. Cette dernière s’exprime selon (2.20) :
n
0 exp
EA q
k T
(2.20)
avec σ0, le coefficient linéaire de la section de capture et EA, le coefficient exponentiel correspondant
à l’énergie d’activation en température. Nous ajustons le paramètre σn afin que les courbes JFG(VFG)
simulées et extraites soient alignées pour les 3 températures mises en jeu. En traçant ln(σn) en
fonction de q/(k.T), la pente donne directement l’énergie d’activation en température déterminée à
EA = 0.17 eV, comme le montre le graphe d’Arrhenius en Figure 2.16. Sur la caractéristique JFG(VFG), le
paramètre EA influe sur le niveau de courant de l’ETAP à faible champ et l’écartement entre les 3
courbes en température. Cette valeur d’énergie d’activation jouant sur la section de capture σn, et
par conséquent sur le niveau de courant JFG, correspond à la gamme d’énergie d’activation en
température (0.17 - 0.22 eV) déterminée à la section II.2.3.3.
76
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Température (ºC)
90
27
ln (σn)
150
q / (k.T) (eV)
Figure 2.16 : Dépendance en température de la section
efficace de capture (diagramme d’Arrhenius)
Le modèle est calibré pour obtenir une bonne corrélation entre mesures et simulations et on
extrait les paramètres d’un piège dans le volume de l’oxyde qui sont : son niveau d’énergie ET, sa
position dans le volume de l’oxyde XT, sa section efficace de capture σn et une densité surfacique de
piège Nit. La section efficace de capture du piège σn correspond à la limitation spatiale de l’impact du
défaut. Dans le cas d’une charge positive, la section de capture est d’environ 10-12 cm2, pour des
défauts neutres la section de capture est inférieure de plusieurs décades. Dans la littérature, la
fréquence d’échappement Fech est fixée pour un modèle élastique autour de 1012 s-1 [Riess '99] et
pour un modèle inélastique à 1014 s-1 [Pic '07]. Afin de simplifier l’extraction des différents
paramètres lors de nos simulations, nous avons choisi de fixer la fréquence d’échappement Fech à
1012 s-1 [Riess '99], la section de capture σ0 à environ 10-14 cm² (défauts neutres) et l’énergie
d’activation en température EA à la valeur précédemment déterminée (0.17 eV).
II.4.3 Procédure d’utilisation du modèle
Nous venons de voir comment, à partir d’un modèle de transistor à grille flottante auquel sont
rajoutées des capacités parasites, nous avons implémenté deux modules de courant par conduction
Fowler-Nordheim et assisté par pièges. Puis, nous avons montré comment nous avons calibré le
module de l’ETAP en température en introduisant une dépendance sur le paramètre de la section de
capture. Dans ce paragraphe, nous proposons d’expliquer les différentes étapes de procédure afin
d’utiliser ce modèle, puis nous donnerons un exemple concret d’utilisation. Les informations notées
en rouge sur le schéma explicatif de la Figure 2.17 sont les paramètres d’entrée du modèle (mesures
à réaliser et paramètres du piège du module de l’ETAP).
77
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
IDS(VGS)
sur dummy cell
Phase 1
Caractérisation de la cellule
• Calibration sur dummy cell
• Extraction : épaisseurs d’oxyde, dopage substrat,
charges de grille, VFG @ Id constant, couplages capacitifs
Cinétique VT(t)
ou ΔVT(t)
tOX,tONO,NSUB,VFG
QGMOS,αG, αD, αS, αB
Phase 2
Modélisation du courant de fuite
VT
ΔVT
IFUITE
Paramètres du piège
(XT, ET, σn, NIT)
Module de courant FN
(Q FG )
(t)
Extraction de la
caractéristique de fuite I-V
IFUITE (VFG)
Phase 3
EOX
VFG
QFG
Modèle du transistor
à grille flottante
Module de courant ETAP
Concordance ?
Simulation de la
caractéristique de fuite I-V
ISIMU = Σ (IFN + IETAP)
Simulation de la rétention
QFG(t)
Modèle du transistor
à grille flottante
VFG
EOX
ITUNNEL
QFG(t+1)
VT, ΔVT
Figure 2.17 : Étapes de la procédure d’utilisation du modèle
Les phases 1 et 2 correspondent aux phases de caractérisation et de calibration, tandis que la
phase 3 représente la phase d’exploitation du modèle permettant de simuler l’aspect rétention de
charges.
La première phase concerne la caractérisation de la cellule mémoire. Elle débute par la
caractérisation électrique du transistor équivalent ou « dummy cell ». Une comparaison entre
mesure et simulation de la caractéristique IDS(VGS) sur dummy cell permet de déterminer les
principales grandeurs physiques de la structure comme la tension de seuil Vt, le dopage du substrat
NSUB et la mobilité des porteurs µ0 (Figure 2.18).
78
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Extraction du Vt
Extraction du
dopage substrat
(a)
(b)
Figure 2.18 : Extraction de la tension de seuil Vt et du dopage substrat NSUB à partir de la
caractéristique IDS(VGS) de la dummy cell : échelle linéaire (a) et logarithmique (b)
Ensuite, les principaux paramètres physiques de la cellule mémoire sont définis : les niveaux de
dopages de la cellule (dopage au niveau de la grille de contrôle, de la grille flottante, du drain et de la
source), les épaisseurs des oxydes (oxyde tunnel, diélectrique ONO) ainsi que les dimensions
géométriques de la cellule vont nous permettre de déterminer les valeurs des capacités et les
coefficients de couplage de la cellule (αG, αD, αS, αB). Ces différents paramètres physiques et
dimensionnels sont reportés dans le Tableau 2.2.
Tableau 2.2 : Définition des paramètres physiques et dimensionnels du point mémoire
Niveaux de dopages (m-3)
Epaisseur d’oxyde (nm)
NSUB
NCG
NFG ND, NS
tTUN
tONO
1.1e24
5e26
5e25
6e24
9.8
14.5
Coefficients de couplage
αG
αD
αS
αB
0.57
0.107
0.107
0.216
Dans ce qui suit, nous allons dérouler la procédure d’utilisation de ce modèle et montrer
comment l’utiliser à partir d’une expérience de gate stress donnée. Les conditions de l’expérience
sont les suivantes : population de cellules non cyclées effacées comprises entre 1.5 et 3.5V, tension
de stress sur la grille VCG = 8V jusqu’à 8h de gate stress.
La deuxième phase consiste à extraire la caractéristique courant-tension de l’oxyde tunnel et
modéliser la fuite de courant due au SILC en utilisant la technique de la cellule équivalente (détaillée
à la section II.3.2.2 et dans [Modelli '01]) sur les données expérimentales de gate stress. En d’autres
termes, à partir de la cinétique Vt(t) ou ΔVt(t) et des équations (2.10) et (2.11), nous déterminons la
caractéristique de courant de fuite tunnel JTUN(VFG) extraite à partir des données expérimentales
(Figure 2.19a).
79
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
VCG = 8V
25ºC
Cellules non cyclées
(a)
(b)
Figure 2.19 : Caractéristiques JTUN(VFG) montrant la modélisation des fuites de courant tunnel
(a) ; comparaison mesures vs. simus de la cinétique ΔVt(t) pour différents stress de grille (b)
Puis, nous procédons à l’extraction des paramètres du piège afin de faire correspondre la
caractéristique simulée (JFN + JETAP)(VFG) à la caractéristique JTUN(VFG) extraite expérimentalement
(cf. Tableau 2.3). Nous rappelons que certains paramètres ont été fixés aux valeurs suivantes :
Fech = 1012 s-1, σ0 = 10-14 cm², EA = 0.17 eV. Avec un piège situé plus loin que le centre de l’oxyde par
rapport à l’interface Si/Si02 (à 5.94 nm sur une épaisseur d’oxyde tTUN de 9.8 nm) et une position
énergétique de 2.72 eV, nous arrivons à une bonne corrélation. Il est intéressant de discuter de la
position spatiale XT et énergétique ET du piège dans le volume de l’oxyde. Le paramètre XT permet
essentiellement de modifier la pente pour ajuster le courant de SILC à faible champ. Le paramètre ET
permet d’ajuster le courant de SILC à fort champ. Il est important de noter que même une faible
variation de XT et ET entraîne une variation importante de la pente et du niveau de courant puisque
ces deux paramètres interviennent dans une exponentielle lors du calcul des transparences tunnel T1
et T2. Pour l’épaisseur d’oxyde tunnel à laquelle nous travaillons, le paramètre XT = 5.94 nm permet
un bon ajustement de la pente du plateau à faible champ (2.5V ≤ VFG ≤ 5V) tandis que ET = 2.72
permet un bon ajustement à fort champ (VFG ≥ 8V). La courbe simulée représente la somme des
courants Fowler-Nordheim et assisté par pièges.
Tableau 2.3 : Paramètres du piège de l’ETAP (différents VCG)
Gate Stress 8V - 25ºC - Cellules non cyclées
XT (nm)
5.94
ET (eV)
2.72
NIT (cm-2)
5.1012
Une fois que la fuite du courant tunnel a été modélisée en ajustant les paramètres du piège de
l’ETAP, nous entrons dans la troisième phase (correspondant à la phase d’exploitation du modèle)
dans laquelle il devient alors possible de simuler l’aspect rétention de charges du point mémoire via
la cinétique en Vt ou en ΔVt. La Figure 2.19b représente la concordance entre les mesures de ΔVt(t)
extraites par la technique de la cellule équivalente et les données simulées du modèle pour
différentes tensions de stress VCG appliquées sur la grille de contrôle. En se basant sur le coefficient a1
80
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
en fonction du ΔVt du modèle analytique présenté au début de ce chapitre (cf. section II.2.3.6), nous
pouvons reconstituer l’allure de la queue de distribution, comme le montre la Figure 2.20a. Dans le
cas de cellules non cyclées, nous avons fixé ce coefficient à 2 dec(d.d)/V afin d’obtenir une bonne
concordance entre simulations et mesures. Notre modèle étant désormais calibré pour une tension
de stress VCG à 8V à 25 °C, nous pouvons simuler l’effet du read-disturb pour des tensions de stress
plus faibles utilisées au cours de la vie du produit et extrapoler le taux de défaillance pour des
spécifications définies.
Considérons le cas d’utilisation suivant : on considère que la mémoire stocke un code
d’instruction et que ce dernier, écrit sur une page (une page correspond à plusieurs mots d’une
wordline), va être lu de manière continue et répétée à la tension de grille VCG = 5V pendant 1000
heures par an. Le critère de durée de vie du produit étant de 10 ans, le temps d’accès total sur cette
page est donc de 6000 h. En prenant par exemple un critère de rétention relâché (500 mV) ou plus
sévère (200 mV) sur le ΔVt, on peut estimer le taux de défaillance à une tension de stress VCG
donnée. La Figure 2.20 b représente le taux de défaillance extrapolé à 6000 h pour une tension de
stress de 5V à 25 °C.
6000 h
Données simulées
Données expérimentales
VCG = 8V – 25ºC
Cellules non cyclées
VCG = 5V
Cellules non cyclées
Pente ajustée :
2 dec(d.d)/Volt
5.4 ppm
1.4 ppm
(a)
(b)
Figure 2.20 : Modélisation de la queue de la distribution (a) et extrapolation du taux de
défaillance à 6000h pour deux critères de rétention ΔVt = 200 mV et 500 mV (b)
II.4.4 Exploitation du modèle
Nous venons de voir les étapes du modèle permettant à partir de données expérimentales de
gate stress, d’estimer le taux de défaillance de points mémoires en fonction de différents
paramètres physiques (niveaux de dopage, épaisseurs d’oxyde, température), géométriques
(dimensions de la cellule mémoire, coefficients de couplage) et électriques (tension de stress VCG,
tension de lecture VtLECTURE, cyclage). Nous allons maintenant exploiter ce modèle en faisant varier
ces différents paramètres dans le but d’étudier leur impact sur le taux de défaillance.
II.4.4.1 Effet de la température
En appliquant la technique de la cellule équivalente sur les résultats expérimentaux issus de la
Figure 2.5a (expérience de gate stress à VCG = 7.5V pour 3 températures : 25, 90 et 150 °C), nous
avons extrait les caractéristiques des courants de fuite JTUN(VFG) pour les 3 températures puis
81
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
déterminé les paramètres du piège de l’ETAP afin que les courbes de courant tunnel simulées
correspondent aux données mesurées, comme le montre la Figure2.21. Les paramètres de piège
déterminés sont légèrement différents de ceux de l’exemple précédent en raison de la variabilité du
procédé de fabrication (différent lot, différent wafer) mais permettent une bonne concordance
quelque soit la température. Ces valeurs sont reportées dans le Tableau 2.4.
Tableau 2.4 : Paramètres du piège de
l’ETAP (température)
Gate Stress 7.5V - cellules non cyclées –
différentes températures
25,90,150ºC
XT (nm)
6.01
ET (eV)
2.76
σ0
VCG = 7.5V
Cellules non cyclées
(cm2)
1.10-14
NIT (cm-2)
3.8.1013
EA (J)
0.17
Figure 2.21 : Caractéristiques JTUN(VFG) montrant la modélisation des fuites de courant tunnel
pour les 3 températures.
6000 h
Pour les trois températures, les cinétiques de rétention en ΔVt pour les valeurs expérimentales
et simulées à VCG = 7.5V sont représentées sur la Figure 2.22a. Puis nous simulons à un stress de grille
à VCG = 5V afin d’extrapoler les taux de défaillance pour les températures mises en jeu (Figure 2.22b).
VCG = 5V
Cellules non cyclées
16.6 ppm
3.9 ppm
0.7 ppm
VCG = 7.5V
Cellules non cyclées
(b)
(a)
Figure 2.22 : Comparaison mesures vs. simulations de la perte en ΔVT (t) à VCG = 7.5V pour les 3
températures (a) ; extrapolation du taux de défaillance à 10 ans pour un stress de grille à 5V
pour le critère de rétention ΔVt = 500 mV (b)
Pour un critère de rétention donné (ΔVt = 500mV), les taux de défaillance à 6000h pour un
stress VCG = 5V sont extrapolés pour les différentes températures. Entre 25 °C et 90 °C, nous pouvons
noter une différence d’un facteur 6 et entre 25 °C et 150 °C, une différence d’un facteur 24 environ.
À 25 °C, nous estimons un niveau de défaillance d’environ 0.7 ppm, comparé à 1.4 ppm déterminé
82
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
précédemment dans l’exemple (cf. section II.4.3). Cette différence peut s’expliquer par le fait que ces
deux expériences ont été réalisées sur des process, lots et wafers différents et a conduit à
déterminer des valeurs différentes pour les paramètres du piège de l’ETAP.
II.4.4.2 Effet du cyclage
Nous avons reproduit ces expériences de gate stress sur des pièces stressées à différents
nombres de cycles (1K, 10K et 100K cycles) afin d’évaluer l’impact du cyclage sur le taux de
défaillance lié au phénomène de read-disturb. Le test d’endurance est effectué à 25 °C, la tension de
gate stress après cyclage est de VCG=8V. Le but de faire cette étape de cyclage permet d’obtenir un
nombre de cellules marginales plus important apparaissant dans la queue de distribution, et donc un
taux de rejets plus fort, comme le montre la Figure 2.23. En effet, les défauts crées durant le cyclage
accélèrent les pertes (ou gains) de charge des cellules mémoires.
Cellules vierges
Cellules cyclées
VCG = 8V ; 25ºC
Cellules cyclées 100Kc
Extraction à 10 ppm
Cellules vierges
Figure 2.23 : Distribution cumulée montrant un grand nombre de cellules extrinsèques dû à la
dégradation en cyclage
Les caractéristiques du courant tunnel extraites à 10 ppm et simulées pour les différents niveaux
de cycles à 25 °C sont présentées Figure 2.24. Nous pouvons remarquer un changement de pente
entre l’extraction du courant de fuite sur cellules vierges et après cyclage, que l’on retrouve
également sur les queues de distribution de cellules vierges et cyclées de la Figure 2.23. Nous avions
déjà remarqué ce changement de pente lorsque nous étudions l’influence du cyclage sur le modèle
analytique (cf. section II.2.3.5)II.2.3.5 Influence de la dégradation en cyclage.
83
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Vierge,1K,10K,100K
VCG = 8V
Cellules cyclées
Figure 2.24 : Caractéristiques JTUN(VFG) montrant la modélisation des fuites de courant tunnel en
fonction du nombre de cycles.
Afin de bien modéliser la fuite de courant tunnel, il est nécessaire d’ajuster les paramètres du
piège dans l’oxyde. Certains paramètres ont été fixés comme la position XT du piège dans l’oxyde par
rapport au substrat, la section efficace de capture σ0 et l’énergie d’activation en température EA
puisque nous travaillons à température fixe (25 °C). Les deux seuls paramètres qui varient en
augmentant en fonction du nombre de cycles sont la position énergétique du piège ET et la densité
surfacique de pièges NIT. Le Tableau 2.5 résume les valeurs déterminées pour ces paramètres.
Tableau 2.5 : Paramètres du piège de l’ETAP (cyclage)
Gate Stress VCG = 8V – cellules vierges et cyclées – 25ºC
Vierge
1Kc
10Kc
100Kc
XT (nm)
5.87
5.87
5.87
5.87
ET (eV)
2.7
3
3.1
3.2
5.1012
2.3.1014
1.8.1015
1.2.1016
NIT
(cm-2)
La Figure 2.25 montre qu’en modélisant par une loi en puissance les paramètres ET et NIT en
fonction du nombre de cycles (1Kc, 10Kc, 100Kc), nous pouvons vérifier graphiquement que les
paramètres déterminés pour une cellule vierge ne sont pas très loin des valeurs trouvées par
modélisation. On trouve environ 2.7 eV pour ET et 1.1012 cm-2 pour NIT.
La Figure 2.26a présente une comparaison entre les données expérimentales et simulées de
gate stress qui permettent la modélisation de la queue de distribution de cellules cyclées jusqu’à
100Kc à 25 °C. La valeur de la pente de la queue de distribution a été réglée à 1.1 dec(d.d)/V, valeur
que nous avions déjà estimée pour le modèle analytique sur cellules cyclées (cf. section II.2.3.5). En
réglant les paramètres du piège de l’ETAP pour le cas 100Kc, nous pouvons simuler la cinétique de
ΔVt pour une tension de stress VCG de 5V après 100K cycles, comme représenté sur la Figure 2.26b,
puis extrapoler le taux de défaillance à 6000h (Figure 2.26c).
84
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
(b)
(a)
Figure 2.25 : Extrapolation par une loi en puissance des paramètres de l’ETAP en fonction du
nombre de cycles : position énergétique ET (a) et densité surfacique de pièges NIT (b)
Pente : ≈ 1.1 dec(d.d)/Vt
(b)
(a)
6000 h
Figure 2.26 :
Modélisation de la queue de la distribution de
cellules cyclées (a)
1630 ppm
Comparaison mesures vs. simulations de la
cinétique ΔVt(t) pour VCG = 8V et 5V (b)
VCG = 5V
Cellules cyclées (100Kc)
Extrapolation du taux de défaillance à
6000 h pour un stress de grille constant à 5V
sur cellules cyclées (100Kc) à 25 °C en
considérant le critère ΔVt = 500 mV (c)
(c)
Après un cyclage préalable de 100K cycles répétés d’écriture/effacement, le taux de défaillance
estimé à 6000 h pour un critère de rétention ΔVt valant 500mV et un stress de grille VCG de 5V est
d’environ 1630 ppm. Nous obtenons une différence de 3 décades (1.4 ppm / 1630 ppm) sur le taux
de défaillance entre cellules vierges et après 100K cycles. Bien que ces extrapolations nécessitent de
85
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
prendre en considération certaines marges d’erreur, elles donnent en tout cas une indication sur le
taux de défaillance et l’effet du cyclage sur ce dernier.
II.4.4.3 Effet d’autres paramètres (épaisseur d’oxyde, dopage, dimensions cellule)
Nous avons vu l’effet du cyclage et de la température sur le taux de défaillance d’un point
mémoire. Nous allons maintenant étudier l’impact d’autres paramètres physiques majeurs de la
cellule mémoire comme l’épaisseur d’oxyde (tTUN), le niveau de dopage du substrat (NSUB) et la
géométrie de la cellule (différentes largeurs de grille W).
Afin de modéliser le courant de fuite, les valeurs des paramètres du piège de l’ETAP sont les
mêmes que ceux déterminés précédemment en fonction du cyclage (Tableau 2.3). Nous appliquons
exactement la même méthode que précédemment afin de déterminer le taux de défaillance à 6000 h
pour un critère de rétention ΔVt valant 500mV. Les principaux résultats des effets de variations du
niveau de dopage (dopage standard, dopage x 2, dopage / 2) et de l’épaisseur de l’oxyde tunnel
(tTUN, tTUN - 2Å, tTUN + 2Å) sur le taux de défaillance sont regroupés sur la Figure 2.27. La courbe de
référence correspond à un niveau de dopage standard et un oxyde tunnel dont l’épaisseur vaut
9.8nm.
6000 h
VCG = 5V
Cellules non cyclées
Figure 2.27 : Extrapolation du taux de défaillance à 6000h pour un stress VCG = 5V sur cellules
non cyclées (25 °C ; ΔVt = 500mV) en fonction de l’épaisseur d’oxyde tunnel et du dopage
substrat
Le Tableau 2.6 récapitule les taux de défaillance extrapolés à 6000 h à VCG=5V et donne des
tendances de l’impact de ces paramètres sur le taux de défaillance.
86
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
Tableau 2.6 : Tendances de l’impact des paramètres du modèle sur le taux de défaillance
(VCG=5V; 6000h; 25ºC)
Facteur d’ impact sur le taux de
défaillance
(impact positif
ou négatif
)
tTUN – 2A
16.4
7
tTUN
2.2
/
tTUN + 2A
0.7
3
NSUB / 2
0.1
22
NSUB
2.2
/
NSUB x 2
60.8
27
W=0.16
2.5
1.6
W=0.14
4.1
/
W=0.12
6.2
1.5
Vierge
1.4
/
100 Kc
1630
1000
25ºC
0.7
/
90ºC
3.9
6
150ºC
16.6
24
Taux de défaillance
extrapolé
Epaisseur d’oxyde
tunnel
Niveau de dopage du
substrat
Géométrie de la cellule
(surface de la cellule
constante : 0.18 µm²)
Endurance
Température
On constate qu’en augmentant de +2Å l’épaisseur de l’oxyde tunnel, nous pourrions gagner un
facteur 3 sur le taux de défaillance. En revanche, en la diminuant de -2Å, le taux de défaillance
pourrait grimper d’un facteur 7 environ. Le niveau de dopage du substrat possède quant à lui un très
fort impact au niveau du taux de défaillance de cellules sujet au read-disturb puisque nous estimons
un gain d’environ 22 en diminuant le niveau de dopage par deux. Relativement peu d’effet est
observé en jouant sur la géométrie de la cellule (les variations concernent la largeur W de la cellule,
la surface totale restant constante à 0.18 µm²). Une différence d’un facteur ≈ 1.5-1.6 est estimée en
modifiant W de ± 20 nm. Le fait de cycler préalablement la cellule (100 Kc dans cet exemple) avant
d’effectuer le test de read-disturb augmente considérablement le taux de défaillance d’un facteur
1000 (3 décades). Enfin, l’effet de la température montre un taux de défaillance plus fort d’un
facteur 6 à 90 °C et d’un facteur 24 à 150 °C. En jouant sur les dimensions « process » et sur les
conditions de stress (température, endurance), le taux de défaillance de cellules mémoires impactées
par le phénomène de read-disturb peut être réduit. Néanmoins, de telles modifications pouvant
améliorer d’un côté les problèmes issus de perturbations de grille (read-disturb, programmingdisturb) pourraient desservir d’un autre côté certains autres aspects de performance et de fiabilité
du point mémoire comme l’efficacité d’injection, la fenêtre de programmation, les courants de fuite
de bit-line, le courant de consommation ou encore l’endurance de la cellule qu’il serait alors
nécessaire de ré-évaluer. Ces différents aspects sont à l’étude dans le chapitre 3.
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons présenté la caractérisation et la modélisation du phénomène de
read-disturb. Dans un premier temps, nous avons caractérisé ce phénomène en le mettant en
87
Chapitre 2 : Caractérisation et modélisation du phénomène de read-disturb
évidence par stress électrique (gate stress) sur des plans mémoires complets (macrocell mémoire) et
en étudiant l’influence de différentes contraintes (tension de stress, temps de stress, température,
endurance, tension de lecture) sur le taux de défaillance des cellules mémoires afin d’en proposer un
modèle analytique. Ce dernier reste, au premier ordre, un outil intéressant puisqu’il permet d’avoir
une vision plutôt correcte de la criticité d’une technologie par rapport à la problématique du readdisturb. En revanche, il ne tient pas compte de certains paramètres physiques propres à la cellule
mémoire (concentrations de dopants, épaisseurs d’oxyde, géométrie de la cellule, couplages
capacitifs) qu’il serait intéressant d’intégrer au modèle.
Dans un second temps, nous nous sommes intéressés au mécanisme physique responsable du
phénomène de read-disturb : le SILC. La génération, les méthodes de caractérisation et les
différentes approches existantes dans la littérature afin de modéliser ce courant de fuite non désiré
ont été abordées. Nous avons notamment vu que le SILC était directement relié au phénomène
d’effet tunnel par pièges (ETAP), qui nous a semblé être l’approche la plus adaptée pour sa
modélisation.
Dans un troisième temps, nous avons donc proposé un modèle physique permettant de
répondre à la problématique du read-disturb et de modéliser le SILC. Il est basé sur une approche
classique du transistor à grille flottante auquel nous avons implémenté un mode de conduction de
courant tunnel élastique assisté par 1 piège. Nous avons introduit par la suite une dépendance en
température sur la section de capture du piège suivant une loi d’Arrhenius qui nous a permis de
calibrer le modèle pour des températures supérieures à 300K. Ce modèle permet également de
simuler la rétention de charges du point mémoire et de reconstituer, en l’associant aux équations du
modèle analytique, l’allure de la queue de distribution de cellules d’un plan mémoire soumises à des
stress de grille (gate stress). Après une description de la procédure d’utilisation du modèle, nous
avons étudié l’impact des variations de paramètres physiques (dopage du substrat, épaisseur
d’oxyde, température), géométriques (dimensions de la cellule) et électriques (tension de stress,
cyclage) sur le taux de défaillance de points mémoires afin de donner aux technologues, designers et
ingénieurs process des moyens d’action afin de minimiser l’effet non désiré du read-disturb pendant
la durée de vie du plan mémoire.
Les axes de développement de ce modèle sont nombreux. En effet, ce modèle exploitant la
technique de la cellule équivalente lors de l’extraction des mesures de gate stress, permet de
modéliser le courant de SILC associé à une cellule mémoire qui n’existe pas physiquement dans le
plan mémoire, considérée comme virtuelle. Les paramètres du piège de l’ETAP sont alors considérés
comme moyennés. Il serait alors très intéressant d’automatiser la détermination des paramètres du
piège de l’ETAP afin de pouvoir travailler sur quelques centaines de cellules individuelles réelles
appartenant au plan mémoire, et ainsi, avoir une comparaison directe entre la modélisation du
courant de SILC sur une cellule moyenne (en utilisant comme nous l’avons fait la technique de la
cellule équivalente) et sur une population de cellules individuelles réelles. Concernant les
perspectives d’évolution de ce modèle, il serait intéressant de ré-écrire les codes de calcul
développés avec le logiciel Mathcad en langages de programmation tels le C ou C++ afin de l’intégrer
à des simulateurs de type Spice ou encore dans un modèle compact. Cela en ferait un outil de
simulation précieux pour évaluer et anticiper les éventuels problèmes de perturbations liés au plan
mémoire sur les nœuds technologiques actuels et l’intégration de nouveaux dispositifs mémoires
développés à STMicroelectronics.
88
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Chapitre 3
Fiabilité et performances de la cellule
Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et
aux conditions électriques
horizontal
cut
Std
+20 keV
+10 keV
+30 keV
Ce troisième chapitre est consacré à différentes études permettant de caractériser la fiabilité
et les performances du point mémoire Flash. La description du flot de fabrication pour concevoir le
point mémoire est présentée en début de chapitre. Dans une deuxième partie, une étude orientée
process concernant l’impact de la recette de poly-réoxydation sur la fiabilité de l’oxyde tunnel est
présentée. Les aspects performance et fiabilité seront étudiés dans une troisième partie en
caractérisant l’influence des variations de l’énergie d’implantation du LDD et du dopage du canal
sur la cellule. Enfin, la dernière partie, davantage axée sur les conditions électriques de
fonctionnement que sur le procédé de fabrication, permet d’étudier l’impact des conditions de
polarisations lors de l’opération de lecture ainsi que les effets de l’endurance et de la tension de
drain lors de l’opération de programmation sur la consommation énergétique du point mémoire.
89
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Introduction ................................................................................................................... 91
III.1 Description du flot de fabrication CMOS 90nm avec mémoire Flash embarquée ....... 91
III.2 Etude de la fiabilité de l’oxyde tunnel liée à la recette de poly-réoxydation .............. 93
III.2.1 Contexte .................................................................................................................................. 93
III.2.2 Le rôle de l’étape de poly-réoxydation ................................................................................... 93
III.2.3 Notions de piégeage dans l’oxyde et à l’interface Si/Si02 ....................................................... 95
III.2.4 Impact de la recette de poly-réoxydation sur le piégeage de charges ................................... 97
III.2.4.1 Caractérisation "Stress à courant constant" ou CCS ........................................................ 97
III.2.4.2 Caractérisation "C(V) après stress CCS" ........................................................................... 99
III.2.5 Impact de la poly-réoxydation sur les faibles courants de fuite ........................................... 103
III.2.6 Conclusion ............................................................................................................................. 104
III.3 Effets de variations de l’énergie d’implantation des LDD et de dopage du canal sur la
cellule mémoire Flash ....................................................................................................104
III.3.1 Contexte ................................................................................................................................ 104
III.3.2 Le rôle des implants LDD et du dopage du canal .................................................................. 105
III.3.3 Détails expérimentaux et méthodes de mesure ................................................................... 105
III.3.3.1 Structures de test et détails des variations « process » ................................................. 105
III.3.3.2 Méthodes de mesure liées à l’aspect consommation du point mémoire...................... 106
III.3.4 Effets de variations de l’énergie d’implantation des LDD et de la dose du dopage canal .... 107
III.3.4.1 Influence sur la fenêtre de programmation ................................................................... 107
III.3.4.2 Influence sur le courant de fuite de bit-line ................................................................... 110
III.3.4.3 Influence sur la dégradation en cyclage ......................................................................... 113
III.3.5 Discussion et conclusion........................................................................................................ 114
III.4 Effets des conditions de lecture, de la tension de drain et de l’endurance sur la
consommation du point mémoire ..................................................................................116
III.4.1 Contexte ................................................................................................................................ 116
III.4.2 Caractérisation du courant de fuite de bit-line en mode lecture ......................................... 116
III.4.2.1 Effet de la tension de vérification de déplétion ............................................................. 116
III.4.3 Caractérisation de la consommation énergétique du point mémoire lors de sa
programmation en fonction de l’endurance et de la tension de drain ........................................... 118
III.4.3.1 Impact de la tension de drain sur la fiabilité en endurance ........................................... 119
III.4.3.2 Impact de la tension de drain sur la consommation du point mémoire ........................ 121
III.4.3.3 Comportement de la consommation du point mémoire au cours du cyclage .............. 123
Conclusion .....................................................................................................................125
90
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Introduction
La fiabilité et les performances attendues pour les cellules mémoires Flash sont deux enjeux
majeurs dans le développement technologique de ce type de mémoire non volatile. Dans le but de
réaliser des mémoires jouissant d’excellentes performances et de garantir les spécifications
demandées par le client, il est donc particulièrement important de trouver des solutions
d’optimisation, tant au niveau du procédé de fabrication qu’au niveau de la conception et des
conditions électriques d’utilisation de la mémoire.
Ce chapitre présente différentes études permettant de caractériser la fiabilité et les
performances du point mémoire Flash. La première partie de ce chapitre est consacrée à la
description du flot de fabrication pour concevoir la cellule mémoire Flash. Puis, dans une deuxième
partie, nous présenterons une étude concernant l’impact de la recette de poly-réoxydation sur la
fiabilité de l’oxyde tunnel. Dans une troisième partie, les aspects performance et fiabilité seront
étudiés en caractérisant l’influence des variations de l’énergie d’implantation du LDD et du dopage
du canal sur la consommation et la fiabilité de cellule mémoire. Des mesures de consommation
d’énergie, de fuites de courant et de dégradation en endurance seront présentées et discutées.
Enfin, la dernière partie, davantage axée sur les conditions électriques de fonctionnement que sur le
procédé de fabrication, permettra d’étudier l’impact des conditions de polarisations lors de
l’opération de lecture ainsi que les effets de l’endurance et de la tension de drain lors de l’opération
de programmation sur la consommation énergétique du point mémoire.
III.1 Description du flot de fabrication CMOS 90nm avec
mémoire Flash embarquée
La technologie que nous utilisons dans ce chapitre est la technologie CMOS 90nm de ST
Microelectronics (Rousset) additionnée d’étapes de fabrication supplémentaires permettant
l’intégration d’une mémoire de type Flash. Les transistors des circuits haute tension alimentant la
partie mémoire sont des transistors HV (High Voltage). L’épaisseur importante de l’isolant de grille
(140 Å) leur permet de supporter des tensions élevées (jusqu’à 9V). Le déroulement des étapes
nécessaires à la réalisation du point mémoire et des différents transistors est présenté
Figure 3.1. Les étapes indiquées en pointillés correspondent aux étapes sur lesquelles nous porterons
notre attention dans ce chapitre.
La première étape du procédé de fabrication est la définition des zones actives en réalisant les
tranchées d’isolation (STI). Ensuite viennent les étapes de définition des caissons NVM et de
croissance des oxydes tunnel et HV. Par la suite, on effectue le dépôt et la gravure du premier niveau
de poly-silicium (appelé poly-silicium1, ou poly1) qui correspond à la grille flottante du point
mémoire et à la grille du transistor HV. Puis le dépôt du diélectrique inter-poly ONO
(Oxyde/Nitrure/Oxyde) est effectué (Figure 3.1a) juste avant les étapes de dépôt du second niveau
de poly-silicium2 (poly2) et de la gravure de grille du point mémoire (grille de contrôle) (Figure 3.1b).
91
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Définition de la zone active et
des tranchées d’isolation (STI)
STI
•
•
•
•
Définition des caissons pour cellule NVM
Croissance des oxydes tunnel et HV
Dépôt Poly-Silicium1 (Poly1)
Gravure Poly1 (grille flottante et grille HV)
Zone active
(a)
Dépôt de l’oxyde ONO
Dépôt Poly-Silicium2 (Poly2)
Gravure Grille Flash
Implantation des LDD
(HV/LV/point mémoire)
(b)
Poly-réoxydation (point mémoire)
Définition des espaceurs
Implantation Sources/Drains
(HV/LV/point mémoire)
Définition des contacts
Réalisation des
interconnections métalliques
(c)
Figure 3.1 : Description des principales étapes du procédé de fabrication des transistors et du
point mémoire
Dépôt de l’oxyde inter-polysilicium ONO (a) ; Gravure de l’empilement de grilles (b) ; Définition
des espaceurs puis des contacts et interconnections métalliques (c)
Après cela, l’étape de poly-réoxydation est réalisée sur l’empilement de grilles du point
mémoire. Viennent ensuite les étapes d’implantations des LDD suivies des zones de sources et drains
des différents transistors (HV et point mémoire). Le procédé de fabrication s’achève avec la
définition des contacts et des interconnections métalliques, appelé BEOL (Back-End Of Line) (Figure
3.1c).
Nous venons de décrire le flot de fabrication utilisé par STMicroelectronics (Rousset) pour la
technologie 90nm. Par la suite, nous nous intéresserons à deux étapes particulières du procédé de
fabrication : l’implantation des LDD et l’étape de poly-réoxydation qui seront étudiées plus en détail
par la suite. Nous allons désormais nous focaliser sur la première étude réalisée qui concerne
l’impact de la recette de poly-réoxydation sur la fiabilité de l’oxyde tunnel.
92
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
III.2 Etude de la fiabilité de l’oxyde tunnel liée à la recette de
poly-réoxydation
III.2.1 Contexte
Il est généralement connu que la qualité des oxydes est l’un des critères majeurs pour garantir la
fiabilité des dispositifs mémoires à grille flottante. Les forts champs électriques mis en jeu lors des
opérations de programmation et d’effacement peuvent conduire à la dégradation de la qualité de
l’oxyde, causant des variations sur les principaux paramètres électriques (tension de seuil VT,
transconductance gm, pente sous le seuil SS,…) et pouvant induire de forts courants de fuites voire le
claquage de l’oxyde. Il devient donc primordial de bien comprendre les mécanismes de dégradation
liés aux oxydes dont la qualité est très sensible aux différentes étapes du procédé de fabrication. Une
des étapes importantes du procédé de fabrication d’un point mémoire Flash et qui concerne tout
particulièrement l’oxyde tunnel est l’étape de poly-réoxydation. Elle consiste à effectuer un recuit à
haute température dans le but d’oxyder les bords (côtés source et drain) du poly-silicium de la grille
flottante. Le contexte de cette étude est de quantifier l’impact de cette étape de poly-réoxydation
sur la fiabilité de l’oxyde tunnel, en comparant deux recettes « process ».
III.2.2 Le rôle de l’étape de poly-réoxydation
Description
Lors de la gravure de l’empilement de grilles du point mémoire (grille de contrôle (Poly2) /
isolant ONO / grille flottante (Poly1) / oxyde tunnel), il est possible que l’oxyde tunnel subisse
quelques dégradations sur les bords (coins) au niveau des zones de source et drain qui peuvent
impacter son intégrité et sa fiabilité, comme l’illustre schématiquement la Figure 3.2a. Il est donc
nécessaire d’ajouter une étape technologique après la gravure de l’empilement et l’implantation des
LDD, que l’on appelle poly-réoxydation et qui a pour objectifs :
 de réparer les éventuels dommages subis par l’oxyde
 d’arrondir les angles entre les zones actives et les tranchées d’isolation
Cette étape de poly-réoxydation est effectuée à haute température, généralement entre 800 °C
et 1200 °C dans une chambre d’oxydation (fours). La Figure 3.2b représente d’un point de vue
schématique l’éventuelle réparation de défauts dans l’oxyde tunnel du au recuit thermique. La Figure
3.2c illustre l’empilement de grille après cette étape de poly-réoxydation, où les angles et bords de
l’oxyde se retrouvent arrondis.
93
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
(a)
(b)
(c)
Figure 3.2 : Vue en coupe le long du canal des effets lors de l’étape poly-réoxydation : après
gravure de l’empilement de grilles (a), pendant (b) et après (c) l’étape de réoxydation
Les techniques d’oxydation existantes
L’oxydation (ou la réoxydation) est un des points critiques à mettre en œuvre lors du procédé de
fabrication. Il existe deux principales techniques d’oxydation dites sèches (dry) et humides (wet). La
technique d’oxydation sèche permet d’avoir un oxyde de très grande qualité au détriment d’un
temps assez long. Les avantages de cette technique sont un bon contrôle de la température et de la
croissance ce qui permet une diminution des courants de fuite à travers l’oxyde. La technique
humide permet d’avoir une croissance d’oxyde beaucoup plus rapide due à un budget thermique
plus rapide [Cho '08], mais au détriment d’un oxyde de moins bonne qualité et avec de forts courants
de fuite. Généralement, la technique employée par les usines de fabrication de semi-conducteurs
consiste à faire croître l’oxyde dans un four sous atmosphère d’oxygène, parfois mélangée à de
l’hydrogène ou de l’azote. Il existe également la technique d’oxydation « In-Situ Steam Generated »,
notée ISSG, qui requiert d’autres équipements [Kuppurao '00]. Le procédé de fabrication consiste à
pulvériser les gaz d’oxygène, d’hydrogène ou d’azote sur des plaquettes de silicium chauffées non
plus dans un four, mais sous des lampes U.V. Cela permet une meilleure homogénéité lors de
l’élévation en température. Ce procédé fait partie de la famille « Rapid Thermal Process » et donne
une oxydation plus uniforme et mieux répartie en bords de plaques due à un contrôle précis de la
température durant l’oxydation. Ce procédé possède également une meilleure immunité aux
courants de fuite.
Les recettes de poly-réoxydation étudiées
La première recette, nommée ISSG, est une oxydation humide interagissant avec des espèces
chimiques (H2, N2, O2) à l’état gazeux. La deuxième recette, dite RTP, est une oxydation sèche. Les
principales caractéristiques et différences entre les deux recettes sont décrites en Figure 3.3a.
94
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
(a)
(b)
Figure 3.3 : Tableau de caractéristiques (a) et profil température/temps (b) des 2 recettes de
poly-réoxydation étudiées
Nous constatons que les deux recettes subissent un recuit à la même température (1025 °C),
mais le fait que la recette RTP soit un procédé sec impose un temps de réoxydation plus important.
Le budget thermique représenté en Figure 3.3 b, défini comme étant la cinétique en température,
est donc presque deux fois plus important pour la recette RTP. Nous constatons que le procédé ISSG
permet d’avoir un oxyde plus épais (53 Å) en un temps plus court que le procédé RTP. Cela est
notamment intéressant pour améliorer l’aspect rétention, tout en veillant à ne pas dégrader le bilan
thermique global. Notons que cette étape de poly-réoxydation effectuée juste après la gravure de
l’empilement de grilles peut potentiellement impacter les caractéristiques des transistors faible
tension (Low Voltage, LV) utilisés dans la circuiterie mémoire, du au fait de modifications de
gradients de dopants au niveau des implants.
III.2.3 Notions de piégeage dans l’oxyde et à l’interface Si/Si02
Avant de montrer les résultats électriques liés à la recette de poly-réoxydation, il est
indispensable de décrire les principales notions sur le piégeage de charges dans un oxyde, ainsi que
le formalisme de référence expliquant le comportement des pièges à l’interface.
L’objectif d’unifier les terminologies à employer pour identifier les défauts dans l’empilement
Si/SiO2 date de 1980 et fut l’œuvre de Bruce. E. Deal [Deal '80]. Cette terminologie fut complétée par
D.M.Fleetwood en 1992 qui précisa l’existence de charges fixes situées tout près de l’interface,
appelées « border traps » (charges fixes proches sur le schéma de la Figure 3.4) [Fleetwood '92].
Les défauts présents dans l’oxyde sont regroupés en quatre catégories principales, comme
l’illustre la Figure 3.4.
Figure 3.4 : Principaux défauts répertoriés dans l’oxyde [Deal '80] [Fleetwood '92]
95
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
On y trouve :
 Les charges ioniques mobiles (Na+, K+) correspondant à toutes les contaminations ioniques.
Les ions négatifs (anions) et les impuretés métalliques peuvent également contribuer à ces
charges.
 Les charges fixes dans le volume de l’oxyde (QF) correspondant aux charges positives liées à
des défauts de structure situés proche de l’interface Si/SiO2 (environ 3 nm). Cette quantité de
charges apparaît lors des étapes du procédé de fabrication et dépend des caractéristiques
d'oxydation.
 Les charges piégées dans l'oxyde (QOT) correspondant aux charges positives (ou négatives)
introduites par les trous (ou électrons) piégés dans le volume de l'oxyde. Elles sont créées
lors d'injection par contraintes électriques. Ces charges n’étant pas fixes (d’un point de vue
position), elles peuvent être diffusées par recuit thermique.
 Les charges ou états d’interfaces (QINT) correspondant aux charges positives ou négatives
introduites par des défauts structurels ou induits par l'oxydation. Elles peuvent également
être introduites par des défauts causés par radiation ou par mécanismes de rupture de
liaison, ou par des impuretés métalliques. Ces charges localisées à l'interface Si/SiO2 et
contrairement aux charges fixes et aux charges piégées dans le volume de l'oxyde peuvent
évoluer suivant le potentiel de surface. La plupart de ces charges sont neutralisées par un
recuit sous atmosphère hydrogène à 450 °C, généralement appelé « passivation des liaisons
pendantes » [Cartier '95], qui a lieu dans la suite du procédé de fabrication.
Les charges piégées à l’interface font l’objet d’un formalisme particulier [Schroder '03] décrit par
la Figure 3.5. L’occupation des pièges par des électrons ou des trous dépend de la position du niveau
de Fermi EF à l’interface. Un piège d'interface situé en dessous du niveau de Fermi est rempli ou
occupé (par un électron), alors qu’un état d’interface situé au-dessus du niveau de Fermi est vide ou
inoccupé. Ces pièges peuvent être répartis suivant deux populations en fonction de leur position
énergétique dans la bande interdite :
 Les pièges donneurs se situent dans la moitié inférieure du gap du silicium et ils interagissent
principalement avec les trous de la bande de valence du silicium. Ces pièges sont chargés
positivement (" + ") s’ils sont vides (d’électrons) et neutres (" 0 ") lorsqu’ils sont remplis.
 Les pièges accepteurs se situent dans la moitié supérieure du gap du silicium et ils
interagissent principalement avec les électrons de la bande de conduction du silicium. Ces
pièges sont chargés négativement (" - ") s’ils sont remplis (d’électrons) et neutres (" 0 ")
lorsqu’ils sont vides.
Nit : états d’interface
EC
EC
Accepteurs
“0”
Donneurs
“+”
“0”
Ei
EF
EV
“-”
“0”
Ei
EF
EV
(b)
(a)
Figure 3.5 : Illustration du formalisme des états d’interface en régime de bandes plates et
d’inversion.
96
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
III.2.4 Impact de la recette de poly-réoxydation sur le piégeage de
charges
III.2.4.1 Caractérisation "Stress à courant constant" ou CCS
L’objectif de cette mesure est de dégrader des structures de capacités tunnel sous un stress
contrôlé afin d’en modifier les caractéristiques électriques. L’évolution sous stress électrique de la
caractéristique C(V) de la capacité va permettre de déterminer la quantité de charges fixes piégées
dans l’isolant et à la densité de pièges d’interface. En général, on utilise des capacités de grande
surface pour extraire les propriétés électriques de la capacité tunnel. C’est le cas ici où les mesures
ont été réalisées sur des capacités tunnel ayant une surface de 2.10 3 µm² et une épaisseur d’oxyde
tunnel de 10,6 nm. Il existe également différentes topologies de conception de capacités et deux
d’entre elles ont été utilisées lors de cette étude (Figure 3.6), à savoir :
 La capacité tunnel dite « plane », réalisée par l’empilement d’une surface plane de poly-
silicium1 (Poly1) sur une surface plane d’active.
 La capacité tunnel dite « inter-digitée » ou « périmétrique », réalisée par la superposition
d’une surface plane de poly-silicium1 (Poly1) sur des doigts d’active, qui permet de prendre
en compte les effets de bords.
Poly-silicium (poly1)
Active
(a)
(b)
Figure 3.6 : Topologies de capacités tunnel : inter-digitée ou périmétrique (a) et plane (b)
La mesure consiste à appliquer un stress constant aux bornes de la capacité tunnel et à mesurer
l’évolution de la tension de grille en fonction du temps. Ceci a pour but d’évaluer le piégeage dans
l’oxyde au niveau de l’électrode injectante (cathode) et le claquage de l’oxyde (charge au claquage
QBD et temps au claquage tBD). Une densité de courant constante égale à JG = ± 0.1 A/cm² est
appliquée sur la grille pour des polarités positives et négatives. Les résultats CCS présentés en
Figure 3.7 montrent l’évolution de la tension de grille ΔVG (ΔVG(t) = VG(t) - VG(t0)) en fonction du
temps de stress, sur une structure de capacité plane.
97
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
ΔVG (V)
0.5
a)
Densité de courant négative:
JG = - 0.1 A/cm²
0.6
0.4
Piégeage de
charges négatives
0.3
0.2
ISSG
0.1
0
Piégeage de
charges négatives
1
Piégeage de
charges positives
0
- 0.2
RTP
0.1
0.2
- 0.4
Temps de stress(s)
100
1000
ISSG
RTP
“Phénomène de retournement”
0.1
(a)
b)
Densité de courant positive:
JG = + 0.1 A/cm²
0.4
ΔVG (V)
0.6
1
Temps de stress(s) 100
1000
(b)
Figure 3.7 : Résultats CCS sous une densité de courant constant de polarité négative (a) et
positive (b)
Sous un tel stress électrique appliqué sur la grille, les charges (électrons ou trous) sont piégées
dans l’oxyde au niveau de la cathode. Afin de maintenir constante la densité de courant, et donc le
même champ électrique interne à travers l’oxyde, le potentiel de grille va évoluer. Ainsi, la tension VG
va avoir tendance à diminuer lorsque des charges positives (trous) vont être piégées dans l’oxyde et
à augmenter pour un piégeage de charges négatives (électrons). En suivant l’évolution du décalage
de la tension de grille ΔVG, nous allons pouvoir déterminer le type de charges piégées à la cathode. La
courbe présentée en Figure 3.7a pour une contrainte négative montre clairement un piégeage de
charges négatives (du aux électrons), puisque ΔVG est majoritairement positif et croissant en fonction
du temps de stress. Nous constatons que la génération et la création de pièges sont continues
jusqu’au claquage de l’oxyde, intervenant environ après 200s. De plus, nous observons une
différence significative entre les deux recettes de poly-réoxydation en termes de piégeage où la
recette ISSG piège davantage de charges. Cette différence est nettement moins marquée après une
contrainte positive (Figure 3.7b), mais la recette ISSG reste celle qui piège le plus. Nous remarquons
qu’un piégeage de charges positives est présent pour des temps de stress faibles, et que le piégeage
de charges négatives devient dominant après un temps de stress plus long. Ce phénomène, nommé
« phénomène de retournement », intervient ici peu après 100 s de stress, et a été largement discuté
dans la littérature [Itsumi '81] [Fazan '87] [Lai '81]. L’apparition de ce retournement signifie que non
seulement des charges négatives sont générées durant le stress, mais que des charges positives sont
générées au tout début du stress. La génération de charges positives est généralement attribuée à un
piégeage de trous [Holland '84] [Ih-Chin '85] ou un dé-piégeage d’électrons [Nissan-Cohen '85]
[Fazan '87] causé par un phénomène d’ionisation par impact intervenant à l’interface Si/Si02
[Di Maria '85]. Quant au piégeage de charges négatives, il peut être dû aussi bien à la génération de
nouveaux pièges qu’à des pièges déjà existants dans l’oxyde, qui vont être sensibles à la capture
d’électrons. Le piégeage de charges plus important pour la recette ISSG s’explique par le fait que
cette dernière, à la différence de la recette RTP, contient l’espèce hydrogène. En effet, il a été
montré que la présence d’atomes d’hydrogène lors du procédé d’oxydation est un point-clé de la
création de pièges dans l’oxyde et à l’interface Si/SiO2 et a fait l’objet de nombreux travaux
[Di Maria '93] [Park '98] [Mitani '01] [Sune '04]. Une des configurations possibles de l’hydrogène avec
le volume du silicium et l’interface Si/Si02, nommée le pont hydrogène, a été identifiée comme étant
responsable du mécanisme de courant induit par contraintes électriques (SILC)
[Blöchl '99] [Rofan '91] [Pic '07]. Les défauts ainsi crées dans l’oxyde et à l’interface peuvent
98
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
conduire à dégrader les paramètres électriques des composants (tension de seuil (Vt),
transconductance (gm), pente sous le seuil (S.S)) et donc, les performances des dispositifs.
Distribution cumulée de Weibull
Distribution cumulée de Weibull
Afin d’évaluer la qualité de l’oxyde en fonction de la recette « process » de poly-réoxydation,
nous avons mesuré sur capacités planes et périmétriques les valeurs de charge au claquage QBD et de
temps au claquage tBD, sous polarité de stress positive et négative. Les résultats de QBD et de tBD,
représentés en distribution cumulée en échelle de Weibull, sont donnés respectivement en Figure
3.8 et 3.9.
99%
Densité de courant négative:
JG = - 0.1 A/cm²
63.2%
30%
20%
ISSG plate
RTP plate
ISSG perim.
RTP perim.
10%
5%
2%
1%
1
QBD (C/cm²)
10
30
99%
Densité de courant positive:
JG = + 0.1 A/cm²
63.2%
30%
20%
ISSG plate
RTP plate
ISSG perim.
RTP perim.
10%
5%
2%
1%
10
QBD (C/cm²)
37
(b)
(a)
99%
Distribution cumulée de Weibull
Distribution cumulée de Weibull
Figure 3.8 : Résultats CCS de charge au claquage pour une densité de courant constant de
polarité négative (a) et positive (b) en échelle de Weibull
JG = - 0.1 A/cm²
63.2%
30%
20%
10%
5%
ISSG plate
RTP plate
ISSG perim.
RTP perim.
2%
1%
13
100
tBD (s)
200
308
99%
JG = + 0.1 A/cm²
63.2%
30%
20%
10%
5%
ISSG plate
RTP plate
ISSG perim.
RTP perim.
2%
1%
100
(a)
200
tBD (s)
300
410
(b)
Figure 3.9 : Résultats CCS de temps au claquage pour une densité de courant constant de
polarité négative (a) et positive (b) en échelle de Weibull
Les résultats étant représentés par des droites, nous pouvons utiliser la loi de Weibull qui
permet de déterminer la charge et le temps moyen au claquage en se référant au critère
correspondant à 63.2 % de la population. Dans ce cas, on constate que quelle que soit la polarité (+/), la recette RTP possède une meilleure charge et un meilleur temps de claquage que la recette ISSG,
et ce pour les deux topologies de capacités, démontrant ainsi une meilleure qualité intrinsèque de
l’oxyde.
III.2.4.2 Caractérisation "C(V) après stress CCS"
L’intérêt principal est la possibilité de caractériser le type et la quantité de charges piégées dans
l’oxyde. Pour cela, la mesure de la caractéristique C(V) d’une capacité tunnel plane est réalisée à
99
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
l’aide d’un LCR mètre standard (type HP4284). Puis, un stress électrique à courant constant (ou
densité constante, JG = -0.1 A/cm²), destiné à dégrader la structure en piégeant des charges dans
l’oxyde, est appliqué sur la grille pendant un temps donné (100s). Nous remesurons à nouveau la
caractéristique C(V) après stress ce qui nous permet de suivre son évolution, comme le montre la
Figure 3.10. On peut noter trois points intéressants séparant les différents régimes de
fonctionnement de la capacité, correspondant à trois régions de la courbe notées A, B et C :
 Région A : la tension de bandes plates VFB
Ce point sépare le régime d’accumulation du régime de déplétion. Il correspond à des courbures
de bandes nulles (ΨS = ΨG = 0) et une tension aux bornes de l’oxyde nulle VOX = 0V. La valeur de la
capacité en ce point s’exprime selon l’équation (3.1) d’après des formules classiques de calcul de C(V)
suivant [Sze '07] :
1
1
CFB
C OX
LD
0 . si.S
(3.1)
Où LD est la longueur de Debye (m) et S la surface de la capacité (m²) [Pic '07].
Capacité (pF)
A
C
B
VFB
VMG
VT
Tension VG (V)
Figure 3.10 : Caractéristique C(V) sur capacité tunnel pour les deux recettes de poly-réoxydation
ISSG et RTP avant et après CCS (JG = - 0.1 A/cm² ; temps de stress = 100 s)
 Région B : la tension de Mid-Gap VMG
Ce point sépare le régime de déplétion du régime d’inversion faible. Il correspond à une
kB.T
NSUB
courbure de bandes dans le silicium égale à S
B
ln(
) où ni est la densité de porteurs
q
ni
intrinsèque et vaut 1,45.1010 cm-3. En ce point, la capacité s’exprime selon (3.2) et (3.3) [Sze '07].
1
1
1
CMG
C OX
CDEP
100
(3.2)
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
q. si. 0 .NSUB
N
k .T
2. B . ln( SUB )
q
ni
CDEP

(3.3)
Région C : la tension de seuil VT
Ce point sépare le régime d’inversion faible du régime d’inversion forte. Au-delà de cette
tension de seuil, la couche d’inversion du canal est totalement créée. Pour VG=VT, la courbure de
bandes dans le silicium est égale à ΨS = 2.ΦB. La capacité en ce point s’exprime selon l’équation (3.4).
1
CT
1
C OX
NSUB
LD
ni
s i . 0 .S
(3.4)
En déterminant le décalage en tension à ces trois tensions caractéristiques de la courbe C(V),
nous pouvons remonter à la densité de charges piégées dans le volume de l’oxyde (NOX) et à
l’interface Si/Si02, avec NitA la densité d’états d’interface accepteurs et NitD la densité d’états
d’interface donneurs. Dans la région B, lorsque VG = VMG, ce qui correspond à une courbure de
bandes dans le silicium égale à φB (le niveau de Fermi EF vaut le niveau intrinsèque Ei), on observe
uniquement l’influence des charges piégées dans le volume de l’oxyde. Tous les états d’interface sont
neutres dans ce cas puisque les états de type accepteur sont vides (donc neutres) alors que les états
de type donneur sont tous remplis par des électrons (donc neutres aussi), comme le montre le
diagramme de bandes de la Figure 3.11a. Par ailleurs, le décalage de la caractéristique vers la gauche
indique un piégeage de charges positives.
poly-Si
Si02
Si
poly-Si
EC
+
Accepteurs Ei
Donneurs
+
E
EV F
+
V =V
NOX E G= E MG
F
I
EF VMG
EF
VFB
Etats d’interface
tous neutres
EF
VT
Si02
Si
+
+
+
+
NOX NITD
EC
Accepteurs
Donneurs
EV
(b)
(a)
poly-Si
Si02
Si
+
+
+
NOX
NITA
-
EC
Accepteurs
Donneurs
EV
Ei
EF
Figure 3.11 : Digramme de bandes pour les
régions correspondant aux tensions de MidGap VMG (a), de bandes plates VFB (b) et de
seuil VT (c)
(c)
101
Ei
EF
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Dans la région A, correspondant au régime de bandes plates (VG=VFB), les états d’interface de
type donneur sont vides (donc chargés positivement "+") et ceux de type accepteur sont vides (donc
neutres) si l’on se réfère au formalisme décrit à la section III.2.3. Le décalage en tension de la courbe
C(V) dans la région A nous informe sur le piégeage de charges comprenant la contribution de charges
fixes dans le volume de l’oxyde (NOX) et d’états d’interface de type donneur (NitD) à l’interface Si/SiO2
(Figure 3.11b). De même, le décalage de la courbe vers la gauche indique un piégeage de charges
positives. Dans la région C, nous observons l’influence des charges fixes piégées dans l’oxyde (NOX) et
des états d’interface de type accepteur (NitA) puisque dans ce cas, en régime d’inversion, les états
donneurs sont remplis (donc neutres) et les états accepteurs sont remplis aussi (donc chargés
négativement "-") (Figure 3.11c). Cette fois-ci, le décalage de la courbe vers la droite indique un
piégeage de charges négatives.
À l’aide des équations (3.5), (3.6) et (3.7), nous pouvons alors calculer les densités de pièges NOX,
NitA et NitD. q est la charge élémentaire de l’électron, Cox’ la capacité surfacique de l’oxyde
déterminé en régime d’accumulation et ΔVFB, ΔVMG et ΔVT, sont respectivement le décalage en
tension (avant et après stress) de la tension de bandes plates, la tension de Mid-gap et la tension de
seuil.
N OX
C OX '
. VMG
q
NitD
C OX '
.( VMG
q
NitA
C OX '
.( VT
q
(3.5)
VFB )
VMG )
(3.6)
(3.7)
Ces densités de charges calculées pour les deux recettes de poly-réoxydation sont reportées en
Figure 3.12.
Figure 3.12 : Densités de pièges calculées à partir de la caractéristique C(V)
(exprimées en cm-²)
Comme observé avec les résultats de stress à courant constant, la recette ISSG contenant
l’espèce hydrogène a tendance à piéger davantage que la recette RTP. De plus, nous pouvons en
102
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
déduire que les principales contributions au piégeage sont dues aux charges négatives
(principalement les électrons) piégées dans les états d’interface de type accepteur (NitA) ainsi qu’aux
charges positives piégées dans le volume de l’oxyde (NOX).
III.2.5 Impact de la poly-réoxydation sur les faibles courants de fuite
Nous avons ensuite étudié la fiabilité de l’oxyde au niveau des faibles courants de fuite sur une
structure de CAST de cellules mémoires, dont la structure a été expliquée et détaillée au chapitre 1
(cf. section I.5.1.3). Pour qualifier la rétention de charges des cellules mémoires d’une CAST, nous
étudions la dérive de la caractéristique ID(VG) de la CAST après stress électrique. La perte de charge
d’une cellule se traduit par une dérive de sa tension de seuil VT. Notons que sur cette structure,
l’étude en rétention n’a d’intérêt que lorsque la grille flottante est remplie d’électrons (état
programmé pour une cellule Flash) puisque dans le cas contraire, la perte de charge des cellules
induisant une hausse du VT, il serait alors impossible de distinguer l’apparition de cellules
extrinsèques, masquées par la population de cellules. Après avoir programmé la CAST, nous avons
appliqué un stress constant de -8V pendant 10 s sur la grille (gate stress) afin d’observer le décalage
en VT au cours du stress. Représentées en Figure 3.13 sur une échelle de Weibull, les distributions
cumulées montrent le décalage de la tension de seuil VT par rapport à sa valeur initiale
(ΔVT(t) = VT(t) - VT(t0)), représentant l’image de la perte des charges de la grille flottante. En évaluant
ce décalage à deux valeurs de courants de drain différents (ID = 10 nA et 100 µA), les comportements
extrinsèques et intrinsèques des cellules de la population peuvent être étudiés.
Comportement extrinsèque:
ID = 10 nA
Cumulated Weibull distribution
Comportement intrinsèque:
ID = 100 µA
99%
99%
ISSG
RTP
ISSG
RTP
63.2%
40%
63.2%
20%
10%
40%
20%
10 s
5%
10%
2%
1%
5%
10 s
10 s
10 s
2%
0.2%
-0.05 -0.04 -0.03 -0.02 -0.01
0
-0.4 -0.3
-0.2
-0.1
0
ΔVT (V)
ΔVT (V)
Figure 3.13 : Résultats de gate stress (VCG =- 8V ; 10 s) mettant en évidence les pertes de charges
des cellules intrinsèques (ID= 10 nA) et extrinsèques (ID=100 µA) de la CAST, pour les deux
procédés de poly-réoxydation
Nous observons de manière évidente un meilleur comportement pour la recette RTP, que ce soit
au niveau des pertes de charge intrinsèques ou extrinsèques puisque la perte en ΔVT est moins
importante, démontrant ainsi une meilleure immunité de la recette RTP aux faibles courants de fuite
par rapport au procédé ISSG.
103
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
III.2.6 Conclusion
Cette étude a permis d’évaluer la fiabilité de l’oxyde tunnel au niveau du piégeage de charges et
de mesure de faibles courants de fuites pour deux recettes de poly-réoxydation. Les tests de stress à
courant constant ont montré une meilleure qualité intrinsèque de l’oxyde tunnel pour la recette RTP
avec des résultats supérieurs en termes de charge et temps au claquage que la recette ISSG. De plus,
les caractéristiques C(V) après stress ont permis d’étudier le piégeage de charges et ont démontré
que la recette ISSG piégeait davantage. Nous avons montré que les principales contributions au
piégeage étaient dues aux charges négatives piégées dans les états d’interface de type accepteur
(NitA) et aux charges positives piégées dans le volume de l’oxyde (NOX). En effet, la présence d’atomes
d’hydrogène dans la recette ISSG joue un rôle très important et est impliquée dans la plupart des
défauts [Di Maria '93] [Park '98]. Son interaction avec le volume du silicium et avec l’interface Si/SiO2
peut engendrer plusieurs configurations possibles dont une, appelée le « pont hydrogène », qui a été
identifiée comme étant responsable du courant de SILC [Blöchl '99] [Pic '07]. Les résultats que nous
avons obtenus sur la topologie de capacité plane (ne prenant ainsi pas en considération les effets de
bords) permettent de mettre en évidence que la recette de poly-réoxydation ne semble pas avoir un
effet localisé sur les bords de l’oxyde tunnel (régions qui ont été ré-oxydées) mais a un impact plus
global, modifiant ainsi les propriétés intrinsèques et la qualité de l’oxyde. Par ailleurs, un meilleur
comportement vis-à-vis des faibles courants de fuite a également été démontré pour la recette RTP
avec des mesures statistiques réalisées sur CAST [Just '12c].
III.3 Effets de variations de l’énergie d’implantation des LDD et
de dopage du canal sur la cellule mémoire Flash
III.3.1 Contexte
Après avoir étudié l’impact de la recette de poly-réoxydation sur la fiabilité de l’oxyde tunnel,
nous allons maintenant nous intéresser à la caractérisation du point mémoire, tant au niveau de ses
performances que de sa fiabilité, en étudiant l’impact de paramètres process liés à deux étapes du
flot de fabrication (étape d’implantation des LDD et du dopage du canal), sur la consommation
énergétique du point mémoire et sa fiabilité en endurance. Ces deux aspects sont étudiés en
évaluant le comportement électrique de la cellule mémoire qui dépend par exemple fortement du
profil de dopage le long du canal (dopage du canal et des implants LDD). La Figure 3.15 montre les
zones d’influences du dopage du canal et des implants LDD sur une cellule mémoire.
ONO oxide
Floating Gate
Spacers
Floating Gate
Spacers
ONO oxide
Control Gate
Spacers
Spacers
Control Gate
Tunnel oxide
Tunnel oxide
LDD
LDD
LDD
LDD
Source
Drain
Source
Drain
Channel Doping Dose
LDD implants
(a)
(b)
Figure 3.14 : Schéma de la cellule Flash montrant les zones d’influence du dopage du canal (a)
et des implants LDD (b)
104
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
III.3.2 Le rôle des implants LDD et du dopage du canal
Les implants LDD au niveau des zones de source et drain sont réalisés après la formation et la
gravure de la grille conductrice (la grille de contrôle dans le cas d’une structure à grille flottante),
comme l’illustre la Figure 3.15.
Grille de contrôle
Oxyde ONO
Implant LDD
Implant LDD
Implant LDD
Grille
Grille flottante
Oxyde tunnel
Oxyde tunnel
Source
n+
Implant LDD
Source
Drain
p
n+
n+
Drain
p
n+
Substrat
Substrat
(a)
(b)
Figure 3.15 : Schéma de principe de la réalisation des implants LDD sur transistor MOS (a) et
sur cellule mémoire (b)
Dans le cas des transistors MOS, cette zone de dopage superficielle et faiblement dopée (car
moins profonde que les implants Source/Drain) est utilisée pour diminuer le champ électrique latéral
le long du canal afin de minimiser d’une part, la dégradation par porteurs chauds due à la génération
de pièges et d’états d’interfaces dans l’oxyde tunnel et de réduire d’autre part, les courants de fuites
au niveau de la jonction drain/substrat induits par le phénomène de GIDL (Gate Induced Leakage
Current) [Lopez '04]. Dans le cas de la cellule mémoire Flash, les LDD sont implantés de manière à
avoir la jonction la plus abrupte possible conduisant à un champ électrique latéral plus fort, et
favorisant donc l’efficacité d’injection des porteurs dans la grille flottante. Les implants LDD sont
définis par quatre paramètres : l’espèce mise en jeu, la dose, l’énergie et l’angle d’implantation (tilt).
Une petite variation d’un de ces paramètres peut impacter fortement les caractéristiques électriques
du transistor et de la cellule. Le dopage du canal est défini par des paramètres précis liés au procédé
de fabrication tels que la dose, l’énergie et l’angle d’implantation. Les variations associées à ces
paramètres peuvent influencer les paramètres électriques du transistor ou de la cellule mémoire,
comme la tension de seuil Vt.
III.3.3 Détails expérimentaux et méthodes de mesure
III.3.3.1 Structures de test et détails des variations « process »
Les caractérisations ont été menées sur deux structures élémentaires : la cellule mémoire et le
transistor équivalent (dummy cell) (cf. section I.5.1.2), avec les dimensions technologiques suivantes :
 Epaisseur des oxydes tunnel et inter-polysilicium : tTUN = 9,8 nm ; tONO = 14,5 nm
 Largeur et longueur de la cellule : W = 0,09 µm ; L = 0,18 µm
Concernant les variations d’énergie d’implantations des LDD, la dose de dopage du canal est
fixée à la valeur standard et vaut 7.1013 cm-2. Inversement, lorsque l’étude porte sur les variations de
105
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
la dose du dopage canal, l’énergie d’implantation des LDD est fixée à sa valeur standard (35 keV). En
revanche, les valeurs de l’angle et de la dose d’implantation ne sont pas indiquées dans ce manuscrit
pour des raisons de confidentialité.
Tableau 3.1 : Tableau des variations sur l’énergie d’implantation des LDD et du dopage du canal
Variations process de l’énergie d’implantation des LDD
(la dose de dopage canal est standard : 7.1013 cm-2)
Standard
+10 +20 +30 +40
Energie d’implantation (keV)
35
45
55 65 75
Variations process de la dose de dopage canal
(l’énergie d’implantation LDD est standard : 35 keV)
Standard
+ 10 %
+ 18 %
Dose de dopage canal (cm-2)
7.1013
7,75.1013
8,25.1013
III.3.3.2 Méthodes de mesure liées à l’aspect consommation du point mémoire
Afin d’évaluer la consommation totale d’un plan mémoire lors d’une opération de
programmation, il faut prendre en considération deux contributions principales. La première est la
consommation du point mémoire (mesure du courant de drain) durant la phase de programmation,
la seconde est la consommation statique correspondant au courant de fuite mesuré le long d’une bitline (bit-line leakage) à travers toutes les cellules mémoires non-sélectionnées de la bit-line.
Mesure du courant de fuite de bit-line (mode écriture)
Déjà abordé au chapitre 1 (cf. section I.3.3.4), la mesure de ce courant de fuite non désiré est
réalisée sur le transistor équivalent (dummy cell). La tension de grille VG est polarisée à une tension
négative de -3V correspondant à la valeur de tension de grille flottante d’une cellule lorsque celle-ci
est dans l’état programmé autour de 8V. Cette condition de polarisation représente un pire cas pour
ce type de mesure. La source est polarisée à 0V et la tension drain-bulk VDB est égale à 4.3V. Le
courant de fuite de bit-line mesuré (noté IBLL) correspond à la somme des courants de drain
traversant les 511 cellules appartenant à la même bit-line lorsqu’une cellule adressée est
programmée (cf. chapitre 1 - Figure 1.17)
Mesure du courant de drain lors de la programmation
La mesure du courant de drain (noté IdSEL) pendant le signal de programmation a pu être
réalisée grâce à la mise en place d’un protocole expérimental inspiré des travaux de [Esseni '99]
[Esseni '00] et actualisé dans [Della Marca '11] [Della Marca '12]. Ce protocole particulier s’appuie sur
un appareil de mesure avancé (Agilent B1500) équipé de modules spécifiques permettant de générer
des pulses ultra-rapides et de mesurer dans le même temps leur réponse en courant. Ce type de
mesure utilise la très courte période d’échantillonnage (10 ns) de l’appareil afin de mesurer
dynamiquement le courant de drain pendant le signal de programmation. La mesure est réalisée
directement sur cellule mémoire. L’opération de programmation étant réalisée par porteurs chauds,
des pulses de programmation sont donc appliqués sur la grille et le drain tandis que la source et le
substrat sont polarisés à 0V. Le protocole expérimental est présenté en Figure 3.16a tandis que
l’allure des signaux de programmation (grille et drain) ainsi que la réponse du courant de drain
mesuré (IdSEL) sont illustrées en Figure 3.16b.
106
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Pulse de grille
VG
VS
Point
mémoire
VB
VD ID
ID mesuré pendant
les pulses
Pulse de drain
(a)
(b)
Figure 3.16 : Setup expérimental de mesure dynamique du courant de drain (a) ;
Allure des signaux de programmation (VG, VD) et mesure de IdSEL (b)
Dans cet exemple, le signal de grille est un pulse constant à VG = 8 V d’une durée de 5 µs avec
des temps de montée et de descente de 200 ns. Le signal de drain est constant et égal à
VD = 4.2 V pendant toute la durée du signal de grille. La réponse du courant de drain IdSEL se
manifeste par un pic de courant dès le début du pulse de grille (Figure 3.16b). Ce pic de courant doit
être minimisé le plus possible afin de ne pas induire de perturbations sur les circuits haute tension
délivrant en amont ces signaux de programmation (surconsommation, risque d’écroulement de la
pompe de charge, etc). Nous avons donc volontairement choisi de ne pas faire débuter les 2 signaux
de grille et de drain au même moment. En effet, le pulse de drain « englobe » le pulse de grille dans
le but d’éviter un pic de courant supplémentaire parasite sur le courant de drain qui perturbe la
mesure. De plus, le temps de montée du signal de grille a une influence directe sur la valeur
maximale de ce pic de courant. Nous l’avons fixé à 200 ns qui est le temps le plus court que pouvait
fournir l’appareil. A partir de la mesure du courant IdSEL, l’énergie de consommation EC durant le
pulse de programmation est calculée en considérant la formule indiquée sur la Figure 3.16 b,
correspondant à l’intégrale du courant ID multiplié par VD pendant la durée du signal. De cette
manière, l’aspect consommation du point mémoire durant le signal de programmation sera évalué
grâce à la mesure du courant de drain IdSEL (et du pic de courant) et le calcul de l’énergie de
consommation EC.
III.3.4 Effets de variations de l’énergie d’implantation des LDD et de la
dose du dopage canal
Dans cette partie, nous allons caractériser les effets de variations de l’énergie d’implantation des
implants LDD et de la dose de dopage du canal et voir leur impact sur trois caractéristiques
principales du point mémoire : la fenêtre de programmation, le courant de fuite de bit-line et la
dégradation en cyclage.
III.3.4.1 Influence sur la fenêtre de programmation
Les mesures des tensions de seuil programmées (Vtp) et effacées (Vte) en fonction de l’énergie
d’implantation des LDD, représentées en Figure 3.17a, ont été réalisées sur une certaine statistique
de cellules (30 sites). Les barres d’erreurs sont représentées afin de prendre en compte les effets de
variabilité lors des mesures. Les conditions expérimentales sont données en Figure 3.17b, à savoir :
107
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques



Programmation par porteurs chauds : VG=9V ; VD=4.3V ; VB=VS=0V ; durée du pulse =
1 µs.
Effacement par Fowler-Nordheim : signal « rampe » appliqué sur la grille ; VG=0V
à -18V, avec une pente de 5 kV/s suivi d’un plateau de 50 µs.
Lecture de la tension de seuil Vt effectuée à courant constant ID = 10 µA, VD=0.7V..
VG = 9V
Vtp
1 µs
VD = 4.3V
Vte
Ecriture: VG=9V ; VD=4.3V
durée du pulse = 1 µs
Effacement: VG= -18V;
Rampe : 5KV/s ; Plateau=50µs
50 µs
VG = - 18V
(a)
(b)
Figure 3.17 : Evolution des tensions de seuil programmées Vtp et effacées Vte du point
mémoire en fonction de l’énergie d’implantation des LDD (a) ;
Conditions de mesures et forme des signaux d’écriture/effacement (b)
Nous constatons une diminution de Vtp (≈ -261 mV/10keV) alors que la tension Vte reste plutôt
constante avec l’augmentation de l’énergie d’implantation (≈ -21 mV/10keV). Cette différence de
comportement peut être expliquée en considérant les champs électriques latéral (ELAT) et vertical
(EVERT) au niveau de la jonction drain/substrat, située entre le canal et la zone des implants LDD. En
effet, il a été montré sur les transistors MOS que des zones faiblement dopées au niveau des
implants source/drain ont pour but de réduire le champ électrique latéral en formant un dopage
graduel au niveau de la jonction de drain proche du canal [Parke '92] [Rideau '04]. Cela a pour
conséquence de diminuer l’effet des porteurs chauds du côté du drain et de minimiser l’efficacité de
programmation [Nair '04] [Yimao '11]. Dans notre cas, l’étape d’implantation des implants LDD a été
réalisée avec l’objectif de diminuer les courants de fuite de bit-line lors des phases de
programmation. Cette dernière étant effectuée par porteurs chauds, elle met en œuvre les deux
champs électriques ELAT et EVERT. L’opération d’effacement réalisée quant à elle par injection FowlerNordheim met seulement en jeu le champ électrique vertical EVERT (cf. section I.3.3.2). De ce fait,
lorsque l’énergie d’implantation des LDD augmente, nous pouvons en déduire que la diminution de
Vtp est due à la diminution de la contribution du champ électrique latéral ELAT par rapport au champ
électrique total (résultante de EVERT +ELAT).
Pour confirmer nos propos, des simulations numériques bidimensionnelles ont été réalisées en
utilisant un outil de simulation TCAD (Technology Computer Aided Design) [Sentaurus '10]. Ce type
de simulation permet de prendre en compte les effets 2D et les interactions qui peuvent avoir lieu
dans les zones de dopages, et aussi d’avoir accès à certaines grandeurs physiques caractéristiques le
long du canal comme la mobilité des porteurs, les valeurs de courbure de bande, les concentrations
de dopages et les valeurs des champs électriques. La Figure 3.18, issue de simulations TCAD,
représente les gradients de concentration de dopage au niveau des zones d’implantation des LDD et
des zones de source/drain. Elle montre que lorsque l’énergie d’implantation augmente, une zone
graduelle est observée entre le canal et l’implant LDD avec un dopage plus faible, conduisant à un
108
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
champ latéral ELAT moins fort et donc une moins bonne efficacité de programmation. Nous
montrerons par la suite (cf. section III.3.4.2) la diminution de ELAT en fonction de l’énergie
d’implantation qui soutiendra cette hypothèse.
Std
+10KeV
+20KeV
+30KeV
Figure 3.18 : Simulations TCAD montrant l’évolution de la forme d’implants et de la
concentration de dopants en fonction de l’énergie d’implantation
Ce même travail de caractérisation a été réalisé en faisant varier cette fois la dose de dopage du
canal et en fixant l’énergie d’implantation LDD (cf. Tableau 3.1). L’évolution des tensions de seuil Vtp
et Vte est donnée Figure 3.19a. Une augmentation similaire est observée pour les deux tensions de
seuil en fonction de l’augmentation de la dose du dopage canal (≈ + 325 mV). Cela signifie que
l’augmentation de la dose du dopage a pour conséquence un décalage global de la tension de seuil
Vt, quel que soit l’état de la cellule. La fenêtre de programmation, correspondant à la différence
Vtp - Vte, reste constante en fonction de la dose de dopage. Cependant, afin de pouvoir comparer la
fenêtre de programmation avec les variations sur le LDD et nous conformer à ce qui se fait
réellement au niveau d’un produit mémoire, nous devons ajuster l’opération d’effacement afin de
nous situer, pour chaque mesure, au même niveau de VT effacé. Les fenêtres de programmation,
normalisées par rapport à la valeur standard d’énergie ou de la dose, peuvent ainsi être comparées.
Les résultats sont reportés en Figure 3.19 b et montrent deux effets opposés.
Vtp
+16%
+25%
Vte
- 4%
- 7%
- 11%
-15%
(b)
(a)
Figure 3.19 : Evolution des tensions de seuil programmées Vtp et effacées Vte du point mémoire
en fonction de la variation de dose de dopage du canal (a) ;
Fenêtre de programmation normalisée par rapport à la valeur standard en fonction des
variations LDD et de dopage canal (b)
Alors que la fenêtre de programmation est plus grande en augmentant la dose de dopage du canal
(en partant du même niveau de VT effacé), elle diminue lorsque l’énergie d’implantation des LDD
109
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
augmente. Ainsi, il est primordial de bien ajuster ces deux paramètres process afin de trouver la
meilleure fenêtre de programmation possible, sans toutefois impacter négativement d’autres
caractéristiques électriques, comme l’endurance ou les courants de fuite, que nous allons évaluer
dans ce qui suit.
III.3.4.2 Influence sur le courant de fuite de bit-line
Un autre point intéressant à évaluer en fonction de ces variations process est le courant de fuite
de bit-line (en anglais Bit-line Leakage ou BLL) qui peut apparaitre sur un plan mémoire durant
l’opération de programmation, dû au phénomène de GIDL [Nair '04]. Nous mesurons les
caractéristiques ID(VDB) pour différentes énergies d’implantation LDD, comme le présente la Figure
3.20. Cette mesure doit être réalisée le plus rapidement possible (de l’ordre de la µs) car elle est
dégradante lorsque VD atteint de fortes valeurs (conditions limites de programmation par porteurs
chauds). Dans l’encart de la Figure 3.20 est représentée la valeur normalisée du courant de fuite de
bit-line en fonction de l’énergie d’implantation, pour la tension VDB = 4.3V correspondant à la tension
de drain utilisée lors de la programmation.
Figure 3.20 : Caractéristique ID(VDB) en fonction de l’énergie d’implantation des LDD.
Encart : Courant BLL en fonction de l’énergie d’implantation à VDB = 4.3V
Nous observons une diminution du courant de fuite de bit-line lorsque l’énergie d’implantation
augmente, due aux variations de dopage dans la région située entre le canal et la jonction
drain/substrat, qui réduisent le champ électrique latéral ELAT le long du canal. Des simulations TCAD,
montrant les effets de variation de dopage dans les régions faiblement dopées LDD, permettent de
confirmer cette hypothèse. En réalisant une coupe horizontale le long du canal à une distance de
20nm en dessous de l’interface Si/SiO2, la forme des implants et le profil de dopage de l’espèce
Arsenic présente dans les implants LDD peuvent être déterminés, comme le montre la Figure 3.21.
110
horizontal
cut
Std
+20 keV
Concentration de dopage (cm-3)
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
+10 keV
+30 keV
Source
1020
std
+ 10 KeV
+ 20 KeV
+ 30 KeV
Drain
Implants LDD
1019
Profil de dopage
moins abrupte,
plus graduel
1018
canal
Position le long du canal (u.a)
(b)
(a)
Figure 3.21 : Simulations TCAD montrant l’effet de l’énergie d’implantation sur la forme des
implants LDD (a) et sur le profil de dopage (b)
Il a été démontré que les gradients de dopants impactent le courant GIDL à travers le champ
électrique latéral [Orlowski '89] [Touhami '01] [Rideau '04] [Rideau '10]. Dans notre cas, en
comparant les profils de dopage pour les valeurs standard et +30 keV sur l’énergie d’implantation
dans la région LDD/drain, nous observons un profil de dopage moins abrupt lorsque l’énergie
d’implantation augmente, traduisant la présence d’un champ électrique latéral plus faible, et par
conséquent un courant de fuite plus faible [Parke '92]. Nous confirmons ces observations par des
simulations TCAD où les profils des champs électriques latéral (ELAT) et vertical (EVERT) sont donnés en
fonction de l’énergie d’implantation le long du canal (Figure 3.22a et 3.22c).
Champ électrique latéral (ELAT)
std
+ 10 KeV
+ 20 KeV
+ 30 KeV
horizontal
cut
Std
+20 keV
X (u.a)
(a)
Champ électrique vertical (EVERT)
+10 keV
+30 keV
(b)
std
+ 10 KeV
+ 20 KeV
+ 30 KeV
Figure 3.22 : Simulations TCAD des
variations du champ électrique total
(ELAT+EVERT) (b) ; profils du champ électrique
latéral (a) et vertical (c) en fonction de
l’énergie d’implantation des LDD
X (u.a)
(c)
111
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Dans la région de recouvrement grille/drain, seule la composante ELAT diminue en fonction de
l’énergie d’implantation, la composante EVERT restant constante. Les variations sur le champ
électrique total (champ résultant des composantes ELAT et EVERT) le long du canal sont également
données en Figure 3.22b. L’augmentation de l’énergie d’implantation des LDD a pour conséquence
de réduire le champ électrique latéral (et donc le champ électrique total résultant), réduisant par
conséquent le courant de fuite de bit-line.
fuites
10.98
ICELL IBLL
IJC
IPT
Id
IBLL
unsel
IIjcJC
IIptPT
VDB(V)
Fenêtre de programmation (u.a)
% du courant consommé
LDD standard : 35 keV
Fenêtre de programmation
IBLL (511 cellules non sel)
Idsel (1 cellule sélectionnée)
IBLL + Idsel
std +18%
std +10%
std
Variation de la dose de dopage
Courant de fuite bitline(u.a)
Courant de drain Idsel(prog) (u.a)
Courant de drain (u.a)
Ce dernier est composé de deux contributions principales : le courant de fuite de perçage ou de
« punch-through » (IPT) correspondant au courant collecté au niveau de la source et le courant de
fuite de la jonction drain/substrat (IJC) collecté au niveau du drain. Pour les mesures réalisées, les
contributions IPT et IJC sont représentées sur la Figure 3.23a. Nous remarquons que la contribution du
courant de percolation IPT est négligeable (3 ordres de grandeur plus faibles) par rapport au courant
de fuite de jonction IJC, traduisant le fait que le courant de bit-line IBLL est principalement dû au
courant de fuite de la jonction drain/substrat IJC. L’encart de la Figure 3.23a montre la contribution
totale du courant consommé lorsque l’on programme un point mémoire. 89 % du courant total est
dû au courant de drain de la cellule sélectionnée et programmée, et 11 % correspond au courant de
fuite de la bit-line (équivalent à la somme des courants de drain des 511 bit-lines non sélectionnées).
(b)
(a)
Figure 3.23 : Caractéristique ID(VDB) des courants IBLL, IJC et IPT et la contribution de ces courants
de fuite par rapport au courant total consommé (encart) (a) ;
Evolution de la fenêtre de programmation, du courant de fuite de bit-line et du courant de
drain consommé pendant la programmation en fonction de la dose de dopage canal
(en unité arbitraire) (b)
Un travail de caractérisation similaire a été effectué en faisant varier cette fois-ci la dose de
dopage du canal et en laissant l’énergie d’implantation LDD à sa valeur standard (35 keV). Des
mesures de consommation supplémentaires évaluant le courant de drain pendant la programmation
ont également été réalisées pour plusieurs doses de dopage de canal, en appliquant le protocole de
mesure décrit en section III.3.3.2. Afin de pouvoir comparer les résultats, ces derniers ont été
normalisés par rapport à la valeur de dose standard (7.1013 cm-2) et sont résumés en Figure 3.23 b et
dans le Tableau 3.2.
112
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Tableau 3.2 : Gain/pertes (%) en fonction des variations de dose du dopage canal
Fenêtre de programmation (%)
Courant de fuite de bit-line IBLL (%)
Courant de drain IdSEL (prog) (%)
Std
/
/
/
Std + 10 %
+ 15
+8
- 22
Std + 18 %
+ 25
+ 32
- 36
Les résultats reportés dans le Tableau 3.2 montrent qu’en augmentant de 10 % la valeur de dose
de dopage du canal, des améliorations sont possibles sur la fenêtre de programmation (+15 % en
considérant une programmation à partir du même niveau effacé) et sur le courant consommé durant
l’opération de programmation (-22 %). En revanche, le point négatif de cette modification process
est l’augmentation du courant de fuite de bit-line (+8 %). Etant donné que nous avons montré que
89 % du courant total consommé sur une bit-line durant la programmation correspond au courant de
drain IdSEL, l’augmentation de 8 % sur le courant de bit-line peut être acceptée. Ces résultats seront
discutés plus tard dans la section III.4.3 où nous tenterons de trouver le meilleur compromis possible
entre performances et fiabilité de la cellule mémoire.
III.3.4.3 Influence sur la dégradation en cyclage
Après avoir caractérisé la fenêtre de programmation et la consommation de courant, nous nous
sommes intéressés à l’aspect fiabilité en évaluant l’influence des variations de l’énergie
d’implantation des LDD sur l’endurance, en cyclant une certaine statistique de cellules unitaires et en
étudiant la fermeture de fenêtre. Les signaux de programmation et d’effacement sont les mêmes
que ceux de la Figure 3.17b, les conditions de polarisation diffèrent légèrement comme suit :



Programmation par porteurs chauds : VG=9V ; VD=4.2V ; VB=VS=0V ; durée du pulse =
4 µs.
Effacement par Fowler-Nordheim : signal « rampe » appliqué sur le grille VG=0V
à -19.5 V, avec une pente de 5 kV/s suivi d’un plateau de 50 µs.
Lecture de la tension de seuil Vt effectuée à courant constant ID = 10 µA, VD=0.7V.
Les caractéristiques de cyclage sont présentées sur la Figure 3.24a pour différentes énergies
LDD. Après 100K cycles, lorsque l’énergie LDD augmente, une fenêtre de cyclage plus petite est
observée. Nous remarquons également un effet plus important au niveau de la fermeture de fenêtre
sur l’état programmé Vtp que sur l’état effacé Vte. Ce résultat semble surprenant dans la mesure où
l’on ne s’attend pas forcément à avoir une fermeture de fenêtre plus importante en partant de
niveaux programmés et effacés plus bas au début du cyclage. Nous retrouverons par la suite ce
même effet de fermeture de fenêtre en cyclage dans la section III.4.3 en fonction de la polarisation
de drain et nous tenterons de l’expliquer.
113
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
(a)
15 % max
degradation
15 % max
degradation
(c)
(b)
Figure 3.24 : Fenêtre de programmation en cyclage (a) et pourcentages de variation des
tensions de seuil programmées (b) et effacées (c) en fonction du nombre de cycles et de
l’énergie d’implantation LDD
Les Figures 3.24b et 3.24c représentent respectivement les pourcentages de variation des
tensions de seuil programmées Vtp et effacées Vte en fonction du nombre de cycles et des
différentes énergies, traduisant l’effet de dégradation au cours du cyclage. Afin de garder une
fenêtre de programmation supérieure à 5V après 100K cycles, nous définissons un critère de
dégradation maximum de 15 % sur les états programmés et effacés. Nous constatons que seules les
énergies d’implantation standard et à +10 keV respectent ce critère.
III.3.5 Discussion et conclusion
Il devient essentiel d’ajuster judicieusement l’énergie d’implantation des LDD dans le but de
trouver le meilleur compromis possible entre la réduction du courant de fuite de bit-line, la
diminution de la fenêtre de programmation et l’aspect de dégradation induite par le cyclage. Comme
le montrent les données de la Figure 3.25, un bon compromis peut être trouvé en augmentant
l’énergie de +10 keV par rapport à la valeur standard et en gardant fixe la dose de dopage canal.
Ainsi, une diminution d’environ 51 % sur le courant de fuite de bit-line et une réduction de
seulement 4 % sur la fenêtre de programmation sont des améliorations potentielles. De plus, en
augmentant davantage l’énergie (+20 keV), nous pourrions atteindre jusqu’à 71 % de réduction sur le
courant de fuite de bit-line mais au détriment d’une perte plus importante sur la fenêtre de
programmation (-7 %).
114
- 4%
- 7%
- 11%
- 51%
- 71%
13 cm-2
Dose de dopage Standard
standard : 7.10
CDD
- 81%
- 81%
Courant de fuite bitline(u.a)
Feneêtre de programmation (u.a)
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Energie d’implantation LDD (keV)
Figure 3.25 : Evolution de la fenêtre de programmation et du courant de fuite de bit-line en
fonction de l’énergie d’implantation (dose de dopage standard : 7.1013 cm-2)
En revanche, ces améliorations possibles n’ont pas d’influence sur la fiabilité en endurance
puisque la fermeture de fenêtre en cyclage (Figure 3.24 b et 3.24c) est quasiment la même entre
l’énergie d’implantation standard et à +10 keV. Avec une augmentation supérieure à +10 keV, la
dégradation en cyclage dépasserait le critère défini (+15 % max de dégradation) pour les états
programmés et effacés.
En considérant cette fois-ci une augmentation de 10 % sur la dose de dopage du canal et en
fixant l’énergie d’implantation des LDD (35 keV), nous obtenons les résultats suivants :



Amélioration de la fenêtre de programmation (+15 %) (aspect positif)
(en considérant une programmation à partir du même niveau effacé)
Augmentation du courant de fuite de bit-line (+8 %) (négatif)
Diminution du courant de drain consommé durant l’opération de
programmation (- 22 %) (positif)
Cette étude, dont les principaux résultats sont reportés dans [Just '12a] [Just '12b], a permis de
mettre en évidence l’influence de paramètres du procédé de fabrication sur les performances et la
fiabilité de la cellule mémoire Flash, en particulier les effets de variations de l’énergie d’implantation
des LDD et de la dose de dopage du canal. Nous avons montré que les implants LDD et la dose de
dopage modifiaient de manière significative les champs électriques présents au sein de la structure
lors des opérations d’écriture et d’effacement. Nous avons également vu un effet sur la fermeture de
la fenêtre de cyclage en fonction de l’énergie d’implantation du LDD. Nous tenterons d’expliquer cela
dans la suite de ce manuscrit (cf. section III.4.3.1). Par ailleurs, nous avons également montré
comment les paramètres « process » pouvaient être ajustés en jouant sur les valeurs de doses, afin
d’améliorer la fenêtre de programmation, le courant de fuite de bit-line et le courant de drain durant
l’opération de programmation, tout en veillant à respecter les spécifications définies sur la fiabilité
en endurance.
115
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
III.4 Effets des conditions de lecture, de la tension de drain et de
l’endurance sur la consommation du point mémoire
Après ces deux études orientées sur le procédé de fabrication, nous allons maintenant étudier
l’aspect consommation du point mémoire, axé sur les conditions électriques de fonctionnement.
III.4.1 Contexte
Avec l’accroissement du nombre de dispositifs mobiles dans le monde, tant pour les applications
grand public (smartphones, lecteurs multimédias, tablettes PC, pico-projecteurs, appareils photo
numériques) que les applications spécifiques (automobile, militaire, spatial, médical), il est désormais
indispensable d’être attentif à l’aspect consommation du point mémoire afin de le minimiser et de
jouir ainsi de meilleures performances (autonomie, fréquence de fonctionnement). Nous nous
sommes donc intéressés à l’aspect consommation du point mémoire à travers deux études.
Nous présenterons dans un premier temps une étude visant la caractérisation du courant de
fuite de bit-line lors de l’opération de lecture pour différentes tensions de vérification de déplétion et
en fonction de contraintes d’endurance et de température. Puis, une deuxième étude permettra de
quantifier et de montrer les effets de l’endurance et de la tension de drain sur le courant et l’énergie
consommés par le point mémoire durant l’opération de programmation.
III.4.2 Caractérisation du courant de fuite de bit-line en mode lecture
Comme expliqué au chapitre 1, il existe au niveau d’une macrocell mémoire ou d’un produit
mémoire Flash des tensions caractéristiques de référence ajustables grâce à des cellules de
références (cf. section I.5.2.3). Le niveau de vérification de déplétion est implémenté pour détecter
les éventuelles cellules dépletées (cellules sur-effacées) qui introduisent des perturbations en lecture
puisque ces cellules, traversées par un faible courant de fuite, peuvent contribuer à augmenter le
courant de fuite total de la bit-line. Pour remédier à ce problème, les cellules dépletées doivent être
ramenées au-delà du niveau de vérification de déplétion (Depletion Verify), en utilisant une
opération de soft-programmation. Plus le niveau de déplétion verify sera bas (faible VTH), plus il
faudra ramener les cellules dépletées en ajustant l’opération de soft-programmation (polarisation
plus forte, plus grand nombre de pulses). L’objectif de cette étude est de mesurer l’impact du niveau
de vérification de déplétion sur le courant de fuite de bit-line, en fonction du cyclage et de la
température.
III.4.2.1 Effet de la tension de vérification de déplétion
Tout d’abord, nous avons tracé la caractéristique Id(Vg) d’une cellule mémoire effacée en
fonction du nombre de cycles d’écriture/effacement, comme le montre la Figure 3.26a. Chaque
caractéristique Id(Vg) est ensuite normalisée par rapport à une tension de vérification de déplétion
DV. Par exemple, pour un DV à 3.2V, on obtient la Figure 3.26b où, pour une tension Vg nulle, la
valeur IOFF correspond au courant de fuite du point mémoire en mode lecture. Sur le dispositif
mémoire étudié, le courant de lecture IdREAD est fixé à 10 µA et la tension nominale de vérification de
déplétion (notée DV) est de 3.2V.
116
1E-3
1E-3
1E-5
1E-5
1E-7
1E-7
Id (V)
Id (V)
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
1E-9
1E-11
1E-9
1E-11
1E-13
1E-13
1E-15
1E-15
0
1
2
3
4
5
IdREAD = 10 µA
6
IOFF
3.2 V
0
2
1
3
4
5
Vgnorm (V)
(a)
(b)
Figure 3.26 : Caractéristique Id(Vg) en fonction du cyclage (a) ; Normalisation de Id(Vg) par
rapport à DV = 3.2V en fonction du cyclage (b)
Vg (V)
Courant de fuite IBLL (A)
La normalisation des différentes caractéristiques est établie à l’aide de l’équation suivante :
VgNORM = Vg – (VTH – DV) où VTH est la tension de seuil de la cellule lue à un courant fixe de 10 µA et
DV la tension de vérification de déplétion (2.8V ; 3V ; 3.2V). Nous considérons une bit-line
comprenant 512 cellules mémoires et définissions IBLL comme le courant de fuite total sur la bit-line
(IBLL = IOFF x 512). Le même raisonnement est ensuite appliqué pour les trois critères de DV et
l’évolution de IBLL peut alors être déterminée en fonction du nombre de cycles et de la température.
Les résultats moyennés sur une statistique de 5 cellules sont donnés Figure 3.27. Une différence de
l’ordre de 2 décades est observée entre 25 °C et 125 °C pour l’état vierge, quelle que soit la tension
de vérification de déplétion. Après 100K cycles, cette différence devient plus importante (entre 2.5 et
3 décades) en fonction de la tension de vérification.
1E-5
DV = 2.8 V
DV = 3 V
DV = 3.2 V
1E-6
1E-7
1E-8
125ºC
1E-9
25ºC
1E-10
1E-11
1E-12
1E00
100 Kc
Vierge
1E01
1E02
1E03
1E04
1E05
1E06
Nb de cycles
Figure 3.27 : Evolution du courant de fuite total de la bit-line IBLL en fonction du cyclage et de
la température pour 3 niveaux de tension de vérification de déplétion (DV)
En observant le courant de fuite IBLL à 125 °C, nous remarquons qu’en souhaitant diminuer le
niveau de tension de déplétion de 3.2V à 2.8V le courant de fuite est plus fort d’environ1.5 décades
pour l’état vierge et 1 décade après 100K cycles. Dans ce dernier cas, le courant de fuite est
relativement fort dépassant même 1 µA et va perturber l’opération de lecture (surconsommation en
117
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
mode lecture, lecture erronée de la tension de seuil VTH). L’augmentation progressive du courant de
fuite de bit-line en fonction du nombre de cycles est due aux défauts piégés dans l’oxyde tunnel au
cours du cyclage qui vont dégrader le point mémoire et modifier (entre autres) la caractéristique
Id(Vg). Cette dernière repose sur deux indicateurs importants, la pente sous le seuil (S.S) et le gain de
transconductance (gm), qui vont être dégradés au cours du cyclage, comme l’illustre la Figure 3.28
(Id(Vg) normalisé par rapport à 3.2V). La pente sous le seuil ainsi que le gain diminuent lorsque le
nombre de cycles augmente. Il en résulte alors une augmentation du courant de fuite IOFF du point
mémoire et par conséquent, du courant total de bit-line IBLL. Ainsi, il est primordial de choisir
correctement la tension de vérification de déplétion lors de la qualification technologique d’un
produit mémoire, en particulier un produit destiné à fonctionner en température (85 °C - 150 °C)),
afin de limiter les fuites de courant des cellules dépletées et éviter des perturbations en lecture.
Notons également qu’une solution pour limiter les fuites de courant sur les cellules dépletées est
d’appliquer lors l’opération de lecture une tension de word-line négative (-2V à -4V) sur les cellules
non sélectionnées pour bloquer ces fuites indésirables. Mais cette solution est contraignante car elle
nécessite d’avoir accès à une tension négative (pompe de charge supplémentaire pour une
génération ou circuit diviseur pour une transformation de tension) et une circuiterie périphérique
dédiée à ce mode de fonctionnement.
Dégradation
du gain gm
Dégradation de la
pente sous le seuil
(b)
(a)
Figure 3.28 : Caractéristiques Id(Vg) normalisées pour DV = 3.2V montrant les dégradations au
cours du cyclage de la pente sous le seuil (a) et du gain de transconductance (b)
Après avoir caractérisé le courant de fuite de bit-line en mode lecture selon plusieurs conditions
d’utilisation (critère de depletion verify, courant de lecture, température et endurance), nous allons
présenter dans la suite de ce manuscrit une étude visant à caractériser le courant et l’énergie
consommés du point mémoire durant l’opération de programmation et l’impact de cycles répétés
d’écriture-effacement sur cette consommation.
III.4.3 Caractérisation de la consommation énergétique du point
mémoire lors de sa programmation en fonction de l’endurance et de la
tension de drain
Afin d’étudier l’effet de l’endurance sur la consommation énergétique du point mémoire, nous
évaluerons trois paramètres électriques : la fenêtre de programmation (notée PW pour Programming
118
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Window), l’énergie de consommation (notée Ec) et le pic de courant de drain (noté IdMAX), durant le
pulse de programmation, sur cellules vierges et cyclées. Le cyclage sera réalisé avec différentes
tensions de drain lors de la phase de programmation : VD = 3.8 V, 4.2 V (tension nominale) et 4.6 V
afin de voir leur influence sur la fenêtre de programmation. Avant de réaliser la mesure et afin de
pouvoir comparer correctement nos résultats, toutes les cellules sont effacées à la même valeur de
tension VtER ≈ 2 V.
III.4.3.1 Impact de la tension de drain sur la fiabilité en endurance
Représentée en Figure 3.29a, la caractéristique d’endurance montre une fermeture de fenêtre
plus importante pour une polarisation de drain VD plus faible (3.8V versus 4.6V). Cet effet de
fermeture de fenêtre en cyclage a déjà été observée précédemment (cf. section III.3.4.3) lorsque
nous faisions varier l’énergie d’implantation des LDD. En effet, lorsque l’énergie d’implantation était
plus importante, les gradients de dopants au niveau de la jonction drain-bulk étaient modifiés (profil
de dopage de la jonction moins abrupte) conduisant à un champ électrique latéral ELAT plus faible.
Nous retrouvons ce même cas de figure pour la tension de drain où avec une tension VD moins forte,
le champ électrique latéral ELAT le long du canal est également moins fort.
VD
(b)
(a)
Figure 3.29 : Fenêtre de cyclage (en unité arbitraire)
pour différentes tensions de drain (a) ;
Dégradation normalisée des états programmés Vtp (b)
et effacés Vte (c)
Programmation : CHE : VG = 8V; VS = VB = 0V; durée du pulse = 4 µs
Effacement : FN : VG = -18V (5 KV/s rampe + plateau de 50 µs) ;
VS = VB = VS = 0V;
Lecture : Vt lu à Id = 10 µA ; VD=0.7V
(c)
Nous observons un effet plus important au niveau de la fermeture de fenêtre sur l’état
programmé Vtp (Figure 3.29 b) que sur l’état effacé Vte (Figure 3.29c). Cela signifie que la
dégradation de l’état programmé dépend dans ce cas directement de la programmation par porteurs
chauds puisqu’elle met en jeu les deux contributions des champs électriques (ELAT et EVERT) alors que
l’effacement, réalisé lui par Fowler-Nordheim, met seulement en jeu le champ vertical aux bornes de
119
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
l’oxyde tunnel. Nous allons tenter de donner une explication cet effet de fenêtre de programmation
en cyclage en fonction du VD. Lorsque la tension de drain est plus élevée, le champ électrique latéral
ELAT situé dans le canal entre source et drain est plus fort. Sous l’influence de ce champ latéral, les
électrons sont alors fortement accélérés, favorisant l’injection de porteurs chauds dans la grille
flottante. Cela conduit à une meilleure efficacité de programmation et par conséquent à une fenêtre
de programmation plus grande à t0. A partir de la cinétique de programmation, nous avons calculé et
tracé les cinétiques (évolution d’une grandeur en fonction du temps) du potentiel de grille flottante
VFG et du champ électrique vertical EVERT à l’aide des équations (3.8) et (3.9) :
VFG
D VD
E VERT
Q FG
CT
G VCG
(3.8)
VFG VB
tTUN
(3.9)
Vt
EVERT
3.8V
4.6V
Champ électrique vertical (u.a)
Tension de seuil Vt (u.a)
Où αD et αG sont les coefficients de couplage du drain et de la grille, VCG et VD sont les tensions de
la grille de contrôle et de drain durant la programmation, QFG est la charge injectée dans la grille
flottante et CT représente la capacité totale du modèle capacitif de la cellule Flash. Le champ
électrique vertical EVERT peut alors être calculé en utilisant (3.9), où tTUN est l’épaisseur de l’oxyde
tunnel. Sur la Figure 3.30 sont présentées les cinétiques de programmation (évolution de la tension
de seuil Vt) et du champ électrique vertical EVERT en fonction du temps, pour les deux conditions
extrêmes de VD, 3.8V et 4.6V.
Temps (µs)
Figure 3.30 : Cinétique de programmation (évolution du Vt) et du champ électrique vertical
EVERT en fonction de la tension de drain
Nous observons clairement que sur la mesure à VD=3.8V, le champ électrique vertical a une
amplitude plus grande qu’à VD=4.6V et décroit au cours du temps de programmation. À VD=4.6V, le
champ électrique latéral ELAT étant plus fort, l’injection de porteurs dans la grille flottante est
favorisée (efficacité d’injection plus grande). L’explication que nous formulons est qu’en favorisant la
programmation avec un VD plus fort (VD=4.6V), le champ électrique vertical EVERT diminue au cours du
temps de programmation en conservant une amplitude plus faible qu’à VD = 3.8V (environ - 18 %). De
120
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
ce fait, on peut penser que le stress que subit l’oxyde tunnel pendant le signal de programmation est
moins important, et la fenêtre en cyclage se ferme moins (moins de dégradation), ce qui se vérifie sur
l’état programmé (cf. Figure 3.29 b).
III.4.3.2 Impact de la tension de drain sur la consommation du point mémoire
Nous avons précédemment détaillé en section III.3.3.2 le setup expérimental, les conditions de
programmation et la méthode de mesure nous permettant de réaliser la mesure dynamique du
courant de drain durant les signaux de programmation appliqués sur la grille et le drain. Les
caractéristiques des signaux utilisés pour le cyclage ainsi que les résultats de mesure du courant de
drain sur cellules vierges sont représentés Figure 3.31.
VG = 8V
4 µs
VD = 4.2V
Ecriture: VG=8V ; VD=4.2V(std)
durée du pulse = 4 us
Effacement: VG= -18V;
Rampe : 5KV/s ; Plateau=50µs
50 µs
- 18V
(a)
(b)
Figure 3.31 : Signaux utilisés lors du cyclage (a) ; Mesure dynamique du courant de drain
durant le pulse de programmation pour différentes polarisations de drain (b)
Nous observons que le pic de courant atteint une valeur proche de 133 µA pour les trois
tensions de drain. En revanche, on remarque que puisque le courant est plus fort pour VD = 4.6 V que
pour 3.8 V durant la durée du pulse, l’énergie consommée Ec calculée sera également plus
importante pour un plus fort VD. Les résultats de mesure de consommation consignés dans le
Tableau 3.3 récapitulent les valeurs du pic de courant (IdMAX), de l’énergie consommée (Ec) et de la
fenêtre de programmation (PW) sur cellules vierges et cyclées en fonction des polarisations de drain
utilisées lors du cyclage. Pour chaque VD, la différence obtenue entre cellule vierge et cyclée est
également indiquée en pourcentage. La Figure 3.32 montre graphiquement ces résultats en échelle
normalisée.
Tableau 3.3 : Tableau récapitulatif des données de consommation en fonction du VD
Pic de courant
IdMAX (µA)
Energie consommée
Ec (nJ)
Fenêtre de prog.
PW (V)
VD (V)
Cellule vierge
Cellule cyclée
(100Kc)
Cellule vierge
Cellule cyclée
(100Kc)
Cellule vierge
Cellule cyclée
(100Kc)
3.8
131
157 (+19%)
1.08
1.70 (+58%)
4.97
3.79 (-24%)
4.2
129
159 (+23%)
1.30
1.84 (+42%)
5.30
4.21 (-21%)
4.6
138
164 (+19%)
1.59
1.86 (+17%)
5.48
5.44 (-1%)
121
+ 17%
+ 58%
+48%
Fenêtre de programmation (V)
cycleé
Tension de drain (V)
vierge
- 24%
cyclée
cyclée
vierge
+ 23%
Courant de drain (u.a)
Energie consommée (u.a)
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
Tension de drain (V)
(a)
(b)
Figure 3.32 : Mesure de l’énergie consommée calculée durant le pulse de programmation (a) et
fenêtre de programmation et pic de courant de drain (b) sur cellules vierges et cyclées (100Kc)
pour différentes polarisations de drain
Sur cellule vierge, l’énergie consommée augmente en fonction de la tension de drain : + 48 %
entre VD = 3.8V et 4.6V. Cet effet d’augmentation de l’énergie consommée en fonction de la tension
de drain a déjà été observé dans [Della Marca '12] où une tension de drain optimale avait pu être
trouvée pour minimiser l’énergie de consommation tout en gardant une fenêtre de programmation
convenable. De plus, la variation au niveau du pic de courant est relativement faible en fonction du
VD .La fenêtre de programmation, normalisée par rapport à la tension de drain à 4.6V, subit une
légère diminution (≈ -10 %) lorsque VD passe de 4.6V à 3.8V.
Sur cellule cyclée (100Kc), les mesures de courant sont effectuées dans les mêmes conditions en
veillant à effacer la cellule à la même tension de seuil autour de 2V. On ne retrouve plus l’effet
d’augmentation de l’énergie avec le VD que l’on voyait sur cellule vierge. L’énergie consommée est
quasi constante en fonction du VD. Toutefois, nous observons une augmentation de l’énergie
consommée durant le pulse de programmation d’environ 58 % pour VD = 3.8V et 17 % pour VD = 4.6V.
En raison de la présence de défauts piégés dans l’oxyde tunnel durant les cycles
d’écriture/effacement, il devient plus difficile d’injecter les électrons dans la grille flottante et de
programmer la cellule. De ce fait, le courant de drain devient plus important passant d’environ
130 µA à 160 µA (≈ +20 % sur le courant maximal quelle que soit la polarisation de VD, et la fenêtre
de programmation est plus petite (≈ -21 % pour VD = 4.2V et -24 % pour VD = 3.8V). Ainsi, il est
intéressant de voir que pour un produit mémoire qui requiert une faible consommation d’énergie et
des spécifications plutôt relâchées au niveau de l’endurance, l’énergie consommée durant
l’opération de programmation peut être réduite en jouant sur la tension de drain VD. La tension de
drain standard utilisée pour la technologie 90nm testée est de 4.2V. Nous avons montré qu’en
choisissant une tension de drain plus faible (3.8V au lieu de 4.2V), il était possible de réduire l’énergie
consommée (environ 20 %) tout en gardant environ la même valeur de courant maximale en début
de pulse (pic) et une fenêtre de programmation légèrement plus faible (≈ - 6 %).
122
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
III.4.3.3 Comportement de la consommation du point mémoire au cours du cyclage
Après avoir étudié la consommation énergétique du point mémoire pour différentes tensions de
drain utilisées lors du cyclage, nous allons désormais étudier son comportement au cours du cyclage
avec une polarisation de drain VD fixée à 4.2V. Les mesures ont été réalisées sur cellule mémoire
unitaire en suivant le protocole suivant : à chaque étape de cyclage (1K, 10K,…, 100K cycles), nous
avons réalisé une mesure dynamique du courant de drain et une mesure de la cinétique de
programmation (évolution de la tension de seuil Vt dans le temps). Chacune des deux mesures
débute en veillant à avoir la même tension de seuil effacée initiale à 2V. La mesure de cinétique de
programmation est effectuée en découpant le pulse de programmation standard de 4 µs en minipulses de 100 ns de largeur de plateau et 70 ns de temps de montée/descente et en mesurant la
tension de seuil de la cellule entre chaque mini-pulse. Les cinétiques de programmation à chaque
étape de cyclage sont représentées en Figure 3.33a. Même si la durée du pulse de programmation
est de 4 µs, nous nous sommes limités dans le cas de la cinétique à 1 µs puisqu’on l’on observe un
effet de saturation en fonction du temps. En effet, nous observons que la programmation, due à
l’injection de porteurs chauds dans la grille flottante, s’effectue principalement dès les premiers
pulses atteignant près de 83 % de la fenêtre de programmation finale après le 1er pulse et 88 % après
le 2ème pulse. Ainsi, l’efficacité d’injection est principalement contenue en tout début de pulse. Elle
est atténuée ensuite en fonction du nombre de cycles puisqu’ il devient de plus en plus difficile de
programmer la cellule due à la dégradation et aux défauts crées dans l’oxyde tunnel lors du cyclage.
De plus, nous observons un autre effet de saturation en fonction du nombre de cycles. En effet, alors
qu’un écart significatif est relevé entre cellule vierge et après 10K cycles, la cinétique de
programmation est beaucoup moins impactée entre 30K et 100K cycles.
Courant de drain (µA)
Nb de cycles
VG (V)
Tension de seuil (V)
VtPG
Nb de cycles
VG = 8V
VD = 4.2V
VtER
0
Temps (µs)
1
2
3
4
5
Temps (µs)
(a)
(b)
Figure 3.33 : Cinétique de programmation en fonction du nombre de cycles (a) ; Mesure
dynamique du courant de drain durant le pulse de programmation en fonction du nombre de
cycles (b)
Nous retrouvons cet effet de saturation en fonction du nombre de cycles sur la Figure 3.33 b où
est représentée la réponse du courant de drain durant le pulse de programmation. Précisons que le
bruit observable sur la mesure est probablement lié au calibre du courant choisi sur l’appareil. Bien
que le pic de courant (et par conséquent l’énergie consommée) ait tendance à augmenter en
fonction du nombre de cycles, ce dernier commence à saturer à partir de 30K cycles (comme observé
123
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
sur la cinétique). Les résultats de mesure de consommation consignés dans le Tableau 3.4
récapitulent les valeurs du pic de courant (IdMAX), de l’énergie consommée (Ec) et de la fenêtre de
programmation (PW) de la cellule mémoire en fonction du nombre de cycles.
Tableau 3.4 : Tableau récapitulatif des données de consommation en fonction du cyclage
Nombre de cycles
Vierge
1K
10K
30K
70K
100K
VtER (V)
2
2
2
2
2
2
VtPG
7.6
7.6
7.3
7.0
6.7
6.6
PW (V)
5.6
5.6
5.3
5
4.7
4.6
IdMAX (µA)
123
135
150
159
160
160
Ec (nJ)
1.26
1.26
1.48
1.60
1.71
1.73
Δ IdMAX (%)
/
9.8
22
29.3
30.1
30.1
Δ Ec (%)
/
0
17.5
27.0
35.7
37.3
Nous constatons que la valeur du pic de courant arrive à saturation autour de 160 µA à partir de
30K cycles. L’énergie consommée continue d’augmenter en fonction du nombre de cycles selon une
loi logarithmique. Pour donner un ordre de grandeur, nous montrons qu’après 100K cycles
d’écriture/effacement, le pic de courant augmente d’environ 30 % et l’énergie consommée d’environ
37 % lors de l’opération de programmation, comme le montre la Figure 3.34.
Figure 3.34 : Augmentation de l’énergie consommée et du pic du courant de drain durant
l’opération de programmation en fonction du nombre de cycles d’écriture/effacement.
Dans cette étude, nous avons montré que l’énergie consommée durant l’opération de
programmation évoluait proportionnellement en fonction de la dégradation de la cellule selon une
loi en logarithme du nombre de cycles. Ces derniers résultats expérimentaux ont été réalisés sur
cellule unitaire. Il aurait été intéressant d’automatiser toutes ces mesures et de réaliser ce travail sur
un nombre de cellules plus important afin d’affiner nos résultats. Bien que coûteuses en temps, ces
mesures où sont alternées cinétiques de programmation, endurance de la cellule et mesures du
courant de consommation sont toutefois très intéressantes car elles permettent d’avoir une vision de
l’énergie consommée lors de l’opération de programmation au cours du cyclage. En effet, les
124
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
dispositifs mémoires adressés sur le marché de la faible consommation d’énergie (mémoires
embarquées dans les appareils électroniques portables) sont généralement garantis pour tenir des
spécifications de consommation au début de la vie d’un produit et en fonction de ses modes de
fonctionnement (normal, standby, low power). Dans ce contexte, l’étude menée dans ce chapitre a
permis d’adresser la problématique qui est l’évolution du courant et de l’énergie consommée au
cours du cyclage.
Conclusion
Au cours de ce chapitre, nous avons présenté différentes études permettant de caractériser la
fiabilité et les performances du point mémoire Flash. Dans un premier temps, nous avons décrit les
différentes étapes du flot de fabrication CMOS 90 nm utilisé à ST Microelectronics (Rousset) pour
réaliser le point mémoire.
Une première étude liée au procédé de fabrication a permis d’évaluer la fiabilité de l’oxyde
tunnel au niveau du piégeage de charges et des faibles fuites de courant, à travers deux recettes de
poly-réoxydation. Les résultats obtenus ont montré un meilleur comportement de la recette RTP que
la recette ISSG, tant au niveau du piégeage de charges que des faibles courants de fuite. Ils ont
également mis en évidence que la recette de poly-réoxydation ne semble pas avoir un effet localisé
sur les bords de l’oxyde tunnel (régions ré-oxydées) mais un impact plus global sur la qualité de
l’oxyde tunnel, modifiant ainsi ses propriétés intrinsèques.
Une deuxième étude, également liée au procédé de fabrication, a permis d’étudier l’influence
des variations de l’énergie d’implantation des implants LDD et du dopage du canal sur la
consommation et l’endurance de la cellule mémoire. Nous avons montré comment ces paramètres
process pouvaient être ajustés en jouant sur les valeurs d’énergies et de doses, afin d’améliorer la
fenêtre de programmation, le courant de fuite de bit-line et le courant consommé durant l’opération
de programmation, tout en veillant à respecter les spécifications en endurance.
Enfin, la dernière partie, axée sur les conditions électriques de fonctionnement, a présenté
l’impact des conditions de polarisations lors de l’opération de lecture ainsi que les effets de
l’endurance et de la tension de drain lors de l’opération de programmation sur la consommation
énergétique du point mémoire. Nous avons montré qu’en choisissant une tension de drain plus faible
lors du signal d’écriture, la fenêtre de programmation en cyclage se fermait davantage après 100K
cycles. Nous avons mis en évidence que cet effet de fermeture de fenêtre en cyclage était lié aux
comportements des champs électriques latéral ELAT et vertical EVERT durant l’opération de
programmation. En favorisant l’injection de porteurs chauds à l’aide d’un champ électrique latéral
plus fort (avec VD), il en ressort que le champ électrique vertical aux bornes de l’oxyde tunnel est
moins important, conduisant à dégrader moins l’oxyde. Par ailleurs, nous avons montré qu’en
diminuant la tension de drain lors de la programmation (3.8V au lieu de 4.2V), il était possible de
réduire l’énergie consommée d’environ 20 % tout en gardant environ la même valeur maximale sur
le pic de courant, et une fenêtre de programmation initiale légèrement plus faible d’environ 6 %.
Nous avons ensuite étudié l’impact de l’endurance sur l’énergie et le courant de consommation.
Pour des dispositifs mémoires soumis à une forte contrainte au niveau de l’endurance, il est
notamment intéressant d’estimer l’évolution de la consommation énergétique en fonction du
nombre de cycles. Nous avons montré que le pic de courant induit par le début du signal de
programmation commence à saturer en fonction du nombre de cycles alors que l’énergie totale
consommée continue d’augmenter. Cette dernière évolue en fonction de la dégradation de la cellule
125
Chapitre 3 : Fiabilité et performances de la cellule Flash : optimisations liées au procédé de fabrication et aux conditions électriques
selon une loi logarithmique, fonction du nombre de cycles. Pour donner un ordre d’idée, nous
montrons qu’après 100K cycles d’écriture/effacement, le pic de courant augmente d’environ 30 % et
l’énergie de consommation d’environ 37 % (cf. Figure 3.34).
126
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Chapitre 4
Influence de l’environnement radiatif
naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des
mémoires Flash
Ce dernier chapitre, porte sur un aspect particulier de la fiabilité des mémoires Flash en
architecture NOR. Il est consacré aux effets des particules radiatives de l’environnement naturel
terrestre sur la tenue en rétention des mémoires Flash. Depuis que le rayonnement des neutrons
atmosphériques a été identifié comme l'une des principales causes d'apparition spontanée
d'erreurs, communément appelées « aléas logiques » ou bien « Soft Errors », la mesure et la
prédiction du taux d'aléas logiques (Soft Error Rate), sont rapidement devenues une préoccupation
majeure des études de fiabilité dans ce domaine. Après une revue bibliographique concernant
l’environnement terrestre, nous verrons comment est caractérisé l’impact de ces particules
atmosphériques sur des circuits mémoires SRAM et Flash. Enfin, nous présenterons et discuterons
des résultats de l’expérience en temps réel que nous avons menée sur plus de 15 mois visant à
caractériser l’influence des particules radiatives de l’environnement naturel terrestre (neutrons
atmosphériques, particules alpha) sur la tenue en rétention des mémoires Flash.
127
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Introduction ..................................................................................................................129
IV.2 L’environnement radiatif terrestre ..........................................................................130
IV.2.1. Les sources de radiations naturelles au niveau du sol ......................................................... 130
IV.2.1.1 Les neutrons atmosphériques ........................................................................................ 132
IV.2.1.2 Les particules alpha ........................................................................................................ 133
IV.2.2. Métrologie des neutrons atmosphériques .......................................................................... 133
IV.3 Caractérisation expérimentale de circuits ................................................................135
IV.3.1. L’apparition des aléas logiques dans les circuits.................................................................. 135
IV.3.2. Mesures du taux d’aléas logiques (SER) ............................................................................... 135
IV.3.3. Les approches expérimentales de mesure du SER ............................................................... 136
IV.3.3.1 Les tests accélérés .......................................................................................................... 136
IV.3.3.2 Les tests en environnement naturel .............................................................................. 137
IV.3.4. Présentation des plateformes expérimentales .................................................................... 137
IV.3.4.1 La plateforme ASTEP ...................................................................................................... 137
IV.3.4.2 Le laboratoire LSM ......................................................................................................... 138
IV.3.5. Premiers résultats expérimentaux sur les circuits mémoires SRAM ................................... 139
IV.4 Caractérisation expérimentale de mémoires non volatiles de type Flash .................141
IV.4.1. Travaux expérimentaux accélérés par source radiative ...................................................... 141
IV.4.1. Principe de l’expérience ....................................................................................................... 144
IV.4.2. Protocole expérimental........................................................................................................ 144
IV.4.3. Détails de l’expérience ......................................................................................................... 145
IV.4.4. Pré-caractérisation des wafers............................................................................................. 146
IV.4.5. Premiers résultats expérimentaux ....................................................................................... 148
IV.4.5.1 Wafers de référence ...................................................................................................... 148
IV.4.5.2 Wafers exposés sur la plateforme ASTEP ...................................................................... 149
IV.4.5.3 Wafer exposé en laboratoire souterrain (LSM) ............................................................. 152
IV.4.6. Estimations du taux SER et interprétation des résultats ..................................................... 153
IV.4.6.1 Résultats expérimentaux ............................................................................................... 153
IV.4.6.2 Aspect modélisation et simulation................................................................................. 154
Conclusion .....................................................................................................................157
128
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Introduction
Nous avons présenté dans le chapitre 1, les différentes perturbations qui peuvent survenir au
sein d’un plan mémoire (perturbations en lecture, en écriture, courant de fuite de bit-line) ainsi que
les principales notions de fiabilité mises en jeu permettant de caractériser un point mémoire. Il existe
également d’autres phénomènes susceptibles d’altérer le fonctionnement et la fiabilité des circuits
intégrés, et en particulier les circuits mémoires, comme les phénomènes radiatifs naturels présents
dans l’environnement terrestre.
En effet, depuis des années, le haut niveau d'intégration technologique a accentué l'apparition
d'anomalies potentielles introduites par des contraintes radiatives de l’environnement comme des
contaminants radiatifs naturels (impuretés) présents à l’état de trace dans le semi-conducteur ou à
des « gerbes de rayons cosmiques » de haute énergie qui se multiplient et se retrouvent jusqu’au
niveau de la mer. Depuis que le rayonnement des neutrons atmosphériques a été identifié comme
l'une des principales causes d'apparition spontanée d'erreurs, communément appelées « aléas
logiques » ou bien « Soft Errors » pour les circuits mémoires, la mesure et la prédiction du taux
d'aléas logiques, ou « Soft Error Rate » (SER), sont rapidement devenues une préoccupation majeure
des études de fiabilité dans ce domaine.
Dans un premier temps, nous présenterons une revue bibliographique recouvrant l’ensemble du
spectre des particules radiatives de l’environnement terrestre ainsi que les méthodes de mesure et
normes associées. Dans un second temps, nous verrons comment caractériser l’impact de ces
particules atmosphériques sur des circuits mémoires, de manière naturelle ou accélérée grâce aux
différentes plateformes expérimentales existantes. Des travaux menés par différents groupes de
recherche ont notamment été réalisés sur des circuits mémoires SRAM et Flash (NOR et NAND). Tous
les travaux menés sur technologie Flash l’ont été en environnement de test accéléré, et aucun en
environnement naturel en temps réel. Dans cette optique, nous présenterons dans une troisième
partie l’expérience en temps réel que nous avons menée sur plus de 15 mois visant à caractériser
l’influence des particules radiatives naturelles présentes dans l’environnement terrestre (neutrons
atmosphériques, particules alpha) sur la tenue en rétention des mémoires Flash en architecture NOR.
Le protocole expérimental, les détails de l’expérience et les principaux résultats expérimentaux
acquis durant la 1ère année d’exploitation seront présentés et discutés.
129
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
IV.2 L’environnement radiatif terrestre
Du début des années 2000 à nos jours, grâce aux avancées des connaissances se rapportant aux
effets des radiations naturelles sur les technologies submicroniques, trois sources de rayonnement et
leurs mécanismes d'ionisation associés, ont clairement été identifiées comme étant responsables des
erreurs d’aléas logiques au niveau du sol [Baumann '01a].
IV.2.1. Les sources de radiations naturelles au niveau du sol
La première source de radiation ionisante correspond à l'émission de particules alpha provenant
d'impuretés radioactives naturellement présentes à l'état de traces dans les matériaux utilisés dans
la fabrication des semi-conducteurs. À la fin des années 1970, les particules alpha induites par la
contamination radioactive lors de l’encapsulation des boitiers des circuits ont été considérées
comme la principale cause des erreurs soft dans les mémoires DRAM [May '78].
La seconde source de radiation naturelle est liée à la pénétration des rayons cosmiques de
hautes énergies dans notre atmosphère. L'interaction complexe des rayons cosmiques avec le milieu
atmosphérique produit des gerbes de particules secondaires qui parviennent à atteindre le niveau du
sol. Celles-ci sont constituées de muons, protons, neutrons et pions, avec des énergies pouvant aller
jusqu’à 100 GeV, comme illustré en Figure 4.1. Toutes ces particules peuvent potentiellement
interagir avec la matière.
Rayons
cosmiques
Environnement
spatial
~ 1600 m²/s jusqu’au niveau de
la mer
Altitudes
avioniques
~ 100 cm²/s à 12000 m
Environnement
terrestre
~ 1 cm²/s au niveau de la mer
Figure 4.1 : Illustration des interactions entre les rayons cosmiques et l’atmosphère, créant une
cascade de particules atmosphériques secondaires (inspiré de [Ziegler '98])
La troisième source de particules ionisantes a été identifiée comme étant le rayonnement
secondaire induit par l'interaction des neutrons atmosphériques de très basses énergies (< 1 eV) avec
l'élément bore [Sierawski '10] [Autran '12c]. En effet, le bore est utilisé au niveau du Back-End Of Line
(BEOL) comme espèce dopante dans la formation des couches de passivation (verre de borophospho130
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
silicate ou BPSG). L'isotope bore 10, présent à hauteur de 20 % dans le bore naturel, est instable
lorsqu'il est exposé à des neutrons. Sa section efficace de capture des neutrons est extrêmement
élevée de l’ordre de 3 à 7 fois supérieur par rapport à la plupart des isotopes présents dans les
matériaux semi-conducteurs. Sa réaction avec un neutron engendre de l’énergie et la production
d’un noyau de lithium 7 et d’une particule alpha qui, toutes deux, sont capables d’induire des aléas
logiques dans les composants et circuits, particulièrement dans les technologies à faible tension. Les
effets de ces neutrons thermiques ont été étudiés pour certaines mémoires DRAM et SRAM et les
taux d’apparition d’événements singuliers ou SEU (Single Event Upset) alors mesurés sont apparus
comparables, voire supérieurs à la contribution des neutrons atmosphériques de hautes énergies
pour des mémoires SRAM [Kobayashi '02] [Baumann '00] [Baumann '01b]
[Granlund '05] [Autran '12b].
Flux de particules (part.s-1.cm-2)
Une prédiction du flux de particules secondaires présentes dans l’atmosphère en fonction de
l’altitude est présentée sur la Figure 4.2. Les muons, dont le flux est le plus fort au niveau du sol,
interagissent faiblement avec la matière et influencent donc peu le taux d’aléas logiques (SER).
Cependant, certaines publications récentes font état d’un intérêt croissant concernant les effets
induits par les muons [Sierawski '10] [Sierawski '11] [Serre '12]. Les pions et les protons possèdent un
flux relativement faible au niveau du sol pour être considéré comme gênant, du à l’atténuation de ce
flux par des interactions coulombiennes lors du passage dans l’atmosphère. Néanmoins, dans une
moindre mesure, ils pourraient jouer un rôle non négligeable au niveau des altitudes avioniques et
induire significativement des événements singuliers aux hautes altitudes de vol [Duzellier '01],
[Normand '04] .
102
101
0
10-1
10-2
10-3
Gamma
Neutrons
Protons
Electrons
Muons ±
Pions ±
10-4
10-5
10-6
10-7
0
20
40
60
80
100
Altitude (km)
Figure 4.2 : Simulations Monte Carlo des interactions du rayonnement cosmique avec
l’atmosphère et prédiction du flux de particules secondaires en fonction de l’altitude
(extraite des travaux de [Lei '04])
Les neutrons atmosphériques sont majoritairement les particules cosmiques secondaires les
plus susceptibles d'engendrer un événement singulier dans les composants jusqu'au niveau du sol.
131
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
IV.2.1.1 Les neutrons atmosphériques
Les neutrons atmosphériques de hautes énergies altèrent le fonctionnement d'un circuit intégré
en cas d’interaction avec un noyau atomique du réseau cristallin constituant le matériau semiconducteur traversé. Ces interactions nucléaires peuvent alors produire des noyaux au
comportement semblable à des ions lourds et responsables de la défaillance du composant. Les
interactions des neutrons atmosphériques avec le silicium et autres matériaux constituant la puce
sont complexes et dépendent de l'énergie des neutrons incidents [Serre '11]
[Uznanski '12]. Ainsi, la nature précise de tous les fragments d’impact et particules secondaires est
difficile à déterminer, mais a pu être élucidée par les progrès des simulateurs basés sur la physique
quantique [Tosaka '99]. En considérant les processus nucléaires relevant des phénomènes de SEU ou
de basculement de bit (Flip-Bit), les neutrons atmosphériques ont été reconnus responsables des
erreurs soft dans les circuits électroniques, suite à l’avancée de la miniaturisation des composants.
Avec la diminution de la charge stockée dans la grille flottante, l'énergie seuil des neutrons induisant
de manière significative des Single Event Upset a également diminué. Dans les années 2000, les
neutrons d’énergie inférieure à 20 MeV ont été identifiés à l’origine d’erreurs significatives
[Tang '03], alors que des neutrons d’énergie proche de 50 MeV avaient un impact négligeable dans
les années 1990. D’un point de vue physique, les neutrons atmosphériques, contrairement aux
particules chargées ne sont pas affectés par le champ magnétique terrestre et peuvent facilement
traverser l'atmosphère et la matière grâce à leur absence de charge électrique. Leur flux est modulé
par les cycles de l'activité solaire [Serre '10] [Delaware '12]. En traversant un matériau semiconducteur, les neutrons interagissent avec le réseau cristallin, causant des réactions nucléaires qui
vont engendrer des particules secondaires capables de produire des phénomènes d’ionisation et la
création de paires électrons-trous.
La grandeur la plus courante pour quantifier le flux de neutrons atmosphériques est le flux
intégral. La référence de mesure concernant la mesure du flux de neutrons atmosphériques est
établie à New-York qui est la ville référence (cf. section IV.2.2) où le flux de neutrons est estimé à
14.6 neutrons.cm-2.s-1 pour une gamme d’énergie comprise entre 1 MeV et 10 MeV, et à 13
neutrons.cm-2.s-1 pour des énergies supérieures à 10 MeV. La Figure 4.3 résume les valeurs relatives
des flux de neutrons dans différentes villes du monde par rapport à la référence établie à New-York.
City (Country)
Location: Latitude (º) /
Longitude: (ºE) / Altitude (m)
Avg. Relative Neutron
Flux (α.h-1.cm-2)
New York (USA)
40.7N / 286.0 / 0
1
Los Angeles (USA)
24.0N / 241.7 / 100
0.94
Paris (France)
48.9N / 2.3 / 50
0.98
La Paz (Bolivia)
16.5S / 291.9 / 4070
8.99
Bangkok (Thailand)
13.4N / 100.3 / 20
0.52
Tokyo (Japan)
35.7N / 139.8 / 20
0.64
Plateau de Bure (France)
44N / 5.9 / 2252
6.02
Figure 4.3 : Flux neutroniques relatifs moyens pour différentes villes du monde. Le flux
enregistré sur la plateforme ASTEP (Plateau de Bure), utilisée pour notre étude expérimentale,
est également indiqué, d’après [Uznanski '11].
132
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
IV.2.1.2 Les particules alpha
La production de particules alpha au sein des circuits est directement due à l’activité tellurique
de certains éléments lourds présents à l’état de trace dans les matériaux utilisés dans la fabrication
des semi-conducteurs. Les particules alpha, sont majoritairement émises par la décroissance
radioactive d'isotopes d'uranium et de thorium, dont leur énergie est comprise entre 4 et 9 MeV.
Elles peuvent induire directement des phénomènes d'ionisation localisés le long de leur trajectoire
dans le semi-conducteur qu'elles traversent. L'impact d'une radiation ionisante de manière directe
ou indirecte sur un composant peut être estimé par la quantité de charges déposée dans le semiconducteur puis collectée dans le volume sensible. La densité de charges générée par des noyaux de
silicium le long du parcours dans le semi-conducteur est comprise entre 25 et 150 fC.µm-1 tandis que
celle des particules alpha atteint au maximum 16 fC.µm-1. Par conséquent, les neutrons d'origine
cosmique ont un potentiel bien plus élevé que les particules alpha pour générer des basculements de
bits [Baumann '01a].
Une particule alpha est composée de quatre nucléons : deux protons et deux neutrons. Il existe
quatre chaînes principales de désintégration produisant des particules alpha : le Neptunium (237N), le
Thorium (234Th) et deux isotopes de l’Uranium (235U et 238U). La présence d’isotopes émetteurs issus
de particules alpha peut être établie dans les matériaux utilisés lors de l’encapsulation et la mise en
boitier des puces électroniques (comme des billes de soudure ou des composés moulés) ou
directement intégrés au niveau du circuit (dans le silicium, les lignes métalliques, ou plus récemment
l’Hafnium pour les nouveaux diélectriques de grille « High-k »). Avec l’intégration technologique et la
réduction des charges stockées dans les composants, les particules alpha sont à l’origine d’un
nombre d’erreurs logiques de plus en plus important au niveau du sol [Gasiot '04].
IV.2.2. Métrologie des neutrons atmosphériques
Un standard couramment utilisé pour les mesures de flux de neutrons issu du rayonnement
cosmique est la norme JESD89 du standard JEDEC [JESD89 '01]. Celui-ci est basé sur l’expression
analytique du spectre de neutron reportée dans les travaux de Ziegler et al. Ces derniers discutent
des spectres théoriques des différentes particules cosmiques secondaires au niveau de la mer,
normalisés aux conditions géographiques et géomagnétiques de la ville de New York [Ziegler '96].
Une représentation graphique de ces calculs est donnée en Figure 4.4 où est tracée la distribution en
énergie du débit de fluence des particules (dénommé flux différentiel), en fonction de l’énergie de
ces particules incidentes. On observe les quatre principales composantes des particules ainsi que
leur flux relatif normalisé.
133
Flux ( n.cm-2.s-1.MeV-1)
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Energie de la particule (MeV)
Figure 4.4 : Représentation des spectres théoriques des rayonnements cosmiques secondaires
déterminés au niveau de la mer [Ziegler '96]
Flux différentiel (n.cm-2.s-1.MeV-1)
Le JESD89A [JESD89A '06], version actualisée du JESD89, donne suite à ce travail de
détermination et est à présent basé sur des mesures plus récentes du flux différentiel de neutrons
effectuées par Gordon et al. en 2004 [Gordon '04] sur le même site de New York dans les mêmes
conditions que celles de Ziegler et al. Sur la Figure 4.5 sont représentés le flux de neutrons de
référence déterminé par Ziegler et al. (courbe en pointillé) selon le JESD89 et le flux actualisé
proposé par Gordon et al. (courbe continue) selon le JESD89A. Le JESD89A statue clairement sur la
nécessité de réaliser à la fois des tests avec des particules alpha et des neutrons atmosphériques de
fortes énergies pour connaître la sensibilité globale d’un composant dans l’environnement terrestre.
10-3
Ziegler et al. ;1996
[JESD89] ; 2001
10-4
10-5
10-6
10-7
10-8
Gordon et al. ; 2004
[JESD89A] ; 2006
10-9
10-10
100
101
102
103
104
Energie des neutrons (MeV)
Figure 4.5 : Flux différentiel des neutrons atmosphériques induits par le rayonnement cosmique
en fonction de l'énergie pour des conditions de référence selon les standards JEDEC JESD89 et
JESD89A
Comme mentionné dans le standard JEDEC, il est possible d'estimer le spectre des neutrons de
haute énergie de n'importe quel site terrestre en extrapolant le spectre de référence de New York
aux conditions géographiques, géomagnétiques et d'exposition solaire au site terrestre considéré.
Des termes facteurs multiplicatifs, fonction des effets de l'environnement atmosphérique (altitude,
134
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
rigidité magnétique, fluctuations de l’activité solaire), permettent d'étendre l'expression du flux
analytique de référence au flux neutronique à l'endroit considéré [JESD89A '06].
IV.3 Caractérisation expérimentale de circuits
Avec l’augmentation de la densité d’intégration, les années 1990 ont vu l'émergence d’aléas
logiques (ou d’événements singuliers (en anglais « soft-error ») dans des circuits intégrés aux
altitudes terrestres. En effet, la miniaturisation des transistors, mais aussi les tensions d'alimentation
de plus en plus faibles et l'augmentation des fréquences de fonctionnement ont accru la sensibilité
des circuits intégrés aux radiations naturelles de l’environnement.
IV.3.1. L’apparition des aléas logiques dans les circuits
L'apparition d'aléas logiques en microélectronique terrestre s'est manifestée peu de temps
après les premières observations dans le domaine du spatial. Le fabricant Intel observe dès 1978 des
basculements de bits dans des mémoires de type DRAM [May '79]. Ce phénomène, nommé « soft
errors », est causé par une contamination radioactive des matériaux du boitier des mémoires
(particules alpha). En 1979, Ziegler prédit que l'environnement radiatif atmosphérique induit par le
rayonnement cosmique peut engendrer des problèmes de fiabilité jusqu'à des altitudes terrestres
avec comme principal sujet de préoccupation, les neutrons atmosphériques [Ziegler '79]. La même
année, Guenzer et al. font part d'erreurs dues à des effets d'ionisation indirecte induits par
interaction nucléaire de protons et de neutrons avec le silicium [Guenzer '79]. Ce groupe de
recherche est le premier à dénommer le phénomène d'aléa logique ou basculement de bit (SEU).
Dans les années 1990, plusieurs travaux ont démontré que les rayonnements cosmiques secondaires
(principalement les neutrons atmosphériques) constituent une source significative d'erreurs logiques
dans des mémoires DRAM et SRAM [Lage '93] [O'Gorman '94]. D’autres études font état de
l’observation de basculements logiques de points mémoires, observés aussi bien à des altitudes de
vol que pour des applications terrestres, et de la corrélation avec les variations en altitude et latitude
du flux de neutrons [Normand '96a] [Normand '96b]. Bien que ces phénomènes de SEU aient été
observés dans des mémoires embarquées aussi bien pour d’importants systèmes informatiques que
pour des applications aéronautique ou spatiale, d’autres aléas logiques ont été découverts dans des
mémoires SRAM destinées à des applications médicales telles que les défibrillateurs cardiaques
[Bradley '98].
IV.3.2. Mesures du taux d’aléas logiques (SER)
Le taux d’aléas logiques (Soft-Error Rate) ou SER, correspond au nombre d’erreurs induites dans
le composant par unité de temps. Le SER représente le taux de fiabilité du composant dans son
environnement d’utilisation. Le SER ne s’exprime par en nombre d’erreurs par unité de temps, mais
en FIT (Failure In Time) par quantité de données (exemple : FIT/Mbit). Employée en fiabilité des
composants et matériel, un FIT correspond à 1 erreur toutes les 109 heures. Malgré la complexité des
circuits actuels, cette unité, définie à l’époque des tubes à vide, est toujours d’actualité. Le taux SER
s’exprime selon l’équation (4.1) :
135
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
SER
NR
109 (Unité en FIT/Mbit)
(4.1)
R
où NR est le nombre d’erreurs observées au temps TR et ΣR le nombre de Mbit x h cumulés au
moment TR. Le taux SER ainsi calculé est valable pour la localisation géographique du lieu de
l’expérience.
Après avoir vu comment était calculé le taux SER au niveau des circuits, nous allons aborder
dans la suite de ce manuscrit les différentes approches expérimentales existantes qui ont pour
objectif d’estimer ce taux d’aléas logiques dans les circuits mémoires induits par contrainte radiative.
IV.3.3. Les approches expérimentales de mesure du SER
IV.3.3.1 Les tests accélérés
Le SER peut être déterminé grâce à des tests accélérés en utilisant des sources radiatives
(sources solides, accélérateurs, faisceaux d’ions ou de neutrons) produisant des flux plus importants
que ceux auxquels sont normalement soumis les composants. Il en résulte par conséquent des temps
d’exposition aux radiations plus courts et donc des temps de tests réduits, intéressants pour des
caractérisations industrielles. Cette approche sous flux accéléré nécessite tout de même une
méthode afin d’extrapoler la sensibilité du composant dans l’environnement radiatif réel.
Ces tests accélérés sont relativement faciles à mener (un seul circuit sous test) et rapides (quelques
heures ou jours suffisent pour obtenir des résultats statistiquement représentatifs). En revanche,
cette approche présente le désavantage de donner une estimation du taux SER en tenant compte de
nombreuses incertitudes de mesures provenant de différentes sources d’artéfacts [Kobayashi '04]
(fluctuations et inhomogénéité du faisceau de particules en sortie d’accélérateur, dispersions de
température, différence de spectre entre la source et l’environnement radiatif réel, etc.). Il existe
plusieurs centres d’études dans le monde capable de réaliser des tests accélérés de neutrons
atmosphériques.
Citons les principaux centres couramment utilisés en microélectronique :
LANSCE (Los Alamos Neutron Science Center - Nouveau Mexique - USA) qui est la source la
plus recommandée par le standard JESD89, présentant la meilleure corrélation entre le
spectre des neutrons de la source et celui de l’environnement terrestre.
TRIUMF (TRI-University Meson Facility), laboratoire national du Canada (Vancouver) pour la
physique nucléaire et des particules
ANITA (Atmospheric-like Neutrons from thIck TArget), centre d’études (Suède) visant à
caractériser les SEU des composants et circuits à partir de tests accélérés sous flux de
neutrons
136
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
IV.3.3.2 Les tests en environnement naturel
Contrairement aux tests accélérés, les tests en environnement naturel sont plus longs et
coûteux, car ils nécessitent la mise en œuvre d’une grande quantité de circuits exposés au faible flux
de particules naturellement présentes dans l’atmosphère. On parle alors de tests en « temps réel »
car la durée d’exposition ne peut être réduite du fait que l’on travaille avec la contrainte radiative
réelle et non accélérée. Enfin, les tests en temps réel permettent d’aborder la mesure du taux SER au
niveau d’un système complet et ne pouvant pas forcément être irradié sous accélérateur (contrainte
de taille du circuit notamment). Les tests en temps réel peuvent être utilisés pour mesurer l’influence
individuelle soit des neutrons, soit des particules alpha :
Lorsque ces tests sont déployés en altitude pour accroitre le flux de particules (neutrons,
protons, muons), on peut amplifier la contrainte radiative et évaluer plus rapidement la
contribution des neutrons atmosphériques sur le taux SER d’un circuit donné. Les
composants sont présents sur wafers ou montés en boîtier très faiblement émetteur en
particules alpha.
Lorsque ces tests sont réalisés en environnement souterrain protégé des rayonnements
cosmiques (puits, mines, intérieur de montagnes), on peut évaluer la contribution de la
contamination radioactive résiduelle due principalement aux particules alpha, des circuits
eux-mêmes et des boitiers d’encapsulation [Kobayashi '02].
IV.3.4. Présentation des plateformes expérimentales
Pour répondre à la problématique visant à caractériser en temps réel les composants et circuits
microélectroniques dans l’environnement radiatif naturel terrestre, le projet de développer une
plateforme de test permanente au niveau européen, à double vocation industrielle et académique, a
été initié par STMicroelectronics et JB R&D Consulting en 2001. Nous présentons par la suite les deux
plateformes expérimentales avec lesquelles nous avons collaboré dans le cadre de ces travaux de
thèse :
La plateforme ASTEP
Le laboratoire LSM
IV.3.4.1 La plateforme ASTEP
La plateforme ASTEP (Altitude Single-event effects Test European Platform) a été construite en
2003 et est exploitée par le laboratoire Im2np depuis 2006 [ASTEP '06]. Située sur le désertique
Plateau de Bure, dans le massif du Dévoluy à une altitude de 2 552 m, elle bénéficie d’un
environnement idéal à très faible bruit électromagnétique. La plateforme est référencée dans le
standard JEDEC JESD89A comme l’un des principaux sites de recherche de ce domaine associant
physique nucléaire, géophysique, métrologie, technologie micro-nanoélectronique, design et test des
circuits et des équipements électroniques. Les caractéristiques environnementales principales de la
plateforme ASTEP ainsi que des vues de la plateforme ASTEP et du bâtiment de mesure sont
représentées en Figure 4.6. Le bâtiment d’extension abritant le moniteur neutrons a été ajouté en
137
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
2008. Cet instrument permet de suivre en temps réel le flux moyen de neutrons atmosphériques
incident sur les expériences de la plateforme.
Il a été utilisé pour déterminer expérimentalement le facteur d’accélération (AF) de la
plateforme ASTEP, c’est-à-dire le coefficient d’amplification moyen du flux de neutrons au niveau du
plateau de Bure par rapport au flux de référence au niveau de la mer. Ce dernier, estimé dans un
premier temps à 6.21, est proche de la valeur expérimentale rapportée dans le standard JESD89A
(6.2) et de nombreux travaux [Stoker '00] [Clem '00] [Dorman '04] [SEUtest '12]. Il corrèle également
avec la valeur donnée (5.9) par le modèle QARM (QinetiQ Atmospheric Radiation Model), l’un des
modèles numériques actuellement les plus aboutis de l’environnement radiatif atmosphérique
[Lei '04] [Lei '06]. Par la suite, cette valeur de facteur d’accélération a été actualisée grâce à des
données expérimentales plus récentes sur la plateforme ASTEP. Nous utiliserons donc dans la suite
de ce manuscrit la dernière valeur actualisée du facteur d’accélération qui est AFASTEP = 6,02.
Figure 4.6 : Vue générale du plateau de Bure (a) et de la plateforme ASTEP (b)
Vue des installations avec l’extension abritant le moniteur neutrons (depuis 2008) (c)
Après une phase d’installation et d’instrumentation du site et depuis 2006, des expériences de
caractérisation de la tenue aux radiations naturelles de mémoires SRAM ont été continûment
réalisées sur la plateforme ASTEP (cf. section IV.3.5). Dans le but d’évaluer la contamination
résiduelle des particules alpha dans ces mêmes composants mémoires, des expériences
complémentaires ont également été menées au Laboratoire Souterrain de Modane (LSM) que nous
allons présenter.
IV.3.4.2 Le laboratoire LSM
Le Laboratoire Souterrain de Modane (LSM) est situé sous les 1700 m de roches du Mont Fréjus
au milieu du tunnel du même nom, sur la commune de Modane. Fondé en 1980, le LSM bénéficie
d’un environnement de mesures et de tests à très faible niveau de bruit où sont menées des
138
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
expériences de recherches fondamentales en physique des particules et astrophysique, à l’abri des
rayonnements cosmiques (Figure 4.7) [LSM '12]. Alors que 8 à 10 millions de rayons cosmiques
atteignent chaque jour chaque mètre-carré de la surface de la Terre, seuls 4 rayons cosmiques/j/m²
parviennent jusqu’au laboratoire. Le LSM est le laboratoire le plus profond d’Europe et se situe dans
le top 3 mondial. Le flux de neutrons atmosphériques est très faible, déterminé autour de 5.10 -6
neutrons.cm-2.s-1 contre 14.6 pour la référence de New York, d’après les mesures de Rozov & al.
[Rozov '12].
FRANCE
(Savoie)
ITALIE
(Piémont)
Laboratoire Sous-terrain de Modane
Vue du hall principal du
LSM (expérience NEMO3)
Figure 4.7 : Situation géographique du LSM et son immunité face aux particules atmosphériques
(a) ; Equipements de mesures avancés du LSM (projet NEMO3) (b)
IV.3.5. Premiers résultats expérimentaux sur les circuits mémoires SRAM
Depuis 2006, des expériences de caractérisation de la tenue aux radiations naturelles de
mémoires SRAM ont été continûment réalisées sur la plateforme ASTEP et au Laboratoire Souterrain
de Modane. Nous allons présenter une brève synthèse de ces résultats, qui nous ont servi d’exemple
pour notre expérience de caractérisation des particules radiatives naturelles terrestres sur les
mémoires non volatiles de type Flash (cf. section IV.4).
L’objectif de cette expérience était de caractériser en temps réel le nombre de basculements de
points mémoires (bit flips) sur des mémoires SRAM, fabriqués par STMicroelectronics pour les nœuds
technologiques 130 nm et 65 nm et soumises aux radiations naturelles terrestres, à la fois en altitude
sur la plateforme ASTEP et en environnement souterrain au LSM [Autran '07]
[Autran '08a] [Autran '08b].
Des équipements de test spécifiques, développés et installés sur les deux plateformes,
permettent le contrôle total des données mémorisées (écriture, effacement, lecture) et la détection
et l’enregistrement des éventuelles erreurs détectées qui peuvent être de différente nature :
Un basculement élémentaire de bit (Single Bit Upset, SBU)
Des basculements multiples (Multiple Cell Upset, MCU)
Une interruption liée à un événement singulier (Single-Event Functional Interrupt, SEFI)
Un latchup lié à un événement singulier (Single-Event Latchup, SEL)
Lors de ces expériences, il est à noter que seules des erreurs relatives aux SBU et MCU ont été
détectées, et aucune pour les SEFI ou SEL. Pour des raisons de confidentialité des informations, tous
les taux d’erreur ont été normalisés par un même facteur arbitraire, choisi inférieur à 3 fois. Le
139
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
SER ( FIT/Mbit)
Nombre de bit flips détectés (u.a)
véritable ordre de grandeur pour les données publiées n’est donc pas significativement modifié. La
Figure 4.8 résume les valeurs-clés du taux d’erreur SER pour les deux nœuds technologiques 130 et
65 nm. Le taux SER dû aux particules alpha diminue d’un facteur 2,8 pour la technologie 65 nm par
rapport à la technologie 130 nm, et le taux SER dû aux neutrons atmosphériques par un facteur de
1,3, entraînant une nette amélioration du taux SER total (d’un facteur proche de 2,3).
Temps de test ( Mbit x h)
(a)
(b)
Figure 4.8 : Distribution cumulée d’erreurs détectées en fonction du temps de test
dans les SRAM 130 nm et 65 nm pour les expériences en altitude et souterraine (a)
Taux d’erreur (SER) montrant l’estimation les contributions relatives des neutrons
atmosphériques et des particules alpha au taux d’erreur total exprimé pour le point de
référence (New York City) (b)
Il est important de préciser que les circuits mémoires SRAM testés ont été fabriqués avec un
procédé technologique utilisant des matériaux d’encapsulation au niveau du BEOL sans verres en
borophospho-silicates (BPSG), qui éliminent la principale source de bore 10, réduisant de ce fait les
possibles interactions entre le bore 10 et les neutrons atmosphériques faiblement énergétiques
(< 1 MeV) [Baumann '95] [Baumann '00].
Ces travaux expérimentaux menés depuis plusieurs années ont permis de valider l’utilité
d’expériences menées simultanément en altitude et en environnement souterrain pour caractériser
complètement une technologie microélectronique vis-à-vis de sa sensibilité aux neutrons
atmosphériques et aux contaminants émetteurs en particules alpha. Cet ensemble complet de
données originales, obtenues sur une statistique importante de données sur des circuits mémoires
SRAM 130 nm et 65 nm, permet de quantifier les taux SER des neutrons et alpha et de mettre
clairement en évidence leur évolution en fonction de la réduction de la taille du nœud
technologique. Ces travaux se sont poursuivis sur des SRAM en 40 nm [Autran '12b] et devraient
continuer par la caractérisation du nœud 32 nm. En suivant l’exemple montré par ces
caractérisations sur mémoires volatiles, un problème ouvert restant à étudier concerne la sensibilité
des composants et circuits mémoires non volatiles de type Flash ou EEPROM aux particules radiatives
naturelles terrestres de l’environnement. C’est ce dont nous allons parler dans la suite de ce
chapitre.
140
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
IV.4 Caractérisation expérimentale de mémoires non volatiles
de type Flash
Jusqu’à récemment, les effets des radiations dans les mémoires Flash ont concerné
principalement les secteurs du spatial et de l’aéronautique. Des expériences récentes sur la
génération de mémoires Flash actuelle [Cellere '07] [Irom '07a] [Irom '07b] ont cependant montré
certains effets des radiations observables au niveau du sol. Auparavant, les composants les plus
sensibles aux effets des radiations dans les circuits mémoires Flash étaient les circuits de contrôle
destinés aux amplificateurs de lecture et aux pompes de charge. Les plans de cellules mémoires
étaient alors considérés comme plutôt insensibles aux particules radiatives traversant le circuit
mémoire. Désormais, avec les quelques milliers d’électrons stockés dans la grille flottante lors d’une
opération de programmation, les points mémoires Flash sont devenus beaucoup plus sensibles aux
charges induites par les rayonnements cosmiques comme les neutrons atmosphériques et les
particules alpha.
IV.4.1. Travaux expérimentaux accélérés par source radiative
Depuis la fin des années 1990, différentes études ont proposé de caractériser l’effet des
particules radiatives naturelles de l’environnement terrestre sur les mémoires non volatiles de type
Flash, en particulier sur l’architecture NAND destinée au stockage de masse. Ces mémoires ont été
testées plusieurs fois contre les dommages induits par les radiations, que ce soit au niveau des effets
d’événements singuliers ou SEE (Single-Event Effects), ou bien au niveau de la « dose ionisante »,
plus couramment dénommée en anglais par l’acronyme TID (Total Ionizing Dose) [Schwartz '97]
[Nguyen '98] [Nguyen '99] [Roth '00] [Nguyen '03]. Ces différentes expériences ne constituent pas
des expériences en temps réel puisque, la plupart du temps, elles sont accélérées par des sources
radiatives produisant un flux d’ions lourds (« heavy ions ») qui va venir « bombarder » le circuit
mémoire.
Les effets des SEU dans les mémoires Flash ont été démontrés par Cellere & al. et de nombreux
auteurs dans différents travaux [Cellere '01] [Cellere '07]. En partant d’une population de cellules
programmées formant une distribution gaussienne pour des tensions de seuil comprises entre 6V et
8V, l’effet de l’irradiation par ions lourds montre l’apparition d’un pic secondaire au niveau de la
distribution, correspondant aux cellules impactées qui perdent de la charge. Le phénomène de SEU
est défini lorsque la tension de seuil VTH dépasse un certain critère VTH_SEU (Figure 4.9a). La distance
entre les deux pics dépend principalement du paramètre LET (Linear Energy Transfert) et du champ
électrique aux bornes de l’oxyde tunnel. La valeur du pic (en nombre de cellules) est dépendante de
la fluence de l’irradiation. Ce groupe de recherche montre également une dépendance linéaire entre
la perte de charge liée au décalage de tension de seuil ΔVTH et le champ électrique EOX aux bornes de
l’oxyde tunnel avant irradiation (Figure 4.9b). Les pertes de charge QFG des cellules mémoires
touchées par les particules accélérées divisent les scientifiques et mettent en balance deux modèles
différents.
La première approche est l’œuvre de Cellere & al. pour qui, cette perte de charge s’explique par
l’intermédiaire du modèle « Transcient Conductive Path Model » (TCPM) [Cellere '04a]
[Cellere '04b].
141
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
FG area = 0.15 µm²
Iodine dose = 2e7 cm-2
Vth_SEU = 5V
(b)
(a)
Figure 4.9 : Distribution de cellules programmées avant et après irradiation, montrant
l’apparition d’un pic secondaire attribué aux cellules touchées par les particules (a) et
dépendance linéaire de ΔVTH en fonction du champ électrique aux bornes de l’oxyde tunnel (b)
Ce modèle explique la dépendance linéaire entre ΔVTH et EOX par le mécanisme physique
suivant : en traversant l’oxyde tunnel, la particule ionisante créée un chemin conducteur, de
résistance RPATH, entre la grille flottante et le substrat comme l’illustre le schéma de la Figure 4.10a et
dans lequel se décharge de manière prompte la capacité inter-poly située entre la grille de contrôle
et la grille flottante, notée CPP. Le chemin conducteur résulte de la formation d’un « plasma » de
paires électrons-trous le long du parcours, pour un temps t < T. Après un certain temps très court
(t+τ), le plasma électrons-trous ne maintient plus la conduction et le dispositif redevient
« équivalent » à son état initial (Figure 4.10 b).
Tunnel Oxide
Grille flottante
(électrons stockés)
Chemin de
conduction
trous
electrons
Défauts dans
l’oxyde
CPP
CPP
COX
COX
RPATH
-
VFG +
Substrat
t>T
0<t<T
(b)
(a)
Figure 4.10 : Schéma de principe du modèle « Transcient Conductive Path » (a) et schéma du
circuit résistif équivalent lors du passage de la particule (b)
Lors de la formation de ce chemin conducteur, le temps d’échappement des électrons stockés
dans la grille flottante a été estimé à environ 10-14 s d’après [Cellere '06]. De plus, ajouté à ce
142
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
phénomène de décharge prompte, une dégradation permanente est possible due à des défauts fixes
piégés dans l’oxyde tunnel, induisant des faibles courants de fuite. C’est ce que l’on appelle le RILC
(Radiation Induced Leakage Current) [Larcher '03] [Cellere '05b]. Ce modèle phénoménologique à
l’approche semi-empirique permet une bonne correspondance avec les données expérimentales de
perte de charge, mais souffre de certaines lacunes au niveau des détails physiques du mécanisme
gouvernant le chemin conducteur.
En alternative au modèle de Cellere & al., Butt & Alam proposent le modèle « Transcient Carrier
Flux » (TCF) [Butt '08] faisant l’hypothèse qu’un flux de porteurs chauds engendré par le passage
d’une particule ionisante dans la grille flottante peut être le mécanisme dominant des pertes de
charge, dû à la modification du schéma de bandes de l’empilement de grilles conduisant à
l’apparition de courants tunnels transitoires (d’où le terme TCF) modifiant l’état de charge de la grille
flottante. Plus précisément, lorsque la particule ionisante « frappe » le point mémoire, une colonne
dense de paires électrons-trous est générée (Figure 4.10a). Ces porteurs possèdent des distributions
en énergie qui vont relaxer pour revenir à l’équilibre thermodynamique dans un temps très court
proche de la picoseconde. Dans ces travaux ([Butt '08]), l’outil de simulation Geant4 [GEANT4] a été
utilisé pour obtenir la génération des distributions en énergie pour des profils de porteurs différents
(de 10 eV à plusieurs keV). De plus, un modèle hydrodynamique associé à des simulations MonteCarlo a permis de prendre en compte la relaxation énergétique des porteurs due aux phénomènes
d’interaction avec les phonons et d’ionisation par impact. La Figure 4.11a illustre les calculs des flux
transitoires de porteurs chauds entrants et sortants à travers les barrières des oxydes. La Figure
4.11b présente une comparaison entre les simulations issues du modèle TCF de Butt & Alam avec les
données expérimentales issues du modèle TCPM de Cellere & al. [Cellere '04a]. On observe une très
bonne concordance entre simulations et mesures pour les deux approches de modélisation.
oxyde
inter
poly
oxyde
tunnel
(b)
(a)
Figure 4.11 : Flux de porteurs chauds calculés dans les diagrammes de bandes d’oxyde (a) et
comparaison entre simulations du modèle TCF et données expérimentales du modèle TCPM (b)
Il est également intéressant de noter que les pertes de charge sont de l’ordre de 100 électrons
pour les particules alpha (paramètre LET = 1.5 MeV.cm2.mg-1) et de 500 électrons pour les neutrons
atmosphériques (LET = 5-15 MeV.cm2.mg-1) [Butt '08]. Pour les nœuds technologiques actuels de
mémoires Flash qui stockent environ 1000 électrons dans la grille flottante, c’est une perte de charge
importante qui peut induire directement un phénomène de SEU ou au mieux réduire de manière
significative la fenêtre de programmation entre les états écrits et effacés. Ainsi, les mémoires Flash
143
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
actuelles et futures, considérées il y a peu comme relativement immunisées contre les particules
alpha et les neutrons atmosphériques, deviennent de plus en plus sensibles aux problèmes de SEU,
du fait de la diminution rapide de la tolérance admise sur la perte de charge (de l’ordre de 10-100
électrons). Plusieurs expériences accélérées sur les générations actuelles de mémoires Flash NAND
ont montré qu’un certain nombre de problèmes (SEU, SEFI, dégradation de l’oxyde, latchup,
endurance) liés aux effets des radiations pouvaient être observés au niveau de l’environnement
terrestre [Nguyen '06] [Irom '07b] [Oldham '08] [Oldham '09b] [Oldham '09a].
À l’état de l’art actuel, encore peu d’études ont été réalisées sur les mémoires Flash en
architecture NOR, du fait de leur faible densité de stockage par rapport aux NAND, que ce soit au
niveau de tests accélérés par source radiative ou de tests en temps réel. C’est d’ailleurs dans cette
dernière optique que nous avons décidé de mener une expérience en temps réel sur des mémoires
Flash NOR dans le but de caractériser les effets des particules radiatives (neutrons atmosphériques et
particules alpha) de l’environnement naturel terrestre sur les performances en rétention. Nous
présentons dans la suite de ce manuscrit les détails et résultats obtenus au cours de la 1 ère année
d’exploitation de cette expérience menée en parallèle sur les plateformes ASTEP et du LSM.
IV.4.1. Principe de l’expérience
Toutes les mesures ont été réalisées au niveau wafer sur des circuits mémoires stand-alone
fabriqués par STMicroelectronics sur le nœud technologique 90nm. Ce procédé de fabrication utilise
des matériaux d’encapsulation sans borophospho-silicates qui éliminent la source principale de bore
10 dans les circuits et réduit considérablement les interactions possibles entre le bore 10 et les
neutrons de faible énergie. Le principe de l’expérience consiste à programmer les plans mémoires
(pattern ‘All 0’) d’une grande quantité de données (plusieurs dizaines de Gigabits) et à les exposer
pendant une longue durée (plusieurs mois) sur les deux plateformes expérimentales précédemment
citées. Des relectures sont effectuées périodiquement afin de caractériser d’éventuelles pertes de
charge dues aux effets des particules naturelles de l’environnement et déterminer l’impact des deux
types de particules mis en jeu, les neutrons atmosphériques et les particules alpha.
IV.4.2. Protocole expérimental
Le protocole expérimental est décrit Figure 4.12. Les tests démarrent par une précaractérisation des wafers choisis pour l’expérience. Puis, un « flot de préparation » est exécuté. Ce
flot consiste à mettre tous les plans mémoires des différents wafers pré-caractérisés dans l’état
programmé et à sauvegarder les distributions de tous ces plans mémoires. Ceci, dans le but d’obtenir
une compilation des tensions de seuil VT de chaque cellule ainsi qu’un mapping physique de toutes
les cellules mémoires, wafer par wafer. Les wafers sont ensuite expédiés rapidement sur les
différentes plateformes expérimentales (ASTEP, LSM) afin d’y être exposés. Quelques wafers restent
au niveau du sol à Rousset en tant que référence. Entre chaque période d’exposition, les wafers
irradiés en altitude sont renvoyés à STMicroelectronics (Rousset) pour y effectuer les relectures
(distributions sur toutes les puces et blocs et bitmaps analogiques sur les puces et blocs suspects)
puis renvoyés sur les plateformes d’exposition. La comparaison directe des distributions et des
bitmaps analogiques entre t0 et après chaque période d’exposition nous renseigne sur les éventuelles
144
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
pertes de charge de chaque cellule, si des variations de tension VT ont eu lieu. Le véhicule de test
utilisé pour cette expérience est la macrocell mémoire Flash ANNA, présentée et détaillée au
chapitre 1 (cf. section I.5.2.2). Elle est composée d’un plan mémoire d’une capacité totale de 128
Mbit découpé en 32 blocs de 4Mbits, avec une surface de cellule mémoire élémentaire de 0.18 μm².
IV.4.3. Détails de l’expérience
Devant la rareté de l’événement et afin d’augmenter la probabilité d’observer un effet d’aléas
logiques du aux particules radiatives naturelles, cette expérience a nécessité une grande quantité de
données. Dans cette optique, nous avons sélectionné pour les expériences en altitude plusieurs
wafers (5 plaques de deux lots différents) constituant la première série (série1). Puis, nous avons
constitué une deuxième série de 6 wafers (série2) d’un troisième lot. L’identification des lots, des
numéros de plaques et des dates d’exposition, de relectures et les durées d’exposition sont
présentés dans le Tableau 4.1.
Testeur SOC Verigy
(Agilent) V 93K
Pré-caractérisation des wafers à t0
Flot de préparation des wafers
Ecriture/lecture et sauvegarde des
distributions des plans mémoires
Expédition rapide (1-3 jours)
Expédition rapide (1-3 jours)
Tests EWS1 - EWS2
Vérification aspect
rétention
Cartographie
initiale du VT des
cellules mémoires
Exposition aux radiations naturelles de
l’environnement terrestres (plusieurs mois)
à ASTEP et au niveau du sol (Rousset)
Expédition rapide (1-3 jours)
Relecture des plans mémoires (Rousset)
Détection des pertes en VT
(pertes de charge)
Cartographie du VT
des cellules
mémoires
comparaison
Figure 4.12 : Protocole expérimental utilisé pour la caractérisation multi-sites destiné à évaluer
le taux d’aléas logique (SER) de mémoires Flash à l’aide d’une plateforme de test Verigy® V93K
145
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Tableau 4.1 : Résumé d’informations de l’expérience
(identification des plaquettes, expérience associée et durée d’exposition)
Expérience
Numéro
de lot
G939943
SERIE 1
Altitude
(ASTEP)
Référence
SERIE 2
Altitude
(ASTEP)
G010978
G939943
G010978
G128956
Sous-terrain
G939943
(LSM)
Numéro
de wafer
#2
#3
#18
#24
#25
#12
#19
#1
#2
#3
#7
#8
#9
#9
Date
d'exposition
1ère relecture
(durée d'exposition)
2ème relecture
(durée d'exposition)
3ème relecture
(durée d'exposition)
Juillet 2011
Octobre 2011
(3 mois)
Juillet 2012
(12 mois)
A venir…
Juillet 2011
Octobre 2011
(3 mois)
Juillet 2012
(12 mois)
Janvier 2013
(18 mois)
Avril 2012
Septembre 2012
(5 mois)
A venir…
Juillet 2011
Septembre 2012
(14 mois)
Données non significatives, expérience
abandonnée…
Deux wafers sont restés à ST Microelectronics (Rousset) et nous ont servi de référence. Ils ont
été laissés en rétention à température ambiante (25 °C) dans l’attente des prochaines relectures.
Afin d’augmenter cette statistique de référence, nous nous sommes servis de données provenant de
tests de rétention effectués durant la qualification de maturité technologique de la macrocell ANNA.
Ces tests de rétention à température ambiante permettent de rajouter une quantité de 19 Gbs
supplémentaires pour les wafers de référence.
IV.4.4. Pré-caractérisation des wafers
L’étape de pré-caractérisation est réalisée au niveau wafer en exécutant les flots de tests EWS1
et EWS2 (cf. détails en section I.5.2.1) sur un testeur industriel Verigy 93K. Le but de cette étape est
non seulement de valider la bonne fonctionnalité des macrocells mémoire mais aussi de pouvoir
détecter d’éventuels problèmes de défectivité ou de rétention, puisqu’un recuit de 24h est effectué à
haute température (250 °C) entre les deux tests EWS. Lorsque les critères de rétention sont satisfaits
(le décalage entre les distributions avant et après recuit doit satisfaire le critère de rétention), les
puces considérées « bonnes » des différents wafers sont ensuite sélectionnées pour le flot de
préparation. Ce dernier effectue la programmation des cellules de tous les plans mémoires et
capture à t0 les distributions en VT. Les cellules mémoires sont lues à un niveau de courant de drain
fixé à IdLECT = 8 µA. Ces distributions initiales en VT, représentées sur la Figure 4.13 en tant que
données cumulées sur l’ensemble des wafers par expérience (ASTEP, Référence et LSM), sont
comprises entre VT = 6V et VT = 9.5V.
146
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Figure 4.13 : Distributions initiales (t0) en VT pour les différents wafers pré-caractérisés
La réalisation de ce travail de pré-caractérisation sur près de 50 Gbs de données (flows
EWS1+EWS2, création et exécution du flot de préparation sur toutes les plaques) a pris un temps
relativement conséquent au niveau des ressources du testeur Verigy 93K (entre 4 et 9h/wafer pour
les flows EWS1+EWS2 ; entre 9 et 11h/wafer pour le flot de préparation et environ 9h/wafer pour
effectuer la lecture(ou relecture) des plans mémoires). Devant cette contrainte de temps, nous
n’avons pas pu effectuer en complément une opération de bitmap analogique sur l’ensemble des
wafers qui nous aurait permis d’obtenir à t0 (et également pour toute future relecture) une
cartographie complète physique des tensions de seuil VT de toutes les cellules mémoires lues. Une
information qui, hélas, ne nous permet pas de pouvoir suivre individuellement l’évolution en VT de
chaque point mémoire au cours des relectures. Le Tableau 4.2 récapitule les quantités de données
testées par wafer et en fonction de l’expérience.
Tableau 4.2 : Tableau récapitulatif des quantités de données pré-caractérisées et préparées, par
wafer et en fonction de l’expérience
Expérience
Altitude
(ASTEP)
SERIE 1
Référence
(Rousset)
SERIE 2
Altitude
(ASTEP)
Sous-terrain
(LSM)
Numéro de Numéro de Nombre de puces
lot
wafer
testées / wafers
#2
19
G939943
#3
22
#18
21
#24
28
G010978
#25
22
Total
G939943
#12
23
G010978
#19
24
Total
#1
19
#2
20
#3
20
G128956
#7
24
#8
21
#9
11
Total
G939943
#9
25
147
Quantité
testée (Gb)
2.4
2.5
2.4
3.5
2.6
13.4
2.7
2.3
5.0
2.4
2.6
2.6
3.1
2.6
1.4
14.6
3.2
Quantité totale testée (Gb)
55.1
dont
ASTEP
28.0
Référence
24.0
LSM
3.2
CONFIDENTIEL
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Chaque opération de (re)lecture s’effectue par bloc de 4 Mb. Le flot de lecture est exécuté selon
l’algorithme suivant : une 1ère distribution est réalisée sur un bloc. Dès qu’une cellule marginale est
détectée à une tension de seuil inférieure à 6V, une 2ème distribution est effectuée pour vérification.
Si c’est toujours le cas, un bitmap analogique est ensuite effectué afin de mémoriser les tensions de
seuil VT de chaque cellule du bloc mémoire lu et d’obtenir une localisation physique dans le plan, de
la cellule en question. Une fois pré-caractérisés, les wafers sont expédiés sur les différentes
plateformes et sont exposés dans leur coque protectrice plastique aux radiations naturelles
(neutrons atmosphériques et particules alpha sur la plateforme ASTEP, particules alpha seulement
sur la plateforme du LSM), comme illustré en Figure 4.14.
Figure 4.14: Illustration des 6 wafers de la série2 stockés dans la chambre d’exposition de la
plateforme ASTEP (+ 2552 m d’altitude)
IV.4.5. Premiers résultats expérimentaux
IV.4.5.1 Wafers de référence
Les wafers de référence (série1), restés à ST Microelectronics (Rousset) en mode rétention à
température ambiante, ont été relus après 3 mois et 12 mois de rétention. Les relectures effectuées
ont permis d’obtenir les distributions en VT des populations de cellules programmées. Il est à noter
que durant cette étape de distribution, certains blocs (1 bloc = 1 LB = 4 Mb) n’étaient pas lus
complètement. En d’autres termes, au lieu de lire tous les points mémoires du bloc (4 194 304
cellules) à chaque distribution, certaines cellules ou colonnes de cellules, disposées de manière
aléatoire dans le plan, étaient manquantes et ne fournissaient pas l’information sur leur tension de
seuil VT. Tous ces blocs « non complets » ont donc été filtrés dans les expériences à t0 et pour les
relectures successives pour ne garder que les blocs complets et disposant d’une statistique de
données sûre. La Figure 4.15 montre les distributions initiales à t0, après 3 mois, 12 mois et 18 mois
des deux wafers de référence (w12+w19). Toutes les cellules mémoires présentes à t0 dans la
distribution sont retrouvées après 12 mois. Le critère de basculement d’état sur la tension de seuil
VT, permettant de distinguer les états logiques programmés et effacés, est fixé à VT = 5.7V. Une seule
cellule marginale a été détectée hors de la distribution, dépassant ce critère : à VT = 4.5V après 12
mois et à VT = 3.4V après 18 mois. En addition des deux wafers caractérisés à Rousset (≈ 5 Gb), nous
avons consolidé notre statistique expérimentale en considérant les wafers caractérisés en rétention à
25 °C lors de la qualification technologique de la macrocell (≈ 19 Gb) où aucune cellule extrinsèque
n’a été détectée hors de la distribution gaussienne, initialement configurée dans l’état programmé.
Nous arrivons donc à une quantité de données totale pour les wafers de référence de 24 Gb, pour
une seule cellule marginale détectée.
148
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
REF
5.7V
Etat "1" Etat "0"
Figure 4.15 : Distributions initiales, après 3, 12 et 18 mois des deux wafers de référence. Une seule
cellule marginale a été détectée hors de la distribution, à VT = 4.5V (12mois) et à VT = 3.4V (18 mois)
IV.4.5.2 Wafers exposés sur la plateforme ASTEP
La quantité de données expédiée sur la plateforme ASTEP s’élève à 13.4 Gb pour les wafers de la
série1 et 14.6 pour les wafers de la série2. Les wafers de la série1 ont été lus à t 0, après 3 mois et
après 12 mois tandis que ceux de la série2 à t0 et après 5 mois. Des opérations de relecture sont
prévues après quelques mois supplémentaires pour les deux séries.
Données de la série1
Distribution cumulée (ppm)
Il est important de préciser que la relecture effectuée après 3 mois d’exposition montre
exactement le même résultat qu’après 12 mois. Nous avons donc choisi de ne montrer simplement
que les résultats de relecture après 12 mois d’exposition. Sur les wafers exposés à ASTEP, trois
cellules ont été détectées hors de la distribution après 3 et 12 mois et correspondent au groupe
identifié A. Les valeurs de VT mesurées sont reportées en Figure 4.16.
5.7V
Etat "1" Etat "0"
B
A
1E+10
1E+09
1E+08
1E+07
1E+06
1E+05
1E+04
1E+03
1E+02
1E+01
1E+00
1E-01
Wafers exposés : t0
Wafers exposés : 12 mois
VT = 4.8V
3
(a)
VT = 5V
VT = 3.5V
4
5
VT(V)
6
7
(b)
Figure 4.16 : Distributions (a) et distributions cumulées (b) initiales et après 12 mois, des 5
wafers exposés sur la plateforme ASTEP montrant 3 cellules marginales sortant de la
distribution à des tensions de seuil VT = 3.5V, 4.8V et 5V (groupe A).
149
8
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Une étude plus détaillée sur les distributions en VT montre que plusieurs autres cellules ont pu
être potentiellement impactées durant leur exposition aux particules radiatives naturelles. Après 12
mois, nous pouvons distinguer sur la Figure 4.16 deux groupes de cellules impactées : un premier
groupe de 3 cellules, identifié A, qui correspondent à un changement d’état ("0"  "1"), et un second
groupe, identifié B, où 6 cellules sont sorties hors de la distribution sans toutefois dépasser le critère
de basculement à 5.7 V.
De plus, l’absence des données de bitmap analogique à t0 ne nous permet pas de savoir quel
était initialement le VT de ces 3 cellules. Aussi, ces trois cellules marginales, traduisant un
comportement extrinsèque, appartiennent à des wafers différents et sont localisées de manière
aléatoire sur le wafer, le bloc mémoire et la position dans le plan mémoire lu, comme le montre la
Figure 4.17 où sont représentés les bitmaps analogiques (position et localisation) des trois cellules.
(0;0) 48
Wafer 18 - Puce [28;30]
4096 (0;0)
Wafer 3 - Puce [27;30]
3890 4096
160
VT = 3.5V
Wafer 3
Puce : [27;30]
Wafer 18
Puce : [28;30]
VT = 5V
748
1024
1024
(b)
(a)
(0;0)
1141
4096
62
Figure 4.17 : Cartographies des bitmaps
analogiques des trois cellules extrinsèques.
Ces cellules isolées sont localisées
aléatoirement en fonction du wafer, de la
puce et dans le plan mémoire.
VT = 4.8V
Wafer 18
Puce : [31;29]
1024
(a) : Cellule à 5V, w18, puce [28;30], LB1
(b) : Cellule à 4.8V, w18, puce [31;29], LB27
(c) : Cellule à 3.5V, w3, puce [27;30], LB14
Wafer 18 - Puce [31;29]
(c)
Données de la série2
Les données de la série2 ont été utiles pour caractériser davantage de statistique
(14.6 Gb supplémentaires) et pour confirmer les premiers résultats observés sur les wafers exposés
de la série1. Après 5 mois d’exposition, nous observons sur la totalité des 6 wafers 2 cellules
mémoires sortant de la distribution programmée. La Figure 4.18 présente les distributions à t0 et
après 5 mois d’exposition et la Figure 4.19, la représentation du bitmap analogique correspondant
aux deux cellules marginales détectées.
150
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
2 cellules hors distribution
VT
4.4 V
5.4 V
VT = 5.4V
VT = 4.4V
(a)
(b)
Figure 4.18 : Distributions (a) et distributions cumulées (b) initiales et après 5 mois, des 6
wafers exposés sur la plateforme ASTEP, montrant 2 cellules marginales sortant de la
distribution à des tensions de seuil VT =4.4V et VT =5.4V.
(0;0)
48
Wafer 9 - Puce [28;30]
4053 4096
2708
(0;0)
4096
Wafer 8
Puce : [32;31]
VT = 4.4V
VT = 5.4V
Wafer 9
Puce : [28;30]
752
1024
1024
Wafer 8 - Puce [32;31]
Figure 4.19 : Cartographie du bitmap analogique des 2 cellules extrinsèques à VT = 4.4V
et VT = 5.4V (série2).
Sur les deux séries d’expériences en altitude, 3 cellules marginales seulement ont été détectées
sur les wafers de la série1 après 3 mois d’exposition. Les mêmes cellules sont toujours présentes
après 12 mois et n’ont pas évolué (même VT). 2 cellules marginales ont été détectées sur les wafers
de la série2, après 5 mois d’exposition. Les résultats pour les wafers de référence et exposés en
altitude sont reportés sur la Figure 4.20 et dans le Tableau 4.3.
151
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
2ème relecture
série1
1ère relecture 1ère relecture
série1
série2
CONFIDENTIEL
Wafers ASTEP série1
Wafers ASTEP série2
3ème relecture
série1
Référence Rousset
(niveau de la mer)
Wafers de référence
VT (V)
VT (V)
VT (V)
4.5
4.5
3.4
VT (V)
VT (V)
3.5
4.8
5.0
3.5
4.8
5.0
VT (V)
4.4
5.4
ASTEP
(alt. 2552m)
N.A.
Figure 4.20 : Nombre de cellules mémoires extrinsèques détectées en dessous du critère de
référence défini (5.7 V) délimitant les états "0" et "1" durant les opérations de relectures.
Tableau 4.3 : Tableau récapitulatif des résultats obtenus pour l’expérience en temps réel sur les
wafers de référence et exposés sur ASTEP
Wafers de référence
CONFIDENTIEL
Quantité de données (Gbit)
Nombre de cellules extrinsèques
Nombre de cellules extrinsèques
cumulées
Temps d’exposition moyen (h)
Quantité de données x temps
d’exposition (Gbit.h)
Quantité de données x temps
d’exposition cumulé (Gbit.h)
Taux d’aléas logiques ou SER (u.a)
Référence
Rousset
4.6
1
Référence
Agrate
19
0
Wafers exposés sur la
plateforme ASTEP
Série1
Série2
13.4
3
14.6
2
1
5
13 392
(18 mois)
1 116
(1 mois ½)
8 928
(12 mois)
3 720
(5 mois)
61 603
21 204
119 635
54 312
82 807
173 947
12
28.8
IV.4.5.3 Wafer exposé en laboratoire souterrain (LSM)
En ce qui concerne l’expérience menée en souterrain, nous avons choisi de ne laisser qu’une
seule plaque dans le laboratoire souterrain de Modane et de concentrer le plus gros volume de
données expérimentales sur la plateforme ASTEP, le but de l’expérience étant dans un premier
temps d’évaluer le taux SER et l’impact des neutrons atmosphériques sur la rétention de la mémoire
152
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Flash. Malheureusement, il s’est avéré que la relecture après 14 mois sur ce wafer a montré de forts
rejets en rétention avec une dizaine de points mémoires hors de la distribution programmée. Cette
expérience aux résultats non significatifs n’était pas exploitable et a été mise de côté. De plus, il
aurait été judicieux de caractériser une quantité de données beaucoup plus importante de l’ordre de
15 à 20 Gb afin de se prémunir d’éventuels problèmes de défectivité et d’augmenter par la même
occasion la probabilité de détection d’erreurs liées aux particules radiatives.
IV.4.6. Estimations du taux SER et interprétation des résultats
IV.4.6.1 Résultats expérimentaux
À partir des données de la Figure 4.19 obtenues pour deux endroits différents, le taux global
d’aléas logiques (ou taux SER) et ses deux composantes peuvent être déterminés, comme dans
[Puchner '11]. Les deux composantes sont, d’une part, nSER qui est la contribution des neutrons
atmosphériques sur le taux SER et d’autre part, (
i) SER qui représente la contribution de tous les
mécanismes de défaillance intrinsèques liés au plan mémoire ou à la puce, incluant la possible
contribution en émetteurs de particules alpha. En effet, plusieurs mécanismes physiques
intrinsèques peuvent expliquer la perte de charge à long terme généralement observée sur les
dispositifs mémoires à grille flottante, en particulier différents mécanismes de fuite à travers l’oxyde
tunnel ou le diélectrique inter-polysilicium ONO, basés sur un effet tunnel assisté par pièges. Ces
derniers mécanismes ne sont pas inévitablement liés aux effets des radiations mais peuvent être
aussi liés aux propriétés des matériaux ou induits par le procédé technologique ou un stress
i) SER et pas
électrique. C’est la raison pour laquelle nous avons nommé la seconde contribution (
seulement SER . Nous avons donc un système de deux équations à deux inconnues :
SERREF
SER ASTEP
(
i)SER AFREF nSER
(
i)SER AF ASTEP nSER
(Référence)
(ASTEP)
Où AF REF = 1.04 et AFASTEP = 6.02 sont respectivement les facteurs d’accélération du flux de
neutrons déterminés au niveau de la mer et en altitude sur la plateforme ASTEP. La valeur AF ASTEP =
6.02 correspond à la valeur expérimentale la plus récente déterminée à partir des données recueillies
en utilisant le moniteur neutron du Plateau de Bure [Autran '12b].
Tous les résultats numériques calculés et présentés dans [Just '13] ont été normalisés par un
facteur d’échelle arbitraire pour des raisons de confidentialité. La Figure 4.21 montre les résultats de
l’extraction du taux SER, en considérant les données de la Figure 4.20 et les quantités de données et
durées d’exposition des différentes expériences reportées dans le Tableau 4.3. Les valeurs globales
du taux SER sont respectivement de 12 u.a pour les wafers de référence (Rousset) et de 28.8 u.a pour
i) SER = 8.7 u.a et nSER = 3.3 u.a.
les wafers exposés à ASTEP, ce qui mène à une estimation de (
153
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
3.3
8.7
Figure 4.21 : Résumé des taux SER déduits des données de la Figure 4.20, pour les expériences de
référence (Rousset) et en altitude (ASTEP). Les deux composantes SER sont données dans les
conditions normalisées à New York City, et en unité arbitraire pour des raisons de
confidentialité.
Ces résultats démontrent un impact très limité de la radiation atmosphérique naturelle terrestre
sur le taux d’aléas logiques de mémoires Flash, typiquement dans la gamme [10-100] FIT/GBit. En
prenant en considération tous les autres mécanismes de défaillances internes, la contrainte radiative
naturelle externe représente moins d’un tiers (27 %) du taux SER total [Just '13]. Notons tout de
même que toutes les valeurs des taux SER déterminés seraient strictement nulles si des circuits avec
des codes correcteurs d’erreurs (ECC) étaient activés sur les puces, ce qui démontre au final une
immunité des technologies Flash actuelles aux radiations atmosphériques et telluriques.
IV.4.6.2 Aspect modélisation et simulation
Parallèlement aux résultats expérimentaux a été mise en place une approche de modélisation et
de simulation basée sur la plateforme TIARA-G4 (Tool Suite for Radiation Reliability Assessment).
Cette dernière, développée conjointement au cours des années précédentes par le laboratoire Im2np
(Université Aix-Marseille) et ST Microelectronics (Central R&D, Crolles), est utilisée pour simuler
l’interaction de particules (neutrons, protons, muons, particules alpha, ions lourds) sur plusieurs
architectures mémoires de type SRAM et Flip-Flop [Autran '12a]. En utilisant cet outil de simulation,
de nombreuses simulations Monte-Carlo ont été réalisées sur de larges plans mémoires
(jusqu’à 100 000 cellules) en considérant la source de neutrons atmosphériques référencée dans la
norme JEDEC pour les neutrons incidents de forte énergie (> 1 MeV) [JESD89 '01]. Deux illustrations
de simulation sont présentées en Figure 4.22. Elles illustrent l’interaction de neutrons
atmosphériques avec les matériaux qui composent le circuit et la façon dont les particules
secondaires induites par ces neutrons peuvent impacter la cellule mémoire (attaque directe sur la
grille flottante). Pour plus de clarté visuelle, une matrice réduite de cellules de 30x30 est considérée
et tous les matériaux du BEOL, le silicium du substrat et les diélectriques ne sont pas représentés.
Une grande partie des événements se produisant sont induits par les particules secondaires générées
proche de l’interface entre FEOL et BEOL. L’empilement des connections métalliques (BEOL)
154
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
contribue peu sur le taux SER global (< 2 %) malgré la présence de matériaux (couches, vias) à forte
densité de métal (Tungstène, Cuivre, Aluminium, Tantale).
(b)
(a)
Figure 4.22 : Images de simulation TIARA-G4 montrant en vue globale (a) et détaillée (b) le
plan mémoire et les différentes traces de particules résultant des interactions entre les
neutrons atmosphériques et les matériaux composant le circuit
Nombre de cellules mémoires
La Figure 4.23 montre les distributions en VT simulées avant et après irradiation. La distribution
avant irradiation correspond à une distribution de type gaussienne calibrée sur la distribution
expérimentale de la Figure 4.13. La distribution après irradiation est le résultat d’un milliard de
neutrons atmosphériques incidents sur la matrice mémoire (100 000 cellules). Nous observons
l’émergence d’une queue de distribution induite par les neutrons avec un nombre important de
cellules dont le VT est inférieur à 7V.
Etat "1"
Etat "0"
Après
irradiation
Avant
irradiation
Tension de seuil (V)
Figure 4.23 : Distributions en VT simulées par TIARA-G4 d’une population de 100 000 cellules
mémoires avant et après irradiation d’un milliard de neutrons atmosphériques
Un certain nombre de cellules situé dans la queue de distribution se situe en dessous du critère
de basculement défini à 5.7 V, précédemment identifié comme le groupe A sur la distribution de la
Figure 4.16. Pour les autres cellules de la queue de distribution, leur VT a suffisamment diminué pour
sortir de la distribution initiale mais pas assez pour dépasser le critère de basculement d’état. Ces
cellules sont identifiées comme précédemment comme le groupe B (cf. Figure 4.16). Malgré la faible
statistique de données de la Figure 4.16, le ratio (nombre de cellules du groupe B/nombre de cellules
155
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
du groupe A) peut être évalué à 50 %. A partir de résultats de simulation avec une plus grande
statistique, ce ratio est déterminé à 40.7 %, ce qui est dans le même ordre de grandeur. Au-delà du
fait que ce point consolide la comparaison entre données expérimentales et simulées, ce résultat
montre que le nombre de cellules impactées ayant une tension de seuil VT comprise entre le critère
de basculement d’état et le début de la distribution gaussienne initiale est approximativement deux
fois plus grand que le nombre de cellules dépassant le critère de basculement d’état fixé à 5.7 V.
Pour le nombre de cellules vérifiant le critère VT < 5.7 V après irradiation, la contribution des
neutrons sur le taux SER a été déterminée à 7.7 u.a et la contribution des particules alpha à 0.12 u.a.
La Figure 4.24 résume la comparaison entre les valeurs expérimentales des composantes SER et les
valeurs estimées à l’aide de l’outil de simulation TIARA-G4.
nSER
nSER
(α+i)SER
(α)SER
Figure 4.24 : Comparaison des valeurs de composantes SER obtenues à l’aide de l’outil de
simulation TIARA-G4 (Simul) et à partir de l’exposition aux radiations naturelles à Rousset et en
altitude (Exp)
Nous trouvons une bonne concordance en ce qui concerne la contribution de neutrons nSER en
prenant en considération toutes les incertitudes de mesures et de simulation qui, au premier ordre,
se révèlent être la faible statistique de données au vu de la rareté des événements détectés. Pour la
contribution SER , l’écart entre données expérimentales et simulées est flagrant entre les deux
valeurs. Cela confirme notre précaution initiale de nommer la seconde composante SER extraite
( i) SER au lieu de SER puisque dans le cas présent de dispositif à grille flottante, cette
composante pourrait être le résultat d’autres mécanismes de défaillance intrinsèques à la puce. La
littérature scientifique fait état de différents mécanismes de courants de fuite intrinsèques ou
extrinsèques, à travers les couches diélectriques (oxyde tunnel, oxyde ONO, espaceurs). Les
mécanismes intrinsèques qui peuvent contribuer à la perte de charge de la grille flottante sont les
phénomènes d’émission d’électrons assistés par champ, d’émission thermoïonique et de dépiégeage
d’électrons [Cappelletti '99] [Pavan '04] [Van Houdt '07]. Les mécanismes extrinsèques sont
essentiellement des défauts dans l’oxyde pouvant former des chemins conducteurs à travers un
diélectrique. Quel que soit le mécanisme, nos résultats suggèrent que ces processus sont
prédominants dans le taux de défaillance observé, par rapport à l’émission interne de particules
alpha.
156
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons étudié un aspect particulier de la fiabilité des mémoires :
l’influence des particules radiatives de l’environnement naturel terrestre sur la tenue en rétention
des mémoires Flash. Dans un premier temps, une revue bibliographique recouvrant l’ensemble du
spectre des particules radiatives de l’environnement terrestre ainsi que les méthodes de mesure et
normes associées a été présentée afin de donner le contexte d’étude. Puis, nous avons vu comme
étaient caractérisés les circuits mémoires du à l’impact de ces particules atmosphériques grâce aux
diverses expériences menées lors de tests accélérés ou en temps réel. De nombreux travaux menés
par différents groupes de recherche ont notamment été réalisés sur des circuits mémoires SRAM et
Flash (NOR et NAND).
En revanche, tous les travaux menés jusqu’à présent sur technologie Flash l’ont été en
environnement de test accéléré, et aucun en environnement naturel en temps réel. Dans cette
optique, nous avons donc étudié la sensibilité des mémoires Flash aux radiations naturelles de
l’environnement terrestre en utilisant une nouvelle approche expérimentale : l’exposition directe aux
radiations naturelles d’une grande quantité de circuits mémoires programmés puis lus
périodiquement au niveau wafer, avec un équipement de test industriel dédié. Malgré la durée de
l’expérience (18 mois) et la grande quantité de données à manipuler (l’évolution des VT de plus de 50
GBits de cellules mémoires a été stockée et traitée), la statistique de cette première expérience reste
relativement faible compte tenu du très faible taux de détection de basculement de cellules
mémoires Flash. Néanmoins, la remarquable convergence entre données expérimentales et les
résultats numériques de simulation (en ne considérant aucun paramètre d’ajustement dans toute la
chaine de simulation) est un résultat important et indique que la valeur de la contribution des
neutrons sur le taux SER nSER est plus de deux décades en dessous du taux SER mesuré sur les
dernières technologies de mémoires SRAM [Autran '07] [Autran '08a] [Autran '12b]. De plus, la
comparaison entre données expérimentales au niveau de la mer et les simulations de la contribution
des particules alpha SER suggère clairement qu’un mécanisme, autre que l’émission interne de
particules alpha pouvant se produire dans les matériaux, pourrait être responsable de la perte de
charges de la grille flottante. Ce point sera particulièrement intéressant à évaluer lors de futurs
travaux.
Concernant la suite et les perspectives liées de cette expérience, il serait intéressant de
poursuivre les travaux en conduisant, d’une part, des tests accélérés sous faisceaux de neutrons et ,
d’autre part, en mettant en place sur la plateforme ASTEP un testeur dédié réalisant les opérations
de (re)lectures des wafers en temps réel afin d’observer et d’étudier plus finement l’évolution des VT
et donc, des pertes de charge. Compte tenu des résultats de simulation où une queue de distribution
apparaît clairement après irradiation, le fait d’augmenter grandement la statistique de données (par
exemple 50 Gbits en altitude sur ASTEP, 50 Gbits en référence au niveau de la mer et 50 Gbits en
environnement souterrain au LSM de Modane) et de lire en temps réel les distributions, permettrait
d’affiner nos résultats concernant la contribution des particules alpha SER et de pouvoir décorréler
les différents mécanismes de pertes de charge.
157
Chapitre 4 : Influence de l’environnement radiatif naturel terrestre sur la fiabilité en rétention des mémoires Flash
158
Conclusion générale
Conclusion générale et perspectives
De nombreuses applications industrielles spécifiques dans les secteurs tels que l’automobile, le
médical et le spatial, requièrent un très haut niveau de fiabilité. Ce type d’applications fonctionnant
sous des contraintes sévères (haute température, corrosion, vibration, radiations,…) impose aux
industriels des spécifications particulières en termes de fiabilité et de consommation d’énergie. Les
objectifs de cette thèse étaient d’étudier la fiabilité des mémoires Flash embarquées pour des
applications faible consommation à forte contrainte de fiabilité (applications automobiles, médicales
ou spatiales) afin de caractériser et modéliser les phénomènes de défaillance présents dans ce type
de mémoires et apporter des solutions d’amélioration.
Après avoir présenté le contexte général de ce travail de thèse, nous avons, dans la deuxième
partie de ce manuscrit, mis en évidence le phénomène de perturbations durant les opérations de
lecture (read-disturb). Ce phénomène peut être particulièrement impactant sur certains dispositifs
mémoires embarqués effectuant un grand nombre d’opérations de lecture, par exemple pour lire de
manière répétée un code d’instructions stocké en mémoire. Nous avons proposé, à l’aide des
nombreuses expériences menées sur véhicule de test mémoire (macrocell), un modèle analytique.
Ce dernier est un outil intéressant dans la mesure où il permet d’estimer le taux de défaillance des
cellules mémoires en fonction de divers paramètres géométriques et électriques. En revanche, cette
approche de modélisation est limitée dans la mesure où elle ne prend pas en considération le
mécanisme de perte de charge attribué à un courant de SILC. Afin de le prendre en compte, les
méthodes de génération, de caractérisation et les différentes approches de modélisation du courant
de SILC ont été étudiées. Nous avons considéré l’effet tunnel assisté par piège (ETAP) comme
l’approche la plus adaptée pour le modéliser. Un modèle physique a donc été développé, basé sur la
structure du transistor à grille flottante classique auquel nous avons implémenté les modes de
conduction Fowler-Nordheim et assisté par piège (élastique à 1 piège). Afin de calibrer ce modèle en
fonction de la température (> 300K), une dépendance sur l’un des paramètres du piège de l’ETAP (la
section de capture σn) a été implémentée. Ce modèle a permis d’adresser la problématique du readdisturb et a été mis à profit pour analyser son impact sur différentes technologies Flash de ST
Microelectronics à Rousset. L’objectif final d’un tel modèle est de donner aux technologues et
designers mémoires un outil de simulation afin d’identifier des moyens d’action sur les paramètres
physiques, géométriques et électriques de la cellule Flash et ainsi minimiser les phénomènes
indésirables tels que le read-disturb.
Dans le chapitre suivant, nous nous sommes davantage intéressés aux performances de la
cellule Flash et à sa fiabilité. Ce chapitre présente à la fois des optimisations liées au procédé de
fabrication et aux conditions électriques de fonctionnement. Nous avons réalisé une étude liée à la
fiabilité de l’oxyde tunnel en fonction de l’étape de poly-réoxydation en évaluant le piégeage de
charges et les faibles courants de fuite. Ce travail de caractérisation a montré que la recette de polyréoxydation ne semble pas avoir un effet localisé sur les bords de l’oxyde tunnel (sur les régions qui
sont ré-oxydées) mais impacte de manière plus globale la qualité intrinsèque de l’oxyde tunnel,
modifiant de ce fait ses propriétés électriques. Une des recettes, comprenant l’espèce hydrogène
fort connue pour être impliquée dans la plupart des défauts, a notamment montré un piégeage de
charges plus important et une moins bonne tenue en rétention. Cette étude a été utile pour
caractériser la qualité de la recette de poly-réoxydation. Le protocole de caractérisation électrique
159
Conclusion générale
mis en œuvre peut aussi être utilisé pour étudier l’impact d’autres étapes du procédé de fabrication
sur la fiabilité de l’oxyde tunnel. Dans un second temps, l’étude des variations de l’énergie
d’implantation (implants LDD) et du dopage du canal a montré comment ces paramètres process
pouvaient être ajustés afin d’optimiser les performances et la fiabilité en endurance du point
mémoire. Nous avons montré quel pouvait être le meilleur compromis possible afin d’améliorer la
fenêtre de programmation, le courant de fuite de bit-line et le courant consommé en écriture, tout
en veillant à respecter les spécifications en endurance. La dernière partie de ce chapitre, axée sur les
conditions électriques de fonctionnement, a permis d’étudier l’impact des conditions de polarisation
lors de la lecture et les effets de l’endurance et de la tension de drain sur la consommation
énergétique du point mémoire. Nous avons montré qu’en diminuant la tension de drain lors du pulse
de programmation, l’énergie consommée était réduite d’environ 20 %, sans augmentation de la
puissance crête et avec seulement une légère diminution de la fenêtre de programmation
(environ 6 %). Par contre, le fait de réduire la tension de drain entraîne une fermeture plus
importante de la fenêtre de programmation en cyclage, principalement sur l’état programmé. La
tension de drain VD peut donc être considérée comme un paramètre d’ajustement en fonction de
l’application visée (faible consommation ou forte endurance), sans modification technologique.
L’impact de l’endurance sur l’énergie et le courant de consommation a été étudié et a montré que
l’énergie consommée durant le signal de programmation augmentait au cours du cyclage en fonction
de la dégradation du point mémoire selon une loi logarithmique, fonction du nombre de cycles
d’écriture/effacement (environ + 30 % sur le pic de courant et + 37 % sur l’énergie consommée après
100 kc).
Le dernier chapitre portant sur l’effet des particules radiatives de l’environnement naturel
terrestre a permis de montrer comment étaient caractérisés les circuits mémoires SRAM et Flash
grâce à diverses expériences menées lors de tests accélérés ou temps réel. Pour la première fois, une
approche expérimentale en temps réel a été mise en œuvre : l’exposition directe aux radiations
naturelles d’une grande quantité de circuits mémoires programmés puis lus périodiquement au
niveau wafer, avec un équipement de test industriel dédié. Malgré la durée de l’expérience (plus de
15 mois) et la grande quantité de données à manipuler, la statistique de cette première expérience
reste relativement faible compte tenu du très faible taux de détection de basculement des cellules
mémoires Flash. Néanmoins, la remarquable convergence entre données expérimentales et simulées
est un résultat important et indique que la défaillance liée aux neutrons atmosphériques est plus de
deux décades en dessous de celle mesurée sur les dernières technologies de mémoires SRAM. De
plus, la comparaison entre données expérimentales et simulées de la contribution des particules
alpha à la perte de charges de la grille flottante suggère clairement qu’il existe d’autres mécanismes
que l’émission interne pouvant se produire dans les matériaux.
Au terme de ce manuscrit, une compréhension du phénomène de read-disturb a été proposée
avec une approche physique de modélisation du courant de SILC. Concernant les perspectives
d’évolution de ce modèle, il serait intéressant de réécrire les codes de calcul développés afin de les
intégrer à des simulateurs de type Spice ou dans un modèle compact. Cela permettrait aux designers
de bénéficier d’un outil de simulation précieux pour évaluer et anticiper les éventuels problèmes de
perturbations liés au plan mémoire sur les technologies de mémoires Flash actuelles et futures
développées à STMicroelectronics. D'autre part, une partie du chapitre 3 a été consacrée à l’aspect
consommation énergétique du point mémoire, destiné à être embarqué dans des applications faible
160
Conclusion générale
consommation. L’étude des polarisations et de la forme du signal de programmation, impactant à la
fois la consommation énergétique et l’endurance du point mémoire, mériterait d’être approfondie.
Pour cela, de nouvelles caractérisations électriques, exploitant la mesure de courant dynamique sur
des appareils avancés comme l’Agilent B1500, associées à l’interprétation des champs électriques
simulés à partir d’un modèle compact permettraient une analyse plus complète. La compréhension
des mécanismes de dégradation et de consommation pourrait permettre une optimisation des
paramètres clés (dimensions, process,…) de la cellule Flash. Enfin, compte tenu des résultats obtenus
sur les effets des particules radiatives naturelles sur la tenue en rétention des mémoires Flash, il est
nécessaire de poursuivre ces travaux, d’une part, par des tests accélérés sous faisceaux de neutrons
et d’autre part, en mesurant directement sur la plateforme ASTEP avec un testeur dédié. Le fait de
lire les distributions en temps réel permettrait d’affiner nos résultats concernant la contribution des
particules alpha sur le taux de défaillance des cellules et de pouvoir décorréler les différents
mécanismes de pertes de charge. De plus, afin de mettre en évidence la queue de distribution qui
apparaît clairement en simulation dans des conditions de radiation naturelle, il est indispensable
d’augmenter grandement le nombre de cellules en test.
161
Conclusion générale
162
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Caractérisation et modélisation des mémoires Flash embarquées destinées à des
applications faible consommation et à forte contrainte de fiabilité
De nombreuses applications industrielles spécifiques dans les secteurs tels que l’automobile, le
médical et le spatial, requièrent un très haut niveau de fiabilité. Ce type d’applications fonctionnant
sous des contraintes sévères (haute température, corrosion, vibration, radiations,…) impose aux
industriels des spécifications particulières en termes de fiabilité et de consommation d’énergie. Dans
ce contexte, les travaux menés ont pour objectif d’étudier la fiabilité des mémoires Flash
embarquées pour des applications faible consommation et à forte contrainte de fiabilité. Après une
introduction orientée sur les deux volets d’étude que sont la caractérisation électrique et le test de
mémoires non volatiles, un modèle physique capable de modéliser le courant de SILC a été
développé. Cet outil permet de répondre à la problématique de perturbations en lecture (read
disturb) et donne aux designers et technologues un moyen d’estimer le taux de défaillance de
cellules mémoires en fonction de paramètres physiques, géométriques et électriques ainsi que des
moyens d’action afin de minimiser ce phénomène indésirable. La fiabilité (oxyde tunnel, endurance)
et les performances (consommation énergétique) de la cellule Flash sont ensuite étudiées en
explorant les variations de paramètres du procédé de fabrication et des conditions électriques de
fonctionnement. Enfin, une étude originale menée en temps réel sur plus de 15 mois est consacrée à
la fiabilité en rétention des mémoires Flash soumises aux effets des particules radiatives présentes
dans l’environnement naturel terrestre.
Mots clés: Mémoires non volatiles, Flash, fiabilité, perturbation en lecture (read-disturb),
modélisation, SILC, consommation énergétique, variation process, particules radiatives,
taux d’aléas logique (Soft-Errare Rate, SER)
Characterization and modeling of embedded Flash memories for low power and high
reliability applications
Many specific applications used in automotive, medical and spatial activity domains, require a
very high level of reliability. These kinds of applications, working under severe constraints (high
temperature, corrosion, vibration, radiations…) challenge memory manufacturers and impose them
particular specifications in terms of reliability and energy consumption. In this context, work
presented in this thesis aim at studying embedded Flash memories reliability for low power and high
reliability applications. After an introduction oriented on areas of electrical characterizations and
Test of non-volatile memories, a physical model of SILC leakage current is developed. This tool is
used to answer to disturbs problematic and gives to designers and technologists a way to estimate
the failure rate of memory cells according to physical, geometrical and electrical parameters, giving
leads to minimize this unwanted phenomenon. Reliability (tunnel oxide, cell endurance) and
performances (energy consumption) of Flash memory cell are then studied exploring process
parameters variations and electrical conditions optimizations. Finally, an original real-time
experiment over more than 15 months is focused on Flash memories retention reliability due to
irradiative particles effects of natural terrestrial environment.
Key-words: Non-Volatile Memories, Flash memories, reliability, read-disturb issues, modeling, SILC,
energy consumption, process variations, irradiative particles, Soft-Error Rate (SER)
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