Quand une décision n’est pas facile à prendre Atelier de Formation Manuel du participant et de la participante • France Légaré, MD, MSc, (F) CCMF, Département de médecine familiale, Université Laval • Luc Côté, PhD, Centre de développement pédagogique, Faculté de Médecine, Université Laval • Francine Borduas, Centre de formation continue, Faculté de médecine, Université Laval • Annette O’Connor, PhD, Chaire de recherche du Canada sur la prise de décision en santé, Université d’Ottawa • Danielle Saucier, MD, MSc, (F) CCMF, Département de médecine familiale, Université Laval Quand une décision n’est pas facile à prendre 1.0 Objectifs À la fin de cet atelier, le participant devrait être en mesure de : - Reconnaître les situations cliniques propices à l’expérience d’une décision difficile par le patient; - Identifier un patient qui fait face à une décision difficile; - Identifier les facteurs modifiables qui contribuent à cette décision; - Reconnaître les barrières et facteurs favorisant l’intégration de ces nouvelles connaissances dans la pratique de médecine familiale 2.0 Contexte et pertinence La société s’attend des professionnels de la santé qu’ils puissent transmettre de l’information pertinente d’une façon qui respecte l’autonomie des individus et qui favorise la prise en charge par les individus de leur santé (1). Statistique Canada indique que 87,7% des Canadiens et Canadiennes ont un médecin de famille (2). Lors d’une enquête portant sur la responsabilité perçue en matière de prise de décisions importantes liées à la santé, plus de la moitié des participants (52,1%) croient qu’ils en sont les premiers responsables tandis que 35,6% croient que cette responsabilité est partagée avec leur dispensateur de soins de santé (3). Seulement 11,5% croient que cette responsabilité est celle du dispensateur de soins seul. Moins de la moitié (40%) est d’accord ou fortement d’accord avec le fait d’accepter sans interrogation les décisions prises par leur médecin au sujet d’un traitement. Face à une décision portant sur le traitement ou les soins, ce sont 43% des répondants qui expriment vouloir partager la responsabilité de cette décision avec leur médecin. De plus, lors d’une autre enquête portant sur les besoins des canadiens face aux décisions en matière de santé, le counselling effectué par un médecin était la méthode préférée afin de recevoir des informations (4). En résumé, les Canadiens et Canadiennes s’attendent à ce que leur médecin puisse les soutenir lorsqu’ils font face à des décisions difficiles ou du moins qu’il puisse les référer à des ressources compétentes dans ce domaine. La discipline de médecine familiale repose sur quatre grands principes parmi lesquels celui de « la relation médecin-patient » (5). Au cœur de ce principe, le concept « trouver un terrain d’entente » constitue un élément important qui doit être acquis par les futurs médecins lors de leur formation et privilégié par les médecins en exercice. « Trouver un terrain d’entente » se rapporte aux trois aspects suivants : 1-la définition des problèmes qui font l’objet de la consultation, 2-les buts du plan de traitement ou de prise en charge, et 3les rôles du médecin et du patient dans la prise de décision (6). Les dernières années ont vu exploser un intérêt pour le « shared decision making » ou la prise de décision partagée (7-9). Plusieurs recherches se sont donc intéressées à ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 2 documenter les compétences nécessaires et les pratiques actuelles des médecins à ce chapitre. De façon générale, les résultats de ces travaux suggèrent que les médecins ne font pas un usage optimal du processus de prise de décision partagée. Dans une UMF de Québec, les résultats de travaux exploratoires ont permis d’observer que les résidents avaient de la « difficulté » à identifier un patient qui fait face à une décision difficile (10). 3.0 Plan de l’atelier • • • • Introduction 15 mtes • Présentation Objectifs et plan Contexte Identification de situations cliniques propices à l’expérience d’une décision difficile par les patients Mise en commun • • Premier vidéo Discussion en grand groupe 15 mtes Modèle d’aide à la décision d’Ottawa (MADÉO) et Échelle de Confort Décisionnel • • • Prise de décision partagée et évidences MADÉO orienté vers la pratique ECD 15 mtes Implantation • Second vidéo 5 mtes • Mise en commun des barrières et des facteurs favorisant l’intégration de ces nouvelles connaissances dans la pratique médicale 20 mtes Listes des ressources Évaluations de l’atelier à compléter 5 mtes La prise de décision jugée difficile par les patients Conclusion évaluation et • • 15 mtes Total : 90 mtes ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 3 4.0 Mise en commun des situations cliniques propices à l’expérience d’une décision difficile par les patients Notes personnelles : ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 4 5.0 Évidences 5.1 Situations cliniques propices à l’expérience d’une décision difficile Une liste non exhaustive des situations cliniques dans lesquelles les individus sont plus à risque de faire l’expérience d’une décision difficile est présentée au Tableau 1 (11). Le tableau 2 présente la nouvelle classification du Groupe de l’Examen Médical Périodique Canadien d’août 2003. Le tableau 3 présente les situations identifiées lors de l’enquête populationnelle portant sur les besoins des canadiens face aux décisions en matière de santé (4). 5.2 Impact des processus de prise de décision partagée O’Connor et ses collègues dirigent une revue systématique de la littérature enregistrée auprès de la Collaboration Cochrane qui synthétise 34 essais cliniques randomisés. Cette revue systématique porte sur l’impact des aides à la décision, aussi nommés « programmes de prise de décision partagée » (12). À ce jour, les résultats de plusieurs essais cliniques randomisés suggèrent que, comparés à des soins usuels ou des dépliants d’information, les programmes de prise de décision partagée (i.e. aides à la décision) sont supérieurs parce qu’ils: • Chez les patients: a) améliorent les connaissances au niveau des bénéfices, risques et incertitude scientifique b) rendent les attentes plus réalistes c) améliorent le niveau de confort décisionnel d) augmentent le % de patients qui participent à la décision e) augmentent le % de patients qui prennent une décision f) améliorent la congruence entre les valeurs des patients et la décision prise g) réduisent les taux de procédures chirurgicales électives invasives (hystérectomie, mastectomie, prostatectomie, etc.) en faveur de procédures plus conservatrices ou médicales chez le sous-groupe de patients qui ne les valorisent pas. • Chez les médecins : h) améliorent la qualité de la rencontre clinique sans en augmenter la durée i) améliorent l’identification par le médecin de la décision à prendre par le patient ainsi que du stade où il se situe dans le processus de décision j) améliorent l’accord entre le niveau de confort décisionnel du médecin et celui de son patient ainsi que les besoins identifiés en matière de connaissance et de clarification des valeurs k) améliorent la satisfaction qu’ont le médecin et le patient au sujet de la préparation à la prise de décision. ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 5 6.0 Modèle d’Aide à la Décision d’Ottawa (MADÉO) 6.1 L’utilité du Modèle d’Aide à la Décision d’Ottawa Le « Ottawa Decision Support Framework » (ODSF) ou Modèle d’Aide à la Décision de l’Équipe d’Ottawa (MADÉO) permet de guider l’élaboration d’interventions préparant les patients et les professionnels de la santé à la prise de décision partagée (13). Une des contributions importantes du ODSF est de situer le conflit décisionnel comme un des éléments-clés de la prise de décision en contexte d’incertitude. Le but des interventions guidées par le MADÉO est l’amélioration de la qualité du processus décisionnel par l’intermédiaire des déterminants modifiables de la prise de décision. Le but n’est pas l’adoption d’une décision spécifique pré-établie par un expert. Par conséquent, le ODSF convient aux situations empreintes d’incertitude pour lesquelles il n’y a pas une décision meilleure, soit celle déterminée à priori par l’expert. Le ODSF est organisé autour de 3 grands pôles: les déterminants de la prise de décision, les interventions visant le soutien à la prise de décision et l’évaluation de la qualité du processus ainsi que des issues décisionnelles (Tableau 4). 6.2 Qu’est-ce qu’une « bonne décision » ? Le ODSF définit une bonne décision comme étant: 1) informée par les meilleures évidences scientifiques, 2) en lien avec les valeurs de l’individu, 3) mise en œuvre et 4) satisfaisante du point de vue de l’individu. 6.3 Le conflit décisionnel Le conflit décisionnel se définit comme une incertitude quant à l’option à privilégier lors d’une prise de décision impliquant un choix parmi des options contradictoires auxquelles sont potentiellement associés des risques, pertes, regrets ou se situant en contradiction avec des valeurs personnelles. Il est une mesure du confort décisionnel et par conséquent, un indicateur de la qualité du processus décisionnel d’un individu. EN RÉSUMÉ : Un conflit décisionnel élevé = un confort décisionnel faible. Un conflit décisionnel faible = un confort décisionnel élevé. ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 6 6.4 Échelle de confort décisionnel L’annexe 1 présente un court questionnaire qui permet de mesurer le conflit décisionnel chez le patient. Il s’agit de l’Échelle de Confort Décisionnel (14). Ce questionnaire permet de: 1) 2) diagnostiquer si un patient est confortable ou non avec la décision à prendre identifier les facteurs modifiables : manque d’information, absence de clarification des valeurs, absence de soutien ou pression indue d’autrui. Le même questionnaire peut être complété par le médecin ou un professionnel de la santé afin de mesurer son propre niveau de confort décisionnel (15-16). 6.5 Atteinte d’un terrain d’entente sur le niveau de confort décisionnel Dans le respect de la discipline de médecine familiale, l’atteinte d’un terrain d’entente peut être mesuré en évaluant l’accord entre le niveau de confort décisionnel du médecin et celui de son patient (17) ou en calculant l’écart entre les deux (18). 7.0 Les étapes de soutien à la prise d’une décision difficile L’annexe 2 qui présente les étapes de soutien à la prise de décision par le professionnel comprend: 1) l’identification de la décision, du stade où se situe l’individu dans son processus décisionnel, de l’échéancier et du niveau de conflit décisionnel (i.e. confort décisionnel) 2) la présentation des évidences scientifiques et de tout autre besoin en information 3) la clarification des valeurs et de l’importance accordée par l’individu aux conséquences 4) l’identification d’un soutien ou d’une pression indue exercée par d’autres individus 5) si nécessaire, la formulation d’un plan d’intervention subséquente 6) le transfert des compétences acquises par l’individu à d’autres prises de décision. 8.0 Outils 1) Échelle de confort décisionnel (Annexe 1) 2) Guide de l’Équipe d’Ottawa pour l’évaluation et la planification du soutien à la décision ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 7 9.0 Barrières et facteurs favorisant le transfert dans la pratique Notes personnelles : ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 8 10.0 Ressources Sites internet : 1-Site internet du Centre de décisions en santé d’Ottawa : http://www.ohri.ca/programs/clinical_epidemiology/OHDEC/default.asp (il existe un cours extensif donné sur le sujet, NSG 6133 « Decision making in health care » dans une version anglophone et francophone. Pour information, s’adresser à [email protected] ou [email protected]) 2-Site internet du groupe Cochrane sur la communication et les consommateurs : (contient des résumés succincts de revue systématiques et a pour cible les consommateurs de soins) http://www.cochraneconsumer.com 3-Site internet d’une initiative britannique sur la prise de décision partagée entourant le choix d’une médication : http://www.concordance.org Livre : Edwards A, Elwyn G, eds. Evidence Based Patient Care: Oxford University Press, 2001 (une copie est disponible auprès du département de médecine familiale) Conférences : • • • • 2001 et 2003: Royaume-Uni (http://extraweb.swan.ac.uk/sdm_conference/) 1er colloque en langue française sur la prise de décision partagée : Lyon, France décembre 2002 2004 ACFAS Montréal (?) 2005 Ottawa (?) ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 9 Références 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux. (2003). Programme national de santé publique. Publication du ministère de la Santé et des Services sociaux. Sanmartin, C., Houle, C., Berthelot, J.-M., & White, K. (2002). Accès aux services de soins de santé au Canada, 2001. Ottawa: Statistique Canada. groupe d'analyse et de mesure de la santé. Martin, S. (2002). "Shared responsibility" becoming the new medical buzz phrase, CMAJ (Vol. 167, pp. 295). O'Connor, A. M., Drake, E., Wells, G., Tugwell, P., Laupacis, A., & Elmslie, T. (2003). A Survey of the Decision-Making Needs of Canadians Faced with Complex Health Decisions. Health Expectations, 6, 1-13. Canada CMFC. Standards d'accréditation pour les programmes de résidence en médecine familiale. In.; 2000. Brown JB, Weston WW, Stewart MA. Patient-Centred Interviewing Part II: Finding Common Ground. Can Fam Physician 1989;35(January):153-157. Towle A, Godolphin W. Framework for teaching and learning informed shared decision making [see comments]. British Medical Journal 1999;319(7212):766-71. Stewart M. Towards a global definition of patient centred care. Bmj 2001;322(7284):444-5. Elwyn G, Edwards A, Kinnersley P. Shared decision-making in primary care: the neglected second half of the consultation. Br J Gen Pract 1999;49(443):477-82. Légaré F. Needs of the Residents in Family Medicine Regarding their Role Towards Patients Facing Difficult Decisions. Ottawa: Université d'Ottawa; 2001. Carpenito, L. J. (2000). Decisional Conflict. In Lippincott (Ed.), Nursing Diagnosis: application to clinical practice (pp. 312-21). Philadelphia, (PA). O'Connor AM, Rostom A, Fiset V, Tetroe J, Entwistle V, Llewellyn-Thomas H, et al. Decision aids for patients facing health treatment or screening decisions: systematic review [see comments]. Bmj 1999;319(7212):731-4. O'Connor A, Tugwell P, Wells GA, Elmslie T, Jolly E, Bunn H, et al. A decision aid for women considering hormone therapy after menopause: Decision support framework and evaluation. Patient education and Counselling.; 1998. O'Connor, A. M. (1995). Validation of a decisional conflict scale. Med Decis Making, 15, 25-30. Dolan, J. G. (1999). A method for evaluating health care providers' decision making: the Provider Decision Process Assessment Instrument. Med Decis Making, 19, 38-41. Légaré F, Graham I, O’Connor A, Dolan JG, Bélanger-Ducharme F. Prise de décision partagée : traduction et validation d’une échelle de confort décisionnel du médecin. Pédagogie médicale, novembre 2003, vol 4, no 4 : 216-222. Légaré F, O'Connor AM, Graham I, Wells GA, Jacobsen MJ, Elmslie T, Drake ER. The effect of decision aids on the agreement between women's and physician's decisional conflict about hormone replacement therapy. Patient Educ Counseling 2003, 50 : 211-221 Legare F, Tremblay S, O'Connor AM, Graham ID, Wells GA, Jacobsen MJ. Related Articles, Links Factors associated with the difference in score between women's and doctors' decisional conflict about hormone therapy: a multilevel regression analysis. Health Expect. 2003 Sep;6(3):208-21 ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 10 Glossaire Aide à la décision (« Decision aids ») : Interventions produites dans le but de: 1-procurer des informations fondées sur les données probantes, balancées et spécifiques à un individu sur les options, bénéfices et risques d’une intervention, 2- clarifier les valeurs du patient sur le sujet et 3- promouvoir les compétences de prise de décision du patient (O’Connor, 1999). Voir aussi « Programmes de prise de décision partagée ». Approche centrée sur le patient (« Patient-centered clinical method »): processus incluant 1) l’exploration de la maladie et de l’expérience de la maladie; 2) la compréhension de la personne et de son contexte; 3) trouver un terrain d’entente; 4) incorporer la prévention et la promotion de la santé; 5) promouvoir la relation médecin-patient; 6) les attentes réalistes. (Stewart, 1995) Communication des risques (« Risk Communication »): Communication d’une personne à une autre personne dans laquelle l’intervention incorpore un stimulus pour que le patient puisse peser les risques et les bénéfices associés au choix d’un traitement ou d’une modification comportementale. (Edwards, 1999). Conflit décisionnel (« Decisional conflict ») : Incertitude quant à l’option à privilégier lors d’une prise de décision qui implique un choix parmi des options contradictoires auxquelles sont potentiellement associés des risques, pertes, regrets ou qui se situent en contradiction avec des valeurs personnelles (O’Connor A. 1997) . Ne doit pas être confondu avec l’anxiété, un état dans lequel l’individu ressent un malaise, une appréhension et dans lequel une activation du système nerveux autonome se produit en réponse à une menace perçue (Carpenito, 2000). Aussi nommé confort décisionnel en français mais il faut renverser la définition. Décision informée (« Informed decision »): une décision dans laquelle le patient : 1) connaît les différentes options disponibles et leurs possibles résultats 2) a clarifié ses attentes pour que celles-ci soient raisonnablement en lien avec la réalité (ce qui est possible) 3) est conscient de la nature « conflictuelle » de la décision. Décision congruente avec ses valeurs personnelles : une décision dans laquelle le patient 1) est conscient qu’il doit peser le pour et le contre entre différentes valeurs qui lui sont personnelles 2) a choisi l’option la plus en lien avec le résultat au niveau de cette « négociation personnelle » sur le plan des valeurs 3) est satisfait. (O’Connor, A. 1997). Prise de décision partagée(« Shared decision making ») : Processus de prise d’une décision : 1conjointement partagée par le médecin et le patient, 2-reposant sur les meilleures évidences (données probantes) portant sur les risques, bénéfices mais aussi sur les caractéristiques spécifiques et valeurs du patient, 3- se produisant en partenariat, 4-pour laquelle les responsabilités et « droits » de chacune des parties sont explicites et 4- des bénéfices sont attendues pour chacune des parties (Towle, 1999). Programmes de prise de décision partagée (« Shared decision making program »): Interventions qui préparent les patients à prendre une décision en matière de soins de santé proposés par un professionnel. Ces interventions ne visent pas à remplacer le counselling effectué par les dispensateurs de soins mais plutôt à supporter celui-ci. Elles sont donc élaborées afin d’aider le patient à 1- comprendre les risques et bénéfices probables qui sont associés aux options disponibles, 2- à prendre en considération et à clarifier les valeurs qu’il accorde à ces risques et bénéfices et 3-participer activement avec leur dispensateurs de soins à prendre une décision (O’Connor, A. Jacobsen, MJ, 2001). Voir aussi « Aides à la décision ». ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 11 Trouver un terrain d’entente (« Finding common ground »): Troisième composante interactive de l’approche centrée sur le patient. Signifie l’atteinte d’une compréhension commune ou de la recherche d’un terrain d’entente entre le patient et son médecin qui nécessite souvent de réconcilier deux points de vue potentiellement divergents afin d’en arriver à un plan de prise en charge ou à un traitement acceptable pour les individus impliquées. Une fois que l’entente a eu lieu sur la nature du problème, les buts et priorités du traitement doivent être déterminés. Quelle sera l’implication du patient dans l’élaboration du plan de traitement? Est-ce que le plan de traitement est réaliste si on le met en lien avec les perceptions qu’a le patient de son expérience de la maladie? Quels sont les attentes du patient et sa capacité à composer avec la situation? Finalement, comment chacun des individus définit son rôle dans cette interaction? L’ensemble de ce processus consiste à : 1) définir le problème 2) définir les buts 3) définir les rôles du médecin et du patient. Les étapes sont : 1) le médecin décrit clairement sa définition du problème, les buts du traitement et les rôles potentiels dans les soins qui en découleront 2) le patient a la possibilité de poser des questions 3) une discussion sur ces aspects prend forme 4) le patient et le médecin expriment clairement qu’ils sont en accord sur la définition du problème ou les buts du traitements qui font l’objet de la discussion (Stewart, 1995). Valeurs : préférences individuelles face à la désirabilité de certains résultats. ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 12 Tableau 1 Liste de Carpenito portant sur les situations cliniques les plus propices à l’expérience d’une décision difficile Facteurs liés au traitement Facteurs liés investigations Intervention chirurgicale Ablation d'une tumeur Cataracte Laminectomie Orchiectomie Chirurgie esthétique Mise en place d'une prothèse articulaire Hystérectomie Greffe Césarienne Examen diagnostique Amniocentèse Radiographie Échographie Chimiothérapie Radiothérapie Dialyse Ventilation artificielle Alimentation entérale Hydratation par voie intraveineuse Emploi de médicaments durant le travail Thérapie anti -VIH aux Facteurs liés au contexte (sur le plan personnel) Mariage Séparation Divorce Paternité ou maternité Contraception Insémination artificielle Adoption Circoncision Placement en famille d'accueil Hébergement en institution d'un enfant ou d'un parent Allaitement (au sein ou au biberon) Avortement Stérilisation Placement dans un centre d'accueil Transfert d'un centre de soins rural à un centre de soins urbain Facteurs liés au contexte (autres) Sur le plan du travail Changement de carrière Mutation Manque d'informations pertinentes ou informations contradictoires Désaccord au sein du réseau de soutien Inexpérience en matière de prise de décision Valeurs ou convictions personnelles imprécises Conflit avec les valeurs ou les convictions personnelles Résignation Antécédents familiaux de mauvais pronostics Perte de pouvoir liée à l'hospitalisation Dilemmes éthiques Suspension des mesures de réanimation Débranchement des appareils servant au maintien des fonctions vitales Facteurs liés à la croissance et au développement Adolescent Pression du groupe de pairs Activité sexuelle Consommation d'alcool ou de drogues Emploi de contraceptifs Maintien ou rupture d'une relation Situations illégales ou dangereuses Études supérieures Choix de carrière Adulte Changement de carrière Retraite Déménagement Personne âgée Admission dans un centre d'accueil Tableau 2 Prise de décision en fonction des évidences Classe Bénéfique Probablement bénéfique Classification de Chalmer Évidences Importance des bénéfices par rapport aux risques Évidences claires à Les risques sont partir d’essais minimes par rapport cliniques randomisés aux bénéfices (ECR) escomptés. Moins bien établi que la classe « bénéfique » Balance entre bénéfices et risques Les cliniciens et les patients devraient peser les bénéfices et les risques en prenant en considération la situation propre au patient et ses priorités. Efficacité inconnue Données scientifiques insuffisantes Probablement non bénéfique Moins bien établi que la classe « non bénéfique » Non bénéfique Évidences claires ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT Les bénéfices sont minimes par rapport aux risques escomptés. Groupe américain de l’examen médical périodique (US Preventive Task Force Guidelines) Groupe canadien de l’examen médical périodique (CMAJ, 05/08/2003) A- Forte recommandation - bonne qualité des évidences - importance des effets bénéfiques est clairement au-dessus des risques BRecommandation en faveur d’une dispensation de ces services dans l’EMP - évidences adéquates - bénéfices modérés C- Balance/ Aucune recommandation d’inclure ou exclure - importance des effets bénéfiques est légèrement au-dessus des risques ou dépend des valeurs des patients I- Évidences insuffisantes afin de recommander d’inclure ou exclure - pauvre qualité des évidences A- Il y a de bonnes évidences qui permettent de recommander cette action préventive. D- Recommandation contre le fait de dispenser ces services dans l’EMP - bonnes évidences ou évidences adéquates - il n’y a aucun bénéfice ou l’importance des risques est au-dessus des bénéfices 2 B- Il y a des évidences adéquates afin d’inclure cette action préventive. C- Les évidences existantes sont ambivalentes et ne permettent pas de faire une recommandation pour ou contre l’inclusion de cette action préventive; d’autres facteurs peuvent influer sur la prise de décision. I- Les évidences sont inexistantes et ne permettent pas de faire une recommandation pour ou contre l’inclusion de cette action préventive; d’autres facteurs peuvent influer sur la prise de décision. D- Il y a des évidences adéquates afin d’exclure cette action préventive. E- Il y a de bonnes évidences qui permettent d’exclure cette action préventive. Tableau 3 Décisions jugées difficiles lors d’une enquête canadienne (O’Connor et coll. 2003) ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 3 Tableau 4 Modèle d’Aide à la Décision d’Ottawa Évaluer les besoins chez patient et le professionnel de la santé Procurer un soutien à la prise de décision Évaluer chez le patient et le professionnel de la santé Perception de la décision Identifier conflit ou confort décisionnel Réduction du conflit décisionnel Connaissances, valeurs clarifiées, attentes réalistes, progression dans la prise de décision, accord entre décision et valeurs Conflit ou confort décisionnel Connaissances, Valeurs, Attentes, Stades, Prédispositions Perception des autres Support, Pression, Rôle désiré Ressources Identifier les facteurs contributeurs Clarifier la perception à l’égard des normes et s’il y a une pression indue Perception réaliste Rôle assumé = rôle désiré Améliorer les compétences personnelles Usage approprié des ressources Adapter à l’individu Amélioration des indicateurs de santé Personnelles Extérieures Caractéristiques Patient Professionnel ATELIER / DOCUMENT DU PARTICIPANT 4