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How falling oil prices impact tunisia’s
economy ?
Elwardi Dhaoui
Tunisia Institute for Competitiveness and Quantitative Studies
May 2015
Online at https://mpra.ub.uni-muenchen.de/70676/
MPRA Paper No. 70676, posted 12 April 2016 23:25 UTC
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LA CHUTE DES PRIX DE PETROLE : QUELS IMPACTS POUR L’ECONOMIE
TUNISIENNE ?
Résumé
Les cours du pétrole ont diminué d’environ la moitié depuis septembre 2014. L’Organisation
des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé de ne pas réduire la production. La zone
euro, la Chine, le Japon et la Russie enregistrent des taux de croissance économique plus
lente que prévu. Tout se conjugue pour maintenir une baisse prononcée et peut être
persistante des cours de pétrole. Cette nouvelle donne a profondément modifié le contexte
économique des pays. La riposte changera selon que les pays sont exportateurs ou
importateurs de pétrole. Pour la Tunisie, cette nouvelle conjoncture offre l’occasion de
réformer les subventions énergétiques et accélérer les réformes structurelles pour
accompagner la croissance et l’emploi.
Mots clés : pétrole, solde budgétaire, compte extérieur, subventions, croissance, emploi,
Tunisie.
Introduction
Les cours de pétrole se sont diminués de moitié au quatrième trimestre 2014 et en moins d’un
an en 2015, ils encore reculé de 9%. Cette chute aura des conséquences importantes à la fois
pour les exportateurs et les importateurs de pétroles .
Depuis longtemps, l’économie tunisienne a vécu une situation difficile de plein fouet. Les
répercussions d’un environnement externe difficile et de la situation socio-politique, surtout,
après les événements de 2011 sont énormes et ont un impact macroéconomique négatif. La
croissance économique ralentit, les marges de manouvres budgétaires s’épuisent, le chômage
augmente et l’inflation s’accroît. La chute du prix de pétrole de l’ordre de 50% est de bon
pour augure pour les performances économiques de la Tunisie, pays classé dans la catégorie
des "gagnants" et non vulnérable de ce contre-choc, dans le bulletin trimestriel d’information
économique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (janvier 2015)1.
Ce papier tente d’apporter un éclairage sur les impacts macroéconomiques estimés du baisse
de prix de pétrole sur la Tunisie, dans une démarche comparative avec des pays de la région
MENA. Dans un premier temps, le papier avancera une revue de littérature de l’impact de la
variation du prix du pétrole sur les variables macroéconomiques. Ensuite, on se propose, de
1 Ce rapport de la Banque mondiale donne des détails sur les différents impacts de la baisse des cours sur les
pays de la région MENA, à savoir, les pays importateurs, considérés comme des " gagnants" (la Tunisie, la
Jordanie, le Liban et l’Egypte) et les pays exportateurs de pétrole, considérés comme "perdants" (Iran, Iraq,
Yémen, Libye et les pays membre du Conseil de Coopération du Golfe). Les pays importateurs bénéficieront de
la diminution de la facture énergétique et du montant des subventions aux carburants tandis que les
exportateurs-dont certains tirent près de 80% de leurs revenus du pétrole-perdront des recettes d’exportation
et des recettes budgétaires. La Jordanie, l’Egypte et le Liban sont vulnérables parce que leurs économies
bénéficient d’importants envois de fonds et d’aide des pays membres du CGC.
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retracer quelques faits saillants de la nouvelle conjoncture internationale tout en expliquant les
raisons à l’origine de cette baisse des cours pétroliers et les impacts prévus sur les pays
exportateurs et les pays importateurs du pétrole. Après, on tentera d’apporter une analyse
détaillé des conséquences macroéconomiques sur la Tunisie via plusieurs indicateurs.
Finalement, et dans le but que la Tunisie profite de cette nouvelle conjoncture les impacts
seront majoritairement positives, quelques recommandations et options stratégiques de
réformes seront proposées.
I- De l’impact des fluctuations des cours du pétrole sur les indicateurs
macroéconomiques : une revue de littérature
Depuis plusieurs années, les prix de pétrole sont caractérisés par une hausse continue et ce
malgré, parfois, la récession des activités économique. Cependant, à partir de la mi-2014, les
cours de pétrole ont chuté d’une manière considérable. Les hausses des prix de pétrole sont
considérées comme une source majeure des fluctuations macroéconomiques. Ce sujet a écoulé
est toujours au centre des débats des décideurs au niveau international et la Tunisie n’est pas
une exception.
Les changements de prix sont considérés comme source principale du cycle économique2.
Selon Hamilton (1983), parmi les huit récessions qu’a connues l’économie américaine, sept
sont provoqués par les chocs d’augmentation des prix de pétrole. L’étude effectuée par Brown
et Yucel (2002) a montré que l’augmentation du prix de pétrole était le responsable de huit
parmi neuf récessions après la Seconde Guerre mondiale
Beaucoup d’analyses attribuent une corrélation gative entre l’augmentation des prix de l’or
noir et les performances macroéconomiques, surtout pour les pays considérées comme des
importateurs net de pétrole à travers les canaux de l’offre te de la demande. Les économistes
considèrent que l’augmentation du prix de pétrole engendre une diminution de la productivité,
qui va exercer des effets négatifs sur les salaires réels, l’emploi, le prix de vente et les taux
d’inflation.
Une augmentation des prix exerce divers effets sur les consommateurs et les producteurs à
travers les effets des produits pétroliers. De la part des consommateurs, la hausse des prix de
pétrole pèse lourdement sur la facture d’énergie3. Pour les producteurs, cette hausse d’énergie
cause l’augmentation du coût unitaire (Lescaroux and mignon, 2008).
Il existe une multitude de travaux empiriques qui mettent en évidence une relation entre les
chocs des prix de pétrole et les performances macroéconomiques de diverses économies. Tang
et al (2010) ont divisé ces études en trois grandes catégories. Une première catégorie concerne
les études qui mettent l’accent sur les canaux de transmission des chocs de prix de pétrole sur
la diminution du niveau de production (output) et l’augmentation des taux d’inflation (Bruno
2 Clément Juglar (1862) était le pionnier qui a élaboré une théorie des cycles économiques. Son analyse était
basée sur une étude comparative de l’évolution du monde des affaires sur trois pays (Etat- Unis, Angleterre et
France).
3 La hausse des prix de pétrole et à cause de l’absence d’indexation prix-salaire touche le pouvoir d’achat du
consommateur. Une rigidité des prix aggrave cette situation.
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and Sachs, 1982, Rashe and tatom, 1981, Darbly, 1982, Burbidge and Harrison, 1984, Gisser
and Goodwin, 1986, Mork, 1989, Lee et al 1995, Hamilton, 1996, Abel and Bernanke, 2001,
et beaucoup d’autre). La deuxième catégorie des auteurs, composée essentiellement de Morry
(1993), Cunado et Perez de Garcia (2003), Lee et al (2001), Lee and Ni (2002) et Lardic et
Mignon (2008), s’est focalisé sur l’impact d’évolution des prix de pétrole sur le niveau
d’activité (aggregate activities)4. La dernière catégorie d’auteurs a mis l’accent sur le rôle des
politiques macroéconomiques destinées à atténuer l’ampleur des chocs pétroliers (Huage et al
(2005, Colgni and Manera 2008, et Leduc et Sill (2004)
En Tunisie, comme dans la majorité des pays, l’Etat subventionne le pétrole. Les
consommateurs ne sont pas en mesure de payer les vrais prix de marché. Ainsi, les prix de
vente de pétrole ne sont pas ajustés au prix internationaux.
II- La baisse prononcée des cours de pétrole : Faits saillants
II-1-Aperçu général
La baisse de plus de 50% des cours mondiaux du pétrole- qui sont tombés de 115 dollars le
baril en juin 2014 à moins de la barre symbolique de 50 dollars aujourd’hui. Certains
analystes n’hésitent plus à envisager des cours tombant à 40 dollars, le niveau atteint dans les
semaines qui suivirent la banque de Lehman Brothers en 2008.
Graphique1. Evolution du cours du pétrole brut « Brent » (Londres) en dollars US par baril
Source : http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/bsweb/serie.asp?idbank=000455743
Les marchés tablent sur un prix d’environ 57 dollars le baril en moyenne en 2015,
l’équivalent d’une baisse de près 43% par rapport au niveau de référence retenu en octobre
2014. A moyen terme, les prix de pétrole devraient se redresser partiellement en raison du
4 Ces études ont vérifié la relation mathématique (linéaire, non linéaire, symétrique et non symétrique) pour
les pays développés durant la période 1970-1990.
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ralentissement probable de la croissance de l’investissement et des capacités productives dans
le secteur pétrolier sous l’effet de la diminution des cours du pétrole.5
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que la baisse des prix du pétrole va se
poursuivre en 2015.6 Cependant, il n’est pas simple de prédire l’évolution du marché du
pétrole. En effet, d’autres facteurs, tels que l’approvisionnement, la demande, la géopolitique
et l’environnement monétaire et réglementaire mondial pourraient faire évoluer les cours dans
des sens différents.
II-2--Pourquoi le pétrole baisse-t-il si fort ?
Beaucoup de raisons, touchant aussi bien à l’offre qu’à la demande, ont été avancées pour
expliquer l’effondrement des prix de pétrole. La raison la plus principale est l’augmentation
de l’offre du pétrole, en premier lieu à l’accroissement rapide du pétrole de schiste aux
Etats-Unis. Les techniques de forage, à l’instar de la fracturation hydraulique, ont permis à ce
pays de contribuer de près 80% à l’augmentation de la production mondiale de ces cinq
dernières années.
Graphique 2. Production et importations du pétrole US (en millions de barils par jour)
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/12/02.
Les Etats-Unis ont recours depuis 2006 au pétrole de schiste. La production était de 800 000
barils/j en juillet 2013. A l’horizon 2020, il atteindra 2 millions de barils/j. certains analystes,
prévoient que la production américaine dépassera celle de l’Arabie Saoudite. Plus récemment,
la production a également progressé en Iraq et en Lybie. La plupart des pays du Golfe ont
opté pour la stratégie de défendre ses parts de marchés.7 Leur pari est qu’à terme, en laissant
filer les prix, le pétrole non conventionnelle, essentiellement tiré des gisements en Amérique
5 FMI, Perspectives économiques régionales, mise à jour des PER, janvier 2015.
6 L’absence d’une incitation de reprise de pétrole est contraire à la crise pétrolière de 2008 les marchés à
termes sont restés optimiste.
7 En Novembre 2014, l’OPEP a décidé de maintenir sa production en dépit de la chute des cours du pétrole.
L’OPEP a indirectement incité les marchés à spéculer à la baisse.
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