Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Par Valerie Therrien, T.S. Essai sous la supervision de M. Christian Comeau, M.Sc., présenté dans le cadre de la Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke Faculté de médecine et des sciences de la santé © Décembre 2013 L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke RÉSUMÉ Tant dans la littérature que dans la pratique, on observe un taux de prévalence élevé des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives (SPA), de santé mentale et de criminalité. Qu’en est-il les liens qui peuvent être tissés entre ces différents troubles? Comment intervenir avec ces tableaux cliniques de plus en plus complexes? L’ajustement de nos pratiques d’intervention s’impose, mais d’abord, il importe de bien comprendre la problématique à l’étude. Suite à une recension critique des écrits, cet essai synthèse propose, dans un premier temps, l’exploration des liens possibles entre les trois troubles à l’étude. Les troubles sont mis en relation deux à la fois d’abord, puis les trois simultanément. Par la suite, un bilan critique des meilleures pratiques d’intervention auprès de ces individus est dressé. Finalement, l’évaluation du risque et de la dangerosité, l’entretien motivationnel/Motivational enhancement therapy, ainsi que la thérapie cognitive comportementale sont retenues en termes de meilleures pratiques à recommander pour intervenir auprès de personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité, dans un contexte en première ligne. Mots clés : Dépendance, substances psychoactives, santé mentale, criminalité, violence, intervention, meilleures pratiques. ABSTRACT Whether it be in literature or out there in the field, the prevalence of co-occurring disorders of addiction, mental health issues and criminality, is very high. Is there a link between those disorders and if so, how can it be established? What is the best way to treat patients whose realities are more and more complex? It has become imperative to review the way we intervene with them, but first, we must understand the issues at hand. After a review of literature, this essay proposes to explore the possible links between the three disorders previously mentioned. Pairs of disorders are first studied, focussing afterwards on all three simultaneously. Then, a critical review of the “best practices/best treatment” L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke in terms of intervention in the field of addictions is done. Of those, three are selected: risk assessment, Motivational interviewing/Motivational enhancement therapy and Cognitive behavioral therapy, which will be recommended to therapists in a CLSC context, intervening with patients with co-occurring disorders of addiction, mental health issues and criminality. Key words: Addiction, mental health, criminality, violence, intervention, treatment. REMERCIEMENTS J’aimerais tout d’abord remercier les enseignants du corps professoral du programme de maîtrise en intervention en toxicomanie. J’ai eu la chance d’apprendre en côtoyant des experts dans le domaine et je remercie la direction d’avoir rendu le tout possible. La présente démarche systémique n’aurait pas été la même sans la direction de M. Christian Comeau, M. Sc., qui s’est démontré présent et très généreux tout au long de ce processus. Nos discussions, on ne peut plus intéressantes, me manqueront. Je remercie la Fondation Gracia du CSSS Bordeaux-Cartierville – St-Laurent pour la Bourses Marie-Anne-Lavallée, dont j’ai été récipiendaire pour l’année 2012-2013. Finalement, je remercie du font du cœur ma famille et mes ami(e)s, qui ont su m’encourager tout au long de ma démarche et me soutenir dans les moments plus difficiles. Merci, je vous aime tellement. L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke TABLE DES MATIÈRES Liste des tableaux et figures……………………………………………………..……….. v 1. Introduction…………………………………………………………………………… 1 2. Moyen en vue d’atteindre l’objectif………………………………………………...… 4 3. Méthode………………………………………………………………………….……. 5 3.1 Recherche à l’aide de banques de données…………………………………….…. 5 3.2 Références reçues d’experts…………………………...………………………….. 6 3.3 Recherches par auteurs/articles clés…………………………….………………… 7 4. Résultats………………………………………………………………………….....… 7 4.1 Dépendance aux substances psychoactives et santé mentale……………………... 8 4.2 Dépendance aux substances psychoactives et criminalité……………………….. 11 4.3 Santé mentale et criminalité…………………………………………………….. 16 4.4 Dépendance aux substances psychoactives, santé mentale et criminalité….......... 18 4.5 Meilleures pratiques…………………………………………………………...… 23 4.5.1 Évaluation……………………………………………………….…......... 23 4.5.2 Survol des meilleures pratiques auprès des personnes présentant un trouble de dépendance aux Substances psychoactives………………. 25 4.5.3 Évaluation du risque/dangerosité……………………………………...... 27 4.5.4 Entretien motivationnel (EM) et Motivational enhancement therapy (MET)………………………………………………….…...….. 31 L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke 4.5.5 Thérapie cognitive-comportementale (TCC)………………………….... 33 5. Discussion…………………………………………………………………………… 34 6. Recommandations………………………………………………………………...…. 36 7. Conclusion…………………………………………………………………….…...… 38 8. Liste des références……..……………………………………………… …......…… 39 LISTE DES ANNEXES Annexe A : Dépistage/Évaluation du Besoin d’Aide – Drogues (DÉBA – Drogues) v1.8p (Tremblay, J., Rouillard, P., & Sirois, M. 2000. Rév. 18 déc. 2009)….……...…... 43 Annexe B : Dépistage/Évaluation du Besoin d’Aide – Alcool (DÉBA – Alcool) v1.8p (Tremblay, J., Rouillard, P., & Sirois, M. 2000. Rév. 18 déc. 2009)…………….. 45 Annexe C : Items de la Historical Clinical Risk-20 (HCR-20) (Voyer et Senon, 2012)..... 48 L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES Tableau 1 : Proportion des personnes qui ont présenté un problème de consommation au cours de leur vie, selon les différents troubles mentaux (Pépin, 2013)……… 9 Tableau 2 : Risques relatifs de présenter un problème de consommation selon le trouble mental, en comparaison à la population générale (Pépin, 2013)……......….. 11 Tableau 3 : Synthèse de la distinction entre les crises psychopathologiques de type 1 et 2 (LeBlanc et coll., 2012)………………………….…………………………. 28 Tableau 4 : Les facteurs de risque issus du questionnaire HCR-20 (Pagani et Pinard, 2012)………………………………………………………..………...……. 30 Figure 1 : Présentation schématique de modèle psychopharmacologique adapté à la population d’individus présentant un trouble mental sévère et persistant et un trouble concomitant lié à une substance (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008)……………………………………………………………………….… 21 L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke 1. INTRODUCTION Il est bien connu que la consommation d’alcool et de drogues illicites s’accompagne souvent de conséquences psychosociales importantes. Que ce soit dans les nombreuses études menées à ce sujet ou au sein de la pratique des intervenants de divers milieux, les effets à court, moyen et long terme sont reconnus. Le phénomène se complexifie lorsque l’on observe le portrait clinique des gens qui présentent des problématiques multiples telles que les problèmes de santé mentale, de dépendance aux substances psychoactives (SPA) et de comportements délinquants. Malheureusement, la prévalence des troubles concomitants est également considérablement élevée, rendant ainsi certaines clientèles vulnérables et nous poussant à revoir nos pratiques d’intervention afin de mieux répondre à leurs besoins. Pour différentes raisons et à différents moments de leur vie, les gens se voient faire appel aux instances dispensaires de services de santé et services sociaux. Certains le font de manière volontaire, alors que d’autre sont contraint à recevoir des services. Au Québec, les services sont sectorisés : les services de première ligne offrent un niveau d’aide primaire, répondant aux besoins des gens dans une optique plus globale. La durée et l’intensité des services offerts à la population deviennent graduellement plus spécialisées en deuxième ligne, puis en troisième ligne. Cependant, les gens ont souvent tendance à se présenter en première ligne d’abord, en raison de la proximité et de l’accessibilité des ressources, ou par méconnaissance de la gradation du système de santé et des services sociaux. Dans ce sens, puisqu’il importe de bien répondre à la clientèle lorsqu’elle arrive enfin à demander de l’aide, il est primordial d’être en mesure de bien évaluer l’état global de la situation de la personne pour en comprendre la complexité et ajuster l’intervention en conséquence. En tant que travailleuse sociale à l’accueil psychosocial du CSSS Bordeaux-Cartierville – St-Laurent, je suis appelée à rencontrer un éventail exhaustif de problématiques, à en faire l’évaluation et à orienter vers les ressources appropriées par la suite. De plus en L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke plus, des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité sont rencontrées. Par conséquent, ces personnes qui présentent un portrait clinique particulier, nécessitent un ajustement des interventions à privilégier afin de favoriser l’atteinte des objectifs du plan d’intervention. Puisque chaque milieu de pratique a sa propre réalité et un mandat qui lui est propre, le but de ma démarche sera d’appliquer les résultats à la réalité des CSSS, plus spécifiquement celui où je travaille. Il sera donc question de discuter de l’applicabilité des meilleures pratiques d’intervention en dépendance aux SPA, santé mentale et criminalité en première ligne. L’objectif de cet essai synthèse est de dresser un bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité et de discuter leur applicabilité en première ligne. Les personnes présentant un problème de consommation de substances psychoactives sont des gens habités par l’ambivalence devant le changement et ayant une faible tolérance face aux listes d’attentes (Desrosiers et coll., 2010) trop présentes dans le réseau de la santé et des services sociaux. Par ailleurs, des délais trop longs entre la première entrevue d’accueil-évaluation et la première rencontre de traitement augmente le taux d’attrition prétraitement. En effet, quand les listes d’attente sont trop longues, moins de la moitié des personnes se présentent à leur première entrevue de suivi thérapeutique (Desrosiers et coll., 2010). On peut donc supposer que l’attrition prétraitement augmente encore davantage lorsqu’une personne se voit orientée vers une autre ressource alors que plusieurs présentent des difficultés à faire leur demande d’aide. L’état de la situation actuelle dans les CSSS varie d’un endroit à l’autre. La réalité du CSSS Bordeaux-Cartierville – St-Laurent, que je connais, sera celle retenue pour le projet actuel. La qualité de l’accueil, lorsqu’une personne se présente pour demander de l’aide, est une dimension importante pour favoriser le bon cheminement de la demande (Desrosiers et coll., 2010). Il est important de bien connaître la réalité des personnes présentant des L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité afin d’être en mesure de cibler les éléments essentiels à évaluer lors de la première rencontre, pour ensuite ajuster l’intervention en fonction du tableau clinique de la personne et des objectifs qu’elle souhaite atteindre. Dans le but de répondre à l’objectif de la présente démarche systématique, le portrait de la population à l’étude devra être abordé sous plusieurs aspects. En effet, la littérature est abondante au sujet de la dépendance aux SPA et des troubles concomitants. Pour rendre justice à la documentation recensée ainsi qu’à la réalité de bon nombre de personnes rencontrées dans la pratique, nous aborderons d’abord les doubles diagnostiques, i.e. les troubles concomitants de dépendance aux SPA et de santé mentale; les troubles concomitants de dépendance aux SPA et de criminalité; les troubles concomitants de santé mentale et de criminalité. La compréhension de ces doubles diagnostiques permet d’appuyer davantage la documentation traitant de la triple concomitance de ces troubles. La notion de troubles concomitants fait référence à l’occurrence simultanée d’un trouble lié aux substances et d’un trouble de santé mentale, et est l’expression (parmi quelques autres synonymes) retenue par Santé Canada. Ce terme, contrairement par exemple à comorbidité, tiens compte de la complexité du phénomène tout en laissant la possibilité à l’occurrence de plus de deux troubles (Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry, 2012). En fait, Santé Canada définit l’expression troubles concomitants comme suit : Individus qui vivent une association de troubles mentaux, émotionnels et psychiatriques avec une consommation excessive d’alcool ou d’autres drogues psychoactives. Sur le plan plus technique et en termes diagnostiques, elle se rapporte à une association de troubles mentaux et de troubles liés aux substances, définie par exemple selon l’axe I et l’axe II du DSM-IV. (Santé Canada, 2002, p.v) C’est dans ce sens que sera abordée la problématique ici, tout en y ajoutant la composante criminelle. Celle-ci sera abordée au sens large, allant des comportements illégaux (ex : trafic de drogues, vols, etc.), en passant par les comportements violents hétéroagressifs L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke (tels que le fait de proférer de menaces, de commettre des voies de fait ou même un homicide), ainsi qu’aux comportements violents autoagressifs (automutilation et conduites suicidaires). La dynamique de ces trois sphères sera à l’étude afin d’en arriver à une compréhension des liens qui peuvent être établis entre elles et éventuellement, arriver à des constats de pistes d’intervention à préconiser, dans un contexte donné, afin d’aider à résoudre les problématiques vécues par les personnes adultes aux prises avec un problème de consommation de substances psychoactives, présentant un ou plusieurs problèmes de santé mentale et ayant des comportements criminels. 2. MOYEN EN VUE D’ATTEINDRE L’OBJECTIF Plus d’une avenue pourrait être prise en considération pour atteindre les objectifs prévus. Comme une grande partie des efforts devaient être déployés à documenter la problématique à l’étude ainsi qu’à aller voir ce qui fût écrit sur le sujet dans la littérature, il semblait tout à fait pertinent de faire une recension critique des écrits pour réaliser cette démarche systématique. La recension critique des écrits a rendu possible, dans un premier temps, l’exploration des différentes facettes de la problématique choisie. Par ailleurs, la complexité du portait clinique des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité nécessitait des recherches considérables dans la littérature dans le but d’étoffer, de manière crédible, ce à quoi pourrait s’attendre un intervenant qui reçoit l’une de ces personnes vulnérables dans le cadre de son travail. La recension des écrits permet de faire le point sur un sujet donné; d’en définir et d’en délimiter l’étendu, d’en saisir la portée et d’en comprendre les enjeux (Fortin et Gagnon, 2010). Dans un deuxième temps, la recension critique des écrits a permis l’exploration des « meilleures pratiques » d’intervention auprès des personnes présentant un ou plusieurs des troubles ciblés, dans le but éventuel de guider un choix d’approche, pour permettre le développement de pratiques d’intervention ou d’organisation de services (Bertrand, 2013) L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke à recommander au CSSS Bordeaux-Cartierville – St-Laurent à la fin de l’ouvrage. La recension critique des écrits permet alors de documenter l’argumentaire derrière les recommandations faites en lien avec les interventions à préconiser et/ou les services à développer et qui pourraient éventuellement être mis en place. Dans le même ordre d’idées, tel qu’expliqué par Machi et McEvoy (2009), la recension critique des écrits résultera en une argumentation logique qui prendra appuis sur la compréhension globale de la problématique à la lumière des connaissances actuelles, ce qui nous permettra ultimement d’en arriver à répondre à l’objectif du présent essai synthèse de façon convaincante et appuyée sur des données probantes provenant de sources crédibles. 3. MÉTHODE La recherche bibliographique des articles et des ouvrages en français et en anglais retenus s’est faite principalement de trois façons; par le biais de recherches sur les banques de données, par des références reçues d’experts dans le domaine et par celles trouvées à même les bibliographies d’ouvrages pertinents. Il était question, dans un premier temps, de trouver des articles et des ouvrages qui permettraient de documenter les liens qui existent entre les trois problématiques à l’étude. Dans un deuxième temps, l’accent était mis sur la documentation qui mettait en lumière les meilleures pratiques et interventions à privilégier avec ces personnes vulnérables au portrait clinique complexe. 3.1. Recherche à l’aide de banques de données Les banques de données consultées sont deux des principales banques de données dans le domaine, soit MEDLINE et PSYCHINFO. Nous nous sommes arrêtés sur ce choix de banques de données parce qu’elles couvrent le domaine de la médecine et de la psychologie, qui s’intéressent au sujet à l’étude. De plus, plusieurs références d’experts provenaient de la banque de données ÉRUDIT. Il était donc logique de viser à diversifier la source des recherches. L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke Les mots clés utilisés dans les deux banques de données sont : A : « substance abuse », « mental health », « crime »; B : « substance abuse », « mental illness », « crime »; le tout dans PSYCHINFO et accompagnés de l’opérateur booléen « AND » puisque les ouvrages traitant des trois problématiques étaient convoités. Ces différentes combinaisons ont donné accès à plusieurs résultats, parmi lesquels ont été choisis ceux qui semblaient, à la lecture des titres et résumés, satisfaire les critères de sélection. La même démarche a été faite sur MEDLINE en ajoutant la combinaison C : « substance abuse », « mental illness », « crime », « treatment », accompagné de l’opérateur booléen « AND » puisque les articles proposant un traitement des trois troubles concomitants étaient convoités. Certaines combinaisons donnaient accès à 383 résultats, par exemple, desquels les ouvrages retenus figuraient dans les dix premiers. D’autres combinaisons comme « substance abuse AND mental illness AND crime AND treatment » donnaient 40 résultats desquels le troisième et le huitième furent retenus. Encore une fois, les articles ont été retenus pour une première lecture sur la base de leur titre et résumé qui, à première vue, semblaient correspondre aux critères d’inclusion. Au fil des lectures, les critères d’inclusion et d’exclusion se sont précisés, étant plutôt vastes au début de la démarche. Vers la fin du processus, devant une quantité impressionnante de littérature portant sur des paires de troubles concomitants (ex : « dépendance aux SPA et santé mentale » ou « dépendance aux SPA et criminalité »), il a été plus facile de raffiner les critères d’inclusion en ne choisissant que des ouvrages qui abordaient les trois problématiques, les liens qui peuvent être faits entre elles et leur traitement. 3.2. Références reçues d’experts La disponibilité remarquable de M. Christian Comeau, M.Sc. tout au long de la démarche fut d’une grande aide. Que ce soit en supervisant la démarche ou en assurant un accompagnement dans la direction que devait prendre cet ouvrage, M. Comeau a fait preuve d’une grande générosité. À plusieurs reprises, M. Comeau a puisé dans son vaste bassin de littératures sur la dépendance aux SPA, la santé mentale et la criminologie afin de suggérer des pistes de lectures intéressantes. Bien que tous les articles n’aient pas été L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke retenus, une grande majorité des références citées dans cet ouvrage proviennent de cette source. 3.3. Recherches par auteurs/articles clés Communément surnommée « la méthode boule de neige », certains articles ont été trouvés à même la liste de références d’ouvrage retenue à l’aide de l’un des moyens mentionnés ci-haut. L’article de Goldstein (1985) sur le modèle conceptuel tripartite fait partie de ceux-là. Par ailleurs, certains auteurs dans le domaine se sont mérités, au fil du temps et au gré de leur contribution, le statut d’auteurs clés ou incontournables. En effet, madame Louise Nadeau et messieurs Serge Brochu, Michel Landry, Joël Tremblay et Jean-Marc Ménard en font partie, pour ne nommer que ceux-là. Il va sans dire que les articles rédigés par ces auteurs venaient avec leur lot de crédibilité et étaient très souvent retenus. Après avoir passé en revue une centaine d’articles, 25 ouvrages de référence ont été sélectionnés. L’acquisition des articles et leur lecture, en soulignant les passages susceptibles de venir en appuis à notre démarche, s’est échelonnées sur près d’un an. 4. RÉSULTATS Tel que mentionné précédemment, la littérature est abondante quant aux « doubles diagnostics ». En effet, les écrits sur les troubles concomitants de dépendance aux SPA et santé mentale sont nombreux. C’est également le cas pour ce qui est de la littérature qui traite de dépendance aux SPA et criminalité, ainsi que pour celle traitant de santé mentale et criminalité. La littérature reflète bien la réalité dans la pratique en ce sens puisque la prévalence des ces combinaisons de troubles concomitants est bien présente dans la pratique. Pour rendre justice à la documentation recensée ainsi qu’aux besoins de L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke plusieurs personnes rencontrées dans la pratique, nous aborderons d’abord les doubles diagnostiques afin de comprendre les liens possibles entre ces troubles concomitants, puis nous mettrons en lumière des hypothèses de possibles relations entre les trois problématiques. 4.1. Dépendance aux substances psychoactives et santé mentale En 2002, l’Enquête sur la santé des collectivités canadiennes (ESCC, cycle 1.2) a récolté des données statistiques permettant d’avoir un estimé de la prévalence de la concomitance de la dépendance aux SPA et des problèmes de santé mentale au Canada. Bien que l’ESCC ne se soit attardée qu’aux troubles de l’humeur et aux troubles anxieux, il s’avère intéressant de constater que, dans les 12 mois précédents l’étude, 22% des répondants aux prises avec un trouble de l’humeur avaient également un problème lié aux substances; comparativement à 21,2% pour les consommateurs aux prises avec un trouble anxieux (Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry, 2012). Des taux élevés de prévalence sont également répertoriés dans les centres de traitement, que ce soit en santé mentale ou en dépendance. En effet, les mêmes auteurs citent l’étude de Drake et coll. en 1991, qui indique que 33 à 50% des patients utilisateurs de services en psychiatrie avaient également un trouble de consommation de substances psychoactives, comparativement à 50 à 66% des patients bénéficiant de services en dépendance aux SPA, qui eux étaient aux prises avec des troubles concomitants de santé mentale (Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry, 2012). Par ailleurs, 22 à 33% des personnes qui consultent pour un trouble lié aux substances présentent également un trouble de stress post-traumatique (FillionBilodeau, Nadeau et Landry, 2012). Pour ce qui est des personnes ayant des troubles mentaux sévères et persistants (tels les troubles psychotiques, la schizophrénie ou les troubles bipolaires), au Québec, on retrouve seulement 2 à 8% de ces individus en traitement dans les centres de réadaptation en dépendance. Cela n’indique pas systématiquement que ces patients sont épargnés des troubles concomitants, mais bien qu’il est possible qu’ils fréquentent plutôt les services de santé mentale (Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry, 2012). Cependant, différentes L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke études américaines portant sur les individus atteints de schizophrénie admis en traitement psychiatrique proposent qu’une proportion de 25 à 50% d’entre eux présentent un problème de consommation de substances psychoactives (Comité permanent sur les troubles concomitants, 2005). Dans le même ouvrage, on affirme qu’en termes de prévalence des troubles concomitants de dépendance aux SPA et de santé mentale, le Québec ne présente pas de différence statistiquement significative avec les États-Unis. Dans ce sens, la dernière donnée statistique mentionnée appuie l’hypothèse précédente voulant que les patients présentant des troubles concomitants ont plus tendance à fréquenter les services de santé mentale plutôt que ceux offrant des services de réadaptation en dépendance. Lors d’un colloque intitulé toxicomanie et double diagnostics tenu à l’Institut PhilippePinel le 19 septembre 2013, le Dr. Jean-Marc Pépin a présenté un tableau résumant la prévalence des problèmes de consommation de substances psychoactives chez les personnes aux prises avec un trouble de santé mentale, au cours de leur vie. Les pourcentages des individus ayant consommé des SPA et présentant des troubles de santé mentale y sont démontrés. Les données sont de bons indicateurs de l’ampleur de la problématique. Tableau 1 Proportion des personnes qui ont présenté un problème de consommation au cours de leur vie, selon les différents troubles mentaux (Pépin, 2013) Troubles anxieux 23,7% Troubles panique 35,8% Troubles de l’humeur 32% Troubles bipolaires type I 60,7% Schizophrénie 47% Trouble de personnalité limite 46% Trouble de personnalité antisociale 83,6% Tous les troubles mentaux confondus 28,9% L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke Comment expliquer un taux de prévalence aussi élevé des troubles concomitants de dépendance aux SPA et de santé mentale? Quels liens peut-on faire entre la dépendance aux SPA et les problèmes de santé mentale? Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry (2012) tentent d’expliquer ce phénomène à l’aide d’un modèle étiologique comportant quatre hypothèses. Dans un premier temps, on met de l’avant l’hypothèse qui veut que le trouble lié à la consommation d’une ou plusieurs substances psychoactives soit secondaire au(x) problème(s) de santé mentale. Communément appeler « l’automédication », cette hypothèse s’explique par les principes comportementaux du conditionnement opérant favorisant l’évitement de symptômes désagréables de la maladie mentale par la consommation d’une ou plusieurs substances psychoactives choisies en fonction des effets recherchés. Par exemple, une personne souffrant d’un trouble anxieux pourrait présenter un trouble concomitant d’abus ou de dépendance à l’alcool puisque l’alcool est un dépresseur du système nerveux central. La deuxième hypothèse mise de l’avant dans le modèle étiologique est celle voulant qu’un trouble de santé mentale soit secondaire à un trouble lié aux substances. Par exemple, une vulnérabilité génétique ainsi que l’exposition précoce à la consommation de cannabis représenterait un facteur de risque à l’émergence d’un premier épisode psychotique, qui serait provoqué par la surproduction de dopamine (Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry, 2012). Troisièmement, il est question du modèle du facteur commun sous-jacent aux troubles. Sous prétexte qu’il existe des facteurs de risque communs pouvant mener à la dépendance aux SPA et aux troubles de santé mentale, il serait possible que l’un des troubles ne cause pas l’autre, mais qu’un ou plusieurs facteurs de risque communs soient à l’origine de l’occurrence des deux troubles concomitants. Parmi ces facteurs de risque figurent, entre autres, avoir vécu un événement à caractère traumatique (physique et/ou sexuel) dans l’enfance ou dans l’adolescence, ainsi que la négligence ou l’abandon dans l’enfance. Le tout est par ailleurs cohérent avec la réalité des patients dans la pratique. L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke Par ailleurs, la dernière composante du modèle étiologique est celle qui se doit d’explorer la possibilité de l’absence de lien entre l’apparition des troubles et leur occurrence en bidirectionnalité. Selon Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry (2012), il est particulièrement ardu d’établir un lien causal entre les troubles concomitants; celui-ci demeurant souvent qu’hypothétique. Certes, il est possible que, dans certains cas, il n’y ait pas de lien entre la dépendance aux SPA et les troubles de santé mentale. Cela étant dit, les auteurs soulignent néanmoins que, dans la majorité des cas, il est peu probable que la concomitance soit fortuite. Finalement, les personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA et de santé mentale présentent habituellement un niveau de désorganisation important et souvent récurent (Comité permanent sur les troubles concomitants, 2005) nécessitant un ajustement d’intervention pour mieux répondre à leurs besoins et leur réalité. Cependant, puisqu’il n’y aurait qu’une minorité (32%) de ces personnes qui font des demandes d’aide auprès de professionnels (Comité permanent sur les troubles concomitants, 2005), un effort de dépistage doit également être déployé pour mieux identifier celles se présentant dans nos services pour un autre problème. La prévalence des troubles concomitants de dépendance aux SPA et de santé mentale est importante et tout porte à croire qu’un trouble de santé mentale accroit les risques de souffrir également d’un trouble de consommation de substances psychoactives, tel que l’illustre ce deuxième tableau du Dr. Pépin, issu du colloque cité précédemment. Tableau 2 Risques relatifs de présenter un problème de consommation selon le trouble mental, en comparaison à la population générale (Pépin, 2013) Troubles anxieux 1,7 fois plus élevé Dépression majeure 1,9 fois plus élevé Schizophrénie 4,6 fois plus élevé Trouble bipolaire 6,6 fois plus élevé Trouble de personnalité antisociale 29,6 fois plus élevé L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke 4.2. Dépendance aux substances psychoactives et criminalité Les ouvrages traitant des liens entre la dépendance aux SPA et la criminalité sont nombreux. Dans cette section, il sera question de mettre en lumière les principales pistes de réflexion quant aux liens entre les deux problématiques, malgré leur complexité. Une étude canadienne a été menée sur la perception qu’ont les détenus fédéraux de leur intoxication le jour où ils ont commis le délit qui les a menés au pénitencier. Selon cette étude, une grande majorité d’entre eux (83%) rapportent et reconnaissent l’effet qu’aurait eu leur consommation de drogues illicites sur leurs comportements violents, comparativement à 92% d’entre eux qui tiennent les mêmes propos quant à leur consommation d’alcool (Brochu et coll., 1999). En 2006, Brochu fait état des propriétés psychoactives des substances illicites les plus souvent consommées pour tenter d’établir un lien entre ces propriétés et la manifestation éventuelle de comportements criminels. La marijuana représente la drogue illicite la plus consommée à travers le monde. Bien que le cannabis ne soit que très rarement associé au comportement criminel, il ne faut pas éliminer la possibilité de sa consommation dans le but de diminuer le stress de l’individu en lien avec une activité criminelle, avant, pendant ou même après sa commission. Les stimulants majeurs du système nerveux central (cocaïne, amphétamines) sont les SPA illicites les plus consommées en Amérique, après le cannabis, et seraient susceptibles d’augmenter le potentiel de violence chez l’individu qui en fait l’usage. La consommation chronique de cocaïne engendre une multitude de complications qui peuvent mener à un état facilitant la violence. De fait, l’abus chronique de stimulants peut aboutir à de graves psychoses de type paranoïde, à mécanismes hallucinatoires centrés sur des thèmes de persécution (Brochu, 2006). Face à ces sentiments de persécution paranoïdes, les réactions communes comme l’attaque ou la fuite surviennent. D’autant plus que la cocaïne induit fréquemment un sentiment de puissance, venant augmenter le risque de comportements criminels. Enfin, la substance peut également augmenter l’irritabilité L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke lorsqu’un individu expérimente les effets désagréables de la fin de la période de consommation, aussi appelé le crash. Comme nous l’aborderons plus tard, l’individu peut commettre des actes violents pour se procurer la SPA à nouveau. L’ecstasy est connue pour son effet de modification importante au plan sensoriel et est souvent consommée dans le but de favoriser les rapprochements physiques en grands et petits groupes. Cependant, la consommation de cette SPA peut provoquer des effets indésirables parmi lesquels figurent des comportements irrationnels, impulsifs et même obsessifs, une altération de l’orientation dans le temps ainsi que des hallucinations au plan cognitif (Brochu, 2006). À la fin de la période de consommation, des symptômes (tels que l’état dépressif, l’anxiété généralisée, l’agitation, les troubles de sommeil et des difficultés sexuelles) peuvent être observés. Le tout contribue à l’augmentation de l’état de vulnérabilité des personnes aux prises avec un trouble de dépendance aux SPA. Les amphétamines, figurant également dans la catégorie des stimulants du système nerveux central, peuvent provoquer une réactivité extrême aux stimuli de l’environnement, entraînant de l’agacement, de l’irritabilité et de l’impatience, ce qui est d’autant plus observable lors du sevrage (Brochu, 2006). En effet, lorsqu’ajouté à l’hypervigilance, le mauvais jugement et le contrôle réduit de l’impulsivité dans ces moments critiques, l’individu se met à risque d’avoir des comportements criminels. Cela dit, l’alcool est la SPA la plus souvent mise en cause dans les cas de violence (Brochu, 2006). Ben Amar (2007) rapporte les mêmes constats dans son article sur les propriétés potentiellement criminogènes des psychotropes. Ce concept fait référence aux propriétés psychopharmacologiques de certaines substances psychoactives qui, lorsque consommées, pourraient accroître le risque de commission de comportements violents ou faciliter le passage à l’acte criminel. Considérant son effet de désinhibition, de diminution du jugement et son association aux éclats émotionnels, l’alcool est souvent associé à l’agressivité et aux comportements violents (Ben Amar, 2007). De fait, étant donné son effet désinhibiteur, l’alcool est présent dans plus de la moitié des cas d’assauts physiques, allant même jusqu’à l’homicide (Pagani et Pinard, 2012). Même les symptômes de L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke sevrage d’alcool peuvent pousser un individu à avoir recours aux comportements violents. En effet, l’anxiété, l’irritabilité, les tremblements, l’insomnie, la diminution du jugement et les hallucinations peuvent, dans certains cas, motiver une réponse agressive chez la personne en sevrage d’alcool. Dans le même ordre d’idée, une étude menée par Sun, Cousineau, Brochu et White en 2004 portant sur la consommation de SPA en lien avec le degré de gravité du crime commis résume bien l’idée précédente. En effet, les données colligées auprès de l’échantillon de 8211 individus ayant répondu au Questionnaire informatisé sur le mode de vie (QIMV) lors de leur admission en pénitencier révèle que la gravité du crime est en fort lien avec la consommation de SPA. Par ailleurs, l’étude démontre que le degré de gravité du crime commis par les usagers d’alcool et ceux ayant consommé de l’alcool et de la drogue était significativement plus élevé que celui de ceux n’ayant consommé que des drogues seules (Sun et coll., 2007). Finalement, au Québec, 47% des femmes incarcérées à la maison Tanguay, comparativement à 60% des hommes incarcérés au Centre de détention de Montréal avouent avoir été sous l’influence de l’alcool ou d’une autre substance illicite lors de la commission du délit le plus grave pour lequel ils sont incarcérés (Ben Amar, 2007). Les études et les ouvrages sur la prévalence et les liens possibles entre la consommation de SPA et la criminalité se succèdent, mais qu’en est-il de l’explication de ce phénomène? Le cadre conceptuel tripartite de Goldstein (1985) fût élaboré pour tenter d’expliquer la relation drogue/crime de trois façons. On explore d’abord le modèle de la criminalité psychopharmacologique qui veut que, suite à la consommation d’une ou plusieurs substances psychoactives, un individu pourrait être plus irritable, réactif et pourrait présenter des comportements violents. Ce modèle a été largement documenté et étudié, comme en témoignent les paragraphes précédents. Ensuite, le modèle de la criminalité économico-compulsive fût mis de l’avant, faisant référence au fait que certains usagers de substances psychoactives peuvent avoir recours à des activités criminelles lucratives dans le but de financer leur consommation. De toute L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke évidence, l’acquisition de SPA n’est pas gratuite. Selon Brochu (2006), le volet économico-compulsif s’appliquerait plus spécialement aux individus ayant un revenu limité et qui sont fortement dépendants de drogues dispendieuses. Éventuellement, les personnes dépendantes aux SPA se voient à court de ressources après avoir épuisé des moyens tels que l’emprunt d’argent à la famille et aux amis, ainsi qu’après avoir réduit au minimum leurs dépenses vitales dans le but de financer leur consommation. Prises au pied du mur, certaines se tournent vers les activités criminelles lucratives pour continuer à répondre à leurs besoins de consommation. Plus le désir de consommation augmente, plus le besoin d’argent est grand. Le risque de devenir désespéré, peu importe les conséquences, fait en sorte que les crimes deviennent de plus en plus impulsifs et moins organisés (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008). En plus des conséquences légales auxquelles s’exposent ces personnes, une multitude de problèmes psychosociaux, tels que les problèmes de santé mentale et physique (ex. : ITSS), la marginalisation et l’exclusion sociale, etc. s’ajoutent à leur portrait clinique déjà complexe. Dans ce sens, 21% des femmes dépendantes de SPA auraient recours à la prostitution comme source de revenu, comparativement à 3% des hommes qui échangeraient des faveurs sexuelles pour de l’argent. Un taux élevé de femmes cocaïnomanes (56%) aurait également avoué s’être déjà senties obligées d’avoir une relation sexuelle avec une personne qui leur offrait de la drogue (Brochu, 2006). Dans cette catégorie de comportements criminels, il arrive un moment où le phénomène du cercle vicieux s’installe i.e. la personne dépendante de SPA se croit obligée d’avoir recours à la prostitution pour financer sa consommation, tout en se voyant obligée de consommer pour arriver à accomplir des gestes qu’elle ne désire pas réellement poser. Le tout rappel le modèle causal inversé de Brochu (2006) voulant que les implications criminelles viennent d’abord, laissant place à la légitimation, à l’argent et aux contacts; qui conduisent ultimement à la consommation de SPA. Finalement, Goldstein (1985) met en lumière le modèle de la criminalité systémique qui fait référence à la dynamique relationnelle et aux types de relations généralement L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke agressives et violentes au sein des réseaux de drogues. Autrement dit, il fait référence à la violence qui habite les réseaux tant de distribution que de consommation de drogues. Notons par exemple, les règlements de comptes, les disputes de territoire de trafic de drogues, l’élimination de délateurs, etc. Dans ce modèle, le lien drogue/crime est plutôt parallèle comparativement aux deux cités précédemment qui se voulait plutôt causal. Le statut illégal des substances illicites provoque la réalité dépeinte dans ce modèle. Dans ce sens, Markowitz (2005) affirme que la violence systémique risque d’augmenter en fonction de l’expansion du marché du trafic de drogues puisqu’il y aura de plus en plus de vendeurs qui utiliseront la violence pour imposer et renforcer le code de conduites au sein de leur réseau et pour punir les clients endettés par leur dépendance. 4.3. Santé mentale et criminalité Penchons-nous maintenant sur la relation entre la criminalité et les troubles de santé mentale. La prévalence de ces troubles concomitants est au cœur de plusieurs études et ouvrages qui tentent de démontrer qu’il y a un lien entre la présence d’un ou plusieurs troubles de santé mentale et les comportements criminels ou violents. À cet effet, le risque d’arrestation de patients sortis d’institutions psychiatriques est multiplié par trois comparativement à la population générale (Bourgeois et Bénézech, 2001). Selon une étude en Finlande, la schizophrénie et les autres pathologies mentales multiplient de quatre et dix fois le risque de commettre un homicide (Bourgeois et Bénézech, 2001). À cela Richard-Devantoy et coll. (2009) ajoutent que, indépendamment de la consommation de drogues ou d’alcool, la schizophrénie augmente le risque de commettre un homicide par un facteur de 6 pour les hommes, comparativement à un facteur 10 chez les femmes. De plus, il est documenté que l’on observe un risque de violence de 15% chez les patients atteints d’un trouble bipolaire, comparativement à 17,5% chez les patients présentant un trouble psychotique (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008). On observe L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke également un risque de violence sept fois plus élevé chez les personnes schizophrènes que chez la population générale. Par ailleurs, on retrouve une prévalence de 6,6% des meurtriers qui répondent aux critères diagnostiques de la schizophrénie (RichardDevantoy et coll., 2013). La littérature couvre amplement le volet de l’hétéroagressivité, c'est-à-dire par exemple, le fait de proférer des menaces, de commettre des voies de fait ou même un homicide, comme le démontre le paragraphe précédent. Cependant, un taux élevé des personnes qui se présentent pour demander de l’aide dans le réseau de la santé et des services sociaux sont à risque de comportements violents autoagressifs, i.e. des comportements d’automutilation et conduites suicidaires. Il était donc important d’incorporer cette dimension dans le volet criminalité/violence. Les centres de crise sont des partenaires précieux des CSSS et accueillent fréquemment des gens en crise suicidaire et/ou homicidaire. Une étude québécoise démontre que 71,3% des personnes qui reçoivent les services d’un centre de crise présentaient un trouble de santé mentale antérieure à la crise (LeBlanc et coll., 2012). Bien entendu, les comportements hétéroagressifs et les comportements autoagressifs ne sont pas toujours indépendants les uns des autres. La manifestation des deux volets de comportements violents peut survenir simultanément. D’ailleurs, Richard-Devantoy et coll. (2009) font mention d’une étude qui examinait 517 patients psychiatriques ambulatoires. De cet échantillon, on comptait 4% d’antécédent de tentative d’homicide, parmi lesquels 91% avait également déjà commis une tentative de suicide. De plus, 86% des sujets de l’étude précédemment mentionnée exprimant des idéations homicidaires présentaient également des idéations suicidaires. Plusieurs hypothèses existent, dans la littérature, quant à l’étiologie des problématiques à l’étude. Il en est de même pour les relations possibles qui peuvent être établies entre elles. Dans l’article de Bourgeois et Bénézech (2001), ont conclu que les comportements violents sont statistiquement liés à la présence de troubles de santé mentale. On y note également un risque élevé de comportements criminels chez les gens présentant des L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke troubles concomitants de santé mentale (troubles de la personnalité, troubles de l’humeur, troubles psychotiques, etc.) et de dépendance aux SPA. Les auteurs mettent donc de l’avant une hypothèse neurobiologique pour expliquer l’influence des troubles de santé mentale (ou neurobiologique) sur la commission de conduites criminelles : le dysfonctionnement sérotoninergique. En effet, Bourgeois et Bénézech (2001) font mention de plusieurs études contrôlées qui ont fait le constat du rôle que joue le débalancement négatif d’acide hydroxy-indol-acétique (5-HIAA) dans le liquide céphalorachidien (LCR). Selon ces études, plus le 5-HIAA est bas, plus le risque de violence est élevé; tant hétéroagressive qu’autoagressive. Dans le même ordre d’idées, Richard-Devantoy et coll. (2009) reprennent la même hypothèse en l’appuyant avec les nombreuses études contrôlées qui ont été menées sur le sujet du dysfonctionnement sérotoninergique et son rôle dans la crise hétéroagressive et autoagressive. En effet, les personnes déprimées avec un faible taux de 5-HIAA dans le LCR auraient un risque significativement plus élevé de passage à l’acte suicidaire violent, comparativement aux personnes déprimées sans cette dysfonction biologique. Finalement, le Dr. Michael H Stone (2009), œuvrant dans le domaine de la psychiatrie judiciaire auprès des meurtriers en série, prend toujours soin d’investiguer la présence d’une lésion cérébrale lorsqu’il dresse le portrait d’un patient criminel. En effet, un tueur en série sur quatre souffrirait d’une lésion cérébrale. Des séquelles sont observables en fonction de l’emplacement de cette lésion, affectant ainsi le contrôle de soi, la compréhension d’une situation sociale donnée, la capacité d’éprouver de l’empathie et de la compassion. 4.4. Dépendance aux substances psychoactives, santé mentale et criminalité Considérant les éléments présentés jusqu’à maintenant, des relations possibles entre les trois troubles à l’étude commencent à prendre forme. À la lumière des concepts tels qu’abordés dans cette démarche systématique, il va sans dire qu’un nombre élevé de personnes aux prises avec leur propre combinaison de troubles concomitants, en terme de L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke sévérité et de complexité, manifeste leur besoin d’aide dans nos services de santé et de services sociaux. À cet égard, le pourcentage de violence s’accroît avec le nombre de problématiques concomitantes et leur degré de sévérité. On peut donc dire que, plus il y a concomitance de multiples pathologies (dépendance aux SPA et troubles mentaux), plus le risque criminel est élevé. Cette corrélation est mise en évidence dans l’article de Bourgeois et Bénézech (2001), où l’on peut voir le niveau de risque de violence augmenter en fonction du nombre de diagnostics, i.e. les diagnostics de santé mentale à l’axe I du DSM-IV et la dépendance aux SPA. Cela implique que, plus le tableau clinique de l’individu est complexe, plus il faudra redoubler d’efforts pour bien évaluer la situation afin de répondre adéquatement aux besoins de la personne. Selon une étude en Finlande, le risque de commettre un homicide serait multiplié par 40 et 50 chez les femmes en cas d’alcoolisme et de trouble de la personnalité antisociale (Bourgeois et Bénézech, 2001). Comparativement à la population en générale, le risque d’homicide est multiplié par 8 chez les schizophrènes présentant un trouble de consommation de SPA, principalement l’alcool (Richard-Devantoy et coll., 2013). Dans ce sens, Richard-Devantoy et coll. (2013) font état des différentes substances consommées par les schizophrènes présentant des comportements homicidaires ainsi que la fonction de leur consommation d’alcool. Selon les résultats d’études citées dans l’article mentionné précédemment, l’alcool, le cannabis, les amphétamines et les benzodiazépines seraient les substances les plus souvent consommées par les patients schizophrènes dans les heures qui précèdent la commission de l’acte criminel. L’effet désinhibiteur de l’alcool pourrait contribuer à diminuer la peur et réduire le contrôle cognitif et émotif chez l’individu ce qui fait qu’il constitue un facteur déterminant de la criminogenèse, i.e. la formation et l’évolution des comportements criminels ou délictuels. Par ailleurs, il semble que la consommation de substances psychoactives soit un facteur de risque plus important que la présence d’un diagnostic de schizophrénie dans les L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke comportements d’hétéroagressivité. Dans une étude sur un échantillon de 1168 meurtriers (dont 5% de schizophrènes), on retrouvait parmi les antécédents psychiatriques : 41% d’abus d’alcool, 40% d’abus de substance illicites, 11% de dépendance à l’alcool et 9% de dépendance aux autres substances psychoactives. Somme toutes, on rapporte que 45% des meurtriers avaient consommé de l’alcool et 15% avaient consommé une autre substance psychoactive au moment du meurtre qu’ils ont commis. Parmi le 5% de l’échantillon présentant un diagnostic de schizophrénie, 25 à 55% étaient sous l’influence de l’alcool au moment de la perpétration de l’homicide (Richard-Devantoy et coll., 2013). Tant dans la population en générale que chez les personnes présentant un trouble de santé mentale, les raisons évoquées pour justifier la consommation de SPA sont les mêmes. En effet, on retrouve des motifs tels le besoin de briser l’isolement, la gestion de l’anxiété sociale, l’ennui ou comme moyen de pallier à l’insomnie (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008). Cela étant dit, une différence importante mérite d’être prise en considération lorsque l’on travaille auprès de personnes atteintes de troubles de santé mentale sévères et persistants en concomitance avec la dépendance aux SPA. En effet, ces patients semblent démontrer une plus grande sensibilité aux effets des SPA, comparativement à la population en générale (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008). Bien entendu, avec cette réalité vient un plus grand risque de conséquences néfastes pour la personne i.e. une exacerbation des symptômes du trouble de santé mentale ainsi que des difficultés en terme de gestion de comportements, de relations et de finances; sans compter le risque d’interaction avec la médication. En ce qui a trait à la médication, la non-observance de la médication psychotrope est bien documentée dans la littérature et constitue un obstacle très fréquent chez les patients atteints de troubles de santé mentale concomitants avec un trouble de dépendance aux SPA (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008). En effet, il est rapporté dans le même article que jusqu’à 40% des personnes atteintes de schizophrénie présentent une faible observance de leur traitement pharmacologique. Il en est de même pour les patients présentant un trouble bipolaire. Plus d’une raison peuvent expliquer la non-observance de L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke la médication, ainsi que la dépendance aux SPA chez les gens ayant des troubles de santé mentale. Les délires et les hallucinations sont considérés comme des symptômes positifs parce qu’ils « s’ajoutent » à la réalité de la personne et sont des symptômes que les gens en bonne santé mentale ne connaîtront jamais. Par contre, les symptômes négatifs représentent une absence d’habiletés ou de certains traits psychologiques que l’on retrouve normalement chez la population en santé. Parmi ces symptômes figurent la pauvreté du discours (alogie), l’incapacité de ressentir du plaisir (anhédonie), la perte de motivation (avolition) et le manque d’intérêt à créer et/ou maintenir des relations interpersonnelles ou sociales (associalité) (St-Yves et Collins, 2011). En plus des symptômes négatifs de la maladie, certains effets secondaires de la médication sont désagréables. Ainsi, les patients ont recours à la consommation de SPA dans le but de contrer ces désagréments. À la lumière des éléments cités précédemment concernant le risque de violence accru par certains troubles de santé mentale ainsi que par la consommation de certaines SPA, il est évident qu’en les additionnant, on augmente d’autant plus le risque de comportements criminels hétéroagressifs et/ou autoagressifs. Une étude faite auprès de 331 patients atteints d’un trouble mental sévère, de trouble de consommation de SPA et non-observant au traitement pharmacologique, a démontré une corrélation positive avec un comportement violent grave (ex. agression à main armée, agression entrainant une blessure) manifesté au cours des quatre mois précédents l’hospitalisation en psychiatrie (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008). De plus, des symptômes de trouble de santé mentale de type paranoïde, pouvant également être induits par la consommation d’une ou plusieurs SPA peuvent être potentiellement liés à la violence. Il est question ici de symptômes d’hallucination et de paranoïa tels « l’impression que les gens souhaitent vous faire du mal », « l’impression que votre cerveau est dominé par des forces hors de votre contrôle », etc. qui sont nommés « threat/control override symptoms » (TCO) (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008). Il est donc possible de penser que la consommation entraînant l’exacerbation de la L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke maladie, en accentuant par le fait même les symptômes positifs, augmente le risque de comportements violents. La figure qui suit résume bien ce phénomène. Figure 1 : Présentation schématique de modèle psychopharmacologique adapté à la population d’individus présentant un trouble mental sévère et persistant et un trouble concomitant lié à une substance (Poullot, Lafortune et Brochu, 2008) Il est également possible de tenter de tisser des liens entre les trois problématiques à l’étude en comparant leurs facteurs de risque et leurs facteurs prédisposant. Si les trois sphères de troubles ont plusieurs facteurs de risque en commun, on peut penser qu’un lien complexe mais bien réel peut les unir. À cet effet, plusieurs auteurs en mentionnent dans leurs ouvrages. Parmi ceux-là figurent des facteurs de risque psychosociaux tels que le fait de provenir d’un milieu familial malsain et dysfonctionnel, présenter des difficultés au plan académique, le fait d’être sans emploi, la marginalité, etc. (Bourgeois et Bénézech, 2001). Richard-Devantoy et coll. (2013) ajoutent qu’en plus de la consommation de substances, il y a augmentation du risque de passage à l’acte de comportements violents en présence de facteurs de risque additionnels. Notamment, des facteurs historiques tels les antécédents de violence et de condamnations judiciaires; les arrestations pour L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke consommation d’alcool sur la voie publique; les antécédents de consommation d’alcool et un diagnostic d’abus d’alcool. On dénonce également les facteurs contextuels; isolement social ou affectif, ainsi que les facteurs cliniques tels que la non-observance aux soins et traitements, la profération de menace de mort ou d’homicide envers la future victime. Tel que mentionné précédemment, le Dr. Michael H Stone (2009) ajoute à cette liste de facteur de risque la présence de lésions cérébrales à un endroit critique du cerveau, notamment le lobe frontal. Le fait d’avoir vécu du rejet, de l’humiliation et de l’abandon dans l’enfance s’ajoute à la liste des facteurs de risque du Dr. Stone qui affirme retrouver ces données chez la grande majorité des personnes qu’il rencontre et/ou étudie. Fillion-Bilodeau, Nadeau et Landry (2012) complètent les facteurs de risque en ajoutant le fait d’avoir vécu un événement à caractère traumatique (physique et/ou sexuel) dans l’enfance ou dans l’adolescence, ainsi que la négligence ou l’abandon dans l’enfance. Le tout étant toujours en cohérence avec la réalité des patients dans la pratique. 4.5 MEILLEURES PRATIQUE Définition Desrosiers et coll. (2010) ont effectué une recension des écrits sur les meilleures pratiques d’intervention auprès des adultes dépendants des substances psychoactives. Tel qu’indiqué dans leur ouvrage, le concept des meilleures pratiques varie quelque peu en fonction des auteurs. Cependant la définition retenue pour les fins de ce travail est celle proposée dans l’article cité précédemment. Les meilleures pratiques doivent s’appuyer sur deux principes importants; les données probantes et les consensus d’experts. La notion de « données probantes » fait référence aux consensus scientifiques relevant d’un corpus d’études rigoureuses appuyant et L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke démontrant l’efficacité d’un traitement ou d’une pratique spécifique aussi bien qu’organisationnelle. Par ailleurs, « les consensus d’expert » consistent à recueillir l’ensemble des connaissances pertinentes, dans un processus de réflexion, dans la pratique d’experts dans le domaine où une pratique a fait ses preuves. Finalement, il importe de bien situer le « poids de la preuve » quand vient le temps d’implanter une pratique d’intervention spécifique. En effet, certains devis de recherche ont plus de poids en terme de validité scientifique. Ainsi, une étude robuste et bien menée, applicable à la population cible en générale a plus de poids qu’une étude de cas spécifique, par exemple. Dans ce sens, les méta-analyses menées à partir de plusieurs études contrôlées rendent effectivement une meilleure preuve scientifique (Desrosiers et coll., 2010). 4.5.1 Évaluation L’importance de la qualité de l’accueil d’une personne ainsi que l’évaluation rigoureuse de sa demande est bien documentée dans la littérature. En effet, il est démontré qu’un accueil de qualité, chaleureuse et empathique contribue à favoriser l’accessibilité des services (Desrosiers et coll., 2010). Le problème d’attrition prétraitement est particulièrement présent chez les personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité. En effet, vu l’ambivalence face au traitement qui habite ces personnes, plus le délai entre la première rencontre et le début du suivi est long, moins la personne risque de maintenir son engagement dans le traitement. Le processus d’évaluation est l’occasion de créer l’alliance avec la personne qui se présente pour demander de l’aide (Desrosiers et coll. 2010). Par ailleurs, l’ajout d’un entretien motivationnel avant le traitement contribuerait à augmenter de manière significative la rétention des patients en traitement au cours du premier mois de suivi. L’entretien motivationnel est une « meilleure pratique » reconnue qui sera abordée plus loin. L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke À la lumière de ce qui précède, il importe de procéder à l’évaluation rigoureuse du portrait clinique de la personne afin de l’orienter vers le(s) meilleur(s) service(s) possible(s). Des outils cliniques ont été élaborés pour venir en appui aux intervenants lors de la phase d’évaluation d’un problème en particulier. Ainsi, le RISQ (recherche et intervention sur les substances psychoactives – Québec) met à la disposition des intervenants, sur son site internet, un outil fort pertinent : le DÉBA Alcool/Drogues. Le DÉBA-A/D a été créé pour pallier au manque d'instruments de détection qui permet de classifier la gravité des problèmes liés à la consommation d’alcool et de drogues chez les adultes. Cette classification se fait en trois catégories, correspondant à des niveaux de services. En plus de favoriser l’orientation des usagers, le DÉBA-A/D fournit une évaluation permettant d’établir le plan d’intervention pour les services de première ligne, d’où son nom «Dépistage/Évaluation du besoin d’aide - Alcool/Drogues». (RISQ, 2013) Cet outil, court et facile à utiliser, permet d’appuyer la référence d’un patient vers le niveau de service approprié et facilite la tâche d’un intervenant dans ces fonctions d’accueil/évaluation/orientation (AEO) de la demande. Bien entendu, l’évaluation biopsychosociale de la personne permet de dresser un portrait global du tableau clinique et d’en saisir sa complexité. Dans ce sens et en lien avec les trois problématiques à l’étude, l’exploration de sphères de la vie de la personne sera critique. La DÉBA A/D permet de dresser un portrait des habitudes de consommation de la personne. Il est primordial d’en faire de même avec les antécédents psychiatriques et criminels ou de violence. La présence de symptômes ou de diagnostics de trouble de santé mentale ainsi que la présence d’idéation ou de comportements violents (hétéroagressifs et/ou autoagressifs) doivent également être évaluées. 4.5.2 Survol des meilleures pratiques auprès des personnes présentant un trouble de dépendance aux substances psychoactives. Puisque ces approches ont su faire leurs preuves dans le domaine du traitement de la dépendance aux SPA, il est important d’en faire mention. Notons cependant qu’elles ne seront que brièvement abordées puisqu’elles ne sont pas retenues pour répondre à L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke l’objectif de cette démarche systématique. Elles peuvent, par ailleurs, être utilisées en complément à celles qui seront élaborées plus bas et recommandées dans la pratique en première ligne. Community reinforcement approach (CRA) L’approche de renforcement par la communauté est une approche comportementale cognitive s’appuyant sur la prémisse que les renforcements environnementaux sont essentiels dans le développement, le maintien ou la réduction des habitudes de consommation de SPA (Desrosiers et coll., 2010). Le but du traitement est de réorganiser les contingences environnementales pour que les comportements de sobriété deviennent plus intéressants et renforçant que les comportements de consommation. Elle implique souvent la sollicitation du réseau de la personne, ainsi que l’ajout d’une récompense ou un retrait de privilège, ce qui n’est pas toujours réaliste en contexte de première ligne. Supportive-Expressive Psychotherapy (SE) S’inspirant des approches psychodynamiques, la SE se démarque des autres modèles par une accentuation marquée du volet de l’expression de soi comme étant une voie de rémission. On voit donc la dépendance aux SPA comme étant associée aux difficultés interpersonnelles et intrapsychiques de la personne (Desrosiers et coll., 2010). On note que ce modèle serait un peu plus complexe à mettre en pratique, ce qui est difficilement applicable à la réalité des CSSS, où le roulement du personnel (souvent jeune et changeant) est fréquent. Thérapie conjugale comportementale S’appuyant sur le principe que les personnes ayant un trouble de dépendance aux SPA soient plus susceptibles d’atteindre leur objectif d’abstinence ou de contrôle de leur consommation si leur relation amoureuse est satisfaisante, le but de ce modèle est de développer diverses habitudes relationnelles qui augmenteront le bien-être conjugal (Desrosiers et coll., 2013). Vu le contexte volontaire de l’offre de service en CSSS, cette L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke modalité est seulement applicable dans certains cas mais pourrait, par ailleurs, être jumelée à l’une des meilleures pratiques retenues pour ce travail. Community reinforcement approach and family training (CRAFT) Ce modèle propose « l’intervention » qui repose principalement sur l’implication des membres de l’entourage pour prévoir une rencontre de confrontation à l’insu de la personne présentant le trouble de dépendance aux SPA (Desrosiers et coll., 2010). Bien que le modèle ait été adapté depuis sa mise sur pied, il reste aucunement applicable en contexte de première ligne en CSSS pour la même raison que celui qui précède; l’importance du critère du volontariat dans le mandat de l’organisme. Les approches basées sur les 12 étapes Ce modèle d’intervention est fondé sur la philosophie des groupes d’entraides de type Alcooliques Anonymes (AA), Narcotiques Anonymes (NA), Cocaïnomanes Anonymes (CA), etc. Bien que ce modèle ait fait ses preuves et soit parfois présent dans les programmes de traitement en contexte résidentiels, il n’est pas réaliste d’implanter ce modèle en CSSS. Cela étant dit, cette modalité peut être ajoutée au plan d’intervention, au gré des préférences de l’individu, afin qu’il se sente soutenu entre les rencontres avec son thérapeute. Modèles pharmacologiques ou mixtes psychosociaux/pharmacologiques Principalement pour l’alcool et les opiacés puisqu’il n’existe pas de traitement pharmacologique, à ce jour, pour le traitement des dépendances aux autres SPA. De plus, les recherches sur ce modèle démontrent que de meilleurs résultats sont obtenus lorsque le traitement pharmacologique est combiné à d’autres traitements psychosociaux tels l’entretien motivationnel (EM) ou la thérapie cognitive comportementale (TCC) (Desrosiers et coll., 2010). Pour ces raisons et pour des enjeux liés à la difficulté possible L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke à obtenir des prescriptions, ce modèle est difficilement applicable par les intervenants psychosociaux en première ligne et n’est donc pas retenu aux fins du présent travail. 4.5.3 Évaluation du risque/dangerosité Dans le but de bien ajuster l’intervention à la crise, il importe d’en évaluer l’étiologie. LeBlanc et coll. (2012) identifient deux types d’étiologies de la crise psychopathologique possibles, pouvant ainsi aider les intervenants dans leur choix d’approche de gestion et d’intervention de crise. D’abord, on identifie les personnes ayant des vulnérabilités de longue date, dont les crises émergent généralement du développement de troubles de santé mentale concomitants (type 1). Ensuite, il est question des personnes présentant des troubles de santé mentale sévères et persistants de type psychotique (type 2), où la crise est plutôt provoquée par la résurgence des symptômes psychiatriques. Lorsqu’il y a cooccurrence d’un trouble de consommation de SPA, on observe la juxtaposition de ce trouble au risque de suicide ou d’homicide. Certains éléments cruciaux doivent être au centre de l’intervention de crise, principalement avec le type 1. Notamment, il est recommandé de miser sur la gestion de la crise centrée sur le pouvoir d’action (empowerment). On rappelle l’importance d’évaluer le risque suicidaire et homicidaire tout au long du suivi, en s’assurant de réduire l’anxiété de la personne tout en développant les habiletés d’ajustement (coping). En outre, dans le but de synthétiser l’information pertinente quant aux types de crises psychopathologiques ainsi que leurs principaux enjeux, le tableau qui suit résume bien ce qu’il faut retenir. Tableau 3 Synthèse de la distinction entre les crises psychopathologiques de type 1 et 2 (LeBlanc et coll., 2012) Nature et gravité du trouble mental Troubles Modèles d’intervention Modèle d’intervention Enjeux cliniques Risque de Enjeux de services Qualité du L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke Type 1 Type 2 mentaux possiblement concomitants (trouble anxieux, de l’humeur) Trouble de la personnalité Comorbidité Troubles mentaux avec crise suicidaire Troubles mentaux graves de type psychotiques psychodynamique ultrabref (Despland et coll., 2005) Modèle d’intervention de crise bref (Pavan et coll., 2003) Paramètres pour l’intervention de crise (Rudnik, 1998) Modèle « interactionintervention de crise » (Andreoli et coll., 1986) Modèles de services : équipe mobile de crise, services résidentiels de crise, unité de crise dans les urgences, plan de crise comportements auto- et/ou hétéro-agressifs, abus de SPA Difficultés dans l’engagement thérapeutique Prévention d’autres crises Dangerosité imminente Stabilisation Dangerosité imminente Décompensation psychiatrique Prévention des rechutes et de l’hospitalisation processus de référence à un service de psychothérapie Qualité de la réponse à l’urgence psychiatrique et service de psychothérapie Qualité de la réponse à l’urgence psychiatrique Collaboration avec l’équipe de suivi dans la communauté Par ailleurs, il n’y a pas matière à évaluer le risque et la dangerosité seulement en temps de crise. Il est important de garder l’œil ouvert et d’en faire le dépistage, tout au long du suivi. Nul n’est à l’abri de vivre, à un moment dans sa vie, une crise, qui peut être divisée en deux volets; autoagressive et hétéroagressive. La crise autoagressive La prévalence des conduites autodestructrices et des conduites suicidaires est élevée au Québec. En fait, le Québec détient un taux de suicide parmi les plus élevés au Canada et dans les pays industrialisés (Lane et coll., 2010). Parmi les facteurs de risque de passage à l’acte suicidaire figurent : le fait d’être un homme, la présence de troubles de santé mentale, la dépendance aux SPA, la présence de tentatives de suicide antérieures, les pertes interpersonnelles, une enfance marquée par un L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke vécu d’antécédents de négligence et/ou de violence, d’antécédents de mort par suicide dans la famille (Séguin, 2012). Encore ici, des liens possibles entre les problématiques à l’étude ressortent puisque la présence de troubles de santé mentale et la dépendance aux SPA font partie des facteurs de risque suicidaire. Les éléments importants lors de l’évaluation de la crise suicidaire et l’intervention auprès d’une personne suicidaire doivent être abordés avec empathie, tout en restant en contrôle dans la directivité. Il est d’abord important d’évaluer le risque suicidaire en passant en revue ces éléments : présence d’un plan, où?, quand?, comment?, accessibilité du moyen, impulsivité, tentatives antérieures, comportements d’automutilation, consommation de SPA, espoir/désespoir, etc. Par la suite, lors du suivi thérapeutique, il importe de réévaluer le risque suicidaire systématiquement à chaque entrevue et d’ajuster le plan d’intervention en conséquence. D’autres éléments, tels que le fait de raviver l’espoir et de valider l’ampleur de la souffrance de la personne, seront incontournables pour assister l’individu dans la gestion de sa crise. La crise hétéroagressive La majorité des facteurs de risque de la crise hétéroagressive sont présentés plus bas dans un tableau qui résume les éléments centraux du Historical/Clinical/Risk Management 20item (HCR-20). À ceux-là s’ajoutent également des facteurs tels qu’une enfance marquée d’abus ou de négligence, un niveau d’affection et de chaleur remarquablement bas manifesté dans la famille d’origine ainsi que la perte d’un parent à un âge précoce (Pagani et Pinard, 2012). Cela étant dit, l’histoire antérieure d’agression et de violence demeure le meilleur indice de prévision de la dangerosité future. Dans le cas des patients présentant un trouble de santé mentale sévère et persistant, les TCO (threat-controloverride symptoms) sont les meilleurs indices de prédiction de la violence potentielle. Notons que la consommation de certaines SPA peut également induire des symptômes similaires, et par le fait même, aboutir au même résultat. Par conséquent, la concomitance des troubles de santé mentale et des troubles de dépendance aux SPA augmente énormément le risque de violence (Pagani et Pinard, 2012). L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke Tableau 4 Les facteurs de risque issus du questionnaire HCR-20 (Pagani et Pinard, 2012) Facteurs historiques Violence antérieure Jeune âge au premier incident violent Instabilité relationnel Problèmes de travail Problèmes de consommation de SPA Trouble mental grave Psychopathie, absence de remords et antisocialité Inadaptation précoce Trouble de la personnalité Échec d’une mesure de supervision antérieur Facteurs cliniques Manque d’introspection Attitude négative Symptômes psychotiques actifs Impulsivité Non-réponse au traitement Gestion du risque Plans irréalistes Exposition à des facteurs déstabilisants Manque de soutien personnel Non-adhésion aux traitements ou aux interventions Stress Le clinicien doit attribuer une cote de 0, 1 ou 2 à chacun des éléments du tableau pour une note maximale de 40 points. La cote 0 représente l’absence de facteur de risque, 1 indique un faible risque et 2 désigne la présence certaine ou élevée de risque. Un score de plus de 30 points est particulièrement élevé et mérite un suivi pour assurer la sécurité des personnes impliquées (Pagani et Pinard, 2012). Tout en gardant les éléments précédents en tête, il est important d’évaluer le risque homicidaire en passant en revue ces éléments supplémentaires : présence d’un plan, où?, quand?, comment?, accessibilité du moyen, impulsivité, profération de menaces, consommation de SPA, espoir/désespoir face à la recherche de solutions alternatives, etc. 4.5.4 Entretien motivationnel (EM) et Motivational enhancement therapy (MET) L’entretien motivationnel est une méthode directive, centrée sur la personne, visant à augmenter la motivation intrinsèque au changement par l’exploration et la résolution de l’ambivalence (Miller et Rollnick, 2006). La MET est une forme d’intervention brève basée sur les mêmes principes que l’EM dont l’efficacité a été la mieux démontrée, notamment dans le projet MATCH, une étude L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke reconnue pour sa rigueur et sa validité interne (Desrosiers et coll., 2010). L’ajout de la rétroaction personnalisée dans la MET s’est démontré particulièrement efficace (Desrosiers et coll., 2010). Les résultats de recherches démontrent également que les approches brèves, basées sur l’EM, sont particulièrement efficaces auprès de gens réfractaires au changement. Elles sont donc un choix judicieux lorsque l’on travaille avec des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité. Lors de l’intervention en EM et en MET, il importe de prendre la personne où elle est rendue dans son processus de changement pour l’accompagner vers l’atteinte de ses objectifs, à son rythme. Il faut donc savoir bien identifier le niveau de motivation de la personne pour adapter les interventions en conséquence. La réduction de l’ambivalence, l’un des principes conducteurs des approches motivationnelles, est cruciale pour engendrer le changement. L’ambivalence fait partie du processus de changement. Lorsqu’un changement est nécessaire mais difficile à faire, il est normal d’osciller entre l’envie de changer et la crainte de le faire. La balance décisionnelle est un outil fortement recommandé pour aider à réduire l’ambivalence, tout en respectant la personne dans sa réalité et son rythme (Miller et Rollnick, 2006). En effet, l’exploration des bénéfices et des coûts associés au changement ainsi qu’au maintien d’une pratique ou d’un problème permet de visualiser les enjeux et aide à la prise de décision. Le fait de garder une copie de cette balance décisionnelle peut même motiver la personne tout au long de son processus de changement lors de moments un peu plus difficiles à traverser. Les principes généraux de l’EM et de la MET sont les suivants : Exprimer de l’empathie : L’importance de l’alliance thérapeutique a été soulignée précédemment. Les techniques d’intervention telles que les reflets, les questions ouvertes et la reformulation, sont des techniques importantes pour soutenir la personne dans son L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke vécu. L’acceptation de la personne et l’absence de jugement sont des éléments clés de l’EM et facilitent le changement. Développer la divergence : Toujours en évitant la confrontation, il est question ici de souligner le contraste entre les comportements de la personne et son système de valeurs personnelles ou ses objectifs (Miller et Rollnick, 2006). En ramenant la personne à ce qu’elle désire ou vers ce qui lui tient profondément à cœur, on découvre un levier d’intervention sur lequel pourra s’appuyer la motivation intrinsèque de la personne. « Rouler » avec la résistance : au lieu de se braquer face à la résistance probable et souvent passagère de la personne en traitement, Miller et Rollnick (2006) proposent d’accueillir cette résistance comme un autre outil d’intervention. Cette réaction normale face au changement peut être vue comme une autre opportunité de démontrer de l’empathie et le respect du rythme de la personne en lui proposant des pistes de solution au lieu de lui en imposer. Il importe de se rappeler que la personne est la source première de solution et que la résistance peut être signe qu’il faudrait changer d’attitude. Renforcer le sentiment d’efficacité personnelle : le fait de vivre des succès augmente le sentiment d’efficacité personnelle et la motivation. Plus l’estime de soi s’accroit, plus la personne est motivée à changer pour améliorer sa réalité. En tant que thérapeute, il est important de croire en la capacité de changement du patient, sans quoi la qualité de l’intervention peut en être affectée. La rétroaction personnalisée permet à la personne de mieux connaître sa consommation et les conséquences positives et négatives qui s’en suivent. Cette rétroaction vise à semer le doute et favorise la réflexion et la prise de décisions éclairées (Tremblay et Simoneau, 2010). Il est recommandé d’offrir l’EM en combinaison avec la TCC pour favoriser l’atteinte des objectifs du traitement. Dans l’éventualité où cette modalité n’est pas possible, il est alors recommandé de privilégier la MET (Desrosiers et coll., 2010). L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke 4.5.5 Thérapie cognitive-comportementale (TCC) Le terme TCC peut être vu comme un terme parapluie qui englobe un éventail de types d’intervention qui peuvent varier en termes d’application, d’intensité et de focalisation (Desrosiers et coll., 2010). La TCC s’appuie sur les théories de l’apprentissage social, incluant le conditionnement classique et le conditionnement opérant. Un ensemble de techniques caractérisent cette approche à privilégier avec les personnes dépendantes aux substances psychoactives, présentant ou non, des troubles concomitants de santé mentale et de criminalité. Voici les principales techniques à utiliser lors de l’application de la TCC, telles qu’énumérées dans Desrosiers et coll. (2010) : L’identification des déclencheurs de la rechute : En connaissant les éléments susceptibles d’être déclencheurs de l’envie de consommer ou de passer à l’acte, il est possible de prévoir des scénarios de protection pour éviter les imprévus. Une personne qui maîtrise bien son plan de match devant une situation compromettante est mieux équipée pour affronter l’épreuve. L’entraînement aux habiletés d’ajustement (coping) est important pour développer, entres autres, la tolérance face à l’inconfort qu’entraîne l’arrêt de la consommation. Que ce soit des inconforts physiologiques ou psychologiques, il importe d’identifier la source de l’inconfort et/ou les motifs de la consommation de la personne pour ensuite les remplacer par une autre activité. Cela rejoint la technique de l’augmentation des activités alternatives à la consommation. En trouvant des techniques, outils ou activités alternatives à la consommation, on répond aux besoins de la personne en ayant recours à des stratégies d’adaptation plus adaptées. Finalement, la TCC vise l’entrainement aux habiletés de refus de la consommation de SPA. En misant sur les coûts ou les conséquences de la consommation, et en valorisant l’abstinence, la personne intègre graduellement le refus de la consommation dans son schème cognitif. On restructure sa pensée quant au recours à la consommation de SPA ou L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke même au recours à des comportements criminels pour faire face à un besoin quelconque. En définitive, les TCC visent à prévenir la rechute. La TCC a largement fait ses preuves au fil des recherches. Elle est particulièrement efficace auprès des consommateurs de cannabis (Desrosiers et coll., 2010). La combinaison de la TCC et de l’EM/MET augmente davantage l’efficacité du traitement et l’atteinte des objectifs thérapeutiques chez les gens ayant commis des délits ou étant contraints à consulter. 5. DISCUSSION Que ce soit par habitude ou par proximité de la communauté, les gens ont souvent tendance à faire appel aux services de première ligne d’abord lorsqu’ils sont dans le besoin. Puisque les CSSS sont au cœur des territoires qu’ils desservent et puisqu’ils offrent une multitude de services, il est normal qu’ils soient la porte d’entrée dans les services d’aide. Cela est d’autant plus vrai pour l’accueil psychosocial, qui se trouve à être le tremplin vers les autres services, programmes et/ou ressources de la communauté. La population rencontrée à l’accueil psychosocial du CSSS Bordeaux-Cartierville – StLaurent est très diversifiée et présente des problèmes variés. Par ailleurs, les troubles de dépendance aux SPA, les troubles de santé mentale et les comportements agressifs y sont fréquemment rencontrés. En effet, si l’on se rapporte à la prévalence de ces troubles, mentionnée précédemment, il n’est pas surprenant qu’un grand nombre des personnes rencontrées en première ligne présentent l’un ou plusieurs de ces troubles en concomitance. C’est en fait ce qui a motivé le choix du sujet de la présente démarche systématique. Le tableau clinique que présentent ces personnes nécessite un choix d’intervention ajusté à leur réalité et à la complexité de leurs troubles. Le choix des meilleures pratiques retenues fût motivé par les réalités propres de l’accueil psychosocial et du département de santé mentale adulte et dépendance du CSSS Bordeaux-Cartierville – St-Laurent (CSSS BCSTL). L’EM est une approche qu’il sera réaliste d’implanter dans la pratique en contexte d’évaluation et/ou d’intervention à très L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke court terme. Il est donc pertinent de penser que l’équipe de l’accueil psychosocial pourra s’en servir pour aider les patients à cheminer en attendant la prise en charge dans le programme où la demande sera orientée. L’importance de bien évaluer toutes les sphères de la vie du patient est bien documentée. Par exemple, il est important que les psychiatres, ainsi que les autres professionnels, portent une attention particulaire à la triade potentiellement létale « schizophrénie – consommation de SPA – antécédents de violence » puisqu’elle multiplie par un facteur 10 le risque de commettre un acte hétéroagressif, comparativement à un diagnostic de schizophrénie sans trouble concomitant ni antécédent de violence (Richard-Devantoy et coll., 2013). En ce sens, l’approche biopsychosociale est toute indiquée puisqu’elle évalue le patient de façon globale. La prévalence des troubles de dépendance aux SPA en concomitance avec des troubles de santé mentale augmente généralement le risque de passage à l’acte agressif. La population rencontrée dans la pratique est bien représentée dans la littérature. La relation entre les trois sphères à l’étude est complexe et le portrait est difficile à dresser, mais il n’en reste pas moins que la réalité terrain témoigne du besoin d’ajustement de nos pratiques d’interventions pour mieux aider cette population. Par ailleurs, puisque les intervenants qui œuvrent au sein de l’équipe de santé mentale adulte et dépendance doivent généralement tendre à compléter le suivi thérapeutique d’une personne dans un délai raisonnable en fonction des exigences ministérielles, tout en assurant une intervention de qualité, l’implantation des techniques de la TCC s’avère un choix judicieux auprès des personnes présentant un ou plusieurs troubles concomitants. Les auteurs dans le domaine s’entendent pour dire que le traitement des troubles concomitants de dépendance aux SPA et de santé mentale devrait être fait simultanément, de façon intégrée, au lieu d’être vu comme deux problèmes indépendants à traiter séparément (Nadeau et Landry, 2012). L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke Si on aborde le sujet dans l’optique que les comportements criminels seraient une conséquence de la concomitance de la dépendance aux SPA et des troubles de santé mentale, il importe de se pencher sur les meilleures pratiques d’intervention en matière de troubles concomitants pour réduire le risque, la dangerosité et soulager la souffrance. 6. RECOMMANDATIONS Compte tenu du nombre grandissant de personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité, il importe d’agir dans l’intérêt de ses personnes et d’ajuster nos pratiques. La réalité de ces personnes complexifie l’intervention. La formation adéquate du personnel est nécessaire afin d’uniformiser les pratiques des équipes de première ligne et de les préparer à aider les gens auprès de qui ils doivent de plus en plus intervenir. Dans ce sens et compte tenu des éléments qui précèdent, nous recommandons : • De faire l’évaluation complète et rigoureuse du portrait clinique des patients o En portant une attention particulière : à la consommation de substances psychoactives; aux diagnostics de santé mentale et/ou leurs antécédents; aux comportements criminels, au passé de comportements autoagressifs et/ou hétéroagressifs; aux autres facteurs de risque au plan biopsychosocial. o En faisant l’utilisation d’outils de dépistage : • DÉBA A/D; HCR-20. L’implantation des meilleures pratiques retenues L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke o Formation des intervenants de l’équipe de l’accueil psychosocial ainsi que de l’équipe de santé mentale adulte et dépendance dans les trois approches à préconiser retenues : Évaluation du risque autoagressif et hétéroagressif; Entretient motivationnel/Motivational enhancement therapy; Thérapie cognitive-comportementale. o Disponibilité de la documentation pertinente à la disposition des intervenants, par exemple, des copies des outils de dépistage et d’évaluation mentionnés précédemment, l’ouvrage de Miller et Rollnick (2006) sur l’EM, etc.; o Intégration des éléments des meilleures pratiques retenues dans les plans d’intervention et les plans de services intégrés. Suite à l’application des recommandations préliminaires qui précèdent, il importera de mettre en place un système d’évaluation du déroulement de l’adaptation aux nouvelles façons de faire. Il faudra également poursuivre les recherches en matière de troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité pour faire avancer les connaissances sur les liens qui peuvent être tissés entre ces troubles. L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke 7. CONCLUSION Pour conclure, le but de la présente démarche systématique était, dans un premier temps, de bien documenter les problématiques à l’étude, de façon à mieux les comprendre. En comprenant un problème, il est plus facile d’essayer de le régler. En se basant sur la littérature pour explorer les liens possibles entre les troubles concomitants de dépendance aux SPA, de santé mentale et de criminalité, la démarche est crédible et aide les intervenants à mieux comprendre. Il en est de même pour l’exploration des meilleures pratiques d’intervention. La liste complète des meilleures pratiques d’intervention en dépendance aux SPA aide les intervenants à connaître ce qui est reconnu au plan scientifique ou comme étant considéré comme des résultats probants dans le domaine. Les intervenants pourront sélectionner des instruments de dépistage et d’évaluation, ainsi que des techniques d’intervention, à même cette liste, pour s’ajuster aux besoins des gens qu’ils rencontrent. Les meilleures pratiques retenues devront être implantées dans les équipes d’accueil psychosocial, de santé mentale adulte et dépendance du CSSS BCSTL. Évidemment, des retombées sont attendues suite à notre démarche. De par l’application des recommandations faites précédemment, il est souhaité que les patients rencontrés soient mieux évalués et que les interventions soient ajustées à leurs besoins complexes. Le tout pourrait avoir comme effet la diminution du taux d’hospitalisation, la diminution de la judiciarisation, la stabilisation au plan psychosociale, la diminution ou l’arrêt de la consommation de SPA et la diminution ou la stabilisation des symptômes psychiatriques (Ménard, 2013). L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke 8. LISTE DES RÉFÉRENCES Ben Amar, M. (2007). Les psychotropes criminogènes. Criminologie, 40(1), 11-30. Bertrand, K. (2013). Séminaire d’essai synthèse II : TXM 789. Notes de cours PowerPoint, 6-16. Bourgeois, M.L., et Bénézech, M. (2001). Dangerosité criminologique, psychopathologique et comorbidité psychiatrique. Annales MédicoPsychologiques, Revue Psychiatrique. 159(7), 475-486. Brochu, S. (2006). Des substances aux propriétés criminogènes? Dans Brochu, S. (2006). Drogue et criminalité : une relation complexe (39-72). 2e édition. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. Comité permanent sur les troubles concomitants (2005). 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Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke LeBlanc, L., Séguin, M., Brunet, A., Mathur, A. (2012) Les crises psychopathologiques (149-159). Dans Séguin, M., Brunet, A., et LeBlanc, L. (2012). Intervention en situation de crise et en contexte traumatique. 2e Édition. Montréal : Gaëtan Morin éditeur. Machi, L.A., & McEvoy, B.T. (2009). The literature review, six steps to success. Thousand Oaks: Corwin Press. Markowitz, S. (2005). Alcohol, drugs and violent crime. Newark, NJ: International Review of Law and Economics, 25 (20-44). Ménard, J.-M. (2013, Septembre 19). Le traitement psychosocial des troubles concomitants. Colloque « Toxicomanie et doube diagnostic ». Montréal. Miller, W.R., Rollnick, S. (2006). 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Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke St-Yves, M., et Collins, P. (2011). Psychologie de l’intervention policière en situation de crise. Québec : Édition Yvon Blais, une division de Thomson Reuters Canada limitée. Stone, M. H. (2009). The Anatomy of Evil. New York: Prometheus Books. Sun, F., Cousineau, M.-M., Brochu, S., & White, N. D. (2004). Consommation de substances psychoactives et degré de gravité du crime. Canadian Journal of Criminal Justice, 46, 1-26. Tremblay, J., et Simoneau, H. (2010). Trois modèles motivationnels et le traitement de la dépendance aux substances psychoactives. Drogues, santé et société, 9(1), 165210. Voyer, M., et Senon, J.-L. (2012). 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Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke ANNEXE A Dépistage/Évaluation du Besoin d’Aide – Drogues (DÉBA – Drogues) L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke ANNEXE B Dépistage/Évaluation du Besoin d’Aide – Alcool (DÉBA – Alcool) L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke ANNEXE C Items de la Historical Clinical Risk-20 (HCR-20) (Voyer et Senon, 2012) Facteurs historiques Facteurs cliniques Facteurs de gestion du risque H1 Violence antérieure C1 Difficulté d’introspection R1 Plans irréalisables H2 Premier acte de violence durant la jeunesse C2 Attitudes négatives R2 Exposition à des facteurs déstabilisants H3 Instabilité des relations intimes C3 Symptômes actifs de la maladie mentale R3 Manque de soutien personnel H4 Problèmes d’emploi C4 Impulsivité R4 Inobservance des mesures curatives H5 Toxicomanie C5 Résistance au traitement R5 Stress H6 Maladie mentale grave H7 Psychopathie H8 Inadaptation durant la jeunesse H9 Trouble de la personnalité H10 Échecs antérieurs de la surveillance Score /20 /10 /10 Le clinicien doit attribuer une cote de 0, 1 ou 2 à chacun des items pour une note maximale de 40 points. La cote 0 représente l’absence de facteur de risque, 1 indique un faible risque et 2 désigne la présence certaine ou élevée de risque. La pondération de chaque item est prise en compte dans l’évaluation finale du risque. L’auteur de cet instrument n’a pas indiqué de seuil de risque de violence, néanmoins, les études utilisent des scores de 25 ou 30 pour catégoriser les populations en faible ou haut risque de violence (Voyer et Senon, 2012). L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Therrien, V. (2013). Bilan critique des meilleures pratiques auprès des personnes présentant des troubles concomitants de dépendance aux substances psychoactives, de santé mentale et de criminalité : applicabilité en contexte de première ligne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke