Complément au BSV du 15 septembre 2016 Résistance aux

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Complément au BSV du 15 septembre 2016 Résistance aux pyréthrinoïdes de l’altise d’hiver et du charançon du bourgeon terminal Les analyses réalisées sur la campagne 2015/2016 par le laboratoire de Terres Inovia ont mis en évidence l’existence de résistances des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes et confirmé les résultats sur charançon du bourgeon terminal. Les pyréthrinoïdes représentent la principale famille d’insecticides utilisée depuis plus de 40 ans sur coléoptères ravageurs du colza. Définitions La « résistance » des insectes se traduit par une diminution de leur sensibilité à un insecticide. Les insecticides ne fabriquent pas la résistance, ils la révèlent. En effet la résistance pré‐existe dans la population et l’usage répété des insecticides va sélectionner les individus résistants s’ils sont capables d’avoir des descendants. Plusieurs mécanismes de résistance existent. 
Résistance de type « mutation de cible » : Un des mécanismes les plus fréquents est lié à la présence de mutations sur le gène codant pour le site de fixation de l’insecticide qui se fixe alors moins bien sur sa cible. Concernant la résistance aux pyréthrinoïdes, les mutations les plus fréquentes chez les insectes sont les mutations « kdr » (knock‐down resistance) et « skdr » (super knock‐down resistance). Ces mutations sont recherchées par le biais d’analyses moléculaires qui peuvent être réalisées sur des insectes « morts » (il faut environ 30 insectes). C’est ce type de résistance (mutations « kdr » et « Super kdr ») que les analyses moléculaires de Terres Inovia ont pu mettre en évidence à l’échelle nationale.  Résistance de type « métabolique » ou par détoxification : Les insectes présentant cette résistance vont produire des enzymes qui vont dégrader les insecticides. Ces enzymes peuvent dégrader des insecticides de familles chimiques différentes. On parle alors de « résistance croisée ». Ce type de résistance est mis en évidence sur insectes vivants en ajoutant un ou des inhibiteurs de ces enzymes. Un grand nombre d’insectes adultes vivants (au moins 150) est nécessaire c’est pour cette raison que peu de résultats sont disponibles à ce jour. Etat des connaissances pour la région CHAMPAGNE‐ARDENNE Les cartes ci‐dessous indiquent pour chaque lieu d’échantillonnage, la proportion d’individus possédant la mutation « kdr » et exprimant ou non la résistance ainsi que la présence éventuelle de « super kdr » Kdr 
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En rouge : les individus portent la mutation kdr et expriment la résistance. En orange : les individus portent la mutation kdr mais n’expriment pas la résistance. Ils sont cependant capables de transmettre la résistance à leur descendance.  En vert : les individus ne possèdent pas la mutation. Super kdr Ce type de résistance est particulièrement présent dans l’Yonne, mais des mutations de type « Super kdr » ont été détectées dans l’Aube sur grosse altise. Cette mutation super kdr n’a pas été mise en évidence sur charançon du bourgeon terminal. Grosse altise Charançon du bourgeon terminal Prélèvements : ACOLYANCE ‐ CA02 ‐ CA10 – CA51 ‐ CA77 – CETA Romilly – COMPAS ‐ DRIAAF IDF – FREDONCA ‐ GDA Bar/Seine & Aix/Othe‐GRCETA Aube – NOVAGRAIN ‐ SOUFFLET‐TERRES INOVIA ‐ VIVESCIA. Analyses cofinancées par TERRES INOVIA et les réseau SBT Champagne Ardenne et IDF, CA10 – ACOLYANCE – COMPAS ‐ VIVESCIA. Appui financier de firmes au plan de surveillance nationale : DUPONT ‐ GOWAN ‐ SYNGENTA ‐ DOW AGROSCIENCE – BAYER. Les recherches de Terres Inovia ont essentiellement pu porter sur les analyses moléculaires. Sur quelques échantillons d’autres mécanismes de résistance peuvent exister, notamment par détoxification (non détectables par analyses moléculaires) et peuvent conférer un très haut niveau de résistance. Les analyses qui ciblent les mutations ne fournissent donc qu’une réponse partielle sur l’état de la situation. Quelle efficacité attendre des pyréthrinoïdes au champ ? Sur grosse altise, dans les essais Terres Inovia, sur des populations pour lesquelles le pourcentage d’individus exprimant la mutation « kdr » est compris entre 38 et 95% et en l’absence de mutation super kdr, le niveau d’efficacité des pyréthrinoïdes varie entre 25 et 75%. La mutation « kdr » ne peut à elle seule expliquer cette variabilité. Des mécanismes de détoxification ou d’autres mutations sont probablement en jeu. La Résistance de type Super kdr est également sans doute couplée à de la résistance par détoxification. Les populations de grosse altise sont alors particulièrement résistantes, ce qui se traduit sur le terrain par une efficacité quasi nulle des traitements chez les agriculteurs et dans les essais mis en place par les acteurs régionaux. Sur charançon du bourgeon terminal, des résistances par mutation « kdr » ont été détectées dans la région tout particulièrement dans l’Aube. Il nous est difficile de distinguer l’effet de la mutation kdr de celle de la résistance métabolique (mise en évidence dans quelques lots) pour expliquer le niveau de résistance au champ. Dans ces situations avec résistance, les pyréthrinoïdes seuls ne seront plus assez efficaces : utiliser une association chlorpyriphos + pyréthrinoïde. En l’absence de résistance, les pyréthrinoïdes seuls peuvent encore être utilisés. Par contre, contrairement à la grosse altise, aucun mécanisme de mutation super kdr n’a été mis en évidence sur charançon du bourgeon terminal. 
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