Les résultats de simulation reposentnotamment sur une hypothèse
d’ajustementinstantané desmarchésaux changements de politique éco-
nomique. Parailleurs,on suppose égalementque les subventionsdans
l’UE (aussibien lesaidesàla consommation que lesaidesaux exporta-
tions)sontajustéesde telle sorte que lesprixde marché dubeurre etde
lapoudre de laitécrémé (PLE)soientlesplus prochespossible desprix
d’intervention àl’équilibre. En d’autres termes,lorsque le prixde lapoudre
(dubeurre) est supérieur auprixd’intervention,les soutiensparlesprixà
cesproduits sontdiminués.Le processus s’arrête lorsque les soutiens sont
nuls.Ainsi,lorsque le prixde lapoudre (dubeurre) est supérieur auprix
d’intervention, cecisignifie quece produitne reçoitplus de soutien parles
prix(c’est d’ailleurs ce que l’on constateactuellement sur le marché de la
poudre).
Description des scénariosétudiés
Les scénarios sontdéfinis sur lapériode 2003/2004-2014/2015. Lescéna-
rio de référencecorrespond àlapolitique laitièretelle qu’elle aété définie
parlaréforme de Luxembourg (baisse desprixd’intervention dubeurre
de 25%etde la PLE de 15 %, augmentation graduelle desquotaslaitiers,
introduction desaidesdirectesdécouplées). De plus,danslaperspective
d’un nouvel accordOMC, le scénario intègre deshypothèsesde politique
commerciale. Cetéventuel accord,misen œuvre progressivement sur une
période de 5 ansàpartirde 2008/2009,prévoiti) une suppression des sub-
ventionsaux exportationsetii) une baisse desdroits de douane basée sur
laproposition Mandelson de novembre2005.
Nous simulonsdeux scénariosd’augmentation graduelle desquotaslai-
tiers.Le premier scénario (dénotéQ1) supposeune augmentation des
quotasde chaque pays de l’UE de 1%paransur lapériode 2008/2009à
2014/2015. Alafin de lapériode,l’augmentation potentielle de laproduc-
tion est doncde 7%. Lesecond scénario (dénotéQ2)supposeune aug-
mentation desquotasde 2% paransur lamême période conduisanten
fin de période àune augmentation potentielle de laproduction de 14 %.
Réforme de Luxembourg etaccordOMC :
principaux résultats
Impact sur le prixdulait
La réforme de Luxembourgaun effet significatif sur le prixdulaiteuropéen
(figure 1). En début de période,le prixdulaitbaisse jusqu’en 2006-2007.
Puisil restestable jusqu’en 2008-2009. Enfin,il augmentesur ladernière
période. La baisse duprixdulaitpendantlapremière période est dueàla
baissegraduelle desprixd’intervention prévue parlaréforme de
Luxembourg. Après 2006-2007,laréforme amoinsd’effetcarl’effetposi-
tif sur le prixdulaitde l’augmentation de lademande pendantcette
période compense l’effetnégatif de l’augmentation desquotaslaitiers.
Enfin,sur ladernière période,le prixdulaitàlaferme augmentesous
l’effetde l’évolution positive de lademande (globalementlademande
agrégée de matièregrasse etde matière protéiqueaugmente dansl’UE de
0,2% et 0,5%paranrespectivement). De plus,l’accord de l’OMC simulé
iciaurait un légereffetpositif sur lesprixdulaitdansl’UE.Cetaccorda
troiseffets principaux :
–La réduction desdroits de douane dansleszonesimportatricesdu reste
dumonde aun impactpositif sur le prixdulaitdansl’UE carelle apour
effetd’augmenterlademande de produits laitiers dansle reste du
monde.
–La réduction desdroits de douane dansl’UE a un effetnégatif ounulsur
lesprixintérieurs.
–La suppression des subventionsàl’exportation aun effetnégatif sur les
prixintérieurs.
D’aprèsnos résultats,lasomme de ces troiseffets est positivecard’une
part l’augmentation desimportationsde l’UE après un nouvel accordOMC
est marginale etd’autre part l’impactd’une suppression des subventionsà
l’exportation est faible car,suiteàlaréforme de Luxembourg,trèspeude
subventionsàl’exportation sontnécessairespour équilibrerlesmarchés.
En effet,ne l’oublionspas,laproduction de laitest plafonnée parlesquo-
tasquin’augmententquasimentpasalors que lademande intérieuresuit
untrend positif. Ilyadoncde moinsen moinsde produits destinésà
l’exportation. Enfin,sur uncertain nombre de produits (lesproduits riches
en matière protéique),l’UE devientcompétitivesur lesmarchésmondiaux
(c’est d’ailleurs déjàle cas sur lesmarchésde lapoudre).
Impact sur lesmarchésdesproduits laitiers
La réforme de Luxembourgconjuguée avecun nouvel accordàl’OMC
entraîne une baisse desprixde presquetous lesproduits laitiers à
l’exception de lapoudre de laitécrémé etdesfromagesàpâte demi-dure.
Lesproductions sontaffectéesde manière différente. Comme laproduc-
tion de laitest peumodifiée,l’augmentation de laproduction d’un produit
laitierne peut se fairesansladiminution de laproduction d’unautre pro-
duitlaitier.Dansl’ensemble,laproduction européenne de produits laitiers
est de plus en plus orientée vers laproduction de fromage etde produits
fraisaudétrimentdesproduits industriels(tableau1).
-INRA SciencesSociales-N°2-3-Septembre2007
2
Figure1:Pr ixdula itàlafer me
0 ,1
0 ,1
0 ,1
0 ,2
0 ,2
0 ,2
0 ,2
0 ,2
0 ,3
2003-2004- 2005- 2006-2007-2008- 2009- 201 0 -2011- 201 2 -201 3 -2014-
Tableau1-Impactde laréforme de Luxembourg
sur lesmarchéslaitiers àl’horizon 2014-15.
Résultats en indice,indice 100 =valeur en 2003-04
PrixProduction Exportations
Laitàlaferme 93,5102,3
Beurre76,588,77,2
Poudre de Laitécrémée 105,979,563,5
Poudresgrasses94,095,084,0
Fromage 101,0114,5147,9
Dansle casdesfromages,l’indice de prixindiqué est celui desfromagesàpâte
demi-dure.
La modélisation de l’offre de lait
La modélisation de l’offre de laitpasse notammentparl’estima-
tion descoûts marginaux de production (c’est-à-dire lescoûts de
ladernièreunité de laitproduite). Comptetenude l’existence des
quotaslaitiers,cecoût marginaln’est paségalauprixde vente
dulait(en l’absence de quota, un producteur rationnel égalise
son coût marginalauprixdumarché). La différence entre le prix
etle coût marginal est appelée rente de quota .
Dansle cadre de cetravail,différents coûts marginaux ontété
estimés.Ilsdifférententre eux parlespostesde dépense qu’ils
intègrent(cf. Moro etal. (2005) etCathagne etal. (2005) ). Les
coûts marginaux àmoyen terme intègrent tous lesinputs varia-
bles,le coût du troupeaulaitierainsi que desinvestissements en
machinesetbâtiments etle coût de lamain d’œuvresalariée.Les
coûts marginaux àlong terme incluenten plus le coût de laterre.
Lescoûts marginaux estimés variententre0,16€ /kg et 0,24€ /kg à
moyen terme (50à70 % duprixdulait) et0,17à0,29€ /kg àlong
terme selon lespays.
Parailleurs,l’élasticité prixde l’offre de lait varie entre0,17et
0,29selon lespays.