LES OPHTALMOLOGISTES DE FRANCE
(SNOF)
L’OPHTALMOLOGIE
ET LA FILIERE VISUELLE
EN FRANCE
PERSPECTIVES ET SOLUTIONS
A LHORIZON 2025-2030
Aspects démographiques, médicaux,
paramédicaux, juridiques et économiques.
Dr Thierry BOUR JANVIER 2006
Dr Christian CORRE
2
TABLE DES MATIERES
I/ POSITION DU PROBLEME (p.4)
II / LES PROFESSIONS DE SANTE DANS LA FILIERE VISUELLE (p.6)
1. LES MEDECINS OPHTALMOLOGISTES (p.6)
1.1- Définition et cursus. (p.6)
1.2- Organisation des soins en Ophtalmologie et parcours de soins (p.8)
1.3- Motifs de recours à l’ophtalmologiste. (p.11)
1.4- Démographie (p.14)
- état des lieux. (densité, sex ratio, mode d’exercice)
- répartition géographique et accessibilité (p.17)
- Prévisions officielles et évolution récente réelle (p.20)
- Départs en retraite (p.22)
- Nombre de DES en ophtalmologie formés (p.23)
- Evolution des effectifs par rapport aux autres spécialis médicales (p.26)
2. LES ORTHOPTISTES (p.28)
2.1- Champ d’exercice et formation
2.2- Démographie (p.29)
2.3- Les perspectives futures (p.31)
3. LES OPTICIENS-LUNETIERS (p.35)
3.1- Contexte légal
3.2- Formation et évolution des effectifs (p.38)
3.3- Les revenus (p.39)
3.4- L’activité des opticiens-lunetiers (p.40)
3.5. Comparaison de la répartition géographique des ophtalmologistes et des
magasins d’optique en 2005 en Champagne-Ardenne et en Lorraine. (p.44)
4. LES OPTOMETRISTES (p.47)
III / LES EXPERIENCES ETRANGERES (p.52)
1. Quelle est la situation démographique des différents pays en ophtalmologie ?
2. USA (p.53)
3. CANADA (p.60)
4. AUSTRALIE (p.66)
5. LE ROYAUME-UNI (p.67)
6. L’EUROPE (p.81)
IV / QUELS SONT LES BESOINS DE SANTE ? (p.85)
1. EVOLUTION DE L’ACTIVITE DES OPHTALMOLOGISTES
1.1. Evolution de l’activité ophtalmologique libérale en France. (p.85)
1.1.1. Activité globale en libéral.
1.1.2. Activité individuelle globale en libéral (p.88)
1.1.3. Typologie de l’activité en libéral (p.90)
- Comparaison entre installations avant 1988 (essentiellement CES) et après (uniquement DES)
- Concernant les différences d’activités entre femmes et hommes
- Classification de l’activité des ophtalmologistes libéraux en 4 classes
- Importance relative des prescriptions optiques dans l’activité ophtalmologique (p.94)
1.2. La difficile évaluation de l’activité ophtalmologique salariée en France. (p.97)
1.3. La progression irrésistible de la chirurgie ophtalmologique.(p.99)
2. PEUT-ON EVALUER LES BESOINS EN SOINS OCULAIRES POUR L’AVENIR ? (p.101)
2.1. Apprécier la prévalence de certains troubles ophtalmologiques (p.101)
2.2 Problèmes de l’évaluation du recours aux soins des patients pour l’avenir
3
2.3 Quelle activité en ophtalmologie vers 2025 ? (p.104)
- cas particulier de la chirurgie. (p.106)
3. INCERTITUDE ET VARIABILITE DE LA DEMOGRAPHIE FRANÇAISE. (p.107)
4. DISCUSSION DES RESULTATS DU RAPPORT DU CREGAS (p.109)
V / LA FILIERE DE SOINS VISUELS : PERSPECTIVES ET
SOLUTIONS D’ICI 2025. (p.111)
1. Comment s’affranchir de l’impasse démographique décidée en 1996 ?
1.1. le Rapport Choussat (p.111)
1.2. l’évolution internationale (p.114)
1.3. le Rapport Berland de 2002, l’ONDPS (p.116)
2. La nouvelle démographie médicale (p.119)
évolution démographique des généralistes et des spécialistes.
3. La démographie ophtalmologique jusqu’en 2025-2030. (p.122)
3.1 Les projections nationales
3.1.1. Contexte général (p.122)
3.1.2. Les projections pour l’avenir (p.125)
- projections des départs en retraite, cessations d’activité.
- Les hypothèses d’entrées. (p.126)
- Résultats (p.127)
3.2. Projections régionales (p. 129)
3.2.1. Situation actuelle
3.2.2. Faut-il réguler la densité médicale de manière coercitive ?
(p.130)
3.2.3. Estimation des densités à atteindre et du nombre
d’ophtalmologistes à former par région. (p.13é)
- vieillissement de la population suivant les régions
- définir une densité cible par région à l’horizon 2030
- combien d’ophtalmologistes à former par région sur la période ?
- combien d’ophtalmologistes à former par région et par année ?
3.2.4. Estimation des postes d’Internes nécessaires en ophtalmologie
- en première année (p. 136)
- combien faudra-t-il de stages en ophtalmologie par région pour les Internes ?
4. Les complémentarités avec les orthoptistes et les opticiens. De
nouvelles aides, intérêt d’une mise en réseau. (p.140)
4.1. Les complémentarités ophtalmologistes – orthoptistes
4.2. Les complémentarités ophtalmologistes – opticiens (p.144)
4.3. L’impossible place d’une optométrie française (p.147)
4.3.1. Le contexte législatif européen.
4.3.2. La réticence du public. (p.148)
4.3.3. L’inefficaci économique et organisationnelle (p.148)
5. Quelle stratégie pour les régions déficitaires en ophtalmologistes ?
Exemple du Nord-Pas de Calais. (p. 154)
VI / SYNTHESE ET CONCLUSION : LES CINQ AXES A DEVELOPPER
D’URGENCE ET CONJOINTEMENT
1. Conclusion. (p.163)
2. Les Cinq Axes principaux à développer pour faire face aux besoins
légitimes de la population en soins oculaires et visuels. (p.165)
4
I / POSITION DU PROBLEME
La démographie médicale constitue un sujet sensible dans le développement des politiques
de santé depuis une vingtaine d’année, à tel point qu’elle a souvent été considérée comme un
moyen prioritaire de régulation de l’offre et de l’accès aux soins, donc un élément essentiel
structurel de l’économie de la santé, qui reste un des rares pans économiques à être encore
administrés. Plusieurs rapports officiels se sont succédés depuis 1990 (cf. partie V). Le besoin de
ne pas considérer isolément la démographie médicale, mais au contraire de la positionner en
fonction des acteurs environnants (paramédicaux, industriels, distributeurs) et des bénéficiaires
(malades, populations à risques), est récent : seul le Rapport Berland d’octobre 2002 a amorcé
réellement cette approche. Depuis, de nombreux travaux se sont penchés sur le devenir de la
démographie médicale avec parfois une remise en cause importante des idées et des travaux
antérieurs (cf. par ex. le rapport 2004 de l’ONDPS : Observatoire National de la Démographie des
Professions de Santé). Il n’est plus possible de ne pas tenir compte des besoins de la population,
lesquels doivent intégrer l’évolution des techniques médicales diagnostiques et thérapeutiques, et la
légitime revendication de pouvoir en bénéficier pour tout un chacun. La Santé a trop souvent et
trop longtemps été considérée comme un fardeau par certains responsables politiques et
économiques. Il n’est toujours question que de dépenses de santé, en mettant soigneusement de
côté tous les apports positifs pour les individus, pour la société et pour l’économie. La Santé n’est
pas un mal nécessaire du point de vue social et économique, elle est un bien d’ordre supérieur. Elle
est une des plus parfaites illustrations de ce que peut amener, avec l’éducation, le développement
de la civilisation. L’amélioration de la santé de la population devient progressivement, dans les
pays les plus développés, un des devoirs régaliens de l’Etat. En France, la distribution des soins
constitue l’un des derniers domaines où la devise de la République ait encore un sens : Liberté,
Egalité, Fraterni (= solidarité par l’entremise de la Sécurité Sociale), la Santé fait donc partie du
socle de la société française. Par ailleurs, la Santé va représenter, dans les trente prochaines années,
par l’action conjuguée des progrès médicaux et du vieillissement de la population, une des
principales sources de développement économique des pays occidentaux.
Si la démographie médicale est à ce point d’actualité, c’est aussi parce qu’après avoir parlé
pendant près de vingt ans de pléthore médicale, une pénurie grave (en tout cas annoncée comme
telle) est devant nous après 2010. Ce basculement rapide, en une petite poignée d’années, de
l’idéologie pléthorique à celle de la disette insupportable, devrait rendre humble, prudent et
favoriser la mise au panier des théories fumeuses ou à l’emporte-pièce pour enfin réaliser une
analyse rigoureuse de la situation et des moyens à mettre en œuvre pour faire face à l’avenir et
ainsi réaliser un développement médical, social et économique harmonieux et conjoint. Cela n’est
pas gagné d’avance, ne serait-ce qu’en regardant les propositions simplistes que certains
« spécialistes » auto-proclamés font au sujet de l’ophtalmologie.
L’ophtalmologie va, dans les vingt prochaines années, affronter les mêmes problèmes que
le reste de la médecine, avec cependant quelques particularités, qui seront énoncés par la suite, et
pourra bénéficier des mêmes solutions générales. La principale particularité est que
l’ophtalmologie est en avance : en avance sur la « pénurie » annoncée de médecins, en avance sur
l’augmentation de la demande de la part de la population, en avance sur les effets du vieillissement
(accroissement rapide du nombre de cataractes par ex.), en avance sur les solutions et leurs
expérimentations (stabilisation démographique, délégations de tâches, complémentarités avec
d’autres acteurs). Une des autres particularités est que l’ophtalmologie est « maître d’œuvre »
d’une véritable filière de soins, assez bien individualisée (mais pas totalement) au sein de la
médecine ; certains des acteurs de cette filière n’ont que peu d’utilité en dehors d’elle. Le cas de
5
l’ophtalmologie peut donc servir en quelque sorte d’exemple pour d’autres spécialités médicales,
mais avec certaines spécificités.
En raison de ce qui a été dit précédemment, ce Rapport ne peut pas être que
démographique, il doit s’attacher à prendre en compte aussi les aspects médicaux, paramédicaux,
économiques, voire juridiques et sociaux des évolutions envisagées. Les exemples étrangers,
notamment anglo-saxons, doivent être envisagés globalement et dans le contexte historique et
social de ces pays, ce qui est rarement fait. Les différences d’organisation relèvent souvent de
contraintes internes pas toujours voulues ou souhaitées.
Ce Rapport , écrit par la Commission de la Démographie du SNOF (Syndicat National des
Ophtalmologistes de France) fait suite à l’enquête démographique de 20031 qui avait permis de
démontrer, contrairement à toutes les projections officielles, que le nombre d’ophtalmologistes ne
risquait pas de chuter réellement avant 2013 et qu’il était donc encore temps de réagir pour éviter
une catastrophe, et à celui de 20042 fait en réponse au Rapport « La Démographie en
Ophtalmologie 2000 – 2020 » de G. de Pouvourville (Cregas) et G. Chaine (Service
d’Ophtalmologie de l’hôpital Avicenne à Paris), commandité par le Conseil scientifique de la
CNAMTS. Dans ce dernier rapport, nous avions souligné les points positifs, mais également les
nombreuses invraisemblances, insuffisances et erreurs émaillant l’étude du Cregas.
Le Haut Conseil pour l’Avenir de l'Assurance Maladie (HCAAM) dans sa livraison de
juillet 2005, a avancé l’argument suivant : " Ainsi la pénurie d'ophtalmologistes, paradoxale si l'on
considère la densité française par rapport à d'autres pays européens, soulève la question du bien-
fondé de la prise en charge exclusive par ces derniers des prescriptions de lunettes." Les tenants de
cet argument n’ont jamais avancé de données crédibles et validées pour l’étayer. Le présent
rapport, outre l’actualisation des données, s’est attaché à dépasser les considérations générales pour
élaborer des orientations précises, chiffrées et argumentées, afin de pouvoir franchir sans trop de
dommages la période 2005-2025, période de tous les dangers pour le secteur santé vu la difficile
adéquation prévisible entre l’offre de soins et les besoins réels de la population. Il est aussi une
réponse à cette interrogation du HCAAM. Il est important de se souvenir que des théories mal
étayées peuvent rapidement conduire à des situations périlleuses et incontrôlables, autant du point
de vue sanitaire que politique.
1 La démographie des ophtalmologistes français. Mythe et réalités. Dr Christian CORRE – Dr Thierry BOUR. . Revue de
l’Ophtalmologie Française N° 141, février 2004. p.61-107.
2 LA PRISE EN CHARGE DES PROBLEMES VISUELS EN FRANCE : Perspectives et solutions à l’horizon 2020. Analyse critique
du Rapport sur « La Démographie en Ophtalmologie 2000 – 2020 » de G. de Pouvourville et G . Chaine), remis au Conseil Scientifique
de la CNAMTS le 24 septembre 2003. Visible avec ses 15 annexes sur http://www.lestroiso.org/doc/index.htm
1 / 169 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !