Les ensembles de nombres www.phymaths.ch - Thème TM3-1011 1er septembre 2010 Ce résumé présente les différents ensembles de nombres qu’il est indispensable de connaître et dont il faut comprendre la construction. Table des matières 1 Opérations 1 2 Les nombres naturels 2 3 Les entiers relatifs 2 4 Les nombres rationnels 2 5 Les nombres réels 3 6 Exercices 4 7 Solutions 5 1 Opérations Définition 1.1 (Opération). Une opération est composée d’un ou plusieurs opérandes, d’un opérateur et d’un résultat. Il n’est pas nécessaire que les opérandes et le résultat appartiennent au même ensemble de nombres. De manière générale on a : a⊕b=c où a, b sont les opérandes, ⊕ l’opérateur et c le résultat. Exemple(s): • 3 + (−6) = −3 (3 et −6 sont les opérandes, + est l’opérateur et −3 est le résultat) • 45 ∗ 2 = 90 (45 et 2 sont les opérandes, * est l’opérateur et 90 est le résultat) = 22.5 (90 et 4 sont les opérandes, l’opérateur est la division et 22.5 est le résultat) • 90 4 Définition 1.2 (Opération stable). On appelle opération stable, une opération pour laquelle les opérandes et le résultat appartiennent au même ensemble de nombres. 1 2 Les nombres naturels L’ensemble des nombres naturels est noté N. L’ensemble N est l’ensemble des nombres de un jusqu’à l’infini non compris. On le note ainsi : N = {1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, ...} Personnellement je préfère éliminer le zéro de l’ensemble des nombres naturels. Le zéro est l’élément neutre pour l’addition et qui dit addition dit opération, qui dit opération dit structure, l’ensemble N n’en possède pas. N n’est qu’une énumération des nombres à partir de 1. Pour cette raison, l’ensemble des nombres naturels ne devrait être utilisé que pour la numérotation des éléments d’un ensemble, les termes d’une suite, les sommes partielles d’une série ou pour l’indexation des éléments d’une matrice etc. Exemple(s): • Indexation des éléments d’une matrice : a11 a12 A= a21 a22 • Définition d’une suite : 1 ) pour n ∈ N an 3 5 8 13 ce qui donne l’ensemble (an ) = {1, 2, , , , , ...} 2 3 5 8 C’est un ensemble qui se prête mal aux opérations. Par exemple (3 − 5) n’a pas de résultat dans N, l’opération ainsi définie n’est pas stable. a0 = 1 et an+1 = (1 + 3 Les entiers relatifs L’ensemble des entiers relatifs est noté Z. Il est construit à partir des nombres naturels. On ajoute à ces derniers zéro et les opposés des nombres déjà existants, ce qui nous donne l’ensemble Z = {..., −5, −4, −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, 4, 5, ...} En introduisant les nombres négatifs, la soustration devient une opération stable dans Z. 4 Les nombres rationnels L’ensemble des nombres rationnels est noté Q. L’ensemble Q se définit de manière suivante : a Q = { |a ∈ Z, b ∈ N et a, b sont premiers entres eux} b Ce qui se lit : L’ensemble Q est l’ensemble de toutes les fractions ab , telles que a est un entier relatif et b un nombre naturel (non nul si l’on considère zéro comme étant nombre naturel). Il faut insister sur le fait que a et b doivent être premiers entres eux (fraction irréductible). Exemple(s): 2 • 46 est le nombre rationnel 32 , il faut toujours rendre une fraction irréductible. • 12 est l’entier relatif 2. • 05 n’appartient à aucun ensemble. La division par zéro n’a aucun sens 1 . Dans Q la division devient une opération stable. Il reste cependant encore des opérations qui ne sont pas stables dans Q. Prenons √ par √ exemple l’opérateur et l’opérande 2, le résultat de cette opération qui est 2 fait partie des nombres dits irrationnels. Un nombre irrationnel √ √est un nombre qui ne peut pas être mis sous forme d’une fraction. Les √ nombres 3, π, e, 12 en sont des exemples. Mais comment être sûr, par exemple, que 2 n’est pas rationnel ? Rappels : 1. Dans un nombre rationnel (autrement dit une fraction irréductible), le numérateur et le dénominateur sont premiers entre eux. C’est à dire que leur plus grand dénominateur commun (pgdc) est 1. 2. La racine carrée d’un nombre pair est un nombre pair. Démonstration: Nous allons utiliser une méthode qui s’avère utile lorsqu’une démonstration directe n’est pas possible, la démonstration par l’absurde. 2 √ √ . En mettant Supposons que 2 soit un nombre rationnel. C’est à dire que 2 = m n m 2 m2 2 2 le tout au carré nous obtenons que 2 = ( n ) = n2 ou encore que m = 2n . m2 est donc un nombre pair puisque c’est un multiple de 2. Si m2 est pair alors m également (rappel 2). Donc on peut remplacer m par un multiple de 2, disons m = 2r. En remplaçant m = 2r 2 2 2 on obtient 2 = ( 2r )2 = 4r . En isolant n2 , on a n2 = 4r2 = 2r 2 . Si n2 = 2r 2 dans 2 = m n2 n n2 alors n2 est pair donc n également. Finalement nous avons que m et n sont pairs. Mais si m et n sont pairs alors 1 n’est pas le pgdc de m et n par conséquent m n’est pas un nombre rationnel (rappel 1). n Notre supposition est donc fausse. Si notre √ supposition est fausse alors sa négation est vraie, donc nous avons bien démontré que 2 est un nombre irrationnel. 5 Les nombres réels L’ensemble des nombres réels R est l’ensemble formé par les nombres irrationnels et rationnels, c’est un ensemble qui a une importance fondamentale en mathématiques par le fait qu’il est complet. Je ne rentrerai pas dans le détail de la complétude d’un ensemble, il faut se souvenir simplement qu’un ensemble complet est un ensemble dans lequel il n’y a pas de "trou". Cependant malgré la complétude de R, il existe des équations n’y ayant pas de solution. Par exemple x2 + 4 = 0 n’a pas de solution dans R. 1. Diviser 5 par 0, revient à se demander combien de fois on peut mettre zéro dans 5 ! 2. Voir résumé "Logique, ensembles et éléments" 3 Pour remédier à cet état de fait nous allons devoir définir encore un autre ensemble de nombres qui est l’ensemble des nombres complexes noté C. L’étude √ de cet ensemble sera omis dans ce résumé, retenez simplement qu’à l’instar du radical √ ( 2) pour désigner la racine carrée de 2 dans R, on défini dans C le symbole i = −1. (voir résumé sur les nombres complexes). La figure 1 donne un diagramme des différents ensembles de nombres. On notera que chaque ensemble nouvellement défini contient les ensembles qui ont déjà étés définis. Figure 1: N ⊂ Z ⊂ Q ⊂ R ⊂ C 6 Exercices Exercice 6.1. La soustraction est-elle stable dans N? Exercice 6.2. Quels opérations ne sont pas stables dans Z ? Exercice 6.3. *Montrer à l’aide de la décomposition en facteurs premiers que si, dans l’expression m2 = 2p2 , m2 est pair, alors m également. √ Exercice 6.4. **Démontrer que 12 est un nombre irrationnel, c’est à dire qu’il ne peut pas être mis sous une forme la forme d’une fraction pq . Exercice 6.5. *Comment est défini l’ensemble des nombres décimaux ? Redessiner la figure 1 en y incorporant cet ensemble que l’on notera D. Difficulté : * assez difficile ** difficile *** très difficile 4 7 Solutions Exercice 7.1. La soustraction est-elle stable dans N? Solution: La soustraction n’est pas une opération stable dans N. Il suffit de considérer l’opération 4 − 6 = −2. −2 n’appartient pas à N. Exercice 7.2. Quels opérations ne sont pas stables dans Z ? Solution: Si nous reprenons l’exercice 1.1, il nous est à présent clair que la soustraction est une opération stable dans Z car dans 4 − 6 = −2, −2 appartient à Z. Il existe cependant une opération non stable dans Z, c’est la division. En effet le résultat 5 ne fait pas partie de Z, vu que −2.5 n’est pas un entier relatif. de l’opération −2 Exercice 7.3. *Montrer à l’aide de la décomposition en facteurs premiers que si, dans l’expression m2 = 2p2 , m2 est pair, alors m également. Solution: m2 est pair évidemment puisque il est égale à un multiple de 2 en l’occurence 2p2 . Pour affirmer que m est pair également on remarquera que le 2 dans l’expression 2p2 est forcément "accompagné" par un autre 2 dans la décomposition en nombres premiers de m2 . 2 étant est un nombre premier, il apparait deux fois dans la décomposition du carré d’un nombre pair. √ Exercice 7.4. **Démontrer que 12 est un nombre irrationnel, c’est à dire qu’il ne peut pas être mis sous une forme la forme d’une fraction pq . √ √ √ √ Solution: On remarque que 12 = 4 ∗ 3 = 2 3, il suffit donc de prouver que 3 est un nombre irrationnel. Il faut avant tout prouver que si un nombre m2 est un multiple de 3 alors m est également un multiple de 3. Ceci peut être fait en raisonnant identiquement que dans l’exercice précédent. √ Essayons de prouver que pq = 3. (Démonstration par l’absurde) p √ = 3 q ⇒ p2 =3 q2 ⇒ p2 = 3q 2 ; p2 est un multiple de trois donc p aussi. Remplaçons p par p = 3r et substituons dans p2 = 3, nous avons alors q2 p2 =3 q2 ⇒ (3r)2 =3 q2 ⇒ 9r 2 =3 q2 ⇒ q 2 = 3r 2 à nouveau on a q 2 qui est un multiple de 3, donc q également. Si p et q sont des multiples p de 3, alors ne peut pas être un nombre rationnel puisque le pgcd de p et q est 3 et non q 5 √ p pas 1 comme exigé par la définition des nombres rationnels. Finalement si = 3 est q √ p √ faux, nous en déduisons que 6= 3 est vrai, autrement dit que 3 n’est pas un nombre q rationnel. Remarque: Cette démonstration peut paraître à première vue un peu étrange, cependant en la refaisant encore et encore on arrive à découvrir toute l’élégance qu’elle cache. On suppose que cette démonstration est due à Pythagore ou à l’un de ses élèves il y a quelques deux milles ans. Exercice 7.5. *Comment est défini l’ensemble des nombres décimaux ? Redessiner la figure 1 en y incorporant cet ensemble que l’on notera D. 2 4 et . La première nous donne 0.666666666666..... = 3 5 0.6 (6 périodique) et la seconde 0.80000 = 0.8. Les deux appartiennent aux nombres rationnels, mais on désignera la deuxième comme faisant partie d’un sous-ensemble des nombres rationnels, à savoir les nombres décimaux D. Les nombres décimaux sont les nombres rationnels dont la partie décimale se termine par une infinité de zéro à partir d’un certain point. Solution: Soient les fractions Exemple(s): 6 = 0.857142857142857142..... = 0.857142 appartient à Q mais pas à D. 7 1 = 0.125000000000.... = 0.125 appartient à Q et à D. 8 Le graphique sera alors : Figure 2: N ⊂ Z ⊂ D ⊂ Q ⊂ R 6