Manuel Valls soutient les maires qui interdisent le burkini

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Manuel Valls soutient les maires qui
interdisent le burkini
VIDÉOS – Pour le premier ministre, qui s’exprime dans La Provence, le
burkini «est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé
notamment sur l’asservissement de la femme». Pas question pour autant de
légiférer sur le sujet.
Le premier ministre français Manuel Valls a apporté dans un entretien publié
mercredi son soutien aux maires qui interdisent le burkini, tenue couvrant le
corps et la tête portée par certaines musulmanes pour la baignade. Les maires
de plusieurs communes côtières ont pris ces derniers jours des arrêtés pour
prohiber cette tenue, considérant qu’elle constitue le signe d’une
revendication communautaire d’un islam politique. Des incidents violents ont
notamment éclaté dans un village de Corse autour du port du burkini, selon
des témoins, et la polémique sur cette question a rapidement pris une ampleur
nationale.
Une jeune femme, témoin des incidents à Sisco, en Corse, relatant les faits au mégaphone, le
14 août. – Crédits photo : PASCAL POCHARD-CASABIANCA/AFP
«Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de
chercher des solutions, d’éviter des troubles à l’ordre public», déclare
Manuel Valls dans un entretien au quotidien régional La Provence . «Je
soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s’ils sont motivés par la
volonté d’encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique»,
explique le premier ministre. «Les plages, comme tout espace public, doivent
être préservées des revendications religieuses», souligne Manuel Valls. Or le
burkini «est la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé
notamment sur l’asservissement de la femme», déclare-t-il. Derrière le
burkini, «il y a l’idée que, par nature, les femmes seraient impudiques,
impures, qu’elles devraient donc être totalement couvertes. Ce n’est pas
compatible avec les valeurs de la France et de la République», estime le chef
du gouvernement. «Face aux provocations, la République doit se défendre»,
ajoute-t-il.
Jusqu’à présent, sept mairies ont pris des arrêtés anti-burkini en France ou
ont annoncé être sur le point de le faire. Ce sont celles de Cannes, de
Villeneuve-Loubet et de Mandelieu-la-Napoule, sur la Côte d’Azur, de Leucate,
près de la frontière espagnole, du village de Sisco, en Corse, du Touquet,
sur la côte normande, et d’Oye-Plage, dans le Nord. La mairie de Mandelieula-Napoule a été la première à prendre une telle mesure, dès juillet 2013.
Les autres l’ont fait au cours des derniers jours.
C’est à eux, «à leurs autorités, à leurs familles, dans leurs engagements
personnel, professionnel, social, de dire qu’ils rejettent cette vision
mortifère de l’islam»
Manuel Valls s’adresse aux Français de confession musulmane
Dans son entretien à La Provence, Manuel Valls estime cependant que la
question du burkini ne nécessite pas une modification de la législation
française existante. «Je ne crois pas qu’il faille légiférer en la matière:
la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une
solution», dit-il. Manuel Valls appelle en revanche les autorités à faire
appliquer strictement la loi «interdisant le port du voile intégral dans
l’espace public». Et il appelle les autorités de l’islam de France à se
prononcer en ce sens. «Les autorités musulmanes doivent aussi condamner le
voile intégral, condamner les actes de provocation qui créent les conditions
d’une confrontation», dit-il. Manuel Valls s’adresse également aux citoyens
français de confession musulmane. C’est à eux, «à leurs autorités, à leurs
familles, dans leurs engagements personnel, professionnel, social, de dire
qu’ils rejettent cette vision mortifère de l’islam», dit-il.
Attachée aussi bien à la laïcité qu’à la liberté de conscience, la France, où
vit la principale communauté musulmane d’Europe, estimée à 5 millions de
personnes, tente de préserver un équilibre entre ces deux principes. La burqa
est interdite dans la rue depuis 2010 et le voile islamique est interdit dans
les écoles, mais il est autorisé dans les établissements d’enseignement
supérieur, fréquentés par des adultes.
Le soutien à Chevènement
Dans ce même entretien, Manuel Valls apporte son soutien à Jean-Pierre
Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l’islam
de France et qui a conseillé lundi aux musulmans la «discrétion», suscitant
des réactions hostiles au sein de la communauté musulmane. «Si nous voulons
construire un islam de France compatible avec nos valeurs, nos libertés,
l’égalité homme-femme, il faut que l’islam, comme les autres religions l’ont
fait, accepte la discrétion dans la manifestation des convictions
religieuses», affirme le premier ministre. Cette discrétion «s’impose à tous
de la même manière dans l’espace public, avec les mêmes droits et les mêmes
devoirs», souligne-t-il.
Source :© Le Figaro Premium – Manuel Valls soutient les maires qui
interdisent le burkini
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