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fait fondamentales. Afin que l'on s'y retrouve peut-être plus aisément, permettez-moi de tirer
maintenant un tableau mieux ordonné de quelques affirmations que j'ose numéroter pour en
souligner l'aspect spécifique à chacune.
1. Il n'y a pas de vie possible sans éthique, c'est-à-dire sans ligne de conduite pour nos
comportements quotidiens, individuels ou collectifs. Il serait banal de citer ici la né-
cessité d'un code de la route par exemple.
2. Il n'y a pas d'éthique possible sans principes généraux qui puissent inspirer les
comportements moraux. J'ai déjà évoqué l'importance du point d'origine, ou source,
des critères à établir. Dans ma Foi, je nomme cette source Dieu, qui se nomme aussi
Vérité. Mais la connaissance de la Vérité n'est pas innée en l'homme. Les croyants sa-
vent y goûter par la fréquentation des Saintes Écritures. Mais pas exclusivement. La
Foi dans le dogme de la Création signifie en effet tout autre chose que cette naïveté
qu'on nous attribue parfois à propos de l'interprétation littérale du premier livre de la
Genèse. D'ailleurs, le chrétien connaît aussi la destinée que saint Paul attribue à la
Création comme telle
! Cela achève de le confirmer dans la certitude que la Création a
un sens, qu'elle est cohérente, que les lois qui la régissent dans l'univers concourent à
maintenir un certain ordre. L'ordre de la Création, fondement de la Loi naturelle.
Le croyant reconnaît à la Loi morale un premier fondement dans l'Ordre de la Création
tel qu'il s'impose à l'intelligence humaine et tel que la Loi donnée sur le Sinaï et con-
firmée par Jésus Christ nous l'a fait connaître
. La pensée de l'Église catholique sur ce
sujet ressort également de la récente encyclique «Veritatis splendor» où le pape Jean
Paul II s'oppose à certains moralistes qui considèrent que la notion de Loi naturelle se-
rait inadéquate à exprimer les préoccupations éthiques de l'homme contemporain
.
3. On ne peut plus penser éthique sans en élargir la portée, bien au-delà du cadre de
la famille ou de la société locale. Ce serait arbitraire et inconséquent. C'est la famille
humaine universelle qui est l'enjeu d'abord dans ces trois premières valeurs: sécurité,
justice et solidarité, tant dans l'espace que dans le temps, c'est-à-dire au niveau interna-
tional et pour les générations futures.
Je cite le pape Jean Paul II: "L'énergie est un bien universel que la divine Providence a
mis au service de l'homme, de tous les hommes, quelle que soit la partie du monde à
laquelle ils appartiennent, et il nous faut penser aussi aux hommes de demain, car le
Créateur a confié la terre et la multiplication de ses habitants à la responsabilité de
l'homme. J'estime qu'on peut considérer comme un devoir de justice et de charité l'ef-
fort résolu et persévérant accompli pour ménager les sources d'énergie et respecter la
nature, non seulement pour que l'ensemble de l'humanité d'aujourd'hui puisse en pro-
fiter, mais aussi les générations à venir
".
C'est le principe de la destination universelle des biens.
4. L'éthique de l'énergie nucléaire prise isolément n'aurait guère de sens: c'est le
domaine de l'énergie en général qui doit être abordé en tous ses constituants des points
de vue technique, économique, culturel, humanitaire et humaniste. Car à l'évidence ce
que l'éthique remet en cause, ce n'est ni la recherche, ni la science, ni la technique,
mais bien leur rapport à l'Homme et à son avenir.
Le mot clef qui me parait bien résumer cette thèse, c'est le mot «équilibre». Il apparaît