Concours B/L 2012 Concours B/L 2012 Economie Epreuve commune sur dossier : oral Jury : Gaël Giraud et Xavier Ragot Sujet : L’impact économique de la contrainte énergétique Dossier documentaire Document 1 : La contrainte économique des énergies fossiles. Document 2 : Le pétrole est-il devenu un faux problème ? Document 3 : Les chocs pétroliers, causes des récessions ? Document 4 : Anticiper l’impact des chocs pétroliers ? 1 Concours B/L 2012 2 Document 1 : La contrainte économique des énergies fossiles. Figure 1 – Chute des découvertes et des réserves de pétrole, source : Energy Funds Advisors. Concours B/L 2012 3 Figure 2 – Stagnation de la production mondiale de pétrole, janv. 2003-sept. 2010, source : Energy Information Administration, International Petroleum Monthly Figure 3 – Relation PIB/hab et prix du pétrole, aux Etats-Unis, source : J. Hamilton. TCAM=Taux de Croissance Annuel Moyen. 4 Concours B/L 2012 16 350 14 300 12 CPI inflation (anual) 10 200 8 150 6 100 4 Real Oil Price (percentage of change) 250 50 2 0 0 −2 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 Years 2005 2010 GDP deflator inflation Oil Price Real Figure 4 – Bleu=inflation annuelle ; rouge= croissance (%) du prix relatif du pétrole/inflation(Base 1970=100) Etats-Unis, Source : FRED=Federal Reserve Economic Data de la Federal Reserve Bank of St. Louis. 12 350 300 250 Unemployment Rate 8 200 6 150 4 100 Real Oil Price (percentage of change) 10 2 50 0 0 1970 1975 1980 1985 1990 Years 1995 2000 2005 Unemployment Rate 2010 Oil Price Real Figure 5 – Bleu=taux de chômage, rouge= = croissance (%) du prix relatif du pétrole/inflation (Base 1970=100) Etats-Unis, Source : FRED. Concours B/L 2012 5 Document 2 : Le pétrole est-il devenu un faux problème ? (Blanchard et Galí) National Bureau of Economic Research, Les effets macroéconomiques des chocs du prix du pétrole : Pourquoi les années 2000 sont si différentes des années 1970, Oliver J. Blanchard et Jordi Galí, 18 août 2007, date de publication : février 2010. (Trad. G. Giraud.) Depuis les années 1970 et jusqu’à récemment, les macroéconomistes ont consideré les changements du prix du pétrole comme une source importante des fluctuations économiques, ainsi que comme le paradigme d’un choc global, susceptible d’affecter plusieurs économies en même temps. Cette perception est largement influencée par les deux épisodes de faible croissance, de taux de chômage et d’inflation élevés qui ont caractérisé la plupart des économies industrialisées au milieu et à la fin des années 1970. Ces deux épisodes de stagnation sont souvent attribués aux larges augmentations du prix du pétrole déclenchées respectivement par la guerre du Yom Kippur en 1973 et la révolution iranienne de 1979. Les évènements de la décennie passée semblent remettre en question la pertinence des changements de prix du pétrole comme source significative de fluctuations économiques. La raison en est la suivante : depuis la fin des années 1990, l’économie globale a connu deux chocs pétroliers de signe et d’ampleur comparables à ceux des années 1970 alors que, en contraste avec les décennies antérieures, la croissance du produit interne brut (PIB) et l’inflation sont restées relativement stables dans la plus grande partie du monde industrialisé. Notre but [...] est de mettre en lumière la nature des changements apparents dans les effets macroéconomiques des chocs pétroliers, ainsi que ses possibles causes. Identifier les facteurs de ces changements est évidemment un élément clé pour évaluer dans quelle mesure les périodes de stagflation des années 1970 pourraient se reproduire en réponse aux chocs pétroliers futurs et, si c’est le cas, pour comprendre le rôle que les politiques monétaires peuvent jouer afin de diminuer ces effets néfastes. Une hypothèse plausible est que les effets de l’augmentation sur le prix du pétrole ont été similaires dans les derniers périodes, mais ont coïncidé avec de larges chocs d’une nature très différente (e.g., de grosses augmentations des prix des autres biens dans les années 1970, une croissance élevée de la productivité et de la demande totale dans les années 2000). Cette coïncidence pourrait considérablement fausser toute évaluation de l’impact des chocs pétroliers basée sur une observation simple des évolutions des variables agrégées aux alentours de chaque période. Afin d’évaluer cette hypothèse nous devons isoler la composante des fluctuations macroéconomiques associées à des changements exogènes du prix du pétrole. [...] Deux conclusions émergent clairement de cette analyse : primo, d’autres chocs adverses étaient à l’œuvre, dans les années 1970 ; le prix du pétrole n’explique qu’une partie des épisodes de stagflation. La seconde conclusion est encore plus importante : les effets d’un changement donné du prix du pétrole se sont substantiellement modifiés au cours du temps. Nous estimations font état d’effets beaucoup plus importants des chocs pétroliers sur l’inflation et l’activité dans la première partie de l’échantillon ; c’est à dire, la partie qui contient les deux épisodes des chocs pétroliers des années 1970. Nos résultats empiriques fondamentaux sont résumés dans le graphique [suivant...] : le graphique de gauche indique la réponse à une hausse de 10% du prix Concours B/L 2012 6 du pétrole du log du PIB et du log de l’inflation aux Etats-Unis avant 1984 ; le graphique de droite indique cette même réponse aprés 1984. Figure 6 – Réponse à un choc sur le prix du pétrole : à gauche= avant janv. 1984 ; à droite = après janv. 1984 ; haut= log(inflation) ; bas=log(PIB) [...] Nous nous intéressons ensuite aux explications potentielles de ces changements dans le temps. Nous considérons trois hypothèses non exclusives l’une de l’autre. Dans la première, les rigidités des salaires réels peuvent avoir diminué au fil du temps. La présence de rigidités des salaires réels induit un arbitrage entre la stabilisation de l’inflation et la stabilisation de l’écart entre la production observée et la production potentielle. Ainsi, en réponse à un choc d’offre à la baisse, et à politique monétaire donnée, l’inflation augmentera en général davantage et la production déclinera plus vite, si les salaires réels s’ajustent plus lentement. Une tendance à la flexibilisation des marchés du travail plus flexibles, comportant des salaires plus flexibles, pourrait donc expliquer le moindre impact des chocs pétroliers les plus récents. Selon la deuxième hypothèse, les changements dans la façon dont la politique monétaire est menée peuvent être responsables de la réponse différente de l’économie aux chocs pétroliers. En particulier, l’engagement plus fort des banques centrales à maintenir un taux d’inflation faible et stable, reflété dans l’adoption généralisée d’objectifs d’inflation plus ou moins explicites, peut avoir conduit à une [...] réduction de l’impact dû à une augmentions donnée du prix du pétrole à la fois sur l’inflation et sur la production. Selon la troisième hypothèse, la part du pétrole dans l’économie peut avoir décliné suffisamment depuis les années 1970 pour contribuer à la diminution des effets de ses changements de prix. Sous cette hypothèse, des changements de prix du pétrole ont une signification de plus en plus marginale, sans aucun effet macroéconomique significatif (un peu comme les fluctuations de prix du caviar). Concours B/L 2012 7 [...] Le modèle nous permet d’examiner comment la réponse de l’économie, à un changement exogène du prix du pétrole, est affectée par le degré des rigidités des salaires réels, la crédibilité de la politique monétaire, et la part du pétrole dans la production et la consommation. Ensuite, nous chercherons des preuves directes de la pertinence et de l’importance quantitative de chacune de ces hypothèses. Nous concluons que toutes les trois sont susceptibles d’avoir joué un rôle important dans l’explication des différents effets du prix du pétrole entre les années 1970 et la dernière décennie. Document 3 : Anticiper l’impact des chocs pétroliers ? Figure 7 – Anticipations de l’Agence Internationale de l’Energie rouge= prix du pétrole réalisé ($/baril), gris/noir= prix anticipé. Source : The Shift Project. Concours B/L 2012 8 Figure 8 – Fondamentaux de l’Ukraine versus notations des agences. Mauve= cours de l’obligation souveraine ukrainienne ; bleu=notation de l’agence Standard & Poor’s, pointillé= notation Moody’s, vert=Z-score (estimation de la résilience du pays, Altman), rouge= lEF= Indicateur de l’Etat Fondamental d’un pays construit par les auteurs. Source : Flash Natixis, 13 juillet 2010, Luis Miotti, Stphanie Prat, Edgardo Torija-Zane. Document 4 : Les chocs pétroliers, causes des récessions ? (Hamilton) Brookings Papers on Economic Activity, Causes et conséquences des chocs pétroliers du 2007-2008, James Hamilton, Université de Californie, 3 février 2009. (Trad. G. Giraud.) Cet article étudie les similarités et les différences entre la hausse des prix du pétrole en 2007-08 et d’autres chocs pétroliers antérieurs, en explorant les causes de ces augmentations de prix et leurs effets sur l’économie. Tandis que les chocs précédents étaient causés avant tout par une interruption physique de l’offre, la flambée de 2007-08 a été causée par une forte demande confrontée à une stagnation de la production mondiale. Bien que les causes fussent distinctes, il appert que les conséquences pour l’économie furent similaires à celles qui furent observées dans les périodes précédentes, avec des effets significatifs sur les dépenses de consommation et les achats d’automobiles domestiques, en particulier. En l’absence de ces déclins, il est peu vraisemblable que la période qui court du quatrième trimestre de 2007 au troisième trimestre de 2008 eût été caractérisée par une récession aux Etats-Unis. Cet épisode devrait donc être ajouté à la liste des récessions américaines auxquelles les prix du pétrole ont apporté une contribution décisive. [...] J’examine les implications des deux dernières études des effets du prix du pétrole sur l’économie globale. Le première vient de Blanchard et Galí (2008), dont les conclusions globales sont que les chocs pétroliers ont eu une contribution modeste aux ralentissements des années 1970 et même moins importante aujourd’hui. Concours B/L 2012 9 Sur la base de ce nombre, j’ai calculé ce qu’aurait été la moyenne de croissance du PIB entre le premier trimestre de 1974 et le premier trimestre de 1975 s’il n’y avait pas eu de choc pétrolier mais si les cinq autres chocs sur l’indice des prix à la consommation, le déflateur du PIB 1 , les salaires, le PIB et les heures travaillées avaient été identiques aux résidus historiques réalisés. [...]. Les estimations de Blanchard et Galí impliquent que, s’il n’y avait pas eu de choc pétrolier, la grave récession du 1973-75 n’aurait été qu’une très faible dépression. On notera que, même si leurs estimations des effets des prix du pétrole après 1984 sont beaucoup plus petites que celles de leur échantillon précédent, et même si les auteurs n’ont pas caractérisé la suite de la première guerre du Golfe comme un choc pétrolier séparé, ces estimations impliquent aussi que, si le prix du pétrole n’avait pas explosé après l’invasion par l’Irak du Koweit, les Etats-Unis auraient pu éviter la récession de 1990-91. Etonnamment, les estimations de Blanchard-Galí impliquent que le ralentissement [de 1980] aurait été en fait plus sévère en l’absence des perturbations qu’a alors connues le prix du pétrole. Cela s’explique par les mesures qu’ils ont utilisées pour le prix du pétrole : le prix du WTI 2 a en fait décru entre juin 1980 et mars 1981. D’autres indicateurs, cependant, suggèrent une histoire très différente. Par exemple, les séries de l’Agence Internationale de l’Energie pour le coût d’acquisition du pétrole raffiné [...] exhibent une croissance (logarithmique) de 27% sur la même période ; l’indice du prix de production du BLS 3 pour le pétrole brut [...] connaît 42% de croissance, [...] et l’indice des prix à la consommation pour l’essence, 11% de croissance. Il semble donc probable que, malgré les résultats sous-entendus par les estimations de Blanchard et Galí, les prix de l’énergie aient été un facteur de réduction de la croissance du PIB pendant cette période tout comme durant les autres périodes [de récession]. [...] Pour récapituler, il existe une gamme d’estimations disponibles quant à la mesure des contributions des chocs pétroliers sur l’historique des récessions aux Etats-Unis. Mais même les estimations les plus modestes soutiennent que les chocs pétroliers ont significativement contribué à l’un au moins de ces épisodes. Ma conclusion est que, si les chocs pétroliers n’avaient pas eu lieu, le PIB aurait augmenté plutôt que diminué sur l’une, au moins, de ces périodes. nominal 1. Le déflateur du PIB se définit par le ratio PIB × 100. [Note du jury] PIB réel 2. Le West Texas Intermediate (WTI) est un type de pétrole brut utilisé comme référence dans la fixation du prix du pétrole brut et comme matière premiére pour les contrats à terme sur le pétrole auprés du New York Mercantile Exchange (bourse new-yorkaise des matiéres premières) [Note du jury]. 3. Bureau of Labor Statistics, principale agence statistique du gouvernement fédéral nordaméricain. [Note du jury].