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des inquiétudes semblables à l’idée de radier les avoirs des
ménages et des sociétés du pays. Dans le même ordre d’idées,
plusieurs bailleurs de fonds officiels – principalement le Fonds
monétaire international (FMI) – ne se laissent pas priver de
leur argent aussi facilement que cela. Par conséquent, les pays
n’éliminent pas, en pratique, toute leur dette lorsqu’ils font
défaillance.
Par ailleurs, le marché obligataire peut se montrer étonnamment
clément quand le contexte s’y prête. Les investisseurs sont
habituellement beaucoup plus disposés à exonérer un pays
qui ne peut régler le problème, peu importe l’ampleur du
programme d’austérité ou de la croissance économique ; ainsi,
la défaillance du pays est limitée au montant minimal requis.
La défaillance sur la dette souveraine ne sera
vraisemblablement pas employée à grande échelle pour régler
les problèmes actuels d’endettement. La Grèce fera sans doute
encore défaillance, mais il serait très peu probable que les
autres pays lui emboîtent le pas en raison des nombreuses
conséquences négatives de cette stratégie. Les swaps sur
défaillance de crédit indiquent des résultats semblables
(figure 9).
2) Faire fondre la dette en laissant
augmenter l’inflation
La deuxième solution serait de faire fondre la dette publique
en laissant augmenter l’inflation. D’un point de vue comptable,
la valeur nominale de la dette reste la même, mais la hausse
de l’inflation facilite la vie aux débiteurs, qui effectuent leurs
versements sur emprunt dans une monnaie dévaluée. Cette
corrélation entraîne la baisse du ratio dette/PIB. Jusqu’à
présent, tout va bien.
Il s’agit toutefois d’une évaluation beaucoup trop simpliste
des effets de l’inflation. L’inflation comporte plusieurs effets
secondaires ; certains sont positifs, mais la plupart sont
négatifs.
Sur une note positive, l’imposition des revenus de placement
est rarement corrigée en fonction de l’inflation. Si l’inflation est
de deux points de pourcentage plus élevée que la moyenne,
alors le rendement nominal moyen des placements sera aussi
de 2 % supérieur. Le rendement supplémentaire n’est que de
la poudre aux yeux, car il n’accroît en rien le pouvoir d’achat de
l’investisseur ; par contre, ce dernier devra payer de l’impôt sur
le gain fictif. Il en découle donc un rendement réel moindre pour
l’investisseur et des recettes supérieures pour l’État.
Sur une note négative, la hausse de l’inflation nuit à la
croissance économique. Alors qu’un faible niveau d’inflation
est souhaitable3, un taux d’inflation trop élevé peut se révéler
Probabilité de défaillance
implicite annualisée (%)
Grèce 87
Portugal 8
Espagne 6
Italie 5
France 2
Japon 1
Pays-Bas 1
R.-U. 1
É.-U. 1
Suisse 1
Allemagne 1
Nota : Calcul effectué à l’aide des swaps sur défaillance de crédit de cinq ans, en
supposant un taux de recouvrement de 50 %. Sources : Bloomberg, RBC GMA
Figure 9 : Défaillance des États improbable en dehors de la Grèce
problématique. Le passage d’un taux d’inflation moyen de
2 % à un taux de 4 % retranche près d’un tiers de point de
pourcentage du taux de croissance économique réelle annuelle.
Ainsi, même si la hausse de l’inflation contribue sans équivoque
à la croissance du PIB nominal, l’apport net est inférieur à ce
qu’il semble au premier abord, car il fait reculer le PIB réel, ou
corrigé de l’inflation.
En outre, lorsque l’inflation est en hausse, les prêteurs
augmentent naturellement les taux d’intérêt nominaux en
guise de compensation, ce qui entraîne un accroissement plus
rapide de la dette. Si les prêteurs anticipent avec précision la
hausse de l’inflation, l’augmentation des taux d’intérêt viendra
complètement annuler l’avantage de cette solution en matière
de réduction de la dette.
Ces inconvénients n’excluent pas totalement l’inflation de la
liste des armes pour la lutte à l’endettement, mais ils mettent
en lumière le contexte particulier qui doit régner afin d’éviter
de remporter une bataille, mais de perdre la guerre. Les États-
Unis ont connu plusieurs petites poussées inflationnistes dans
les années 1940 et au début des années 1950. Cette inflation
a réussi à retrancher une partie de la dette souveraine. En
revanche, l’épisode de hausse prolongée de l’inflation des
années 1970 a été moins favorable.
Lors de la première période, le succès a reposé sur le fait
que les pics d’inflation étaient imprévus, qu’ils ne duraient
jamais longtemps et qu’ils étaient alimentés par les niveaux
artificiellement bas des taux des obligations (nous en parlerons
plus en détail dans la prochaine section). Cette combinaison
Repères économiques