10
I. Introduction
Lors de mon premier semestre d’internat, un petit garçon, a suscité mes interrogations
quant à son inhibition.
Par définition, l’inhibition interroge en raison de sa présentation en creux.
L’étymologie nous apprend que le verbe inhiber dérive d’un emprunt au latin inhibere
« arrêter, retenir » (1).
D’un point de vue psychopathologique, l’inhibition correspondrait, sur le plan
intrapsychique, au fait de garder en soi ses pensées. Il est postulé que cette vie imaginaire
cloisonnée serait vouée à un appauvrissement. Dans sa dimension extra-psychique,
l’inhibition s’exprime par l’absence de partage d’idées avec autrui. Elle se traduit ainsi par un
retrait relationnel. Conformément à son étymologie, il apparaît que l’inhibition questionne les
limites entre intérieur et extérieur. Elle interroge aussi de fait l’investissement relationnel.
Historiquement, l’inhibition de la névrose obsessionnelle est décrite comme le résultat
d’une éducation trop rigide (2). Des limites éducatives oppressantes auraient été d’abord
introjectées et secondairement, elles paralyseraient l’imaginaire et la vie relationnelle de
l’enfant en l’absence même d’intervention parentale réelle.
Pourtant, Pierryck, mon patient semblait grandir dans une famille où l’autorité était
mise à mal.
Comment penser alors l'inhibition dans un contexte de défaut de limites ? Comment la
comprendre ? Quelle fonction et quel sens porte-t-elle?
Afin d’avancer sur la compréhension de cette sémiologie, nous avons choisi de
travailler en appui sur une méthode articulant clinique et aspects théoriques. Le choix des
références théoriques s’est porté sur les travaux de Françoise Dolto et Donald W. Winnicott.
Ces deux auteurs, certes consensuels en pédopsychiatrie, étaient à la fois pédiatres et
psychanalystes d’enfants. Ils ont théorisé des concepts psycho-dynamiques au sujet du