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INTRODUCTION
Dès les premiers stages d’observation, j’ai été touchée, émue par certains patients, qu’ils
soient adultes, enfants, hommes ou femmes.
Est-ce normal ? Pourquoi ? Quels effets cela peut-il avoir sur mon travail ? Comment puis-
je gérer ces émotions ? D’ailleurs, peut-on vraiment les gérer ?
Après discussions avec des professionnels, il s’est avéré que la question des affects faisait
également écho à leur pratique. Il m’a alors semblé judicieux d’approfondir cette question.
Aussi, je vais aborder ce qui se joue au sein de la relation orthophoniste-patient et
notamment les émotions éprouvées. L’ordre des termes est important car je n’ai pas demandé aux
patients ce qu’ils ressentaient vis-à-vis de leur orthophoniste. La démarche aurait été intéressante
mais elle ne fait pas l’objet de mon développement.
Abstraite et surtout subjective, la réflexion autour des émotions est assez complexe. J’ai
choisi le terme « émotion » car il est le plus adapté pour définir ce que nous éprouvons, même si
je reconnais que j’aurais pu parler de « sensations » ou de « sentiments ».
Ce mémoire s’articule autour de trois parties.
Tout d’abord, je définirai les émotions, leurs origines et manifestations. Petit à petit, nous
en arriverons à la relation orthophoniste-patient, après une étude de l’évolution des relations
soignant-soigné. Le lien est étroit entre émotion et relation. L’une peut-elle exister sans l’autre ?
Différents aspects des émotions seront présentés selon les sciences auxquelles ils se rapportent :
neuro-anatomique, langagier ou encore psychanalytique.
Mon discours s’appuiera ensuite sur les observations et expériences issues des stages,
enrichi par les données recueillies au travers d’un questionnaire. De nombreux orthophonistes,
travaillant en libéral ou en centre, m’ont fait part de leur témoignage. Dans cette partie, je citerai
les principales émotions éprouvées en prise en charge et quelques facteurs pouvant les influencer.
Une réflexion s’engagera ensuite quant à l’investissement affectif de l’orthophoniste dans
une prise en charge. Il semble qu’il ait des effets sur le professionnel, le patient et la rééducation
elle-même. Nous verrons que cela dépend du « cadre » instauré, la définition de ce dernier étant
essentielle. Ce questionnement m’a permis la découverte d’outils permettant d’appréhender ses
émotions et les relations orthophoniste-patient.
Pour terminer, je dresserai un bilan personnel de ce travail de recherche, dernière étape
avant l’entrée dans la « vie active ».