pour lui, de manière agréable, sage et bonne ? ».
Les néoclassiques : L'idée avancée depuis les années 1970 par certains néoclassiques est que la
poursuite de la croissance va dans le sens de la protection de l'environnement. Il y aurait une
capacité des économies modernes à gérer la problématique environnementale. Beckerman évoque
notamment le cas de la pollution par le dioxyde de soufre aux États-Unis dont il note la disparition
dans de nombreux États alors même que la croissance du pays se poursuit.
Ainsi, le développement soutenable apparaîtrait finalement comme une sixième étape de la
croissance si l'on reprend la typologie de Rostow.
Les néoclassiques sont donc très confiants. Pour eux, si il y a des problèmes d'environnement, c'est
parce qu'il y a interférence entre deux catégories de biens. Les objets environnementaux sont en
train de devenir des biens rares, alors qu'ils étaient considérés jusqu'alors comme des biens libres,
disponibles en quantités illimitées et, de ce fait, ne relevant pas de l'analyse économique.
Cependant, bien qu'entrant de plus en plus dans la sphère de la rareté, les objets naturels ne
présentent pas encore toutes les caractéristiques des biens économiques, ce qui empêche que les
relations marchandes jouent pleinement leur rôle régulateur (pas de prix clairement identifié, donc
régulation par les prix impossible). Ces « défaillances de marché » aboutissent à une mauvaise
allocation des ressources qui prend la forme de pollutions ou d'épuisement de ressources naturelles.
Pour répondre à ces défaillances, la solution préconisée consiste, quand cela est possible, à faire
basculer dans la sphère marchande les événements environnementaux qui n'y sont pas encore
totalement entrés. On va procéder à une internalisation des externalités en créant des marchés ou
des quasi-marchés là où, au départ, ils n'existent pas, ou pas complètement, soit en établissant des
signaux-prix envoyés aux agents économiques, soit en leur distribuant des droits de propriété
échangeables sur des ressources naturelles. C'est ce que l'on désigne comme le principe du pollueur-
payeur, prôné par l'OCDE depuis le début des années 1970.
En résumé, c'est par le renforcement de la logique économique dominante que les problèmes de
pauvreté, de pollution et d'épuisement des ressources naturelles se résoudront.
•Le développement soutenable grâce à une économie écologique ?
Croissance ne signifie pas développement. La croissance correspond à un accroissement quantitatif
des biens et services disponibles, mesuré en termes monétaires ou physiques. Le développement,
lui, traduit une amélioration qualitative des conditions de vie.
Définition de Perroux (1961) : « Le développement est la combinaison des changements mentaux et
sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son
produit réel global ».
Sans négliger une action sur les prix, l'option instrumentale privilégiée par les économistes
écologiques consiste à établir des limites quantitatives quant aux ressources exploitées et aux rejets
effectués dans les milieux naturels. Ce faisant, ils affichent leur scepticisme vis-à-vis de l'analyse
néoclassique en termes d'internalisation des externalités. Rompant avec cette idée qui vise à faire
entrer à l'intérieur de la sphère économique ce qui, au départ, lui est extérieur. Les économistes
écologiques conçoivent l'économie comme un sous-système d'un système englobant, constitué par
l'ensemble des activités humaines, lui-même compris dans le système plus vaste formé par la
Biosphère, le problème étant alors de mettre en place des relations d'insertion – ou d'encastrement
pour reprendre Polanyi – entre ces différents systèmes : insertion de l'économique dans la sphère
des activités sociales, elle-même devant s'insérer dans la Biosphère.
L'écologie industrielle va proposer une autre voie pour concilier économie et écologie et œuvrer à
l’événement d'un développement soutenable. Il faut engager le système industriel dans une réforme
profonde de ses pratiques environnementales.