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théorie, des marges supérieures à la moyenne doivent attirer la concurrence et
les investissements, ce qui peut avoir pour effet de réduire la rentabilité globale.
En fait, on peut dire que le concept de retour des marges à la moyenne est
largement intégré à de nombreux modèles d’évaluation des actions.
Si les marges reviennent en effet à la moyenne, alors l’ampleur actuelle des
marges pourrait entraîner une diminution marquée de la rentabilité, puisque les
marges dépassent actuellement leur moyenne à long terme de deux points de
pourcentage. Mais, en y regardant de plus près, on constate que les choses ne
sont pas si simples. Les marges ont peut-être amorcé un retour à la moyenne,
mais il est possible que la moyenne ait fait l’objet d’une hausse structurelle.
Après l’éclatement de la bulle technologique de 2001, l’orientation des marges
bénéficiaires semble avoir pris un virage structurel haussier au Canada, puisque
la moyenne des marges a presque doublé au cours de cette période.
Ce qui nous fait dire que cette hausse des marges amorcée en 2001 est de
nature structurelle, c’est qu’elle est généralisée. Tous les secteurs à l’exception
d’un seul affichent à l’heure actuelle des marges supérieures à leur moyenne
de 2001-2014. Et les explications à cette augmentation structurelle ne manquent
pas : mondialisation, innovation, baisse du coût du capital, barrières à l’entrée
élevées et réduction du pouvoir de négociation de la main-d’œuvre, entre autres.
Le rôle du coût de la main-d’œuvre et du huard
Même dans le contexte d’une hausse structurelle, l’augmentation des marges
des deux dernières années est relativement forte, puisqu’elle atteint près d’un
point de pourcentage depuis 2012. Le rythme de croissance du coût unitaire de
la main-d’œuvre a sensiblement ralenti au Canada ces deux dernières années :
il est passé de 3,5 % (sur 12 mois) à 1 %, et la tendance est généralisée.
D’ailleurs, un tiers du PIB canadien de l’an dernier provenait de secteurs dont
le coût unitaire de la main-d’œuvre était en baisse.
La dépréciation de près de 25 % enregistrée par le dollar ces deux dernières
années a joué un rôle encore plus important. Pour les secteurs présentant un
solde d’exportations positif, les marges sont le premier élément à s’en ressentir.
Sur la base des coefficients d’entrées-sorties de Statistique Canada, nous
estimons que la dépréciation du dollar a généré une hausse d’au moins un point
de pourcentage des marges bénéficiaires moyennes depuis 2012. L’impact est
loin d’être uniforme. L’agriculture est le principal bénéficiaire, avec une hausse
estimée à près de quatre points de pourcentage. Le secteur manufacturier s’en
tire lui aussi très bien, grâce notamment à des sous-secteurs comme ceux des
produits du bois, la pâte et le papier, les véhicules motorisés, le matériel
électrique, l’habillement, les textiles et les produits chimiques de base.
La hausse des marges bénéficiaires dans le secteur du transport est essentielle-
ment à mettre au crédit des chemins de fer et du transport par camions; l’impact
du transport aérien est légèrement négatif. Les marges des secteurs de la
construction et du commerce de détail, déjà faibles, ont encore diminué.
Certains des facteurs structurels ayant contribué à l’augmentation de la
rentabilité des entreprises pourraient commencer à s’atténuer au cours des
prochaines années. Mais, pour le moment, les éléments fondamentaux jouent
pleinement en faveur des marges bénéficiaires.
« ...l’orientation des marges bénéficiaires
semble avoir pris un virage structurel
haussier au Canada. »
« ...un tiers du PIB canadien de l’an dernier
provenait de secteurs dont le coût unitaire
de la main-d’œuvre était en baisse. »
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Balado > Les manufacturiers
propulsés par le huard et le gaz
Balado > Le huard bientôt de
retour à 80 cents ?
Benjamin Tal est économiste en chef adjoint
à la Banque CIBC. Désigné comme l’un des
principaux experts canadiens du marché
immobilier par le Fonds monétaire international,
il est responsable de l’analyse de l’actualité
économique et de ses répercussions sur les
marchés nord-américains des titres à revenu
fixe, des actions, des changes et des
produits de base.