économique. Les Etats-Unis, dans la dernière partie du XIXème, s’est développé de manière
sauvage, notamment à travers le chemin de fer. Le chemin de fer est alors vital, il permet le
développement économique, là où il s’installe, l’économie émerge. Problème cependant, les
entreprises qui vont développer ce chemin de fer sont peu nombreuses, deux en réalité, qui
vont finir par fusionner et créer un monopole, c’est-à-dire avoir la main sur le
développement économique. Le pouvoir politique est intervenu pour dire que cette
situation là n’était pas tenable, elle était pourtant le produit du fonctionnement normal du
marché. La Cour Suprême des Etats-Unis va construire une théorie juridique toujours
valable, c’est la théorie dite des « facilités essentielles » : lorsqu’un opérateur économique
détient en position de monopole une infrastructure, ici un chemin de fer, il doit (obligation
juridique) ouvrir son infrastructure aux autres opérateurs économiques. Cette décision
rendue en 1878 sera suivie par une loi fédérale de 1890, dite « Sherman Act », fondement
de la législation anti-trust.
La Cour de justice utilise cette théorie en 1974 dans une décision sur les terminaux
pétroliers. Et même le Conseil d’État français en 2005, dans une décision Union fédérale des
consommateurs, il écrit que l’existence de la concurrence dans le système économique est
une condition de la réalisation de l’intérêt général, elle est d’intérêt public. Donc on voit bien
à travers l’émergence et la pérennité de cette notion de facilités essentielles que même dans
les systèmes où l’idéologie dominante ne remet jamais en cause la pertinence du marché,
l’hypothèse du non droit, de la non intervention de la puissance publique, n’existe pas. La
puissance publique amène le marché à se rééquilibrer à se réorganiser dans l’intérêt
général. Contrairement à ce que pensent les néo-classiques, le marché se rééquilibre
toujours de manière instable, en protégeant toujours mieux certains intérêts.
Autre exemple, dans certains pays ont lieu des émeutes de la faim à cause de prix
ayant trop augmentés, à ce moment là, le constat est un peu le même : le marché a conduit
a une trop grande augmentation, telle qu’une partie de la population ne peut plus accéder à
des ressources de bases. A qui ces émeutes vont elles s’adresser ? Elles ne s’adressent pas
aux entreprises qui augmentent les prix mais bien à l’État qui est sommé de trouvé une
technique juridique pour régler la situation en bloquant les prix, ou en les régulant.
On peut faire raisonnablement l’hypothèse que le droit public économique, ce sont
les méthodes juridiques que l’État va utiliser pour rendre le fonctionnement du marché
politiquement et socialement acceptable.
Si l’on essaye d’appliquer cette proposition à notre histoire, sans remonter trop loin,
en restant dans la période de l’après seconde guerre mondiale, on constate que l’État, en
France, n’a jamais été absent du fonctionnement de l’économie, mais que sa présence a
varié au fil du temps en intensité. A certains moments, l’État est intervenu de façon très
dense, très prégnante dans l’économie, tandis qu’à d’autres il a pris ses distances. La période
d’intervention forte et massive c’est l’immédiat après seconde guerre mondiale, la période
de la reconstruction, il s’agit de reconstruire ce qui a été détruit par la guerre :
l’infrastructure ferroviaire, électrique, la voirie, le logement, etc. Cette période est marquée
par plusieurs difficultés, notamment des pénuries, les tickets de rationnements servant
jusqu’en 1947. Les pénuries ont aussi débouché sur une augmentation des prix empêchant
une grande partie de la population de consommer. L’un des symboles de cette période c’est
l’encadrement des prix, en particulier le prix des céréales. C’est l’époque où on crée des
institutions publiques, offices professionnels, administrant tel ou tel segment du marché.