1939 - 1945: guerre et occupation nazie
La guerre éclate, la France est occupée. Le projet d’une formation infirmière spécifique à la
psychiatrie tombe dans l’oubli. La priorité est maintenant de survivre.
Entre les murs de l’hôpital de Saint-Alban, la survie va s’organiser de manière particulière. En
effet, durant 5 années, religieuses, personnel civil et patients accueilleront, cacheront et soigneront
des maquisards blessés (par exemple suite aux combats du "Mont Mouchet") ainsi que des
clandestins fuyant les régimes Nazi, Franquiste et/ou de Vichy.
1940
6 janvier: le psychiatre François Tosquelles est invité puis accueilli à Saint-Alban. "Il militait au
POUM, un mouvement réunissant des communistes contre Staline" (J. Ayme, juin 2007). François
Tosquelles venait d’expérimenter les 3 années de la société égalitaire et communautaire qui, en
Catalogne de 1936 à 1939, remplaça la république du front populaire. Participant à la guerre civile,
il finit par fuir devant les armées nationalistes du général Franco. Réfugié Espagnol, il vient de
vivre en France la réclusion réservée aux "étrangers indésirables" dans le camp de "Septfonds",
près de Montauban.
"En tant que délégué syndical CGT, je le conseillais", se souvient Jean Ayme. "Emigré, il est arrivé
avec son accent espagnol, sa méconnaissance des lois françaises… Certains médecins étaient racistes
envers lui. Je le protégeais" (J. Ayme, juin 2007).
La situation géographique bien spécifique de Saint-Alban, situé loin des grandes villes et isolé dans
la montagne, va favoriser, au milieu des patients et du personnel, la rencontre de nombreux
clandestins, intellectuels, médecins et hommes de lettres dont les poètes Paul Eluard et Tristan
Tzara, le philosophe Georges Canguilhem...
S'opère ainsi un riche brassage intellectuel qui a pour toile de fond l'humanisation des conditions
d'hospitalisation des "aliénés" et l’apprentissage de la vie en communauté.
C'est dans cette ambiance très particulière que va s'instituer le dispositif psychiatrique voulu par
François Tosquelles. De formation psychanalytique, le psychiatre Catalan "apporte avec lui deux
ouvrages qui vont lui servir de bases de référence" (J. Ayme, 1994, p.4):
1) le livre d'Hermann Simon: "Expérience de Guttersloch" (il faut soigner
l'hôpital avant de soigner les gens);