Journée Normande de psychiatrie, Jeudi 30 mai 2013, Evreux LA PSYCHIATRIE : NOUVEAUX REGARDS, NOUVELLES FRONTIÈRES Impacts médico-économiques des troubles mentaux : quelle politique de santé ? Professeur Patrick MARTIN Hôpital Saint-Antoine, Département de Psychiatrie, Unité de Recherche, Université Pierre et Marie Curie,INSERM U677 Neuropsychopharmacologie Paris, Groupe Hospitalier Paul Guiraud / UMD, Villejuif, France Préambule • L’état de Santé des français est plutôt bon • Espérance de vie à 65 ans la plus élevée d’Europe pour les hommes comme pour les femmes • Taux de mortalité infantile à énormément baissé (3.8/1000) et se situe sous la moyenne européenne • La situation des maladies cardiovasculaires est également bonne par rapport aux autres pays • Par contre, en termes de morbidité prématurée, la situation de la France n’est pas bonne (décès liés à tabac, alcool, accidents, suicides) Prévalence sur 12 mois et nombre de sujets considérés dans l’UE eating disorders 1,1 Mio (0,9 - 1,7) 2,0 Mio (1,4 - 2,1) ill. subst. dep. 2,6 Mio (2,4 - 3,0) OCD 3,6 Mio (2,8 - 5,3 psychotic disorders 2,4 Mio (1,7 - 2,4) bipolar disorder 3,9 Mio (3,3 - 4,7) agoraphobia GAD 5,8 Mio (5,2 - 6,1) 5,2 Mio (4,3 - 5,3) panic disorder 6,6 Mio (5,4 - 9,2) social phobia 7,1 Mio (5,8 - 8,6) alcohol dependence 18.9 Mio. (12.6-21.1) somatof. disorders 18.4 Mio. (17.2-19.0) specific phobias 18.5 Mio. (14.3-18.6) major depression 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Nota : Nota : Les chiffres totalisent plus de 27% et 82 millions de sujets car certains sujets peuvent présenter plus d‘un trouble (comorbidité) Les chiffres totalisent plus de 27% et 82 millions de sujets car certains sujets peuvent présenter plus d‘un trouble (comorbidité) Mission de l’European Brain Council (EBC) Wittchen & Jacobi (2005), Neuropsychopharmacology France Prévalence par pays des pathologies du SNC dans l’UE en 2004 (%) Les observations de 2005 sont une estimation basse : L‘ampleur réelle des troubles mentaux serait encore plus grande (?) • Seule une petite partie des troubles mentaux est identifiée • Les troubles de l‘enfant et de l‘adolescent ne sont pas pris en compte (aussi important que l‘AD ?) • Les troubles du sujet âgé ne sont pas pris en compte • Les études de prévalence transversales ne couvrent pas - les prodromes et rémissions partielles - le risque à vie, sur toutes les classes d‘âge Wittchen & Jacobi. Eur Neuropsychopharmacol. 2005;15(4):357-76 European Brain Council: Size and burden of Mental Disorders in Europe 2006 Les observations de 2005 sont une estimation basse : L‘ampleur réelle des troubles mentaux serait encore plus grande (?) Wittchen & Jacobi. Eur Neuropsychopharmacol. 2005;15(4):357-76 European Brain Council: Size and burden of Mental Disorders in Europe 2006 Quelles conséquences économiques ? • Poids pour les patients (souffrance due aux symptômes, limitation du rôle social, réactions des autres, etc) • Poids pour l‘entourage (conjoint/famille, détresse, sentiment de culpabilité, vie quotidienne, charge financière, etc) • Poids pour le système de soins (émotionnel, temps, charge logistique, etc) • Société/politique sociale: (soins, charge psychosociale, structures d‘aide économique, etc) Wittchen & Jacobi. Eur Neuropsychopharmacol. 2005;15(4):357-76; European Brain Council: Size and burden of Mental Disorders in Europe 2006 Kessler & Wittchen in press: World Mental Health Survey Variation in Europe in press Quelles conséquences économiques ? • Poids pour l‘économie de la santé : • • • • Coûts directs des soins (hôpital, médicaments, médecin/personnel soignant) Coûts indirects (perte de journées de travail, perte de productivité, années de vie perdues, -The disability-adjusted life year DALY- ) Coûts sociaux (p.ex. création de structures de travail adaptées ou de lieux de vie) Autres coûts (p.ex. coûts juridiques, prisons) NB : Le poids pour l‘économie de la santé varie selon le système et le pays NB : Les estimations du fardeau dépendent du type de données (subjectives vs objectives) Wittchen & Jacobi. Eur Neuropsychopharmacol. 2005;15(4):357-76; European Brain Council: Size and burden of Mental Disorders in Europe 2006 Kessler & Wittchen in press: World Mental Health Survey Variation in Europe in press Les perspectives d'analyses médico-socio-économiques Objectif organismes payeurs Point de vue Assurance maladie Point Objectif de vue comptable gestionnaire ANALYSES MÉDICOÉCONOMIQUES Point de vue société Objectif Politique de santé La distribution des coûts de la dépression est nettement différente de celle des autres maladies traitables Dépression Diabète MCV indirect direct other directhealth care Faut-il augmenter les coûts directs (traitement et prévention) de la dépression pour réduire les coûts indirects dus au poids de l‘invalidité/incapacité ? Consommation de psychotropes France : pays n°1 en Europe pour la consommation de psychotropes (CREDES,1996) Constat observé depuis de nombreuses années - Rapport Legrain (1990) - Rapport Zarifian (1996) - Rapport Briot OPEPS (Verdoux-Begaud 2006) Réalité actuelle ? Pour qui ? Comment ? En fonction de quel diagnostic ? Usage des Psychotropes en France • Surconsommation en France, oui mais… • Quid de la durée d’hospitalisation en psychiatrie ? - Plus courte en France ? Evolution du marché des psychotropes La consommation de psychotropes en France Estimation du nombre d'usagers de médicaments psychotropes en France métropolitaine parmi les 12-75 ans Expérimentateur non disponible Occasionnels 8,9 millions dont réguliers 3,8 millions - Expérimentateurs : personnes ayant déclaré avoir consommé au moins une fois au cours de leur vie - Occasionnels : consommateurs dans l’année - Réguliers : au moins 1 usage dans la semaine pour les adultes, au moins 10 fois par mois pour les adolescents Usage des Psychotropes en France • 80% des prescriptions de psychotropes : MG – en association avec autres médicaments 80% – maladies chroniques – 43% des ordonnance avec psychotrope: au moins 2 psychotropes – sexe-ratio: F/H 2/1; âge: après 60 ans • durée de prescription? – 11,2% des assurés : psychotrope > 4mois dans l ’année – 30% <1an, 30% > 2ans, • Le cas de médecin de famille Consommation des psychotropes en France • 50% des sujets présentant un trouble psy ne reçoivent pas de traitement psychotrope ! • Surtout dans la tranche 15-34 ans • interruption précoces des traitements ATD : M 52j • 2/3 des sujets recevant des anxiolytiques n’ont pas de trouble avérés • Près 1/3 déprimé bénéficie d’un traitement approprié Consommation médicamenteuse augmente avec l’âge Facteurs classiquement associés : - Age - Sexe - Comorbidités - Consommation de psychotropes // polymédication Consommation par âge et sexe Fréquence de l’expérimentation précoce des psychotropes (enquête ESCAPAD) : • • • 35,5 % des filles à 17 ans en 2003 14,3% des garçons à 17 ans en 2003 Consommation hors prescription médicale+++ Structures de soins : coût journalier • Services CHU • Secteurs • UMD • USIP • Ambulatoire Structures de soins : coût journalier Durée d’hospitalisation _____________________________............................ Coût ? Durée d’hospitalisation : 9 mois ambulatoire 3 mois ___________________________________________ Coût ? Durée d’hospitalisation : 1 an Usage des Psychotropes en France AUTOMÉDICATION : OUTILS DE MAÎTRISE ? • OUI : pour la Sécurité Sociale — si consultation — si remboursement • PEUT-ÊTRE : en coût global pour la nation, sauf si on consulte après • NON : si dégradation de l'état de santé L’Europe et les États-Unis : comparaison des dépenses publiques pour la recherche sur le cerveau (2005) Ventilation des dépenses pour les maladies cérébrales en Europe (2005) Chambardement imprévu! • • • Les affaires « Médicamentor » - du mésusage …….. Retrait de plusieurs substances « encombrantes » - Spécialités à base de méprobamate (mépronizine, équanil) • Nombreux patients concernés par le mésusage • Dépendance à prendre en charge? - Transfert ? Comment diminuer le mésusage ? - Prises en charge non médicamenteuses - Accès limité : inégalités sociales • Contrat thérapeutique • Meilleure connaissance des médicaments par le public (et aussi par les professionnels de santé) Enfin, peut on penser que la prescription doit s’adapter au patient et non l’inverse !