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1) Introduction
Ce nouveau numéro des « Repères éthiques » constitue le troisième et dernier volet de nos travaux
consacrés à la mise en œuvre d’une démarche éthique au sein des institutions sociales et médico-
sociales.
Lors du premier volet1, nous avions étudié la forme que pouvait prendre l’intentionnalité éthique ;
montrant avec Paul Ricœur2 qu’il s’agissait finalement de la visée d’une vie bonne, avec et pour les
autres, dans des institutions justes.
Cette définition nous a permis, au sein d’un deuxième volet3, d’exposer plusieurs fondements
théoriques concernant cette visée. Outre les racines philosophiques de certaines valeurs
fondamentales (telles que la liberté, la dignité ou encore la justice), nous avions cherché à montrer
que la réflexion éthique était un champ polymorphe, s’appuyant sur un ensemble de pensées
composites et complémentaires. L’alliance de la téléologie et de la déontologie en a été un exemple,
tout comme celle de l’éthique de conviction et de responsabilité.
Le présent écrit cherche à articuler la visée et la théorie pour proposer un outil concret à même de
s’inscrire dans la réalité du quotidien institutionnel.
Le « support à la mise en œuvre d’une démarche de concertation éthique », qui sera présenté en
infra, a donc pour objectif de favoriser le déploiement d’une intention et d’une base théorique dans
et par la pratique elle-même. En cela, il représente un « outil ostiaire »4, puisqu’il n’a d’autre
vocation que de rendre possible l’entrée dans un espace de concertation des différents acteurs
(professionnels ou non) du monde institutionnel.
Afin de montrer l’articulation de cet outil avec les dispositifs institutionnels, nous présenterons en
premier lieu quelques considérations étymologiques venant préciser l’esprit de recherche dans
lequel il s’inscrit.
Ces considérations seront suivies par une étude de différents enjeux institutionnels, notamment les
questions du rôle, de la fonction et du statut au sein d’un échange interdisciplinaire. Ces dernières
permettront d’aborder la dimension de péril inhérente à une certaine agentivité liée au modèle
hiérarchique classiquement instauré dans les institutions.
Ces enjeux ouvriront la possibilité d’étudier quelques défis institutionnels propres à la mise en place
d’une démarche de concertation éthique. L’inclusion des représentants légaux et des usagers
constituera un axe de réflexion important, tout comme la question de la temporalité au sein du
dispositif institutionnel et des risques de dérives que cet outil cherche à contrebalancer.
En dernier lieu, la mise en place pratique de l’outil sera abordée, avec notamment la mise à
disposition de son algorithme et de son support.
Une conclusion viendra enfin résumer le propos et l’inscrire dans des perspectives plus vastes.
1Bemben, L., L’intention éthique en institution médico-sociale, Repères éthiques de Psymas, Oct-nov-déc. 2015.
2Ricœur, P., Soi-même comme un autre, Paris : Le Seuil, 1990.
3Bemben, L., Kalis, C., Rozenberg, J., L’établissement d’une démarche éthique en institution sociale et médico-
sociale : fondements théoriques, Repères éthiques de Psymas, Avril-mai-juin 2016.
4Le terme « ostiaire », d’origine ecclésiastique, provient du latin « ostiarius » (ouverture, embouchure). Il prend
ici le sens de « portier », c'est-à-dire d’outil ou de dispositif permettant l’entrée vers un espace spécifique.