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La grammaire casuelle 2
(1g) Fred a quitté la maison.
Il en est de même des NOMINATIFS SUBJECTIFS des phrases
(2a) L’étudiant a été frappé par le policier.
(2b) L’étudiant a chatouillé le policier.
(2c) Personne ne connaissait la vérité.
(2d) Ce paquet contenait huit livres.
(2e) Mon dentiste a souffert horriblement.
(2f) Jean a reçu un cadeau de Marie.
(2g) La vérité n’était connue de personne.
En (1) comme en (2) les syntagmes nominaux s’inscrivent dans toute une gamme de rôles, dont
certains sont traditionnellement distingués par des sous-types de sujet et d’objet, ‘objet
résultatif. ‘objet indirect. etc. S’il est facile de voir en quoi ces différents ‘sujets’ se distinguent,
il l’est beaucoup moins de voir ce qu’ils ont sémantiquement en commun.
2. La théorie d’Aspects et les relations casuelles
On aurait pu penser que le développement de la grammaire générative, en particulier
avec la distinction entre structure profonde et structure de surface, conduirait, sinon à des
descriptions plus naturelles, au moins à une description des conditions déterminant la
neutralisation des rôles qui est typique des sujets et des objets. Mais il n’en a pas été ainsi. Le
système mis au point au début des années 60, qui a culminé avec la théorie de Aspects en 1965,
a reporté la plurivalence associée aux sujets et objets de surface sur leurs équivalents profonds.
Des transformations comme le passif redistribuent simplement les SN sans augmenter ni
diminuer leurs plurivalences. Et il n’y a rien là de surprenant: la transformation passive a été
conçue comme ayant une motivation purement syntaxique. Ce qui reste mystérieux, c’est ce en
quoi consiste exactement cette raison d’être. Nous reviendrons en 4 sur certaines des tentatives
plus récentes pour justifier la structure profonde de la théorie de Aspects et la transformation
passive. Voyons plutôt ici comment Aspects définit les relations casuelles, ou fonctions
grammaticales sous-jacentes (profondes).
Au début du chapitre II, CHOMSKY présente trois types d’informations que, dit-il, une
grammaire traditionnelle pourrait fournir sur une phrase comme
(3) La sincérité peut effrayer le garçon.
Il s’agit (a) d’une catégorisation ou analyse en constituants, (b) d’une description des fonctions,
et (c) d’une sous-catégorisation ou analyse componentielle des mots. CHOMSKY montre ensuite
comment une grammaire générative peut et doit présenter ces trois types d’informations. Mais
cet exposé de CHOMSKY est quelque peu trompeur cependant, en particulier en ce qui concerne
l’information fonctionnelle, qui est ce qui nous intéresse ici. En effet les descriptions
fonctionnelles fournies par les grammaires ‘traditionnelles’ concernent ce qui serait pour
CHOMSKY la structure de surface (ou un niveau proche de la surface). Ainsi dans
(4) Le garçon peut être effrayé par la sincérité.