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- La qualification : nous assistons aujourd’hui à un large développement des formations
en alternance. La littérature sur le sujet, ainsi que les nombreuses expériences de
terrain, reconnaissent l’importance de la période en entreprise. L’alternance constitue
le mode le plus développé de tutorat de qualification. Ce dernier se caractérise par
l’objectif explicitement qualifiant de la personne dont le tuteur a la charge, celle-ci est
entrée dans un processus de qualification reconnue, prépare un diplôme ou se prépare
à un poste précis dans l’organisation (Gérard, 1997).
- L’insertion : le tutorat d’insertion recouvre les situations de formation non qualifiantes
dans lesquelles se trouve le tutoré (Gérard, 1997). Pour l’essentiel, « ces dispositifs
sont mis en place à l’intention de publics menacés et désignés comme « prioritaires »
dans l’action des pouvoirs publics, jeunes « sortis sans qualification du système
éducatif », chômeurs, etc. […] on constate que plus encore que le tutorat, c’est
l’immersion en situation de travail qui constitue la pièce essentiel de ces dispositifs »
(Barbier, 1996 : 15). L’objectif principal est le développement de l’employabilité des
individus concernés. Le tuteur est un acteur privilégié susceptible de soutenir ces
individus dans leur construction identitaire professionnelle.
- L’adaptation : les organisations qui doivent faire face à des évolutions technologiques
et organisationnelles, cherchent à adapter les compétences de leurs salariés par la mise
en place du tutorat. Le tuteur « tend alors à intervenir à la fois comme modèle
professionnel facilitant le développement et le transfert de compétences en situation de
travail réelle, et comme agent d’intégration dans l’entreprise » (Geslin, Liétard,
1993 : 122).
- Le transfert : le tuteur est l’artisan d’une démarche visant à transférer des compétences
en situation de travail (Bartoli, 1997). Les publics concernés sont des populations dont
l’activité joue un rôle stratégique dans l’organisation. Par la mise en place du tutorat,
l’entreprise veut conserver les compétences clés qui composent sa mémoire collective.
- La mobilité : l’organisation souhaite alors accompagner les parcours professionnels,
en préparant les salariés concernés aux exigences des fonctions qu’ils vont ou qu’ils
viennent d’intégrer (Wittorski, 1996).
- L’intégration, que nous allons analyser dans les paragraphes suivants.
Le tutorat n’est pas une réalité nouvelle, il existe dans la continuité d’outils anciens, tels que
le compagnonnage et l’apprentissage, et ne rompt pas avec eux. L’accompagnement et la
relation d’aide renvoient à une multiplicité d’appellations (tuteur, parrain, référent, maître
d’apprentissage, moniteur…) qui implique des conceptions et des approches différentes,
comme l’ont évoqué les professionnels rencontrés lors des différents entretiens :
« on dit tuteur, parrain, maître d’apprentissage, peu importe pour moi le processus
est le même » (Organisation A).
« le tuteur, c’est plus dans le sens de parrainage, parrain, je te suis dans l’entreprise,
je vais te transmettre les connaissances que j’ai, mais, pour moi, le tuteur, c’est pas le
supérieur hiérarchique » (Organisation F).
Le tutorat peut être compris comme l’une des modalités formatives qui existe dès lors que la
situation de travail est organisée afin de faciliter l’apprentissage progressif du métier dans le
cadre d’une relation individualisée et formalisée. Il constitue un élément majeur de
socialisation, de transmission des valeurs, d’appropriation des savoir-faire opérationnels et de
développement des compétences (« la richesse de l’entreprise, ce sont ses hommes, ce sont