TUNISIE
Cinq ans après la révolution, les performances économiques de la Tunisie laissent encore à
désirer, avec une croissance trop faible pour avoir une incidence significative sur le chômage, la
pauvreté et les inégalités dans un contexte de creusement du déficit budgétaire et du déficit de
la balance des opérations courantes. L’appel lancé récemment par le président tunisien pour un
gouvernement d’union a été bien accueilli par la plupart des partis politiques et la société civile
et a été suivi de la formation d’un nouveau gouvernement à la fin août 2016. Cette initiative a
pour but de soulager les goulets d’étranglement politiques et de donner une impulsion à des
réformes plus que nécessaires pour renforcer la sécurité, améliorer l’environnement économique
et relancer la croissance.
Développements récents
L’économie tunisienne a nettement ralenti en 2015 : la croissance a atteint un petit 0,8 % (contre
2,3 % tant en 2013 qu’en 2014), avec des baisses notables de la production, de l’exploitation
minière (secteurs du pétrole, du gaz et des phosphates) et du tourisme après deux attaques
terroristes visant des touristes. Les données pour la première moitié de l’année 2016 indiquent
une modeste amélioration des conditions économiques. L’économie a progressé aux 1er et 2e
trimestres 2016 pour atteindre, respectivement 1,0 et 1,4 % (d’une année sur l’autre). Cette
légère accélération de la croissance reflète une amélioration des performances dans les
industries manufacturières et les secteurs non marchands, qui ont progressé de 2,0 % et 3,3 %
(d’une année sur l’autre) au 1er semestre 2016 alors que les secteurs de l’agriculture et de la
pêche et les industries non manufacturières ont reculé de 2,8 % et 0,8 % et la valeur ajoutée dans
les services marchands n’a pas évolué. Fait important, les importations de machines et
d’équipements ainsi que les produits bruts ont augmenté de 10 %, alors qu’une amélioration de
l’environnement sur le plan de la sécurité est venue conforter le moral des investisseurs.
Malgré cette amélioration, un certain nombre d’indicateurs font penser que la reprise
économique sera encore fragile et modeste en 2016. La production industrielle a chuté de 0,3 %
au 1er semestre 2016, dans le sillage de baisses de production dans l’agro-alimentaire, l’énergie
et les industries du caoutchouc et des matières plastiques. De plus, les arrivées de touristes ont
chuté de 25 % au cours de la première moitié de 2016. Le déficit commercial substantiel, combiné
avec la détérioration des comptes de capitaux et des comptes financiers, érode le tampon des
réserves de change du pays et conduisent à une dépréciation du dinar tunisien. En juin 2016, les
réserves de change étaient estimées à 6,5 milliards de dollars US, soit à peine 3,5 mois
d’importations.
Le taux de chômage reste élevé, à 15,4 %, en particulier pour les femmes (22,6 %), les diplômés
de l’université (31, 2 %) et les jeunes (31,8 %), tandis que l’inflation est maîtrisée (4 %) en raison
d’une politique monétaire encore prudente.
Le président tunisien a récemment proposé la formation d’un gouvernement d’union nationale
pour faire face aux problèmes de sécurité et aux défis économiques et sociaux auxquels la Tunisie