BURKINA FASO
2016
www.africaneconomicoutlook.org
Tankien DAYO / t.dayo@afdb.org
Facinet SYLLA / f.c.sylla@afdb.org
Amata Sangho DIABATE / amata.diabate@undp.org
Hervé Marie Patrice KOURAOGO / herve.kouraogo@undp.org
Burkina Faso
Burkina Faso
2Perspectives économiques en Afrique © BAfD, OCDE, PNUD 2016
BURKINA FASO
• Unecroissanced’aumoins5%estattendueen2016,puisde5.9%en2017,grâceàla
reprisedusous-secteurminieretauretouràdesinstitutionsdémocratiques.
• Lerenforcementdudispositifsécuritaireenvuedefairefaceauxmenacesdjihadistes
demeureundémajeurpourlarepriseéconomique,particulièrementaprèsl’attaque
terroristedejanvier2016.
• L’urbanisationsestaccéléréeaucoursdesdixdernièresannéesetpourraitatteindre
35%en2026,alorsquelesvillesrestentinsufsammentdotéespourassurerleur
gestiondurable.
Vue densemble
Les perspectives économiques en 2016 sont favorables avec une croissance de 5.0 %, contre
4.8 % en 2015, grâce au retour à des institutions démocratiques issues des élections de 2015
et à la reprise des activités de production dans le sous-secteur de l’extraction. Les pressions
inflationnistes devraient rester modérées, autour de 2 % en 2016 et 2017, conséquence d’une
bonne campagne agricole et des faibles cours du pétrole sur le marché international.
Ce taux de croissance reste loin du dynamisme économique de la période 2010 à 2013, lorsqu’il
dépassait largement 6 % de moyenne annuelle. L’activité économique a été affectée par une série
de facteurs défavorables datant de 2014, qui ont persisté tout au long de lannée 2015. On peut
notamment citer le contexte de transition politique après l’insurrection populaire d’octobre 2014,
la baisse des cours de l’or et du coton et la montée des dépenses sécuritaires au cours du dernier
trimestre de l’année (ces deux derniers facteurs étant susceptibles de se maintenir en 2016).
Les perspectives économiques restent également subordonnées à la capacité des nouvelles
autorités démocratiquement élues à promouvoir un environnement politique apaisé pour garantir
la stabilité des institutions. Le renforcement du dispositif sécuritaire en vue de faire face aux
menaces djihadistes, reste également un défi majeur, particulièrement après l’attaque terroriste
de janvier 2016. Malgré la baisse du taux de pauvreté, passé de 46.7 % en 2009 à 40.1 % en 2014,
la situation sociale reste préoccupante, notamment avec des inégalités marquées. La pauvreté
apparaît ainsi comme une source de fragilité potentielle. En outre, le chômage et le sous-emploi
des jeunes et des femmes en milieu urbain constituent une préoccupation de plus en plus grande.
Le Burkina Faso est l’un des pays les moins urbanis au monde. Toutefois, la concentration
des populations dans les villes s’est accélérée au cours des dix dernières années. De 22.7 %
en 2014, on estime que le taux d’urbanisation pourrait atteindre 35 % en 2026. Les faiblesses
enregistes dans la gouvernance urbaine ont entrainé une prolifération des quartiers d’habitat
spontané. Le pays fait donc face à un défi économique, écologique et infrastructurel. En outre, le
régime dualiste de gestion de la terre tend à constituer une véritable menace pour la politique
globale de développement du pays. Alors que les villes sont insuffisamment dotées pour assurer
leur gestion durable, l’économie des agglomérations secondaires est dominée essentiellement par
le secteur primaire, ce qui constitue une contrainte à une véritable transformation des villes en
pôles de développement durable.
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32 Perspectives économiques en Afrique
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Graphique 1. TauxdecroissanceduPIBréel
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2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015(e) 2016(p)2017(p)
Taux de croissance du PIB réel (%) Afrique de l'Ouest Afrique (%)
%
Source: BAfD, Département Statistique PEA. Estimations (e) ; prévisions (p).
Tableau 1. Indicateursmacroéconomiques
2014 2015(e) 2016(p) 2017(p)
Croissance du PIB réel 5.0 4.8 5.0 5.9
Croissance du PIB réel par habitant 2.1 1.8 2.1 3.0
Inflation -0.3 0.8 2.0 1.9
Solde budtaire (% PIB) -1.8 -2.5 -3.1 -3.7
Compte courant (% PIB) -6.1 -4.5 -5.3 -6.9
Source : Dones des administrations nationales; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prévisions (p).
Développements récents et perspectives
La performance économique de 2015 résulte de la vigueur de tous les secteurs économiques :
primaire, secondaire et tertiaire. Les cinq principaux sous-secteurs de l’économie demeurent :
l’agriculture (17.4 % du PIB), le commerce (14.9 % du PIB), l’extraction (11.3 % du PIB), l’élevage
(10.6 % du PIB) et la construction (9.6 %).
Le secteur primaire a enregistré une croissance de 3 % en 2015 contre 2 % en 2014. La
croissance agricole a été portée par la production céréalière qui a augmenté de 3 % par rapport
aux résultats de la campagne précédente. Cette bonne performance a été facilitée par la mise à
disposition des producteurs de 4 242 tonnes de semences améliorées, d’intrants, d’équipements
agricoles ainsi que de l’appui conseil et la vulgarisation des techniques axées sur les variétés à
cycle court. Toutefois, le coton qui constitue la principale culture de rente, a quasiment stag
en 2015. Sa production s’est ainsi établie à 714 000 tonnes en 2015, soit une hausse de seulement
0.8 % comparativement à la production de l’année précédente. Quant au sous-secteur de l’élevage,
il a enregistré une croissance de 3 % en 2015 contre 2.7 % en 2014. Ce dynamisme s’explique par
les actions d’amélioration de la sécurité alimentaire du bétail et les campagnes de lutte contre les
pathologies animales telles que la grippe aviaire survenue au cours de l’année 2015.
Le secteur secondaire a enregistré une croissance ralentie à 3.4 % en 2015, soit près de la
moitié de la performance atteinte en 2014, 6.2 %. Ce secteur reste dominé par l’égrenage du coton
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et l’extraction d’or et de manganèse, qui ont continué à absorber les chocs liés à la baisse des
cours de ces matières premières sur le marché international. Si le sous-secteur de l’égrenage de
coton a pu enregistrer une croissance de 6.1 % en 2015, celui de l’extraction a quasiment stagné.
Celui-ci a particulièrement souffert de la transition politique, avec notamment l’interruption par
les pouvoirs publics de la production de la mine de manganèse de Tambao mais également sous
l’effet des mouvements sociaux et de revendications qui ont entrainé la destruction d’outils de
production dans les mines de Bissa Gold et de True Gold. Sa croissance s’est ainsi établie à 0.8 %
en 2015. Les perspectives économiques sont favorables à une reprise des activités dans le secteur
minier grâce notamment à la reprise de la production du manganèse de Tambao et l’entrée en
production de deux nouvelles mines d’or.
Le secteur tertiaire demeure globalement dynamique avec une croissance de 5 %, soit le même
niveau quen 2014. Il serait stimulé par les sous-secteurs du commerce, des télécommunications
et des services financiers. Les branches du transport, du tourisme et de l’hôtellerie ayant de leur
côté été négativement impactées par les soubresauts sociopolitiques enregistrés entre octobre
2014 et septembre 2015 (insurrection populaire, tentative de coup d’État).
Du côté de la demande, la croissance du PIB réel en 2015 a été stimulée par la consommation
grâce notamment la consommation publique qui a enregistré un accroissement de 13.8 % en
2015, du fait de la poursuite des mesures sociales, la mise en place des organes de la transition et
l’organisation des élections présidentielle et législative.
Compte tenu du contexte de transition politique, l’investissement a contribué faiblement à
la croissance, 0.4 point du PIB en 2015 contre 0.6 point l’année précédente. La formation brute
de capital fixe des secteurs public et privé a enregistré un accroissement respectif de 6.6 % et
0.9 %. La croissance des investissements publics est liée à l’appui des partenaires techniques et
financiers au cours de l’année 2015 (infrastructures dans le cadre de la commémoration de la fête
de l’indépendance, construction de barrages et de routes, investissements réalis dans le cadre
du programme socioéconomique d’urgence, etc.).
Les échanges extérieurs ont contribué négativement au PIB, de 4 points en 2015, après une
contribution positive de 0.9 points en 2014. Cette contribution négative est justifiée par la forte
poussée des importations de biens et services qui enregistrent un accroissement de 7.6 %,
notamment pour les biens d’équipement et les denrées alimentaires.
Les perspectives économiques 2016/17 sont favorables avec une croissance forte de 5.0 % en
2016, puis attendue à 5.9 % en 2017, grâce au retour à des institutions démocratiques et à la reprise
des activités dans le sous-secteur de l’extraction. Les pressions inflationnistes devraient rester
modérées après la bonne campagne agricole de 2015 et du fait des faible cours du baril de pétrole sur
le marché international. Tout comme en 2015, l’inflation devrait demeurer en dessous de la norme
communautaire de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) de 3 % maximum
au cours de la période 2016 à 2017. Les principaux facteurs de vulnérabilité économique résident
toujours dans les fluctuations défavorables des cours de l’or, du coton et du pétrole sur le marché
international. Les perspectives économiques restent également subordonnées à la capacité des
nouvelles autorités démocratiquement élues à promouvoir un environnement politique apai
pour garantir la stabilité des institutions. Le renforcement du dispositif sécuritaire pour contenir
les menaces djihadistes constitue aussi un défi majeur pour les années à venir.
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Tableau 2. PIBparsecteur(enpourcentageduPIB)
2010 2015
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 35.5 34.0
Dont pêche 0.3 0.2
Activités extractives 7.1 11.3
Dont extraction de pétrole brut et de gaz naturel
Activités de fabrication 7.5 4.4
Production et distribution d'électricité, de gaz et d'eau 0.8 0.8
Construction 5.1 9.6
Commerce de gros et de détail; réparation de véhicules
automobiles et hôtels et restaurants 15.4 14.9
Dont hôtels et restaurants
Transports, entreposage et communications 4.3 3.4
Intermédiation financière, immobilier, locations et activités de
services aux entreprises 4.4 6.0
Administration publique et défense; sécurité sociale
obligatoire 16.8 20.7
Autres services 2.1 2.3
Produit intérieur brut aux prix de base / au ct des facteurs 100.0 100.0
Source : Données des administrations nationales.
Politique macrconomique
Politiquebudgétaire
La politique budgétaire ae sur les priorités de la Stratégie de croissance accélérée et de
développement durable (SCADD) a été affectée en 2015 par la crise politique, les dépenses
sécuritaires et par l’environnement économique défavorable (baisse des cours de l’or et du coton).
En plus des priorités de la SCADD, la politique budgétaire a été contrainte par l’organisation des
élections présidentielle et législative ainsi que le renforcement de la sécurité intérieure et de la
défense nationale.
Les finances publiques sont restées tendues tout au long de lannée en raison des déséquilibres
budgétaires amorcés depuis 2014 et des résultats insufsants des actions entreprises en 2015
pour accroître les recettes budgétaires. Ces actions portaient sur le recensement des entreprises
afin d’élargir la base d’imposition, la mise en place de systèmes de suivi satellitaire et l’utilisation
de scanners aux fins d’optimiser les recettes douanières. Mais en raison de la contre-performance
des entreprises en 2014 et de la stagnation des recettes minières, les ressources fiscales devraient
se stabiliser au même niveau quen 2014, soit 15.2 % du PIB. Cette tendance devrait se poursuivre
au cours des années 2016 et 2017.
Afin d’assurer la maîtrise des dépenses, les pouvoirs publics ont réduit leur fonctionnement
courant ainsi qu’une partie des dépenses d’investissement. Toutefois, une légère hausse des
dépenses courantes, passées de 14.4 % du PIB en 2014 à 14.5 % en 2015, est liée à l’organisation
des élections présidentielle et législatives et à l’augmentation des dépenses sécuritaires suite à la
tentative de coup d’État et pour faire face aux attaques terroristes. Les dépenses d’investissement
public demeurent globalement faibles, 10.1 % du PIB, soit une augmentation d’un point par rapport
à 2014. Elles devraient connaître une légère progression pour s’établir à 10.3 % en 2016 et 10.9 %
en 2017.
De façon générale, malgré le contexte difficile, les finances publiques sont stables en 2015.
Le déficit budgétaire global, couvert par les tirages du Fonds monétaire international (FMI), les
prêts programmes de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) et
les emprunts obligataires sur le marché financier régional de l’UEMOA, est resté globalement
modéré, à 2.5 % du PIB contre 1.8 % en 2014. Au cours des deux années à venir, ce déficit devrait
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