Partie II. Deux approches pour identifier les besoins en information environnementale des PME / PMI
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Chapitre A. Hypothèses et questions de recherche
1. Hypothèse 1 : le postulat d'information parfaite ne peut s'appliquer à
l'intégration de l'environnement par les PME / PMI
La théorie néo-classique et les modalités de régulation traditionnelles qui en sont issues, sont
fondées sur les trois principes suivants :
- L'entreprise est assimilée à une boîte noire qui transforme des flux d'entrée
(finances, matières premières, travail, etc.) en flux de sortie (produits et services,
matières secondaires, effluents industriels, etc.). Son organisation interne est
ignorée.
- Chaque agent économique cherche à maximiser son profit individuel, c'est à dire la
différence entre les ventes de produits et ses achats. C'est la "main invisible" du
marché qui maximise l'intérêt général.
- Chaque agent économique se trouve en situation d'information parfaite à propos des
valeurs présentes et futures de tous les paramètres dont dépend sa décision
[GIRAUD 98].
Chacun de ces principes a été remis en cause par de nombreux économistes contemporains.
Par exemple, l'approche micro-économique s'intéresse à l'organisation interne des entreprises ;
l'introduction des notions d'externalité, allocation de biens communs et de monopole naturel
mettent en défaut les capacités du marché à maximiser seul l'intérêt général. Nous avons
présenté, au paragraphe I.A.2, les théories qui remettent en cause le postulat de rationalité
parfaite. Il est cependant notable que la plupart des modalités de régulation des externalités
environnementales, présentées au paragraphe I.B.2, reposent, de façon plus ou moins explicite
sur cette hypothèse :
- Pour l'approche réglementaire, "nul n'est censé ignorer la loi" : on ne peut évoquer
l'ignorance pour sa défense, même si dans la réalité, la non-conformité est souvent
due à l'ignorance de la loi.
- Pour que les instruments économiques soient efficaces et engendrent une
modification des comportements des entreprises et une diminution de leurs impacts,
il faut que les entreprises identifient les coûts liés aux taxes, les flux polluants
auxquels elles sont associées et les possibilités (techniques et organisationnelles) de
réduction de ces flux. Cela peut générer une contradiction au niveau de l'Etat : s'il
diffuse l'information pour favoriser l'efficacité de la fiscalité par rapport à ses
objectifs affichés (réduire l'impact environnemental jusqu'à un seuil
économiquement optimal), cela réduit ses recettes fiscales. Si cette politique de
diffusion d'information n'est pas effectuée, l'efficacité de la fiscalité par rapport à ses
objectifs affichés sera moindre, mais la recette fiscale sera plus élevée
[BRODHAG 01].
- Pour la réussite de l'approche contractuelle, il faut que les entreprises soient
informées des programmes volontaires auxquels elles peuvent adhérer, de leurs
avantages et inconvénients et des moyens à mettre en œuvre pour les appliquer.
- Pour la coordination par les réseaux, nous avons déjà souligné qu'une de ses limites
est qu'elle ne concerne que les entreprises qui décident d'intégrer un réseau, ce qui
présuppose la connaissance préalable de son existence.
Notre revue bibliographique chapitre I.C et des entretiens avec des experts de terrain a mis en
évidence des difficultés d'accès à l'information environnementale particulièrement marquées
pour les PME. En effet, les deux raisons qui amènent les économistes contemporains à
remettre en cause le postulat de rationalité parfaite (capacités limitées de l'individu à traiter