Juifs de Bischheim et Strasbourg
Communauté israélite de Bischheim
Les origines
Bischheim am Saum appartient à l'Evêché de Strasbourg jusqu'en 1411, année où le village
est donné en fief à la famille Boecklin von Boecklinsau. La communauté israélite de Bischheim
voit le jour au lendemain du massacre de la Saint Valentin (14 février 1349) et s'accroît
sensiblement à la suite du bannissement des Juifs de Strasbourg en 1389. Plusieurs familles
trouvent en effet refuge dans ce village périphérique : l'emplacement leur permet de vaquer à
leurs affaires à Strasbourg pendant la journée et de regagner leur domicile à la sonnerie du «
Judenblos » (la « trompe des Juifs ») qui, du haut de la cathédrale, leur intime alors l'ordre de
quitter la ville.
Sous la protection de la noblesse : l'essor
Pendant des siècles, les Juifs de Bischheim vivent sous la protection des Boecklin von
Boecklinsau, puis du Directoire de la Noblesse de Basse Alsace, auxquels ils paient leurs
impôts en échange du droit de résidence. Leur nombre augmente rapidement au 18ème siècle
: on dénombre 22 familles en 1744 et 79 en 1784 (pour 473 individus). L'année 1836 voit une
communauté record de 826 membres pour une population totale de 2718 habitants.
La communauté juive de Bischheim restera longtemps la plus importante de la Basse Alsace.
Outre à sa taille, elle doit son renom aux figures marquantes qui y ont résidé.
L'école juive
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Revenons au début du 19ème siècle... L'action de Cerf-Berr se perpétue dans l'école primaire
israélite créée en 1830. Celle-ci comptera jusqu'à une centaine d'élèves et devra déménager
plusieurs fois en raison de la vétusté et de l'humidité de ses bâtiments. Au terme de pénibles
démarches, la communauté réussit en 1848 à faire construire une nouvelle école dans la cour
de la synagogue, rue des Abeilles, qui sera détruite avec la synagogue par le bombardement
du 27 mai 1944. Aujourd'hui, l'enseignement religieux est prodigué dans le cadre de la Talmud
Torah de Bischheim.
La synagogue
Construite en remplacement de la maison de prière fondée par Cerf-Berr vers 1760, la
première synagogue est inaugurée le 24 août 1838. La nouvelle synagogue, inaugurée en
1959, remplacera celle que les nazis ont détruite pendant la seconde guerre mondiale.
Le cimetière
En 1797, un cimetière est acquis par quelques habitants juifs. L'histoire n'étant souvent que
répétition, des actes de vandalisme y sont commis dès 1839 : poteaux arrachés, stèles
brisées, ce qui incitera la communauté à entourer le cimetière d'une clôture de protection.
Quelques années plus tard, le cimetière s'agrandit par l'acquisition d'une parcelle contiguë.
Déclin et renouveau
Au cours du 19ème siècle, l'importance de la communauté juive de Bischheim diminue
considérablement. En 1900, on ne dénombre plus que 298 personnes de confession israélite.
A la veille de la seconde guerre mondiale, la communauté (même en y incluant les Juifs de
Schiltigheim) ne compte plus que 149 membres, dont 25 seront victimes du nazisme.
Grâce aux efforts conjugués de ses rabbins et de ses présidents, grâce à la fidélité d'un noyau
actif des « aldi Bischemer », la communauté se reconstitue depuis peu à peu. Après 1962, des
familles originaires d'Afrique du Nord viendront s'installer à Bischheim, attirées par la
perspective de mener une vie respectant les traditions juives aux portes de Strasbourg.
La communauté israélite de Bischheim-Schiltigheim-Hoenheim compte aujourd'hui 300 âmes.
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Parcours du judaïsme à Bischheim
Une plaquette vient d'être réalisée, qui présente en un seul document tous les lieux ayant
marqué l'histoire de la communauté juive de Bischheim, et vous permet de les découvrir au fil
d'un parcours guidé à travers les rues de la ville.
Vous trouverez cette plaquette à la Cour des Boecklin ou en téléchargement ci-dessous :
 Plaquette Parcours du judaisme
Communauté israélite de Strasbourg
De l'imposition à l'exclusion
La communauté israélite de Strasbourg se développe à partir du 12ème siècle. Habitant un
quartier spécial de la ville, ses membres travaillent dans le commerce ou l'artisanat.
Considérés par les empereurs comme leur propriété, les Juifs doivent alors s'acquitter d'un
impôt et deviennent une source de revenus dont on dispose à l'envi. Cette manne financière
finit par susciter des jalousies et débouche même sur un conflit ouvert entre l'Evêché et la
Municipalité de Strasbourg (bataille de Hausbergen en 1262).
Avec la montée en puissance des corporations, les Juifs sont peu à peu exclus des professions
commerciales et artisanales et, pour faire face aux taxes toujours croissantes et nourrir leur
famille, se rabattent sur les seuls métiers qu'ils ont encore le droit d'exercer : bouchers,
colporteurs, fripiers, boulangers, vanniers, tailleurs, coiffeurs, marchands de chevaux, prêteurs
d'argent (l'Eglise catholique interdit alors le commerce de l'argent à ses fidèles).
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Le massacre de la Saint Valentin
En 1349, alors que la Peste Noire s'abat sur l'Europe, les Strasbourgeois accusent les Juifs
d'avoir empoisonné les puits et réclament leur expulsion ou leur extermination... Ce sera chose
faite le 14 février 1349 : après avoir encerclé le quartier juif de la ville, une foule d'émeutiers
traîne les membres de la communauté israélite jusqu'au cimetière juif, où la plupart (entre 1 et
2 milliers de personnes) sont brûlés vifs sur un immense bûcher. Seuls survivront quelques
enfants et des adultes ayant abjuré leur foi.
Si l'empoisonnement des puits est souvent cité comme la cause première de ce massacre, il
est néanmoins probable que l'appropriation des biens israélites par la population
strasbourgeoise et l'annulation des dettes contractées auprès des prêteurs d'argent juifs ont
joué un rôle moteur dans cette histoire.
Bannissement
Suite logique : en 1389 est promulgué un édit de bannissement interdisant aux Juifs de
demeurer à Strasbourg. Cet édit restera en vigueur pendant 400 ans. Expulsés de la ville, les
Juifs s'installent dans les villages avoisinants (Bischheim, Lingolsheim, Wolfisheim...), dont les
communautés israélites seront dès lors parmi les plus importantes de la région.
A noter : les Strasbourgeois trouveront parmi les biens abandonnés par les Juifs dans leur
départ précipité un « schofar » (instrument à vent fabriqué avec une corne de bélier et utilisé
dans le rituel israélite depuis l'Antiquité). Ignorants de l'usage rituel de cette trompe, ils
accuseront les Juifs de l'avoir fabriquée afin de prévenir les ennemis de la ville du moment le
plus opportun pour une attaque... Dès lors, chaque soir à la fermeture des portes de la ville, le
veilleur de la cathédrale sonnera cette trompe pour inviter les Juifs à quitter la cité. Il en fera de
même à minuit, pour rappeler aux Strasbourgeois la prétendue trahison des Juifs... et cela
jusqu'en 1790.
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