II. Le sevrage tabagique en médecine générale
1. Rôle et action du médecin généraliste dans le sevrage tabagique
Le médecin généraliste est au centre du parcours de soin, il a un rôle primordial dans la prise en
charge globale des patients et doit tenir compte de chaque facteur de risque pour sa santé. Le
tabagisme, facteur de risque cardio-vasculaire majeur, est présent chez une grande, trop grande
partie de la patientèle, et constitue donc un axe majeur dans la prise en charge dite globale du
patient.
Après des stages ambulatoires en niveau 1 et niveau 2, je réalise à quel point cette prise en
charge est complexe. C’est un travail de longue haleine, qui s’inscrit dans la durée.
Malheureusement, il est rare que le patient se présente en consultation avec pour motif la volonté
de se sevrer en tabac. Il a souvent d’autres motifs de consultation, et c’est au médecin généraliste
d’être en permanence attentif au statut tabagique du patient, et d’essayer, si le temps le lui permet,
d’introduire le sujet du tabac dans la consultation.
Mes stages m’ont aussi permis de voir à quel point le rôle du médecin est clé dans cette prise en
charge. Avec douceur ou humour, il faut introduire le sujet et évaluer où en est exactement le
patient, quelle est sa volonté d’arrêter ou non le tabac, s’il a déjà essayé ou non… Il faut être patient,
à l’écoute, et savoir réagir aux phrases typiques « Je sais bien que ce n’est pas bien de fumer, mais je
n’ai aucune envie d’arrêter », « Il faut bien mourir de quelque-chose », « Vous, les docteurs, vous
oubliez le plaisir que c’est de fumer », etc. Il est donc nécessaire d’être un minimum formé au tabac
et à son sevrage !
a. Epidémiologie et bénéfices de l’arrêt du tabac
Le tabagisme est la 1ère cause de mortalité évitable en France. Un fumeur régulier sur deux
mourra d’une maladie liée au tabac. Le tabagisme est responsable de 25% des cancers et de 81% des
décès par cancers broncho-pulmonaires en France. Il est un facteur de risque cardio-vasculaire
majeur, un facteur de risque pour d’autres maladies (ostéoporose, maladie de Crohn…), et augmente
le risque d’infections bactériennes ou virales sévères. L’espérance de vie d’un fumeur est réduite de
20 à 25 ans par rapport à celle d’un non-fumeur.
Selon la HAS, en 2013-2014, 29% des français sont fumeurs, soit 12 millions d’usagers quotidiens.
Près de 2 fumeurs sur 3 souhaitent arrêter de fumer, mais 97% des fumeurs n’arrivent pas à arrêter
sans aide. Il n’existe pas de seuil au-dessous duquel fumer soit sans risque. Le taux de mortalité est
augmenté, même chez les fumeurs qui fument peu.
Arrêter de fumer réduit la mortalité, surtout celle liée aux maladies cardio-vasculaires et au
cancer broncho-pulmonaire. Le bénéfice existe, quel que soit l’âge du patient au moment de l’arrêt.
Ainsi, un patient qui cesse de fumer à 40 ans augmente son espérance de vie de 7ans, à 50ans il
l’améliore de 4ans…
Le repérage systématique des fumeurs est donc capital. Tous les patients devraient être
interrogés sur leur éventuelle consommation tabagique afin de pouvoir bénéficier d’une aide au
sevrage.