La spectroscopie de photoélectrons XPS
Le principe est basé sur la mesure de l'énergie cinétique des électrons émis par un échantillon sous l'impact d'un faisceau de
photons X d'énergie hγ. Tout électron de cœur ou de valence ayant une énergie de liaison inférieure à hγ peut être éjecté. Cette
énergie est alors accessible par la simple relation de conservation de l'énergie :
Eliaison = hγ - Ecinétique
Analyse élémentaire
Le spectre en énergie de liaison des niveaux de cœur est caractéristique d'un atome dans un composé donné, ce qui permet son
identification. Tous les éléments peuvent être détectés à l'exception de l'hydrogène et de l'hélium. La technique s'applique aussi bien
aux solides conducteurs qu'aux isolants avec une limite de détection de l'ordre de 0.2 % atomique pour un échantillon homogène.
La profondeur d'analyse est limitée par le libre parcours moyen des électrons dans la matière. Le signal enregistré est donc
représentatif de la composition des premières couches atomiques (2 -10 nm).
Spectre XPS (source Al Kα) d’un film de ZnGa2O4 / MgO(réf : surface
science spectra, 2001, vol 8, p 303)
Analyse quantitative
L'intensité d'une raie de photoélectrons I (aire du pic) est liée à la concentration atomique N de l'élément considéré. Des paramètres
tels que le flux de photons incidents étant difficiles à déterminer, on effectue une analyse quantitative relative exprimée le plus
souvent en rapports atomiques entre éléments :
NA / NB = IA σB λB TB / IB σA λA TA
σ : section efficace de photo ionisation. (Probabilité d'ionisation du niveau de cœur considéré)
λ : libre parcours moyen des électrons, fonction de l'énergie cinétique de l'électron et du matériau.
T : fonction de transmission du spectromètre.
Du fait de l'évaluation des paramètres λ et T, l'analyse quantitative se fait avec une précision de l'ordre de 20%. La répétabilité d’une
mesure est meilleure que 5%.
Energies de liaison
Les énergies de liaison des niveaux de cœur sont sensibles à l'environnement électronique de l'atome. Ce phénomène, appelé
déplacement chimique, se traduit par des variations d'énergie de liaison. Les informations accessibles à partir de ce déplacement
chimique concernent les états électroniques, la nature des liaisons chimiques, la variation des degrés d'oxydation. Fonction de
l’élément et de l’état chimique, le déplacement chimique peut aller de quelques 1/10ème eV à quelques eV. La mise en évidence de
ces différences d’états chimiques n’est dans la plupart des cas pas immédiate et nécessite une décomposition du spectre.
Application à la caractérisation des catalyseurs
La connaissance de la composition superficielle du solide catalytique est une étape importante de sa caractérisation, pour la
compréhension des propriétés de surface.
Les informations accessibles par la technique de spectroscopie de photoélectrons portent notamment sur les phénomènes
d’enrichissement superficiel dans les premières couches atomiques et la dispersion de la phase active dans le cas de catalyseurs
supportés. Des modifications dans la distribution des éléments en surface, comme par exemple les phénomènes de frittage, peuvent
être détectées.
L’intérêt de la technique est aussi, en plus de l’information quantitative sur la répartition des éléments en surface, de donner des
renseignements sur les états électroniques, par exemple dans les alliages ou sur les interactions métal – support. L’analyse d’un
catalyseur avant et après test catalytique renseigne aussi sur la transformation de la surface durant la réaction. La détermination de
l’état chimique des éléments dans des oxydes mixtes ou la détermination du taux de sulfuration de métaux et la mise en évidence de
phases sulfures dans des catalyseurs df’hydrodésulfuration font aussi partie des études courantes au laboratoire.