Hausse du salaire minimum à 15

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
POUR DIFFUSION IMMÉDIATE
Hausse du salaire minimum à 15$
« Un remède qui risque de rendre le patient plus malade ! », estiment les
employeurs du Québec
Montréal, le 10 novembre 2016 – Après avoir consacré plusieurs semaines à analyser objectivement
plusieurs études sur le sujet, afin d’apprécier avec ouverture les avantages et les inconvénients d’une
hausse rapide du salaire minimum à 15$ de l'heure, le CPQ (Conseil du patronat du Québec) accompagné
de représentants des secteurs du commerce de détail, de la restauration et de l’agroalimentaire concluent
qu’au net, les personnes dont on voudrait améliorer le sort, de même que l’économie québécoise, subiraient
plus de dommages que de bénéfices.
« Contrairement aux idées reçues, justifier une augmentation du salaire minimum pour améliorer la
condition des personnes à bas revenus est, au mieux, un levier de progression social très incertain, aux
effets collatéraux plus négatifs que positifs, et, au pire, un moyen susceptible de nuire à ceux dont on espère
améliorer le sort: c’est ce qui ressort de nos analyses », affirme le président-directeur général, M. YvesThomas Dorval.
Les différentes études réalisées sur l’impact d’une augmentation accélérée concluent toutes, à des degrés
divers, à des risques de pertes d’emplois et de réduction des heures travaillées, donc, à une augmentation
de la précarité. Ces études peuvent se distinguer par l’ampleur des effets mesurés, mais elles permettent
toutes de conclure qu’augmenter de façon substantielle le salaire minimum en créant ainsi une rupture dans
le rapport entre le salaire minimum et le salaire moyen, revient à prendre un risque global pour l’économie
et les personnes.
Le revers de la médaille du 15$/h : un prix économique et social à payer
Les effets induits d’une augmentation accélérée du salaire minimum sont multiples et ne s’arrêtent pas à
un effet de redistribution entre l’employeur et l’employé. C’est pourquoi, le CPQ a souhaité contribuer à la
réflexion en s’appuyant sur les études existantes, en plus de commander une étude originale
complémentaire, très prudente, faisant appel à un modèle d’équilibre général dynamique, afin de mesurer
les impacts, y compris positifs, sur diverses variables économiques (emploi, PIB réel, investissement en
capital, revenus, inflation, exportation, chômage, consommation) selon trois différents scénarios de rapidité
d’augmentation, et en regardant les effets pour divers secteurs économiques.
« Les résultats de tous les scénarios d’augmentation ont en commun de démontrer qu’il serait très
hasardeux de s’aventurer trop loin dans une telle avenue, sans accepter d’encourir plusieurs risques,
surtout dans le contexte du Québec et de ses politiques fiscales et sociales », soutient M. Dorval. « Dans
les faits, et c’est notre conclusion la plus troublante, bien qu’il puisse y avoir quelques gagnants d’une telle
mesure, on observe une diminution du pouvoir d’achat pour l’ensemble des ménages québécois; au final,
on fait entrer un éléphant dans un magasin de porcelaine, on paye collectivement pour la casse, tout ça
pour quoi ? »
Quels que soient les scénarios d’augmentation, une hausse accélérée du salaire minimum mène
globalement à :
-
Une augmentation des salaires ainsi que du revenu disponible des ménages dans un premier temps,
mais qui s’estompent par la suite, au point d’observer en bout de ligne un effet « feu de paille » en
raison d’une diminution du pouvoir d’achat et de l’épargne pour l’ensemble des ménages québécois;
-
Une diminution des exportations et des bénéfices des entreprises, due à la hausse des coûts des
entreprises et la baisse de leur compétitivité, ainsi que du PIB réel;
-
Des pertes d’emplois significatives dans plusieurs secteurs et qui rappellent la sensibilité du marché du
travail à la hausse du rapport salaire minimum / salaire moyen;
« Empiriquement, ces effets semblent connus des employeurs, puisque lorsqu’on leur pose la question, la
grande majorité (58 %) préconise une augmentation annuelle du salaire minimum en proportion du salaire
médian, comme cela est déjà le cas actuellement, autour de 45 %, et ce, qu’ils aient des employés au
salaire minimum ou non », de conclure M. Dorval. « D’ailleurs, dans le cas où le salaire minimum serait
haussé à 15$ de l’heure, parmi les entreprises ayant des employés au salaire minimum : 62% prévoient
une augmentation des prix et tarifs, 40% des mises à pied et 35% un ajustement de l’ensemble des échelles
salariales de l’entreprise ».
Regards croisés sur les impacts sectoriels
Une hausse du salaire minimum viendrait rompre un équilibre global du marché du travail déjà fragile en
imposant un fardeau additionnel aux coûts de certaines entreprises, ce qui mettrait à mal des pans
importants de notre tissu économique, en affectant particulièrement des secteurs essentiels à un ensemble
de maillons économiques interdépendants.
Dans sa démarche, le CPQ s’est donc aussi particulièrement intéressé à des secteurs d’activité spécifiques,
notamment avec l’aide de ses partenaires issus des secteurs du commerce de détail, de la restauration et
de l’agroalimentaire. Autant de secteurs en pleine transformation, avec des modèles d’affaires mis au défi
par l’économie numérique et la concurrence internationale.
« La main-d’œuvre représente plus de 40 % du prix de revient des fruits et des légumes au Québec. Avec
une augmentation rapide du salaire minimum à 15 $ de l’heure, la compétition étrangère profiterait de
l’augmentation des prix des produits locaux pour prendre le marché », déclare Jean-Marie Rainville, premier
vice-président de l’Association des producteurs maraîchers du Québec et producteur à Dunham.
« La restauration est une industrie qui se distingue par sa forte densité de main-d’œuvre. Les salaires
représentent d'ailleurs 35 % de nos coûts d'exploitation, bien plus que dans le secteur manufacturier. Si les
taux du salaire minimum augmentent trop brusquement, les gestionnaires de restaurants n'auront pas le
choix de prendre les moyens nécessaires pour maintenir leur rentabilité. On parle ici d’une diminution des
heures des employés, d’une réduction des heures d'ouverture et d’éventuelles mises à pied », selon M.
Claude Gauthier, président du conseil d’administration de l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ).
« Une hausse aussi importante du salaire minimum aurait un impact majeur pour les détaillants, mais c’est
aussi l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement qui serait affecté. Une telle mesure nuirait donc non
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seulement au secteur du commerce de détail, qui à lui seul représente plus de 400,000 emplois, mais aussi
à une grande partie de l’économie québécoise », a déclaré Diane J. Brisebois, Présidente et directrice
générale du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).
« Contrairement à d’autres secteurs de l’activité économique, le commerce de détail est, tout comme la
restauration, doublement sensible au salaire minimum. D’abord, 13 % des emplois sont au salaire minimum,
et une augmentation à 15 $/h aurait des impacts directs et indirects sur environ 80 % des salariés du secteur
du commerce de détail. Les salaires y sont en moyenne six fois plus élevés que les profits, ainsi, une hausse
de seulement 1 % des salaires équivaut à une baisse de profits de 6 %. Dans le contexte de concurrence
féroce dans lequel ils naviguent, les détaillants ont une marge de manœuvre à peu près inexistante, alors
que leurs profits nets oscillent entre 2 % et 6 %. Même réduits, ces profits font la différence entre un
détaillant qui survit et un autre qui doit fermer ses portes… L’équilibre est donc très fragile », a affirmé le
PDG du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD), M. Léopold Turgeon.
« Les deux secteurs qui sont les plus touchés par des changements au salaire minimum sont ceux du détail
et de la restauration, et ils sont également les deux principaux clients des entreprises de transformation
alimentaire. De surcroit, le prix des intrants peut augmenter en conséquence, puisque le salaire est un
facteur déterminant du coût de production des denrées agricoles. L’impact est donc amplifié pour l’industrie
de la transformation alimentaire, qui pourrait se trouver à gérer une hausse des prix parallèlement à une
baisse des marges et des ventes, autant sur les marchés domestiques qu’internationaux », selon Mme
Sylvie Cloutier, Présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec
(CTAQ).
Le progrès social ne repose pas que sur le salaire minimum, surtout au Québec
« Personne ne dit que de travailler au salaire minimum, même après des transferts sociaux et fiscaux, c’est
la panacée. Par contre, on a le devoir moral de reconnaître qu’au Québec, la situation des personnes à bas
revenus, particulièrement avec enfant(s), est prise au sérieux et progresse, grâce notamment aux politiques
familiales », souligne M. Dorval. « Beaucoup de progrès ont aussi été accomplis dans la lutte contre la
pauvreté et l’exclusion, même s’il reste du chemin à faire. »
Alors que le gouvernement mène une grande consultation sur l’importance de la réussite éducative et doit
renouveler sa Politique de lutte contre la pauvreté et l’exclusion en 2017, les employeurs estiment, à
l’approche d’un prochain budget, que la table est mise pour envisager un examen sérieux des mesures qui
contribueront concrètement à l’amélioration de la condition des personnes pour lesquelles des écarts
restent à combler.
« Par ailleurs, il faut revenir sans relâche sur l’importance de l’éducation et de l’emploi comme véhicules
d’ascension sociale. Ça commence avec l’instruction, la persévérance et la réussite éducative dès le plus
jeune âge, et ça passe par la formation et le développement des compétences. Ensuite, il faut savoir
reconnaître la valeur des transferts sociaux et fiscaux comme facteurs de rééquilibrage. Mais pour
redistribuer de la richesse, il faut d’abord la créer ! », de conclure M. Dorval.
Pour consulter l’avis du CPQ, qui inclut l’étude de Daméco et le sondage mené par la firme Léger, veuillez
cliquer
sur
le
lien
suivant :
https://www.cpq.qc.ca/wp-content/uploads/2016/11/avis-salaireminimum101116.pdf
- 30 -
www.cpq.qc.ca
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Source :
Camilla Sironi
Conseillère principale – Communications et relations avec les médias
[email protected]
Bureau : 514-288-5161 poste 243
Cell. : 514-265-5471
Regroupant plusieurs des plus grandes entreprises du Québec, le Conseil du patronat du Québec réunit
aussi la vaste majorité des associations patronales sectorielles, ce qui en fait la seule confédération
patronale du Québec. Il représente directement et indirectement plus de 70 000 employeurs de toutes
tailles, tant du secteur privé que public, ayant des activités au Québec.
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