Du Côté de la Culture
ACTUALITÉ JUIVE - N° 1384 - JEUDI 24 MARS 2016
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««Fidèle à ses traditions d'ouverture,
en particulier vers la musique,
l’Union libérale israélite de France
(ULIF) a organisé sa deuxième édition
de la Nuit du jazz, du 19 au 20 mars
dans la salle de la synagogue. Comme
l'année précédente, l'équipe a fait dé-
couvrir en partenariat avec le label Jazz
& People trois formations différentes.
Le plus jeune groupe, celui du pianiste
Jeremy Hababou en trio, qui a ouvert la
soirée. Puis ce fut au tour d'un duo iné-
dit de prendre la relève et les amateurs
ont été certainement très curieux de
l'entendre. En effet, carte blanche a été
proposée au saxophoniste David El-
Malek, pour formé un duo inédit. Rap-
pelons que ses années passées en Israël
lui ont inspiré l'oeuvre émouvante com-
mandée par Radio France "Music from
source", enregistrée sous forme de suite
vol. I et II (ed. Naïve). C'est au pianiste
Yaron Herman, 1er prix au concours de
Jazz à la Défense (2005), révélation des
Victoires de la musique (2008) et prési-
dent (depuis 2012) du jury du concours
de piano du Montreux jazz festival,
qu'il a demandé de le rejoindre dans
cette aventure. Et en matière d'événe-
ment, pour achever cette soirée, un au-
tre a été proposé et pas des moindres,
celui de découvrir en exclusivité la for-
mation du contrebassiste Omer Avital,
qui a présenté avec son quintet "Abut-
bul Music ", son nouvel album à sortir
(on en reparlera) sous le label Jazz Vil-
lage. De quoi réchauffer les esprits et
les corps pour des semaines.
MONIC FELD
««
L’école, la scolarité au
sens large, est une période
charnière pour l’individu,
pour la construction de son
identité, pour l’affirmation de
sa personnalité. C’est une pé-
riode où la réflexion intellec-
tuelle est vulnérable, où l’on
peut facilement subir, et choi-
sir de prendre le mauvais
chemin idéologique. L’ado-
lescent qui sera l’adulte de
demain est donc une proie fa-
cile. Les entreprises et les po-
litiques le savent bien, mais
les terroristes aussi.
L'Éducation nationale a si-
gnalé 857 cas de suspicion de
radicalisation d'élèves pour
l'année scolaire 2014-2015.
Les moins de 21 ans repré-
sentaient fin 2015 près de
7 000 cas transmis au numéro
vert Stop djihadisme, selon
les chiffres de la mission de
lutte contre les dérives sectai-
res. En 2001, après le 11 sep-
tembre, on pouvait entendre
des élèves scander le nom de
Ben Laden dans différents ly-
cées de France. En 2015, les
incidents qui ont émaillé la
minute de silence en hom-
mage aux victimes des atten-
tats de janvier ont également
choqué l’opinion. En 15 ans,
rien n’a été fait, ou presque.
C’est dans ce contexte très
problématique pour les ac-
teurs de l’Éducation nationale
qu’Élise le Guevel, Mathieu
Drejou et Emmanuel Lejeune
ont mené leur enquête pour le
magazine Envoyé spécial.
S’il n’a pas été possible de
visionner ce reportage, on
sait cependant que les bonnes
questions sont abordées.
Combien de collégiens, ly-
céens sont partis en Syrie, ou
ont tenté de le faire ? Com-
ment l'institution gère-t-elle
ce phénomène ? Comment
les enseignants le vivent-ils
dans la pratique de leur mé-
tier ? Et bien entendu, quelle
prévention est mise en place
pour lutter contre l'idéologie
djihadiste ?
Ne pas oublier non plus le
rôle des parents par rapport à
« l’enfer » que peut représen-
ter Internet… Ce n’est pas
gagné.
Tous les jours de la semaine, de
10 à 11 heures sur France Inter,
Guillaume Erner présente « Ser-
vice Public ».Ce docteur en so-
ciologie, passé par une expé-
rience dans le prêt-à-porter fémi-
nin et journaliste à Charlie
Hebdo, pose son regard acéré sur
la société actuelle. Des raisons de
nos actions aux causes de nos dé-
raisons, Guillaume Erner tente
de comprendre un univers
étrange : le nôtre. S.SZ.
« Salomon et la Reine de
Saba » sera diffusé le lundi
28 mars prochain, à 13h35, sur
Arte. L'histoire mouvementée de
l'accession de Salomon au trône
d'Israël et de la visite de la reine
de Saba à Jérusalem est peut être
l’un des plus beaux péplums de
l'histoire du cinéma, le dernier
film réalisé par King Vidor, avec
Gina Lollobrigida en reine de
Saba, George Sanders, John
Crawford, et un Yul Brynner
royal. Superbe histoire d'amour,
scènes de bataille remarquable-
ment filmées en "Super Techni-
rama 70", un grand film !
S.SZ.
Avos
Agendas
Sur France 2 : « Envo
spécial », jeudi 31 mars
2016, 20h55.
DAVID POUVIL
Quand on connaît la
dangerosité de la propagande
des groupes terroristes auprès
d’une jeunesse tourmentée,
cette enquête, qui s’intéresse
à la radicalisation dans les
écoles, tombe à point nommé.
Z
VI
E
CKSTEIN
Nuit du Jazz
à Copernic
««À travers une tragédie qui se joue
dans l’ancien quartier juif de New
York, la sortie restaurée de « Little
Odessa » est à (re) voir pour apprécier
un réalisateur qui va devenir un des
grands d’aujourd’hui, James Gray,
comme son acteur principal, Tim
Roth. Joshua Shapira, tueur à gages de
son métier, doit exécuter un contrat
dans le quartier de son enfance. En y
retournant, il reprend contact avec son
petit frère, et retrouve un amour de
jeunesse qui ne l’a pas oublié. Côté
parents, son père le considère mort et
le rejette, sa mère souffre d’une tu-
meur au cerveau. Quand il approche sa
grand-mère, c’est en yiddish qu’elle
lui hurle toute son animosité. Mais ce
qui met mal Joshua, c’est de ne pas
être près de sa mère et la violence
qu’exerce son père à l’égard de son
jeune frère. Père qui calme sa douleur
chez une maîtresse, ce qui a pour effet
de fragiliser encore plus ses enfants.
Joshua protège comme il peut Reuben,
son cadet, tente de lui expliquer les
aléas de la vie : « On est juifs, on erre.
T’as pas appris ça à l’école ? » Et à
l’enterrement (poignant) de leur mère,
le sens du film se révèle : Qu’est-ce
que faire partie d’une communauté ?
Dans ce drame, on n’aime, ni on ne
déteste personne. Mais la grandeur du
film nous transporte.
ROBERT SENDER
En salles :
Une triste
famille juive
A
Entendre
L’école, un terreau
du djihadisme ?
Petite Lucarne
On en Parle
: « La poignée d’élus »
se présente comme une re-
mise en cause radicale des
thèses devenues des idées
communes sur l’histoire juive,
comme celles de Cecil Roth
ou Yuri Slezkine (
Le siècle
juif
, La Découverte, 2009).
Pourquoi estimez-vous
erronées leurs interprétations
de l’abandon des activités
agricoles par les Juifs ?
Zvi Eckstein :
Je pense que la
principale erreur d’historiens
comme Cecil Roth est de
s’être focalisé sur ce qu’ils ont
observé à la fin du Moyen Age
et le début de l’époque mo-
derne. Ils n’ont pas insisté en
outre sur le fait que les reve-
nus étaient plus importants
pour un marchand que pour un
agriculteur. Beaucoup d’agri-
culteurs n’étaient pas indépen-
dants au Moyen Age et travail-
laient pour des féodaux. Les
historiens n’ont jamais posé la
question suivante : pourquoi
les Juifs ont-ils quitté l’agri-
culture pour rejoindre les vil-
les, en particulier dans l’em-
pire mésopotamien, entre le
VIIIe et le Xe siècle ?
: Comment les rab-
bins de l’époque talmudique
ont-ils réagi à cette évolution
socio-économique des Juifs
dont ils ont été les initiateurs
indirects ?
Z.E. :
On ne dispose pas de do-
cuments attestant qu’ils ont sup-
porté ce mouvement mais ils en
ont tiré le constat. Lorsque les
Juifs se sont tournés vers le com-
merce, les rabbins ont fourni de
nouvelles recommandations im-
pactant la vie quotidienne des
Juifs. Jusqu’ici, la propriété était
affaire de terrains ; désormais, il
s’agissait de biens meubles. Les
rabbins ont également dû s’adap-
ter au fait que la famille pouvait
être séparée en raison des voya-
ges induits par le commerce in-
ternational de l’époux.
: Ce tournant straté-
gique a également conduit
certains Juifs à se convertir
face au coût de l’éducation.
Cela a-t-il amené les rabbins
à remettre en cause leur
niveau d’exigence ?
Z.E. :
Des sanctions ont été
décidées contre les familles -
qualifiées de « bour » (incultes)
et « Am haaretz » (ignorants) -
qui n’envoyaient pas leurs en-
fants étudier le Talmud, enfants
dont on compliquait ensuite le
mariage avec des membres de
la communauté. Les rabbins
étaient certainement conscients
qu’étudier la Torah était coû-
teux et que certains Juifs s’éloi-
gnaient de ce fait du judaïsme.
Mais l’importance de l’étude
était si importante à leurs yeux
pour réorganiser la vie juive
qu’ils ont accepté que cela
amène une partie du peuple à
quitter le monde de la Torah.
Les Juifs se sont-ils détournés de l’agriculture en raison des persécutions?
Non, répondent Zvi Eckstein et Maristella Botticini dans un livre fascinant*. La thèse :
l’obligation d’alphabétisation des enfants imposées par les rabbins a conduit
les familles à se détourner de la terre, pas assez rentable, au profit du commerce
où le « capital humain » des Juifs est apparu comme un avantage compétitif décisif.
«Pourquoi les Juifs ont abandonné
le monde de l’agricultur
PROPOS RECUEILLIS
PAR STEVE NADJAR
« Les rabbins étaient
certainement
conscients
qu’étudier
la Torah était
coûteux »
A
Voir
* La poignée d’élus.
Comment l’éducation a façonné
l’histoire juive. 70-1492
,
Albin Michel, 425 p., 30
DR
DR.
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