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Président de la Commission européenne
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lors de la réception du "Business Week Award" 2002
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Monsieur le Recteur, Monsieur le Doyen, Mesdames et Messieurs,
Je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est donnée de m'adresser à vous
aujourd'hui
Je suis également très honoré de recevoir le "Business Week Award 2002".
Acceptez mes plus sincères remerciements.
C'est un plaisir d'être ici, en ces lieux. Ils ont certainement été familiés à Jan
Tinbergen, l'éminent économiste qui a partagé le premier prix Nobel d'économie.
Jan Tinbergen fut un pionnier dans de nombreux domaines. Ses travaux ont été à
la base de l'économétrie et ils ont permis de comprendre les cycles économiques.
Ils ont aussi apporté une contribution fondamentale à la politique économique. C'est
lui qui le premier a pensé que les gouvernements devraient avoir au moins autant
d'instruments politiques indépendants que d'objectifs politiques.
Il fut aussi un pionnier dans le domaine de l'intégration économique européenne, où
il a apporté les contributions politiques et économiques essentielles.
Jan Tinbergen fut un économiste à conscience sociale. Il voulut transformer la
science économique en politiques sociales.
Il eut des idées sur la manière de lutter contre le chômage; sur l'accroissement de
l'aide au développement et sur la réduction des barrières aux importations en
provenance des pays du Tiers monde.
Ces idées nous inspirent encore.
Je souhaiterais parler aujourd'hui de la façon de transformer la dynamique en
politiques dans l'Europe nouvelle, une Europe qui doit accroître ses efforts pour
répondre aux véritables besoins et attentes de ses citoyens.
Lorsque nous parlons de transformer une dynamique en politiques et en succès
pour l'Europe, il nous faut commencer par l'euro.
Le passage à l'euro a démontré que les peuples d'Europe peuvent effectivement
coopérer avec enthousiasme et résolution pour atteindre un objectif commun et
soutenir une ambition partagée.
L'euro symbolise l'aspiration des peuples d'Europe à un avenir partagé, ainsi que
leur détermination de faire de cette aspiration une réalité. L'euro montre également
qu'en Europe la diversité et l'efficacité peuvent aller de pair.
La diversité et l'efficacité sont en effet les deux faces d'une même pièce. Ce n'est
pas un hasard si les euros qui tintent désormais dans nos poches ont deux faces
différentes: une face européenne, identique pour tous, et une face nationale qui
reflète nos cultures particulières.
L'euro deviendra un facteur déterminant dans l'identité européenne partagée par
nos citoyens et la perception d'un destin commun.
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La diversité et l'efficacité ne sont pas incompatibles non plus dans la partie non
monétaire de la politique économique. Les politiques budgétaires et structurelles
sont conduites par les gouvernements des États membres et coordonnées dans le
cadre du Pacte de croissance et de stabilité et des grandes orientations de
politiques économiques. L'expérience générale acquise jusqu'à maintenant est
donc positive. Mais une plus grande coordination des politiques économiques est
nécessaire.
Dans l'avenir, il faudra aller plus loin dans cette voie. Beaucoup de choses peuvent
être faites dans le cadre du Traité actuel.
Des règles communes et formelles pour la conduite de la politique économique
rendront la coordination des politiques économiques nationales plus cohérente et
plus prévisible. Elles pourraient inclure des règles de comportement visant la
conduite des politiques budgétaires et structurelles, ainsi que des règles de
procédure, comme par exemple des échanges d'informations préalables à la
présentation de propositions importantes par les gouvernements des États
membres.
D'autres mesures devront aussi examinées à la Convention.
Mais un euro fort n'est pas une fin en soi. Il n'est qu'un moyen de construire une
Europe plus forte et plus prospère.
La discipline économique que la monnaie unique nous impose est un bon remède
pour l'UE. Nos fondamentaux économiques sont bons et l'euro nous a aidé à
supporter les chocs extérieurs et intérieurs que nous avons subis l'année dernière.
L'euro a installé solidement le principe de la stabilité des prix. Dans l'ensemble, il y
a même mieux réussi que le mark allemand pendant toute la durée de son
existence. Dès les premières étapes de l'Union monétaire les Pays-Bas attachaient
une grande importance à la stabilité des prix et avaient aligné le florin sur le mark.
Mais il y a maintenant une grande différence par rapport au passé, car alors les
Pays-Bas n'avaient pas leur mot à dire dans les décisions qui intéressaient le mark.
Or, depuis la mise en place de l'Union monétaire européenne les Pays-Bas ont un
représentant au Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne,
comme d'ailleurs tous les autres membres de la zone euro. En outre, le président
de la BCE est un de vos compatriotes!
Je saisis cette occasion pour rendre hommage au travail accompli par Wim
Duisenberg dans l'organisation et la gestion de la BCE.
L'Union a besoin de davantage qu'une monnaie unique qui est un succès. Il lui faut
aussi transformer ce succès pour qu'il débouche sur une économie moderne et
dynamique qui crée des emplois et assure la prospérité.
À Lisbonne, il y a deux ans, le Conseil européen a fixé un objectif ambitieux: faire
de l'Union européenne l'économie du savoir la plus compétitive et la plus
dynamique du monde d'ici à 2010.
Ce n'est pas une tâche facile. Cela signifie que nous devons rattraper nos
principaux concurrents internationaux et les dépasser avant la fin de la présente
décennie. Cela signifie qu'il faut transformer notre économie de telle sorte qu'elle
reflète l'économie du monde de demain. Cela veut dire enfin qu'il faut accroître les
compétences et développer les échanges d'informations.
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Nos concurrents nous devancent dans de nombreux domaines. Mais notre diversité
culturelle, nos perspectives historiques et notre modèle social nous aideront. Nous
devons exploiter cet héritage pour atteindre notre objectif.
La stratégie de Lisbonne complète la dimension micro-économique de l'euro. Elle
est aussi directement liée à nos efforts visant à préserver et à moderniser le modèle
social européen.
Nous sommes résolus à tenir notre engagement de justice sociale. L'Europe doit
être à la fois une société solidaire et concurrentielle. Elle doit être aussi un modèle
de société durable. La durabilité économique, sociale et environnementale sont nos
principales priorités.
Il ne s'agit pas simplement d'idéaux vagues: nous avons arrêté une stratégie
détaillée pour les concrétiser. Une stratégie de réformes économiques et sociales
de grande portée. L'exemple que nous donnent les Pays-Bas montre que c'est
possible.
Lorsque le Conseil européen s'est réuni à Barcelone le mois dernier, il a défini trois
grandes priorités pour 2002:
− premièrement, un réexamen des régimes d'imposition et de prestations sociales
pour faire en sorte que travailler soit payant et pour accroître le taux d'activité,
notamment chez les femmes. Je salue à cette occasion le "miracle néerlandais"
que nous devons au "modèle des polders". C'est un modèle qui, associant
plusieurs politiques actives intéressant le marché du travail, a fait passer le taux
d'activité de 52 % en 1985 à 65 % en 2000. Un modèle dans lequel les
partenaires sociaux et le dialogue institutionnalisé jouent un rôle clé, montrant
que la cohésion et la productivité peuvent se renforcer mutuellement.
− la deuxième grande priorité est la réforme économique dans les secteurs de
base tels que l'énergie, les transports et les services financiers, poutres
maîtresses de notre économie.
Le but est de stimuler la concurrence pour faire baisser les prix et accroître le
dynamisme dans tous les autres secteurs de l'économie, tout en maintenant à un
niveau approprié les services de base offerts à chacun.
− la troisième priorité, et je suis heureux de le souligner dans ce cadre
universitaire, est d'investir dans le savoir. Permettez-moi d'insister sur ce point:
l'éducation et la recherche sont indispensables au renouveau économique, à la
croissance durable et à la création d'emplois.
Le Conseil européen de Barcelone a approuvé l'intention de la Commission de
présenter une stratégie intégrée pour l'éducation et la recherche en Europe. Une
stratégie basée sur des réseaux et sur la mobilité. Deux concepts qui étaient
certainement familiés aux érudits et aux étudiants de l'époque d'Erasme et qui
avaient placé l'Europe au centre même de la communauté mondiale du savoir.
Une idée qui pourrait apporter une grande contribution dans ce domaine serait
d'introduire un système de bourses européennes, inspiré du projet Fullbright, pour
favoriser la compréhension, les échanges et le savoir dans le monde entier.
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Comme je l'ai déjà dit, l'économie de demain, basée sur le savoir, dépendra autant
des compétences humaines que des prouesses techniques. Dans ce domaine
l'Europe a beaucoup à gagner des échanges. Les ressources humaines qualifiées
sont notre atout le plus précieux et l'un de nos investissements les plus judicieux
pour l'avenir.
Aussi, si nous voulons recueillir les bénéfices de ressources humaines qualifiées,
c'est bien là un domaine que nous ne devons pas négliger. Dans l'avenir, les
possibilités offertes pour créer des synergies et exploiter le potentiel humain de tout
le continent augmenteront considérablement.
Car en effet l'avenir va nous apporter l'élargissement, le plus grand élargissement
que l'UE ait jamais connu. Il donnera à l'UE une nouvelle dimension. Faire de cet
élargissement un succès nécessitera un énorme engagement et un effort
considérable.
J'ai toujours considéré l'élargissement comme ma priorité numéro un. C'est une
tâche à laquelle nous ne pouvons pas tourner le dos. Au cours des cinquante
dernières années, nous avons joui de la paix, de la sécurité, de la liberté et de Ia
démocratie dans l'Union. Aujourd'hui notre devoir historique est de les étendre à
l'ensemble du continent.
Les négociations durent depuis deux ans et demi. Elles ont porté sur des thèmes
allant de l'immigration aux contrôles vétérinaires.
Les pays candidats eux aussi font un effort énorme pour se préparer à l'adhésion,
ce qui les oblige à modifier leurs législations, réorganiser leurs administrations,
introduire l'autonomie locale, protéger les droits des minorités, etc.
Et ils font leurs "devoirs". Nous devons faire de même!
Nous devons faire en sorte qu'après l'élargissement l'Union européenne soit plus
forte, plus unie et plus solidaire.
C'est pourquoi j'ai demandé qu'une Convention soit réunie pour conduire les débats
sur l'avenir de l'Europe. Elle préparera des recommandations à l'intention de la
Conférence intergouvernementale. Cela débouchera sur une nouvelle Europe,
capable de relever les défis de demain.
La démarche de la Commission à l'égard de la Convention s'inspire de trois
principes fondamentaux.
Premièrement, à l'heure de la mondialisation, les États membres doivent exercer
leur souveraineté en commun s'ils veulent que l'Union européenne soit un acteur
mondial et qu'elle soit concurrentielle au niveau international. L'euro en est un
exemple évident.
Parfois les changements entraînent d'abord des difficultés pour certains avant de
bénéficier à tous. Le voyage de Vasco de Gama en Inde, par le Cap de Bonne
Espérance, a annoncé la fin du contrôle de Venise sur le commerce avec l'Orient. Il
a ouvert les routes maritimes entre l'Europe et l'Asie, et pas seulement aux
Portugais. Les Pays-Bas sont devenus eux aussi une grande nation commerçante,
disposant de routes maritimes sur toute la surface du globe, ce qui, par la suite, a
stimulé le commerce dans le monde entier.
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Deuxièmement, dans l'Europe de demain les États-nations devront être traités
d'une façon équilibrée, de telle sorte que les plus grands États ne dictent pas leur
volonté aux plus petits. Dans notre tradition démocratique la majorité décide, mais
les droits de la minorité sont protégés. Et dans l'Union nous faisons tous partie de la
minorité à un moment ou à un autre. Il est donc important de comprendre le point
de vue de chacun.
Troisièmement, nous devons disposer d'institutions qui représentent et défendent
l'intérêt général.
C'est pourquoi nous sommes une Union de peuples et d'États. Une communauté
de valeurs partagées.
L'Europe de demain devra être capable de prendre des décisions difficiles. Elle
devra être capable de transformer des idées en politiques et de les appliquer afin
de protéger nos intérêts dans le monde entier, de préserver nos valeurs et notre
modèle social.
Cela signifie qu'il faut veiller à disposer des structures nécessaires à cet effet. Cela
signifie plus de votes à la majorité, de manière à pouvoir prendre les bonnes
décisions.
Cela signifie qu'il faut préserver le rôle de la Commission. En tant que gardienne
des traités la Commission veille à l'intérêt général. Elle assure un équilibre entre les
grands et les petits pays, entre les entreprises de tous les pays. Elle veille aussi aux
intérêts de tous les citoyens.
En d'autres termes, la Commission doit jouer le rôle d'honnête courtier entre les
institutions. Elle doit servir de médiateur en veillant à l'intérêt général. Elle doit être
un arbitre et faire respecter les règles définies par les traités.
Une Union plus forte devra se concentrer sur les tâches essentielles. Elle les
redéfinira, parfois les élargira et peut-être même les réduira dans certains
domaines.
Il faudra pour cela se recentrer sur des domaines où l'Union apporte une valeur
ajoutée.
Il faudra veiller au bon fonctionnement du marché intérieur, garantir les quatre
libertés: libre circulation des marchandises, des services, des personnes et des
capitaux.
Cela nécessite:
− des conditions de concurrence égales pour tous;
− une certaine harmonisation fiscale
− des mesures sociales pour soutenir la libre circulation des travailleurs.
La politique de concurrence au niveau communautaire est essentielle pour que ces
quatre libertés puissent être garanties.
Se recentrer sur nos tâches principales signifie conduire et réformer des politiques
sectorielles. Je pense au modèle agricole européen, aux transports, aux services
financiers, à l'énergie, aux télécommunications, etc.
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Cela nécessite une meilleure coordination des politiques économiques nationales.
Cela signifie:
− œuvrer pour un développement durable;
− assurer le développement équilibré des régions de l'Union;
− renforcer la cohésion économique et sociale dans une Union élargie comptant 25
États membres ou davantage.
Cela veut dire garder une conception dynamique de l'intégration européenne.
Mais cela ne veut pas dire qu'il faille décider de nos futures structures une fois pour
toutes. Cela ne veut pas dire non plus qu'il faille arrêter définitivement la répartition
des compétences.
Notre constitution ne doit pas être gravée dans le marbre, car personne ne sait ce
que demain nous réserve.
Une intégration sans cesse plus étroite est un processus permanent. Nos politiques
doivent évoluer avec les événements. Notre constitution ne doit donc pas être une
feuille de route détaillée pour l'avenir, car en effet l'avenir est souvent différent de
ce que nous avions prévu et, souvent, les feuilles de route ne sont, en fin de
compte, que des post-scriptum pour l'histoire.
Je vous remercie.
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