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Comme je l'ai déjà dit, l'économie de demain, basée sur le savoir, dépendra autant
des compétences humaines que des prouesses techniques. Dans ce domaine
l'Europe a beaucoup à gagner des échanges. Les ressources humaines qualifiées
sont notre atout le plus précieux et l'un de nos investissements les plus judicieux
pour l'avenir.
Aussi, si nous voulons recueillir les bénéfices de ressources humaines qualifiées,
c'est bien là un domaine que nous ne devons pas négliger. Dans l'avenir, les
possibilités offertes pour créer des synergies et exploiter le potentiel humain de tout
le continent augmenteront considérablement.
Car en effet l'avenir va nous apporter l'élargissement, le plus grand élargissement
que l'UE ait jamais connu. Il donnera à l'UE une nouvelle dimension. Faire de cet
élargissement un succès nécessitera un énorme engagement et un effort
considérable.
J'ai toujours considéré l'élargissement comme ma priorité numéro un. C'est une
tâche à laquelle nous ne pouvons pas tourner le dos. Au cours des cinquante
dernières années, nous avons joui de la paix, de la sécurité, de la liberté et de Ia
démocratie dans l'Union. Aujourd'hui notre devoir historique est de les étendre à
l'ensemble du continent.
Les négociations durent depuis deux ans et demi. Elles ont porté sur des thèmes
allant de l'immigration aux contrôles vétérinaires.
Les pays candidats eux aussi font un effort énorme pour se préparer à l'adhésion,
ce qui les oblige à modifier leurs législations, réorganiser leurs administrations,
introduire l'autonomie locale, protéger les droits des minorités, etc.
Et ils font leurs "devoirs". Nous devons faire de même!
Nous devons faire en sorte qu'après l'élargissement l'Union européenne soit plus
forte, plus unie et plus solidaire.
C'est pourquoi j'ai demandé qu'une Convention soit réunie pour conduire les débats
sur l'avenir de l'Europe. Elle préparera des recommandations à l'intention de la
Conférence intergouvernementale. Cela débouchera sur une nouvelle Europe,
capable de relever les défis de demain.
La démarche de la Commission à l'égard de la Convention s'inspire de trois
principes fondamentaux.
Premièrement, à l'heure de la mondialisation, les États membres doivent exercer
leur souveraineté en commun s'ils veulent que l'Union européenne soit un acteur
mondial et qu'elle soit concurrentielle au niveau international. L'euro en est un
exemple évident.
Parfois les changements entraînent d'abord des difficultés pour certains avant de
bénéficier à tous. Le voyage de Vasco de Gama en Inde, par le Cap de Bonne
Espérance, a annoncé la fin du contrôle de Venise sur le commerce avec l'Orient. Il
a ouvert les routes maritimes entre l'Europe et l'Asie, et pas seulement aux
Portugais. Les Pays-Bas sont devenus eux aussi une grande nation commerçante,
disposant de routes maritimes sur toute la surface du globe, ce qui, par la suite, a
stimulé le commerce dans le monde entier.