Le Point en administration de la santé et des services sociauxV Vol. 9, no 3
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B. MODE D’ADMINISTRATION DES ENQUÊTES
Plusieurs moyens peuvent être utilisés pour administrer les
enquêtes.
Les sondages par envoi postal et
les sondages par appels téléphoniques
L’administration de sondages par envoi postal est reconnue com-
me une méthode pouvant fournir des données valides et fiables,
avec minimisation de biais de désirabilité sociale. Mais, les taux
de réponses sont généralement faibles (moins de 30 %).
Les sondages par téléphone enregistrent de meilleurs taux de
réponses (près de 50 %), mais sont plus dispendieux.
Ces deux méthodes sont recommandées surtout lorsque les in-
formations collectées font l’objet de comparaison entre les orga-
nisations. Par exemple, le programme HCAHPS n’accepte que
ces deux modes de sondage. Les questionnaires HCAHPS doivent
être administrés entre 48 heures et six semaines après le congé
d’hospitalisation du patient et la distribution du questionnaire
avant le congé n’est pas acceptée.
Les questionnaires de sortie
Le mode de sondage en temps réel (à la sortie de cliniques)
est une technique assez pratique pour recueillir les apprécia-
tions des patients après une interaction de services. Ce moyen
est généralement employé pour les enquêtes à l’échelle d’une
clinique, d’un service ou d’une unité de soins. Les taux de
réponses sont variables et dépendent des sensibilisations faites
pour susciter l’adhésion. Certains établissements utilisent des
kiosques d’ordinateurs, des écrans tactiles ou d’autres outils qui
facilitent la compilation des données. Les résultats doivent être
interprétés avec prudence car les sondages complétés au sein de
l’établissement survalorisent le sentiment de satisfaction par rap-
port à une enquête administrée quelques temps après la sortie.
Les sondages par Internet
Le sondage en ligne est considéré comme la stratégie du futur.
C’est le mode d’administration le plus économique. En plus, les
niveaux de validité et fiabilité des données sont comparables à
ceux obtenus des sondages par envoi postal. Cependant, les taux
de réponses restent encore très faibles (moins de 15 %). Les
études aux États-Unis et en Europe rapportent qu’il n’est pas en-
core possible de couvrir un échantillon représentatif de la popu-
lation en utilisant les sondages en ligne. Les répondants à ces
sondages sont généralement plus éduqués et plus jeunes que les
non-répondants (Kalucy, Katterl et coll., 2009).
Quel que soit le mode d’administration choisi, il est important
d’aviser au préalable les usagers de l’initiative de sondage. Cela
peut se faire par une lettre signée du premier responsable, des
messages courriels, des affiches… Il est démontré que ces straté-
gies contribuent à améliorer le taux de réponses.
C. L’ÉCHANTILLONNAGE DE PATIENTS
POUR LE SONDAGE
Un échantillonnage est requis lorsque le nombre de patients
éligibles au sondage est très important, si bien qu’il serait trop
dispendieux de solliciter la participation de l’ensemble. En effet,
ANALYSE
un effectif de 300 répondants (questionnaires complétés) est suf-
fisant pour estimer des scores avec une bonne précision statis-
tique (CMS, 2012). Par contre, si le nombre de participants
ciblés n’excède pas 300, on devrait distribuer les questionnaires
à toutes les personnes éligibles.
La taille de l’échantillon tient compte du taux de réponses attendu
(donc du mode d’administration du sondage). Les répondants
aux sondages doivent être représentatifs des clientèles au re-
gard de certaines caractéristiques pertinentes (démographiques,
types de services reçus, période de séjour…). Aussi, un plan
d’échantillonnage adéquat est requis pour recueillir de l’infor-
mation valide. Il peut être utile de demander conseil à un profes-
sionnel en sondage.
Conclusion
L’approche expérience patient permet aux organisations de dis-
poser d’informations plus tangibles que celles provenant des
enquêtes de satisfaction classiques. Les résultats livrés sont des
mesures directes des actions et des processus que les équipes uti-
liseraient dans leurs démarches d’amélioration continue (Plan-
Do-Check-Act). Les gestionnaires et les dirigeants sont donc invi-
tés à implanter la nouvelle approche de mesure de l’expérience
patient. Les établissements peuvent utiliser les questionnaires
standardisés existants, adapter ces outils à leurs contextes ou
élaborer des questionnaires « maison » en fonction de leurs be-
soins. La véritable utilité de toute mesure de la qualité réside dans
sa capacité à inspirer l’amélioration de la qualité (Kalucy, Katterl
et coll., 2009). V
Références bibliographiques
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en soins de courte durée.
CMS (2012).
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