Le point de vue d’AllianzGI sur le Brexit | Mars 2017
ne amputation de 5% du PIB britannique suite au Brexit,
sur une période de 5 à 10 ans. Bien entendu, ce scénario
dépendra du résultat des négociations.
Après l’ouverture des négociations, l’UE (et plus par-
ticulièrement certains membres, secteurs ou industries)
sera également confrontée à une hausse de l’incertitude
économique liée au Brexit. Le Royaume-Uni représente un
marché d’exportation particulièrement important pour les
producteurs européens d’automobiles, de vin, de produits
alimentaires et de vêtements, même si, au niveau
macroéconomique, le Royaume-Uni exporte une part plus
large de sa production vers l’UE que l’inverse.
La potentielle diversion causée par les négociations sur le
Brexit et ses épigones populistes pourraient également
retarder des réformes structurelles susceptibles
d’accroître la confiance dans le bloc européen et sa mon-
naie unique. Ces conséquences deviendraient plus visibles
si les vents favorables soutenant actuellement l’économie
venaient à faiblir. En fonction des résultats des élections
qui se profilent à l’horizon, l’UE pourrait même être
amenée à adopter de nouveau des mesures d’austérité au
cours de l’année 2018. Cela serait notamment le cas si
l’UE continuait de faire preuve d’hésitation face aux ré-
formes en profondeur qui s’imposent.
Politique
L’issue du Brexit, et son impact sur les perspectives de
croissance, la valorisation des actifs et les investissements,
est conditionnée par des considérations politiques.
Plusieurs scénarios sont envisageables.
Les événements politiques de l’année 2016 semblent dé-
fier les principes fondamentaux du fameux « consensus
de Davos », selon lequel les démocraties établies privilé-
gieront la mondialisation et la croissance, adopteront la
logique de marché et admettront que le commerce n’est
pas un jeu à somme nulle.
De fait, la position définie par la Première ministre britan-
nique Theresa May en janvier annonce explicitement que
les questions de souveraineté et de contrôle de l’immigra-
tion auront priorité sur l’adhésion au marché unique eu-
ropéen. Dans le même temps, les dirigeants de l’UE ont
parlé d’une seule voix en faveur du principe de la liberté
de circulation, même si ce point pourrait constituer le
dernier obstacle au maintien par le Royaume-Uni de son
adhésion au marché unique.
Ces conflits seront réactivés en Europe à maintes reprises
au cours de l’année 2017, avec des élections générales
aux Pays-Bas en mars, en France en avril et en mai, en
Allemagne en septembre et en Italie entre le mois de juin
et le début de l’année 2018. Dans ces pays et ailleurs, on
observe une montée des populismes nationaux qui fus-
tigent les politiques d’immigration en place et se méfient
de plus en plus des accords de libre-échange. S’il nous
semble probable que les groupes les plus nuisibles soient
maintenus à l’écart du pouvoir, leurs politiques ou leurs
arguments pourraient, dans une certaine mesure, être
repris par les responsables des formations politiques dom-
inantes.
Jusqu’à présent, le gouvernement britannique semble
plutôt stable, en dépit d’une majorité parlementaire ex-
trêmement courte. Il s’est montré capable de répondre à
l’aile droite anti-UE de son propre parti, sans avoir à crain-
dre l’opposition la plus divisée et inefficace depuis une
génération. Sa capacité de résistance, au cours des deux
années de négociation qui s’annoncent, sera cruciale.
La perspective d’un second référendum sur l’indépend-
ance de l’Écosse constitue une autre source d’instabilité
politique potentielle au sein du Royaume-Uni. Tandis que
les perspectives économiques d’une Écosse naviguant en
solitaire semblent nettement plus fragiles qu’en 2014,
quand le pays avait voté en faveur de son maintien dans le
Royaume-Uni, il sera nettement plus difficile pour les un-
ionistes de recourir au même argument de la « rationalité
économique » la prochaine fois.
La situation de l’Irlande est également épineuse. Tandis
que le gouvernement du Royaume-Uni cherche à
maintenir une frontière ouverte entre l’Irlande du Nord et
la République d’Irlande, le Brexit créera sans doute une
frontière « dure » entre l’Irlande et le Royaume-Uni, sus-
ceptible de déboucher sur un défi constitutionnel sup-
plémentaire.
Ces divers éléments forment un point de départ compli-
qué pour ce qui s’annonce comme l’un des processus de
négociation les plus complexes de l’histoire. Tout en cher-
chant un accord sur les termes d’un divorce intervenant
après 45 années de mariage, le Royaume-Uni et l’UE ten-
teront d’établir un nouveau partenariat, sans pouvoir s’ap-
puyer sur un véritable précédent.
En réalité, le premier élément de négociation concernera
certainement les termes mêmes de la négociation. En
effet, il convient de déterminer si le divorce Royaume-
Uni/UE et la relation commerciale ultérieure seront né-
gociés simultanément ou par étapes. Même dans le cas