Biologie et imagerie, un nouveau partenariat : marqueurs tumoraux et TEP
Médecine Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2006 - vol.30 - n°1
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Dans la pathologie tumorale digestive,
la précision de la méthode est de
90,2% avec une sensibilité de 95,1%,
une spécificité de 43,5%, des valeurs
prédictives positive et négative de
91,4% et 47,6%. Ceci est en partie lié
à la difficulté de détecter précisément
des lésions hépatiques de petites
tailles. Dans la pathologie tumorale
mammaire, la précision de la mé-
thode est de 92,7% avec une sensibi-
lité de 96,9%, une spécificité de 55,5%,
des valeurs prédictives positive et
négative de 94,9% et 62,5%. La TEP-
TDM n’a pu caractériser 3 récidives
mammaires qui ont été détectées par
l’imagerie par résonance magnétique
nucléaire. Dans la pathologie tumo-
rale ovarienne, la précision de la mé-
thode est de 91,8% avec une sensibi-
lité de 95,4%, une spécificité de 61,5%,
des valeurs prédictives positive et
négative de 96,6% et 53,3%. Les
échecs dans cette pathologie sont en
rapport avec des carcinoses périto-
néales microscopiques. Pour les car-
cinomes épidermoïdes, la précision
de la méthode est de 89,6% avec une
sensibilité de 94,8%, une spécificité
de 50%, des valeurs prédictives posi-
tive et négative de 93,6% et 55,5%
respectivement. La faible valeur ob-
tenue pour la spécificité, de 43,5% à
61,5% selon la pathologie, est liée au
nombre d’examens positifs pour le
18FDG et considérés comme faux
positifs devant l’absence de corréla-
tion possible avec une autre méthode
(imagerie traditionnelle négative et
ponctions à l’aveugle non réalisées).
Les patients concernés par cette si-
tuation sont surveillés et seront réé-
valués. L’élévation des marqueurs ACE,
CA 19.9, CA 15.3 et CA 125 est
corrélée à un site anormal, contrôlé
dans près de 90% des cas explorés
par le 18FDG.
DISCUSSION
!Ce travail a été réalisé avec une ca-
méra TEP dédiée associée à un scan-
ner X performant (hélicoïdal
multibarrettes). Les performances de
la TEP au 18FDG en cancérologie sont
largement établies. Il s’agit cependant
d’un examen encore peu accessible
en raison du coût de l’équipement
et du radiotraceur. Les solutions dé-
veloppées à partir d’une caméra con-
ventionnelle semblent permettre une
approche similaire mais avec des
performances nettement inférieures
à la TEP dédiée [18,19,20,21]. Ave c
une limite inférieure de détection sur
le vivant obtenue de 5 à 7 mm avec
la TEP contre 13.5 mm pour la caméra
hybride, il est évident que seule la
méthode utilisant une machine TEP
dédiée peut être recommandée dans
la recherche de la maladie occulte en
oncologie.
Il existe peu d’études publiées sur
des patients traités pour un cancer et
présentant une élévation isolée d’un
marqueur tumoral sérique [17,22,23,
24,25,26]. Des essais avec des anti-
corps monoclonaux marqués avaient
représenté un premier pas vers cette
détection précoce d’une récidive
avec un taux de succès de l’ordre de
72% [11,12] performances inférieures
à la TEP dans une étude comparative
sur les mêmes patients [13]. Par
ailleurs, on ne dispose pas d’anti-
corps pour chaque type de cancer et
l’utilisation séquentielle de ces anti-
corps est limitée par une possible
immunisation contre les anticorps
injectés. Avec une sensibilité variant
de 94,8 à 96,9% selon le type de can-
cer, nos résultats montrent que l’as-
sociation 18FDG et élévation isolée
d’un marqueur sérique permet la
mise en évidence précoce d’une ré-
cidive avec une grande fiabilité. Un
traitement de seconde ligne (28%) ou
une modification de la stratégie thé-
rapeutique (42,4%) ont été légitime-
ment proposés. Le 18FDG, qui présente
une valeur prédictive globale de
95,3% dans cette indication, va deve-
nir la méthode de choix pour la re-
cherche d’une récidive lors d’une
modification biologique confirmée
quel que soit le marqueur (CA 15.3,
CA 125, ACE ou CA 19.9, CYFRA 21.1).
La faible spécificité constatée est liée
au nombre de résultats positifs lors
de l’examen TEP non confirmés par
des méthodes d’imagerie moins per-
formantes mais toujours considérées
comme référence. Ces patients sont
gardés en surveillance attentive.
CONCLUSION
!Les progrès de la biologie ont tou-
jours précédé les avancées en matiè-
res de prise en charge thérapeutique.
Les marqueurs tumoraux sériques ont
démontré leur intérêt depuis long-
temps, annonçant une maladie
métastatique avec une précession sur
les signes cliniques allant jusqu’à 12
mois. La notion de rechute biologi-
que, établie dans le cancer de la pros-
tate, n’a pas été étendue aux autres
cancers et les cliniciens oncologues
attendent l’apparition d’une cible
mesurable. Les protocoles thérapeu-
tiques indispensables pour démon-
trer le véritable intérêt d’une prise en
charge thérapeutique précoce lors de
la simple élévation d’un marqueur
sérique n’ont jamais été mis en
œuvre. Devant l’absence de réponse
à cette interrogation, certains vont
même jusqu’à dénier l’intérêt pour-
tant clairement démontré de ces mar-
queurs. Le 18FDG permet de retrou-
ver une cible tumorale pour 92% des
patients dans cette indication. Avec
une cible quantifiable associée à l’élé-
vation d’un marqueur, des protoco-
les thérapeutiques vont pouvoir être
proposés chez des patients pour les-
quels la masse tumorale est encore
faible, laissant supposer une efficacité
plus grande. Le dosage d’un mar-
queur est un acte peu coûteux et la
confirmation d’une élévation régu-
lière devraient conduire à la réalisa-
tion d’une TEP-TDM avec le 18FDG en
première intention permettant d’évi-
ter la réalisation de bilans successifs
inutiles. Cette méthodologie qui pro-
gresse rapidement peut être utilisée
largement en oncologie.