fiche opération Utilisation de la SIMULATION THERMIQUE DYNAMIQUE Immeuble collectif passif rue du Commandant Charcot « Partager ce que l’on sait et apprendre du savoir des autres » Il s’agira pour cet immeuble de 10 logements sociaux d’être extrêmement performant du point de vue énergétique tout en maîtrisant les différents conforts. Pour cela, la simulation thermique dynamique permet de valider l’efficacité des dispositions prévues. ACTEURS : Maîtrise d’ouvrage : GRAND LYON HABITAT Maîtrise d’œuvre : architecte : Antoine BERNADAL (architecte mandataire) et Guillaume SUPLY (architecte associé), BE qualité environnementale : CAP TERRE, économiste : ABC ECO, BE fluides : ENERGY, BE structure : CABINET FRAIROT Coût des travaux : 1 494 319,68 €HT Lyon (69) Livraison prévue en 2013 Surface : 920 m² SHON Performance énergétique visée : label Bâtiment Basse Consommation (dans le cadre d’une certification QUALITEL), niveau BBC+ du référentiel de la Région RhôneAlpes pour la qualité environnementale dans le logement social, niveau passif (dans le cadre du label MINERGIE-P® attribué par PRESTATERRE) Caractéristiques architecturales et techniques Choix intégré des procédés et produits de construction • Menuiseries bois / aluminium triples vitrages • Structure (circulation verticale, dalles et poutres) en béton armé • Volume total de bois mis en œuvre : 50 m3 de bois. Murs à ossature bois avec isolation laine de bois (en partie), bardage bois (en partie). Bois dont l’exploitation durable des forêts de production est certifiée (label FSC, PEFC...) et ne nécessitant aucun traitement Gestion de l’énergie • Enveloppe fortement isolée : - 34 cm d’isolant en façade - Ubât = 0,25 W/m².K • Chauffage : pompe à chaleur fonctionnant au gaz de ville • Eau chaude sanitaire : 20 m² de capteurs solaires thermiques avec appoint par la pompe à chaleur • Logements équipés d’un système de ventilation double flux collectif à échangeur statique individuel (rendement : 90%) • Traitement de l’étanchéité à l’air : objectif de n50 = 0,6 vol/h. Phase conception, détails dessinés afin d’identifier tous les points sensibles de l’enveloppe. Début de la phase chantier, entreprises sensibilisées à cette problématique par un spécialiste. En cours de chantier et à la réception du bâtiment, tests d’étanchéité à l’air pour vérifier le respect des seuils fixés par les différents labels • Traitement des ponts thermiques : désolidarisation des balcons et des paliers d’étages • Consommation visée : - Label BBC (certification Qualitel) - Niveau BBC+ du référentiel de la Région Rhône-Alpes pour la qualité environnementale dans le logement social : consommation < 42 kWhep/m²SHON.an - Label Minergie-P® : besoins de chauffage < 15 kWh/m²SRE.an • Consommation évaluée : - Cep = 41,5 kWhep/m²SHON/an dont - Chauffage : 3,7 kWhep/m²SHON/an - ECS : 17,4 kWhep/m²SHON/an - Eclairage : 7,8 kWhep/m²SHON/an, - Auxiliaire : 12,6 kWhep/m²SHON/an soit 65 % d’énergie primaire économisée par rapport à un bâtiment neuf réglementaire - Validation des dispositifs par simulation thermique dynamique •C onfort visuel : - 90 % des surfaces vitrées orientées au sud-est ou au sud-ouest - Dimensions et répartition des fenêtres étudiées pour favoriser l’éclairage naturel, sans défavoriser les performances thermiques du bâtiment Gestion de l’eau • Toitures et places de stationnement végétalisées. • Bassin de rétention de 20 m3. Etude d’éclairage naturel et évaluation du Facteur de Lumière du Jour dans un logement Maîtrise des conforts •C onfort d’été : - Menuiseries orientées à l’ouest, au sud ou à l’est, munies de brise-soleil à lames orientables et empilables - Loggias en façades sud-est permettant de moduler les apports solaires selon la saison - Rafraîchissement des logements par surventilation naturelle nocturne (logements traversants en majorité) Conditions sanitaires des espaces • Usage limité du PVC (non utilisé pour les menuiseries extérieures, ni pour les revêtements de sol) • Label EMICODE EC1 exigé pour les colles (faibles émissions de COV et de formaldéhydes) • Peintures de type NF environnement. A défaut, elles seront en phase aqueuse sans dérivés de mono-éthylène glycol, ni métaux lourds (plomb, cadmium, nickel). Taux de COV des peintures des murs et plafonds < 1 g/L L’utilisation de la simulation thermique dynamique Dans des bâtiments passifs, étanches à l’air et fortement isolés, la question du confort thermique d’été est un point crucial. Il s’agit avant tout de limiter les apports thermiques, principalement dus au rayonnement solaire. L’utilisation de la simulation thermique dynamique (STD) a permis dans ce projet de valider les choix techniques en fonction des exigences affichées en termes de confort d’été. Stratégie de confort d’été Luc Faure-Brac (CAP TERRE - BE qualité environnementale) Plusieurs dispositifs sont prévus pour s’en prémunir. • Toutes les menuiseries du bâtiment orientées à l’ouest, au sud ou à l’est, seront munies de brise-soleil à lames orientables et empilables afin de réduire les surchauffes estivales. L’occupant pourra agir sur ces protections solaires selon ses besoins (en descendant plus ou moins le brise-soleil et en faisant varier l’inclinaison des lames) tout en conservant à l’intérieur du logement un bon éclairage naturel et la possibilité de le ventiler naturellement. Le niveau d’occultation pourra ainsi être total, partiel ou nul. • Les loggias en façades sud-est permettront de moduler les apports solaires selon la saison. Une coupe de principe permet d’évaluer l’efficacité des loggias en tant que protections solaires (voir croquis ci-contre). Les loggias feront environ 2,00 mètres de profondeur pour une hauteur entre dalles de 2,50 mètres. En été, ces casquettes empêcheront le soleil de pénétrer dans les logements. En hiver, au contraire, l’ensoleillement des baies vitrées restera maximal. Le rayonnement solaire peut également entraîner des surchauffes de l’enveloppe qui se transmettent par conduction à l’intérieur du logement. C’est en particulier vrai pour la toiture, fortement exposée. Sa végétalisation permettra d’augmenter sa capacité thermique et de diminuer sa diffusivité thermique. Ces deux caractéristiques permettront respectivement de réduire les variations de températures en sous face de la toiture et de créer un déphasage entre les pics de température atteints à l’extérieur et à l’intérieur. Ce phénomène, également favorisé par l’utilisation de laine de bois en isolant de façade, est illustré par les courbes cidessous : • A gauche : mise en œuvre d’un isolant classique à faible capacité thermique seul. • A droite : mise en œuvre d’un matériau à plus forte capacité thermique. Température de la partie inférieure du toit Température extérieure Le rafraîchissement des logements pourra se faire par surventilation naturelle nocturne. Celle-ci sera facilitée par le fait que tous les logements sont traversants, 2 hormis les T2 des 1er et 2ème étages. Pour pouvoir « stocker » les calories en journée et les évacuer grâce à la surventilation nocturne, le bâtiment se doit de possé- der une certaine inertie. C’est une des raisons pour lesquelles sa structure principale, et notamment les dalles, sont en béton plein. L’utilisation de la simulation thermique dynamique Regard croisé sur la simulation thermique dynamique Antoine Bernadal (architecte), Luc Faure-Brac (CAP TERRE - BE qualité environnementale) et Arnaud Revel (ENERGY - BE fluides) Simulation Thermique Dynamique – Modélisation du bâtiment et évolution des températures dans un séjour à quelle phase du projet les STD ont-t-elles été réalisées ? Luc Faure-Brac : La STD a été réalisée en APD (en septembre 2010). Son objectif était de valider le respect des exigences du référentiel « Qualité Environnementale dans le Logement Social Neuf en Région Rhône-Alpes » en termes de confort d’été (exigence n°3 du thème 4 du référentiel en date de juin 2009). L’optimisation du bâtiment avec l’architecte avait été réalisée antérieurement, pour répondre aux attentes du Label MINERGIE-P® que le projet atteint. En effet, Grand Lyon Habitat (la maîtrise d’ouvrage) avait exprimé son désir de faire construire un bâtiment labellisé BBC (au travers de la certification QUALITEL), passif (via le label MINERGIE-P® certifié par PRESTATERRE), et remplissant l’ensemble des exigences (fermes et souples) du référentiel Région. Ce triple objectif a été détaillé par l’Agence locale de l’Energie de Lyon (qui assiste Grand Lyon Habitat sur les questions liées à l’environnement) après que notre équipe de maîtrise d’œuvre ait été retenue sur la base d’un programme sommaire. Nous nous sommes rendu compte que, pour des besoins de chaleur très faibles, les résultats du logiciel LESOSAI (utilisé pour MINERGIE-P®) étaient très sensibles aux modifications du projet (niveau d’isolation des parois, inertie thermique, dimensions et caractéristiques des fenêtres, masques proches…). C’est donc cet outil que nous avons utilisé pour optimiser le projet (dimension et position des vitrages, traitement des ponts thermiques, profondeur des balcons…). Pour revenir sur la STD proprement dite, elle a plus servi dans ce projet de validation des choix faits (notamment grâce à LESOSAI) que d’aide à la conception. Cependant notre expérience sur des projets similaires (petit immeuble de logement collectif), ainsi que les dispositions prises en accord avec les architectes dès l’esquisse et affinées en APS (choix des orientations privilégiées, des protections solaires mobiles – BSO – ou fixes – balcons en façade sud, inertie thermique, logements traversants, puits provençal envisagé…) nous permettaient d’anticiper le fait qu’il n’y aurait pas de difficultés pour répondre aux attentes du référentiel. Quel logiciel avez-vous utilisé ? Quel temps a été passé à chaque phase du projet pour la réalisation de ces STD ? LFB : Le logiciel utilisé a été COMFIEPLEIADES. Nous avons passé entre 3 et 4 jours sur la STD en phase APS : création des éléments de parois ; définition des ponts thermiques ; modélisation du bâtiment et des masques proches et lointains ; évaluation des infiltrations ; définition des scénarios d’occupation, de ventilation, et de puissance dissipée pour chaque local (utilisation des 40 zones disponibles) ; réalisation de plusieurs simulations (avec prise en compte ou non des protections solaires mobiles et de la surventilation nocturne) ; extractions et analyse des résultats (températures maximales pour chaque zone et chaque simulation, nombres d’heures d’occupation pendant lesquelles la température dépasse 28°C, zone de Brager) ; rédaction d’un rapport. « L’objectif de la STD était de valider le respect des exigences du référentiel « Qualité Environnementale dans le Logement Social Neuf en Région Rhône-Alpes » en termes de confort d’été [...]. Nous avons passé entre 3 et 4 jours sur la STD en phase APS ». Luc Faure-Brac (CAP TERRE) 3 L’utilisation de la simulation thermique dynamique LFB : Le programme ne spécifiait pas d’objectif précis en termes de confort d’été. Il a simplement été spécifié par la maîtrise d’ouvrage, en cours d’esquisse, qu’il fallait que le projet remplisse l’ensemble des exigences du Référentiel Région (à savoir, en ce qui concerne la STD : ne pas dépasser 28°C pendant plus de 40 h par an). Les hypothèses de simulation ont été exposées de manière précise dans le rapport de STD et non pas fait l’objet de remarques de la part de la maîtrise d’ouvrage. Avez-vous eu des exigences particulières par rapport à la réalisation des STD ? AR : Une approche fine du comportement d’un bâtiment avec une optimisation des besoins de chauffage et du confort d’été. En quoi les résultats des STD ont impacté vos études ? Antoine Bernadal : Dans notre cas, les STD n’ont pas influé sur la conception du bâtiment, les grands principes architecturaux étaient déjà définis (orientation et organisation des logements, inertie thermique, protection solaires, etc.). Elles nous ont permis de corriger et valider nos choix architecturaux et techniques en termes de confort d’été (dimension et position des vitrages, traitement des ponts thermiques, etc.). AR : Elles ont permis de valider et conforter le choix des équipements techniques. Quelles ont été les limites associées à la réalisation des STD ? Arnaud Revel : Privilégier un rafraîchissement de type passif en favorisant les scénarios d’occultation et de ventilation naturelle nocturne. AB : Ces simulations dépendent des hypothèses de calcul, il ne faut oublier que la mise en œuvre et l’usage sont très importants dans ce type de construction. Quels sont les apports des STD sur le projet ? Qu’ont-elles permis de mettre en évidence ? LFB : Contrairement aux calculs thermiques réglementaires qui sont basés sur des scénarios conventionnels, les résultats des STD dépendent beaucoup des hypothèses de calcul prises : comportement des occupants (taux d’occupation, utilisation des protections solaires, ouverture des fenêtres, utilisation de l’éclairage et de l’électro-ménager…) ; fichier météo (température extérieur et rayonnement solaire) ; estimation des débits de renouvellement d’air liés à l’ouverture des fenêtres… LFB : Les STD ont permis de valider la conception du projet par rapport au confort d’été. Elles ont mis en évidence le rôle primordial des protections solaires qui permettent de ne surventiler les chambres que de 20 h à 23 h en été pour répondre à l’exigence du référentiel (afin de fermer complètement les fenêtres et les occultations quand les occupants dorment). Comme pour toute étude concernant la construction d’un bâtiment, le réalisme de ces résultats dépendent beaucoup de la mise en œuvre des matériaux et des systèmes sur le chantier. AR : Cet outil est complémentaire aux autres outils de simulation et détermination (calcul réglementaire, calcul lesosai dans notre cas, …) et ne peut se substituer à ces derniers. 6. A votre avis et d’une manière générale, quand les STD doiventelle être réalisées pour garder tout leur sens ? AB : Les STD doivent être réalisées le plus tôt possible afin d’être un outil d’aide à la conception et non uniquement un outil de validation. AR : Cet outil se doit d’être utilisé en phases avant projet afin de figer les solutions de conception d’enveloppe et de sélection d’équipements techniques pour le rendu APD dans le soucis d’une approche fine et une optimisation de la performance énergétique du projet. LFB : Les STD ne devraient pas être de simples outils de validation, mais permettre d’optimiser la conception de projets complexes au regard des objectifs que se donne la maîtrise d’ouvrage. Elles devraient pour cela être menées en avant projet et servir à comparer l’efficacité relative de différentes solutions plutôt qu’à affirmer qu’un seuil fixé sera respecté (sauf si celui-ci est basé sur des hypothèses précises et détaillées, fournies par la maîtrise d’ouvrage). « Ces simulations dépendent des hypothèses de calcul, il ne faut pas oublier que la mise en œuvre et l’usage sont très importants dans ce type de construction ». Antoine Bernadal (Architecte) Informations complémentaires : A retrouver dans la rubrique « Groupe de Travail Outil » du portail de VAD : • « Utilisation des outils de simulation dans le cadre d’une conception environnementale des bâtiments » • « Comparaison des logiciels de STD ». Ville et Aménagement Durable 19 rue Victorien Sardou – 69007 Lyon Tel : 04 72 70 85 59 [email protected] www.ville-amenagement-durable.org Fiche réalisée dans le cadre du groupe de travail « Outil » de Ville et Aménagement Durable. Nous remercions l’ensemble des acteurs du projet pour leur contribution. Centre d’échanges et de ressources pour la qualité environnementale des bâtiments et des aménagements en Rhône-Alpes Avec les partenaires de nos actions Réalisation VAD sur une charte de MÉDIACTIF Lyon : 04 78 61 58 22 Les objectifs de la STD ont-elles été fixées en amont par le Maître d’ouvrage ou l’AMO QE ? Les hypothèses ont-elles été vues avec le Maître d’ouvrage ?