exemples devraient constituer une source de réflexion pour le Maroc.
Mais l'importance des importations incompressibles du Maroc ne va-t-elle pas à
l'encontre d'une dévaluation du taux de change ?
La question du taux de change, bien que fondée sur des arguments purement
économiques, relève in-fine de l'économie politique.
Prenons l'exemple du Japon : il n'a aucune ressource naturelle, on connaît pourtant le
succès de la politique de pénétration des marchés de l'économie japonaise. Des choix
politiques ont été faits.
Idem pour les autres dragons asiatiques. Alors que nombre de pays riches en
ressources naturelles, notamment énergétiques, sont malheureusement restés pauvres.
D'autres choix politiques ont été faits !
Le taux de changen'est pas autre chose que le rapport entre le prix des biens
échangeables et le prix des biens non-échangeables dans un pays.
Plus le prix relatif des biens non échangeables (l'immobilier, les services de proximité,
mais aussi le salaire des fonctionnaires) est élevé dans un économie, plus le taux de
change est apprécié. Une modification du taux de change modifie donc à la baisse ou à
la hausse les prix des biens non-échangeables (sachant que les prix des biens
échangeables sont les prix internationaux sur lequel le Maroc n'a pas de prise). Lorsque
le prix relatif des biens non-échangeables diminue, c'est-à-dire en cas de dévaluation, le
groupe de la population qui bénéficie le plus de ces prix a tendance à y perdre, au moins
à court terme, alors qu'a contrario, ceux qui sont exposés à l'économie internationale et
vivent des exportations ont tendance à y gagner.
D'où la dimension d'économie politique de toute décision relative au taux de
change. Et l'équation d'économie politique peut parfois empêcher la réalisation de
solutions économiques supérieures, commele renforcement de la compétitivité,
l'accélération de la croissance et la création d'emplois.
Une façon pour l'Etat de résoudre ce dilemme d'économie politique est simplement de
laisser au marché un plus grand rôle dans la détermination de ce prix si structurant pour
l'économie qu'est le taux de change. Une libéralisation progressive du taux de change
permettrait de converger vers le « juste » prix, celui qui sert l'intérêt du pays dans son
ensemble et pas uniquement l'intérêt de groupes particuliers.
Pour conclure, en agissant parallèlement sur la dimension qualité et sur la dimension
prix des produits qu'il exporte, le Maroc pourrait renforcer significativement sa
compétitivité, accélérer durablement la croissance, et créer les emplois nécessaires à
une réduction elle aussi durable du chômage, notamment du chômage des jeunes.
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