Que nous apprennent les recherches récentes en neurosciences

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Que nous apprennent les recherches récentes en neurosciences sur le développement émotionnel et affectif de l’enfant
Catherine Guégen
Les dernières recherches en neurosciences sur l’enfant aident à comprendre le développement de l’enfant. Les neurosciences
affectives et sociales (peu (pas) de chercheurs en France) s’intéressent aux émotions, aux sentiments et aux capacités
relationnelles :
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Emotions
Sentiments : après l’émotion
L’enfant est un être en construction et son cerveau est beaucoup plus fragile que ce que l’on imaginait. Tout notre cerveau est
dévolu aux relations humaines : nous sommes faits pour avoir les capacités à avoir de bonnes relations humaines.
L’environnement social, affectif agit sur le cerveau de façon globale, modifie le cerveau sur le cerveau cognitif et sur le cerveau
affectif. Toutes les relations humaines agissent sur les secrétions hormonales, les synapses, les circuits neuronales, …
Les émotions : signaux, renseignements sur nos souhaits, nos besoins profonds :
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émotions agréables (souhaits, besoins très profonds satisfaits)
émotions désagréables (souhaits, besoins très profonds non satisfaits)
Les émotions permettent la connaissance et conscience de soi ; nous ne contrôlons pas l’apparition de nos émotions ; quand dans
l’enfance il y a eu des humiliations, des punitions, l’enfant se déconnecte de ses ressentis … pour ne pas souffrir ; 95% des enfants
dans le monde subissent des humiliations verbales ou physiques (problème majeur dans le monde actuellement) ; la déconnection
permet de ne pas souffrir ; quand dans l’enfance, interdiction d’exprimer des émotions désagréables jugées comme négatives …
(« arrêtes de pleurer !»), pas de connexion avec ses émotions.
L’expression des émotions est bénéfique pour le cerveau : elle apaise et régule le cerveau ; cela permet de bien vivre.
Le 1er chercheur à parler des émotions est Damasio « L’erreur de Descartes » 1995 : il décrit le circuit cérébral des émotions en
étudiant des patients ayant eu des accidents cérébraux ; ces malades avaient un QI normal mais n’éprouvaient plus rien, ne
donnaient plus de sens à la vie, ne pouvaient plus faire les choix leur correspondant (savoir choisir son conjoint, savoir choisir son
travail, savoir choisir où l’on va vivre) ; ce n’est pas l’intelligence qui permet de vivre comme on est mais les émotions.
Les émotions permettent de nous connaître.
Savoir gérer ses émotions :
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L’adulte, quand il éprouve de la colère, de l’anxiété, … se contrôle pour ne pas agresser, ne pas suivre toutes ses
impulsions ; le cortex préfrontal (son volume nous différencie des grands singes), nous permet de nous calmer, de
prendre les bonnes décisions face à nos émotions
Etre capable de nommer ce que l’on ressent calme l’amygdale cérébrale, centre de la peur : la « réévaluation » modifie
l’impact émotionnel (être capable de prendre du recul face à un conflit, faire les choix adéquats)
Que se passe-t-il dans le cerveau de l’enfant : il est incapable de gérer cela
Le cerveau est plastique : capable de remodelage sous l’effet de l’expérience tout au long de la vie ; l’enfant a une
plasticité encore plus importante
On ne sépare plus inné et acquis car tout est imbriqué : gènes, expérience, environnement.
Le développement du cerveau se fait surtout les 5 premières années de sa vie. Il devient adulte entre 20 et 25 ans ; ultime étape =
le cortex orbito-frontal régulant tous les comportements.
Les 1ères années de la vie, le cerveau est très vulnérable : l’environnement social et affectif agit.
La relation « idéale » est empathique, soutenante et aimante : condition fondamentale pour une évolution optimale du cerveau
3 cerveaux :
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Cerveau archaïque : reptilien (il y a 500 millions d’années) : toutes les fonctions primaires de l’organisme ; il est là pour
notre survie (réflexes d’attaque, de fuite ou de sidération)
Cerveau émotionnel, limbique : tous les mammifères (150 millions d’années) : le cerveau supérieur le régule ; rôle dans
l’olfaction, l’apprentissage et la mémoire ; cerveau dominant chez l’enfant
Cerveau supérieur : tous les primates (2 à 3 millions d’années) divisé en lobes : fonctions supérieures (conscience,
langage, motricité, perceptions sensorielles, espace, …)
Lobe préfrontal : réflexion, raisonnement, créativité, imagination, résolution de problèmes, planification, conscience de
soi, empathie
L’enfant petit n’a pas la capacité cérébrale de gérer ses émotions : il se contrôle difficilement, les structures et réseaux ne
sont pas encore fonctionnels (les peurs sont incontrôlées, il y a de véritables angoisses, de très grands chagrins).
Vers l’âge de 5-7 ans, il commence à savoir surmonter ses émotions, de comprendre leurs causes.
Le cerveau émotionnel n’est pas régulé : il reçoit les émotions de plein fouet, sans filtre, sans possibilité de s’apaiser seul.
Quand l’entourage ne console pas l’enfant, les molécules de stress sont toxiques pour le cerveau.
L’entourage de l’enfant a un impact positif très important sur le développement global du cerveau de l’enfant s’il sait être
empathique, aider l’enfant à exprimer ses émotions, apaiser. Ce moment difficile de la vie de l’enfant, qui est normal, ne durera
pas si l’adulte sait apaiser l’enfant au lieu de le réprimer plus ou moins violemment, en menaçant, en criant, en s’énervant, en
punissant. Il ne s’agit pas de céder si cela n’est pas justifié mais d’apaiser et de mettre des mots sur les émotions. Consoler un
enfant « chamboulé » participe à la maturation de son cerveau. Chaque fois que l’adulte rassure, sécurise, console (attitude douce,
chaleureuse, ton de voix calme, regard compréhensif), il fait maturer son cerveau.
Si personne n’aide l’enfant, il aura des réactions violences à un âge où il ne devrait plus les avoir (6-7 ans).
Devenu adulte, sinon : il sera peut-être :
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Incapable de vivre sereinement
Avec des crises d’angoisse, d’agressivité
Avec des manques de compassion par rapport à autrui
Le développement du cortex orbito-frontal est nécessaire pour entretenir des relations humaines satisfaisantes ; difficulté pour
donner de l’affection, éprouver de l’empathie.
Chaque fois que le petit enfant observe un conflit géré, les circuits enregistrent la scène : apprentissage par observation.
Quand les adultes ne comprennent pas l’enfant, on retarde l’âge de raison.
Le corps calleux : réseau de fibres qui transmettent l’information entre les deux hémisphères ; chaque hémisphère fonctionne
indépendamment (cela explique les sautes d’humeur des tout petits) : trouver les mots justes pour décrire les émotions.
L’imitation est très importante dans le développement de l’enfant.
L’amygdale cérébrale (centre de la peur) est mature dés la naissance : elle stocke nos souvenirs de peur toute notre vie de manière
inconsciente ; peur et stress sont néfastes pour un cerveau immature ; ces souvenirs vont continuer à le perturber.
L’éducation par la peur, les menaces laissent des traces
L’hippocampe : place centrale : apprentissage, mémoire (mémoire émotionnelle consciente à long terme) ; active à partir de 3 ans
et plus active à partir de 5 ans ; fabrication de neurones en permanence ; le stress affaiblit les neurones, l’apprentissage. Le
maternage (prendre soin) favorise le développement de l’hippocampe. Si la mère soutient, encourage son enfant, l’hippocampe
augment de volume entre 7 et 13 ans. La maltraitance verbale, physique, chez l’enfant, diminue le volume de l’hippocampe.
La peur empêche de penser et d’apprendre.
Méthodes d’enseignement banissant totalement peur, stress. Stress amenant de l’agressivité, de l’anxiété et des déficits cognitifs.
2 systèmes régulant le stress :
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Le système nerveux végétatif : système sympathique (hyperactivité si enfant non consolé) ; système parasympathique
(faculté de penser, concentration) activé quand on console un enfant ; la colère et le stress diminuent.
Le système neuro-endocrinien : sécrétion du cortisol
C’est l’entourage qui permet de réguler le stress. Les paroles blessantes, humiliantes ont des répercussions désastreuses sur les
enfants.
La résilience : les facteurs de résilience sont nombreux :
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Entourage familial
Entourage amical
Adultes autour de l’enfant
Les relations sociales aident à résilier. Le tempérament influe sur la façon de traverser les expériences. Certains gènes aident à
résilier ; le maternage modifie l’expression des gènes qui régulent les hormones du stress et le développement de l’hippocampe.
Des molécules bienfaisantes (ocytocine, dopamine, endorphines, sérotonine) réduisent l’anxiété, contribuent au lien social, à la
cohésion du groupe, favorise la coopération, l’altruisme (les enfants autistes n’ont pas d’ocytocine). Compétitivité et comparaison
bloquent la dopamine à la différence de la coopération, collaboration.
Le jeu (rire, s’amuser) est bénéfique : jouer tous les jours.
La communication non violente ou communication bientraitante permet de parler de façon bienveillante (Rogers puis Rosenberg
« Les mots sont des fenêtres ou des murs ») : créer une qualité de relation à soi-même et aux autres ; travail d’auto-empathie et
d’empathie ; l’empathie s’apprend.
Journal et site : « Non violence Actualité »
La méditation en pleine conscience : apaise, aide à se concentrer, donne un meilleur équilibre émotionnel, augmente les capacités
de résilience : Eline SNEL « Calme et attentif comme une grenouille »
Film de Marion CUERQ « Si j’aurais su, je serais né en Suède » site OVEO (observatoire de violence éducative ordinaire)
Nathalie MOULIN – MF-Appui pédagogique – Circonscriptions d’Herblay et Soisy ASH
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