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Synthèse
La TVA est un impôt général sur la consommation dont les variations de taux ont une incidence
directe sur les prix toutes taxes comprises (TTC). Du point de vue de la théorie économique, et dans
une perspective d’équilibre général, les effets induits d’une variation du taux de TVA diffèrent donc
selon que l’on se place à court, moyen ou long terme, en fonction du degré et de la vitesse de
répercussion d’une hausse de prix sur les autres variables macroéconomiques (PIB, emploi, solde
extérieur). Cet effet de « bouclage » dépend essentiellement du degré d’indexation des salaires sur
les prix, du comportement de marge des entreprises et, dans une économie ouverte, de la réaction
des partenaires commerciaux.
En France, le mode de formation des salaires induit un bouclage prix-revenus relativement rapide
pour les salariés au Smic, ainsi que pour les bénéficiaires de revenus de remplacement et de
prestations sociales. Si ces mécanismes d’indexation permettent de protéger le pouvoir d’achat
d’une partie des ménages, il n’est pas sans effet sur le niveau du chômage d’équilibre.
Dans le même temps, hausse et baisse de TVA ne présentent pas des effets équivalents pour ce qui
concerne l’évolution des prix. L’arbitrage des entreprises dans la fixation des prix hors taxe se
traduit par une répercussion asymétrique, partielle à la baisse mais quasi intégrale à la hausse
,
des variations de taux de TVA dans les prix à la consommation. Malgré une rigidité à la baisse des
prix plus forte en cas de réduction du taux de TVA, dans le cadre d’une politique de relance, une
telle mesure aurait des effets contra-cycliques plus durablement positifs sur l’économie que
d’autres instruments budgétaires
. L’effet multiplicateur que permettrait d’atteindre une hausse de
TVA en haut de cycle n’a pas été documenté. Dans la période récente, la TVA a toutefois été
principalement mobilisée par les États membres de l’Union européenne (UE) comme instrument de
consolidation budgétaire
. La TVA, dont l’élasticité aux variations d’activité est proche de l’unité à
court comme à long terme, présente enfin un effet de stabilisation automatique moins marqué que
d’autres types de prélèvements obligatoires.
L’emploi de cet impôt comme outil contra-cyclique constituant une pratique quasi-inexistante, le
présent rapport particulier s’est intéressé plus particulièrement aux deux utilisations les plus
communes de la TVA comme instrument de politique économique : d’une part la « TVA sociale »,
qui est une forme de politique de dévaluation fiscale que de nombreux pays de l’UE ont mis en
œuvre, en particulier depuis le déclenchement de la crise de 2008 ; et d’autre part les taux réduits
de TVA, en vigueur dans l’ensemble des pays ayant adopté cet impôt, à l’exception de quelques très
rares pays, comme la Nouvelle-Zélande, qui ont fait le choix d’une TVA à taux unique.
La hausse du taux normal en 1995 (+2 pp) aurait été répercutée à 80 % et la baisse du taux normal en 2000 (-1 pp) l’aurait été à
hauteur de 20 %. Source : Gautier et Lalliard, 2013.
A long terme et en bas de cycle, une baisse de TVA permettrait d’atteindre un effet multiplicateur relativement plus élevé que
l’ensemble des autres variantes testées (1,7 point de PIB pour la variante TVA contre 1,5 point de PIB pour la baisse des
cotisations sociales employeur ou la hausse de l’emploi public, 1,3 point de PIB pour la hausse des prestations sociales ou de
l’investissement public et 1,2 point de PIB pour la baisse des cotisations sociales salarié ou la baisse de CSG). Source : Creel,
Heyer et Plane, 2011.
Dans le panel de pays étudiés (Espagne, Allemagne, France, Royaume-Uni, États-Unis, Japon) seul le Royaume Uni a mis en
place un plan de soutien à la croissance dont la principale mesure était une baisse temporaire de 2,5 points du taux normal de
TVA (du 1er décembre 2008 au 31 décembre 2008). À L’inverse, la hausse des taux de TVA a été plus communément utilisée
comme instrument de consolidation budgétaire : l’Espagne, le Royaume Uni ont ainsi engagé des mesures de consolidation
budgétaire reposant notamment sur l’ajustement à la hausse des taux de TVA. Source : Revue de l’OFCE, n°112, janvier 2010.