Jean-Louis CAYATTE http://jlcayatte.free.fr/ -4-
Toutes les valeurs entières non négatives sont théoriquement possibles (aucune n’a une probabilité strictement nulle). Mais, comme
vous le voyez, seules les valeurs proches de l’espérance ont une probabilité non négligeable.
Rappel 3. Il est équivalent de dire que les entrées suivent un processus de Poisson de taux
et de dire que les durées qui séparent
deux entrées suivent une loi exponentielle de paramètre
.
Le rapport entre la loi de Poisson et la loi exponentielle dans un processus de Poisson est donc simplement le suivant : la première
s’applique au nombre d’évènements pendant une durée donnée, la seconde aux durées qui s’écoulent entre deux évènements.
Rappel 4. L’espérance mathématique d’une variable aléatoire qui suit une loi exponentielle de paramètre
est
.
Ainsi, si la cadence des entrées est
c
par heure, le temps qui s’écoule, en moyenne, entre deux entrées est de 10 minutes.
Quelle cadence retenir ? La plus logique des hypothèses simples est de supposer que la cadence
des chocs affectant les postes à
un moment donné est proportionnelle au nombre
des postes occupés à ce moment-là, soit
(
comme séparation). Ainsi, si on retient le mois comme unité de temps et si on pose
s
, alors, dans notre exemple numérique
où les actifs occupés sont 9 500, la cadence des chocs, donc des entrées au chômage, est :
c
(entrées au chômage par mois) à la date considérée.
Entre deux entrées au chômage, il s’écoule donc, en moyenne, un cent quatre-vingt dixième de mois (un peu moins de 4 heures, pour
un mois de 30 jours de 24 heures). Cette cadence reste constante tant que le nombre des actifs occupés reste constant.
Section 4. — Les sorties du chômage
Dans notre modèle,
– un appariement entre un chômeur et un poste vacant,
– le passage du poste en question du statut de poste vacant au statut de poste occupé,
– l’embauche du chômeur, donc son passage au statut d’actif occupé,
– la sortie du chômage de cet actif,
sont un seul et même évènement.
Comme pour les entrées au chômage, nous supposons que le nombre de ces évènements suit un processus de Poisson, dont nous
notons la cadence
. Par conséquent, l’espérance mathématique du nombre de sorties du chômage pendant n’importe quelle période
de longueur
est
. Le temps d’attente entre deux sorties suit une loi exponentielle de paramètre
, donc d’espérance
.
Quelle cadence retenir ? L’hypothèse la plus simple, mais pas la plus intuitive, est de supposer que la cadence des appariements est
proportionnelle au nombre des chômeurs :
(
comme to find). La cadence des sorties du chômage est alors constante tant que le nombre des chômeurs
est constant.
Mais, autant il était naturel d’admettre que la cadence des séparations était proportionnelle au nombre des actifs occupés, autant
supposer que la cadence des appariements est proportionnelle au nombre des chômeurs ne va pas de soi. En effet, un appariement ré-
sulte de la rencontre entre un chômeur et un employeur qui a un poste vacant. C’est donc l’aboutissement de deux activités de recher-
che, ou plus exactement, d’un processus de recherche mutuelle dans lequel sont impliqués un nombre
de chômeurs et un nombre
d’employeurs correspondant à
postes vacants, comme le rappelle la figure 1. On attend donc plus logiquement une cadence écrite
=
où
(comme matching) désigne une fonction appelée fonction d’appariement.
Ecrire que la cadence des appariements est proportionnelle au nombre des chômeurs, c’est donc apparemment oublier qu’un chô-
meur ne peut pas sortir du chômage, quoi qu’il fasse, s’il n’existe pas un poste vacant chez un employeur prêt à l’embaucher. Mais
nous verrons, au chapitre 12, de bonnes raisons de penser que
s’ajuste proportionnellement à
. C’est cette propriété qui permet
d’écrire
,
=
. Ici, il vous est demandé de l’admettre provisoirement.
Si
f
, dans notre exemple numérique où les chômeurs sont 500, la cadence des sorties du chômage est
k
(appariements par mois) à la date considérée. Le temps qui s’écoule entre 2 appariements est, en moyenne, de
1 centième de mois (un peu plus de 7 heures, pour un mois de 30 jours de 24 heures).
Ayant ainsi précisé la cadence des entrées et celle des sorties du chômage, nous sommes en mesure de préciser l’évolution du nom-
bre des chômeurs.