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NÉCESSITÉ DE LA CORRECTION PHONÉTIQUE
EN FLE
1. Raison d'être de la correction photique
La célèbre
Loi de Laplace-Gauss
énonce, en statistique, que la répartition
d'une grande population peut être représentée par une courbe en cloche. Selon
cette
Loi
, si on examine les apprenants du FLE selon la caractéristique précise de
leur aptitude à acquérir / à maîtriser la prononciation du français
, on s'aperçoit
alors que plus on s'approche de la moyenne du critère considéré, plus le nombre
d'individus est grand et que, au contraire, le pourcentage diminue rapidement dans
les zones extrêmes, soit celles nommées expressément ici « très aptes » et «
surdoués » d'un côté, et « peu aptes » de l'autre.
peu aptes moyennement aptes très aptes «surdoués...»
Fig. 1- Tableau1 de la
courbe en cloche de Gauss
adaptée à la capacité d'acquisition et
de maîtrise de la prononciation d'une L2.
Ainsi, pour les besoins de cette étude et en partant de la droite de la
courbe, cela implique grosso modo qu'à peine 2% des étudiants sont doués d'une
capacité
d'acquisition / maîtrise
telle qu'ils pourraient à toutes fins utiles se passer
du professeur : ce sont ces « surdoués » qui donnent souvent aux correcteurs une
auréole de super compétents! Puis, il y a les 13,6% d'étudiants considérés comme
très
aptes
et qui, en général, n'ont besoin que d'un petit coup de pouce
pédagogique : ce sont eux qui rendent les classes si agréables, puisque le
professeur voit immédiatement les résultats positifs de son enseignement. Vient
ensuite la majorité des individus (68%) qui constitue la population principale des
classes : c'est pour eux qu'essentiellement le professeur existe! Ces nombreux
étudiants ont constamment besoin de la guidance et de la science du professeur.
Et comme, bon an mal an, ces statistiques demeurent valables, on aura toujours
1 L'illustration de la
courbe en cloche de Gauss
est tirée de la page Internet suivante :
http://gappesm.net/FAQ/differents%20tests%20de%20QI.htm
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besoin de praticiens de la correction phonétique, nonobstant les aléas financiers
des institutions gouvernementales et éducationnelles, et ce dans quelque pays
que ce soit.
Or la correction phonétique, bien que rudimentaire, est probablement née
le jour très loin dans le temps un adulte a fait répéter à un enfant un mot
que ce dernier ne prononçait pas comme tous les membres de la tribu. On peut
imaginer en outre que la correction phonétique a davantage pris droit de cité lors
des échanges économico-linguistiques un négociant (
professeur malgré lui
) a
fait répéter à un acheteur étranger (
étudiant pour le moins attentif
) un mot ou un
bout de phrase mal prononcé qui entravait la conversation (
transaction
).
Évidemment, chacun connaît bien de nos jours cette situation pour l'avoir
vécue ou pour être en train de la vivre. Cet apprenant
locuteur/auditeur
que
nous sommes tous se plie volontiers, au début, à une répétition mécanique,
froide et parfois lassante d'exercices de prononciation suggérés par l'enseignant.
Mais comme l'apprenant n'a pas encore acquis le sens de l'
autocorrection
active
,
ses nombreuses fautes ou hésitations ne font alors qu'alimenter son doute latent
sur ses capacités à progresser tant soit peu : c'est une premre grande lacune
dagogique.
Par ailleurs, si cet apprenant perçoit sa progression comme étant trop lente
et ardue à la suite de ses efforts, son sentiment de frustration ira grandissant,
d'autant plus que, selon lui, personne ne semble savoir quoi lui suggérer de
concret et de facilement accessible pour corriger mieux et plus vite sa
prononciation défectueuse, si ce n'est que l'enseignant exige de lui, à nouveau, ce
qui lui apparaît comme une fastidieuse répétition d'exercices qu'il a l'impression
d'avoir « mâchés » déjà tant de fois : c'est une deuxme grande lacune
dagogique.
Que peut-on faire, alors?
Idéalement, la correction phonétique serait cette intervention efficace
qu'exerce le correcteur enseignant : a) en premier lieu, sur la ception auditive de
l'apprenant en manipulant de façon experte le fameux ensemble sonore de la
chaîne parlée. En fait, le correcteur doit s'assurer que l'apprenant a bien entendu
ce qui
a été réellement prononcé
et non ce que ce dernier
croit avoir été prononcé
;
b) puis, en facilitant concrètement le travail articulatoire et, conséquemment, la
production sonore de l'émetteur apprenant qui désire communiquer oralement de
manière compréhensible et agréable pour l'auditeur interlocuteur.
2. Le minimum d'éments sonores requis
pour une communication orale efficace et agréable
Bien que la langue écrite soit la représentation visuelle codifiée de la
langue parlée, cette dernière est sans contredit l'instrument privilégié de la
communication humaine.
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Par ailleurs, chacun parle pour exprimer des idées toutes plus différentes
les unes que les autres et, ainsi, les milliers de mots que l'on utilise
quotidiennement pour cette activité sont en apparence complexes, sur le plan
sonore, à l'apprenant débutant dans une langue. Pourtant, ces milliers de mots
sont véhiculés et supportés physiquement par un très petit nombre de sons
(désignés par les termes
phonèmes
et
allophones
en phonologie) et de mélodies
ou mouvements intonatifs communément appelés intonèmes représentés
schématiquement par des lignes ou mouvements intonatifs comme ceux-ci :
De ce qui précède, trois idées se dégagent clairement :
1 - Dans une langue parlée, il y a par définition un certain nombre de sons
absolument essentiels pour que la communication orale la plus élémentaire
puisse exister entre deux êtres humains.
2 - Par ailleurs, si dans la même langue parlée on veut que la
communication orale soit le moindrement
agréable
à l'interlocuteur, l'apprenant
devra «assez bien» prononcer un minimum essentiel de sons, autrement
l'interlocuteur devra faire des efforts inouïs pour comprendre, ce qu'il n'est pas
toujours capable d'accomplir.
3 - En outre, si la réponse attendue est un « oui » ou un « non » décisif
et que le locuteur
le
chante erronément en montant , comme s'il était
incertain ou comme s'il posait une question, que croit-on qu'il va se passer? Car
rien ne peut indiquer à l'interlocuteur si c'est réellement une erreur d'intonation ou
simplement le message réel du locuteur.
L'implication immédiate de tout ce qui précède est que si l'INTELLIGIBILI
de la langue parlée est l'objectif premier de l'enseignement, la pratique de la
correction phonétique se doit d'être présente, à tout le moins au début de
l'apprentissage de la langue par l'apprenant. En d'autres mots, l'apprenant doit
rapidement acquérir une prononciation compréhensible (intelligible, accessible,
claire, limpide) sous peine de devenir pénible pour l'interlocuteur et, dans la
plupart des cas, sous peine de perdre l'attention de ce dernier! Et tout cela malgré
une bonne maîtrise du vocabulaire et de la grammaire écrite.
Par conséquent, étant donné que le but visé de tout enseignement d'une
langue étrangère est d'amener l'apprenant :
à posséder une communication orale efficace et agréable;
à éventuellement dire le dictionnaire tout entier et, même, à exprimer
tous les éléments de la grammaire parlée, si complexe soit-elle;
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l'enseignant doit absolument faire acquérir et maîtriser par l'apprenant un
minimum d'éléments sonores2.
Voici donc, en résumé3 et de façon très schématisée4, ce
minimum
d'éments sonores
à prononcer
qu'exige la langue française parlée de façon
agréable et intelligible :
en français, la langue parlée est oralement exprimée par :
un maximum de 36 sons /
phonèmes
, soit 16 voyelles et 20
consonnes (et un minimum de 32 avec 13 voyelles et 19 consonnes
selon les régions francophones : voir ci-après);
un accent dit
tonique
ou
rythmique
fixe, qualifié de
sémantique5,
parce qu'il est toujours sur la dernière syllabe prononcée du mot ou
du groupe de mots (de l'idée), donc commandé par le sens. À cela
s'ajouteront, bien sûr, les variations volontaires du locuteur, dites
accents d'insistance d'ordre émotif ou intellectuel.
— un minimum de 2 grands
mouvements intonatifs
fondamentaux,
soit les courbes mélodiques
montante «progressive»
et
descendante «convexe»
[représentation très schématisée]
On va maintenant examiner plus en détail ce minimum d'éléments sonores
à prononcer.
3. La phonétique essentielle du français
Parler pour communiquer, c'est produire des sons érigés en système : les
sons (voyelles et consonnes) sont alors produits selon une séquence déterminée
dans la bouche du locuteur et sont ensuite décodés correctement en mots
significatifs par l'auditeur. Voici maintenant, du point de vue phonétique (sonore),
ce qui distingue une communication orale minimale de celle que l'on qualifie
d'agréable / essentielle et, même, de celle dite maximale.
2Pour les besoins restreints de cette étude, « éléments sonores » désignent tant les
sons/phonèmes proprement dits que les composantes prosodiques tels les accents, le rythme et
les mouvements intonatifs.
3 Tous ces éléments sont détaillés dans les §§ 3 et 4.
4 Sans se préoccuper outre mesure, dans le cadre de cet exposé, des diverses visions et sous-
divisions ce que l'on nomme théories des spécialistes phonologues qui tentent d'expliquer le
tout comme un ensemble le plus économique possible.
5 Plusieurs phonéticiens européens qualifient cet accent de « grammatical ».
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3.1 Système vocalique du français
La langue française actuelle possède un système vocalique très riche
tant en nombre qu'en timbres , bien qu'il y ait des variantes dans les
nombreuses régions francophones du monde. Pour ne donner qu'une seule
comparaison, on dit que les Parisiens utilisent généralement 13 voyelles, alors que
la plupart des Québécois francophones de souche emploient encore un système
de 16 voyelles : les trois voyelles en moins à Paris proviennent du fait que les
deux /a/ et /A/ ne sont plus rendus que par un /A/ plutôt central, alors que les /´/ et
/{/ se confondent dans une sorte de /Œ/ moyen et que, finalement, la nasale /{‚‚)/
est à toutes fins utiles disparue. (Wioland & Pagel, 1991)
Sans déclencher de guerre de clocher, on peut au moins dire que les
apprenants ont besoin d'un système vocalique qualifié ici d'
essentiel
s'ils veulent
communiquer de manière efficace et
agréable
, car l'interlocuteur francophone ne
peut se contenter très longtemps d'incohérence ou d'inexactitude lors d'une
conversation: dans ces conditions son intérêt à la conversation/communication se
perd rapidement. Par ailleurs, la maîtrise du système vocalique maximal (selon la
région francophone) sera toujours un idéal que tant l'enseignant dans sa
correction que l'apprenant dans son apprentissage se doivent d'avoir
comme but ultime.
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