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besoin de praticiens de la correction phonétique, nonobstant les aléas financiers
des institutions gouvernementales et éducationnelles, et ce dans quelque pays
que ce soit.
Or la correction phonétique, bien que rudimentaire, est probablement née
le jour — très loin dans le temps — où un adulte a fait répéter à un enfant un mot
que ce dernier ne prononçait pas comme tous les membres de la tribu. On peut
imaginer en outre que la correction phonétique a davantage pris droit de cité lors
des échanges économico-linguistiques où un négociant (
professeur malgré lui
) a
fait répéter à un acheteur étranger (
étudiant pour le moins attentif
) un mot ou un
bout de phrase mal prononcé qui entravait la conversation (
transaction
).
Évidemment, chacun connaît bien de nos jours cette situation pour l'avoir
vécue ou pour être en train de la vivre. Cet apprenant —
locuteur/auditeur
que
nous sommes tous — se plie volontiers, au début, à une répétition mécanique,
froide et parfois lassante d'exercices de prononciation suggérés par l'enseignant.
Mais comme l'apprenant n'a pas encore acquis le sens de l'
autocorrection
active
,
ses nombreuses fautes ou hésitations ne font alors qu'alimenter son doute latent
sur ses capacités à progresser tant soit peu : c'est une première grande lacune
pédagogique.
Par ailleurs, si cet apprenant perçoit sa progression comme étant trop lente
et ardue à la suite de ses efforts, son sentiment de frustration ira grandissant,
d'autant plus que, selon lui, personne ne semble savoir quoi lui suggérer de
concret et de facilement accessible pour corriger mieux et plus vite sa
prononciation défectueuse, si ce n'est que l'enseignant exige de lui, à nouveau, ce
qui lui apparaît comme une fastidieuse répétition d'exercices qu'il a l'impression
d'avoir « mâchés » déjà tant de fois : c'est une deuxième grande lacune
pédagogique.
Que peut-on faire, alors?
Idéalement, la correction phonétique serait cette intervention efficace
qu'exerce le correcteur enseignant : a) en premier lieu, sur la réception auditive de
l'apprenant en manipulant de façon experte le fameux ensemble sonore de la
chaîne parlée. En fait, le correcteur doit s'assurer que l'apprenant a bien entendu
ce qui
a été réellement prononcé
et non ce que ce dernier
croit avoir été prononcé
;
b) puis, en facilitant concrètement le travail articulatoire et, conséquemment, la
production sonore de l'émetteur apprenant qui désire communiquer oralement de
manière compréhensible et agréable pour l'auditeur interlocuteur.
2. Le minimum d'éléments sonores requis
pour une communication orale efficace et agréable
Bien que la langue écrite soit la représentation visuelle codifiée de la
langue parlée, cette dernière est sans contredit l'instrument privilégié de la
communication humaine.