Le trouble du spectre de l`autisme

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Avril 2015
LE TROUBLE DU SPECTRE DE L’AUTISME
Par Émilie Leclerc, M.Sc., psychoéducatrice
Au Québec, le mois d’avril est destiné à la sensibilisation à l’autisme. Il s’agit donc d’un moment privilégié dans
l’année pour toucher et informer la population. D’ailleurs, depuis 2007, l’Assemblée générale des Nations Unies a
proclamé le 2 avril comme étant la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme. Ces différentes initiatives
locales et mondiales permettent de placer l’autisme à l’avant-plan et ainsi permettre à tous de mieux comprendre ce
trouble qui touche de plus en plus d’enfants et ainsi contrer les préjugés qui peuvent persister.
Le trouble du spectre de l’autisme, qu’est-ce que c’est?
Il s’agit d’un trouble neuro-développemental qui affecte plusieurs dimensions du développement de l’enfant. Ainsi, il
affecte sa capacité à communiquer et à interagir avec ses pairs en plus de limiter ses intérêts et occasionner des
activités et des comportements répétitifs, ce qui peut restreindre et modifier le fonctionnement de l’enfant au quotidien. Les symptômes reliés au trouble du spectre de l’autisme (TSA), doivent être présents depuis la petite enfance,
soit avant l’âge de 3 ans. Cependant, bien que beaucoup d’enfants commencent à présenter certains signes dès l’âge
de 12 mois, ceux-ci peuvent parfois être observés de façon plus évidente lorsque l’enfant fait son entrée dans le
monde scolaire puisqu’il y a, à ce moment, une augmentation des demandes et des interactions sociales.
Les causes
Actuellement, aucune cause exacte et unique n’est connue pour expliquer le TSA. Cependant, malgré l’absence de
consensus, les recherches présentent les facteurs génétiques et environnementaux comme étant les principales
hypothèses pour expliquer ce trouble. D’autre part, les recherches n’ont démontré aucun lien entre le vaccin contre
la rougeole, la rubéole et les oreillons (RRO) et le TSA.
La prévalence
Selon les différentes statistiques, le taux de prévalence du TSA varie de 1 enfant sur 100 à 1 enfant sur 80. Ce trouble
toucherait davantage les garçons que les filles, soit de trois à cinq fois plus. Depuis quelques années, au Québec, le
nombre de diagnostics augmenterait de 23 à 25 % de façon annuelle. Cette augmentation des diagnostics s’explique
entre autres, par l’amélioration des connaissances du TSA ainsi que la capacité des professionnels et des parents à
dépister rapidement les symptômes reliés à ce trouble.
Les troubles envahissants du développement (TED) et le trouble du spectre de l’autisme (TSA),
comment s’y retrouver?
Au cours des dernières années, la définition de l’autisme s’est beaucoup modifiée. Ces changements ont été apportés avec la publication, en 2013, du nouveau Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V), dans
lequel ont été redéfinis les critères de diagnostic pour l’autisme.
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LE TROUBLE DU SPECTRE AUTISTIQUE (suite)
Auparavant, il y avait 5 troubles distincts, dont le syndrome d’Asperger, qui étaient regroupés sous l’appellation des
troubles envahissants du développement (TED). Depuis la parution du DSM-V, ces troubles n’existent plus. En fait,
ils sont plutôt intégrés sous le vocable du trouble du spectre de l’autisme (TSA). Ce trouble est associé à des critères
qui permettent de déterminer le niveau de sévérité et par le fait même, le niveau de besoin de soutien de l’enfant. Ces
critères sont numérotés de 1 à 3 :
1.
2.
3.
Sollicitant du soutien
Sollicitant du soutien important
Sollicitant du soutien très important
Le niveau de sévérité peut évoluer avec le temps, selon les interventions mises en place, les services offerts ainsi que
la maturation de l’enfant.
Les caractéristiques
Le TSA implique que les enfants touchés éprouvent des difficultés marquées concernant ces deux aspects :
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la communication et les interactions sociales;
les comportements, les activités ou les intérêts restreints ou répétitifs.
La communication et les interactions sociales
L’enfant autiste présente des difficultés prononcées au niveau de la réciprocité sociale et émotionnelle à l’égard des
gens de son entourage. Comme ces difficultés varient d’un individu à l’autre, certains enfants sembleront indifférents
à la présence de leurs pairs alors que d’autres voudront entrer en interaction avec ceux-ci, mais se retrouveront
dépourvus pour arriver à initier un contact.
De plus, des difficultés importantes sont également observables au niveau de la communication verbale et non
verbale. Par exemple, au niveau de la communication non verbale, l’enfant autiste peut avoir du mal à bien décoder
les expressions faciales, les intonations de la voix, etc.
D’autre part, l’enfant autiste peut aussi éprouver des difficultés dans la compréhension des règles implicites de la vie
en société et des relations sociales. Ainsi, il peut être complexe pour lui de parvenir à adapter son comportement en
fonction de différentes situations sociales.
Cet ensemble de difficultés variées complexifie les interactions sociales des enfants atteints ainsi que les communications avec leurs pairs. Ils ont donc besoin du soutien des adultes qui les entourent pour les outiller afin de mieux
saisir les subtilités sociales et d’être en mesure d’interagir adéquatement avec leurs pairs (ex. apprendre à soutenir
le contact visuel).
Les comportements, les activités et les intérêts restreints et répétitifs
Les activités et les comportements répétitifs
Pour les enfants autistes, la nouveauté et les changements, même mineurs, peuvent générer une insécurité voire
même une détresse considérable qui générera souvent des réactions émotives soudaines et intenses. Ainsi, le fait
d’effectuer des activités et des comportements répétitifs a pour eux, un effet apaisant et sécurisant.
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LE TROUBLE DU SPECTRE AUTISTIQUE (suite)
Les intérêts restreints
Nous pouvons observer que les enfants autistes ont fréquemment des intérêts limités, ciblés voire même peu variés,
mais que ceux-ci sont particulièrement développés et investis. Ainsi, ils acquièrent des capacités et des connaissances particulièrement importantes en lien avec ces intérêts. Évidemment, comme pour tous les enfants, ces
différents comportements, intérêts et activités peuvent varier et se modifier au fil du temps.
Les manifestations observables
Chaque enfant autiste présente une association unique de symptômes. D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre les
gens qui travaillent avec ces enfants dire qu’il y a autant d’autismes qu’il y a d’autistes. Cependant, malgré l’unicité
de chacun d’eux, certaines manifestations peuvent être observées chez plusieurs enfants autistes.
L’enfant…
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n’effectue pas de gestes communicatifs (ex. pointer).
ne répond pas à l’appel de son nom.
ne cherche pas à imiter.
éprouve de la difficulté établir un contact visuel avec les autres.
éprouve de la difficulté à entrer en contact avec les autres.
a de la difficulté à saisir la communication non-verbale.
résiste aux contacts physiques (ex. caresses).
fait des crises de larmes ou de colère sans que les causes soient facilement identifiables.
tolère mal la nouveauté et le changement.
s’adonne à des jeux répétitifs (ex. aligner, classer, catégoriser des objets).
est hypersensible ou réagit très faiblement à certains stimuli (ex. bruits, odeurs, textures, etc.).
effectue des mouvements particuliers (ex. battements des mains, torsions des mains ou des doigts, etc.).
Qu’est-il possible de faire en milieu de garde?
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Consigner régulièrement des données d’observation relatives aux forces et aux difficultés de l’enfant.
S’associer avec des membres de l’équipe (ex. T.E.S., agente de soutien pédagogique et technique, direction).
Partager les données d’observation aux parents, en s’appuyant uniquement sur des faits observables.
Établir des objectifs de stimulation, idéalement en collaboration avec les parents et ce, en vue d’améliorer le
fonctionnement de l’enfant au quotidien.
Au besoin, référer les parents à des ressources extérieures (ex. médecin de famille, CLSC, clinique
multidisciplinaire privée, etc.).
Collaborer avec les intervenants externes, s’il y a lieu, afin de bien arrimer les services qui sont offerts à
l’enfant et à sa famille.
Références
Fédération québécoise de l’autisme : www.autisme.qc.ca
Naître et grandir : www.naitreetgrandir.com
Autisme Québec : www.autismequebec.org
Centre Gold : www.goldlearningcentre.com/fr
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