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MACROECONOMIE
Cours de Jean-Luc Gaffard
Dossier 2 : Revenu et budget du gouvernement
I. Exercices
N° 1 :
Supposons que l’économie est caractérisée par :
C160 0.5YD
I150
G150
T100
Calculer le revenu d’équilibre, le revenu disponible et la consommation
Supposons que G=110. Quel est le niveau d’équilibre du revenu ?
Dans ce dernier cas, calculer la somme de l’épargne privée et de l’épargne publique ?
Cette somme est-elle égale à l’investissement ? Expliquer
: 2
Supposons que l’économie est caractérisée par :
G et I sont constants
Calculer le revenu d’équilibre.
Quelle est la valeur du multiplicateur ? L’économie répond-elle plus aux changements de
dépense autonome quand t1 est égal à zéro ou quand il est positif ?
Pourquoi la fiscalité est-elle stabilisatrice ?
Supposons une diminution de la consommation autonome alors que le budget est
équilibré.
Qu’arrive-t-il au revenu Y ? Qu’arrive-t-il aux impôts T ?
Supposons que le gouvernement réduise les dépenses pour équilibrer le budget.
Quel est l’effet sur le revenu Y ? Réduire les dépenses publiques contrecarre ou renforce-
t-il l’effet de la chute de la consommation autonome ? (raisonner intuitivement sans
calcul algébrique)
: 3
Soit une Economie fermée dont le circuit est représenté par : Y = C + I + G
C = c Y + C0
I = I0 = 40 G = G0= 10 C0 = 10 c = 0,8
2
T = tY
a) Quel est le PIB d’équilibre de cette économie ?
b) L’Etat décide de mener une politique de relance consistant à augmenter ses dépenses de
20. Il peut également tenter d’influencer le comportement des entreprises afin qu’elles augmentent
leur investissement de 20.
En termes d’efficacité de relance du PIB, que doit faire l’Etat ? Finalement, sur quelle action doit-il
porter son choix et pourquoi ?
: 4
Soit une économie décrite par les équations suivantes :
Y = C + I + G
Avec C = 0,8Y + 10
I = 100 G = 0
C : la consommation I : l’investissement
G : les dépenses de l’Etat Y : le PIB
1) Quel est le PIB d’équilibre (Y*)?
2) Déduire des données de l’exercice la fonction d’épargne
3) Montrer que pour ce PIB d’équilibre, l’investissement est égal à l’épargne.
4) L’Etat augmente ses dépenses de 4, quelle est la valeur du nouveau PIB d’équilibre (Y**) ?
Calculer le multiplicateur de dépenses publiques de deux façons différentes.
: 5
Soit une économie décrite par les équations suivantes :
Y = C + I + G
Avec C = 0,8Yd + 1
I = 10 G = 4 T = 2
C : la consommation I : l’investissement
G : les dépenses de l’Etat Y : le PIB
1) Quel est le PIB d’équilibre (Y*)?
2) Déduire des données de l’exercice la fonction d’épargne
3) L’Etat diminue les impôts de 1, quelle est la valeur du nouveau PIB d’équilibre (Y**) ?
Calculer le multiplicateur fiscal ?
4) Que se passerait-il si l’Etat décider d’augmenter simultanément les impôts et les dépenses
publiques de 10 ? Commenter.
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II. Texte
La rigueur à contretemps
LE MONDE Article paru dans l'édition du 22 Juin 2010
C'est l'effondrement de la dépense du secteur privé qui est à la
source des déficits budgétaires, et non l'inverse
Par Martin Wolf
A nouveau retentit la clameur de l'ancienne religion économique : repentez-vous avant
qu'il ne soit trop tard ! La mort est le salaire du péché budgétaire ! Mais doit-on d'ores et
déjà compresser les dépenses ? J'en doute. Certes, une compression tardive comporte un
risque d'inflation, et même de défaut ; mais une compression prématurée pourrait
entraîner une période de récession, voire de déflation. Alors que nous avons survécu de
justesse au pire effondrement financier de l'histoire, nous devons être bien conscients que,
en période de ralentissement économique, ces risques sont sérieux.
Certains soutiennent que l'économie est toujours en équilibre. D'autres, à la suite
d'Andrew Mellon, secrétaire américain au Trésor sous le président Herbert Hoover
[1929-1933], affirment qu'après un gros boom du crédit, nous devrions « liquider le
travail, liquider les actions, liquider les agriculteurs, liquider l'immobilier, (...) cela
purgera la pourriture du système ». Je ne m'adresse pas à ces hommes des cavernes. Je
m'adresse à ceux qui conviennent que les erreurs passées ont poussé l'économie
mondiale dans le précipice et veulent l'en sortir aussi vite que possible.
Toutefois, des personnes sensées estiment que le plus grand danger actuel serait de
retarder le resserrement budgétaire. Leur avis se fonde sur quatre raisons. Tout d'abord,
ils craignent que les marchés financiers, après s'être attaqués à la Grèce, au Portugal et à
l'Espagne, s'en prennent bientôt au Royaume-Uni, et même aux Etats-Unis ;
deuxièmement, ils pensent que les déficits étouffent la dépense privée indispensable à la
reprise ; en troisième lieu, ils soutiennent que les déficits importants conduisent droit à
l'inflation ; et, enfin, ils pensent que les déficits budgétaires échouent à soutenir la
demande.
Qu'en est-il en réalité ? En 2010, d'après les dernières prévisions du Fonds monétaire
international (FMI), les secteurs privés des grands pays à hauts revenus enregistreront
un énorme excédent de recettes par rapport aux dépenses. Cet excédent devrait
représenter 7,8 % du PIB de ces pays, mais il sera de 12,6 % au Japon, 9,7 % au Royaume-
Uni, 7,7 % aux Etats-Unis et 6,8 % dans la zone euro.
Bref, nous assistons à une épidémie de frugalité dans le secteur privé. Une telle
tempérance, cependant, entraîne soit un excédent des comptes courants, soit des déficits
budgétaires. Parmi les pays que je viens de citer, seuls le Japon et l'Allemagne sont dans
le premier cas. Les autres sont importateurs de capitaux et connaîtront des déficits
budgétaires plus importants que leurs excédents privés. Ce sera un raz-de-marée de
comptes dans le rouge, mettent en garde les hystériques.
Mais la contraction des dépenses privées a-t-elle précédé ou suivi les déficits budgétaires ?
Réponse : elle les a précédés. Dans le cas des Etats-Unis, l'énorme variation de la balance
privée, passant d'un déficit de 2,2 % du PIB à un excédent de 6,6 % entre le quatrième
trimestre 2007 et le deuxième trimestre 2009, a coïncidé avec la crise financière. Le fait
que la demande agrégée et les taux d'intérêt à long terme aient chuté en même temps
montre que l'effondrement de la dépense privée est à la source des déficits budgétaires.
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L'extravagance du comportement privé a entraîné l'extravagance du comportement
public.
Récemment, l'économiste Jeffrey Sachs (université Columbia) a soutenu que la relance
budgétaire était inutile : la politique monétaire aurait suffi. Je ne suis pas d'accord. Malgré
la politique monétaire la plus agressive jamais menée, les secteurs privés ont généré
d'énormes excédents. La politique monétaire s'est avérée inefficace. Les dépenses
budgétaires - dues pour l'essentiel aux stabilisateurs automatiques et non aux mesures de
relance - ont contribué à soutenir la demande durant la crise. Mais, même avec un soutien
monétaire, elles ont été insuffisantes pour éviter de fortes récessions. L'argument selon
lequel la relance était inutile est difficile à accepter. Il est plus juste de penser qu'elle a été
trop modeste, mais aussi mal ciblée.
A quel moment les déficits doivent-ils être éliminés ? Il faut être conscient du risque que
cela comporte : diminuer la dépense publique ne fera pas automatiquement augmenter la
dépense privée. Les efforts de réduction du déficit structurel pourraient au contraire
aggraver les déficits budgétaires cycliques.
Tant que la production demeure souffreteuse, il est peu probable que le soutien
budgétaire ait des effets inflationnistes. Il n'étouffera pas non plus le secteur privé : il est
plus probable qu'il le favorise. La question, dans ce cas, est de savoir si les déficits peuvent
être financés. Ma réponse est oui. N'oublions pas que, tant que le secteur privé présente
des excédents financiers, il doit acheter des créances sur le secteur public, à moins que le
monde développé dans son ensemble ne soit sur le point d'accumuler d'énormes
excédents extérieurs.
Certes, le secteur privé peut choisir entre différents pays. Mais il est peu probable qu'il
abandonne les Etats-Unis. Le problème des pays européens périphériques est qu'ils n'ont
guère de chances de retrouver rapidement le chemin de la croissance. Les marchés ne
croient pas à la durabilité politique d'une économie d'extrême rigueur. Ce qui est
inquiétant, ce sont moins les déficits que l'incapacité à renouer avec la croissance pour les
résorber.
La meilleure politique consisterait à mettre en place des mesures capables de soutenir
une forte demande à court terme, tout en contenant les gigantesques déficits sur le long
terme.
Il serait cependant particulièrement dommageable, aujourd'hui, que l'austérité
budgétaire s'empare de l'économie européenne et contraigne les Etats-Unis à adopter des
mesures protectionnistes. Comme l'a récemment souligné Fred Bergsten du Peterson
Institute for International Economics de Washington, de telles politiques pourraient être
très dangereuses. Ainsi, loin d'avoir un effet stabilisateur, un resserrement budgétaire
prématuré pourrait faire vaciller toute l'économie mondiale. Dans ce cas, la décision de
transformer l'ensemble de la zone euro en une vaste Allemagne serait - et devra être -
considérée comme un acte de guerre mercantiliste contre les Etats-Unis. Combien de
temps ceux-ci toléreraient-ils l'hypocrisie de ces pays excédentaires qui font porter aux
emprunteurs la responsabilité des déficits que leurs propres excédents rendent
inévitables ? A mon avis, pas longtemps, du moins à présent que le gouvernement
américain est devenu l'emprunteur mondial en dernier ressort.
Bien sûr, je conçois que des déficits budgétaires gigantesques rendent les gens nerveux.
Je comprends aussi le désir de retrouver une solvabilité crédible. Mais suivre aveuglément
les règles budgétaires tout en ignorant ce qui se passe dans le secteur privé ou sur le plan
des balances extérieures ne peut déboucher que sur la déception et le conflit politique.
Toute stabilisation budgétaire qui soutient la croissance est la bienvenue. Une
stabilisation budgétaire prématurée qui saperait cette croissance serait une nouvelle folie.
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Questions sur le texte
En quoi le modèle macroéconomique élémentaire (économie fermée avec un
gouvernement faisant usage de la politique monétaire) peut-il servir de fondement à
l’analyse livrée dans l’article ? Permet-il de justifier l’argument suivant lequel il serait
imprudent de renoncer à une relance budgétaire ?
Quel est l’argument qui justifie de ne pas craindre pour le financement des déficits publics ?
En quoi se rapporte-t-il à l’enseignement du modèle macroéconomique élémentaire ?
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